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Introduction to French Poetry, Voltaire (1694-1778) : Épître XXXIII [Les "Vous" et les "Tu")

Voltaire (1694-1778) : Épître XXXIII [Les "Vous" et les "Tu")

Philis, qu'est devenu ce temps Où, dans un fiacre promenée, Sans laquais, sans ajustements, De tes grâces seules ornée, Contente d'un mauvais soupé Que tu changeais en ambroisie, Tu te livrais, dans ta folie, A l'amant heureux et trompé Qui t'avait consacré sa vie ?

Le ciel ne te donnait alors, Pour tout rang et pour tous trésors, Que les agréments de ton âge, Un coeur tendre, un esprit volage, Un sein d'albâtre, et de beaux yeux. Avec tant d'attraits précieux, Hélas ! qui n'eût été friponne ? Tu le fus, objet gracieux ! Et (que l'Amour me le pardonne !) Tu sais que je t'en aimais mieux.

Ah ! madame ! que votre vie D'honneurs aujourd'hui si remplie, Diffère de ces doux instants ! Ce large suisse à cheveux blancs, Qui ment sans cesse à votre porte, Philis, est l'image du Temps ; On dirait qu'il chasse l'escorte Des tendres Amours et des Ris ; Sous vos magnifiques lambris Ces enfants tremblent de paraître. Hélas ! je les ai vus jadis Entrer chez toi par la fenêtre, Et se jouer dans ton taudis.

Non, madame, tous ces tapis Qu'a tissus la Savonnerie, Ceux que les Persans ont ourdis, Et toute votre orfèvrerie, Et ces plats si chers que Germain A gravés de sa main divine, Et ces cabinets où Martin A surpassé l'art de la Chine ; Vos vases japonais et blancs, Toutes ces fragiles merveilles ; Ces deux lustres de diamants Qui pendent à vos deux oreilles ; Ces riches carcans, ces colliers, Et cette pompe enchanteresse, Ne valent pas un des baisers Que tu donnais dans ta jeunesse.

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Voltaire (1694-1778) : Épître XXXIII [Les "Vous" et les "Tu") Voltaire||XXXIII||||| Voltaire (1694-1778): Epistel XXXIII [Das "Sie" und das "Du") Voltaire (1694-1778): Epistle XXXIII [Les "Vous" et les "Tu") Voltaire (1694-1778): Brief XXXIII [Les "Vous" et les "Tu") Voltaire (1694-1778): Epístola XXXIII [Les "Vous" et les "Tu"].

Philis, qu'est devenu ce temps Où, dans un fiacre promenée, Sans laquais, sans ajustements, De tes grâces seules ornée, Contente d'un mauvais soupé Que tu changeais en ambroisie, Tu te livrais, dans ta folie, A l'amant heureux et trompé Qui t'avait consacré sa vie ? ||||||||fiacre|||un valet|||||grâces|||||||||||nourriture divine|||||||||||||||| Philis||||||||car|||lackey|||||||||||supper|||||ambrosia|||delivered||||||||||||| Philis, what has become of that time When, in a carriage, Without lackey, without fittings, With your graces alone adorned, Content with a bad supper That you changed into ambrosia, You gave yourself up, in your madness, To the happy and deceived lover Who had devoted his life to you?

Le ciel ne te donnait alors, Pour tout rang et pour tous trésors, Que les agréments de ton âge, Un coeur tendre, un esprit volage, Un sein d'albâtre, et de beaux yeux. |||||||||||||||plaisirs|||||||||changeant|||of alabaster|||| |||||||||||||||delights|||||||||fickle|||of alabaster|||| Heaven gave you then, For all rank and for all treasures, Only the pleasures of your age, A tender heart, a fickle spirit, An alabaster bosom, and beautiful eyes. Avec tant d'attraits précieux, Hélas ! With so many precious charms, Alas! qui n'eût été friponne ? |||malicieuse |||mischievous who wouldn't have been a rascal? Tu le fus, objet gracieux ! Et (que l'Amour me le pardonne !) Tu sais que je t'en aimais mieux.

Ah ! madame ! que votre vie D'honneurs aujourd'hui si remplie, Diffère de ces doux instants ! that your life of honours, now so full, differs from these sweet moments! Ce large suisse à cheveux blancs, Qui ment sans cesse à votre porte, Philis, est l'image du Temps ; On dirait qu'il chasse l'escorte Des tendres Amours et des Ris ; Sous vos magnifiques lambris Ces enfants tremblent de paraître. ||||||||||||||||||||||l'escorte||tendres Amours||||rire||||boiseries||||| ||||||||||||||||||||||||||||||||paneling||||| This large white-haired Swiss, Who lies ceaselessly at your door, Philis, is the image of Time; It seems to chase the escort Of tender Loves and Laughs; Under your magnificent panelling These children tremble to appear. Hélas ! je les ai vus jadis Entrer chez toi par la fenêtre, Et se jouer dans ton taudis. ||||||||||||||||taudis ||||||||||||||||hovel I once saw them enter your home through the window, And play in your hovel.

Non, madame, tous ces tapis Qu'a tissus la Savonnerie, Ceux que les Persans ont ourdis, Et toute votre orfèvrerie, Et ces plats si chers que Germain A gravés de sa main divine, Et ces cabinets où Martin A surpassé l'art de la Chine ; Vos vases japonais et blancs, Toutes ces fragiles merveilles ; Ces deux lustres de diamants Qui pendent à vos deux oreilles ; Ces riches carcans, ces colliers, Et cette pompe enchanteresse, Ne valent pas un des baisers Que tu donnais dans ta jeunesse. ||||||||Savonnerie||||persans||tissés||||goldsmithing|||||||||||||divine|||||||||||||japonais et blancs||||||||||de diamants||||suspendent|||||||colliers de cou||||||enchanteresse||||||baisers|||||| ||||||fabrics||Savonnerie||||||woven||||silverware|||||||||engraved|||||||||||surpassed|||||||||||||||||||||||||||necklaces||necklaces|||||||||||||||| Non, madame, tous ces tapis Qu'a tissus la Savonnerie, Ceux que les Persans ont ourdis, Et toute votre orfèvrerie, Et ces plats si cher que Germain A gravés de sa main divine, Et ces cabinets où Martin A surpassé l'art de la Chine ; Your Japanese and white vases, All these fragile marvels; These two diamond chandeliers That hang from both your ears; These rich carcans, these necklaces, And this enchanting pomp, Are not worth one of the kisses That you gave in your youth.