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Bram Stoker - Dracula, Part (26)

Part (26)

Heureusement, les hommes firent diligence et arrivèrent juste à temps : au moment précis où sonnaient les douze coups de midi, il devint si violent qu'il leur fallut toute leur force pour le maintenir. En cinq minutes toutefois, il devint de plus en plus calme, pour finalement sombrer dans une sorte d'état mélancolique, où il est resté jusqu'à maintenant. Le surveillant m'a raconté qu'au paroxysme de la crise, ses hurlements étaient véritablement épouvantables. Je fus très occupé à prendre soin des autres patients qui étaient effrayés. Et en vérité, je le comprends sans peine : j'ai été moi- même dérangé par les cris, alors que je me trouvais très éloigné de là. L'heure du dîner est maintenant passée, et mon patient reste assis dans un coin à ruminer, lançant des regards ternes, maussades et affligés, et il semble plutôt diriger ses regards dans une certaine direction, que regarder vraiment quelque chose. Je n'y comprends rien. Plus tard Nouveau changement chez mon patient. A cinq heures, je suis allé lui rendre visite, et l'ai trouvé plus épanoui et satisfait que jamais. Il attrapait des mouches et les dévorait, et tenait le compte de ses captures en laissant des marques aves ses ongles sur le capitonnage de la porte. Quand il me vit, il vint à ma rencontre et s'excusa de son mauvais comportement, puis il me demanda d'un ton humble et servile, s'il pouvait retourner dans sa chambre et récupérer son carnet de notes. Je décidai de lui faire plaisir ; il a donc regagné sa chambre, a disposé le sucre de son thé sur le rebord de la fenêtre ouverte, et a déjà fait une bonne récolte de mouches. Il ne les mange plus, mais les met dans une boîte, comme précédemment, et il est déjà en train d'inspecter les coins de sa chambre à la recherche d'une araignée. J'ai essayé de l'amener à parler de ces derniers jours, car n'importe quel indice sur ses pensées profondes me serait d'une aide précieuse, mais il n'a pas réagi. Pendant un moment il eut l'air très triste et me dit, d'une voix lointaine, et comme se parlant plutôt à lui-même : « C'est terminé ! C'est terminé ! Il m'a abandonné. Je n'ai plus rien à espérer, à moins d'agir par moi-même ! » Puis, se tournant soudain vers moi d'un air

résolu, il dit : « Docteur, voulez-vous être bon pour moi et me permettre d'avoir un peu plus de sucre ? Cela me ferait le plus grand bien. » « Et les mouches ? » répondis-je. « Oh oui, les mouches aiment cela aussi, et moi, j'aime les mouches, donc j'aime le sucre. » Et il y a des ignorants pour dire que les fous ne savent pas argumenter ! Je lui procurai donc une double ration, et lorsque je le quittai, il était, je crois, le plus heureux des hommes. J'aimerais pouvoir percer le mystère de son esprit. Minuit. Encore un changement. J'étais sorti pour rendre visite à Miss Westenra, que j'avais trouvée en bien meilleure forme. Je venais juste de rentrer, et je m'étais arrêté au portail pour contempler le coucher du soleil, lorsque je l'entendis hurler. Comme sa chambre donne de ce côté du bâtiment, je l'entendais très distinctement. Ce fut un choc pour moi, de passer de la beauté brumeuse d'un coucher de soleil au-dessus de Londres, avec ses lumières éclatantes et ses ombres d'un noir d'encre, et toutes les teintes merveilleuses qui se dessinent sur les brumes et les eaux, et de me retrouver soudain face à la triste sévérité de ce froid bâtiment de pierre, avec son lot de misère humaine, et seulement mon pauvre cœur pour le supporter. Je le rejoignis juste au moment où le soleil se couchait. Je pus voir depuis sa fenêtre l'orbe rouge disparaître derrière l'horizon. Il commençait déjà à se montrer de moins en moins agité, et à cet instant précis, il glissa d'entre les mains qui le retenaient, et tomba comme une masse inerte sur le sol. Les capacités de récupération de ces aliénés sont