×

Używamy ciasteczek, aby ulepszyć LingQ. Odwiedzając stronę wyrażasz zgodę na nasze polityka Cookie.


image

Bram Stoker - Dracula, Part (37)

Part (37)

L'entrepreneur se maudit de sa propre stupidité, et s'employa à remettre les choses dans l'état où elles se trouvaient la nuit précédente, si bien que quand Arthur arriva, nous pûmes lui épargner ces inutiles outrages à ses sentiments. Pauvre garçon ! Il semblait désespérément triste et brisé. Même sa solide virilité semblait affaiblie sous les assauts de ces émotions répétées. Je savais qu'il avait été fidèlement et sincèrement attaché à son père, et le perdre en un tel moment avait été un rude coup pour lui. Avec moi, il se conduisit avec sa chaleur habituelle, et avec Van Helsing, il se montra courtois, mais je ne pus m'empêcher de remarquer aussi une certaine gêne. Le Professeur la remarqua également, et me fit signe de conduire Arthur à l'étage. Je m'exécutai, et m'apprêtais à quitter mon ami à la porte de la chambre, pensant qu'il aimerait être seul avec elle, mais il me prit par le bras et me fit entrer, tout en me disant d'une voix rauque : « Vous l'aimiez aussi, mon vieux, elle m'a tout dit, et aucun ami n'était plus cher à son cœur que vous. Je ne sais comment vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour elle. Je ne puis toujours pas croire que… » Sa voix se brisa soudain, et il me prit dans ses bras et se mit à pleurer, la tête sur ma poitrine : « Oh, Jack, Jack ! Que vais-je faire ! Tout me semble terminé pour moi, et il n'y a plus rien dans le vaste monde pour me donner envie de vivre ! » Je le réconfortai comme je pus. Dans de telles circonstances, il y a peu à dire. Une poignée de main, une étreinte amicale, des larmes versées ensemble, sont les expressions de sympathie qui réchauffent le cœur d'un homme. Je restai debout, silencieux et immobile, jusqu'à ce que ses sanglots se soient apaisés, puis je lui dis doucement : « Venez la regarder. » Nous nous dirigeâmes tous deux vers le lit, puis je soulevai le suaire de son visage. Mon Dieu, comme elle était belle ! Chaque heure passée semblait renforcer sa beauté. Cela me déconcerta et m'effraya quelque peu, et quant à Arthur, il se mit à trembler comme s'il était atteint d'une fièvre, et après être resté longtemps silencieux, il finit par me dire d'une voix défaillante : « Jack, est-elle réellement morte ? » Je lui assurai tristement que c'était bien le cas, et j'ajoutai également – car je pensais qu'il ne fallait pas qu'il garde en lui ce doute affreux un instant de plus – qu'il n'était pas rare qu'après la mort le visage retrouve sa quiétude, et même la beauté de la jeunesse, et que c'était souvent le cas lorsque la mort avait été précédée d'une période de souffrance intense ou prolongée. Cela sembla dissiper ses doutes, et, après s'être agenouillé un moment auprès du lit et l'avoir contemplée longuement avec amour, il se détourna. Je lui dis qu'il était temps de lui dire adieu car il fallait préparer le cercueil. Alors il retourna vers elle, prit sa main morte dans la sienne et l'embrassa, puis il se pencha et l'embrassa sur le front. Enfin il sortit, tout en jetant en arrière des regards pleins de tendresse jusqu'à ce qu'il eût quitté la pièce. Je le laissai dans le salon, et allai dire à Van Helsing qu'il avait fait ses adieux. Celui-ci alla alors dans la cuisine, dire à l'entrepreneur des pompes funèbres qu'il pouvait procéder aux arrangements nécessaires et fermer le cercueil. Quand il sortit de la pièce, je lui fis part des interrogations d'Arthur, et il me répondit : « Je ne suis pas surpris. Il y a un moment encore, je doutais moi-même. » Nous dînâmes tous ensemble, et pûmes voir que le pauvre Art essayait de faire bonne figure. Van Helsing était resté silencieux pendant tout le dîner, mais après que chacun eût allumé son cigare, il dit : « Lord… » Mais Arthur l'interrompit :

