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Bram Stoker - Dracula, Part (42)

Part (42)

Ne pensez-vous pas que certaines choses que vous ne pouvez comprendre,

existent pourtant ? que certaines personnes voient des choses que d'autres ne peuvent voir ? Mais il y a des choses, anciennes et nouvelles, que les hommes ne peuvent contempler avec leurs yeux, parce que les hommes savent, ou croient savoir, des choses que d'autres hommes leur ont dites. Ah, c'est de la faute de notre science qui veut tout expliquer - quand elle n'explique pas, alors elle dit qu'il n'y a rien à expliquer. Et pourtant nous voyons autour de nous tous les jours le développement de nouvelles croyances, qui se croient nouvelles tout au moins; et qui ne sont autres que les vieilles croyances prétendant être jeunes - comme les belles dames de l'opéra. Je suppose que vous ne croyez pas au transfert corporel ? Non ? Ni à la matérialisation ? Non ? Ni aux corps astraux ? Non ? Ni à la télépathie ? Non ? Ni à l'hypnotisme - « « Si », dis-je. « Charcot a démontré cela assez brillamment. » Il sourit en continuant : « Alors vous êtes d'accord avec cela. Oui ? Et bien sûr vous comprenez comment ça fonctionne, et vous êtes capable de suivre l'esprit du grand Charcot - paix à son âme ! - à l'intérieur-même de l'âme du patient qu'il soumet à son influence. Non ? Alors, ami John, dois-je en conclure que vous acceptez simplement le fait, et que vous supportez qu'entre les prémices et la conclusion, il y ait un blanc ? Non ? Alors dites-moi - car j'étudie le cerveau - comment vous acceptez l'hypnotisme tout en rejetant la télépathie. Laissez-moi vous dire, mon ami, qu'il y a des avancées, de nos jours, dans la science électrique, qui auraient paru diaboliques aux inventeurs-mêmes de l'électricité - qui eussent été eux-mêmes, il n'y a pas si longtemps, brûlés pour hérésie. Il y a toujours eu des mystères dans la vie. Pourquoi donc Mathusalem a-t-il vécu 900 ans, et « Old Parr » 169, alors que la pauvre Lucy, avec le sang de quatre hommes dans ses veines, n'a pas pu survivre ne serait-ce qu'un seul jour ? Car, si elle avait vécu un seul jour de plus, nous aurions pu la sauver. Connaissez-vous tous les mystères de la vie et de la mort ? Connaissez-vous tous les tenants de l'anatomie comparée, et êtes-vous capable de dire pourquoi des caractéristiques animales se retrouvent chez certains hommes, mais pas chez les autres ? Pouvez-vous me dire pourquoi, alors que les autres araignées meurent petites et rapidement, une énorme araignée a vécu pendant des siècles dans la tour de la vieille église Espagnole, et n'a cessé de grandir, et de grandir, jusqu'à ce qu'elle fût capable, en descendant, de boire l'huile de toutes les lampes de l'église ? Pouvez-vous m'expliquer pourquoi, dans la Pampa, et également ailleurs, il y a des chauve-souris qui viennent la nuit, ouvrent les veines du bétail et des chevaux et sucent leur sang jusqu'à la dernière goutte; comment il se fait que dans certaines îles des mers occidentales, des chauve-souris se suspendent à des arbres toute la journée, semblables, d'après ceux qui les ont vues, à des noix ou à des cosses géantes, et se laissent tomber sur les marins qui dorment sur le pont, en raison de la chaleur… des marins que l'on retrouve au matin raides morts, aussi livides que l'était Miss Lucy ? » « Grand Dieu, Professeur ! » m'exclamai-je. « Etes-vous en train de suggérer que Lucy a été mordue par une telle chauve- souris, et qu'une telle chose existe ici à Londres en plein dix-neuvième siècle ? » Il agita sa main pour obtenir le silence, et poursuivit : « Pouvez-vous me dire pourquoi les tortues vivent plus longtemps que des générations d'hommes; pourquoi l'éléphant se maintient indéfiniment, jusqu'à ce qu'il ait survécu à des dynasties; et pourquoi le perroquet ne meurt jamais, à moins d'être mordu par un chat ou un chien, ou d'être atteint d'un autre mal ? Pouvez-vous me dire pourquoi les hommes ont toujours cru, en tous lieux et à