Leçon 43 - Pensez vacances I
(Aux Grands Magasins de la Samaritaine. Robert et Mireille sont sur l'escalier roulant. Ils arrivent au quatrième étage, où se trouve le rayon du camping.)
Robert: Quatrième. C'est ici. Pardon, Monsieur, nous avons l'intention de faire une grande randonnée. Nous voudrions voir ce que vous avez comme matériel de camping. Est-ce que vous pourriez nous conseiller?
Le vendeur: Excusez-moi, le camping, ce n'est pas mon rayon. Je n'y connais rien. Moi, je suis au rayon des poissons rouges. Adressez-vous à mon collègue, là-bas.
Robert (au nouveau vendeur): Ça vaut combien, une tente comme celle-là?
Le vendeur: Ce modèle fait 955F. C'est une excellente occasion à ce prix-là. C'est une petite tente très pratique. C'est de la toile de coton imperméabilisée. Vous avez un double toit, un tapis de sol indépendant, une porte avec fermeture à glissière.
Robert: Oui, ça a l'air pas mal. Et comme sacs à dos, qu'est-ce que vous nous conseillez?
Le vendeur: Ça dépend de ce que vous voulez y mettre.
Robert: Eh bien, nos affaires, des vêtements et quelques provisions.
Le vendeur: Non, je veux dire: combien vous voulez y mettre en argent, combien vous voulez dépenser, parce que nous en avons à tous les prix. Tenez, voilà un très bel article pour 1.200F, solide, léger, trois poches, bretelles réglables.
Mireille (à Robert): Tu dois avoir besoin d'un sac de couchage, non?
Robert: Oui, j'ai été idiot, je n'ai pas apporté le mien. (Au vendeur) Qu'est-ce que vous auriez comme sacs de couchage?
Le vendeur: Là aussi, ça dépend de ce que vous voulez y mettre. Tenez, ce modèle-ci est en solde. Il fait 174F. C'est du nylon, garni de fibres synthétiques. C'est ce qu'il y a de moins cher. Dans le haut de gamme, vous avez ça: c'est du duvet. C'est très chaud, très léger. C'est ce qu'on fait de mieux. Vous ne trouverez pas mieux. C'est le plus beau que nous ayons. En fait, celui-ci est le dernier que nous ayons dans ce modèle.
Mireille: Bon, merci. Nous allons réfléchir. Nous reviendrons. Au revoir!
Robert: Ce n'est pas de la blague! Il faudra qu'on revienne. Je ne suis pas équipé du tout; je n'ai rien! Tout ce que j'ai pour aller me promener dans la nature, c'est un maillot de bain. C'est un peu insuffisant! Est-ce qu'on ne pourrait pas s'arrêter au rayon d'habillement, en descendant? Justement, c'est là.
Mireille: Bon, écoute, tu achèteras tes caleçons tout seul. Tu sauras bien te débrouiller sans moi. Il n'y a pas de danger que tu te perdes! Il faut que je m'en aille. Je viens de me rappeler que j'ai rendezvous avec Hubert. Je te laisse. Je suis curieuse de voir la tête qu'il fera quand je lui dirai que nous avons gagné à la loterie! Bon, au revoir! On se téléphone?
Robert: Quand?
Mireille: Ben, quand tu voudras!
(Dans la rue, elle rencontre Jean-Pierre Bourdon, qu'elle ne reconnaît pas.)
Jean-Pierre: Pardon, Mademoiselle, s'il vous plaît! Mademoiselle, vous auriez du feu?
Mireille (sans trop le regarder): Tenez, écoutez, voilà 10F: allez vous acheter une boîte d'allumettes. Ah, c'est vous? Quelle coïncidence!
Jean-Pierre: Ben, vous voilà bien généreuse!
Mireille: Je n'aime pas les dragueurs.
Jean-Pierre: Ah, bon.
Mireille: Et vous n'allez pas me croire, mais je viens de gagner à la Loterie nationale.
Jean-Pierre: Ah? Vous avez gagné à la Loterie nationale?
Mireille: Oui!
Jean-Pierre: Ah, mais ça ne m'étonne pas! Avec tout ce verre blanc cassé.
Mireille: Ah, vous aussi, vous croyez au verre blanc cassé?
Jean-Pierre: Ah, non, non, moi, je ne suis pas superstitieux; mais le verre blanc cassé, alors là, ça marche à tous les coups. C'est vrai, hein! Ça ne rate jamais.
Mireille: Vous croyez au verre blanc cassé, mais vous n'êtes pas superstitieux. Et vous passez sous les échelles, vous?
Jean-Pierre: Non, jamais, mais ça, ce n'est pas par superstition. C'est parce qu'une fois, il y en a une qui m'est tombée dessus, avec un pot de peinture.
Mireille: Et quand vous renversez une salière sur la table, qu'est-ce que vous faites?
Jean-Pierre: Alors là, je prends un peu de sel et je le jette par-dessus mon épaule gauche.
Mireille: Par-dessus votre épaule gauche? Et pourquoi?
Jean-Pierre: Eh bien, parce que je suis droitier, tiens!
Mireille: Et vous écrasez les araignées?
Jean-Pierre: Ah, les araignées, ça dépend. Le matin seulement: araignée du matin, chagrin; araignée du soir, espoir.
Mireille: Evidemment, et vous accepteriez d'être treize à table?
Jean-Pierre: Ah, oui, bien sûr! Le nombre treize m'a toujours porté bonheur!
(À ce moment-là, Jean-Pierre lève les yeux pour regarder le numéro treize sur l'immeuble devant lequel ils passent, et il se fait mal à la jambe en heurtant une borne sur le trottoir.)
Jean-Pierre: “Ah, ah... ah, si, si, ah....”
Mireille: Bon, allez, ce n'est pas la peine, ça ne marche pas, ce truc-là, avec moi!
Jean-Pierre: Aïe, si, si, aïe, ouille!
Mireille: Bon, vous ne vous êtes pas fait mal?
Jean-Pierre: Ah, si, ben si!
Mireille: Bon, il faut que j'y aille. Salut!