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Bram Stoker - Dracula, Part (59)

Part (59)

Alors je ne pus que poser tout simplement la question, même si je comprenais aussi que par là, je baisserais dans l'estime de l'aliéné : « Et pourquoi Enoch ? » « Parce qu'il marchait avec Dieu. » Je ne voyais as bien l'analogie, mais ne voulais pas l'admettre, alors je préférai revenir à sa déclaration précédente :

« Alors, vous ne vous souciez pas de la vie et ne voulez pas d'âmes. Et pourquoi ? » Je posai la question rapidement et de façon assez abrupte, pour le déconcerter, et j'y parvins : pendant un instant, il revint à ses anciennes manières serviles, se courba devant moi, et me répondit d'un ton flatteur : « Je ne veux pas d'âmes, c'est vrai, c'est vrai ! Je ne pourrais m'en servir si j'en avais, elles ne me seraient d'aucune utilité. Je ne pourrais ni les manger ni les… » Il s'arrêta soudain, et sa vieilles expression rusée se répandit sur son visage, comme les rides que produit le vent sur l'eau. « Et, Docteur, la vie, qu'est-ce que c'est finalement ? Quand vous avez tout ce dont vous avez besoin, et que vous savez que vous ne manquerez jamais de rien, tout est bien. J'ai des amis – de bons amis – comme vous, Dr. Seward. » Il prononça cette dernière phrase avec un regard incroyablement rusé. « Je sais que je ne manquerai jamais de moyens de subsistance ! » Je pense que dans la confusion de sa folie, il perçut ma réprobation, car il s'enfonça immédiatement dans son ultime refuge – un silence obstiné. Après un moment, je vis qu'il était inutile d'essayer de parler avec lui pour le moment, et je partis. Plus tard dans la journée, il me fit appeler. En temps ordinaire je ne serais pas venu sans une raison précise, mais j'éprouvais maintenant pour lui un tel intérêt que je fus heureux de faire cet effort. Par ailleurs, j'étais heureux d'avoir cette occasion d'occuper mon temps. Harker était sorti, poursuivant ses recherches, ainsi que Lord Godalming et Quincey. Van Helsing était assis dans mon bureau, compulsant les rapports préparés par les Harker, il semble penser qu'en connaissant le moindre détail sur le bout des doigts, il pourra tomber sur quelque indice. Il ne veut pas être dérangé de son travail sans raison valable. Je l'aurais bien emmené avec moi voir le patient, mais je pensais qu'après la rebuffade qu'il avait essuyée, il ne souhaiterait pas y retourner. Mais j'ai une autre raison : Renfield ne parlera peut-être pas aussi librement devant une tierce personne que si lui et moi sommes seuls. Je le trouvai assis au milieu de la pièce sur son tabouret, une position qui généralement indiquait chez lui une certaine activité mentale. Quand j'entrai, il me dit immédiatement, comme si la question lui brûlait les lèvres : « Et les âmes ? » Mes suppositions étaient donc exactes : les processus mentaux inconscients suivaient leur cours, même chez les aliénés. Je résolus d'en avoir le cœur net et lui demandai : « Et vous, qu'en pensez-vous ? » Il ne répondit pas immédiatement ; il regarda autour de lui, vers le haut et vers le bas, comme s'il espérait trouver quelque inspiration pour sa réponse. « Je ne veux pas d'âmes ! » dit-il d'une voix faible, comme s'excusant. Le sujet semblait le tourmenter, et, déterminé à en tirer profit – « je dois être cruel, uniquement afin d'être bon », comme dirait Shakespeare – je lui dis : « Mais vous aimez la vie, et vous voulez de la vie ? » « Oh oui ! Mais tout va bien, ne vous faites pas de souci pour ça. » « Mais » demandai-je, « comment peut-on prendre une vie sans prendre l'âme en même temps ? » Cela sembla le perturber, et je poursuivis : « Vous serez bien quand vous vous envolerez d'ici, parmi les âmes de milliers de mouches et d'araignées, et d'oiseaux et de chats, qui bourdonneront, et gazouilleront, et miauleront autour de vous ! Vous avez pris leurs vies, vous voyez, et vous devrez bien vous accommoder de leurs âmes ! » Quelque chose sembla frapper son imagination, car il se boucha les oreilles et ferma les yeux, comme un petit garçon à qui on lave le visage. Cette image avait quelque chose de pathétique et j'en fus touché ; elle me donna aussi une leçon, car j'avais l'impression d'avoir devant moi un enfant, seulement un enfant, bien que ses traits fussent ceux d'un vieil homme, et que sa barbe naissante fût blanche. Il était évident qu'il était sujet