toutes les époques, qu'il existe un petit nombre d'immortels, que certains hommes, certaines femmes, ne peuvent mourir ? Nous savons tous - car la science l'a attesté - qu'il y a eu des crapauds emprisonnés dans la pierre, dans des trous si petits qu'ils ne pouvaient contenir que leur corps, pendant des milliers d'années, depuis la jeunesse du monde… Pouvez-vous m'expliquer comment le fakir indien s'y prend pour mourir, être enterré, avoir sa tombe scellée, recouverte de blé, pendant un temps si long que le blé a le temps de pousser, d'être fauché, ressemé, et de pousser à nouveau et d'être fauché une fois encore… et, lorsque des hommes arrivent et descellent la pierre tombale, le fakir est retrouvé vivant, se lève et marche parmi eux comme avant ? » Ici, je l'interrompis. Je commençai à être submergé : il noyait mon esprit d'un tel flot d'excentricités naturelles, et de possibles potentialités, que mon imagination s'enflammait. J'avais vaguement conscience qu'il essayait de m'enseigner quelque chose, comme il avait l'habitude de le faire dans son bureau à Amsterdam - mais à l'époque il me disait ce qu'il entendait démontrer, afin que je garde cette idée à l'esprit pendant toute sa démonstration. Pour l'heure je me retrouvais sans cette béquille, mais je désirais le suivre malgré tout, et je dis : « Professeur, laissez-moi redevenir votre étudiant favori. Dites-moi la thèse, que je puisse appliquer vos connaissances tandis que vous continuez. Sans cette boussole, mon esprit erre d'un point à un autre à la manière dont un fou poursuit une idée. Je

me sens comme un novice traversant un marais dans le brouillard, sautant d'une touffe d'herbe à une autre dans l'effort aveugle de me mouvoir sans savoir où je vais. » « C'est une bonne image », dit-il. « Eh bien, je vais vous le dire. Ma thèse est la suivante : je veux que vous croyiez. » « Que je croie quoi ? » « Que vous croyiez des choses que vous ne pouvez pas croire. Laissez-moi illustrer ma thèse. J'ai entendu parler un jour d'un Américain qui définissait ainsi la foi : « la faculté qui nous permet de croire des choses dont nous savons qu'elles ne sont pas vraies ». Pour une fois, je suis d'accord avec cet homme. Il a voulu dire que nous devons tous avoir un esprit ouvert, et ne pas laisser un petit morceau de vérité compromettre l'avènement d'une grande vérité; comme une petite pierre peut entraver un wagon sur des rails. Nous avons la petite vérité en premier. Bien ! Nous la tenons, nous l'apprécions; mais tout de même nous ne devons pas lui laisser croire que c'est la seule vérité de l'univers. » « Ainsi, vous souhaitez que je ne laisse pas quelque conviction déjà formée entamer la réceptivité de mon esprit à un sujet étrange ? Est-ce que j'ai bien compris votre leçon ? » « Oui, vous êtes toujours mon élève favori. Vous enseigner est gratifiant. Maintenant que vous voulez comprendre, vous avez réalisé le premier pas vers la compréhension. Vous pensez donc que ces petits trous dans la gorge des enfants ont été faits par la même chose qui a fait les trous sur Miss Lucy ? » « Oui, je crois. » Il se leva et dit avec solennité : « Alors vous avez tort. Oh, j'aimerais qu'il en fût ainsi ! Mais hélas ! Non. C'est pire, c'est bien, bien pire que cela. » « Au nom de Dieu, Professeur Van Helsing, qu'insinuez-vous ? » criai-je. Il se jeta, avec un geste désespéré, sur une chaise, et plaça ses coudes sur la table, couvrant sa face de ses mains tandis qu'il articulait : « Ces trous ont été faits par Miss Lucy ! » CHAPITRE 15 Journal du Dr. Seward – suite Pendant un moment, je fus envahi par une pure colère, c'était comme si, quand elle était encore vivante, il avait frappé Lucy au visage. Je frappai violemment la table, et me levai en lui disant : « Dr. Van Helsing, êtes-vous fou ? » Il leva la tête et me regarda, et d'une certaine façon le regard empreint de tendresse qu'il m'adressa me calma tout de suite. « Si seulement je l'étais ! » dit-il. « La folie serait un fardeau facile à porter, en