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La science face au crime - Cold Cases Saison 1, Cold cases (3_8) Alexandre Junca

Cold cases (3_8) Alexandre Junca

Avant d'écouter ce troisième épisode sur l'affaire Alexandre Junka,

nous souhaitons vous prévenir que certains passages peuvent être difficiles à entendre.

Cold Case, la science face au crime.

Troisième épisode, l'affaire Alexandre Junka et le rôle décisif de la médecine légale.

Le soir du 4 juin 2011, dans le centre-ville de Pau,

Alexandre Junka, 13 ans, disparaît subitement,

alors qu'il rentre seul d'une fête entre amis.

L'adolescent a été tué, son corps est retrouvé dans la rivière qui traverse la ville.

Des expertises ADN, l'exploitation de la téléphonie vont faire avancer l'enquête,

mais l'implication d'un légiste va s'avérer déterminante.

L'affaire Alexandre Junka et le rôle décisif de la médecine légale,

un récit de Pierre de Cossette.

Un enfant de 14 ans a disparu à Pau.

Alexandre Junka n'a pas donné signe de vie depuis samedi dans la nuit.

Il devait rejoindre le domicile de son père près de la place de la République.

Friand et assez énergique, mais bon, par contre, son défaut, c'est très influençant.

Plus le temps passe, plus la disparition d'Alexandre est inquiétante.

C'est un élève qui est bien intégré dans son collège, bien intégré dans sa bande de camarades.

Aucune raison, objectif de penser qu'il ait eu envie de fuir.

La victime est un enfant, un jeune adolescent.

Cette voix, c'est celle de Jean-Christophe Muller.

En 2011, il est depuis peu procureur de la République à Pau.

Nous le retrouvons aujourd'hui à Paris, dans une salle d'audience du vieux Palais de Justice,

île de la Cité, où comme avocat général, il porte l'accusation dans des affaires criminelles.

Mais l'affaire Junka, c'est peut-être le dossier de sa vie.

Moi, j'ai des enfants qui avaient cet âge-là.

Et donc, évidemment, il y a un phénomène d'identification.

Dans les premiers temps de l'enquête, on n'avait aucune piste.

Par conséquent, ça avait créé localement un véritable climat extrêmement lourd,

qui nous motivait aussi pour avancer dans ce dossier avec la police.

Un climat lourd, ça se traduisait comment ?

Un climat lourd, c'est ce qu'on peut imaginer lorsque un adolescent disparaît

une nuit dans une ville de 80 000 habitants,

et qu'on peut se demander si quelque part ne rôde pas un prédateur

qui serait susceptible de s'en prendre ultérieurement à d'autres personnes.

Et puis, au-delà de ça, le coupable était dans la nature.

Qu'est-il arrivé à Alexandre ?

Selon l'enquête de police menée par le commissariat de Pau,

aucune piste n'est écartée.

Son téléphone est actuellement éteint, donc on ne peut pas le localiser.

Nous avons différentes pistes par rapport aux éléments que l'on a.

Ces pistes, en revanche, ne nous permettent pas de privilégier

une hypothèse plutôt qu'une autre, et donc du coup,

nous suivons toutes les pistes possibles.

Fugue, disparition, accident, tout le volant de l'hypothèse est survolé.

Alexandre Junka est un adolescent sans histoire, comme on dit.

Une mèche sur le front, fan de skateboard et de jeux vidéo.

Cette soirée du 4 juin 2011, un samedi, il la passe avec des copains.

Une fête de quartier, à Pau.

Il prévient son père qu'il rentrera à 23h, mais il ne rentrera jamais.

Je m'appelle Jean Oudebay.

En 2011, lors de la disparition d'Alexandre,

j'étais le chef de l'antenne de la police judiciaire de Pau.

Lui non plus n'a pas oublié.

Le commandant Oudebay nous reçoit chez lui, dans le Béarn.

Il est aujourd'hui à la retraite et se souvient parfaitement

du moment où la police judiciaire, la PJ, est saisie de l'enquête.

Les photos d'Alexandre étaient placardées un peu partout dans Pau.

On a vite compris que c'était une affaire importante

et qu'il fallait du temps pour la régler.

Parce qu'on avait vu qu'il a disparu le 4,

dans le parcours de 1500 mètres à peu près,

entre l'endroit où il a quitté ses trois camarades

et l'endroit où il a couvert son vélo.

Au début, on a fouillé partout, notamment les bougies de gout et tout ça.

Et après, on s'est rendu compte qu'il y avait une caméra au bureau de poste,

au-dessus du distributeur automatique de billets.

Et on a vu sur les images Alexandre qui passait tranquillement en vélo sur le trottoir.

Donc on a compris qu'il avait disparu entre la poste

et l'endroit où a été découvert son vélo.

L'actualité régionale est également à Pau,

où l'inquiétude est vive suite à la disparition, depuis samedi, d'Alexandre,

13 ans et demi.

Le vélo de la délaissant a été retrouvé près des Halles.

En plus, le laboratoire de Mépiche, qui a fait les expertises,

avait mis en évidence son profil ADN sur le cadenas du vélo.

Donc on a pensé que c'est lui-même qui l'avait attaché au poteau,

alors que généralement, quand il rentrait chez son père,

il le mettait dans le hall où il était en sécurité.

Ce qui est, enfin, à mon avis, extraordinaire,

c'est qu'à 22h59, à quelques mètres de là,

il y a une personne qui gisait ivre morte dans le caniveau.

Les secours viennent sur place.

Les pompiers, des personnes se sont arrêtées parce que la circulation était bloquée.

On a entendu une dizaine de personnes.

Elles n'ont rien vu.

Enfin, un rapport avec la disparition d'Alexandre.

Là, la difficulté dans cette affaire, c'est qu'on n'avait pas de scène de crime,

on n'avait rien.

On ne savait pas, enfin, au départ, comment il avait disparu.

On ne savait rien.

Parce que dans une affaire criminelle classique,

vous avez la scène de crime, le homicide,

donc ça vous amène déjà les conditions dans lesquelles elle a été tuée,

manque de voisinage, enfin bon,

tout ça qui vous amène beaucoup d'éléments au départ.

On est partis sur deux principes, soit un délinquant sexuel,

soit des patients du CHP,

Centre hospitalier des Pyrénées, l'hôpital psychiatrique de Pau.

On a ciblé les cas sexuels et, bon,

enfin, on fout, entre guillemets, au départ.

Depuis six jours, on est sans nouvelles d'Alexandre Juncker.

Les enquêteurs n'ont pas d'éléments probants.

30 enquêteurs travaillent sur cette disparition.

Vérifient tous les témoignages.

Ils ont distribué la photo dans tous les commissariats

et gendarmeries de France.

On l'a entendu, il n'y a pas à ce stade de scène de crime,

seulement une disparition.

Pas plus que les autres, le procureur Muller

ne sait combien de temps durera l'enquête.

Alors on va préserver tous les indices possibles

et particulièrement les données téléphoniques.

On va essayer de repérer les antennes relais téléphoniques

et de savoir qui a utilisé à cet instant précis,

à cet endroit précis, le relais téléphonique

qui est immédiatement activable à proximité.

C'est ce qu'on appelle un travail de bornage.

Le premier sujet, c'était d'abord de geler en quelque sorte

ces données téléphoniques,

parce que tout ça n'est pas conservé in aeternam.

