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Madame Bovary de Gustave Flaubert, Première Partie, 5

Première Partie, 5

La façade de briques était juste à l'alignement de la rue, ou de la route plutôt. Derrière la porte se trouvaient accrochés un manteau à petit collet, une bride, une casquette de cuir noir, et, dans un coin, à terre, une paire de houseaux encore couverts de boue sèche. À droite était la salle, c'est-à-dire l'appartement où l'on mangeait et où l'on se tenait. Un papier jaune-serin, relevé dans le haut par une guirlande de fleurs pâles, tremblait tout entier sur sa toile mal tendue ; des rideaux de calicot blanc, bordés d'un galon rouge, s'entrecroisaient le long des fenêtres, et sur l'étroit chambranle de la cheminée resplendissait une pendule à tête d'Hippocrate, entre deux flambeaux d'argent plaqué, sous des globes de forme ovale. De l'autre côté du corridor était le cabinet de Charles, petite pièce de six pas de large environ, avec une table, trois chaises et un fauteuil de bureau. Les tomes du Dictionnaire des sciences médicales, non coupés, mais dont la brochure avait souffert dans toutes les ventes successives par où ils avaient passé, garnissaient presque [ 44 ] à eux seuls, les six rayons d'une bibliothèque en bois de sapin. L'odeur des roux pénétrait à travers la muraille, pendant les consultations, de même que l'on entendait de la cuisine, les malades tousser dans le cabinet et débiter toute leur histoire. Venait ensuite, s'ouvrant immédiatement sur la cour, où se trouvait l'écurie, une grande pièce délabrée qui avait un four, et qui servait maintenant de bûcher, de cellier, de garde-magasin, pleine de vieilles ferrailles, de tonneaux vides, d'instruments de culture hors de service, avec quantité d'autres choses poussiéreuses dont il était impossible de deviner l'usage. Le jardin, plus long que large, allait, entre deux murs de bauge couverts d'abricots en espalier, jusqu'à une haie d'épines qui le séparait des champs. Il y avait au milieu un cadran solaire en ardoise, sur un piédestal de maçonnerie ; quatre plates-bandes garnies d'églantiers maigres entouraient symétriquement le carré plus utile des végétations sérieuses. Tout au fond, sous les sapinettes, un curé de plâtre lisait son bréviaire. Emma monta dans les chambres.

La première n'était point meublée ; mais la seconde, qui était la chambre conjugale, avait un lit d'acajou dans une alcôve à draperie rouge. Une boîte en coquillages décorait la commode ; et, sur le secrétaire, près de la fenêtre, il y avait, dans une carafe, un bouquet de fleurs d'oranger, noué par des rubans de satin blanc. C'était un bouquet de mariée, le bouquet de l'autre ! Elle le regarda. Charles s'en aperçut, il le prit et l'alla porter au grenier, tandis qu'assise dans un fauteuil (on disposait ses affaires autour d'elle), Emma songeait à son [ 45 ] bouquet de mariage, qui était emballé dans un carton, et se demandait, en rêvant, ce qu'on en ferait ; si par hasard elle venait à mourir. Elle s'occupa, les premiers jours, à méditer des changements dans sa maison. Elle retira les globes des flambeaux, fit coller des papiers neufs, repeindre l'escalier et faire des bancs dans le jardin, tout autour du cadran solaire ; elle demanda même comment s'y prendre pour avoir un bassin à jet d'eau avec des poissons. Enfin son mari, sachant qu'elle aimait à se promener en voiture, trouva un boc d'occasion, qui, ayant une fois des lanternes neuves et des garde-crotte en cuir piqué, ressembla presque à un tilbury. Il était donc heureux et sans souci de rien au monde.