comparaison d'une vérité telle que celle-ci. Oh, mon ami, pourquoi à votre avis ai-je fait de telles circonlocutions pour vous expliquer une chose si simple ? Etait-ce parce que je vous détestais, et vous ai détesté toute ma vie ? Etait-ce pour vous infliger de la souffrance ? Etait-ce parce que je voulais, après toutes ces années, me venger de vous qui m'avez sauvé d'une mort atroce ? Ah, non ! » « Veuillez m'excuser » dis-je, et il continua : « Mon ami, c'était parce que je voulais vous épargner autant que possible, car je sais que vous avez aimé cette douce jeune fille. Mais même maintenant, je n'espère pas que vous allez me croire. Il est si difficile d'accepter d'emblée une vérité abstraite, que nous continuons à douter, surtout lorsque nous avons toujours été persuadés du contraire. Il est toujours difficile d'accepter une réalité concrète aussi triste que celle qui concerne Miss Lucy. Mais ce soir, je vais prouver mes dires. Oserez-vous m'accompagner ? » J'étais stupéfié. On ne peut trouver de plaisir à prouver une telle vérité ; sauf dans le cas de la jalousie, comme le disait Byron : « Et prouve la vérité qui t'est la plus détestable ». Il me vit hésiter : « La logique est simple ; ce n'est pas ici la logique du fou, qui saute d'une touffe d'herbe à l'autre dans un marécage brumeux. Si tout est faux, alors la preuve nous apportera le réconfort ; en tout cas, elle ne fera aucun mal. Mais si c'est la vérité ! Ah, voilà ce qui serait terrible, et pourtant cela même servirait ma cause, car j'ai besoin qu'on y croie. Ecoutez, voilà ce que je propose : d'abord, nous allons maintenant voir cet enfant à l'hôpital. Le Dr. Vincent, du North Hospital, où les journaux indiquent que se trouve l'enfant, est un de mes amis, et l'un des vôtres aussi je pense, puisque vous étudiiez ensemble à Amsterdam. Ce qu'il refuserait peut-être à deux amis, il ne le refusera pas à deux confrères : il nous laissera voir son patient. Nous ne lui dirons rien, si ce n'est que nous désirons l'examiner. Et alors… » « Et alors ? » Il sortit une clé de sa poche et me la montra. « Et alors, nous passons la nuit, vous et moi, au cimetière où repose Lucy. Voici la clé du tombeau. Le fossoyeur me l'a donnée pour que je la remette à Arthur. » Le cœur me manqua, car je savais que quelque terrible épreuve nous attendait. Je n'y pouvais rien, cependant, alors je rassemblai tout mon courage et lui dis que nous ferions mieux de nous hâter, car l'après-midi s'avançait… Nous trouvâmes l'enfant éveillé. Il avait dormi et avait pris quelque nourriture, et n'était pas en mauvaise santé. Le Dr. Vincent ôta le bandage de sa gorge, et nous montra les blessures. Sans aucun doute, c'étaient les mêmes que celles que nous avions vues sur la gorge de Lucy. Elles étaient plus petites, er semblaient plus fraîches, c'était tout. Nous demandâmes à Vincent à quoi il les attribuait. Il répondit qu'il devait s'agir de la morsure d'un petit animal, peut-être un rat, mais pour sa part, il inclinait à penser qu'il s'agissait d'une de ces chauve-souris qui sont si nombreuses sur les hauteurs du nord de Londres. « Parmi tant de spécimens inoffensifs, » dit-il, « il peut y a en avoir de plus nuisibles, venant des pays du sud. Des marins peuvent en avoir ramenées chez eux, et elles ont réussi à s'échapper, ou peut-être un jeune est parvenu à s'échapper du jardin zoologique, et dans ce cas, pourquoi ne serait-ce pas une chauve-souris vampire. De telles choses arrivent, vous savez. Il n'y a pas plus de dix jours, un loup s'est échappé, et je crois qu'on l'a aperçu dans les parages. Pendant toute la semaine suivante, les enfants du quartier ne jouaient plus qu'au petit chaperon rouge, jusqu'à ce que cette « dame sanglante » apparaisse, et dès lors il ne fut plus question que d'elle. Même ce pauvre petit, quand il s'est éveillé aujourd'hui, a demandé à l'infirmière s'il pouvait sortir. Quand elle lui a demandé pourquoi, il lui a répondu qu'il voulait aller jouer avec la « dame sanglante ».