Donc il s'agit de geler la situation

pour qu'ensuite, on puisse revenir sur le sujet,

étudier sans qu'on nous dise du côté des opérateurs

« ah bah oui mais désolé, vous êtes arrivés trop tard,

on ne peut plus vous donner ces informations-là ».

Il faut qu'on sache exactement quel est le trafic téléphonique

à l'instant T sur les zones qui nous intéressent.

Pour vous donner une idée,

on a dû traiter dans ce dossier

environ 4 millions de données téléphoniques.

Il ne s'agit pas d'écoute téléphonique, entendons-nous bien.

Le sujet, c'est de savoir

quelles lignes activent

tel borne téléphonique à tel endroit.

Mais ensuite, à partir du moment où,

ultérieurement, on identifiera des suspects,

on pourra leur dire « oui mais dites,

à tel jour, à telle heure, votre téléphone a activé le relais

qui se trouve à la verticale de la rue Truc

où s'est déroulé tel fait ».

Ces données téléphoniques,

elles seront exploitées par deux enquêteurs

pendant de longs mois sur un logiciel spécialisé,

Mercure.

Mais c'est une découverte majeure qui va donner à l'affaire

la dimension que chacun redoutait.

Alexandre a été tué.

Le 26 juin, 22 jours après la disparition,

un sans domicile fixe découvre le reste d'une cuisse

dans le Gave, la rivière qui traverse Pau.

L'ADN, pour la seule fois dans ce dossier, va parler.

Les plongeurs fouillent le Gave de Pau à la recherche

d'autres restes du corps d'Alexandre.

Les analyses ADN sont terriblement formelles.

Le fragment de jambe retrouvé par un SDF au bord de l'eau

appartient bien à l'adolescent.

C'est une information qu'il va falloir donner

aux parents de l'enfant avant qu'ils ne l'apprennent

d'une autre manière.

C'est-à-dire de façon indirecte, par des bruits

ou des indiscrétions, etc.

Cette annonce, ce sont la juge d'instruction

et le procureur Muller qui vont en avoir la charge.

C'est un moment évidemment tout à fait difficile

pour faire cette annonce.

À partir de là, on change évidemment de dimension

sur le plan juridique puisqu'on n'est plus dans la disparition.

On est dans la mort, potentiellement dans le meurtre,

éventuellement dans l'assassinat.

Je revois ce moment-là très précisément

avec les parents de la victime.

Ce qu'attendent les parents d'une victime en règle générale,

lorsqu'ils sont malheureusement confrontés à une épreuve

aussi épouvantable que celle-ci, ils attendent sans doute

qu'on participe à leur douleur, bien sûr,

mais ils attendent plus.

Ils n'attendent pas qu'on pleure avec eux.

Ils attendent qu'on agisse pour aller de l'avant.

On a passé la journée d'hier à ne pas y croire,

à se dire que ce n'est pas possible,

tout en sachant que c'était vrai.

Mais il y a quelque chose au fond de nous qui nous disait

que non, ça ne peut pas être lui.

Pour nous, c'est dur de se dire qu'en fait,

il n'avait vraiment aucune chance, il a pu tenter n'importe quoi.

Cette cuisse, il va falloir la regarder, l'analyser.

C'est le moment où intervient le docteur Benali.

Côtoyer la mort, c'est son quotidien de médecin légiste depuis 20 ans.

Plusieurs milliers de corps sans vie sont passés sous ses yeux.

L'arbitre Benali nous reçoit à l'hôpital Pellegrin, à Bordeaux.

C'est là qu'il exerce et qu'il se trouvait lorsqu'il a été contacté

pour la première fois dans ce dossier.

Alors oui, je m'en souviens très, très bien

parce que je me trouvais à l'Institut Médico-Légal,

où on se trouve actuellement,

et des enquêteurs m'ont contacté directement,

m'ont demandé s'ils pouvaient venir à l'Institut Médico-Légal

pour me montrer des photos d'une affaire qui était en cours dans la région.

Je n'en savais pas plus.

J'ai accepté, bien sûr.

Ils m'indiquent ce qu'on peut faire pour remonter à un éventuel hauteur

à partir d'une pièce anatomique isolée.

Techniquement, j'enlève tout le caractère émotionnel de la vision de cette cuisse

que l'on sait sûrement appartenir à un adolescent.

Spontanément, on regarde les extrémités des deux plans de coupe.

Déjà, pour avoir une idée de l'agent vulnerant,

c'est-à-dire de l'instrument qui a été à l'origine de la coupe.

On ne comprend pas trop.

On a l'impression qu'on a quelqu'un qui a du matériel,

qui a beaucoup de matériel.

Pour sectionner une tête fémorale, il faut une scie,

une feuille de boucher, un hachoir ou autre.

En même temps, autour de cette tête fémorale,

on a des signes qui nous montrent que la personne n'a pas forcément un matériel très adéquat.

D'emblée, cette cuisse est discordante par sa morphologie, par les plans de coupe.

Spontanément, on pense que cette cuisse a été traitée par non pas un auteur,

mais peut-être deux, avec des profits probablement différents.

Un qui semble connaître un tout petit peu l'anatomie,

et un autre qui est complètement …….

Le Dr Benali a parlé de l'agent vulnerant

qui a permis de démembrer le corps d'Alexandre.

Pour avoir une idée plus précise encore,

il va notamment réaliser des prélèvements sur l'os,

à la recherche de résidus métalliques.

L'autopsie en grec, c'est voir soi-même.

Donc ça c'est important.

C'est vraiment notre travail, c'est un travail de constatation.

Par exemple, si on a une concentration importante de titane,

on sait qu'on va être sur du matériel professionnel,

chirurgical, ou peut-être même de boucherie,

donc ça va nous orienter vers un type ou un profil d'auteur.

Sans surprise, on ne trouve rien de spécifique.

On a de tout, de l'aluminium, du titane,

donc on peut penser qu'il y a eu une pollution par les os,

par le milieu de séjour de la cuisse.

C'est une attente qui devient quasiment insoutenable,

puisque pour l'instant nous n'avons qu'aucune réponse,

ni sur les circonstances du décès d'Alexandre,

ni sur un éventuel auteur, ni sur son corps.

Que des interrogations,

et c'est vrai que c'est extrêmement compliqué à gérer au quotidien.

Dans le même temps, au laboratoire de police scientifique de Marseille,

on essaie de dater la présence dans l'eau de ce qui constitue à ce stade

l'unique espoir de retrouver le ou les meurtriers d'Alexandre.

Les survols en hélicoptère sur 30 km en aval du Gave de Pau

pour retrouver le reste du corps du garçon ne donnent rien.

Mais les enquêteurs vont s'intéresser à une digue construite 200 m en amont de la découverte,

une dizaine de jours après la disparition du garçon.

Mi-octobre, des fouilles sont organisées dans ce petit bout de canal désormais à sec.

On retrouve des os, et le téléphone du Dr Benally sonne de nouveau.

C'est l'urgence, et on m'envoie un hélicoptère ici,

et je pars avec un collègue anthropologue biologiste,

parce qu'on sait qu'on va probablement faire des fouilles,

des fouilles de façon archéologique, à la truelle, au pinceau et à quatre pattes.

Et donc on s'organise avec les pompiers, avec tous les services qui peuvent nous apporter de l'aide,

parce que c'est 16 heures, et on sait qu'on va passer la nuit à travailler, à fouiller et à chercher des restes humains.

