LA BOÉTIE - La servitude volontaire 📏 (3)
de la vertu antique qui passe parfois
par l' usage des armes et ils seraient
contrefactuelle de dire que dans
l'histoire
la conquête de la liberté n'a jamais
emprunté la voie de la révolte ou du
combat révolutionnaire
mais le fait est que cette lecture des
rapports de domination avec d'un côté
les oppresseurs et de l'autre les
oppriment m a tendance à nous faire
oublier cette dialectique de
l'interdépendance oppresseurs au prix
même qui nous invite à des essentialiser
notre état de servitude à ne plus le
considérer comme une fatalité hérité à
la naissance
mais comme un mode d'être que l'on peut
accepter ou refuser
parce qu'une bonne citation vaut mieux
qu'une longue explication je vais vous
lire un passage du discours de la
servitude volontaire dans lequel la
boétie exprime parfaitement ce rapport
d'interdépendance de l'oppresseur et de
l'opprimé
le site
or ce tyran seul il n'est pas besoin de
le combattre ni de l'abattre il est
défait de lui même pourvu que le pays ne
consentent points à sa servitude
il ne s'agit pas de lui ôter quelque
chose mais de ne rien lui donnait pas
besoin que le pays se mettent en peine
de faire rien pour soi pourvu qu'ils ne
fassent rien contre soi
ce sont donc les peuples eux mêmes qui
se laisse ou plutôt qui se font malmener
puisqu'il en serait quitte en cessant de
servir c'est le peuple qui ça sert vie
et qui se coupent la gorge qui pouvant
choisir d'être soumis ou d'être libre
repousse la liberté et prend le joug qui
consent à son mal ou plutôt qui le
recherchent si lui coûtait quelque chose
pour recouvrer sa liberté
je ne l'en prêt serait pas même si ce
qu'il doit avoir le plus à coeur et de
rentrer dans ses droits naturels est
pour ainsi dire de bêtes redevenir homme
mais je n'attend même pas de lui une si
grande hardiesse j'admets qu'il aime
mieux je ne sais quelle assurance de
vivre misérablement qu'un espoir douteux
de vivre comme il l'entend mais quoi si
pour avoir la liberté il suffit de la
désirer s'il n'est besoin que d'un
simple vouloir se trouvera-t-il une
nation monde qui croient la payer trop
cher en l'acquérant par un simple
souhait est qu'ils regretteraient sa
volonté de recouvrer un bien qu'on
devrait racheter au prix du sang et dont
la perte rend à tout homme d'honneur la
vie amère et la mort bienfaisante
certes comme le feu d'une petite
étincelle grandit et se renforce
toujours et plus ils trouvent de bois à
brûler plus ils en dévore mais se
consume et finit par s'éteindre de
lui-même quand on cesse de l'alimenter
de même plus les tyrans pillent plus il
exige plus il urine et détruisent plus
on leur fournit plus on les sert
se fortifie d'autant deviennent de plus
en plus frais et dispos pour tout
anéantir et tout détruire
mais si on leur fournit rien si on leur
obéit pas sans les combattre sans les
frapper il reste nu et des faits et ne
sont plus rien de même que la branche
n'ayant plus de sucre ni d'aliments à sa
racine devient sèche est morte
ce que prônent la boétie c'est la
réappropriation par le peuple de la
force
non pas la force comme violence
non pas de la force comme agressivité de
la force comme résolution
de la force comme fermeté de l'âme
de la force comme capacité à simplement
dire non
vais pas crier ou à gesticuler dans tous
les sens
juste dire non
quand la boétie
introduit la notion de force dans son
discours il ne fait en réalité que
réintroduire la pièce maîtresse des
rapports de domination politique
et si cette idée dérange nos esprits
c'est parce qu'elle est un coup de
réalisme dans le visage de l'idéalisme
rappelez-vous dans l'épisode sur le
pragmatisme de william james
on avait parlé de cette tendance
naturelle à admirer l'idéal
admirez l'abstraction
réalisme c'est notre désir de nous
réfugier dans la perfection de l'idéal
est de fuir la réalité parce qu'elle ne
nous semble pas digne d'admiration
au réalisme des rapports de force nous
préférons l'élégance de la formule sur
tableau noir
sauf que la réalité n'est pas un tableau
noir
problèmes du peuple qui se plaint de sa
servitude 2
c'est son absence de réalisme c'est son
absence de pragmatisme
c'est cet idéalisme qui conduit à croire
qu'il suffirait d'informer les
dirigeants qu'ils a service le peuple
pour qu'aussitôt ils cessent de la
servir
ou qu'il faudrait théoriser un modèle
politique juste et vertueux pour
qu'aussitôt les dirigeants se mettent à
l'appliquer
mais enfin vous pouvez dessiner le plus
beau modèle politique sur un tableau
noir
tant que vous n'avez pas le pouvoir
votre modèle politique ce n'est qu'un
dessin
se demander ce que serait le système