Un repas en tête-à-tête, une promenade le soir sur la grande route, un geste de sa main sur ses bandeaux, la vue de son chapeau de paille accroché à l'espagnolette d'une fenêtre, et bien d'autres choses encore où Charles n'avait jamais soupçonné de plaisir, composaient maintenant la continuité de son bonheur. Au lit, le matin, et côte à côté sur l'oreiller, il regardait la lumière du soleil passer parmi le duvet de ses joues blondes, que couvraient à demi les pattes escalopées de son bonnet. Vus de si près, ses yeux lui paraissaient agrandis, surtout quand elle ouvrait plusieurs fois de suite ses paupières en s'éveillant ; noirs à l'ombre et bleu foncé au grand jour, ils avaient comme des couches de couleurs successives, et qui plus épaisses dans le fond, allaient en s'éclaircissant vers la surface de l'émail. Son œil, à lui, se perdait dans ces profondeurs, et il s'y voyait en petit jusqu'aux épaules, avec le [ 46 ] foulard qui le coiffait et le haut de sa chemise entrouvert. Il se levait. Elle se mettait à la fenêtre pour le voir partir ; et elle restait accoudée sur le bord, entre deux pots de géraniums, vêtue de son peignoir, qui était lâche autour d'elle. Charles, dans la rue, bouclait ses éperons sur la borne ; et elle continuait à lui parler d'en haut, tout en arrachant avec sa bouche quelque bribe de fleur ou de verdure qu'elle soufflait vers lui, et qui voltigeant, se soutenant, faisant dans l'air des demi-cercles comme un oiseau, allait, avant de tomber, s'accrocher aux crins mal peignés de la vieille jument blanche, immobile à la porte. Charles, à cheval, lui envoyait un baiser ; elle répondait par un signe, elle refermait la fenêtre, il partait. Et alors, sur la grande route qui étendait sans en finir son long ruban de poussière, par les chemins creux où les arbres se courbaient en berceaux, dans les sentiers dont les blés lui montaient jusqu'aux genoux, avec le soleil sur ses épaules et l'air du matin à ses narines, le cœur plein des félicités de la nuit, l'esprit tranquille, la chair contente, il s'en allait ruminant son bonheur, comme ceux qui mâchent encore, après dîner, le goût des truffes qu'ils digèrent. Jusqu'à présent, qu'avait-il eu de bon dans l'existence ?

Était-ce son temps de collège, où il restait enfermé entre ces hauts murs, seul au milieu de ses camarades plus riches ou plus forts que lui dans leurs classes, qu'il faisait rire par son accent, qui se moquaient de ses habits, et dont les mères venaient au parloir avec des pâtisseries dans leur manchon ? Était-ce plus tard, lorsqu'il étudiait la médecine et n'avait jamais la bourse [ 47 ] assez ronde pour payer la contredanse à quelque petite ouvrière qui fût devenue sa maîtresse ? Ensuite il avait vécu pendant quatorze mois avec la veuve, dont les pieds, dans le lit, étaient froids comme des glaçons. Mais, à présent, il possédait pour la vie cette jolie femme qu'il adorait. L'univers, pour lui, n'excédait pas le tour soyeux de son jupon ; et il se reprochait de ne pas l'aimer, il avait envie de la revoir ; il s'en revenait vite, montait l'escalier ; le cœur battant. Emma, dans sa chambre, était à faire sa toilette ; il arrivait à pas muets, il la baisait dans le dos, elle poussait un cri. Il ne pouvait se retenir de toucher continuellement à son peigne, à ses bagues, à son fichu ; quelquefois, il lui donnait sur les joues de gros baisers à pleine bouche, ou c'étaient de petits baisers à la file tout le long de son bras nu, depuis le bout des doigts jusqu'à l'épaule ; et elle le repoussait, à demi souriante et ennuyée, comme on fait à un enfant qui se pend après vous. Avant qu'elle se mariât, elle avait cru avoir de l'amour ; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n'étant pas venu, il fallait qu'elle se fût trompée, songeait-elle. Et Emma cherchait à savoir ce que l'on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d' ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres.

