L'INTERVIEW AUGMENTÉE DE FRANÇOIS DE RUGY - PRÉSIDENTIELLE 2017 - YouT... (2)
et donc il faut que cette vie en ville elle soit agréable, il faut qu'elle soit de qualité,
la qualité de vie en ville ; aujourd'hui on se rend compte qu'il y a plus une coupure entre la nature c'est à la campagne et à la ville c'est que le béton,
il y a une aspiration, il y a déjà des réalités de nature en ville, et beaucoup d'habitants des villes ils veulent avoir cette qualité de vie et ils veulent avoir une présence diversifiée de nature en ville,
et donc c'est ça que je propose de développer avec des mesures concrètes comme il en existe en plus déjà dans certaines villes
et il ne s'agit souvent que de généraliser des pratiques qui ont été faites souvent au niveau expérimental.
[Hugo Décrypte] Un sujet dont on entend de plus en plus parler ces derniers mois c'est celui de la condition animale,
les vidéos d'abattoirs qui ont circulé sur les réseaux sociaux,
beaucoup de jeunes les ont vues
qu'est-ce que vous pouvez faire, qu'est-ce que l'État peut faire pour lutter contre la souffrance des animaux, en particulier dans les abattoirs ?
Alors c'est vrai que la question de la condition animale si on peut dire,
de la lutte contre la maltraitance animale, la souffrance animale,
est un enjeu qui aujourd'hui est davantage pris en compte ;
je pense qu'on peut en effet remercier des associations qui, parfois avec des opérations un peu coup de poing ou des vidéos choc,
ont contribué à cette prise de conscience ;
les écologistes étaient souvent bien seuls et on était moqués d'ailleurs
parce que on a pourtant réussi à avancer sur le statut de l'animal, pour que ce ne soit plus un objet ou une chose comme ce meuble mais que ce soit un être vivant reconnu comme tel ;
sur les conditions animales y compris dans les élevages et il faut aller plus loin,
moi je propose un défenseur des droits des animaux, qu'il y ait comme, il y a un défenseur des droits mais que ce soit une autre démarche appliquée à la condition animale
et qui là aussi est très variée, on pense aux animaux d'élevage, parce que c'est ce qu'il y a peut-être de plus visible ces derniers mois ou ces dernières semaines
mais il y a aussi l'animal dans la ville, et là aussi beaucoup de gens aujourd'hui ont des animaux de compagnie,
il y a des animaux sauvages, il y des animaux semi-sauvages, des chats par exemple etc.
et personne ne s'en préoccupe, il y a très peu de municipalités qui ont une politique de l'animal dans la ville,
et pourtant il faut absolument le faire.
[Hugo Décrypte] C'est peut-être justement assez difficile parce qu'on est dans un cadre en cercle privé entre guillemets et c'est peut-être difficile pour une municipalité ...
Oui mais l'animal dans la ville il est sur l'espace public
et donc il faut le prendre en compte comme tel.
[Hugo Décrypte] Alors on va parler maintenant d'éducation et c'est une question que je pose à quasiment tous les candidats qui sont venus ici pour répondre à mes questions :
la France est le pays de l'OCDE dans lequel l'impact de l'origine sociale des élèves est le plus fort dans leur réussite,
donc autrement dit la France est le pays où votre réussite scolaire est la plus impactée par vos origines, pour faire simple,
comment faire pour parvenir à une réelle méritocratie et tacler finalement ces inégalités ?
[François de Rugy] Bah en tout cas ce qui est sûr c'est que l'on ne peut pas se contenter de défendre l'existant.
Si on se contente de dire : l'école républicaine française c'est un modèle et il faut le défendre tel que c'est et ne rien changer
ni dans l'organisation, ni dans l'organisation des cours, ni dans la façon de faire cours,
à ce moment là on aura les mêmes résultats qui vont continuer et qui vont en s'aggravant alors que je crois que les français sont vraiment attachés à cette idée que l'école permet de s'émanciper,
y compris de son milieu social d'origine et que cela peut être un facteur de progrès social individuel.
