#98 – Pourquoi le pass sanitaire divise-t-il les Français ? (2)
Et ça, donc c'est pas forcément les effets secondaires qui font le plus peur. Mais effectivement, il y a des effets secondaires quand on fait ce vaccin. Néanmoins, ils sont attendus et ils ne sont pas graves. C'est des effets qui passent au bout de quelques heures ou maximum, au bout d'une journée. Ce qui fait plus peur, évidemment, c'est les effets secondaires dont on n'a pas encore conscience parce qu'on n'a pas beaucoup de recul par rapport à ce vaccin. Mais d'après les experts, dans l'histoire des vaccins, on n'a jamais vu apparaître d'effets secondaires au-delà de trois mois après l'injection. Avec tous les vaccins qui ont été inventés depuis la fin du 19ème siècle, toutes les études qui ont été faites sur le sujet, s'il y a des effets secondaires ils surviennent forcément trois mois après l'injection, ils ne peuvent pas arriver un an plus tard, deux ans plus tard. Moi, je n'ai rien trouvé sur cette histoire de modification génétique, donc je ne sais pas, mais…
Ingrid: [00:14:29] Ouais non, je pense que c'est… Je pense qu'il n'y a pas de base scientifique là-dessus. Mais comme c'est un vaccin ARN, c'est quelque chose qui, quand on ne connait pas bien, ce qui est mon cas d'ailleurs, quand on ne sait pas exactement tout ce que veulent dire ces abréviations et ces mots, on entend parler de gènes, de génétique, et malheureusement, il y a certains scientifiques qui en profitent pour faire un peu peur avec des mots compliqués. Mais oui, il y a des personnes… Ça circule beaucoup, notamment, tu sais, sur les réseaux sociaux, etc. Les fake news, voilà, beaucoup tournent autour de ça.
Hugo: [00:15:04] Non, mais forcément. C'est vrai que ça peut être difficile parfois d'y voir clair. Il faut faire ses recherches, mais tout le monde n'a pas fait d'études scientifiques. Donc ça peut être compliqué de s'y retrouver et d'y voir clair. Mais c'est vrai qu'au Royaume-Uni, par exemple, la vaccination de masse contre le covid a commencé en décembre l'année dernière. Donc là, ça va faire 8 mois que les Anglais ou qu'une partie des Anglais sont vaccinés. Donc s'il devait y avoir d'autres effets secondaires inconnus, on les aurait déjà vus, ils se seraient déjà manifestés. Mais c'est vrai que dans certains cas, il peut y avoir des effets secondaires plus graves, comme des thromboses. C'était notamment le cas avec les gens qui se faisaient vacciner par AstraZeneca, il me semble.
Ingrid: [00:15:57] Ouais. D'ailleurs. Les thromboses, c'est aussi un effet secondaire des contraceptions, par exemple, qui est beaucoup plus courant dans les contraceptions. Donc oui, ça existe, mais dans beaucoup d'autres médicaments également.
Hugo: [00:16:06] C'est vrai. Mais effectivement, comme il y avait déjà beaucoup d'inquiétudes autour de ces vaccins, les gens étaient très attentifs aux effets secondaires. Tout ce qui pourrait se passer et dès qu'il y avait des cas un peu problématiques, évidemment, ça faisait tout de suite les gros titres dans la presse. Mais quand on regarde l'ensemble et les millions de personnes qui se sont vaccinées, ça reste des cas qui sont très rares. Donc cet argument de dire que le remède est pire que le mal, autrement dit, que le vaccin est pire que le covid, je trouve qu'il est difficilement recevable. Je sais pas ce que tu en penses.
Ingrid: [00:16:47] Oui, oui je suis d'accord. Je suis d'accord. Après, encore un argument des anti vaccin ou anti pas sanitaire. C'est que selon eux, le vaccin n'est pas nécessaire pour tout le monde. Alors ils sont peut être pro vaccin pour leurs grands-parents ou leurs amis diabétiques, que sais-je. Mais ces personnes-là pensent que en tant que personnes jeunes et sans comorbidités, ils n'ont pas besoin du vaccin puisque le vaccin ne protège que contre les formes graves. Et donc, ils pensent que pour eux, c'est plus de risques que de bienfaits, donc, pourquoi les obliger alors qu'ils vont très bien ?