« Non, non, pour l'amour de Dieu ! Pas encore, en tout cas. Pardonnez-moi, Sir, je ne voulais pas vous offenser, c'est seulement parce que mon deuil est tellement récent ! » Le Professeur répondit avec une grande douceur : « J'ai seulement utilisé ce terme parce que je ne savais trop comment vous appeler. Je ne peux pas vous appeler Mister, et j'en suis venu à vous aimer – oui, mon cher garçon, à vous aimer – et pour moi, vous êtes Arthur. » Arthur tendit la main et serra celle du vieil homme avec chaleur. « Appelez-moi comme vous voudrez » dit-il, « J'espère que vous verrez toujours en moi un ami. Et laissez-moi vous dire que les mots me manquent pour exprimer ma gratitude pour la bonté dont vous avez fait preuve envers mon cher amour. » Il fit une pause, puis poursuivit : « Je sais qu'elle se rendait compte mieux encore que moi de votre bonté, et si j'ai en quelque façon été grossier quand vous avez… vous vous souvenez… » Le Professeur fit oui de la tête, « je vous prie de bien vouloir me pardonner. » Il répondit avec une grande bienveillance. « Je sais qu'il était difficile pour vous de me croire à ce moment-là, car pour accorder sa confiance à l'accomplissement d'actes aussi violents, il faut les comprendre. Et je veux croire également que vous ne pouvez pas plus croire en moi maintenant, car vous ne pouvez toujours pas comprendre. Et il y aura sans doute encore d'autres moments où je vous demanderai d'avoir confiance alors que vous ne pourrez pas – et même, ne devrez pas – comprendre. Mais le temps viendra où votre confiance en moi sera pleine et entière, et où la parfaite lumière se fera en vous. Et alors vous me remercierez d'avoir ainsi agi du début à la fin pour votre salut, et pour le salut des autres, et pour le salut de celle que j'ai juré de protéger. » « Oui, oui, Sir » répondit Arthur avec chaleur, « J'aurai toujours confiance en vous. Je sais que votre cœur est noble, et vous êtes l'ami de Jack, comme vous étiez celui de Lucy. Faites ce que vous voudrez. » Le Professeur s'éclaircit la gorge plusieurs fois, comme s'il était sur le point de parler. Finalement, il dit : « Puis-je vous demander quelque chose à présent ? » « Certainement. » « Vous savez que Mrs. Westenra vous a laissé tous ses biens ? » « Non, la pauvre chère femme, je n'y ai jamais songé. » « Et comme tout est à vous, vous avez le droit d'en disposer comme vous l'entendez. Je souhaite que vous m'accordiez la permission de lire tous les papiers et lettres de Miss Lucy. Croyez-moi, il ne s'agit pas d'une vaine curiosité. J'ai pour cela un motif qu'elle aurait approuvé, soyez-en sûr. Je les ai tous ici. Je les ai pris avant que nous n'apprenions qu'ils vous appartenaient, afin de m'assurer qu'aucune main étrangère ne pût les toucher, qu'aucun œil étranger ne pût à travers eux deviner les pensées de Lucy. Je les garderai, si vous le permettez, et vous-même ne pourrez les examiner, mais je les garde en sécurité. Aucun mot ne sera perdu, et quand le temps sera venu, tout vous sera restitué. Je vous en demande beaucoup, mais vous consentirez, n'est-ce pas, pour le salut de Lucy ? » Arthur répondit franchement, et je le retrouvai bien là : « Dr. Van Helsing, vous pourrez faire comme vous l'entendez. Je sais en prononçant ces mots, que mon aimée les aurait approuvés. Je ne vous ennuierai pas avec mes questions tant que le moment ne sera pas venu. » Le vieux professeur se leva, et dit d'une voix solennelle : « Et vous avez raison. Il y aura de la souffrance pour chacun d'entre nous, mais il n'y aura pas que de la souffrance, même s'il faudra souffrir encore par la suite. Nous, et vous aussi – vous plus que tout autre, mon cher enfant – devrons encore passer par des moments bien difficiles avant de retrouver la paix. Mais nous devrons rester braves et généreux, et faire notre devoir, et tout sera pour le mieux ! » Je dormis sur un sofa dans la chambre d'Arthur cette nuit-là. Van Helsing ne