Ah ben là, il y avait, je crois, 700 ou 800 kilos de terre,

qui ont été ensuite analysées pour rechercher des petits débris, des dents, des petits os,

des fois aussi des éléments matériels, ça peut être n'importe quoi, un bouton de jean, voilà.

Parce qu'à ce stade-là, les restes qui nous sont présentés ne sont pas identifiés formellement.

Bon, on se doute bien qu'ils appartiennent probablement à Alexandre Juncker, mais pour l'instant, il n'y a pas de preuves.

Donc tout ce qui peut faire l'objet d'un indice, d'une preuve ou autre, est pris.

Un élément qui est central dans ces affaires, il faut toujours essayer de retrouver la tête.

La tête, c'est ce qui va souvent nous orienter vers la cause de décès,

mais si on a la cause de décès, si on a la typologie du mécanisme de la mort,

ça peut nous orienter vers un auteur, vers un mobile, par exemple.

Est-ce qu'il a pris une balle dans la tête ? On est peut-être sur un crime crapuleux ou autre.

Est-ce qu'il y a eu, par exemple, l'action d'armes blanches ? Et ça peut nous donner aussi un certain profil.

Il nous faut avoir le maximum d'indices et surtout, il nous faut avoir la cause du décès.

On n'est pas dans les experts Miami, où tout est magnifique.

Là, on fait ce qu'on appelle du carottage, on fait des carrés comme ça,

où on sait qu'on analyse, on fait des stries comme ça et on analyse point par point.

Là, on est sur les fouilles centimètres par centimètre.

Vraiment, notre hantise, c'est de passer à côté de quelque chose, à côté d'une preuve.

Parce que là, on est au stade où toutes les parties sont des preuves.

On n'a pas d'autres alternatives. Il faut tout récupérer.

Et c'est sous un rondin de bois, lesté par une lourde pierre, qu'une partie du corps d'Alexandre et son crâne sont retrouvés.

Si ça ne dit rien encore des circonstances de la mort de l'adolescent,

pour le docteur Benally, ça révèle l'organisation des meurtriers pour qu'on ne retrouve pas son corps.

Ça n'a pas été jeté comme ça, dans tous les sens.

Nous, on a vraiment la conviction que les personnes qui ont fait ça,

ce ne sont pas des malades psychotiques, schizophrènes ou autres qui ont pu faire ça.

Parce qu'on est sur un schéma qui est organisé, qui est réfléchi.

On a des personnes qui ont réfléchi à la bonne stratégie de dissimulation du corps.

Il n'y a plus aucun doute, les restes humains découverts dans le canal latéral au Gave de Pau appartiennent bien au jeune Alexandre Juncker.

Après trois jours de fouilles, les enquêteurs disposent de la quasi-totalité du corps de l'adolescent.

Des restes bien conservés dans un amas de boue et de vase.

D'autres éléments matériels ont également été mis au jour.

À cet instant, l'arbitre Benally le reconnaît, il est un peu plus que médecin légiste.

Moi, je ne suis pas un profileur, mais en tout cas, je pense que le médecin légiste qui voit des lésions, tous les jours, c'est son travail,

bien sûr que quand on voit une lésion pour nous, on se dit, par quoi ça a été fait et qui a pu le faire ?

Dans cette affaire, on est allé au-delà de notre fonction.

C'est une affaire hors norme, exceptionnelle.

Donc, bien sûr que je ne vous raconterai pas toutes les théories que l'on a pu faire avec certains collègues.

Oui, il y a eu un dépassement de fonction.

Et parce que c'était un enfant ?

Parce que c'est un enfant, parce qu'on sait qu'on a vraiment une plus-value sur ce type d'affaires complexes.

Et plus c'est complexe et plus le médecin légiste a une plus-value pour l'enquête.

Je ne vais pas hiérarchiser les violences, mais quand on a un coup de couteau qui atteint le coeur, pour nous, c'est assez simple.

On connaît la cause de décès, on connaît l'instrument.

Là, on est parti de l'antipuzzle.

D'habitude, on part d'une globalité et puis on arrive à la cause de décès.

On part d'une pièce isolée et on essaie de remonter en remettant les morceaux côte à côte, les morceaux du corps.

On les remet côte à côte pour essayer de comprendre ce qui s'est passé.

Ce crâne, on sait qu'il est central.

On sait qu'il peut d'emblée nous donner la cause médicale de décès.

On va le transporter dans une malle avec du sable, avec des précautions, comme si c'était un bijou d'une grande valeur.

Le crâne est nettoyé, il est scanné.

On va le passer au scanner.

On retrouve sur la partie frontale du crâne une fracture un peu atypique, qui est isolée des autres fractures.

On fait de la reconstruction 3D, c'est-à-dire qu'on va pouvoir tourner dans tous les sens la tête à partir d'outils informatiques.

On s'aperçoit par des techniques d'imagerie, on a une fracture qui part presque à 90 degrés, qui est une fracture instrumentale, on en est sûr.

Cette fracture va être mesurée, on fait ce qu'on appelle la morphométrie de la fracture.

On arrive au résultat que cette fracture mesure autour de 35 mm de long, qu'elle est rectangulaire.

On va rechercher un outil de ce type.

L'outil, ça peut être quoi ?

À ce stade-là, l'hypothèse la plus forte, c'est un marteau.

On met l'hypothèse, on explique, et on dit dans nos rapports, et même lors des réunions, il faut rechercher un marteau.

Nous sommes 4 mois après les faits, 80% du corps d'Alexandre a été retrouvé, mais pas son ou ses meurtriers.

L'enquête, qu'on appelle classique, de police judiciaire, du commandant Hourdebaix et des nombreux policiers qui n'endorment pas, ne livre rien de concluant.

Des fois, il faut... Vous n'avez rien, il faut... Enfin, peu de choses, c'est important. Un petit élément qui vous permet de débloquer plein de choses.

Le 2 juillet 2012, un an et 28 jours après la disparition d'Alexandre, les obsèques du collégien sont enfin célébrés.

L'indispensable moment pour le deuil des proches et d'une mère, Valérie Lance, dont l'oeil est attiré en ce même mois de juillet, coup de pouce du destin, par trois lignes écrites à la main.

Donc, il y avait un registre qui a été ouvert à la mairie de Pau, donc on lui a remis le registre, elle a regardé. Elle a été intriguée par un mot signé « Mike SDF ».

« Je connais ce qui est arrivé et je plainte les parents. Et le connard qui a fait cela est sous terre. » Signé « Mike SDF ».

Donc, c'est sûr que c'est un peu intriguant. Bon, ça veut dire qu'il connaît l'auteur de l'homicide.

On a fait des recherches, on a essayé d'identifier plusieurs « Mike ». Bon, c'était un peu compliqué parce qu'on avait recensé qu'il y avait à peu près 80 SDF, je crois, sur Pau.

On ne saura jamais qui a vraiment rédigé ce mot sur le livre d'hommage. La graphologie n'a rien donné.

Mais ce qui est certain, c'est qu'un SDF, Michael Bérel, est identifié et qu'il devient le suspect numéro un du meurtre.

Un proche, Claude Ducos, 72 ans, est lui soupçonné d'avoir procédé au démembrement du corps d'Alexandre Junka.