Hugo: [00:17:29] C'est vrai. Et j'ai même lu d'ailleurs que certains essaient d'attraper le covid pour avoir un pass sanitaire. Il y a des personnes qui sont prêtes à attraper le covid plutôt que de se faire vacciner. Et aussi parce que si tout se passe bien, si c'est une forme légère du covid, on se rétablit assez rapidement. Donc, on peut avoir un pass sanitaire plus vite que si on se faisait vacciner. Mais ça, ça rejoint aussi cette idée que finalement, le vaccin est plus dangereux que le covid. Malheureusement, ce qu'on croyait au départ pour les jeunes, c'est plus forcément vrai maintenant. Bon ça dépend un peu de notre définition de jeunes, mais on va dire chez les 20-29 ans, par exemple. Aujourd'hui, les 20-29 ans représentent quasiment autant d'hospitalisations que les plus de 60 ans parce que les plus de 60 ans sont vaccinés. Donc, quand on prend le nombre d'hospitalisations en France dans les hôpitaux, il y a autant de personnes ayant entre 20 et 29 ans que de personnes de plus de 60 ans. Donc ça, c'est assez, ça dément cet argument que les jeunes ne seraient pas concernés par les formes graves du covid. Le covid est dangereux aussi pour les jeunes, et notamment avec ce variant Delta qui est très contagieux, le fait que maintenant, pendant les vacances, de manière générale, les jeunes ont une vie sociale plus riche, donc ils ont plus d'interactions, plus de chances aussi d'être contaminés, ce qui fait qu'en ce moment, en France, les 20-29 ans, ils représentent la tranche d'âge qui a le taux d'incidence le plus élevé. Autrement dit, ceux qui sont le plus contaminés par le covid. Et on parlait aussi du covid long, le fait que même après être rétabli, on peut avoir des séquelles, et des conséquences de long terme sur notre santé. Et les jeunes sont très concernés aussi par ce problème. Donc, il y a beaucoup de jeunes qui, même après s'être rétablis, continuent d'être fatigués, par exemple, et qui ont ce qu'on appelle maintenant le covid long.
Ingrid: [00:19:42] Tu parlais justement du Royaume-Uni du fait qu'ils sont très vaccinés, alors ça aussi, c'est quelque chose qui a plutôt joué en défaveur du pass sanitaire et de la vaccination puisque vu de France, on a cette impression que la vaccination ne sert à rien. Donc là, c'est l'autre argument. C'est elle est inefficace puisque regardez au Royaume-Uni, ils ont été très touchés par le variantt delta alors que pourtant, leur vaccination était assez avancée. Donc c'est vrai que ça, c'est quelque chose qui fait peur et qui donne l'impression que le vaccin est inefficace.
Hugo: [00:20:18] C'est vrai. Et heureusement, il y a eu là aussi des études qui ont été faites sur le sujet par rapport au variant Delta. Et la bonne nouvelle, c'est que les vaccins protègent à 90% contre les formes graves du variant Delta, autrement dit, les formes qui peuvent conduire à une hospitalisation, à une pneumonie, etc. Et par contre, c'est vrai que les vaccins, en tout cas ceux qu'on a en Occident, sont un peu moins efficaces contre les formes entre guillemets légères du covid, les formes bénignes ou asymptomatiques. Là, ils sont efficaces à seulement 60%.
Ingrid: [00:20:59] Un autre argument sur le fait que donc c'est inefficace et que ce n'est pas nécessaire est que, de toute façon, les personnes qui sont vaccinées sont quand même contaminées et peuvent quand même contaminer les autres. Donc, au final, c'est un peu l'argument pour dire que le vaccin ne fonctionne pas du tout.
