(#5) [Homéopathie] Les homéopathes se foutraient-ils de notre gueule ? - YouTube
Comment tester l'efficacité d'un médicament ?
Voici Max, un adorable chat à la robe écaille de tortue.
En ce moment, le pauvre Max souffre d'un mal de tête.
Il en parle à mon chat, Albert, qui pour l'occasion s'improvise pharmacien
et lui propose une petite préparation à base de cannelle et de piment,
à laper avec un peu d'eau tiède.
Si le mal de tête de Max n'a pas complètement disparu, le fait est qu'il se sent déjà beaucoup mieux !
Notre pharmacien du dimanche teste une seconde fois son produit sur un autre chat ayant lui aussi mal à la tête.
Il faut convaincre ce dernier de laper la préparation. Alors Albert lui raconte d'abord avec enthousiasme ce qui vient de se passer avec Max.
Le succès de ce deuxième test est éclatant.
Le mal de tête n'est cette fois pas juste atténué, il disparaît complètement !
Albert a-t-il découvert un traitement miracle ?
<3 <3 Sous-titres réalisés avec amour par Erwan Le Gac, merci à lui ! <3 <3
Lorsqu'Albert me dit que ses actions ont déjà permis de soulager deux petits chats qui avaient mal à la tête,
je le crois volontiers.
Mais s'il me dit que c'est dû à la cannelle et au piment dans sa préparation,
là par contre j'ai un sérieux doute.
Car c'est un phénomène bien connu des scientifiques :
il est possible d'induire une amélioration immédiate chez le malade grâce à de simples actes du genre
expliquer au malade que ce dont il souffre est bénin, que ce soit vrai ou pas ;
l'écouter attentivement décrire ses symptômes ;
lui faire payer un prix élevé pour la consultation ;
ou encore lui administrer un produit quelconque.
Mais ce que je trouve le plus fascinant, c'est que l'intensité du phénomène est modulable.
Par exemple, si on élimine l'acte d'administrer au malade un produit quelconque,
c'est à dire qu'on ne va même pas lui donner le moindre médicament,
les chances d'observer une amélioration de son état diminuent un peu mais restent néanmoins grandes du fait qu'il a été rassuré, écouté,
et qu'on lui a fait payer un prix élevé pour la consultation, rendant celle-ci plus crédible.
Cela te choque, Albert ?
Enfonçons le clou avec d'autres astuces encore plus bizarres qui peuvent aussi impacter l'état du malade, telles que :
la blancheur de la blouse du praticien ;
le niveau de luxe de l'endroit où a lieu la consultation ;
la couleur et le goût du médicament administré ;
ou la difficulté à obtenir un rendez-vous, un praticien très occupé étant plus crédible.
Dans le jargon populaire, le phénomène que je suis occupé à décrire à mon chat est appelé *effet placebo*.
Je ne suis à ce propos pas le premier à en parler sur YouTube ;
plusieurs excellentes chaînes dont "La Tronche en Biais"
et "Outside The Box" abordaient déjà le sujet en 2015. Les intéressés trouveront quelques liens en description.
La vaste majorité d'entre nous a bien sûr déjà entendu parler de l'effet placebo.
Mais nous sommes très nombreux à le sous-estimer.
Albert pense ainsi que la guérison complète du second chat qu'il a traité
est trop spectaculaire pour être entièrement expliquée par l'effet placebo.
Mais en fait, si ! Cet effet pourrait très bien à lui tout seul expliquer cette guérison.
Tu as d'ailleurs, Albert, vanté en long et en large les vertus de ta préparation à ce second chat avant de lui donner.
Tout était en place pour un effet placebo de taille.
Du coup, j'en reviens à ma question initiale :
comment tester l'efficacité d'un médicament ?
Voici la proposition des statisticiens.
On prend un ensemble de malades qu'on divise en deux groupes de façon tout à fait aléatoire.
