Journal en français facile 25 février 2020
Raphaël Delvove : Et avec moi pour présenter ce Journal en français facile, Sylvie Berruet. Bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Raphaël, bonsoir à tous.
RD : Nous allons parler du coronavirus. Cette mystérieuse maladie venue de Chine qui se répand en Europe, notamment en Italie où elle a fait dix morts et contaminé plus de 300 personnes. Cela inquiète l'un pays se trouvant à côté de l'Italie, la France.
SB : L'ancien président égyptien, Hosni Moubarak, est mort ce mardi. Il avait 91 ans. S'il incarnait, pour beaucoup, un régime corrompu, plusieurs personnes lui ont rendu hommage. On citera notamment le chef de l'autorité palestinienne et le Premier ministre israélien.
RD : Nous irons également en Turquie, tout à l'heure, avec une polémique. Polémique ça veut dire un débat vif entre plusieurs personnes. En l'occurrence, une polémique entre le pouvoir et l'opposition politique autour de deux soldats turcs, tués récemment en Libye. Le pouvoir est accusé par l'opposition de ne pas l'avoir dit lorsque cela est arrivé.
SB : Et puis, nous évoquerons les attaques contre les musulmans en France. Un rapport du Collectif contre l'islamophobie donne un chiffre de 789 cas d'agressions ou d'insultes motivés par l'appartenance d'une personne à la religion musulmane en 2019.
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SB : La présence du coronavirus, venu de Chine, en Europe inquiète très sérieusement maintenant.
RD : Si en Chine, on dénombre plus de 77 000 personnes atteintes par cette maladie, qui est une sorte de pneumonie, en Europe, les cas d'infections se multiplient, en particulier en Italie. Plus de 300 personnes touchées par le coronavirus ce mardi et dix personnes tuées par la maladie. Face à cette situation inquiétante, les pays voisins de l'Italie tentent de faire face, qui dans le cas d'une maladie s'appelle une propagation. Ce mardi à Rome, la capitale de l'Italie, les ministres de la Santé d'Italie, de Croatie, de Slovénie, d'Autriche, d'Allemagne, de l'Union européenne et de la France tenaient une réunion consacrée au sujet. Ces ministres ont finalement décidé de ne pas fermer les frontières avec l'Italie. Écoutez Olivier Véran, le ministre français, tout à l'heure à la sortie de la réunion.
[Transcription manquante]
RD : Le ministre français de la Santé, Olivier Véran. La France où il y a eu 14 cas de coronavirus, notamment deux nouveaux annoncés aujourd'hui. Deux personnes cependant actuellement à l'hôpital. Un haut responsable du ministère de la Santé précisait qu'il n'y avait pas de quoi être inquiet.
SB : En Égypte, Hosni Moubarak est donc mort ce mardi. L'ancien président était âgé de 91 ans.
RD : Il est mort dans un hôpital militaire du Caire. Hosni Moubarak était le président qui avait dû quitter le pouvoir en 2011 pendant que l'Égypte et d'autres pays traversaient un grand mouvement de contestation, appelé le printemps arabe. Lui était notamment reproché de diriger un régime corrompu. Une image négative qui n'a cependant pas empêché des hommages à l'ancien président ce mardi, notamment celui de Mahmoud Abbas. Le chef de l'autorité palestinienne saluait ce mardi son engagement pour la cause palestinienne. Et puis en Israël également, le Premier ministre Benyamin Netanyahu a rendu hommage à Hosni Moubarak, mais pas pour les mêmes raisons. Explications à Jérusalem de Michel Paul.
Un président qui a conduit son peuple à la paix avec Israël. C'est l'hommage qu'a rendu Benyamin Netanyahu au président Hosni Moubarak qu'il qualifie d'ami personnel. « Je l'ai rencontré à plusieurs reprises, continue encore le Premier ministre israélien sur son compte Twitter. J'ai été impressionné par son engagement pour la paix, et nous allons poursuivre sur cette voie. » Les médias en Israël dressent le bilan des rapports ambivalents entre le raïs et Israël. Ils remarquent que Hosni Moubarak avait mis un point d'honneur à ne pas se rendre en Israël. Un engagement enfreint uniquement à l'occasion des funérailles du Premier ministre Yitzhak Rabin à Jérusalem en 1995. La paix avec Israël était primordiale pour Moubarak, souligne Zvi Mazel, ancien ambassadeur israélien au Caire. Pour un autre diplomate israélien, le général qui avait mené l'aviation de son pays contre Israël lors de l'offensive du Kippour en 1973 s'est employé à défaire ce que son prédécesseur à la présidence égyptienne avait réalisé. Moubarak était l'opposé d'Anouar el-Sadate. Tous deux ont œuvré pour la paix, mais pour des motifs différents.