« J'espère » dit Van Helsing, « que quand vous renverrez l'enfant chez lui, vous avertirez ses parents qu'ils doivent le surveiller de près.

Part (42) Anteil (42) Part (42) Parte (42) Parte (42) Parte (42)

Ne pensez-vous pas que certaines choses que vous ne pouvez comprendre, Don't you think there are some things you just can't understand?

existent pourtant ? do exist? que certaines personnes voient des choses que d'autres ne peuvent voir ? that some people see things that others can't? Mais il y a des choses, anciennes et nouvelles, que les hommes ne peuvent contempler avec leurs yeux, parce que les hommes savent, ou croient savoir, des choses que d'autres hommes leur ont dites. But there are things, old and new, that men cannot contemplate with their eyes, because men know, or think they know, things that other men have told them. Ah, c'est de la faute de notre science qui veut tout expliquer - quand elle n'explique pas, alors elle dit qu'il n'y a rien à expliquer. Ah, it's the fault of our science, which wants to explain everything - when it doesn't explain, it says there's nothing to explain. Et pourtant nous voyons autour de nous tous les jours le développement de nouvelles croyances, qui se croient nouvelles tout au moins; et qui ne sont autres que les vieilles croyances prétendant être jeunes - comme les belles dames de l'opéra. |yet|||||||||||||||||||||||||||||||||||||| And yet we see around us every day the development of new beliefs, which believe themselves to be new at least; and which are none other than the old beliefs pretending to be young - like the beautiful ladies of the opera. Je suppose que vous ne croyez pas au transfert corporel ? I don't suppose you believe in corporeal transference? Non ? Ni à la matérialisation ? Or materialization? Non ? Ni aux corps astraux ? |||astral Or astral bodies? Non ? Ni à la télépathie ? Non ? Ni à l'hypnotisme - « « Si », dis-je. « Charcot a démontré cela assez brillamment. “Charcot demostró esto de manera bastante brillante. "Charcot lo ha dimostrato in modo brillante. » Il sourit en continuant : « Alors vous êtes d'accord avec cela. Sonríe mientras continúa, "Así que estás de acuerdo con eso". Oui ? Et bien sûr vous comprenez comment ça fonctionne, et vous êtes capable de suivre l'esprit du grand Charcot - paix à son âme ! |||||||||||||||||||||soul And of course you understand how it works, and are able to follow the spirit of the great Charcot - rest his soul! - à l'intérieur-même de l'âme du patient qu'il soumet à son influence. ||||||||submits||| - within the soul of the patient he subjects to his influence. Non ? Alors, ami John, dois-je en conclure que vous acceptez simplement le fait, et que vous supportez qu'entre les prémices et la conclusion, il y ait un blanc ? So, friend John, am I to conclude that you simply accept the fact, and put up with the fact that between the premise and the conclusion, there's a blank? Non ? Alors dites-moi - car j'étudie le cerveau - comment vous acceptez l'hypnotisme tout en rejetant la télépathie. So tell me - for I study the brain - how you accept hypnotism while rejecting telepathy. Laissez-moi vous dire, mon ami, qu'il y a des avancées, de nos jours, dans la science électrique, qui auraient paru diaboliques aux inventeurs-mêmes de l'électricité - qui eussent été eux-mêmes, il n'y a pas si longtemps, brûlés pour hérésie. Let me tell you, my friend, there are advances in electrical science today that would have seemed diabolical to the inventors of electricity themselves - who not so long ago would have been burned as heresies. Il y a toujours eu des mystères dans la vie. There have always been mysteries in life. Pourquoi donc Mathusalem a-t-il vécu 900 ans, et « Old Parr » 169, alors que la pauvre Lucy, avec le sang de quatre hommes dans ses veines, n'a pas pu survivre ne serait-ce qu'un seul jour ? Why did Methuselah live 900 years, and "Old Parr" 169, while poor Lucy, with the blood of four men in her veins, couldn't survive even a single day? Car, si elle avait vécu un seul jour de plus, nous aurions pu la sauver. Because if she had lived just one more day, we could have saved her. Connaissez-vous tous les mystères de la vie et de la mort ? Connaissez-vous tous les tenants de l'anatomie comparée, et êtes-vous capable de dire pourquoi des caractéristiques animales se retrouvent chez certains hommes, mais pas chez les autres ? Pouvez-vous me dire pourquoi, alors que