Hugo: [00:21:19] Alors, c'est vrai qu'on a assez peu d'études sur cette question, mais il y en a deux qui sont souvent citées qui montrent que quand même, les vaccins ont tendance à réduire la contagiosité du virus. Donc les personnes qui sont vaccinées ont un peu moins de chance de… même, si elles ont attrapé le covid, ont un peu moins de chances de contaminer les autres. Mais ce qui s'est passé au Royaume-Uni et ce qui est en train de se passer en France, c'est que comme le variant Delta est beaucoup plus contagieux que le variant précédent, le variant Alpha, qui lui-même était plus contagieux que le covid de base. Eh bien pour que les vaccins soient efficaces, il faudrait une immunité collective d'environ 90%. Mais malgré tout, il faut continuer de respecter les gestes barrières, même si on est vacciné. C'est d'ailleurs pour ça que dans certains pays ou dans certaines régions où on avait commencé à lever l'obligation de porter les masques pour les personnes vaccinées, les dirigeants sont un peu en train de changer leur fusil d'épaule et de revenir sur leur décision. Donc voilà, même les personnes vaccinées maintenant doivent porter un masque parce qu'on peut très bien être vacciné et porteur du virus. C'est pour ça qu'il faut continuer de respecter touts les gestes barrières.
Ingrid: [00:22:43] Oui. Et c'est quelque chose qui avait d'ailleurs… qui donne aussi du grain à moudre aux anti pass sanitaire. Parce que ça paraît absurde quand on ne s'intéresse pas vraiment à la question de voir donc que les vaccinés peuvent être contaminés, peuvent contaminer, doivent continuer à porter le masque… Nous, peut-être que vous l'aurez compris, on est plutôt en faveur du vaccin. On a été vacciné tous les deux. Mais c'est vrai que quand on regarde la situation globale, il y a quand même beaucoup d'arguments pour s'inquiéter du vaccin. Mais c'est pour ça que c'est important de se renseigner. Et voilà. Ce que vous faites aussi, peut-être en écoutant et en faisant vos propres recherches.
Hugo: [00:23:39] Maintenant, on va pouvoir passer plutôt à la dimension politique et sociale du pass sanitaire. Alors, d'abord, ce qui a été critiqué, c'est tout simplement la façon de faire d'Emmanuel Macron.
Ingrid: [00:23:54] D'abord, monsieur le président Emmanuel Macron a fait une déclaration à la télévision. Donc, tous les Français étaient devant leur télévision en train d'apprendre qu'on n'aurait plus le droit d'aller dans les cafés sans pass sanitaire. Plus le droit d'aller au restaurant, etc. Et c'est ce qui a amené directement un nombre incroyable de personnes qui ont pris leur rendez-vous, pour se faire vacciner juste après.
Hugo: [00:24:20] C'est vrai que quand on dit aux Français qu'ils peuvent plus aller au restaurant ni au café, là on est sûr de provoquer une révolution. C'est vraiment une décision assez difficile à prendre.
Ingrid: [00:24:32] C'est vrai qu'on a même été moqué à l'étranger. J'ai vu quelques vidéos assez drôles. Mais quand Emmanuel Macron a annoncé ça, en fait, il n'y avait pas de loi qui avait été rédigée. Donc, après les annonces d'Emmanuel Macron, il y a le Parlement, donc les sénateurs et les députés qui, très rapidement, se sont mis au travail pour rédiger une loi. Donc là, c'est bon. La loi, elle, a été votée. D'ailleurs, il y a des choses qui ont été changées. En fait, il y a un trajet de la loi pour ces choses là qui est assez compliqué et long. Mais Emmanuel Macron a décidé de ne pas suivre ce trajet, de faire les annonces. Maintenant qu'il a fait les annonces, a priori, c'est assez difficile pour le reste des personnes impliquées de revenir là-dessus. Et donc ça, c'est quelque chose qui est, de manière générale, très, très macronien, on peut dire. Emmanuel Macron a le surnom de Jupiter. C'est un surnom qui d'ailleurs était beaucoup utilisé par les gilets jaunes, par ses opposants, toutes ces années et qu'il le revendique. Lui-même a dit qu'il voulait gouverner de façon Jupitérienne. C'est ce qu'il a fait là, c'est-à-dire comme un Dieu tout puissant qui décide pour tout le monde sans passer par un débat et en nous surprenant. Et sans faire aucune pédagogie. Donc, on n'a pas eu une progression vers le pass sanitaire. Ça a été maintenant tout de suite et annoncé par Jupiter Emmanuel Macron.
Hugo: [00:26:08] C'est vrai que les Français n'aiment pas trop qu'on leur impose des choses comme ça. Notamment si ça touche aux restaurants, aux cafés, à la culture.