se coucha pas du tout. Il allait de ci, de là, patrouillant dans la maison, et restait toujours en vue de la chambre où reposait Lucy, dans son cercueil parsemé de fleurs d'ail sauvage, dont l'odeur entêtante, se mêlant à celle des lys et des roses, se répandait dans la nuit. Journal de Mina Harker, 22 septembre Dans le train pour Exeter, pendant un somme de Jonathan. On dirait qu'un seul jour est passé depuis que j'ai écrit pour la dernière fois, et pourtant… que de changement entre les deux… D'abord, à Whitby, avec la vie devant moi, Jonathan loin de moi, et moi sans nouvelles de lui ; et maintenant, mariée à Jonathan, Jonathan avoué, riche et maître de son étude, Mister Hawkins mort et enterré, et Jonathan sous le coup d'une nouvelle attaque qui pourrait lui causer des séquelles… Un jour il pourrait me demander des comptes sur tout cela. Ainsi va la vie. Ma sténographie est rouillée - voilà l'une des conséquences de notre prospérité inattendue ! - il serait peut-être bon de rafraîchir mes compétences avec un peu d'exercice… La cérémonie a été aussi simple que solennelle. Il n'y avait que nous et les domestiques, en plus d'un ou deux vieux amis qu'il avait à Exeter, de son agent de Londres, et d'un gentleman qui représentait Sir John Paxton, le Président de la Société des Gens de Loi. Jonathan et moi nous nous tînmes main dans la main, sentant vivement que notre meilleur et plus cher ami avait maintenant disparu de notre vie… Nous revîmes en ville tranquillement, et prîmes un bus jusqu'à Hyde Park Corner. Jonathan pensait que cela pourrait me plaire d'aller sur le Row pendant un moment, aussi nous nous assîmes; mais il y avait très peu de monde, et le lieu, avec toutes ses chaises vides, paraissait triste et désolé. Cela nous fit penser à la chaise vide qui nous attendait à la maison; et nous nous levâmes pour descendre Piccadilly. Jonathan me tenait par le bras, comme il en avait l'habitude, au bon vieux temps, avant que je n'entre à l'école. Je trouvais cela très inconvenant, parce qu'il est impossible de passer des années à apprendre aux jeunes filles l'étiquette et le décorum sans être atteinte d'une légère pointe de pédanterie; mais c'était Jonathan, et il était mon mari, et nous ne connaissions personne qui pût nous voir - et au demeurant, nous nous en moquions - aussi nous continuâmes. J'étais en train de regarder une très belle fille, qui portait un grand chapeau, assise dans une victoria devant chez Guiliano's, lorsque je sentis Jonathan me serrer si fort le bras que cela me fit mal, et il murmura dans un souffle : « Mon dieu ! » Je suis toujours anxieuse au sujet de Jonathan, j'ai toujours peur qu'un épisode nerveux ne vienne le troubler à nouveau, aussi je me tournai vivement vers lui, et lui demandai ce qui le mettait dans cet état. Il était très pâle, et ses yeux paraissaient exorbités, tandis que, à moitié abasourdi, à moitié terrifié, il dévisageait un grand homme mince, avec un nez aquilin, une moustache noire et une barbe pointue, qui observait, lui aussi, la jolie fille. Il la regardait même avec une telle intensité qu'il ne nous voyait absolument pas, ce qui m'a laissé le loisir de bien le regarder. Son visage n'était pas empreint de bonté; il était dur, cruel, et sensuel, et ses grosses dents blanches, que rendaient plus

éclatantes ses lèvres si rouges, pointaient comme celles d'un animal. Jonathan ne cessait de le regarder, à tel point que j'eus peur que l'homme ne le remarque. Je craignais qu'il pût le prendre mal, car il paraissait féroce et malveillant. Je demandai à Jonathan pourquoi il réagissait ainsi, et il répondit, pensant manifestement que j'en savais aussi long que lui : « Tu as vu qui c'est ? » « Non, chéri », dis-je; « Je ne le connais pas. Qui est-ce ? » Sa réponse me choqua et me fit peur, parce qu'elle fut prononcée comme s'il n'avait plus conscience qu'il s'adressait à moi, Mina : « C'est lui !