Et en plus en France on dépense beaucoup d'argent pour l'éducation nationale,
on ne peut pas directe ce soit une question de moyens même s'il y avait eu, sous Sarkozy notamment, des suppressions de poste,
et qu'on a rééquilibré depuis 2012 donc
[Hugo Décrypte] Est-ce que c'est le moyens qui sont mal placés sur?
[François de Rugy] Moi ma conviction, bon je suis petit-fils d'instituteur, fils d'enseignant, je ne le suis pas moi-même,
donc je connais peut-être les avantages et les inconvénients du système éducatif français et peut être aussi un peu l'arrière cour si on peut dire,
je pense qu'il faut qu'on aie une réflexion plutôt à l'échelle de l'établissement scolaire, de l'école, du collège, du lycée, qu'à l'échelle nationale.
Si on dit au niveau national, si moi j'étais élu président de la République demain et que je dis j'ai une grande réforme et je vais l'imposer de haut en bas,
c'est à mon avis l'échec garanti.
Déjà une certaine autonomie finalement des écoles de lycées ...
[François de Rugy] Oui en tout cas moi je propose qu'on fasse confiance l'innovation, à l'expérimentation,
qu'on récompense l'expérimentation, l'innovation, à l'échelle de l'établissement scolaire.
Cela ne veut pas dire que chaque établissement fait ce qu'il veut et qu'il devient autonome par rapport à l'éducation nationale, [Hugo Décrypte] Il y a quand même un programme ...
mais ça veut dire que les enseignants avec les personnels de direction et aussi avec les intervenants extérieurs et même parfois avec les parents qui veulent s'impliquer,
on réfléchit ensemble à quel est, quels sont les problèmes qu'on rencontre dans notre établissement,
comment on peut y remédier, comment on peut faire en sorte que les élèves qui décrochent soient de nouveau dans le bon train et ansi de suite.
et là ils cherchent les moyens, certains le font déjà, ça marche, et je propose que ce soit le système scolaire français qui fonctionne comme ça
et qu'on récompense ça au lieu aujourd'hui au mieux le système est neutre
Cela veut dire y compris potentiellement salarialement parlant, c'est-à-dire que si un enseignant s'implique davantage, moi je fais partie de ceux qui pensent que les enseignants en France ne sont pas très bien payés, ce serait logique qu'ils soient mieux rémunérés, mais c'est donnant donnant,
pa exemple on peut imaginer au collège,
on sait très bien que la réforme du collège a permis d'avancer,
mais qu'un de ses maillons faibles est qu'on n'a pas demandé aux enseignants d'être davantage présents dans le collège,
cela ne veut pas dire forcément faire plus de cours, faire plus d'heures de cours
qui là deviendrait trop lourd, mais être davantage présent,
avoir du coup une organisation qui le permette,
eh bien ça ça mériterait évidemment une rémunération complémentaire pour ceux qui le font.
[Hugo Décrypte] Alors on change totalement de sujet, on va parler justement de sécurité et de terrorisme.
Vous souhaitez recruter ce que vous appelez des "éducateurs spécialisés" dans la lutte donc contre la radicalisation,
aujourd'hui il existe déjà des centres de déradicalisation qui voilà qui viennent d'ouvrir récemment en France, en quoi ces éducateurs spécialisés s'en distingueraient?
[François de Rugy] Oui c'est un des maillons là aussi de la chaîne de lutte contre le terrorisme,
mais aujourd'hui les éducateurs, éducateurs de rue, il y en a, on en a encore, même si les gens croient que ça n'existe plus,
eh bien ils n'ont pas eu du tout de formation pour faire face à cette nouvelle, à ce nouveau défi qu'est la radicalisation d'un certain nombre de jeunes.
Donc là la déradicalisation c'est quand a déjà constaté la radicalisation voire il y a des gens qui ont déjà été, qui ont fait l'objet de procédures judiciaires,
tandis que là ce que je propose c'est qu'en amont les éducateurs, et que un certain nombre soient spécialisés, aient des formations pour détecter les processus de radicalisation
et y faire face pour, avant même que les gens soient pris dans une radicalisation fatale en quelques sortes hein,
parce que quand ça vous amène à partir à l'étranger, à vous engager dans des guerres dans lesquelles vous pouvez laisser votre vie ou revenir ensuite en France avec des projets terroristes,
il est déjà trop tard.