RD : Et Hosni Moubarak sera enterré dès ce mercredi selon les médias égyptiens.
SB : Allons maintenant en Turquie, où le président Recep Tayyip Erdogan a confirmé la mort de deux soldats de l'armée turque partis combattre en Libye.
RD : Oui, des soldats turcs ont été envoyés en Libye pour combattre aux côtés des forces dites de Tripoli. Les forces contrôlées par le Premier ministre Fayez Eel-Sarraj. Ces deux soldats ont donc été tués, mais on ne sait ni quand ni où ni par qui. Le président turc a seulement confirmé leur mort dont on avait déjà entendu parler la semaine dernière. L'occasion pour les opposants au chef de l'État de critiquer l'actuelle politique étrangère de la Turquie. Précision d'Anne Andlauer, notre journaliste à Istanbul.
La semaine dernière, Recep Tayyip Erdogan avait d'abord évoqué la mort de « quelques martyrs » en Libye, sans autre précision. L'opposition parlementaire, qui avait voté contre cette intervention, s'était scandalisée de la formule et le quotidien d'opposition nationaliste Yeniçag avait annoncé, au cours du week-end, la mort d'un colonel et d'un autre gradé, présentés comme des membres du renseignement militaire. Les comptes Twitter des deux journalistes à l'origine des révélations avaient aussitôt été piratés et l'information effacée du site de Yeniçag. Le ministère de la Défense, qui d'ordinaire annonce toujours la mort de soldats et leur nom, est quant à lui resté muet. Ce mardi, Recep Tayyip Erdogan a finalement confirmé la mort de « deux martyrs » -je le cite- sans en dire plus, là encore. « J'ai donné le chiffre. Maintenant, que va en faire monsieur Kemal ? » a lancé le chef de l'État, signalant que cette annonce était avant tout une réponse au chef du principal parti d'opposition, Kemal Kiliçdaroglu. Ce dernier, qui dirige le CHP social-démocrate, a saisi la balle au bond lors d'un discours devant son groupe parlementaire. Il a accusé le président d'utiliser « l'armée de la République de Turquie comme une armée du palais » et de cacher au Parlement la situation en Libye. « Que se passe-t-il en Libye ? Vous devez nous le dire » a insisté Kemal Kiliçdaroglu. Anne Andlauer, Istanbul, RFI.
SB : En France, ce rapport du Collectif contre l'islamophobie, une association calculant chaque année le nombre d'actes contre des musulmans. En 2019, les violences sont en hausse.
RD : Entre 2017 et 2019, les cas de violences commises contre des personnes uniquement parce qu'elles sont musulmanes ont augmenté de 75%. Ce qui est beaucoup. Pour le Collectif, cela s'explique par des prises de positions des dirigeants français. Explications de Nicolas Rocca.
À chaque fois qu'une polémique sur l'islam fait irruption dans la sphère publique, elle aurait tendance à augmenter les actes islamophobes, selon Jawad Bachare, directeur du Collectif contre l'islamophobie : « Une parole islamophobe décomplexée et libérée produit des actes islamophobes dans la société. » Le pic du ressentiment antimusulman en France en 2019 apparaît à la suite de l'attentat de la préfecture de police de Paris durant le mois d'octobre. Jawad Bachare considère que les annonces du gouvernement ont participé à un climat de dénigrement de l'islam : « Ce qui s'est produit au mois d'octobre, c'est qu'on a d'abord parlé d'un attentat, ensuite ça a été transformé en acte, et finalement il n'y a plus de piste terroriste, mais il en fallait peu pour que le gouvernement annonce son plan sur la déradicalisation et la question de l'hydre islamiste. Et tout cela a amené à la mise en place de dispositions qui visent à criminaliser en réalité une pratique religieuse. Quand on parle de signaux faibles, en fait qu'est-ce qu'on vise ? On vise la pratique de la religion. » Particularité de la stigmatisation de cette religion, c'est les femmes qui en serait les principales victimes. Pour le Collectif contre l'islamophobie, elles auraient subi près de 70% des actes islamophobes l'année dernière.
RD : Nicolas Rocca.