politique idéal alors même que le
pouvoir d'imposer ce modèle est égal à
zéro
ça n'a aucun intérêt
parce que votre système politique idéal
le pouvoir s'en fiche complètement
et passer des heures à théoriser la
société idéale c'est comme passer des
heures à réécrire le dernier star wars
autre film sera peut-être le meilleur
film qui ait jamais été écrit mais il
sera jamais rien d'autre qu'un fichier
word sur votre disque dur
il ne sera jamais réalisé
la boétie nac
16 ans lorsqu'il écrit son discours de
la servitude volontaire
et pourtant peut-être parce qu'il a lu
les anciens et machiavel il ne se fait
aucune illusion sur la réalité du
pouvoir politique
car par définition
du pouvoir ces deux sous m
un accident du pouvoir la soumission
n'est pas un effet malencontreux d'une
dérive autoritaire
c'est l'essence même du pouvoir
croire que le pouvoir pourrait déroger à
ce principe croire que le pouvoir
pourrait vouloir notre liberté et notre
émancipation relève du pur fantasme
que peut éventuellement faire le pouvoir
c'est faire en sorte de diminuer la
sensation de sa pression sur notre
liberté
c'est mettre les formes
c'est en robes et le réalisme de la
servitude par le formalisme du sentiment
de liberté
et c'est amusant de voir comme nous nous
montrons parfois très méfiants à l'égard
des gens qui partagent notre condition
et en même temps très confiants à
l'égard de ceux dont le métier est de
nous asservir
ce comme l'écrit la boétie qui avant de
commettre leurs crimes les plus graves
les font toujours précédé de quelques
jolis discours sur le bien public et le
soulagement des malheureux
tirant n'est pas quelqu'un qui ignore
qu'il est un tyran
le pouvoir n'ignore pas qu'il ait le
pouvoir
il est conscient de lui même
et n'attend pas qu'on lui signifie qu'il
est le pouvoir pour renoncer à l'être
non
et de force
concept est un concept la déficience que
pour autant qu'ils aient soutenu par une
puissance d'incarnation
de la même façon que la vérité existe
indépendamment de nous mais que si nous
voulons la voir triompher
si nous voulons qu'elle devienne une
force d' influence matérielle c'est à
nous de l'incarner
c'est à nous de la faire advenir
je terminerai ça
ou en vous lisant un dernier extrait du
discours de la servitude volontaire un
extrait qui je pense résume mieux que je
n'aurais su le faire la vision de la
boétie
je cite pauvres gens misérables peuple
insensé nation opiniâtre à votre mal et
aveugle à votre bien vous voulez c'est
enlever sous vos yeux le plus beau et le
plus clair de votre revenu vous laisser
piller vauchamps volée et dépouillé vos
maisons des vieux meubles de vos
ancêtres vous vivez de telle sorte que
rien n'est plus à vous il semble que
vous regarderez y est désormais comme un
grand bonheur qu'on vous laisse à
seulement la moitié de vos biens de vos
familles de vos vies et tous ces dégâts
ses malheurs cette ruine ne vous
viennent pas des ennemis mais certes
bien de l'ennemi de celui là même que
vous avez fait ce qu'il est de celui
pour qui vous allez si courageusement à
la guerre et pour la grandeur duquel
vous ne refusez pas de vous offrir vous
même à la mort ce maître n'a pourtant
que deux yeux
demain un corps et rien de plus que dans
le dernier des habitants du nombre
infini de vauville ce qu'il a de plus ce
sont les moyens que vous lui fournissez
pour vous détruire
d'où tire-t-il tous ces yeux qui vous
épie si ce n'est de vous comment a t'il
temps demain pour vous frapper
s'il ne vous les empreintes les pieds
dont il foule vos cités ne sont ils pas
aussi les vôtres at il pouvoir sur vous
qui ne soit de vous même comment
oserait-il vous assaillir s'il n'était
d'intelligence avec vous quel mal pour
et ils vous faire si vous n'étiez les
receleurs du larron qui vous pillent les
complice du meurtrier qui vous tuent et
les traîtres de vous même
vous semez vos champs pour qu'ils aient
des vastes vous meubler remplissez vos
maisons pour fournir ses pires i
vous élever vos filles afin qu'ils
puissent assouvir sa luxure
c'est vos enfants pour qu'ils en fassent
des soldats dans le meilleur des cas
pour qui les mène à la guerre
à la boucherie
qu'ils les rentes ministre de ses
convoitises et exécuteur de ses
vengeances
vous vous usez à la peine afin qu'ils
puissent mignard des danses et des lices
et se vautrer dans ses salles plaisir
vous vous affaiblissez afin qu'il soit
plus fort et qu'il vous tiennent plus
rudement la bride plus courte
et de tant d'indignités que les bêtes
elles mêmes ne supporterait pas si elle
les sentez vous pourriez vous délivrer
si vous essayez même pas de vous
délivrer seulement de le vouloir
[Musique]