telles, cependant, qu'il put se relever calmement quelques minutes plus tard. Il regarda autour de lui. Je fis signe aux surveillants de ne pas se saisir de lui : j'étais impatient de voir ce qu'il allait faire. Il alla droit à la fenêtre et balaya de la main les morceaux de sucre, puis il prit la boite où il enfermait les mouches, l'ouvrit et la lança par la fenêtre, qu'il referma ensuite. Il traversa la pièce et alla s'asseoir sur son lit. « Vous ne voulez plus capturer les mouches ? » lui demandai-je, très surpris. « Non », dit-il. « J'en ai assez de ces cochonneries. » Il représente, sans aucun doute, un très intéressant cas d'étude. J'aimerais pouvoir le comprendre, ou entrevoir la cause de ses passions soudaines. Mais nous avons peut-être un indice, finalement : peut-être pourrons-nous comprendre pourquoi ses crises ont atteint un tel paroxysme aujourd'hui, précisément à midi, puis au coucher du soleil. Se pourrait-il que le soleil ait une influence pernicieuse, qui à certains moments affecterait certaines natures – comme c'est le cas pour la lune ? Nous verrons cela. Télégramme de Seward, Londres, à Van Helsing, Amsterdam. 4 septembre. Malade va beaucoup mieux aujourd'hui. Télégramme de Seward, Londres, à Van Helsing, Amsterdam. 5 septembre. Malade va bien mieux. Bon appétit, sommeil naturel, bonne humeur, couleurs reviennent. Télégramme de Seward, Londres, à Van Helsing, Amsterdam. 6 septembre. Terrible aggravation. Venez sur l'heure, ne perdez pas un instant. Attends de vous voir avant d'envoyer télégramme à Holmwood.

CHAPITRE 10 Lettre du Dr. Seward à l'honorable Arthur Holmwood 6 septembre. Mon cher Art, Les nouvelles dont je suis porteur aujourd'hui ne sont pas bonnes. L'état de Lucy s'est quelque peu aggravé ce matin. Il en est, toutefois, résulté au moins une bonne chose : Mrs. Westenra, évidemment inquiète au sujet de sa fille, m'a consulté, professionnellement, à son sujet. J'ai saisi l'occasion, et lui ai dit que mon vieux maître, Van Helsing, le grand spécialiste, venait séjourner chez moi, et que nous pourrions tous deux prendre soin d'elle. Nous pouvons donc maintenant aller et venir sans l'inquiéter exagérément, car un choc signifierait pour elle une mort brutale, et cela serait désastreux dans l'état de faiblesse où se trouve Lucy. Chacun de nous se trouve face à d'immenses difficultés, mon pauvre vieux camarade, mais, plaise à Dieu ! nous en viendrons à bout. Si c'est nécessaire, je vous écrirai, si bien que si vous êtes sans nouvelles de moi, soyez certain que ce sera parce que je serai moi-même dans l'attente de nouvelles. En hâte, Fidèlement vôtre, John Seward. Journal du Dr. Seward 7 septembre. La première chose que me dit Van Helsing quand nous nous rencontrâmes dans Liverpool Street, fut : « Avez-vous dit quoi que ce soit à notre jeune ami, le fiancé ? » « Non », dis-je. « J'attendais de vous avoir vu, comme je vous l'ai dit dans mon télégramme. Je lui ai écrit pour lui dire simplement que vous veniez, car Miss Westenra n'était pas très bien, et que je lui donnerais des nouvelles dès que j'en aurais. » « Bien, mon ami » dit-il, « tout à fait bien ! C'est mieux qu'il ne sache pas encore ; peut-être n'aura-t-il jamais besoin de savoir. Je l'espère, mais si c'est nécessaire, alors il saura tout. Et, mon cher ami John, laissez-moi vous avertir. Vous vous occupez des fous. Tous les hommes sont fous d'une façon ou d'une autre, alors comportez-vous avec les fous de Dieu – le reste de l'humanité – avec la même discrétion dont vous faites preuve vis-à-vis de vos propres fous. Vous ne dites pas à vos fous ce que vous faites, ni pourquoi vous le faites ; vous ne leur dites pas ce que vous pensez. Alors vous devez garder pour vous tout votre savoir, le faire mûrir et le fortifier. Vous et moi devons garder ce que nous savons ici, et là. » Et il désigna mon cœur et mon front, puis fit les mêmes gestes vers son cœur et son front. « J'ai déjà quelques idées. Je vous en ferai part plus tard. » « Et pourquoi pas maintenant ? » demandai-je. « Cela pourrait être utile ; nous parviendrions peut-être à prendre une décision. » Il m'arrêta, me regarda, et dit : « Mon ami John, quand le blé a poussé, même avant qu'il n'ait mûri, quand le suc de la terre nourricière est en lui, et que le soleil n'a pas encore commencé à lui faire revêtir ses teintes d'or, le laboureur prend l'épi et le roule entre ses mains rugueuses, puis il souffle sur le grain vert et dit : « Regardez ! voilà du bon grain. Nous ferons une bonne récolte quand le