Enfin, les données téléphoniques gelées un an auparavant vont trouver leur utilité.

La téléphonie nous aide parce qu'à partir de 23h, il appelle sa copine Fatima Enajat.

Des appels répétés. Peu après minuit, il appelle à plusieurs reprises son copain Claude Ducos.

Il leur appelle, il laisse des messages. Claude Ducos, la nuit, je crois qu'il se couchait tous les soirs à 9h.

Il coupe son téléphone, il le dira lui-même. On a dit que c'était bizarre son attitude.

Ça voulait dire qu'il était un peu en détresse et qu'il appelait à l'aide.

Ça laissait présager que quelque chose de grave s'était passé.

Ce qui va se dégager assez rapidement, c'est que les lignes téléphoniques des suspects vont avoir une activité extrêmement suspecte à chaque endroit et à chaque heure déterminante du dossier.

Pareil, dans la nuit qui est déterminée comme étant celle au cours de laquelle le corps de l'enfant a été immergé dans la rivière.

Dix jours plus tard.

Les activités téléphoniques des uns et des autres font apparaître que c'est précisément les relais de cet endroit-là qui étaient activés.

Et là aussi, on suit par la facturation détaillée des téléphones, on suit les parcours des gens qui activent successivement des bornes au fur et à mesure de leur progression dans l'espace.

On reconstitue en quelque sorte leur parcours.

C'est ça qui concrètement est le résultat de ces investigations téléphoniques.

Il y a un deuxième élément qui va nous orienter vers cet homme.

Ça fait partie des recherches minutieuses de police.

C'est que cet homme a été condamné parce qu'il a déjà agressé une autre personne avec un marteau.

Et on va retrouver ce marteau.

Sur ce marteau, on ne retrouvera pas l'ADN de la victime.

Mais ce marteau, les médecins et les légistes vont nous dire qu'il est compatible avec la nature des blessures qui ont été constatées sur le crâne de l'enfant.

Jusqu'à ce moment-là, on était vraiment dans le brouillard.

À partir de ce moment-là, l'auteur des faits était là.

Il était dans la ville, dans le quartier.

Il était proche de nous, presque sous les yeux.

Rebondissement dans l'affaire Alexandre Gincas.

L'information est tombée à la mi-journée.

Cinq personnes majeures ont été placées en garde à vue ce matin.

Deux interpellations ont eu lieu à Pau, une à Tarbes, à Lourdes et enfin la dernière à Bayonne.

Avril 2014, près de deux ans après la disparition d'Alexandre Gincas, Michael Beyrelle est interpellé.

Le scénario se dessine. C'est son acolyte Christophe Camille qui a voulu voler le téléphone portable de l'adolescent.

Beyrelle lui a donné le coup de marteau, sans doute fatal, tandis que Claude Ducos, retraité chasseur, s'est occupé de découper le corps d'Alexandre.

Mardi, face aux accusés, elle dira ce qu'elle ressent.

2016, cour d'assises de Pau.

Je me prie de la colère et de la haine. Ce sont des gens pour moi qui ne sont même pas des personnes.

C'est des monstres.

J'ai envie de les voir et j'ai envie qu'ils me voient.

Je représenterai Alexandre.

S'ils ont vu le visage d'Alexandre, au moins qu'ils se rappellent du visage de la maman d'Alexandre.

Le médecin légiste Larbi Benali y est appelé pour témoigner.

Il va y raconter notamment que celui qui a découpé le corps d'Alexandre s'est sans doute inspiré de la méthode employée pour tuer le cochon.

Pendant l'enquête, le docteur s'est même rendu dans un abattoir pour observer.

Moi, quand j'écris un rapport, je me dis toujours qu'est-ce qu'on peut m'opposer.

Chaque mot est pesé en se disant est-ce que c'est le bon mot, est-ce que c'est le bon verbe, est-ce que c'est le bon temps, est-ce que je ne devrais pas mettre le conditionnel.

Il y a dix ans, c'était vraiment l'expert qui arrive, qui dit ces trucs.

Maintenant, il faut montrer techniquement, il faut prouver.

Les gars sont sur Google en même temps que vous parlez, ils vérifient.

Donc quand on ne sait pas, il faut rester prudent.

Quand on sait, il faut y aller.

Il faut montrer qu'on a un vrai apport pour la justice, etc.

Le verdict de l'un des procès les plus attendus de ces dernières années est tombé hier.

La perpétuité pour le principal accusé, Michael Bérel, un des complices écope de 15 ans de réclusion criminelle.

Les deux autres sont condamnés à trois ans de prison.

Ce dossier, je crois qu'il résume ce qu'est la médecine légale.

En tout cas, moi, me concernant, il y a tout de la médecine légale.

Il est d'une complexité majeure pour nous.

Et le fait d'avoir contribué à la manifestation de la vérité, c'est un résumé de notre travail.

Tout ce qu'on voulait, c'est qu'ils partent tous dormir ce soir en prison.

Donc ça, c'est la satisfaction totale.

Maintenant, on va pouvoir se consacrer à nous, à nos vies.

Et Alexandre sera, à mon avis, un peu plus serein dans nos mémoires et dans notre coeur.

On s'était fixé cette mission de réussir et de trouver l'auteur.

Même si, voilà, nous on ne fait pas de la réanimation, on ne sauve pas des personnes.

Mais le fait, je pense, pour une famille, de mettre un visage sur des auteurs,

peut-être avoir des explications, je pense que c'est important.

Et se dire que voilà, on n'a pas été seul autour de cette affaire

et qu'il y a des gens qui ont travaillé et qui ont réussi quand même à retrouver l'auteur.

De cette abominable assassinat.

Prise de son Sandrine Malon. Archive Denis Fanger.

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Cold cases (3_8) Alexandre Junca Cold|cases||Junca Cold cases (3_8)

Avant d'écouter ce troisième épisode sur l'affaire Alexandre Junka, ||||||||Junka

nous souhaitons vous prévenir que certains passages peuvent être difficiles à entendre.

Cold Case, la science face au crime. |Case|||||

Troisième épisode, l'affaire Alexandre Junka et le rôle décisif de la médecine légale. ||||Junka|||||||medicine|

Le soir du 4 juin 2011, dans le centre-ville de Pau, |||||||||Pau

Alexandre Junka, 13 ans, disparaît subitement, |Junka|||suddenly

alors qu'il rentre seul d'une fête entre amis.

L'adolescent a été tué, son corps est retrouvé dans la rivière qui traverse la ville.

Des expertises ADN, l'exploitation de la téléphonie vont faire avancer l'enquête, |expertises||the exploitation|||telephony||||

mais l'implication d'un légiste va s'avérer déterminante. |the implication||forensic||prove|

L'affaire Alexandre Junka et le rôle décisif de la médecine légale, ||Junka|||||||medicine|

un récit de Pierre de Cossette. |||||Cossette

Un enfant de 14 ans a disparu à Pau. |||||||Pau

Alexandre Junka n'a pas donné signe de vie depuis samedi dans la nuit. |Junka|||given|sign|||||||

Il devait rejoindre le domicile de son père près de la place de la République.

Friand et assez énergique, mais bon, par contre, son défaut, c'est très influençant. Savory|||||||||defect|||influencing

Plus le temps passe, plus la disparition d'Alexandre est inquiétante.

