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Les mots de l'actualité, DISSUASION   2010-04-07

DISSUASION 2010-04-07

La stratégie nucléaire des États-Unis pourrait changer de façon spectaculaire dans les mois à venir nous dit-on. Mais attention, cela ne signifie pas malgré tout que la force nucléaire dont disposent les États-Unis va être réduite à rien : ils conserveront une force de dissuasion imposante. Mais qu'entend-ton par force de dissuasion , ou stratégie de dissuasion ? L'expression était très souvent entendue depuis longtemps. C'était même l'une des formules-clé de la politique militaire de De Gaulle, il y bientôt quarante ans. Ce qu'on appelle politique de dissuasion consiste à mettre au point et à tenir prêt un arsenal très important, au potentiel terrible, mais dont on dit qu'on n'a nullement l'intention de l'utiliser. Simplement, il doit servir à en imposer aux autres, à les tenir à distance, à leur faire peur en un mot. Il y a donc une tragique surenchère dans l'usage du terme : on s'équipe d'un armement capable des destructions les plus terribles, à seule fin contrebalancer l'armement d'un pays adverse, ou d'un pays étranger. Et la seule justification de cette course est de faire bon poids dans l'équilibre de la terreur : « il ne peut pas m'attaquer puisque je répliquerai instantanément, et que ma réplique l'anéantira au moment même où je serai anéanti par son attaque ». On peut penser que la logique d'un tel raisonnement finit un jour ou l'autre par trébucher, par se fissurer devant des passions et des rapports de force trop sauvages pour se raisonner, mais c'est pourtant comme cela que vivent les grandes nations. Alors quel est le sens véritable de la formule, force de dissuasion ? La dissuasion est le fait d'amener quelqu'un à ne pas mener à bien un projet qui le tente. Il s'agit donc de désamorcer un processus, avant qu'il arrive à son terme. Et bien souvent, il s'agit même d'en couper les racines avant qu'il ne prenne vraiment forme : je les ai dissuadés de m'attaquer, de me dénoncer, d'essayer de me voler mon travail. Mais la dissuasion n'est réelle que si ce processus a toutes les raisons de se mettre en route : il s'agit bien d'amener quelqu'un à renoncer à un dessein qui lui tient à cœur, il s'agit bien d'éteindre un feu qui couve, ou de mouiller un bûcher qui ne demande que l'allumette. La dissuasion est un mot symétrique d'un autre, persuasion. Et les deux préfixes dis et per ne sont pas si fréquents, ni couramment symétriques. Dis est un préfixe négatif, alors que per de persuader est un intensif. Et suadere , en latin, signifie conseiller.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/

DISSUASION   2010-04-07 ABSCHRECKUNG 2010-04-07 DETERRENCE 2010-04-07

La stratégie nucléaire des États-Unis pourrait changer de façon spectaculaire dans les mois à venir nous dit-on. Mais attention, cela ne signifie pas malgré tout que la force nucléaire dont disposent les États-Unis va être réduite à rien : ils conserveront une force de dissuasion imposante. Mais qu'entend-ton par force de dissuasion , ou stratégie de dissuasion ? L'expression était très souvent entendue depuis longtemps. C'était même l'une des formules-clé de la politique militaire de De Gaulle, il y bientôt quarante ans. Ce qu'on appelle politique de dissuasion consiste à mettre au point et à tenir prêt un arsenal très important, au potentiel terrible, mais dont on dit qu'on n'a nullement l'intention de l'utiliser. Simplement, il doit servir à en imposer aux autres, à les tenir à distance, à leur faire peur en un mot. Il y a donc une tragique surenchère dans l'usage du terme : on s'équipe d'un armement capable des destructions les plus terribles, à seule fin contrebalancer l'armement d'un pays adverse, ou d'un pays étranger. Et la seule justification de cette course est de faire bon poids dans l'équilibre de la terreur : « il ne peut pas m'attaquer puisque je répliquerai instantanément, et que ma réplique l'anéantira au moment même où je serai anéanti par son attaque ». On peut penser que la logique d'un tel raisonnement finit un jour ou l'autre par trébucher, par se fissurer devant des passions et des rapports de force trop sauvages pour se raisonner, mais c'est pourtant comme cela que vivent les grandes nations. Alors quel est le sens véritable de la formule, force de dissuasion ? La dissuasion est le fait d'amener quelqu'un à ne pas mener à bien un projet qui le tente. Il s'agit donc de désamorcer un processus, avant qu'il arrive à son terme. Et bien souvent, il s'agit même d'en couper les racines avant qu'il ne prenne vraiment forme : je les ai dissuadés de m'attaquer, de me dénoncer, d'essayer de me voler mon travail. Mais la dissuasion n'est réelle que si ce processus a toutes les raisons de se mettre en route : il s'agit bien d'amener quelqu'un à renoncer à un dessein qui lui tient à cœur, il s'agit bien d'éteindre un feu qui couve, ou de mouiller un bûcher qui ne demande que l'allumette. La dissuasion est un mot symétrique d'un autre, persuasion. Et les deux préfixes dis et per ne sont pas si fréquents, ni couramment symétriques. Dis est un préfixe négatif, alors que per de persuader est un intensif. Et suadere , en latin, signifie conseiller.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/