Part (37) Anteil (37) Part (37) Parte (37)

L'entrepreneur se maudit de sa propre stupidité, et s'employa à remettre les choses dans l'état où elles se trouvaient la nuit précédente, si bien que quand Arthur arriva, nous pûmes lui épargner ces inutiles outrages à ses sentiments. The contractor cursed himself for his own stupidity, and set about putting things back to the way they had been the night before, so that when Arthur arrived, we could spare him these useless outrages to his feelings. L'appaltatore si maledisse per la sua stupidità e si mise a ripristinare le cose nello stato in cui si trovavano la notte precedente, in modo che all'arrivo di Arthur potessimo risparmiargli questi inutili oltraggi ai suoi sentimenti. Pauvre garçon ! Il semblait désespérément triste et brisé. Même sa solide virilité semblait affaiblie sous les assauts de ces émotions répétées. Je savais qu'il avait été fidèlement et sincèrement attaché à son père, et le perdre en un tel moment avait été un rude coup pour lui. I knew that he had been faithfully and sincerely attached to his father, and to lose him at such a time was a blow to him. Avec moi, il se conduisit avec sa chaleur habituelle, et avec Van Helsing, il se montra courtois, mais je ne pus m'empêcher de remarquer aussi une certaine gêne. With me he behaved with his usual warmth, and with Van Helsing he was courteous, but I couldn't help noticing a certain awkwardness too. Le Professeur la remarqua également, et me fit signe de conduire Arthur à l'étage. Anche il professore la notò e mi fece cenno di portare Arthur di sopra. Je m'exécutai, et m'apprêtais à quitter mon ami à la porte de la chambre, pensant qu'il aimerait être seul avec elle, mais il me prit par le bras et me fit entrer, tout en me disant d'une voix rauque : « Vous l'aimiez aussi, mon vieux, elle m'a tout dit, et aucun ami n'était plus cher à son cœur que vous. Mi adeguai e stavo per lasciare il mio amico davanti alla porta della camera da letto, pensando che avrebbe voluto rimanere da solo con lei, ma lui mi prese per un braccio e mi condusse dentro, dicendomi con voce roca: "Anche tu l'amavi, vecchio mio, mi ha raccontato tutto, e nessun amico era più caro di te al suo cuore". Je ne sais comment vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour elle. Je ne puis toujours pas croire que… » Sa voix se brisa soudain, et il me prit dans ses bras et se mit à pleurer, la tête sur ma poitrine : « Oh, Jack, Jack ! Que vais-je faire ! Tout me semble terminé pour moi, et il n'y a plus rien dans le vaste monde pour me donner envie de vivre ! Everything seems over for me, and there's nothing left in the wide world to make me want to live! » Je le réconfortai comme je pus. Dans de telles circonstances, il y a peu à dire. Une poignée de main, une étreinte amicale, des larmes versées ensemble, sont les expressions de sympathie qui réchauffent le cœur d'un homme. |hand||||embrace|||||||||||||||| A handshake, a friendly embrace, tears shed together - these are the expressions of sympathy that warm a man's heart. Je restai debout, silencieux et immobile, jusqu'à ce que ses sanglots se soient apaisés, puis je lui dis doucement : « Venez la regarder. » Nous nous dirigeâmes tous deux vers le lit, puis je soulevai le suaire de son visage. Mon Dieu, comme elle était belle ! Chaque heure passée semblait renforcer sa beauté. Cela me déconcerta et m'effraya quelque peu, et quant à Arthur, il se mit à trembler comme s'il était atteint d'une fièvre, et après être resté longtemps silencieux, il finit par me dire d'une voix défaillante : « Jack, est-elle réellement morte ? » Je lui assurai tristement que c'était bien le cas, et j'ajoutai également – car je pensais qu'il ne fallait pas qu'il garde en lui ce doute affreux un instant de plus – qu'il n'était pas rare qu'après la mort le visage retrouve sa quiétude, et même la beauté de