C'est un élève qui est bien intégré dans son collège, bien intégré dans sa bande de camarades.

Aucune raison, objectif de penser qu'il ait eu envie de fuir.

La victime est un enfant, un jeune adolescent.

Cette voix, c'est celle de Jean-Christophe Muller.

En 2011, il est depuis peu procureur de la République à Pau. |||||prosecutor|||||Pau

Nous le retrouvons aujourd'hui à Paris, dans une salle d'audience du vieux Palais de Justice,

île de la Cité, où comme avocat général, il porte l'accusation dans des affaires criminelles. ||||||||||the accusation||||

Mais l'affaire Junka, c'est peut-être le dossier de sa vie. ||Junka||||||||

Moi, j'ai des enfants qui avaient cet âge-là.

Et donc, évidemment, il y a un phénomène d'identification.

Dans les premiers temps de l'enquête, on n'avait aucune piste.

Par conséquent, ça avait créé localement un véritable climat extrêmement lourd,

qui nous motivait aussi pour avancer dans ce dossier avec la police.

Un climat lourd, ça se traduisait comment ?

Un climat lourd, c'est ce qu'on peut imaginer lorsque un adolescent disparaît

une nuit dans une ville de 80 000 habitants,

et qu'on peut se demander si quelque part ne rôde pas un prédateur |||||||||lurks|||predator

qui serait susceptible de s'en prendre ultérieurement à d'autres personnes. ||||take it||later|||

Et puis, au-delà de ça, le coupable était dans la nature.

Qu'est-il arrivé à Alexandre ?

Selon l'enquête de police menée par le commissariat de Pau, |||||||||Pau

aucune piste n'est écartée. |||excluded

Son téléphone est actuellement éteint, donc on ne peut pas le localiser. ||||off|||||||locate

Nous avons différentes pistes par rapport aux éléments que l'on a.

Ces pistes, en revanche, ne nous permettent pas de privilégier

une hypothèse plutôt qu'une autre, et donc du coup,

nous suivons toutes les pistes possibles.

Fugue, disparition, accident, tout le volant de l'hypothèse est survolé. Fugue|||||steering||||hovered

Alexandre Junka est un adolescent sans histoire, comme on dit. |Junka||||||||

Une mèche sur le front, fan de skateboard et de jeux vidéo. |lock||||||||||

Cette soirée du 4 juin 2011, un samedi, il la passe avec des copains.

Une fête de quartier, à Pau. |||||Pau

Il prévient son père qu'il rentrera à 23h, mais il ne rentrera jamais.

Je m'appelle Jean Oudebay. |||Oudebay

En 2011, lors de la disparition d'Alexandre,

j'étais le chef de l'antenne de la police judiciaire de Pau. ||||the unit||||||Pau

Lui non plus n'a pas oublié.

Le commandant Oudebay nous reçoit chez lui, dans le Béarn. ||Oudebay|||||||

Il est aujourd'hui à la retraite et se souvient parfaitement

du moment où la police judiciaire, la PJ, est saisie de l'enquête. |||||||PJ||seized||

Les photos d'Alexandre étaient placardées un peu partout dans Pau. ||||posted|||||Pau

On a vite compris que c'était une affaire importante

et qu'il fallait du temps pour la régler.

Parce qu'on avait vu qu'il a disparu le 4,

dans le parcours de 1500 mètres à peu près, ||course|||||

entre l'endroit où il a quitté ses trois camarades

et l'endroit où il a couvert son vélo. |||||covered||

Au début, on a fouillé partout, notamment les bougies de gout et tout ça. ||||||||candles|||||

Et après, on s'est rendu compte qu'il y avait une caméra au bureau de poste,

au-dessus du distributeur automatique de billets.

Et on a vu sur les images Alexandre qui passait tranquillement en vélo sur le trottoir.

Donc on a compris qu'il avait disparu entre la poste

et l'endroit où a été découvert son vélo.

L'actualité régionale est également à Pau, |||||Pau

où l'inquiétude est vive suite à la disparition, depuis samedi, d'Alexandre,

13 ans et demi.

Le vélo de la délaissant a été retrouvé près des Halles. ||||abandoning||||||

En plus, le laboratoire de Mépiche, qui a fait les expertises, |||||Mépiche|||||expertises

avait mis en évidence son profil ADN sur le cadenas du vélo. |||||||||lock||

Donc on a pensé que c'est lui-même qui l'avait attaché au poteau, ||||||||||||post

alors que généralement, quand il rentrait chez son père,

il le mettait dans le hall où il était en sécurité.

Ce qui est, enfin, à mon avis, extraordinaire,

c'est qu'à 22h59, à quelques mètres de là,

il y a une personne qui gisait ivre morte dans le caniveau. |||||who|lay|||||gutter

Les secours viennent sur place. |rescue|||

Les pompiers, des personnes se sont arrêtées parce que la circulation était bloquée.

On a entendu une dizaine de personnes.

Elles n'ont rien vu.

Enfin, un rapport avec la disparition d'Alexandre.

Là, la difficulté dans cette affaire, c'est qu'on n'avait pas de scène de crime,

on n'avait rien.

On ne savait pas, enfin, au départ, comment il avait disparu.

On ne savait rien.

Parce que dans une affaire criminelle classique,

vous avez la scène de crime, le homicide,

donc ça vous amène déjà les conditions dans lesquelles elle a été tuée,

manque de voisinage, enfin bon, ||neighborhood||

tout ça qui vous amène beaucoup d'éléments au départ.

On est partis sur deux principes, soit un délinquant sexuel, ||||||||delinquent|

soit des patients du CHP, ||||HOSP

Centre hospitalier des Pyrénées, l'hôpital psychiatrique de Pau. |||||psychiatric||Pau

On a ciblé les cas sexuels et, bon, ||targeted|||||

enfin, on fout, entre guillemets, au départ. ||put||||

Depuis six jours, on est sans nouvelles d'Alexandre Juncker. ||||||||Juncker

Les enquêteurs n'ont pas d'éléments probants. |||||probative

30 enquêteurs travaillent sur cette disparition.

Vérifient tous les témoignages. Verify|||

Ils ont distribué la photo dans tous les commissariats ||||||||precincts

et gendarmeries de France. |gendarmeries||

On l'a entendu, il n'y a pas à ce stade de scène de crime,

seulement une disparition.

Pas plus que les autres, le procureur Muller

ne sait combien de temps durera l'enquête.

Alors on va préserver tous les indices possibles

et particulièrement les données téléphoniques. |||data|

On va essayer de repérer les antennes relais téléphoniques ||||locate||||

et de savoir qui a utilisé à cet instant précis,

à cet endroit précis, le relais téléphonique at|||||relay|

qui est immédiatement activable à proximité. |||activable||proximity

C'est ce qu'on appelle un travail de bornage. |||||||marking

Le premier sujet, c'était d'abord de geler en quelque sorte ||||||freeze|||

ces données téléphoniques,

parce que tout ça n'est pas conservé in aeternam. ||||||||eternally

Donc il s'agit de geler la situation

pour qu'ensuite, on puisse revenir sur le sujet,

étudier sans qu'on nous dise du côté des opérateurs

« ah bah oui mais désolé, vous êtes arrivés trop tard,

on ne peut plus vous donner ces informations-là ».

Il faut qu'on sache exactement quel est le trafic téléphonique

à l'instant T sur les zones qui nous intéressent.