à une perturbation mentale, et sachant comment dans le passé il avait interprété des évènements qui pourtant ne le concernaient pas du tout, je pensais que je devais entrer dans son jeu autant que possible. La première chose à faire était de restaurer la confiance ; je lui demandai donc, en lui parlant suffisamment fort pour qu'il m'entende, malgré ses oreilles bouchées : « Voudriez-vous un peu de sucre pour faire revenir vos mouches ? » Il sembla se réveiller à l'instant, et secoua la tête. Il me répondit en riant : « Non, merci bien ! les mouches sont de pauvres petites choses en vérité ! » Et après un moment il ajouta : « Mais quand même, je ne veux pas qu'elles bourdonnent autour de moi. » Je continuai : « Ou des araignées ? » « Au diable les araignées ! A quoi servent-elles ? Il n'y a rien en elles qu'on peut manger ou… » Il s'arrêta soudainement, comme s'il se rappelait qu'il abordait un sujet interdit. « Tiens, tiens » pensais-je, « c'est la seconde fois qu'il s'arrête sur le mot ‘boire'. Qu'est-ce que cela signifie ? » Renfield semblait conscient d'avoir fait une erreur, car il se hâta d'ajouter, comme pour détourner mon attention : « Je n'éprouve aucun intérêt pour tout cela ; ‘des rats, des souris et tous ces petits animaux', comme le dit Shakespeare, ‘à manger pour les poulets !' J'en ai assez de toutes ces idioties. Autant demander à un homme de manger des molécules avec des baguettes, que me demander de m'intéresser à tous ces carnivores inférieurs, quand je sais ce qui m'attend ! » « Je vois ! Vous voulez de plus grands corps, que vous pourrez mordre à pleines dents ! Et que diriez-vous d'un éléphant pour le petit déjeuner ? » « Vous dites des bêtises ! » Je trouvais que son esprit s'éveillait à nouveau ; j'accentuai donc ma pression : « Je me demande » dis-je d'un air pensif, « à quoi ressemble l'âme d'un éléphant ! » J'obtins l'effet désiré : il perdit de sa superbe et redevint tel un enfant. « Je ne veux pas d'une âme d'éléphant, je ne veux pas d'âme du tout ! » dit-il. Pendant un moment, il resta assis, comme abattu. Soudain, il bondit sur ses pieds, les yeux brillants, et montrant tous les signes d'une intense excitation cérébrale. « Au diable, vous et vos âmes ! » cria-t-il. « Pourquoi me torturez-vous avec ces âmes ? N'ai-je pas déjà assez de soucis et de souffrance, sans devoir encore m'occuper d'âmes ? » Il semblait si hostile que je pensais qu'il était au bord d'une nouvelle crise homicide. Aussi, j'utilisai mon sifflet afin d'appeler à l'aide, mais il se calma à l'instant, et me dit en s'excusant : « Pardonnez-moi, Docteur, je m'oublie. Vous n'avez pas besoin d'aide. Je suis si inquiet que j'en deviens irritable. Si seulement vous saviez quel problème je dois affronter, vous auriez pitié, vous seriez tolérant et me pardonneriez. S'il vous plaît, ne me mettez pas une camisole de force. Je dois réfléchir, et je ne peux pas réfléchir librement lorsque mon corps est sous contrainte. Je sais que vous comprendrez ! » Il avait évidemment retrouvé le contrôle de lui-même ; ainsi, quand les surveillants arrivèrent, je leur dis de ne pas tenir compte de mon appel, et ils se retirèrent. Renfield les regarda partir, et quand la porte se referma, il me dit, avec une grande dignité et grande douceur : « Docteur Seward, vous m'avez témoigné beaucoup d'égards. Soyez sûr que je vous suis très, très reconnaissant. » Je pensais que c'était le moment de le quitter, tant qu'il était dans cette disposition d'esprit, et je pris congé. L'état de cet homme me donnait à réfléchir. Il y avait quelques points qui auraient pu constituer ce que les journalistes américains appellent une « story », pour peu qu'on parvienne à y mettre un peu d'ordre. Voici quels étaient ces points : Ne mentionne jamais le terme « boire ». A peur d'être encombré de l' « âme » de quelque créature que ce soit. N'a aucune crainte de manquer de « vies » dans le futur. Méprise toutes les formes de vie inférieures, même s'il craint d'être hanté par leurs âmes. En toute logique, tout cela mène à une seule conclusion : d'une façon ou d'une autre, il a l'assurance d'accéder à une forme de vie supérieure. Il a peur des conséquences – le fardeau d'une âme. C'est donc à une vie humaine qu'il s'attend ! Et avec tant de certitude..! Dieu miséricordieux ! Le Comte est venu à lui, et il prépare quelque nouvelle machination infernale !