la jeunesse, et que c'était souvent le cas lorsque la mort avait été précédée d'une période de souffrance intense ou prolongée. "I assured him sadly that this was indeed the case, and I also added - for I thought he shouldn't keep this dreadful doubt inside him a moment longer - that it was not uncommon after death for the face to regain its quietude, and even the beauty of youth, and that this was often the case when death had been preceded by a period of intense or prolonged suffering. Cela sembla dissiper ses doutes, et, après s'être agenouillé un moment auprès du lit et l'avoir contemplée longuement avec amour, il se détourna. This seemed to dispel her doubts, and after kneeling beside the bed for a moment and gazing lovingly at her for a long time, he turned away. Je lui dis qu'il était temps de lui dire adieu car il fallait préparer le cercueil. Alors il retourna vers elle, prit sa main morte dans la sienne et l'embrassa, puis il se pencha et l'embrassa sur le front. Enfin il sortit, tout en jetant en arrière des regards pleins de tendresse jusqu'à ce qu'il eût quitté la pièce. Je le laissai dans le salon, et allai dire à Van Helsing qu'il avait fait ses adieux. I left him in the living room, and went to tell Van Helsing that he had said goodbye. Celui-ci alla alors dans la cuisine, dire à l'entrepreneur des pompes funèbres qu'il pouvait procéder aux arrangements nécessaires et fermer le cercueil. Quand il sortit de la pièce, je lui fis part des interrogations d'Arthur, et il me répondit : « Je ne suis pas surpris. When he left the room, I told him about Arthur's questions, and he replied: "I'm not surprised. Il y a un moment encore, je doutais moi-même. » Nous dînâmes tous ensemble, et pûmes voir que le pauvre Art essayait de faire bonne figure. "We all dined together, and could see that poor Art was trying to put on a brave face. "Cenammo tutti insieme e vedemmo che il povero Art cercava di farsi coraggio. Van Helsing était resté silencieux pendant tout le dîner, mais après que chacun eût allumé son cigare, il dit : « Lord… » Mais Arthur l'interrompit :

« Non, non, pour l'amour de Dieu ! Pas encore, en tout cas. Pardonnez-moi, Sir, je ne voulais pas vous offenser, c'est seulement parce que mon deuil est tellement récent ! » Le Professeur répondit avec une grande douceur : « J'ai seulement utilisé ce terme parce que je ne savais trop comment vous appeler. Je ne peux pas vous appeler Mister, et j'en suis venu à vous aimer – oui, mon cher garçon, à vous aimer – et pour moi, vous êtes Arthur. I can't call you Mister, and I've come to love you - yes, my dear boy, to love you - and to me, you're Arthur. » Arthur tendit la main et serra celle du vieil homme avec chaleur. « Appelez-moi comme vous voudrez » dit-il, « J'espère que vous verrez toujours en moi un ami. "Call me whatever you like," he says, "I hope you'll always see me as a friend. Et laissez-moi vous dire que les mots me manquent pour exprimer ma gratitude pour la bonté dont vous avez fait preuve envers mon cher amour. And let me tell you that words fail me in expressing my gratitude for the kindness you have shown my dear love. » Il fit une pause, puis poursuivit : « Je sais qu'elle se rendait compte mieux encore que moi de votre bonté, et si j'ai en quelque façon été grossier quand vous avez… vous vous souvenez… » Le Professeur fit oui de la tête, « je vous prie de bien vouloir me pardonner. "He paused, then continued, "I know she realized your kindness even better than I did, and if I was in any way rude when you... you remember..." the Professor nodded, "please forgive me. » Il répondit avec une grande bienveillance. « Je sais qu'il était difficile pour vous de me croire à ce moment-là, car pour accorder sa confiance à l'accomplissement d'actes aussi violents, il faut les comprendre. "I know it was hard for you to believe me at the time, because