LEIBNIZ - Le mal n'existe pas 📏 (1)
Bonjour à tous
Le mal existe-t-il ?
Le mal existe-t-il ? Bon, c'est une question
qui ne date pas d'hier
on sait que Socrate disait
le mal n'est rien
bon Socrate c'était le roi de l'ironie
évidemment quand il disait que le mal n'était rien il fallait
comprendre autre chose, il fallait essayer de décaler son esprit pour essayer de comprendre ce qu'il voulait dire
mais d'une certaine manière il y a du sens dans cette phrase le mal n'est rien
et
c'est sur cette question que
j'aimerais réfléchir à voix haute aujourd'hui
notamment à travers un philosophe
malheureusement assez peu connu du grand public
qui est LEIBNIZ
LEIBNIZ est connu pour son ouvrage essai de théodicée, la théodicée
c'est l'analyse et l'étude
des propriétés de dieu
et notamment de la question
de l'existence du mal sur terre
Autorisé par dieu
Dans la perspective de LEIBNIZ dieu existe c'est un fait pour lui et donc il faut prendre en compte ce présupposé
évidemment dans une société laïcisé
c'est un présupposé qui est un peu coûteux mais on va faire l'effort de jouer le jeu
de partir du principe que dieu existe
Si on admet que dieu existe alors forcément à un moment donné se pose la question
Alors pourquoi le mal existe-t-il?
alors qu'est ce qu'on appelle le mal?
bien le mal ce sont les guerres qui tuent des civils innocents
Le mal ce sont les maladies, les virus qui tuent également des innocents
le mal c'est l'injustice, c'est tout ce qui fait souffrir des personnes qui n'ont pas mérité cette souffrance
c'est ça le mal
Et le fait est que le mal existe
le fait que des gens souffrent
sans avoir était coupable de méfaits
Le mal touche des innocents et c'est d'ailleurs ça la définition du mal, c'est qu'il s'en prend aux faibles et aux innocents
Mais LEIBNIZ
ne nie pas que le mal existe à proprement parlé mais simplement
il essaye de le comprendre et de l'expliquer
la théodicée de Leibniz va consister
à comprendre comment le mal peut exister
dans un monde créé par dieu
Dieu étant défini comme un être parfait
un être omnipotent
et un être bienveillant
comment peut-il autoriser, comment peut-il seulement accepter?
que le mal puisse exister
c'est cette contradiction entre on les propriétés que l'on prêtent à dieu
et l'existence du mal qui fait que Leibniz va s'interroger sur cette question qui est une grande question de la théologie
comment le mal peut-il exister dans un monde créé par dieu?
C'est d'ailleurs une des objections qu'on fait souvent aux croyants
notamment aux croyants religieux en leur disant mais si votre dieu est si parfait
qu'il peut tout, qu'il connaît tout et qu'il est bon
pourquoi laisse-t-il les personnes se faire massacrer?
Pourquoi laisse-t-il des maladies tuer des innocents, des catastrophes naturelles?
pourquoi? et la question est légitime
Seulement LEIBNIZ relève que lorsqu'on pose cette question
on n'est pas attentif à quelque chose de très important
Qui est ce qu'on pourrait appeler
la relativité du mal
qu'est ce que c'est que la relativité du mal?