temps sera venu. » Je ne vis pas le rapport, et je le lui dis. Pour toute réponse, il s'approcha de moi, m'attrapa le bout de l'oreille et le tira malicieusement, comme il le faisait jadis pendant ses cours, et il me dit : « Le bon laboureur sait alors ce qu'il en est, mais il l'ignorait auparavant. Mais vous ne verrez jamais ce bon laboureur déterrer son blé pour voir s'il pousse ; cela, c'est pour les enfants qui jouent au laboureur, et pas pour ceux qui font de ce travail l'affaire de leur vie. J'ai semé mes graines, et la nature va maintenant faire son travail en les faisant germer ; s'il germe, tant mieux, c'est qu'il y a de l'espoir, et j'attendrai que l'épi commence à gonfler. » Il se tut un moment, certain que je l'avais compris. Puis il reprit, avec gravité : « Vous avez toujours été un élève brillant. Vous n'étiez qu'un étudiant alors ; maintenant vous êtes un maître, et je pense que vous n'aurez pas perdu vos bonnes habitudes. Souvenez-vous, mon ami, que le savoir vaut mieux que la mémoire, et que nous ne devons pas nous fier à celle-ci. Et même si vous avez perdu ces bonnes habitudes, laissez-moi vous dire que le cas de notre chère Miss Lucy est tel qu'il pourrait – j'ai dit, il pourrait, notez bien – être d'un véritable intérêt pour nous et pour les autres. Prenez note de tout avec soin, même de vos doutes et de vos conjectures, je vous le conseille. Plus tard, il sera peut- être intéressant pour vous de constater jusqu'à quel point vous aviez deviné la vérité. Nous apprenons de nos erreurs, pas de nos succès ! » Quand je lui décrivis les symptômes de Lucy – les mêmes que précédemment, mais infiniment plus prononcés – il me regarda d'un air grave, mais ne dit rien. Il prit une sacoche où se trouvaient des instruments et de nombreuses drogues, « l'épouvantable équipement nécessaire à notre salutaire métier », comme il avait qualifié jadis lors d'un de ses cours l'équipement d'un spécialiste dans l'art de guérir. Quand nous fûmes introduits dans la maison, Mrs. Westenra vint à notre rencontre. Elle était inquiète, mais pas autant que je m'attendais à la trouver. La Nature, dans sa générosité, a voulu que même la mort ait des antidotes aux terreurs qu'elle engendre. Et là, dans une situation où le moindre choc pouvait se révéler fatal, les choses sont ainsi faites que pour une raison ou une autre, rien de ce qui n'est pas personnel ne peut l'atteindre – même ces terribles changements chez sa fille, à laquelle elle est pourtant si attachée. C'est comme si Dame Nature tissait autour de son corps une enveloppe de tissus insensibles qui la protègent des blessures qu'elle pourrait recevoir. S'il s'agit là d'un égoïsme salutaire, nous devrions réfléchir avant de condamner qui que ce soit pour le péché d'égoïsme, car ses causes sont peut-être plus profondes que nous ne pouvons le supposer. Mes connaissances en matière de pathologie mentale m'ont amené à me fixer une ligne de conduite : Mrs. Westenra ne devait pas se retrouver en compagnie de Lucy, ou même penser à sa maladie, si ce n'était pas absolument nécessaire. Elle accepta cette idée avec un tel empressement que je vis là aussi la main de la Nature cherchant à protéger la vie. Van Helsing et moi- même entrâmes alors dans la chambre de Lucy. Si je fus choqué lorsque je la vis hier, je peux dire que je fus horrifié de la voir aujourd'hui.