Pour vous donner une idée,

on a dû traiter dans ce dossier |||handle|||

environ 4 millions de données téléphoniques.

Il ne s'agit pas d'écoute téléphonique, entendons-nous bien. ||||of listening||understand||

Le sujet, c'est de savoir

quelles lignes activent

tel borne téléphonique à tel endroit. |limit||||

Mais ensuite, à partir du moment où,

ultérieurement, on identifiera des suspects, ||identify||

on pourra leur dire « oui mais dites,

à tel jour, à telle heure, votre téléphone a activé le relais |||||||||activated||

qui se trouve à la verticale de la rue Truc |||at||||||Thing

où s'est déroulé tel fait ».

Ces données téléphoniques,

elles seront exploitées par deux enquêteurs

pendant de longs mois sur un logiciel spécialisé, ||||||software|

Mercure.

Mais c'est une découverte majeure qui va donner à l'affaire

la dimension que chacun redoutait.

Alexandre a été tué.

Le 26 juin, 22 jours après la disparition,

un sans domicile fixe découvre le reste d'une cuisse

dans le Gave, la rivière qui traverse Pau.

L'ADN, pour la seule fois dans ce dossier, va parler.

Les plongeurs fouillent le Gave de Pau à la recherche

d'autres restes du corps d'Alexandre.

Les analyses ADN sont terriblement formelles.

Le fragment de jambe retrouvé par un SDF au bord de l'eau

appartient bien à l'adolescent.

C'est une information qu'il va falloir donner

aux parents de l'enfant avant qu'ils ne l’apprennent

d'une autre manière.

C'est-à-dire de façon indirecte, par des bruits

ou des indiscrétions, etc. ||indiscretions|

Cette annonce, ce sont la juge d'instruction

et le procureur Muller qui vont en avoir la charge.

C'est un moment évidemment tout à fait difficile

pour faire cette annonce.

À partir de là, on change évidemment de dimension

sur le plan juridique puisqu'on n'est plus dans la disparition.

On est dans la mort, potentiellement dans le meurtre,

éventuellement dans l'assassinat.

Je revois ce moment-là très précisément

avec les parents de la victime.

Ce qu'attendent les parents d'une victime en règle générale, |what the|||||||

lorsqu'ils sont malheureusement confrontés à une épreuve ||||||trial

aussi épouvantable que celle-ci, ils attendent sans doute |terrible|||||||

qu'on participe à leur douleur, bien sûr,

mais ils attendent plus.

Ils n'attendent pas qu'on pleure avec eux.

Ils attendent qu'on agisse pour aller de l'avant. |||acts||||

On a passé la journée d'hier à ne pas y croire,

à se dire que ce n'est pas possible,

tout en sachant que c'était vrai.

Mais il y a quelque chose au fond de nous qui nous disait

que non, ça ne peut pas être lui.

Pour nous, c'est dur de se dire qu'en fait,

il n'avait vraiment aucune chance, il a pu tenter n'importe quoi.

Cette cuisse, il va falloir la regarder, l'analyser. |||||||analyze

C'est le moment où intervient le docteur Benali. |||||||Benali

Côtoyer la mort, c'est son quotidien de médecin légiste depuis 20 ans. |||||||doctor|||

Plusieurs milliers de corps sans vie sont passés sous ses yeux.

L'arbitre Benali nous reçoit à l'hôpital Pellegrin, à Bordeaux. ||||||Pellegrin Hospital||

C'est là qu'il exerce et qu'il se trouvait lorsqu'il a été contacté

pour la première fois dans ce dossier.

Alors oui, je m'en souviens très, très bien

parce que je me trouvais à l'Institut Médico-Légal,

où on se trouve actuellement,

et des enquêteurs m'ont contacté directement,

m'ont demandé s'ils pouvaient venir à l'Institut Médico-Légal

pour me montrer des photos d'une affaire qui était en cours dans la région.

Je n'en savais pas plus.

J'ai accepté, bien sûr.

Ils m'indiquent ce qu'on peut faire pour remonter à un éventuel hauteur |indicate to me|||||||||eventual|height

à partir d'une pièce anatomique isolée.

Techniquement, j'enlève tout le caractère émotionnel de la vision de cette cuisse

que l'on sait sûrement appartenir à un adolescent.

Spontanément, on regarde les extrémités des deux plans de coupe. |||||||plans||cut

Déjà, pour avoir une idée de l'agent vulnerant, ||||||the agent|wounding

c'est-à-dire de l'instrument qui a été à l'origine de la coupe.

On ne comprend pas trop.

On a l'impression qu'on a quelqu'un qui a du matériel,

qui a beaucoup de matériel.

Pour sectionner une tête fémorale, il faut une scie, |section|||||||saw

une feuille de boucher, un hachoir ou autre. |sheet||||meat grinder||

En même temps, autour de cette tête fémorale,

on a des signes qui nous montrent que la personne n'a pas forcément un matériel très adéquat. ||||||||||||||||adequate

D'emblée, cette cuisse est discordante par sa morphologie, par les plans de coupe. Initially||||discordant||||||||

Spontanément, on pense que cette cuisse a été traitée par non pas un auteur,

mais peut-être deux, avec des profits probablement différents. ||||||profits||

Un qui semble connaître un tout petit peu l'anatomie,

et un autre qui est complètement …….

Le Dr Benali a parlé de l'agent vulnerant

qui a permis de démembrer le corps d'Alexandre. ||||dismember|||

Pour avoir une idée plus précise encore,

il va notamment réaliser des prélèvements sur l'os, |||perform||samples||

à la recherche de résidus métalliques.

L'autopsie en grec, c'est voir soi-même. ||Greek||||

Donc ça c'est important.

C'est vraiment notre travail, c'est un travail de constatation. ||||||||observation

Par exemple, si on a une concentration importante de titane, |||||||||titan

on sait qu'on va être sur du matériel professionnel,

chirurgical, ou peut-être même de boucherie,

donc ça va nous orienter vers un type ou un profil d'auteur.

Sans surprise, on ne trouve rien de spécifique.

On a de tout, de l'aluminium, du titane,

donc on peut penser qu'il y a eu une pollution par les os,

par le milieu de séjour de la cuisse.

C'est une attente qui devient quasiment insoutenable,

puisque pour l'instant nous n'avons qu'aucune réponse,

ni sur les circonstances du décès d'Alexandre,

ni sur un éventuel auteur, ni sur son corps.

Que des interrogations,

et c'est vrai que c'est extrêmement compliqué à gérer au quotidien.

Dans le même temps, au laboratoire de police scientifique de Marseille,

on essaie de dater la présence dans l'eau de ce qui constitue à ce stade

l'unique espoir de retrouver le ou les meurtriers d'Alexandre.

Les survols en hélicoptère sur 30 km en aval du Gave de Pau |overflights||||||||||

pour retrouver le reste du corps du garçon ne donnent rien.

Mais les enquêteurs vont s'intéresser à une digue construite 200 m en amont de la découverte, ||||||a|dam|||in|upstream|||

une dizaine de jours après la disparition du garçon. ||||||disappearance||

Mi-octobre, des fouilles sont organisées dans ce petit bout de canal désormais à sec.

