Journal en français facile 22/02/2022 20h00 GMT
Anne Corpet : Bonjour et bienvenue dans le Journal en français facile.
La menace d'un conflit ouvert grandit à l'est de l'Ukraine. À Moscou, le Sénat russe a autorisé aujourd'hui Vladimir Poutine à envoyer des troupes à l'étranger. Sur place en Ukraine, la population s'inquiète. Nous entendrons le témoignage d'un professeur d'université à Kiev.
Les sanctions tombent sur la Russie au lendemain de la reconnaissance par Moscou des deux républiques séparatistes prorusses d'Ukraine. L'Allemagne, le Royaume-Uni, et l'Europe ont pris leurs mesures punitives. Joe Biden, le président américain, s'est exprimé ce soir devant la nation, il a aussi annoncé des sanctions.
En France, la candidate d'extrême droite Marine le Pen suspend sa campagne. Elle veut se consacrer entièrement à la collecte des 500 signatures d'élus locaux. C'est indispensable pour entrer dans la course à la présidence de la République. Plusieurs autres candidats n'ont toujours pas atteint ce chiffre clé de parrainages.
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AC : Au lendemain de la reconnaissance par Vladimir Poutine de l'autonomie des deux républiques séparatistes de l'Ukraine, le Sénat russe a autorisé le président à envoyer l'armée à l'étranger. L'envoi de soldats russes en Ukraine dépendra de la situation sur le terrain a déclaré Vladimir Poutine. La Russie qui vient d'établir des relations diplomatiques avec les deux républiques séparatistes. Selon Washington, Moscou a déjà déployé quelques 150 000 hommes aux frontières de l'Ukraine. Face à cette menace d'invasion, l'Ukraine a demandé à ses alliés occidentaux de lui fournir plus d'armes. La population est évidemment très inquiète sur place. Écoutez Volodymyr Yermolenko, philosophe et professeur à l'université de Kiev.
La grande question, c'est « dans quelles frontières la Russie a reconnu les soi-disant Républiques de Donetsk et de Lougansk ? » parce que s'il pense que ces soi-disant Républiques sont dans les frontières administratives des régions de Donetsk et Lougansk, je rappelle que maintenant 1/3 de ces régions est occupé effectivement par des Russes ou des forces pro-russes, c'est-à-dire qu'on peut attendre vraiment une escalade majeure. Il y a cette idée dans la propagande russe qu'il y a soi-disant le monde russe, les gens qui parlent le russe en Ukraine qui doivent être attachés à la Russie. Mais je vous rappelle que les russophones en Ukraine en leur majorité, ils soutiennent l'indépendance de l'Ukraine, ce qu'on voit par les sondages sociologiques. Donc c'est, nous sommes vraiment dans un monde virtuel, construit par Poutine et sa propagande, et on voit que ce monde virtuel effectivement, change le monde réel aussi.
AC : Face à ce risque d'invasion de l'Ukraine, le président américain vient de s'exprimer devant la nation. Joe Biden a affirmé que les Russes n'auront plus accès aux finances occidentales. Il a aussi annoncé des sanctions contre deux banques russes, et contre les élites du pays et leurs familles.
L'Union européenne a de son côté approuvé à « l'unanimité » un « paquet de sanctions » contre la Russie. Des mesures qui visent en particulier les députés russes. Elles « feront très mal à la Russie », a souligné le chef de la diplomatie de l'UE. Bruxelles a aussi proposé d'interdire aux autorités russes d'accéder aux marchés et services financiers européens. À signaler aussi, la décision de l'Allemagne : elle a suspendu l'autorisation du Gazoduc Nordstream 2, qui doit alimenter le pays en gaz russe. Enfin au Royaume-Uni, Boris Johnson le Premier ministre est intervenu au Parlement pour annoncer des premières sanctions. Compte rendu de séance par Émeline Vin.
Pour Boris Johnson, Vladimir Poutine a entamé son invasion de l'Ukraine. Le Premier ministre prépare depuis plusieurs semaines ses sanctions. « Le Royaume-Uni sanctionne 5 banques russes. Nous sanctionnons également 3 individus de très haute valeur, Gennady Timchenko, Boris Rotenberg, et Igor Rotenberg. Ceci est notre première tranche de sanctions. Nous en avons d'autres prêtes à dégainer au cas où la situation continue de dégénérer. » Les trois milliardaires, des proches de Vladimir Poutine, sont déjà visés par des sanctions américaines depuis 2018. L'opposition salue la réaction du gouvernement, mais son chef Keir Starmer demande davantage contre la Russie. « La Russie devrait être exclue des mécanismes financiers internationaux comme le système SWIFT. Russia Today devrait être interdite de diffuser sa propagande à travers le monde et nous devons travailler avec nos partenaires européens pour nous assurer que le projet de gazoduc Northstream est annulé. » Boris Johnson refuse de dévoiler le reste des sanctions prévues. Tout en gardant l'espoir d'une solution diplomatique, le gouvernement demande aux Britanniques de se préparer à une crise prolongée. » Émeline Vin, Londres, RFI.