Plus tard Après ma ronde, j'allai voir Van Helsing et lui fis part de mes soupçons. Il prit un air grave, et après avoir réfléchi un moment, me demanda de le conduire à Renfield. Ce que je fis. En arrivant devant la porte, nous entendîmes l'aliéné qui chantait gaiment, comme il le faisait en un temps qui me semble maintenant si lointain. En entrant, nous vîmes avec effarement qu'il avait répandu du sucre comme il le faisait auparavant, et les mouches, en peu léthargiques en automne, commençaient à bourdonner dans la pièce. Nous tentâmes en vain de le ramener sur le sujet de notre précédente conversation : il n'écoutait pas. Il continuait à chanter, comme si nous n'étions pas présents. Il avait replié une feuille de papier et la rangea dans un petit calepin. Nous dûmes ressortir, aussi ignorants que lorsque nous étions entrés. C'est vraiment un bien curieux cas. Nous devons le surveiller cette nuit. Lettre de Mitchell, Fils et Candy à Lord Godalming 1er octobre Monsieur, Accéder à vos désirs est toujours un honneur et un plaisir pour nous. Conformément au souhait exprimé par votre Seigneurie, par la voix de Mr Harker, nous avons l'honneur de vous apporter les informations suivantes, relatives à la vente et à l'acquisition du n°347, Piccadilly. Les vendeurs sont les exécuteurs testamentaires de feu M. Archibald Winter-Suffield. L'acquéreur est un aristocrate étranger, le Comte de Ville, qui a conclu la vente en réglant le montant de l'acquisition « de la main à la main », si votre Seigneurie veut bien me passer l'expression. Nous ne disposons, en dehors de cela, d'aucune autre information le concernant. Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de notre complet dévouement. MITCHELL, FILS et CANDY Journal du Dr Seward, 2 octobre J'ai placé un homme dans le corridor la nuit dernière, et lui ai demandé de prendre note de tous les sons qu'il pourrait entendre en provenance de la chambre de Renfield. Je lui dis aussi de m'appeler si quoi que ce soit d'étrange se produisait. Après le repas, une fois que nous fûmes tous réunions autour du feu dans le bureau – Mrs. Harker étant allée au lit – nous discutâmes de nos tentatives et de nos découvertes de la journée. Harker était le seul à avoir obtenu quelque résultat, et nous avions bon espoir que son indice se révèlerait important. Avant d'aller me coucher, je me rendis devant la chambre de mon patient et regardai par le guichet. Il dormait profondément, et sa poitrine se soulevait régulièrement.

Ce matin, l'homme de garde me rapporta qu'un peu après minuit, Renfield s'est agité et à commencé à réciter ses prières à voix haute. Je lui demandai si c'était tout, il me répondit que c'est tout ce qu'il avait entendu. Il y avait quelque chose de si suspect dans son comportement que je lui demandai sans détours s'il s'était endormi. Il m'assura que non, mais admit avoir piqué du nez quelques fois. Il est bien dommage qu'on ne puisse pas faire confiance aux hommes quand on ne les surveille pas ! Aujourd'hui, Harker va continuer à suivre sa piste, et Art et Quincey vont chercher des chevaux. Godalming pense que ce sera une bonne chose d'avoir des chevaux en cas d'urgence ; en effet, quand nous aurons les informations que nous recherchons, il n'y aura pas de temps à perdre. Il va nous falloir stériliser toute cette terre que le Comte a fait amener, entre le lever et le coucher du soleil.

