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Les mots de l'actualité, REPENTANCE   2010-09-17

REPENTANCE 2010-09-17

La visite du Pape Benoît XVI au Royaume-Uni se place, nous dit-on, sous le signe de la repentance . Un mot bien à la mode depuis quelques années, quand il s'agit des excuses officielles, des excuses d'État. Mot bizarre quand même. Pourquoi ? Parce qu'il a un concurrent : repentir. Alors quelle est la différence ?

Repentance n'est pas un mot vraiment moderne, même si on l'emploie beaucoup plus qu'auparavant. On le trouve en français depuis le XIIe siècle, et le dictionnaire Robert nous informe même qu'il est vieilli ou littéraire. C'était compter sans cette nouvelle jeunesse que les médias politiques lui ont donné depuis peu. Et la définition du dictionnaire est « souvenir douloureux, regrets de ses fautes, de ses péchés ». Convient-elle encore aujourd'hui ? Oui… et non : elle est juste mais pas assez précise. De nos jours, lorsqu'on parle de repentance , il s'agit également d'un repentir qui agit pour autrui. Le Pape ne se repent pas de ses propres pêchés, mais d'une certaine façon, de ceux des autres, qui ont été commis par ceux qui appartenaient à cette église, et d'une certaine façon la représentaient. Comme si leurs crimes avaient entaché l'Église toute entière, et que leur chef devait se repentir pour eux. Est-on proche du responsable mais pas coupable , formule célèbre des ministres français à l'époque du sang contaminé ? Cette formule était plus laïque bien sûr. Mais elle disait bien, elle aussi, que certains, qui n'avaient rien à se reprocher personnellement, se sentaient responsables de ceux qui avaient fauté, alors qu'ils étaient sous leurs ordres ou leur responsabilité. Et les excuses d'État alors ? Là encore, on est dans une configuration un peu analogue, même si l'éloignement temporel joue de façon différente : on présente des excuses pour des crimes commis dans le passé, par un gouvernement qui était l'ancêtre du gouvernement actuel. En est-on l'héritier ? Ce n'est pas sûr, mais la continuité de l'état explique peut-être ces manifestations. On a bien en tout cas la signification très chrétienne du sentiment de la faute, même s'il s'agit de la faute commise par un autre : n'est-ce pas toute la thématique du péché originel ? Maintenant l'origine du mot repentir ou repentance est intéressante. Le re est un préfixe à valeur intensive : on en rajoute un peu. Quant au –pentir , il provient d'une famille latine qui signifie être mécontent de soi. Il s'agit donc de s'en vouloir, mais aussi de souffrir du souvenir de sa mauvais action. Être rongé de remords, autre expression, bien que plus familière et bien moins religieuse, reprend un peu la même idée et la même sensation.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.

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REPENTANCE   2010-09-17 REPENTANCE 2010-09-17 ARREPENTIMIENTO 2010-09-17 悔改 2010-09-17

La visite du Pape Benoît XVI au Royaume-Uni se place, nous dit-on, sous le signe de la repentance . Un mot bien à la mode depuis quelques années, quand il s'agit des excuses officielles, des excuses d'État. Mot bizarre quand même. Pourquoi ? Parce qu'il a un concurrent : repentir. Alors quelle est la différence ?

Repentance n'est pas un mot vraiment moderne, même si on l'emploie beaucoup plus qu'auparavant. On le trouve en français depuis le XIIe siècle, et le dictionnaire Robert nous informe même qu'il est vieilli ou littéraire. C'était compter sans cette nouvelle jeunesse que les médias politiques lui ont donné depuis peu. Et la définition du dictionnaire est « souvenir douloureux, regrets de ses fautes, de ses péchés ». Convient-elle encore aujourd'hui ? Oui… et non : elle est juste mais pas assez précise. De nos jours, lorsqu'on parle de repentance , il s'agit également d'un repentir qui agit pour autrui. Le Pape ne se repent pas de ses propres pêchés, mais d'une certaine façon, de ceux des autres, qui ont été commis par ceux qui appartenaient à cette église, et d'une certaine façon la représentaient. Comme si leurs crimes avaient entaché l'Église toute entière, et que leur chef devait se repentir pour eux. Est-on proche du responsable mais pas coupable , formule célèbre des ministres français à l'époque du sang contaminé ? Cette formule était plus laïque bien sûr. Mais elle disait bien, elle aussi, que certains, qui n'avaient rien à se reprocher personnellement, se sentaient responsables de ceux qui avaient fauté, alors qu'ils étaient sous leurs ordres ou leur responsabilité. Et les excuses d'État alors ? Là encore, on est dans une configuration un peu analogue, même si l'éloignement temporel joue de façon différente : on présente des excuses pour des crimes commis dans le passé, par un gouvernement qui était l'ancêtre du gouvernement actuel. |||||||||||||temporal|||||||||||||||||||||||| En est-on l'héritier ? Ce n'est pas sûr, mais la continuité de l'état explique peut-être ces manifestations. On a bien en tout cas la signification très chrétienne du sentiment de la faute, même s'il s'agit de la faute commise par un autre : n'est-ce pas toute la thématique du péché originel ? Maintenant l'origine du mot repentir ou repentance est intéressante. Le re est un préfixe à valeur intensive : on en rajoute un peu. ||||||value|||||| Quant au –pentir , il provient d'une famille latine qui signifie être mécontent de soi. Il s'agit donc de s'en vouloir, mais aussi de souffrir du souvenir de sa mauvais action. Être rongé de remords, autre expression, bien que plus familière et bien moins religieuse, reprend un peu la même idée et la même sensation.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.