[Hugo Décrypte] Du coup c'est des éducateurs qui interviennent dans quel cadre ? C'est-à-dire que s'ils ne sont pas dans des centres de déradicalisation, dans quel?
[François de Rugy] Ils vont directement sur le terrain, soit parce qu'ils y sont présents dans des endroits où on sait qu'il y a déjà un certain nombre de profils,
soit parce qu'ils seraient appelés par d'autres collègues éducateurs qui diraient : on a des doutes, on ne sait pas trop comment faire face,
que des personnels spécialisés puissent venir.
[Hugo Décrypte] Une question sur l'économie maintenant :
une partie de votre programme s'intitule : "le progrès par l'économie",
vous dîtes : "cessons de véhiculer l'idée que les nouvelles formes de l'activité ne seraient que des contraintes ou des menaces pour les salariés, elles correspondent aussi souvent à une aspiration;"
Aujourd'hui il y a de nouveaux services qui améliorent la vie du consommateur, mais beaucoup de travailleurs indépendants sont aussi confrontés à la précarité,
sont souvent mal payés, n'ont pas de sécurité sociale ;
on a vu cette semaine le mécontentement des chauffeurs huber, on profit beaucoup nous de l'aspect pratique et économique de cette plateforme,
mais il y a aussi du côté des travailleurs certaines difficultés,
Comment faire en sorte justement que ces nouvelles activités économiques, on parle d'uberisation enfin voilà... ces nouveaux services, bénéficient à tous ?
Déjà moi je veux sortir de l'approche caricaturale, encore sur l'histoire des chauffeurs Uber on peut avoir des gens qui vont nous dire que c'est formidable, qu'il faut tout uberiser, à un moment il fallait uberiser la politique etc.,
ça ne veut rien dire mais cela permettait de dire que c'était le modèle, indépassable, et ça allait tout révolutionner, qu'il n'y aurait plus de salariés demain...
Enfin bon, c'est complètement ridicule, caricatural et c'est pas souhaitable,
mais il y a aussi des gens qui pouvaient vous dire ou qui le disent peut-être encore,
qu'il faut supprimer tout ça, et qu'on doit revenir au bon vieux temps :
bon vieux temps du monopole des taxis par exemple mais on pourrait le dire dans d'autres domaines.
Ça aussi c'est aberrant et moi je ne le souhaite pas, je le dis aussi clairement, qu'on revienne en arrière.
On ne va pas revenir en arrière sur l'utilisation des nouvelle technologies, on ne va pas revenir en arrière sur la création d'un certain nombre d'activités
donc on améliore les cadres existants ou on crée de nouvelles protections
Moi je dis par exemple une chose concrète : c'est que les gens qui travaillent en indépendant, quel que soit leur statut, parce qu'il y a plusieurs statuts d'indépendants
aient droit à des allocations chômage, qu'ils puissent avoir un système de calcul d'allocations chômage
et que quand ils cotisent pour cela, ils aient, si leur activité cesse, une protection, alors qu'aujourd'hui ils n'en ont pas.
Si vous faites le statut d'auto-entrepreneur, auto-entrepreneur c'est plutôt une bonne chose mais on voit bien que, évidemment c'est une faible protection ;
eh bien moi je propose qu'il y ait cette allocation chômage.
[Hugo Décrypte] Et vous n'êtes pas favorable il me semble au revenu universel. [François de Rugy] Non.
[Hugo Décrypte] Il apparaît pour beaucoup comme une solution justement face à cette ubérisation, face au fait qu'on va cumuler les petits travaux précarisés etc.
Qu'est-ce que vous en pensez, pourquoi ne pas penser justement au revenu universel ?
[François de Rugy] Mais là aussi il y a deux approches en fait, les gens quand ils parlent du revenu universel ils ne pensent pas à la même chose.
Nathalie Kosciusko-Morizet ou Frédéric Lefebvre qui sont de droite ils sont pour le revenu universel mais le revenu universel qui vient remplacer tout le reste ! [Hugo Décrypte] Il remplace les aides sociales ...