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Part (59) Anteil (59) Part (59)

Alors je ne pus que poser tout simplement la question, même si je comprenais aussi que par là, je baisserais dans l'estime de l'aliéné : « Et pourquoi Enoch ? |||||||||||||||||||would lower||||||| So all I could do was simply ask the question, even though I also understood that by doing so, I would be lowering the esteem of the lunatic: "And why Enoch? » « Parce qu'il marchait avec Dieu. » Je ne voyais as bien l'analogie, mais ne voulais pas l'admettre, alors je préférai revenir à sa déclaration précédente : |||||the analogy||||||||preferred||||| "I couldn't quite see the analogy, but didn't want to admit it, so I preferred to go back to his earlier statement:

« Alors, vous ne vous souciez pas de la vie et ne voulez pas d'âmes. |||||||||||||of souls "So you don't care about life and don't want souls. Et pourquoi ? » Je posai la question rapidement et de façon assez abrupte, pour le déconcerter, et j'y parvins : pendant un instant, il revint à ses anciennes manières serviles, se courba devant moi, et me répondit d'un ton flatteur : « Je ne veux pas d'âmes, c'est vrai, c'est vrai ! ||||||||||||disconcert|||succeeded||||||||||servile||bowed||||||||||||||||| Je ne pourrais m'en servir si j'en avais, elles ne me seraient d'aucune utilité. I couldn't use them if I had them, they wouldn't be of any use to me. Je ne pourrais ni les manger ni les… » Il s'arrêta soudain, et sa vieilles expression rusée se répandit sur son visage, comme les rides que produit le vent sur l'eau. |||||||||||||||sly||||||||rides|||||| « Et, Docteur, la vie, qu'est-ce que c'est finalement ? Quand vous avez tout ce dont vous avez besoin, et que vous savez que vous ne manquerez jamais de rien, tout est bien. ||||||||||||||||will lack|||||| When you have everything you need, and you know you'll never want for anything, all is well. J'ai des amis – de bons amis – comme vous, Dr. Seward. » Il prononça cette dernière phrase avec un regard incroyablement rusé. |||||||||sly « Je sais que je ne manquerai jamais de moyens de subsistance ! ||||||||||livelihood "I know I'll never be short of sustenance! » Je pense que dans la confusion de sa folie, il perçut ma réprobation, car il s'enfonça immédiatement dans son ultime refuge – un silence obstiné. |think|||||||||perceived||reprobation|||sank||||ultimate|||| Après un moment, je vis qu'il était inutile d'essayer de parler avec lui pour le moment, et je partis. Plus tard dans la journée, il me fit appeler. Later that day, he sent for me. En temps ordinaire je ne serais pas venu sans une raison précise, mais j'éprouvais maintenant pour lui un tel intérêt que je fus heureux de faire cet effort. Ordinarily I wouldn't have come without a specific reason, but now I felt such an interest in him that I was happy to make the effort. Par ailleurs, j'étais heureux d'avoir cette occasion d'occuper mon temps. Harker était sorti, poursuivant ses recherches, ainsi que Lord Godalming et Quincey. Van Helsing était assis dans mon bureau, compulsant les rapports préparés par les Harker, il semble penser qu'en connaissant le moindre détail sur le bout des doigts, il pourra tomber sur quelque indice. |||||||compulsively reviewing||||||||||||||||||||||||| Van Helsing was sitting in my office, poring over the reports prepared by the Harkers, seeming to think that by knowing every detail inside out, he'd be able to stumble across some clue. Il ne veut pas être dérangé de son travail sans raison valable. |||||disturbed|||||| Je l'aurais bien emmené avec moi voir le patient, mais je pensais qu'après la rebuffade qu'il avait essuyée, il ne souhaiterait pas y retourner. ||||||||||||||||||||would want||| I would have taken him with me to see the patient, but I thought that after the rebuff he had received, he would not wish to go back. Mais j'ai une autre raison : Renfield ne parlera peut-être pas aussi librement devant une tierce personne que si lui et moi sommes seuls. |||||||||||||||third|||||||| But I have another reason: Renfield may not speak as freely in front of a third party as he would if he and I were alone. Je le trouvai assis au milieu de la pièce sur son tabouret, une