les autres araignées meurent petites et rapidement, une énorme araignée a vécu pendant des siècles dans la tour de la vieille église Espagnole, et n'a cessé de grandir, et de grandir, jusqu'à ce qu'elle fût capable, en descendant, de boire l'huile de toutes les lampes de l'église ? Can you tell me why, while other spiders die small and quickly, a huge spider lived for centuries in the tower of the old Spanish church, and kept growing and growing, until it was able, on the way down, to drink the oil from all the church's lamps? Pouvez-vous m'expliquer pourquoi, dans la Pampa, et également ailleurs, il y a des chauve-souris qui viennent la nuit, ouvrent les veines du bétail et des chevaux et sucent leur sang jusqu'à la dernière goutte; comment il se fait que dans certaines îles des mers occidentales, des chauve-souris se suspendent à des arbres toute la journée, semblables, d'après ceux qui les ont vues, à des noix ou à des cosses géantes, et se laissent tomber sur les marins qui dorment sur le pont, en raison de la chaleur… des marins que l'on retrouve au matin raides morts, aussi livides que l'était Miss Lucy ? |||||||||||||||||||||||||||||suck|||||||||||||||||||bats|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Can you explain to me why, in the Pampa, and also elsewhere, there are bats that come at night, open the veins of cattle and horses and suck their blood to the last drop; how it is that on some islands in the western seas, bats hang from trees all day, looking, according to those who have seen them, like giant nuts or pods, and drop on sailors sleeping on deck, because of the heat... sailors who are found in the morning stiff dead, as livid as Miss Lucy was? Mi può spiegare perché nella Pampa e altrove ci sono pipistrelli che vengono di notte, aprono le vene di bovini e cavalli e ne succhiano il sangue fino all'ultima goccia; perché in certe isole dei mari occidentali i pipistrelli stanno appesi agli alberi tutto il giorno, somigliando, secondo chi li ha visti, a noci o baccelli giganti, e cadono sui marinai che dormono sul ponte per il caldo... marinai che al mattino vengono trovati morti, lividi come lo era Miss Lucy? » « Grand Dieu, Professeur ! » m'exclamai-je. « Etes-vous en train de suggérer que Lucy a été mordue par une telle chauve- souris, et qu'une telle chose existe ici à Londres en plein dix-neuvième siècle ? |||||suggest|||||bitten|||||||||||||||||| "Are you suggesting that Lucy was bitten by such a bat, and that such a thing exists here in nineteenth-century London? » Il agita sa main pour obtenir le silence, et poursuivit : « Pouvez-vous me dire pourquoi les tortues vivent plus longtemps que des générations d'hommes; pourquoi l'éléphant se maintient indéfiniment, jusqu'à ce qu'il ait survécu à des dynasties; et pourquoi le perroquet ne meurt jamais, à moins d'être mordu par un chat ou un chien, ou d'être atteint d'un autre mal ? ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||parrot||||||||||||||||||| "He waved his hand for silence, and continued, "Can you tell me why turtles live longer than generations of men; why the elephant endures indefinitely, until it has outlived dynasties; and why the parrot never dies, unless bitten by a cat or dog, or afflicted with some other evil? Pouvez-vous me dire pourquoi les hommes ont toujours cru, en tous lieux et à toutes les époques, qu'il existe un petit nombre d'immortels, que certains hommes, certaines femmes, ne peuvent mourir ? Can you tell me why people everywhere have always believed that there are a small number of immortals, that certain men and women cannot die? Nous savons tous - car la science l'a attesté - qu'il y a eu des crapauds emprisonnés dans la pierre, dans des trous si petits qu'ils ne pouvaient contenir que leur corps, pendant des milliers d'années, depuis la jeunesse du monde… Pouvez-vous m'expliquer comment le fakir indien s'y prend pour mourir, être enterré, avoir sa tombe scellée, recouverte de blé, pendant un temps si long que le blé a le temps de pousser, d'être fauché, ressemé, et de pousser à nouveau et d'être fauché une fois encore… et, lorsque des hommes arrivent et descellent la pierre tombale, le fakir est retrouvé vivant, se lève et marche parmi eux comme avant ? We all know - because science has attested it - that there have been toads imprisoned in stone, in holes so small they could only contain their bodies, for thousands of years, since the world was