On retrouve des os, et le téléphone du Dr Benally sonne de nouveau. |||||||||Benally|||

C'est l'urgence, et on m'envoie un hélicoptère ici,

et je pars avec un collègue anthropologue biologiste,

parce qu'on sait qu'on va probablement faire des fouilles,

des fouilles de façon archéologique, à la truelle, au pinceau et à quatre pattes. |||||with||trowel||brush||||

Et donc on s'organise avec les pompiers, avec tous les services qui peuvent nous apporter de l'aide,

parce que c'est 16 heures, et on sait qu'on va passer la nuit à travailler, à fouiller et à chercher des restes humains.

Ah ben là, il y avait, je crois, 700 ou 800 kilos de terre,

qui ont été ensuite analysées pour rechercher des petits débris, des dents, des petits os,

des fois aussi des éléments matériels, ça peut être n'importe quoi, un bouton de jean, voilà.

Parce qu'à ce stade-là, les restes qui nous sont présentés ne sont pas identifiés formellement.

Bon, on se doute bien qu'ils appartiennent probablement à Alexandre Juncker, mais pour l'instant, il n'y a pas de preuves.

Donc tout ce qui peut faire l'objet d'un indice, d'une preuve ou autre, est pris.

Un élément qui est central dans ces affaires, il faut toujours essayer de retrouver la tête.

La tête, c'est ce qui va souvent nous orienter vers la cause de décès,

mais si on a la cause de décès, si on a la typologie du mécanisme de la mort,

ça peut nous orienter vers un auteur, vers un mobile, par exemple.

Est-ce qu'il a pris une balle dans la tête ? On est peut-être sur un crime crapuleux ou autre. |||||||||||||||||criminal||

Est-ce qu'il y a eu, par exemple, l'action d'armes blanches ? Et ça peut nous donner aussi un certain profil. |||||||||of weapons||||||||||

Il nous faut avoir le maximum d'indices et surtout, il nous faut avoir la cause du décès.

On n'est pas dans les experts Miami, où tout est magnifique.

Là, on fait ce qu'on appelle du carottage, on fait des carrés comme ça, |||||||core sampling||||squares||

où on sait qu'on analyse, on fait des stries comme ça et on analyse point par point. ||||||||stripes||||||||

Là, on est sur les fouilles centimètres par centimètre.

Vraiment, notre hantise, c'est de passer à côté de quelque chose, à côté d'une preuve. ||haunting||||||||||||

Parce que là, on est au stade où toutes les parties sont des preuves. |||||at||||||||

On n'a pas d'autres alternatives. Il faut tout récupérer.

Et c'est sous un rondin de bois, lesté par une lourde pierre, qu'une partie du corps d'Alexandre et son crâne sont retrouvés. ||||log|||weighted||||||||||||||

Si ça ne dit rien encore des circonstances de la mort de l'adolescent,

pour le docteur Benally, ça révèle l'organisation des meurtriers pour qu'on ne retrouve pas son corps.

Ça n'a pas été jeté comme ça, dans tous les sens.

Nous, on a vraiment la conviction que les personnes qui ont fait ça,

ce ne sont pas des malades psychotiques, schizophrènes ou autres qui ont pu faire ça.

Parce qu'on est sur un schéma qui est organisé, qui est réfléchi.

On a des personnes qui ont réfléchi à la bonne stratégie de dissimulation du corps. ||||||||||||dissimulation||

Il n'y a plus aucun doute, les restes humains découverts dans le canal latéral au Gave de Pau appartiennent bien au jeune Alexandre Juncker.

Après trois jours de fouilles, les enquêteurs disposent de la quasi-totalité du corps de l'adolescent.

Des restes bien conservés dans un amas de boue et de vase. ||||||mass||mud|||mud

D'autres éléments matériels ont également été mis au jour. ||materials||also||||

À cet instant, l'arbitre Benally le reconnaît, il est un peu plus que médecin légiste.

Moi, je ne suis pas un profileur, mais en tout cas, je pense que le médecin légiste qui voit des lésions, tous les jours, c'est son travail, ||||||profiler||||||||||||||||||||

bien sûr que quand on voit une lésion pour nous, on se dit, par quoi ça a été fait et qui a pu le faire ?

Dans cette affaire, on est allé au-delà de notre fonction.

C'est une affaire hors norme, exceptionnelle.

Donc, bien sûr que je ne vous raconterai pas toutes les théories que l'on a pu faire avec certains collègues.

Oui, il y a eu un dépassement de fonction. ||||||overrun||

Et parce que c'était un enfant ?

Parce que c'est un enfant, parce qu'on sait qu'on a vraiment une plus-value sur ce type d'affaires complexes.

Et plus c'est complexe et plus le médecin légiste a une plus-value pour l'enquête.

Je ne vais pas hiérarchiser les violences, mais quand on a un coup de couteau qui atteint le coeur, pour nous, c'est assez simple.

On connaît la cause de décès, on connaît l'instrument.

Là, on est parti de l'antipuzzle. |||||the antipuzzle

D'habitude, on part d'une globalité et puis on arrive à la cause de décès. ||||globality|||||||||

On part d'une pièce isolée et on essaie de remonter en remettant les morceaux côte à côte, les morceaux du corps.

On les remet côte à côte pour essayer de comprendre ce qui s'est passé.

Ce crâne, on sait qu'il est central.

On sait qu'il peut d'emblée nous donner la cause médicale de décès.

On va le transporter dans une malle avec du sable, avec des précautions, comme si c'était un bijou d'une grande valeur. ||||||trunk||||||||||||||

Le crâne est nettoyé, il est scanné.

On va le passer au scanner.

On retrouve sur la partie frontale du crâne une fracture un peu atypique, qui est isolée des autres fractures.

On fait de la reconstruction 3D, c'est-à-dire qu'on va pouvoir tourner dans tous les sens la tête à partir d'outils informatiques.

On s'aperçoit par des techniques d'imagerie, on a une fracture qui part presque à 90 degrés, qui est une fracture instrumentale, on en est sûr. |realizes||||||||||||||||||||||

Cette fracture va être mesurée, on fait ce qu'on appelle la morphométrie de la fracture. |||||||||||morphometry|||

On arrive au résultat que cette fracture mesure autour de 35 mm de long, qu'elle est rectangulaire.

On va rechercher un outil de ce type.

L'outil, ça peut être quoi ?

À ce stade-là, l'hypothèse la plus forte, c'est un marteau.

On met l'hypothèse, on explique, et on dit dans nos rapports, et même lors des réunions, il faut rechercher un marteau.

Nous sommes 4 mois après les faits, 80% du corps d'Alexandre a été retrouvé, mais pas son ou ses meurtriers.

L'enquête, qu'on appelle classique, de police judiciaire, du commandant Hourdebaix et des nombreux policiers qui n'endorment pas, ne livre rien de concluant. |||||||||Hourdebaix||||||do not lull||||||

Des fois, il faut... Vous n'avez rien, il faut... Enfin, peu de choses, c'est important. Un petit élément qui vous permet de débloquer plein de choses.

Le 2 juillet 2012, un an et 28 jours après la disparition d'Alexandre, les obsèques du collégien sont enfin célébrés. |||||||||||funeral||middle schooler|||celebrated

L'indispensable moment pour le deuil des proches et d'une mère, Valérie Lance, dont l'oeil est attiré en ce même mois de juillet, coup de pouce du destin, par trois lignes écrites à la main. ||||mourning||||||||||||||||||coup|||||||||||

Donc, il y avait un registre qui a été ouvert à la mairie de Pau, donc on lui a remis le registre, elle a regardé. Elle a été intriguée par un mot signé « Mike SDF ».