Part (26) Anteil (26) Part (26) Parte (26) Parte (26) Del (26)

Heureusement, les hommes firent diligence et arrivèrent juste à temps : au moment précis où sonnaient les douze coups de midi, il devint si violent qu'il leur fallut toute leur force pour le maintenir. Fortunately, the men made haste and arrived just in time: at the precise moment of the twelve strokes of noon, it became so violent that it took all their strength to maintain it. En cinq minutes toutefois, il devint de plus en plus calme, pour finalement sombrer dans une sorte d'état mélancolique, où il est resté jusqu'à maintenant. Le surveillant m'a raconté qu'au paroxysme de la crise, ses hurlements étaient véritablement épouvantables. |||||||||||||terrifying The supervisor told me that at the height of the crisis, her screams were truly appalling. Il supervisore mi ha detto che, al culmine della crisi, le sue urla erano davvero spaventose. Je fus très occupé à prendre soin des autres patients qui étaient effrayés. I was very busy taking care of the other frightened patients. Et en vérité, je le comprends sans peine : j'ai été moi- même dérangé par les cris, alors que je me trouvais très éloigné de là. And the truth is, I don't have any trouble understanding it: I was disturbed by the shouting myself, even though I was a long way away. E la verità è che posso capirlo facilmente: io stesso sono stato disturbato dalle grida, anche se ero molto lontano. L'heure du dîner est maintenant passée, et mon patient reste assis dans un coin à ruminer, lançant des regards ternes, maussades et affligés, et il semble plutôt diriger ses regards dans une certaine direction, que regarder vraiment quelque chose. |||||||||||||||ruminate||||bleak|gloomy||afflicted|||||||||||||||| Dinnertime has now passed, and my patient sits in a corner brooding, casting dull, sullen and distressed glances, and he seems rather to be directing his gazes in a certain direction, than actually looking at anything. Je n'y comprends rien. Plus tard Nouveau changement chez mon patient. Later New change in my patient. A cinq heures, je suis allé lui rendre visite, et l'ai trouvé plus épanoui et satisfait que jamais. |||||||||||||bloomed|||| At five o'clock, I went to visit him, and found him more fulfilled and satisfied than ever. Alle cinque andai a trovarlo e lo trovai più appagato e soddisfatto che mai. Il attrapait des mouches et les dévorait, et tenait le compte de ses captures en laissant des marques aves ses ongles sur le capitonnage de la porte. |was catching||||||||||||captures||||||||||upholstery||| He would catch flies and devour them, and keep track of his catches by leaving marks with his fingernails on the door padding. Quand il me vit, il vint à ma rencontre et s'excusa de son mauvais comportement, puis il me demanda d'un ton humble et servile, s'il pouvait retourner dans sa chambre et récupérer son carnet de notes. |||||||||||||||||||||||servile||||||||||notebook|| When he saw me, he came to meet me and apologized for his bad behavior, then asked me in a humble, servile tone, if he could return to his room and retrieve his notebook. Je décidai de lui faire plaisir ; il a donc regagné sa chambre, a disposé le sucre de son thé sur le rebord de la fenêtre ouverte, et a déjà fait une bonne récolte de mouches. |||||||||||||||||||||ledge|||||||||||harvest|| I decided to humor him, so he returned to his room, placed the sugar from his tea on the open windowsill, and has already made a good harvest of flies. Il ne les mange plus, mais les met dans une boîte, comme précédemment, et il est déjà en train d'inspecter les coins de sa chambre à la recherche d'une araignée. J'ai essayé de l'amener à parler de ces derniers jours, car n'importe quel indice sur ses pensées profondes me serait d'une aide précieuse, mais il n'a pas réagi. |||to bring it|||||||||||||||||||||||| I tried to get him to talk about the last few days, as any clue to his deeper thoughts would be a great help, but he didn't respond. Pendant un moment il eut l'air très triste et me dit, d'une voix lointaine, et comme se parlant plutôt à lui-même : « C'est terminé ! For a moment he looked very sad and said to me, in a distant voice, and as if speaking rather to himself: "It's over! C'est terminé ! Il m'a abandonné. Je n'ai plus rien à espérer, à moins d'agir par moi-même ! I have nothing left to hope for, unless I act on my own! » Puis, se tournant soudain vers moi d'un air