young... Can you explain to me how the Indian fakir goes about dying, being buried, having his grave sealed, covered with wheat, for such a long time that the wheat has time to grow, to be reaped, resown, and to grow again and be reaped once more... and, when men arrive and unseal the tombstone, the fakir is found alive, gets up and walks among them as before? » Ici, je l'interrompis. Je commençai à être submergé : il noyait mon esprit d'un tel flot d'excentricités naturelles, et de possibles potentialités, que mon imagination s'enflammait. ||||||drowned||||||||||||||| I began to feel overwhelmed: he was drowning my mind with such a flood of natural eccentricities, and possible potentialities, that my imagination was running wild. J'avais vaguement conscience qu'il essayait de m'enseigner quelque chose, comme il avait l'habitude de le faire dans son bureau à Amsterdam - mais à l'époque il me disait ce qu'il entendait démontrer, afin que je garde cette idée à l'esprit pendant toute sa démonstration. ||||||teach me|||||||||||||||||||||||||||||||||||| I was vaguely aware that he was trying to teach me something, as he used to do in his office in Amsterdam - but at the time he was telling me what he intended to demonstrate, so that I would keep this idea in mind throughout his demonstration. Pour l'heure je me retrouvais sans cette béquille, mais je désirais le suivre malgré tout, et je dis : « Professeur, laissez-moi redevenir votre étudiant favori. |||||||crutch||||||||||||||||| For the time being, I found myself without this crutch, but I wanted to follow him anyway, and I said: "Professor, let me become your favorite student again. Per il momento mi trovai senza questa stampella, ma volevo seguirlo lo stesso e dissi: "Professore, mi permetta di tornare ad essere il suo studente preferito". Dites-moi la thèse, que je puisse appliquer vos connaissances tandis que vous continuez. Tell me the thesis, so I can apply your knowledge while you continue. Sans cette boussole, mon esprit erre d'un point à un autre à la manière dont un fou poursuit une idée. |||||wanders|||||||||||||| Without this compass, my mind wanders from one point to another the way a madman pursues an idea. Je

me sens comme un novice traversant un marais dans le brouillard, sautant d'une touffe d'herbe à une autre dans l'effort aveugle de me mouvoir sans savoir où je vais. I feel like a novice crossing a swamp in the fog, jumping from one tuft of grass to another in a blind effort to move without knowing where I'm going. » « C'est une bonne image », dit-il. « Eh bien, je vais vous le dire. Ma thèse est la suivante : je veux que vous croyiez. » « Que je croie quoi ? "Believe what? » « Que vous croyiez des choses que vous ne pouvez pas croire. "That you believe things you can't believe. Laissez-moi illustrer ma thèse. J'ai entendu parler un jour d'un Américain qui définissait ainsi la foi : « la faculté qui nous permet de croire des choses dont nous savons qu'elles ne sont pas vraies ». Pour une fois, je suis d'accord avec cet homme. Il a voulu dire que nous devons tous avoir un esprit ouvert, et ne pas laisser un petit morceau de vérité compromettre l'avènement d'une grande vérité; comme une petite pierre peut entraver un wagon sur des rails. He meant that we all need to have an open mind, and not let a small piece of truth compromise the advent of a great truth; like a small stone can hinder a wagon on rails. Nous avons la petite vérité en premier. We have the little truth first. Bien ! Nous la tenons, nous l'apprécions; mais tout de même nous ne devons pas lui laisser croire que c'est la seule vérité de l'univers. We hold it, we appreciate it; but all the same, we mustn't let it believe that it's the only truth in the universe. » « Ainsi, vous souhaitez que je ne laisse pas quelque conviction déjà formée entamer la réceptivité de mon esprit à un sujet étrange ? "So, you wish me not to let some already formed conviction dent my mind's receptivity to a strange subject? Est-ce que j'ai bien compris votre leçon ? Have I understood your lesson correctly? » « Oui, vous êtes toujours mon élève favori. Vous enseigner est gratifiant. Teaching you is rewarding. Maintenant que vous voulez comprendre, vous avez réalisé le premier pas vers la compréhension. Now that you want to understand, you've taken the first step towards understanding. Vous pensez donc que ces petits trous dans la gorge des enfants ont été faits par la