to put your trust in the performance of such violent acts, you have to understand them. Et je veux croire également que vous ne pouvez pas plus croire en moi maintenant, car vous ne pouvez toujours pas comprendre. And I also want to believe that you can't believe in me any more now, because you still can't understand. Et il y aura sans doute encore d'autres moments où je vous demanderai d'avoir confiance alors que vous ne pourrez pas – et même, ne devrez pas – comprendre. And there will undoubtedly be other times when I'll ask you to trust me when you can't - indeed, shouldn't - understand. Mais le temps viendra où votre confiance en moi sera pleine et entière, et où la parfaite lumière se fera en vous. But the time will come when your trust in me will be full and complete, and the perfect light will be made in you. Et alors vous me remercierez d'avoir ainsi agi du début à la fin pour votre salut, et pour le salut des autres, et pour le salut de celle que j'ai juré de protéger. And then you'll thank me for having acted in this way from beginning to end, for your salvation, and for the salvation of others, and for the salvation of the one I've sworn to protect. » « Oui, oui, Sir » répondit Arthur avec chaleur, « J'aurai toujours confiance en vous. Je sais que votre cœur est noble, et vous êtes l'ami de Jack, comme vous étiez celui de Lucy. Faites ce que vous voudrez. » Le Professeur s'éclaircit la gorge plusieurs fois, comme s'il était sur le point de parler. Finalement, il dit : « Puis-je vous demander quelque chose à présent ? » « Certainement. » « Vous savez que Mrs. Westenra vous a laissé tous ses biens ? "You know Mrs. Westenra left you all her possessions? » « Non, la pauvre chère femme, je n'y ai jamais songé. "No, poor dear woman, I never thought of that. » « Et comme tout est à vous, vous avez le droit d'en disposer comme vous l'entendez. "And since it's all yours, you have the right to dispose of it as you see fit. Je souhaite que vous m'accordiez la permission de lire tous les papiers et lettres de Miss Lucy. I wish you would grant me permission to read all Miss Lucy's papers and letters. Croyez-moi, il ne s'agit pas d'une vaine curiosité. J'ai pour cela un motif qu'elle aurait approuvé, soyez-en sûr. Je les ai tous ici. I have them all here. Je les ai pris avant que nous n'apprenions qu'ils vous appartenaient, afin de m'assurer qu'aucune main étrangère ne pût les toucher, qu'aucun œil étranger ne pût à travers eux deviner les pensées de Lucy. I took them before we knew they belonged to you, to make sure that no foreign hand could touch them, that no foreign eye could see through them to Lucy's thoughts. Je les garderai, si vous le permettez, et vous-même ne pourrez les examiner, mais je les garde en sécurité. I'll keep them, if you don't mind, and you won't be able to examine them yourself, but I'll keep them safe. Aucun mot ne sera perdu, et quand le temps sera venu, tout vous sera restitué. No word will be lost, and when the time comes, everything will be returned to you. Je vous en demande beaucoup, mais vous consentirez, n'est-ce pas, pour le salut de Lucy ? I'm asking a lot, but you'll consent, won't you, for Lucy's sake? » Arthur répondit franchement, et je le retrouvai bien là : « Dr. Van Helsing, vous pourrez faire comme vous l'entendez. Je sais en prononçant ces mots, que mon aimée les aurait approuvés. As I speak these words, I know that my beloved would have approved. Je ne vous ennuierai pas avec mes questions tant que le moment ne sera pas venu. I won't bore you with questions until the time comes. » Le vieux professeur se leva, et dit d'une voix solennelle : « Et vous avez raison. "The old professor stood up, and said in a solemn voice, "And you're right. Il y aura de la souffrance pour chacun d'entre nous, mais il n'y aura pas que de la souffrance, même s'il faudra souffrir encore par la