résolu, il dit : « Docteur, voulez-vous être bon pour moi et me permettre d'avoir un peu plus de sucre ? Cela me ferait le plus grand bien. » « Et les mouches ? » répondis-je. « Oh oui, les mouches aiment cela aussi, et moi, j'aime les mouches, donc j'aime le sucre. » Et il y a des ignorants pour dire que les fous ne savent pas argumenter ! ||||||||||||||argue "And there are ignorant people who say that crazy people can't argue! Je lui procurai donc une double ration, et lorsque je le quittai, il était, je crois, le plus heureux des hommes. ||procured|||||||||||||||||| So I gave him a double ration, and when I left him, he was, I think, the happiest of men. J'aimerais pouvoir percer le mystère de son esprit. Vorrei poter svelare il mistero della sua mente. Minuit. Encore un changement. J'étais sorti pour rendre visite à Miss Westenra, que j'avais trouvée en bien meilleure forme. I'd gone out to visit Miss Westenra, whom I'd found in much better shape. Je venais juste de rentrer, et je m'étais arrêté au portail pour contempler le coucher du soleil, lorsque je l'entendis hurler. I'd just returned home, and had stopped at the gate to watch the sunset, when I heard him screaming. Comme sa chambre donne de ce côté du bâtiment, je l'entendais très distinctement. ||||||||||I heard it|| Ce fut un choc pour moi, de passer de la beauté brumeuse d'un coucher de soleil au-dessus de Londres, avec ses lumières éclatantes et ses ombres d'un noir d'encre, et toutes les teintes merveilleuses qui se dessinent sur les brumes et les eaux, et de me retrouver soudain face à la triste sévérité de ce froid bâtiment de pierre, avec son lot de misère humaine, et seulement mon pauvre cœur pour le supporter. |||||||||||misty||||||||||||||||||||||shades||||are drawing|||||||||||||||||||||||||lot||||||||||| It was a shock to me, to go from the hazy beauty of a sunset over London, with its brilliant lights and inky black shadows, and all the wonderful hues on the mists and waters, and suddenly find myself faced with the sad severity of this cold stone building, with its share of human misery, and only my poor heart to bear it. È stato uno shock per me passare dalla vaporosa bellezza di un tramonto su Londra, con le sue luci brillanti e le sue ombre nere, e tutte le meravigliose sfumature sulle nebbie e sulle acque, e trovarmi improvvisamente di fronte alla cupa severità di questo freddo edificio di pietra, con la sua parte di miseria umana, e solo il mio povero cuore a sopportarla. Je le rejoignis juste au moment où le soleil se couchait. I joined him just as the sun was setting. Je pus voir depuis sa fenêtre l'orbe rouge disparaître derrière l'horizon. ||||||the orb|||| From his window, I could see the red orb disappear behind the horizon. Il commençait déjà à se montrer de moins en moins agité, et à cet instant précis, il glissa d'entre les mains qui le retenaient, et tomba comme une masse inerte sur le sol. He was already becoming less and less agitated, and at that precise moment, he slipped from the hands that were holding him, and fell like an inert mass to the ground. Già si agitava sempre meno e, in quel preciso momento, scivolò dalle mani che lo tenevano e cadde a terra come una massa inerte. Les capacités de récupération de ces aliénés sont telles, cependant, qu'il put se relever calmement quelques minutes plus tard. The recuperative powers of these lunatics are such, however, that he was able to stand up calmly a few minutes later. Il regarda autour de lui. Je fis signe aux surveillants de ne pas se saisir de lui : j'étais impatient de voir ce qu'il allait faire. Il alla droit à la fenêtre et balaya de la main les morceaux de sucre, puis il prit la boite où il enfermait les mouches, l'ouvrit et la lança par la fenêtre, qu'il referma ensuite. |||||||swept|||||||||||||||was trapping|||||||||||| Il traversa la pièce et alla s'asseoir sur son lit. « Vous ne voulez plus capturer les mouches ? » lui demandai-je, très surpris. « Non », dit-il. « J'en ai assez de ces cochonneries. |||||mess "I've had enough of this junk food. » Il représente, sans