position qui généralement indiquait chez lui une certaine activité mentale. ||||||||room|||stool||||||||||| Quand j'entrai, il me dit immédiatement, comme si la question lui brûlait les lèvres : « Et les âmes ? When I entered, he immediately said, as if the question burned his lips: "And the souls? » Mes suppositions étaient donc exactes : les processus mentaux inconscients suivaient leur cours, même chez les aliénés. ||||||||unconscious||||||| Je résolus d'en avoir le cœur net et lui demandai : « Et vous, qu'en pensez-vous ? ||||||clear|||||||| I decided to find out for myself and asked him: "What do you think? » Il ne répondit pas immédiatement ; il regarda autour de lui, vers le haut et vers le bas, comme s'il espérait trouver quelque inspiration pour sa réponse. « Je ne veux pas d'âmes ! ||||of souls "I don't want souls! » dit-il d'une voix faible, comme s'excusant. Le sujet semblait le tourmenter, et, déterminé à en tirer profit – « je dois être cruel, uniquement afin d'être bon », comme dirait Shakespeare – je lui dis : « Mais vous aimez la vie, et vous voulez de la vie ? The subject seemed to torment him, and, determined to make the most of it - "I must be cruel, only in order to be good", as Shakespeare would say - I said to him: "But you love life, and you want life? » « Oh oui ! Mais tout va bien, ne vous faites pas de souci pour ça. » « Mais » demandai-je, « comment peut-on prendre une vie sans prendre l'âme en même temps ? "But," I asked, "how can you take a life without taking the soul at the same time? » Cela sembla le perturber, et je poursuivis : « Vous serez bien quand vous vous envolerez d'ici, parmi les âmes de milliers de mouches et d'araignées, et d'oiseaux et de chats, qui bourdonneront, et gazouilleront, et miauleront autour de vous ! |||disturb||||||||||will fly|||||||||||||||||will buzz||will chirp||will meow||| "This seemed to unsettle him, and I continued, "You'll be fine when you fly away from here, among the souls of thousands of flies and spiders, and birds and cats, buzzing, and chirping, and meowing around you! Vous avez pris leurs vies, vous voyez, et vous devrez bien vous accommoder de leurs âmes ! ||||||||||||accommodate||| You've taken their lives, you see, and you'll have to make do with their souls! » Quelque chose sembla frapper son imagination, car il se boucha les oreilles et ferma les yeux, comme un petit garçon à qui on lave le visage. |||||||||plugged|||||||||||||||| "Something seemed to strike his imagination, for he plugged his ears and closed his eyes, like a little boy having his face washed. Cette image avait quelque chose de pathétique et j'en fus touché ; elle me donna aussi une leçon, car j'avais l'impression d'avoir devant moi un enfant, seulement un enfant, bien que ses traits fussent ceux d'un vieil homme, et que sa barbe naissante fût blanche. ||||||||||||||||||||||||||||||||were|||||||||nascent|| I was touched by this pathetic image, which also taught me a lesson, for I felt I was looking at a child, just a child, even though his features were those of an old man, and his newborn beard was white. Il était évident qu'il était sujet à une perturbation mentale, et sachant comment dans le passé il avait interprété des évènements qui pourtant ne le concernaient pas du tout, je pensais que je devais entrer dans son jeu autant que possible. ||||||||||||||||||interpreted|||||||concerned||||||||||||||| It was obvious that he was prone to mental disturbance, and knowing how in the past he'd interpreted events that didn't concern him at all, I thought I should play into his hands as much as possible. La première chose à faire était de restaurer la confiance ; je lui demandai donc, en lui parlant suffisamment fort pour qu'il m'entende, malgré ses oreilles bouchées : « Voudriez-vous un peu de sucre pour faire revenir vos mouches ? |||||||||||||||||||||can hear me|||||Would you|||||||||| The first thing to do was to restore confidence, so I asked him, speaking loud enough for him to hear me despite his plugged ears: "Would you like some sugar to bring your flies back? » Il sembla se réveiller à l'instant, et secoua la tête. |||||||shook|| Il me répondit en riant : « Non, merci bien ! les mouches sont de