« Je connais ce qui est arrivé et je plainte les parents. Et le connard qui a fait cela est sous terre. » Signé « Mike SDF ». ||||||||complaint|||||jerk||||||||||

Donc, c'est sûr que c'est un peu intriguant. Bon, ça veut dire qu'il connaît l'auteur de l'homicide.

On a fait des recherches, on a essayé d'identifier plusieurs « Mike ». Bon, c'était un peu compliqué parce qu'on avait recensé qu'il y avait à peu près 80 SDF, je crois, sur Pau. |||||||||||||||||||census|||||||||||

On ne saura jamais qui a vraiment rédigé ce mot sur le livre d'hommage. La graphologie n'a rien donné. |||||||||||||of tribute|||||

Mais ce qui est certain, c'est qu'un SDF, Michael Bérel, est identifié et qu'il devient le suspect numéro un du meurtre. |||||||||Bérel|||||||||||

Un proche, Claude Ducos, 72 ans, est lui soupçonné d'avoir procédé au démembrement du corps d'Alexandre Junka. |||Ducos||||||||||||

Enfin, les données téléphoniques gelées un an auparavant vont trouver leur utilité. ||||frozen|||||||

La téléphonie nous aide parce qu'à partir de 23h, il appelle sa copine Fatima Enajat. ||||||||||||||calls

Des appels répétés. Peu après minuit, il appelle à plusieurs reprises son copain Claude Ducos.

Il leur appelle, il laisse des messages. Claude Ducos, la nuit, je crois qu'il se couchait tous les soirs à 9h.

Il coupe son téléphone, il le dira lui-même. On a dit que c'était bizarre son attitude.

Ça voulait dire qu'il était un peu en détresse et qu'il appelait à l'aide.

Ça laissait présager que quelque chose de grave s'était passé. ||presage|||||||

Ce qui va se dégager assez rapidement, c'est que les lignes téléphoniques des suspects vont avoir une activité extrêmement suspecte à chaque endroit et à chaque heure déterminante du dossier. ||||emerge|||||||||||||||||||||||||

Pareil, dans la nuit qui est déterminée comme étant celle au cours de laquelle le corps de l'enfant a été immergé dans la rivière.

Dix jours plus tard.

Les activités téléphoniques des uns et des autres font apparaître que c'est précisément les relais de cet endroit-là qui étaient activés.

Et là aussi, on suit par la facturation détaillée des téléphones, on suit les parcours des gens qui activent successivement des bornes au fur et à mesure de leur progression dans l'espace. |||||||billing||||||||||||||stations|in|||||||||

On reconstitue en quelque sorte leur parcours.

C'est ça qui concrètement est le résultat de ces investigations téléphoniques.

Il y a un deuxième élément qui va nous orienter vers cet homme.

Ça fait partie des recherches minutieuses de police.

C'est que cet homme a été condamné parce qu'il a déjà agressé une autre personne avec un marteau.

Et on va retrouver ce marteau.

Sur ce marteau, on ne retrouvera pas l'ADN de la victime.

Mais ce marteau, les médecins et les légistes vont nous dire qu'il est compatible avec la nature des blessures qui ont été constatées sur le crâne de l'enfant. ||||||||||||||||||||||observed|||||

Jusqu'à ce moment-là, on était vraiment dans le brouillard.

À partir de ce moment-là, l'auteur des faits était là.

Il était dans la ville, dans le quartier.

Il était proche de nous, presque sous les yeux.

Rebondissement dans l'affaire Alexandre Gincas. Twist||||Gincas

L'information est tombée à la mi-journée.

Cinq personnes majeures ont été placées en garde à vue ce matin.

Deux interpellations ont eu lieu à Pau, une à Tarbes, à Lourdes et enfin la dernière à Bayonne.

Avril 2014, près de deux ans après la disparition d'Alexandre Gincas, Michael Beyrelle est interpellé. |||||||||||Beyrelle||

Le scénario se dessine. C'est son acolyte Christophe Camille qui a voulu voler le téléphone portable de l'adolescent. ||||||acolyte|||||||||||

Beyrelle lui a donné le coup de marteau, sans doute fatal, tandis que Claude Ducos, retraité chasseur, s'est occupé de découper le corps d'Alexandre.

Mardi, face aux accusés, elle dira ce qu'elle ressent.

2016, cour d'assises de Pau.

Je me prie de la colère et de la haine. Ce sont des gens pour moi qui ne sont même pas des personnes. ||pray||||||||||||||||||||

C'est des monstres.

J'ai envie de les voir et j'ai envie qu'ils me voient.

Je représenterai Alexandre.

S'ils ont vu le visage d'Alexandre, au moins qu'ils se rappellent du visage de la maman d'Alexandre.

Le médecin légiste Larbi Benali y est appelé pour témoigner. |||Larbi||||||

Il va y raconter notamment que celui qui a découpé le corps d'Alexandre s'est sans doute inspiré de la méthode employée pour tuer le cochon.

Pendant l'enquête, le docteur s'est même rendu dans un abattoir pour observer.

Moi, quand j'écris un rapport, je me dis toujours qu'est-ce qu'on peut m'opposer.

Chaque mot est pesé en se disant est-ce que c'est le bon mot, est-ce que c'est le bon verbe, est-ce que c'est le bon temps, est-ce que je ne devrais pas mettre le conditionnel.

Il y a dix ans, c'était vraiment l'expert qui arrive, qui dit ces trucs.

Maintenant, il faut montrer techniquement, il faut prouver.

Les gars sont sur Google en même temps que vous parlez, ils vérifient.

Donc quand on ne sait pas, il faut rester prudent.

Quand on sait, il faut y aller.

Il faut montrer qu'on a un vrai apport pour la justice, etc.

Le verdict de l'un des procès les plus attendus de ces dernières années est tombé hier.

La perpétuité pour le principal accusé, Michael Bérel, un des complices écope de 15 ans de réclusion criminelle. |||||||Bérel||||faces|||||

Les deux autres sont condamnés à trois ans de prison.

Ce dossier, je crois qu'il résume ce qu'est la médecine légale.

En tout cas, moi, me concernant, il y a tout de la médecine légale.

Il est d'une complexité majeure pour nous.

Et le fait d'avoir contribué à la manifestation de la vérité, c'est un résumé de notre travail.

Tout ce qu'on voulait, c'est qu'ils partent tous dormir ce soir en prison.

Donc ça, c'est la satisfaction totale.

Maintenant, on va pouvoir se consacrer à nous, à nos vies.

Et Alexandre sera, à mon avis, un peu plus serein dans nos mémoires et dans notre coeur.

On s'était fixé cette mission de réussir et de trouver l'auteur.

Même si, voilà, nous on ne fait pas de la réanimation, on ne sauve pas des personnes.

Mais le fait, je pense, pour une famille, de mettre un visage sur des auteurs,

peut-être avoir des explications, je pense que c'est important.

Et se dire que voilà, on n'a pas été seul autour de cette affaire

et qu'il y a des gens qui ont travaillé et qui ont réussi quand même à retrouver l'auteur.

De cette abominable assassinat.

Prise de son Sandrine Malon. Archive Denis Fanger. ||||Malon|||Fanger