AC : Ces tensions aux portes de l'Europe ont déjà des conséquences sur les marchés. Les prix des matières premières agricoles, notamment ceux du blé et du maïs, flambent, ils augmentent très vite. La Russie est le premier exportateur de blé au monde, elle en exporte pour 35 millions de tonnes. Les États-Unis et le Canada ont eu de petites récoltes cette année. Cette crise ukrainienne pourrait avoir donc avoir un impact majeur, notamment pour les pays en développement. Écoutez Michel Portier, gérant de la société de conseil Agritel. Il est interrogé par Anieshka Koumor.
On a besoin absolument de ces 35 millions de tonnes pour alimenter le commerce mondial du blé. Bien évidemment, les tensions entre l'Ukraine et la Russie nous font penser qu'on aura pas mal de problèmes de logistique, notamment sur la mer Noire, ou il y a pas mal de manoeuvres militaires. Très clairement, les coûts du fret sont en train de grimper. Si on n'a pas les disponibilités de la Russie, éventuellement même avec des sanctions économiques, évidemment, ça ne fait qu'ajouter à l'attention. Autre élément, c'est que l'Ukraine est le 3e pays producteur de maïs au monde sur une production de 40 millions de tonnes. Pour vous donner une petite idée, la France, qui est le premier pays producteur de maïs au sein de l'UE, n'a produit cette année que 15 millions de tonnes. Donc on aurait un problème au niveau de l'approvisionnement du maïs sur la scène internationale et donc dans un contexte déjà extrêmement inflationniste, on aurait les denrées alimentaires qui continuera de grimper. On risque d'avoir des émeutes de la faim aussi qui pourraient se produire suite à ce conflit.
AC : Sachez enfin pour clore ce dossier que la Hongrie va déployer des troupes à sa frontière avec l'Ukraine. Elle craint une arrivée massive de réfugiés en cas d'escalade militaire. La Pologne est en revanche bien préparée à accueillir de nombreux ukrainiens en cas de conflit. C'est en tous cas ce qu'a affirmé la commissaire européenne aux affaires intérieures. Elle a évoqué ce sujet avec les autorités à Varsovie.
À moins de deux mois du 1er tour de la présidentielle en France, Emmanuel Macron n'est toujours pas officiellement candidat. Il a déjà les 500 parrainages d'élus locaux nécessaires pour se présenter. Ce n'est pas le cas de tous ceux qui rêvent d'accéder à l'Élysée. Le Premier ministre Jean Castex a appelé les élus à parrainer les candidats. Ceux-ci ont jusqu'au 4 mars pour trouver ces 500 signatures. Au dernier décompte, Marine Le Pen n'a que 393 signatures. La candidate de l'extrême droite a décidé de suspendre sa campagne jusqu'à obtenir tous ses parrainages, Julien Chavanne.
Son programme pour l'école attendra et son déplacement dans la Somme est reporté. Marine Le Pen passe désormais une partie de ses journées au téléphone. Le compte à rebours est lancé : il manquerait encore une quarantaine de signatures selon un cadre du parti. « On est obligés de se prostituer pour être candidat… ». Colère froide d'un proche de Marine Le Pen, « outré » de voir sa candidate interrompre sa campagne pour récolter des signatures. Un autre élu RN raconte avoir appelé des dizaines de maires, sans qu'aucun ne veuille parrainer un seul candidat, par peur de représailles des communautés de communes. L'appel de Jean Castex aux maires arrive trop tard pour un conseiller de Marine Le Pen qui s'étonne du silence d'Emmanuel Macron : « Il préfère jouer les Prix Nobel de pacotille en Ukraine plutôt que de s'occuper de notre démocratie », attaque ce membre du premier cercle. Marine Le Pen devrait reprendre sa campagne la semaine prochaine avec une visite au Salon de l'Agriculture. D'ici là, elle enchaînera deux grandes émissions sur France 2, entre plusieurs coups de fil.
AC : C'est la fin de ce Journal en français facile