même chose qui a fait les trous sur Miss Lucy ? So you think those little holes in the children's throats were made by the same thing that made the holes in Miss Lucy? » « Oui, je crois. » Il se leva et dit avec solennité : « Alors vous avez tort. Oh, j'aimerais qu'il en fût ainsi ! Oh, I wish it were so! Mais hélas ! Non. C'est pire, c'est bien, bien pire que cela. » « Au nom de Dieu, Professeur Van Helsing, qu'insinuez-vous ? |||||||do you insinuate| » criai-je. Il se jeta, avec un geste désespéré, sur une chaise, et plaça ses coudes sur la table, couvrant sa face de ses mains tandis qu'il articulait : « Ces trous ont été faits par Miss Lucy ! |||||||||||||elbows||||||||||||articulated|||||||| He threw himself, with a desperate gesture, into a chair, and placed his elbows on the table, covering his face with his hands as he articulated, "These holes were made by Miss Lucy! » CHAPITRE 15 Journal du Dr. Seward – suite Pendant un moment, je fus envahi par une pure colère, c'était comme si, quand elle était encore vivante, il avait frappé Lucy au visage. Je frappai violemment la table, et me levai en lui disant : « Dr. Van Helsing, êtes-vous fou ? » Il leva la tête et me regarda, et d'une certaine façon le regard empreint de tendresse qu'il m'adressa me calma tout de suite. « Si seulement je l'étais ! » dit-il. « La folie serait un fardeau facile à porter, en comparaison d'une vérité telle que celle-ci. ||||burden||||||||||| "Madness would be an easy burden to bear, compared to a truth such as this. Oh, mon ami, pourquoi à votre avis ai-je fait de telles circonlocutions pour vous expliquer une chose si simple ? Oh, my friend, why do you think I went to such lengths to explain such a simple thing to you? Etait-ce parce que je vous détestais, et vous ai détesté toute ma vie ? Was it because I hated you, and have hated you all my life? Etait-ce pour vous infliger de la souffrance ? Etait-ce parce que je voulais, après toutes ces années, me venger de vous qui m'avez sauvé d'une mort atroce ? Was it because I wanted, after all these years, to take revenge on you who saved me from a horrible death? Ah, non ! » « Veuillez m'excuser » dis-je, et il continua : « Mon ami, c'était parce que je voulais vous épargner autant que possible, car je sais que vous avez aimé cette douce jeune fille. " "Please excuse me," I said, and he continued, "My friend, it was because I wanted to spare you as much as possible, as I know you loved this sweet girl. Mais même maintenant, je n'espère pas que vous allez me croire. But even now, I don't expect you to believe me. Il est si difficile d'accepter d'emblée une vérité abstraite, que nous continuons à douter, surtout lorsque nous avons toujours été persuadés du contraire. It's so hard to accept an abstract truth out of hand, that we keep on doubting, especially when we've always been convinced of the opposite. Il est toujours difficile d'accepter une réalité concrète aussi triste que celle qui concerne Miss Lucy. It's always hard to accept a concrete reality as sad as the one concerning Miss Lucy. Mais ce soir, je vais prouver mes dires. But tonight, I'm going to prove my point. Oserez-vous m'accompagner ? » J'étais stupéfié. On ne peut trouver de plaisir à prouver une telle vérité ; sauf dans le cas de la jalousie, comme le disait Byron : « Et prouve la vérité qui t'est la plus détestable ». There can be no pleasure in proving such a truth; except in the case of jealousy, as Byron said: "And prove the truth that is most detestable to you". Il me vit hésiter : « La logique est simple ; ce n'est pas ici la logique du fou, qui saute d'une touffe d'herbe à l'autre dans un marécage brumeux. He saw me hesitate: "The logic is simple; this is not the logic of a madman, jumping from one tuft of grass to another in a foggy swamp. Si tout est faux, alors la preuve nous apportera le réconfort ; en tout cas, elle ne fera aucun mal. If all is false, then the proof will bring us comfort; in any case, it will do no harm. Mais si c'est la vérité ! Ah, voilà ce qui serait terrible, et pourtant cela même servirait ma cause, car j'ai besoin qu'on y croie. Ah, that would be terrible, and yet it would serve my cause, because I need people to believe it. Ecoutez, voilà ce que je propose : d'abord, nous allons maintenant voir cet enfant à l'hôpital. Listen, here's what I propose: first, we go and see this child in hospital. Le Dr. Vincent, du North Hospital, où les journaux