aucun doute, un très intéressant cas d'étude. J'aimerais pouvoir le comprendre, ou entrevoir la cause de ses passions soudaines. I wish I could understand him, or glimpse the cause of his sudden passions. Mais nous avons peut-être un indice, finalement : peut-être pourrons-nous comprendre pourquoi ses crises ont atteint un tel paroxysme aujourd'hui, précisément à midi, puis au coucher du soleil. But we may finally have a clue: perhaps we can understand why his crises have reached such a climax today, precisely at midday and then at sunset. Se pourrait-il que le soleil ait une influence pernicieuse, qui à certains moments affecterait certaines natures – comme c'est le cas pour la lune ? |||||||||pernicious|||||would affect||||||||| Nous verrons cela. Télégramme de Seward, Londres, à Van Helsing, Amsterdam. 4 septembre. Malade va beaucoup mieux aujourd'hui. Sick is much better today. Télégramme de Seward, Londres, à Van Helsing, Amsterdam. 5 septembre. Malade va bien mieux. Bon appétit, sommeil naturel, bonne humeur, couleurs reviennent. Télégramme de Seward, Londres, à Van Helsing, Amsterdam. 6 septembre. Terrible aggravation. Terrible aggravation. Venez sur l'heure, ne perdez pas un instant. Attends de vous voir avant d'envoyer télégramme à Holmwood. Wait to see you before sending telegram to Holmwood.

CHAPITRE 10 Lettre du Dr. Seward à l'honorable Arthur Holmwood 6 septembre. Mon cher Art, Les nouvelles dont je suis porteur aujourd'hui ne sont pas bonnes. My dear Art, The news I have today is not good. L'état de Lucy s'est quelque peu aggravé ce matin. Il en est, toutefois, résulté au moins une bonne chose : Mrs. Westenra, évidemment inquiète au sujet de sa fille, m'a consulté, professionnellement, à son sujet. It did, however, result in at least one good thing: Mrs. Westenra, obviously worried about her daughter, consulted me, professionally, about her. J'ai saisi l'occasion, et lui ai dit que mon vieux maître, Van Helsing, le grand spécialiste, venait séjourner chez moi, et que nous pourrions tous deux prendre soin d'elle. Ho colto l'occasione e le ho detto che il mio vecchio maestro, Van Helsing, il grande specialista, sarebbe venuto a stare da me e che entrambi avremmo potuto occuparci di lei. Nous pouvons donc maintenant aller et venir sans l'inquiéter exagérément, car un choc signifierait pour elle une mort brutale, et cela serait désastreux dans l'état de faiblesse où se trouve Lucy. ||||||||it|excessively||||||||||||||||||||| Chacun de nous se trouve face à d'immenses difficultés, mon pauvre vieux camarade, mais, plaise à Dieu ! Each of us faces immense difficulties, my poor old comrade, but, please God! Tutti affrontiamo immense difficoltà, mio povero vecchio amico, ma ti prego Dio! nous en viendrons à bout. we'll get to the bottom of it. arriveremo in fondo alla questione. Si c'est nécessaire, je vous écrirai, si bien que si vous êtes sans nouvelles de moi, soyez certain que ce sera parce que je serai moi-même dans l'attente de nouvelles. En hâte, Fidèlement vôtre, John Seward. Journal du Dr. Seward 7 septembre. La première chose que me dit Van Helsing quand nous nous rencontrâmes dans Liverpool Street, fut : « Avez-vous dit quoi que ce soit à notre jeune ami, le fiancé ? The first thing Van Helsing said to me when we met in Liverpool Street was: "Have you said anything to our young friend, the fiancé? » « Non », dis-je. « J'attendais de vous avoir vu, comme je vous l'ai dit dans mon télégramme. Je lui ai écrit pour lui dire simplement que vous veniez, car Miss Westenra n'était pas très bien, et que je lui donnerais des nouvelles dès que j'en aurais. I wrote to tell her simply that you were coming, as Miss Westenra was not very well, and that I would give her news as soon as I had it. » « Bien, mon ami » dit-il, « tout à fait bien ! C'est mieux qu'il ne sache pas encore ; peut-être n'aura-t-il jamais besoin de savoir. It's better he doesn't know yet; maybe he'll never need to know. Je l'espère, mais si c'est nécessaire, alors il saura tout. I hope so, but if it's necessary, then he'll know everything. Et, mon cher ami John, laissez-moi vous avertir. Vous vous occupez des fous. You take care of the crazy ones. Tous les hommes sont fous d'une façon ou d'une autre, alors