bien Leibniz l'expliquent assez simplement
il nous dit que
le problème de l'être humain
c'est qu'il est un
un hypersensible du mal
un hypersensible
de la souffrance
on remarque ce qui ne va pas, on remarque la souffrance, on remarque les injustices
mais on ne remarque pas toutes les fois où le mal n'est pas là
on ne remarque pas toutes les fois où tout va bien
Vous savez lorsqu'on est malade, qu'on chope une bonne grippe, ou une bonne gastro
Tout à coup
on envie
le moment où on n'était pas malade, on a l'impression que ce moment où on était en pleine santé, ce moment où
ne souffrait pas
était un moment merveilleux
et c'est seulement quand on souffre, c'est seulement quand on est malade, ou quand on est malheureux
qu'on prend conscience
du bonheur qu'on ressent
quand on n'est pas malade ou quand il n'y a pas de problème
On est attentif à ce qui ne va pas mais d'un point de vue rationnel
Ce n'est pas logique
On devrait finalement d'un point de vue rationnel
mettre dans la balance
tous les moments où ça va
et tous les moments où ça ne va pas
et alors on s'apercevrait de quelque chose d'absolument
déterminant
c'est que les moments où ça va sont bien plus nombreux que les moments où ça ne va pas
J'avais fait une vidéo où je parlais du fait que la réflexion à outrance, la cogitation
excessive et pathologique pouvait nous amener à créer des problèmes à partir de rien
nous sommes très capables nous autres êtres humains
de créer du malheur à partir de rien
Et écartelé que je cite dans ma vidéo
il a cette phrase
à la fois extrêmement simple et pleine de bon sens
qui est de dire
Si vous vous posez la question de qu'est ce qui ne va pas là maintenant?
Vous allez être bien embarrassé parce qu'en réalité là maintenant il n'y a pas de problème
il n'y a pas de problème là maintenant
le problème est toujours une anticipation d'un mal futur
et lorsque le problème se présente à nous, lorsqu'il devient notre présent
on n'a plus le temps de le mentaliser, on n'a plus le temps de le penser comme problème
on doit le gérer
Si vous vous baladez dans la forêt et que tout à coup vous voyez un sanglier qui surgit sur vous
est-ce que vous pensez que vous aurez le temps de vous dire tiens là il y a un problème?
C'est votre corps qui va comprendre qu'il ya un problème c'est votre corps qui
qui va éventuellement fuir
c'est votre corps qui va réagir
Si bien que votre esprit à ce moment là est en veille, il n'a plus rien à dire
Or le problème est une notion mentale, c'est une projection de l'esprit qui correspond à l'anticipation d'un mal futur
Donc le mal est d'abord un produit du mental
c'est d'abord une projection de l'esprit et c'est quelque chose qu'on vit totalement différemment
selon qu'on le projette, selon qu'on l'envisage
et selon qu'on le vit
ce n'est pas pareil
d'anticiper un problème et de le vivre
La relativité du mal
c'est le fait que la plupart de nos maux
sont liés au fait que nous ne sommes pas attentifs au bien
nous ne sommes pas attentifs
à tout ce qui va, à tout ce qui fonctionne et à tout ce qui nous rend heureux
vous savez beaucoup de personnes qui
ont souffert d'une maladie et en ont guéri
ou des personnes qui ont traversé des épreuves très difficiles, des souffrances
et qui finalement ont réussi à s'en sortir
bien ces personnes là ont une autre approche de la vie, une autre manière d'appréhender le bonheur
Pour ces personnes-là un rien peut suffire à les rendre heureux
Comme si
l'expérience du mal
avait produit sur eux
une sorte de réveil de la sensibilité au bien
et au bonheur
Comme si finalement il fallait traverser des épreuves et souffrir
pour se rendre compte que tout compte fait
la vie
c'est plutôt pas mal
Les injustices existent et c'est un fait que Leibniz ne nie pas, d'ailleurs à ce propos
petite parenthèse
Leibniz
c'est Pangloss chez voltaire
dans son conte philosophique Candide pour ceux qui l'ont lu
Pangloss c'est le philosophe de l'optimisme, c'est celui qui trouve toujours le moyen de dire que finalement tout va bien
finalement tout n'est pas si mal et nous vivons après tout dans le meilleur des mondes possibles
Voltaire a voulu caricaturer la pensée de Leibniz qui disait
que tout bien considéré
le mal n'est pas si grave
Voltaire avait écrit un poème sur le désastre de Lisbonne que je vous invite à lire
où il ironisait
sur la pensée de Leibniz
en insistant bien sur le fait que
parfois la mort et la souffrance touchent des innocents et qu'on ne peut pas fermer les yeux sur ces injustices
Sauf que Leibniz ne ferme pas les yeux
Leibniz ouvre les yeux justement
et nous invite à ouvrir les yeux
sur le bien
J'ai intitulé cette vidéo le mal n'existe pas, c'était évidemment une provocation
C'était une manière de caricaturer Leibniz comme le fait voltaire
Car Leibniz ne pense pas que le mal n'existe pas
mais il pense que le mal est une condition pour accéder au bien
Je parlais tout à l'heure de la relativité du mal
la relativité du mal c'est de dire que
nous ne percevons le mal que parce que nous avons connaissance du bien
et c'est parce que
nous avons éprouvé le mal
que nous pouvons percevoir le bien
mais il ya une autre manière d'entendre l'expression de relativité du mal
L'autre manière c'est de dire
que le mal est toujours en quelques manières
une étape vers le bien
alors qu'est ce que ça veut dire là encore?