suite. There will be suffering for each and every one of us, but it won't be all suffering, even if there's more to come. Nous, et vous aussi – vous plus que tout autre, mon cher enfant – devrons encore passer par des moments bien difficiles avant de retrouver la paix. We, and you too - you most of all, my dear child - will still have to go through some very difficult times before finding peace again. Mais nous devrons rester braves et généreux, et faire notre devoir, et tout sera pour le mieux ! But we must remain brave and generous, and do our duty, and all will be well! » Je dormis sur un sofa dans la chambre d'Arthur cette nuit-là. Van Helsing ne se coucha pas du tout. Van Helsing didn't go to bed at all. Il allait de ci, de là, patrouillant dans la maison, et restait toujours en vue de la chambre où reposait Lucy, dans son cercueil parsemé de fleurs d'ail sauvage, dont l'odeur entêtante, se mêlant à celle des lys et des roses, se répandait dans la nuit. ||||||patrolling||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| He went this way and that, patrolling the house, and always staying within sight of the room where Lucy lay, in her coffin strewn with wild garlic flowers, whose heady scent, mingling with that of lilies and roses, wafted into the night. Journal de Mina Harker, 22 septembre Dans le train pour Exeter, pendant un somme de Jonathan. ||||||||||||nap|| Mina Harker's diary, September 22 On the train to Exeter, during a Jonathan nap. On dirait qu'un seul jour est passé depuis que j'ai écrit pour la dernière fois, et pourtant… que de changement entre les deux… D'abord, à Whitby, avec la vie devant moi, Jonathan loin de moi, et moi sans nouvelles de lui ; et maintenant, mariée à Jonathan, Jonathan avoué, riche et maître de son étude, Mister Hawkins mort et enterré, et Jonathan sous le coup d'une nouvelle attaque qui pourrait lui causer des séquelles… Un jour il pourrait me demander des comptes sur tout cela. It seems like only one day has passed since I last wrote, and yet... what a change between the two... First, in Whitby, with life ahead of me, Jonathan far from me, and me with no news of him; and now, married to Jonathan, Jonathan confessed, wealthy and master of his study, Mister Hawkins dead and buried, and Jonathan under the spell of another stroke that may cause him after-effects... One day he may ask me to account for it all. Ainsi va la vie. Such is life. Ma sténographie est rouillée - voilà l'une des conséquences de notre prospérité inattendue ! |||rusty|||||||| My shorthand is rusty - one of the consequences of our unexpected prosperity! - il serait peut-être bon de rafraîchir mes compétences avec un peu d'exercice… La cérémonie a été aussi simple que solennelle. - it might be a good idea to refresh my skills with a little exercise... The ceremony was as simple as it was solemn. Il n'y avait que nous et les domestiques, en plus d'un ou deux vieux amis qu'il avait à Exeter, de son agent de Londres, et d'un gentleman qui représentait Sir John Paxton, le Président de la Société des Gens de Loi. It was just us and the servants, plus one or two old friends he had in Exeter, his agent from London, and a gentleman who represented Sir John Paxton, the President of the Society of Lawmen. Jonathan et moi nous nous tînmes main dans la main, sentant vivement que notre meilleur et plus cher ami avait maintenant disparu de notre vie… Nous revîmes en ville tranquillement, et prîmes un bus jusqu'à Hyde Park Corner. Jonathan and I held hands, feeling keenly that our best and dearest friend had now disappeared from our lives... We returned to town quietly, and took a bus to Hyde Park Corner. Jonathan pensait que cela pourrait me plaire d'aller sur le Row pendant un moment, aussi nous nous assîmes; mais il y avait très peu de monde, et le lieu, avec toutes ses chaises vides, paraissait triste et désolé. Jonathan