Journal en français facile 16/06/2020 20h00 GMT
Jérôme Bastion : Bienvenue sur Radio France internationale, il est 22 h à Paris, 20h en temps universel, et c'est l'heure de votre Journal en français facile ! Et à la Une de l'actualité de ce mardi 16 juin : - une réforme limitée de la police, c'est ce que le président américain Donald Trump a annoncé après 3 semaines de manifestations et de protestations contre les dérives racistes des forces de l'ordre. Les prises d'étranglement, notamment, seront interdites. - c'est le premier affrontement militaire meurtrier entre l'Inde et la Chine depuis près d'un demi-siècle. Il a fait au moins une vingtaine de morts côté indien après une violation du statu quo, à savoir une frontière non reconnue dans l'Himalaya. - et puis nous irons en Iran, où la crainte d'une deuxième vague de contaminations au nouveau coronavirus se précise, alors que le pays avait été l'un des premiers touchés début mars et que depuis on y avait procédé à un déconfinement progressif. -----
JB : Donald Trump signe un décret pour réformer la police. Trois semaines après la mort de Georges Floyd, cet Afro-Américain asphyxié par un policier blanc à Minneapolis, le président américain tente de répondre au mouvement de colère qui secoue le pays. Mais les mesures annoncées par Donald Trump sont toutefois en deçà des attentes des manifestants qui battent le pavé depuis trois semaines. Correspondance à Washington Anne Corpet.
Le décret n'a rien de contraignant puisque les forces de l'ordre dépendent dans la plupart des cas des autorités locales. Il s'agit en fait de recommandations à appliquer pour pouvoir continuer à toucher des fonds fédéraux. Parmi ces directives, l'interdiction de la pratique très controversée qui consiste à faire pression sur le cou de suspects sauf, a précisé Donald Trump, si la vie du policier est menacée. Le texte prévoit aussi la création d'une base de données pour recenser les policiers ayant exercé un usage excessif de la force. Enfin le décret instaure des formations pour permettre aux policiers d'aborder de manière plus sereine les problèmes de toxicomanie ou de santé mentale. Mais Donald Trump dans son discours a bien insisté sur le fait que la majorité des policiers se comportaient de manière irréprochable. Il a une nouvelle fois défendu avec vigueur sa doctrine de la loi et de l'ordre. Et il n'a pas dit un mot de la levée de la relative immunité dont jouissent actuellement les policiers. Or c'est l'une des principales revendications des manifestants qui défilent dans le pays depuis près de trois semaines. JB : Martelant sa volonté de restaurer la « loi et l'ordre » tout en rendant hommage à la douleur des familles de victimes qu'il venait de rencontrer en privé, le président américain a affirmé qu'il fallait « rapprocher la police et les communautés, pas les éloigner ». Avec ce décret, Donald Trump a déclaré vouloir offrir un « avenir sûr aux Américains de toutes les races, religions, couleurs ou croyances ».
Ce sont finalement, selon un nouveau bilan, une vingtaine de militaires indiens qui sont morts dans des accrochages entre les armées chinoise et indienne sur la frontière du Ladakh, dans la nuit de lundi à mardi. Les deux parties se rejettent la responsabilité de l'incident à leur frontière commune, et pour mieux comprendre cette montée de tension, Jean-Luc Racine, directeur de recherche émérite au Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud-est à l'EHESS nous explique pour quelle raison la situation a commencé à dégénérer il y a un peu plus d'un mois dans une zone qui fait l'objet de litiges territoriaux depuis longtemps. Chacun des deux pays accuse l'autre d'avoir transgressé ce qu'on appelle sur le terrain la ligne de contrôle, c'est-à-dire une frontière non véritablement reconnue. En réalité, tout au long de l'Himalaya l'Inde et la Chine ont des problèmes frontaliers, ils n'ont jamais réussi à se mettre d'accord depuis la guerre de 1962. Mais de fait, les accrochages qui ont eu lieu hier soir sont les plus sérieux depuis 1975. Les accusations portent à la fois sur un territoire probablement dit, et en même temps quand on lit la presse indienne et la presse chinoise d'hier et d'aujourd'hui, on voit se développer tout une foule d'arguments qui expliquent pourquoi l'« autre » s'est lancé dans la provocation. JB : Jean-Louis Racine était interrogé par Anne Cantener.
La Chine a elle évoqué des « morts et blessés », sans toutefois préciser dans quel camp, alors qu'un militaire indien basé dans la région assure qu'il n'y avait pas eu d'échange de tirs, mais des violents corps-à-corps. À la suite de pourparlers entre des généraux des deux armées il y a une dizaine de jours, un processus de désengagement militaire avait été enclenché dans certaines des zones disputées de la région en haute altitude du Ladakh. « Durant le processus de désescalade en cours dans la vallée de Galwan, une confrontation violente s'est produite la nuit dernière et a fait des victimes des deux côtés », a déclaré mardi un porte-parole de l'armée indienne. Concernant la Chine, la pandémie de coronavirus, et la situation qui est à nouveau jugée « extrêmement grave » à Pékin d'après la mairie. En conséquence de quoi les autorités serrent un peu plus la vis : fermeture des écoles et des universités de la capitale chinoise, interdiction de quitter Pékin pour les résidents se trouvant dans les zones contaminées.