Le premier groupe va recevoir un médicament sans principe actif,
mais on ne le dira pas aux concernés.
C'est ce qu'on appelle le groupe contrôle, qui va nous permettre de quantifier très finement l'intensité de l'effet placebo.
Le second groupe, lui, reçoit un médicament avec principe actif.
Si dans ce deuxième groupe on arrive à obtenir des effets au-delà de ceux observés dans le premier groupe, c'est-à-dire au-delà de l'effet placebo,
alors c'est gagné ! Le médicament avec principe actif reçoit l'étiquette efficace.
Cette procédure, cela fait déjà plusieurs décennies qu'elle est devenue standard dans le monde de la recherche.
Voici, par exemple, une des très nombreuses études qui en a fait usage, étude publiée en 1979 dans le journal européen de la pharmacologie clinique.
Le but est de tester l'efficacité du paracétamol pour soulager les gonflements post-opératoires après extraction d'une dent de sagesse.
Un premier groupe de 24 personnes reçoit un médicament sans principe actif.
Le second groupe de même taille reçoit du paracétamol.
Les résultats ? Les gonflements dans le second groupe se sont révélés sensiblement plus faibles
que ceux des personnes dans le premier.
L'efficacité du paracétamol au-delà de l'effet placebo est donc concluante !
Un autre exemple, voici une étude qui date de janvier 2000, publiée dans la revue "Homéopathie".
L'étude cherche à déterminer l'efficacité d'un médicament homéopathique destiné à traiter des patients souffrant de migraine chronique.
Le groupe contrôle comporte cette fois une trentaine de malades, recevant régulièrement un médicament sans principe actif.
Une autre trentaine de malades ne reçoit de son côté que le médicament homéopathique.
La conclusion ? La voici, directement extraite de l'étude.
Je te fais la traduction, Albert : "Les deux groupes ont connu une réduction de la fréquence des migraines,
ainsi que de la douleur liée à ces migraines, mais aucune différence statistique entre les deux groupes n'a pu être établie."
Des études visant à tester l'efficacité des médicaments homéopathiques
au-delà de l'effet placebo, il y en a déjà eu des tonnes.
La bonne nouvelle, c'est qu'on ne doit pas les passer toutes en revue pour se faire une opinion.
Des chercheurs l'ont déjà fait pour nous et continuent de le faire régulièrement dès qu'un grand nombre de nouvelles études s'accumulent.
En 2015, par exemple, le principal organe de financement de la recherche médicale en Australie a passé en revue
225 études ayant testé l'efficacité des médicaments homéopathiques.
Leurs conclusions sont édifiantes.
Je cite :
"Sur base des études passées en revue nous avons conclu à l'absence d'une quelconque preuve de l'efficacité de l'homéopathie
dans le traitement d'une quelconque maladie."
"Les personnes qui choisissent l'homéopathie au détriment de traitements dont l'efficacité a été prouvée mettent leur santé en danger."
Car oui : les médicaments qui ne sont pas efficaces au-delà de l'effet placebo,
c'est très bien pour soigner des trucs bénins comme une piqûre de moustique ou un mal de tête occassionnel.
C'est peut être même préférable si le seul traitement efficace connu s'accompagne d'effets secondaires.
Mais face à une maladie grave, il s'agit de prendre ça au sérieux et donc de ne surtout pas se reposer sur un médicament
incapable d'aller au-delà de l'effet placebo s'il y a mieux à disposition !
La grande révélation que j'ai à faire à mon chat,
c'est que la procédure développée par les statisticiens pour tester l'efficacité des médicaments
fonctionne pour des tas d'autres choses aussi.
Si Emilie me dit que sa nouvelle crème anti-âge à la poudre de diamant et aux truffes blanches
est bien meilleure que sa crème anti-âge habituelle sans ces deux ingrédients,
je la crois volontiers.
Mais si elle me dit que c'est grâce aux interactions
entre la poudre de diamant, les truffes blanches et la peau, là par contre j'ai un sérieux doute.