comportez-vous avec les fous de Dieu – le reste de l'humanité – avec la même discrétion dont vous faites preuve vis-à-vis de vos propres fous. All men are mad in one way or another, so treat God's madmen - the rest of humanity - with the same discretion you treat your own madmen. Vous ne dites pas à vos fous ce que vous faites, ni pourquoi vous le faites ; vous ne leur dites pas ce que vous pensez. You don't tell your lunatics what you do, or why you do it; you don't tell them what you think. Alors vous devez garder pour vous tout votre savoir, le faire mûrir et le fortifier. So you need to keep all your knowledge to yourself, let it mature and fortify it. Vous et moi devons garder ce que nous savons ici, et là. » Et il désigna mon cœur et mon front, puis fit les mêmes gestes vers son cœur et son front. "And he pointed to my heart and forehead, then made the same gestures towards his heart and forehead. « J'ai déjà quelques idées. Je vous en ferai part plus tard. I'll let you know later. » « Et pourquoi pas maintenant ? » demandai-je. « Cela pourrait être utile ; nous parviendrions peut-être à prendre une décision. "It could be useful; we might be able to make a decision. "Potrebbe essere utile; potremmo essere in grado di prendere una decisione. » Il m'arrêta, me regarda, et dit : « Mon ami John, quand le blé a poussé, même avant qu'il n'ait mûri, quand le suc de la terre nourricière est en lui, et que le soleil n'a pas encore commencé à lui faire revêtir ses teintes d'or, le laboureur prend l'épi et le roule entre ses mains rugueuses, puis il souffle sur le grain vert et dit : « Regardez ! |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||the ear|||rolls||||rough|||||||||| "He stopped me, looked at me, and said, "My friend John, when the wheat has grown, even before it has ripened, when the juice of the nourishing earth is in it, and the sun has not yet begun to make it put on its golden hues, the ploughman takes the ear and rolls it between his rough hands, then he blows on the green grain and says, 'Look! voilà du bon grain. here's the good stuff. Nous ferons une bonne récolte quand le We'll have a good harvest when the

temps sera venu. » Je ne vis pas le rapport, et je le lui dis. "I don't live the report, and I tell him so. Pour toute réponse, il s'approcha de moi, m'attrapa le bout de l'oreille et le tira malicieusement, comme il le faisait jadis pendant ses cours, et il me dit : « Le bon laboureur sait alors ce qu'il en est, mais il l'ignorait auparavant. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||was|||| For all answer, he came up to me, grabbed the tip of my ear and tugged it mischievously, as he used to do in the old days during his lessons, and said: "The good ploughman knows then what it is, but he didn't know before. Per tutta risposta, si avvicinò a me, mi afferrò la punta dell'orecchio e la tirò maliziosamente, come era solito fare durante le sue lezioni, e disse: "Il buon aratore ora sa cos'è, ma prima non lo sapeva. Mais vous ne verrez jamais ce bon laboureur déterrer son blé pour voir s'il pousse ; cela, c'est pour les enfants qui jouent au laboureur, et pas pour ceux qui font de ce travail l'affaire de leur vie. But you'll never see the good ploughman digging up his wheat to see if it's growing; that's for children who play at ploughing, not for those who make it their life's work. J'ai semé mes graines, et la nature va maintenant faire son travail en les faisant germer ; s'il germe, tant mieux, c'est qu'il y a de l'espoir, et j'attendrai que l'épi commence à gonfler. I've sown my seeds, and now nature is going to do its work by making them germinate; if it germinates, so much the better, that means there's hope, and I'll wait for the ear to start swelling. » Il se tut un moment, certain que je l'avais compris. Puis il reprit, avec gravité : « Vous avez toujours été un élève brillant. Vous n'étiez qu'un étudiant alors ; maintenant vous êtes un maître, et je pense que vous n'aurez pas perdu vos bonnes habitudes. You were just a student then; now you're a master, and I don't think you'll have lost your good habits. Souvenez-vous, mon ami, que le savoir vaut mieux que la mémoire, et que nous ne devons pas nous fier à celle-ci. Remember, my friend, that knowledge