pauvres petites choses en vérité ! » Et après un moment il ajouta : « Mais quand même, je ne veux pas qu'elles bourdonnent autour de moi. ||||||||||||||buzz||| » Je continuai : « Ou des araignées ? » « Au diable les araignées ! "To hell with the spiders! A quoi servent-elles ? Il n'y a rien en elles qu'on peut manger ou… » Il s'arrêta soudainement, comme s'il se rappelait qu'il abordait un sujet interdit. ||||||||||||||||||was addressing||| There's nothing in them that you can eat or..." He stopped suddenly, as if remembering that he was broaching a forbidden subject. « Tiens, tiens » pensais-je, « c'est la seconde fois qu'il s'arrête sur le mot ‘boire'. "Well, well," I thought, "that's the second time he's stopped at the word 'drink'. Qu'est-ce que cela signifie ? » Renfield semblait conscient d'avoir fait une erreur, car il se hâta d'ajouter, comme pour détourner mon attention : « Je n'éprouve aucun intérêt pour tout cela ; ‘des rats, des souris et tous ces petits animaux', comme le dit Shakespeare, ‘à manger pour les poulets !' |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||chickens "Renfield seemed aware of having made a mistake, for he hastened to add, as if to divert my attention: 'I have no interest in all this; 'rats, mice and all those little animals', as Shakespeare says, 'to eat for chickens!' J'en ai assez de toutes ces idioties. Autant demander à un homme de manger des molécules avec des baguettes, que me demander de m'intéresser à tous ces carnivores inférieurs, quand je sais ce qui m'attend ! As much||||||||molecules||||||||||||||||||| You might as well ask a man to eat molecules with chopsticks as ask me to take an interest in all those inferior carnivores, when I know what's waiting for me! » « Je vois ! Vous voulez de plus grands corps, que vous pourrez mordre à pleines dents ! You want bigger bodies that you can sink your teeth into! Et que diriez-vous d'un éléphant pour le petit déjeuner ? » « Vous dites des bêtises ! » Je trouvais que son esprit s'éveillait à nouveau ; j'accentuai donc ma pression : « Je me demande » dis-je d'un air pensif, « à quoi ressemble l'âme d'un éléphant ! ||||||||I accentuated||||||||||||||||| "I wondered," I said thoughtfully, "what the soul of an elephant is like! » J'obtins l'effet désiré : il perdit de sa superbe et redevint tel un enfant. « Je ne veux pas d'une âme d'éléphant, je ne veux pas d'âme du tout ! ||||||of elephant||||||| » dit-il. Pendant un moment, il resta assis, comme abattu. Soudain, il bondit sur ses pieds, les yeux brillants, et montrant tous les signes d'une intense excitation cérébrale. ||bounds||||||||||||||| Suddenly, he leapt to his feet, eyes shining, and showing every sign of intense cerebral excitement. « Au diable, vous et vos âmes ! » cria-t-il. « Pourquoi me torturez-vous avec ces âmes ? ||torture|||| N'ai-je pas déjà assez de soucis et de souffrance, sans devoir encore m'occuper d'âmes ? Don't I already have enough worries and suffering, without having to take care of souls? » Il semblait si hostile que je pensais qu'il était au bord d'une nouvelle crise homicide. Aussi, j'utilisai mon sifflet afin d'appeler à l'aide, mais il se calma à l'instant, et me dit en s'excusant : « Pardonnez-moi, Docteur, je m'oublie. |||whistle||||||||||||||||||||forget myself So I used my whistle to call for help, but he instantly calmed down and said apologetically: "Forgive me, Doctor, I forget myself. Vous n'avez pas besoin d'aide. Je suis si inquiet que j'en deviens irritable. I'm so worried that I'm becoming irritable. Si seulement vous saviez quel problème je dois affronter, vous auriez pitié, vous seriez tolérant et me pardonneriez. |||||||||||||||||would forgive If only you knew the problem I'm facing, you'd take pity, be tolerant and forgive me. S'il vous plaît, ne me mettez pas une camisole de force. Please don't put me in a straitjacket. Je dois réfléchir, et je ne peux pas réfléchir librement lorsque mon corps est sous contrainte. |||||||||||||||constraint Je sais que vous comprendrez ! » Il avait évidemment retrouvé le contrôle de lui-même ; ainsi, quand les surveillants arrivèrent, je leur dis de ne pas tenir compte de mon appel, et ils se