Ne nous moquons toutefois pas d'Emilie trop vite ! Je suis le premier à trouver ce produit ridicule et à en sourire ; mais si ça se trouve,
cette crème est vraiment plus efficace qu'une crème normale car il y a vraiment quelque chose dans la poudre de diamant et l'extrait de truffes blanches
qui fait une différence pour la peau.
Ou pas. Il faudrait tester avec un groupe contrôle pour en avoir le coeur net.
Plus subtil à présent. Disons qu'Albert est allé voir un astrologue qui a dressé un portrait de sa personnalité
après calcul de son thème astral.
Si Albert me dit que ce portrait lui correspond tout à fait, je le crois volontiers.
Mais si Albert me dit que c'est la preuve que les astrologues savent ce qu'ils font, là par contre j'ai un sérieux doute.
Utilisons la procédure habituelle.
Séparons un ensemble de personnes en deux groupes et donnons au groupe du dessus des portraits quelconques,
c'est à dire qu'ils n'ont aucune raison de correspondre aux concernés.
C'est notre groupe contrôle.
Dans le groupe du dessous on donne des portraits dressés au cas par cas par des astrologues.
À quel point les membres du premier groupe se reconnaissent dans les portraits reçus nous permet de quantifier
l'intensité de ce qui est appelé l'effet barnum, un effet frère de l'effet placebo.
Moi, pour me convaincre que l'astrologie marche,
j'ai besoin que les membres du second groupe se reconnaissent dans les portraits qu'ils ont reçus au-delà de l'effet barnum,
c'est à dire au-delà de ce qui se passe dans le groupe contrôle.
Pendant longtemps, j'ai cru que personne n'avait pris la peine de sérieusement tester ça.
Et puis, il y a quelques mois seulement, j'ai découvert grâce à la chaîne "Hygiène Mentale",
de loin ma chaîne YouTube favorite, qu'on avait les résultats depuis 1985 déja :
aucune différence statistique entre les deux groupes n'a pu être établie.
Astrologues, marketeurs, homéopathes et beaucoup d'autres arrivent à se faire beaucoup d'argent
parce que le grand public sous-estime l'effet placebo, l'effet barnum et d'autres effets de la même famille.
Mais nous, Albert, ne soyons pas dupes !
Exigeons toujours de voir ce qui se passe dans un groupe contrôle avant de nous mettre à croire n'importe quoi.
Cette vidéo a été entièrement financée par nos fans sur tipeee.com/amidalbert et par Innoviris,
l'institut bruxellois pour la recherche scientifique, qui soutient et stimule avec enthousiasme la recherche et l'innovation au sein de Bruxelles.
Non seulement Innoviris nous a donné une bulle d'air sans laquelle notre projet ne serait peut-être pas là où il en est aujourd'hui,
mais l'institut a en plus le bon goût d'être localisé à quelques pas seulement du premier bar à chats de la ville
qui, après un été 2017 tumultueux, a annoncé sa réouverture en novembre !
Pour les intéressés, plus de détails sont disponibles en description.
Attention ! Suite au succès de notre concours cet été, nous avons décidé de recommencer cet automne.
Concrètement, nous allons à nouveau expédier à trois de nos fans une superbe impression sur plaque dans un peu plus d'un mois.
L'un des trois chanceux sera tiré au hasard parmi ceux avoir partagé le post Facebook en ce moment épinglé sur notre page ;
un autre sera tiré parmi ceux avoir retweeté le message épinglé sur notre compte Twitter ;
et un dernier parmi ceux qui nous soutiendront sur tipeee.com/amidalbert au cours des 31 jours suivant la publication de la présente vidéo.
Pour être éligible, votre adresse de livraison doit se situer dans l'un des pays à l'écran, ce qui inclut à présent la Suisse et le Canada <3
Merci à tous pour votre attention, et à très bientôt pour de nouvelles aventures avec Albert :-)