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Première Partie, 5 Erster Teil, 5 Part 1, 5 Prima parte, 5

La façade de briques était juste à l’alignement de la rue, ou de la route plutôt. |||||||der Ausrichtung|||||||| |||bakstenen||||de lijn|||||||| Die Backsteinfassade war genau an der Straßenlinie, oder eher an der Straße. Derrière la porte se trouvaient accrochés un manteau à petit collet, une bride, une casquette de cuir noir, et, dans un coin, à terre, une paire de houseaux encore couverts de boue sèche. |||||hängend|||||||Zügel|||||||||||||||Hauschuhe||||Boden| ||||hingen|opgehangen|||||kleine kraag|een|teugeltje||petit zwart hoed||leren|||||||||paar||schoenhoezen||||modder|droge ||||||||||||strap|||||||||||||||gaiters||||| Hinter der Tür hing ein Mantel mit kleinem Kragen, ein Zaumzeug, eine schwarze Lederkappe, und in einer Ecke auf dem Boden lag ein Paar Stiefel, die noch mit trockenem Schlamm bedeckt waren. À droite était la salle, c’est-à-dire l’appartement où l’on mangeait et où l’on se tenait. Rechts war das Zimmer, das heißt die Wohnung, in der man aß und sich aufhielt. Un papier jaune-serin, relevé dans le haut par une guirlande de fleurs pâles, tremblait tout entier sur sa toile mal tendue ; des rideaux de calicot blanc, bordés d’un galon rouge, s’entrecroisaient le long des fenêtres, et sur l’étroit chambranle de la cheminée resplendissait une pendule à tête d’Hippocrate, entre deux flambeaux d’argent plaqué, sous des globes de forme ovale. |||seringelb||||||||||||||||||||||Kaliko||||Borte||kreuzten sich||||||||Rahmen||||resplendissait||||||||||platt|||||| |||kanariegeel|verhoogd||||||bloemenguirlande|||bleke|trilde|||||||slechte spanning||||katoen|||||||||||||||||||||||||||||||||| |||canary|||||||garland|||||||||||||||calico||||||||||||||||||resplended|||||of Hippocrates||||||||||| Ein gelblich-grünes Papier, oben mit einer Girlande aus blassen Blumen verziert, zitterte ganz auf seiner schlecht gespannten Leinwand; weiße Baumwollvorhänge, gesäumt mit einem roten Band, kreuzten sich entlang der Fenster, und auf dem schmalen Rahmen des Kamins glänzte eine Uhr mit Hippokrates-Kopf, zwischen zwei silbernen Kerzenständern, unter ovalen Globusformen. De l’autre côté du corridor était le cabinet de Charles, petite pièce de six pas de large environ, avec une table, trois chaises et un fauteuil de bureau. |||||||||||||||||||||||||chair|| Auf der anderen Seite des Flurs war das Kabinett von Charles, ein kleiner Raum von etwa sechs Schritten Breite, mit einem Tisch, drei Stühlen und einem Bürostuhl. Les tomes du Dictionnaire des sciences médicales, non coupés, mais dont la brochure avait souffert dans toutes les ventes successives par où ils avaient passé, garnissaient presque ||||||||||||Broschüre|||||||||||||| ||||||||||||brochure|||||||||||||| Die Bände des Wörterbuchs der medizinischen Wissenschaften, ungeöffnet, aber dessen Broschüre in allen bisherigen Verkäufen gelitten hatte, füllten fast The volumes of the Dictionary of Medical Sciences, not cut, but whose brochure had