retirèrent. ||||||||||||||||||||||||||||withdrew "He'd obviously regained control of himself; so when the supervisors arrived, I told them to disregard my call, and they withdrew. Renfield les regarda partir, et quand la porte se referma, il me dit, avec une grande dignité et grande douceur : « Docteur Seward, vous m'avez témoigné beaucoup d'égards. ||||||||||||||||||||||||||of regard Renfield watched them leave, and when the door closed, he said to me, with great dignity and gentleness: "Doctor Seward, you've shown me a lot of consideration. Soyez sûr que je vous suis très, très reconnaissant. » Je pensais que c'était le moment de le quitter, tant qu'il était dans cette disposition d'esprit, et je pris congé. |||||||||||||||||||leave "I thought it was time to leave him, as long as he was in that frame of mind, and took my leave. L'état de cet homme me donnait à réfléchir. Il y avait quelques points qui auraient pu constituer ce que les journalistes américains appellent une « story », pour peu qu'on parvienne à y mettre un peu d'ordre. ||||||||||||||||||||succeeds|||||| There were a few points that could have constituted what American journalists call a "story", provided we managed to put some order into them. Voici quels étaient ces points : Ne mentionne jamais le terme « boire ». Here's what they were: Never mention the word "drink". A peur d'être encombré de l' « âme » de quelque créature que ce soit. |||burdened||||||||| Afraid of being encumbered by the "soul" of any creature. N'a aucune crainte de manquer de « vies » dans le futur. Has||||||||| No fear of running out of "lives" in the future. Méprise toutes les formes de vie inférieures, même s'il craint d'être hanté par leurs âmes. Scorns|all||||||||||||| He despises all lower forms of life, even if he fears being haunted by their souls. En toute logique, tout cela mène à une seule conclusion : d'une façon ou d'une autre, il a l'assurance d'accéder à une forme de vie supérieure. Logically, all this leads to one conclusion: one way or another, he's guaranteed access to a higher form of life. Il a peur des conséquences – le fardeau d'une âme. ||||||burden||soul He's afraid of the consequences - the burden of a soul. C'est donc à une vie humaine qu'il s'attend ! |||||||expects Et avec tant de certitude..! Dieu miséricordieux ! |merciful Merciful God! Le Comte est venu à lui, et il prépare quelque nouvelle machination infernale ! |||||||||||machination|

Plus tard Après ma ronde, j'allai voir Van Helsing et lui fis part de mes soupçons. Il prit un air grave, et après avoir réfléchi un moment, me demanda de le conduire à Renfield. He looked serious, and after thinking for a moment, asked me to take him to Renfield. Ce que je fis. En arrivant devant la porte, nous entendîmes l'aliéné qui chantait gaiment, comme il le faisait en un temps qui me semble maintenant si lointain. ||||||||||cheerfully||||||||||||| As we arrived at the door, we heard the lunatic singing cheerfully, as he used to do in a time that now seems so long ago. En entrant, nous vîmes avec effarement qu'il avait répandu du sucre comme il le faisait auparavant, et les mouches, en peu léthargiques en automne, commençaient à bourdonner dans la pièce. |||saw||||||||||||||||||||autumn|||buzz||| Nous tentâmes en vain de le ramener sur le sujet de notre précédente conversation : il n'écoutait pas. |tried||||||||||||||| Il continuait à chanter, comme si nous n'étions pas présents. |||||||weren't|| Il avait replié une feuille de papier et la rangea dans un petit calepin. |||||||||||||notebook He had folded up a sheet of paper and put it in a small notebook. Nous dûmes ressortir, aussi ignorants que lorsque nous étions entrés. We had to leave, as ignorant as when we entered. C'est vraiment un bien curieux cas. Nous devons le surveiller cette nuit. Lettre de Mitchell, Fils et Candy à Lord Godalming 1er octobre Monsieur, Accéder à vos désirs est toujours un honneur et un plaisir pour nous. Conformément au souhait exprimé par votre Seigneurie, par la voix de Mr Harker, nous avons l'honneur de vous apporter les informations suivantes, relatives à la vente et à l'acquisition du n°347, Piccadilly. |||||||||||||||||||||||||sale|||||| In accordance with the wishes