is better than memory, and that we must not rely on memory. Et même si vous avez perdu ces bonnes habitudes, laissez-moi vous dire que le cas de notre chère Miss Lucy est tel qu'il pourrait – j'ai dit, il pourrait, notez bien – être d'un véritable intérêt pour nous et pour les autres. And even if you have lost these good habits, let me tell you that the case of our dear Miss Lucy is such that it could - I said, it could, mark you - be of real interest to us and to others. Prenez note de tout avec soin, même de vos doutes et de vos conjectures, je vous le conseille. Take careful note of everything, even your doubts and conjectures. Plus tard, il sera peut- être intéressant pour vous de constater jusqu'à quel point vous aviez deviné la vérité. Later, it may be interesting for you to see just how far you've guessed the truth. Nous apprenons de nos erreurs, pas de nos succès ! » Quand je lui décrivis les symptômes de Lucy – les mêmes que précédemment, mais infiniment plus prononcés – il me regarda d'un air grave, mais ne dit rien. "When I described Lucy's symptoms - the same as before, but infinitely more pronounced - he looked at me gravely, but said nothing. Il prit une sacoche où se trouvaient des instruments et de nombreuses drogues, « l'épouvantable équipement nécessaire à notre salutaire métier », comme il avait qualifié jadis lors d'un de ses cours l'équipement d'un spécialiste dans l'art de guérir. He took out a satchel containing instruments and numerous drugs, "the appalling equipment necessary for our salutary profession", as he had once described the equipment of a specialist in the art of healing during one of his lectures. Quand nous fûmes introduits dans la maison, Mrs. Westenra vint à notre rencontre. When we were ushered into the house, Mrs. Westenra came to meet us. Elle était inquiète, mais pas autant que je m'attendais à la trouver. She was worried, but not as worried as I'd expected to find her. La Nature, dans sa générosité, a voulu que même la mort ait des antidotes aux terreurs qu'elle engendre. Nature, in her generosity, wanted even death to have antidotes to the terrors it engenders. Et là, dans une situation où le moindre choc pouvait se révéler fatal, les choses sont ainsi faites que pour une raison ou une autre, rien de ce qui n'est pas personnel ne peut l'atteindre – même ces terribles changements chez sa fille, à laquelle elle est pourtant si attachée. And here, in a situation where the slightest shock could prove fatal, things are such that, for one reason or another, nothing that isn't personal can reach her - even those terrible changes in her daughter, to whom she is so attached. C'est comme si Dame Nature tissait autour de son corps une enveloppe de tissus insensibles qui la protègent des blessures qu'elle pourrait recevoir. It's as if Mother Nature were weaving an envelope of insensitive tissue around her body, protecting her from any injuries she might receive. S'il s'agit là d'un égoïsme salutaire, nous devrions réfléchir avant de condamner qui que ce soit pour le péché d'égoïsme, car ses causes sont peut-être plus profondes que nous ne pouvons le supposer. If this is salutary selfishness, we should think before condemning anyone for the sin of selfishness, for its causes may be deeper than we can suppose. Mes connaissances en matière de pathologie mentale m'ont amené à me fixer une ligne de conduite : Mrs. Westenra ne devait pas se retrouver en compagnie de Lucy, ou même penser à sa maladie, si ce n'était pas absolument nécessaire. My knowledge of mental pathology led me to draw a line: Mrs. Westenra was not to be in the company of Lucy, or even think about her illness, unless it was absolutely necessary. Elle accepta cette idée avec un tel empressement que je vis là aussi la main de la Nature cherchant à protéger la vie. |||||||eagerness||||||||||||||| She accepted the idea with such eagerness that I too saw the hand of Nature seeking to protect life. Van Helsing et moi- même entrâmes alors dans la chambre de Lucy. |||||entered|||||| Van Helsing and I entered Lucy's room. Si je fus choqué lorsque je la vis hier, je peux dire que je fus horrifié de la voir aujourd'hui. If I was shocked when I saw her yesterday, I can say I was horrified to see her today.