thought it might please me to go to the Row for a while, so we sat down; but there were very few people there, and the place, with all its empty chairs, looked sad and desolate. Cela nous fit penser à la chaise vide qui nous attendait à la maison; et nous nous levâmes pour descendre Piccadilly. This made us think of the empty chair waiting for us at home; and we got up to walk down Piccadilly. Jonathan me tenait par le bras, comme il en avait l'habitude, au bon vieux temps, avant que je n'entre à l'école. Jonathan held me by the arm, as he used to do in the old days, before I went to school. Je trouvais cela très inconvenant, parce qu'il est impossible de passer des années à apprendre aux jeunes filles l'étiquette et le décorum sans être atteinte d'une légère pointe de pédanterie; mais c'était Jonathan, et il était mon mari, et nous ne connaissions personne qui pût nous voir - et au demeurant, nous nous en moquions - aussi nous continuâmes. ||||||||||||||learn|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||mocked||| I thought it very unseemly, because it's impossible to spend years teaching young girls etiquette and decorum without being affected by a slight touch of pedantry; but this was Jonathan, and he was my husband, and we didn't know anyone who could see us - and besides, we didn't care - so we carried on. J'étais en train de regarder une très belle fille, qui portait un grand chapeau, assise dans une victoria devant chez Guiliano's, lorsque je sentis Jonathan me serrer si fort le bras que cela me fit mal, et il murmura dans un souffle : « Mon dieu ! » Je suis toujours anxieuse au sujet de Jonathan, j'ai toujours peur qu'un épisode nerveux ne vienne le troubler à nouveau, aussi je me tournai vivement vers lui, et lui demandai ce qui le mettait dans cet état. "I'm always anxious about Jonathan, always afraid that some nervous episode is going to trouble him again, so I turned sharply to him, and asked him what was putting him in this state. Il était très pâle, et ses yeux paraissaient exorbités, tandis que, à moitié abasourdi, à moitié terrifié, il dévisageait un grand homme mince, avec un nez aquilin, une moustache noire et une barbe pointue, qui observait, lui aussi, la jolie fille. ||||||||||||||||||stared at||||||||aquiline|||||||||||||| He was very pale, and his eyes seemed to bulge out, while, half stunned, half terrified, he stared at a tall, thin man with an aquiline nose, black moustache and pointed beard, who was also watching the pretty girl. Il la regardait même avec une telle intensité qu'il ne nous voyait absolument pas, ce qui m'a laissé le loisir de bien le regarder. In fact, he was looking at her with such intensity that he couldn't see us at all, which left me free to take a good look at him. Son visage n'était pas empreint de bonté; il était dur, cruel, et sensuel, et ses grosses dents blanches, que rendaient plus There was no kindness in his face; it was hard, cruel and sensual, and his big white teeth, which made it more

éclatantes ses lèvres si rouges, pointaient comme celles d'un animal. her lips, so red, pointed like those of an animal. Jonathan ne cessait de le regarder, à tel point que j'eus peur que l'homme ne le remarque. Je craignais qu'il pût le prendre mal, car il paraissait féroce et malveillant. I was afraid he might take it the wrong way, as he looked fierce and malevolent. Je demandai à Jonathan pourquoi il réagissait ainsi, et il répondit, pensant manifestement que j'en savais aussi long que lui : « Tu as vu qui c'est ? » « Non, chéri », dis-je; « Je ne le connais pas. Qui est-ce ? » Sa réponse me choqua et me fit peur, parce qu'elle fut prononcée comme s'il n'avait plus conscience qu'il s'adressait à moi, Mina : « C'est lui ! "His answer shocked and frightened me, because it was spoken as if he was no longer aware that he was addressing me, Mina: 'It's him!