suffered in all the successive sales through which they had passed, almost garnished [ 44 ] à eux seuls, les six rayons d’une bibliothèque en bois de sapin. |||||||||||Fichte [44] alone, the six shelves of a fir wood bookcase. L’odeur des roux pénétrait à travers la muraille, pendant les consultations, de même que l’on entendait de la cuisine, les malades tousser dans le cabinet et débiter toute leur histoire. ||||||||||||||||||||||||||erzählen||| ||gingers|||||||||||||||||||cough|||||||| Der Geruch von roten Haaren drang durch die Mauer während der Beratungen, während man aus der Küche die Kranken husten hörte und ihre ganze Geschichte erzählten. Venait ensuite, s’ouvrant immédiatement sur la cour, où se trouvait l’écurie, une grande pièce délabrée qui avait un four, et qui servait maintenant de bûcher, de cellier, de garde-magasin, pleine de vieilles ferrailles, de tonneaux vides, d’instruments de culture hors de service, avec quantité d’autres choses poussiéreuses dont il était impossible de deviner l’usage. ||||||||||||||verfallen||||||||||||Keller|||||||Schrott||||||||||||||||||||raten| |||immediately|||||||||||dilapidated||||||||||||cellar|||||||scrap metal||||||||||||||||||||| Dann kam, direkt zur Hofseite hin geöffnet, ein großer heruntergekommener Raum, der einen Ofen hatte und jetzt als Holzlager, Vorratskammer und Lagerraum diente, voll mit alten Eisenteilen, leeren Fässern, defekten Kulturwerkzeugen und vielen anderen staubigen Dingen, deren Verwendungszweck unmöglich zu erraten war. Le jardin, plus long que large, allait, entre deux murs de bauge couverts d’abricots en espalier, jusqu’à une haie d’épines qui le séparait des champs. |||||||||||||||Spalier||||||||| |||||||||||cob||of apricots||espalier||||||||| Der Garten, länger als breit, erstreckte sich zwischen zwei Ziegelflügeln, die mit Spalier-Aprikosen bedeckt waren, bis zu einer Dornenhecke, die ihn von den Feldern trennte. The garden, longer than it was wide, went, between two walls of mud covered with espaliered apricots, to a hedge of thorns which separated it from the fields. Il y avait au milieu un cadran solaire en ardoise, sur un piédestal de maçonnerie ; quatre plates-bandes garnies d’églantiers maigres entouraient symétriquement le carré plus utile des végétations sérieuses. ||||||Zifferblatt|||Schiefer|||Piedestal||Mauerwerk||||||||||||||| ||||||dial||||||||||plates||||||||||||| In der Mitte stand eine Sonnenuhr aus Schiefer auf einem Mauerwerksockel; vier Beete mit dürren Hundsrosen umgaben symmetrisch das nützlichere Quadrat der ernsthaften Vegetationen. In the middle was a slate sundial on a masonry pedestal; four beds trimmed with lean rose hips symmetrically surrounded the more useful square of serious vegetation. Tout au fond, sous les sapinettes, un curé de plâtre lisait son bréviaire. |||||Tannenbäumchen||||Plastik||| |||||small pines||priest||plaster|||breviary Ganz hinten, unter den kleinen Fichten, las ein Priester aus Gips sein Brevier. Emma monta dans les chambres. |mounted||| Emma ging in die Zimmer.