expressed by Your Lordship, through Mr Harker, we have the honour of providing you with the following information, relating to the sale and acquisition of no. 347, Piccadilly. Les vendeurs sont les exécuteurs testamentaires de feu M. Archibald Winter-Suffield. |||||||||Archibald|Winter|Suffield The vendors are the executors of the will of the late Mr. Archibald Winter-Suffield. L'acquéreur est un aristocrate étranger, le Comte de Ville, qui a conclu la vente en réglant le montant de l'acquisition « de la main à la main », si votre Seigneurie veut bien me passer l'expression. The purchaser|||||||||||||||settling||amount|||||||||||||||| The buyer is a foreign aristocrat, the Comte de Ville, who concluded the sale by paying the purchase price "from hand to hand", if Your Lordship will pardon the expression. Nous ne disposons, en dehors de cela, d'aucune autre information le concernant. Apart from this, we have no other information about him. Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de notre complet dévouement. Please|agree||the expression||||devotion Yours sincerely MITCHELL, FILS et CANDY Journal du Dr Seward, 2 octobre J'ai placé un homme dans le corridor la nuit dernière, et lui ai demandé de prendre note de tous les sons qu'il pourrait entendre en provenance de la chambre de Renfield. ||||||||||||||||||||||||||||||||||provenance||||| MITCHELL, SON and CANDY Dr. Seward's Journal, October 2 I placed a man in the corridor last night, and asked him to take note of any sounds he might hear coming from Renfield's room. Je lui dis aussi de m'appeler si quoi que ce soit d'étrange se produisait. Après le repas, une fois que nous fûmes tous réunions autour du feu dans le bureau – Mrs. Harker étant allée au lit – nous discutâmes de nos tentatives et de nos découvertes de la journée. |||||||were||||||||||||||||discussed|||attempts||||||| After lunch, once we'd all gathered around the fire in the study - Mrs. Harker having gone to bed - we discussed our attempts and discoveries of the day. Harker était le seul à avoir obtenu quelque résultat, et nous avions bon espoir que son indice se révèlerait important. ||||||||||||||||||would reveal| Harker was the only one with any results, and we were confident that his clue would prove important. Avant d'aller me coucher, je me rendis devant la chambre de mon patient et regardai par le guichet. |||||||||||||||||window Before going to bed, I went to my patient's room and looked through the window. Il dormait profondément, et sa poitrine se soulevait régulièrement. He slept soundly, his chest heaving steadily.

Ce matin, l'homme de garde me rapporta qu'un peu après minuit, Renfield s'est agité et à commencé à réciter ses prières à voix haute. Je lui demandai si c'était tout, il me répondit que c'est tout ce qu'il avait entendu. I asked him if that was all, and he replied that it was all he had heard. Il y avait quelque chose de si suspect dans son comportement que je lui demandai sans détours s'il s'était endormi. There was something so suspicious about his behavior that I asked him straight out if he'd fallen asleep. Il m'assura que non, mais admit avoir piqué du nez quelques fois. |assured me|||||||||| He assured me he didn't, but admitted he'd taken a nosedive a few times. Il est bien dommage qu'on ne puisse pas faire confiance aux hommes quand on ne les surveille pas ! It's a shame we can't trust men when we're not watching them! Aujourd'hui, Harker va continuer à suivre sa piste, et Art et Quincey vont chercher des chevaux. Today, Harker will continue to follow his trail, and Art and Quincey will look for horses. Godalming pense que ce sera une bonne chose d'avoir des chevaux en cas d'urgence ; en effet, quand nous aurons les informations que nous recherchons, il n'y aura pas de temps à perdre. |||||||||||||of emergency|||||||||||||||||| Godalming thinks it will be a good thing to have horses in case of emergency, because once we have the information we're looking for, there's no time to waste. Il va nous falloir stériliser toute cette terre que le Comte a fait amener, entre le lever et le coucher du soleil. We're going to have to sterilize all this soil the Count has brought in, between sunrise and sunset.