est ce qu'on n'est pas encore dans
le discours habituel qu'on entend parfois
Chez ces
Spiritualistes ou chez ces mystiques béas pour qui il faut tout accepter?
Au nom de l'amour universel et du lâcher prise
et se dire que après tout
tout a un sens
donc le mal a un sens
Oui, en quelque sorte oui
En quelque sorte
Mais la question est de savoir est-ce que c'est faux?
Est ce qu'il est faux de dire que le mal est souvent
un mal pour un bien ?
est ce qu'il faut de dire que le mal est parfois nécessaire?
Pour accéder à une forme de bien
Et là on se trouve bien embêté parce que généralement, bien c'est le cas
Ce sont nos échecs, ce sont nos souffrances, ce sont nos malheurs qui nous permettent de comprendre
les causes et les origines de cette souffrance ou de ce malheur
Le mal nous donne toujours une leçon
et cette leçon dès lors qu'on est conscient et qu'on la met en pratique
nous permet ensuite de ne pas retomber dans l'erreur donc dans la souffrance et dans le malheur
Nietzsche disait que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort
C'est une manière imagée assez simple et en même temps assez parlante de traduire ce que disait Leibniz à propos du mal
Lorsque nous sommes atteints par un virus pour prendre un exemple au hasard
Nous fabriquons des anticorps
et ces anticorps nous permettront de lutter contre le virus si jamais il venait à se représenter à nous
C'est un mal pour un bien
Vous savez que quand on se fracture un os
il se reconsolide de telle manière qui devient beaucoup plus solide qu'avant
c'est un mal pour un bien
Dans beaucoup de situations de notre vie
nous agissons et ne nous trompons
nous faisons erreurs et nous échouerons
mais pour peu qu'on se montre attentif à nos erreurs
bien il est fort possible que notre erreur se transforme en leçon qui nous permettra ensuite de ne pas reproduire l'erreur
c'est un mal pour un bien
Un mal pour un bien ce n'est pas qu'une expression
Un mal pour un bien
c'est le constat
que
le mal a toujours une double face
La face subjective et immédiate qui est la souffrance
Et puis la phase objective
et qui ne déploie ses effets que dans le temps qui est l'apprentissage
Le mal nous apprend des choses
Combien parmi nous
se sont laissés
abuser
manipuler
ou blesser
par d'autres
et en auront tiré les enseignements de nature à les immuniser contre de nouvelles attaques
Il ne s'agit pas de dire que cette souffrance est une bonne chose en tant que souffrance
il s'agit de dire que cette souffrance est une bonne chose
comme moyen
en vue d'une autre fin
en vue d'une fin qui est l'évolution personnelle
C'est ça la fonction du mal pour Leibniz
Nous aider à progresser
Tout ce que nous faisons mal nous enseigne à faire le bien