La première n’était point meublée ; mais la seconde, qui était la chambre conjugale, avait un lit d’acajou dans une alcôve à draperie rouge. ||||||||||||||||of mahogany|||alcove||drapery| Die erste war nicht möbliert; aber die zweite, die das Ehebett war, hatte ein Mahagonibett in einer Nische mit rotem Draperie. Une boîte en coquillages décorait la commode ; et, sur le secrétaire, près de la fenêtre, il y avait, dans une carafe, un bouquet de fleurs d’oranger, noué par des rubans de satin blanc. |||Muscheln|||||||||||||||||||||||gebunden|||||| |||shells|||||||||||||||||||bouquet|||of orange|tied|||||satin| Eine Schachtel aus Muscheln schmückte die Kommode; und auf dem Sekretär, in der Nähe des Fensters, stand in einer Karaffe ein Strauß von Orangenblüten, der mit weißen Satinschleifen gebunden war. A shell box decorated the dresser; and, on the secretary, near the window, there was, in a carafe, a bouquet of orange blossoms, tied with white satin ribbons. C’était un bouquet de mariée, le bouquet de l’autre ! Es war ein Brautstrauß, der Strauß der anderen! It was a bridal bouquet, the bouquet of the other! Elle le regarda. Charles s’en aperçut, il le prit et l’alla porter au grenier, tandis qu’assise dans un fauteuil (on disposait ses affaires autour d’elle), Emma songeait à son [ 45 ] bouquet de mariage, qui était emballé dans un carton, et se demandait, en rêvant, ce qu’on en ferait ; si par hasard elle venait à mourir. |||||||||||||||||||||||dachte||||||||||||||||||||||||||| |||||||would take|||||while sitting||||||||||||||||wedding|which||||||||||dreaming||||||||||| Charles bemerkte es, er nahm es und brachte es auf den Speicher, während Emma, die in einem Sessel saß (man hatte ihre Sachen um sie herum ausgelegt), über ihren [45] Brautstrauß nachdachte, der in einem Karton verpackt war, und sich fragte, im Traum, was man damit tun würde; falls sie zufällig sterben sollte. Elle s’occupa, les premiers jours, à méditer des changements dans sa maison. In den ersten Tagen beschäftigte sie sich damit, Veränderungen in ihrem Haus zu meditieren. Elle retira les globes des flambeaux, fit coller des papiers neufs, repeindre l’escalier et faire des bancs dans le jardin, tout autour du cadran solaire ; elle demanda même comment s’y prendre pour avoir un bassin à jet d’eau avec des poissons. |||||||||||streichen||||||||||||||||||||||||||||| |||||||||||repaint||||||||||||||||||||||||||||| Sie entfernte die Lampenschirme von den Kerzenständern, ließ neue Papiere ankleben, malte das Treppenhaus neu und ließ Bänke im Garten rund um die Sonnenuhr bauen; sie fragte sogar, wie man ein Wasserbecken mit einer Fontäne und Fischen einrichten könne. She removed the globes from the torches, had new papers glued, repainted the staircase and made benches in the garden, all around the sundial; she even asked how to go about having a water jet pool with fish. Enfin son mari, sachant qu’elle aimait à se promener en voiture, trouva un boc d’occasion, qui, ayant une fois des lanternes neuves et des garde-crotte en cuir piqué, ressembla presque à un tilbury. |||||||||||||||||||||||||||||||||Tilbury |||||||||||found||buggy|||||||||||||||spiked||||| Il était donc heureux et sans souci de rien au monde.

Un repas en tête-à-tête, une promenade le soir sur la grande route, un geste de sa main sur ses bandeaux, la vue de son chapeau de paille accroché à l’espagnolette d’une fenêtre, et bien d’autres choses encore où Charles n’avait jamais soupçonné de plaisir, composaient maintenant la continuité de son bonheur. |||||||||||||||||||||||||||||||der Fensterbeschlag||||||||||||soupçonné||||||||| |||||||||||||||||||||headbands||||||||||||||||||||||||||||||| A one-on-one meal, an evening walk on the highway, a gesture of his hand on his headbands, the sight of his straw hat hanging on the spanish window, and many other things still where Charles never suspected pleasure, now made up the continuity of his happiness. Au lit, le matin, et côte à côté sur l’oreiller, il regardait la lumière du soleil passer parmi le duvet de ses joues blondes, que couvraient à demi les pattes escalopées de son bonnet. |||||||||||||||||||Flaum|||||||||||geschnitzten||| ||||||||||||||||pass|||down|||||||||||scalloped||| Im