L'inquiétude en Iran, justement un de ces pays où la maladie Covid-19 est loin d'être jugulée. Rien que ce mardi encore, plus de 100 personnes sont décédées, ce qui porte le bilan total des morts à plus de 9 000 depuis le début de la pandémie. La correspondance à Téhéran de Siavosh Gazi.
Les autorités ont mis en garde la population sur une hausse des contaminations. Au cours des dernières 48 heures, plus de 2 563 nouveaux cas ont été identifiés et 115 personnes sont mortes, soit plus de 9 000 morts depuis le début de l'épidémie. Les autorités ont qualifié de « hausse inquiétante » les nouveaux chiffres de contamination et de morts. Pour la troisième journée consécutive, plus de 2 000 personnes ont été contaminées et plus de 100 personnes sont décédées. Dix provinces sont en situation « rouge », soit un tiers des provinces du pays. Le ministère de la Santé a demandé la réimposition de certaines restrictions. Le gouvernement a également demandé à la population de porter le masque et éviter de voyager à travers le pays. Mais les gens respectent de moins en moins ces consignes. La porte-parole du ministère de la Santé, Sima Sadat Lari, a averti que le bilan pourrait s'alourdir encore si les gens sortent de chez eux pendant le long weekend à venir. Elle a demandé à la population d'éviter de voyager à travers le pays en particulier lors du long week-end qui commence ce mercredi. Selon les médias, la vente de masque a baissé de moitié. L'Iran n'a jamais décrété de confinement obligatoire, mais a fermé des écoles, annulé les évènements publics, notamment les prières collectives et interdit tout déplacement entre les provinces en mars. Mais ces restrictions ont été progressivement levées à partir d'avril. Dernière en date, les prières collectives vont recommencer à partir de ce vendredi dans certaines provinces.
JB : L'Iran a promis d'envoyer « bientôt » en France les boîtes noires de l'avion ukrainien que ses forces ont abattu par erreur en janvier au-dessus de Téhéran, a déclaré mardi le Premier ministre canadien Justin Trudeau. « Les boîtes noires sont censées être envoyées en France bientôt, mais l'Iran est en train d'expliquer qu'à cause du Covid, il n'arrive pas à le faire. On continue de mettre la pression », a ajouté le Premier ministre canadien, lors de sa conférence de presse quotidienne à Ottawa.
Après la trêve de la crise du Covid, les soignants sont de retour dans la rue partout en France. Près de 220 rassemblements ont été comptabilisés dans le pays au moment où se déroulent les négociations sur l'avenir de l'hôpital public appelé, Ségur de la Santé. À Paris, des affrontements entre la police et des manifestants ont éclaté. Nicolas Rocca était sur place.
Loin des gaz lacrymogènes et des scènes de violences, les soignants étaient avant tout présent pour faire passer un message. Écoutez ce que dit Christophe, infirmier dans un hôpital du sud de Paris, lorsqu'on lui demande la raison de sa présence : « Pour pas qu'on nous oublie, parce que là, pendant la crise du Covid, on a beaucoup pensé à nous, et là maintenant on a un peu l'impression qu'on nous oublie un peu. Alors on parle d'un “Ségur”, mais on ne voit pas grand-chose venir. Alors on est un peu inquiets pour notre avenir et surtout pour l'avenir de nos patients ». Beaucoup d'inquiétudes après trois mois de crise intense pour l'hôpital public. Une prime de 1 500 euros aux soignants a été accordée par le gouvernement, mais Yasmina Ketal, infirmière en Seine Saint-Denis et membre du collectif inter-urgences, la juge insuffisante : « les annonces de prime, alors qu'on parle de revalorisation salariale, c'est franchement honteux. La prime, ça va reconnaître le travail de celui qui la perçoit, alors que nous on parle de reconnaître nos métiers ; et c'est ça qu'on porte depuis des mois ». Au bout de trois semaines de discussions sur la refonte de l'hôpital public, aucune annonce n'a été faite par le gouvernement malgré les promesses. Malgré les demandes de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. « Après les applaudissements et les encouragements, il faut des actes concrets : les salaires, des emplois, la reconnaissance des qualifications - on a le personnel soignant parmi les plus mal payés d'Europe - et puis réouverture de lits et d'hôpitaux. On le voit bien : la crise a mis en avant tous les maux de l'hôpital ». Les réformes qui découlent du Ségur de la Santé doivent-être dévoilé par l'exécutif au plus tard mois prochain. JB : La France souhaite prendre sa place dans la compétition internationale au vaccin contre le coronavirus, c'était l'une des motivations du déplacement ce mardi d'Emmanuel Macron sur un site du laboratoire Sanofi, près de Lyon. Il s'agissait pour le Président de donner à la France la capacité de répondre à de possibles futures crises. Une enveloppe de 200 millions d'euro annoncé par le chef de l'État, et Sanofi a également décidé de débloquer de sommes conséquentes dans ce domaine