indiquent que se trouve l'enfant, est un de mes amis, et l'un des vôtres aussi je pense, puisque vous étudiiez ensemble à Amsterdam. Dr. Vincent, of the North Hospital, where the papers say the child is, is a friend of mine, and one of yours too I think, since you studied together in Amsterdam. Ce qu'il refuserait peut-être à deux amis, il ne le refusera pas à deux confrères : il nous laissera voir son patient. What he might refuse to two friends, he won't refuse to two colleagues: he'll let us see his patient. Nous ne lui dirons rien, si ce n'est que nous désirons l'examiner. We won't tell him anything, except that we'd like to examine him. Et alors… » « Et alors ? » Il sortit une clé de sa poche et me la montra. "He took a key out of his pocket and showed it to me. « Et alors, nous passons la nuit, vous et moi, au cimetière où repose Lucy. "And so we spend the night, you and I, at the cemetery where Lucy lies. Voici la clé du tombeau. Le fossoyeur me l'a donnée pour que je la remette à Arthur. The gravedigger gave it to me to give to Arthur. » Le cœur me manqua, car je savais que quelque terrible épreuve nous attendait. "My heart failed me, for I knew that some terrible ordeal awaited us. Je n'y pouvais rien, cependant, alors je rassemblai tout mon courage et lui dis que nous ferions mieux de nous hâter, car l'après-midi s'avançait… Nous trouvâmes l'enfant éveillé. I couldn't help it, though, so I summoned up all my courage and told him we'd better hurry, as it was getting late in the afternoon... We found the child awake. Il avait dormi et avait pris quelque nourriture, et n'était pas en mauvaise santé. He had slept and taken some food, and was not in bad health. Le Dr. Vincent ôta le bandage de sa gorge, et nous montra les blessures. Sans aucun doute, c'étaient les mêmes que celles que nous avions vues sur la gorge de Lucy. Without a doubt, they were the same ones we'd seen on Lucy's throat. Elles étaient plus petites, er semblaient plus fraîches, c'était tout. They were smaller, seemed fresher, that was all. Nous demandâmes à Vincent à quoi il les attribuait. We asked Vincent to what he attributed them. Il répondit qu'il devait s'agir de la morsure d'un petit animal, peut-être un rat, mais pour sa part, il inclinait à penser qu'il s'agissait d'une de ces chauve-souris qui sont si nombreuses sur les hauteurs du nord de Londres. He replied that it must have been the bite of a small animal, perhaps a rat, but for his part, he was inclined to think it was one of those bats that are so numerous on the heights of North London. « Parmi tant de spécimens inoffensifs, » dit-il, « il peut y a en avoir de plus nuisibles, venant des pays du sud. "Among so many harmless specimens," he says, "there may be some more harmful ones, coming from southern countries. Des marins peuvent en avoir ramenées chez eux, et elles ont réussi à s'échapper, ou peut-être un jeune est parvenu à s'échapper du jardin zoologique, et dans ce cas, pourquoi ne serait-ce pas une chauve-souris vampire. Sailors may have brought them home, and they managed to escape, or perhaps a youngster managed to escape from the zoo, in which case why wouldn't it be a vampire bat. De telles choses arrivent, vous savez. Il n'y a pas plus de dix jours, un loup s'est échappé, et je crois qu'on l'a aperçu dans les parages. No more than ten days ago, a wolf escaped, and I think he was spotted nearby. Pendant toute la semaine suivante, les enfants du quartier ne jouaient plus qu'au petit chaperon rouge, jusqu'à ce que cette « dame sanglante » apparaisse, et dès lors il ne fut plus question que d'elle. For the next week, the local children played nothing but Little Red Riding Hood, until this "bloody lady" appeared, and from then on it was all about her. Même ce pauvre petit, quand il s'est éveillé aujourd'hui, a demandé à l'infirmière s'il pouvait sortir. Even this poor little one, when he woke up today, asked the nurse if he could come out. Quand elle lui a demandé pourquoi, il lui a répondu qu'il voulait aller jouer avec la « dame sanglante ». When she asked him why, he replied that he wanted to go and play with the "bloody lady".

« J'espère » dit Van Helsing, « que quand vous renverrez l'enfant chez lui, vous avertirez ses parents qu'ils doivent le surveiller de près. |||||||will send back|||||will warn|||||||| "I hope," says Van Helsing, "that when you send the child home, you warn his parents to keep a close eye on him.