Bett, am Morgen, und Seite an Seite auf dem Kissen, sah er das Sonnenlicht durch das Wolle seiner blonden Wangen strömen, die halb von den geschuppten Rändern seiner Mütze bedeckt waren. In bed in the morning, and side by side on the pillow, he watched the sunlight pass through the down of his blond cheeks, which were half covered by the scalloped legs of his cap. Vus de si près, ses yeux lui paraissaient agrandis, surtout quand elle ouvrait plusieurs fois de suite ses paupières en s’éveillant ; noirs à l’ombre et bleu foncé au grand jour, ils avaient comme des couches de couleurs successives, et qui plus épaisses dans le fond, allaient en s’éclaircissant vers la surface de l’émail. ||||||||||||||||||||sich erwachend|||||||||||||||||||||||||||sich aufhellend||||| ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||the enamel Aus so naher Sicht schienen seine Augen vergrößert, besonders wenn sie mehrere Male hintereinander ihre Augenlider beim Aufwachen öffnete; schwarz im Schatten und dunkelblau im Tageslicht hatten sie wie Schichten aufeinanderfolgender Farben, die dicker im Hintergrund und sich zur Oberfläche des Emaills hin aufhellend waren. Seen so closely, her eyes seemed enlarged, especially when she opened her eyelids several times in succession; black in the shade and dark blue in broad daylight, they had like layers of successive colors, which thicker in the background, became lighter towards the surface of the enamel. Son œil, à lui, se perdait dans ces profondeurs, et il s’y voyait en petit jusqu’aux épaules, avec le |||||||||and||||||||| Sein Auge, das seine, verlor sich in diesen Tiefen und er sah sich darin klein bis zu den Schultern. His own eye was lost in these depths, and he saw himself in small to the shoulders, with the [ 46 ] foulard qui le coiffait et le haut de sa chemise entrouvert. ||||||||||partially open Il se levait. Elle se mettait à la fenêtre pour le voir partir ; et elle restait accoudée sur le bord, entre deux pots de géraniums, vêtue de son peignoir, qui était lâche autour d’elle. |||||||||||||aufgestützt||||||||||||||||| Charles, dans la rue, bouclait ses éperons sur la borne ; et elle continuait à lui parler d’en haut, tout en arrachant avec sa bouche quelque bribe de fleur ou de verdure qu’elle soufflait vers lui, et qui voltigeant, se soutenant, faisant dans l’air des demi-cercles comme un oiseau, allait, avant de tomber, s’accrocher aux crins mal peignés de la vieille jument blanche, immobile à la porte. ||||bucklete|||||Pfosten|||||||||||reißend|||||stück|||||Grünzeug|||||||voltigeant||unterstützend||||||||||||||||crins||||||||||| ||||buckled|||||||||||||||||||||bribe||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Charles schnallte seine Sporen an die Borde in der Straße; und sie sprach weiterhin von oben zu ihm, während sie mit dem Mund ein Stück einer Blume oder von Grünzeug abbrach, das sie ihm entgegenblies, und das, schwirrend und sich haltend, in der Luft Halbkreise wie ein Vogel beschrieb, bevor es, bevor es fiel, sich in das schlecht gekämmte Haar der alten weißen Stute, die reglos an der Tür stand, festkrallte. Charles, in the street, buckled his spurs on the terminal; and she continued to speak to him from above, while tearing out with her mouth some snippet of flower or greenery which she blew towards him, and which fluttered, supported each other, making semi-circles in the air like a bird , was going, before falling, to cling to the badly combed hair of the old white mare, motionless at the door. Charles, à cheval, lui envoyait un baiser ; elle répondait par un signe, elle refermait la fenêtre, il partait. Charles, zu Pferd, schickte ihr einen Kuss; sie antwortete mit einem Zeichen, schloss das Fenster und er ritt davon. Et alors, sur la grande route qui étendait sans en finir son long ruban de poussière, par les chemins creux où les arbres se courbaient en berceaux, dans les sentiers dont les blés lui montaient jusqu’aux genoux, avec le soleil sur ses épaules et l’air du matin à ses narines, le cœur plein des félicités de la nuit, l’esprit tranquille, la chair contente, il s’en allait ruminant son bonheur, comme ceux qui mâchent encore, après dîner, le goût des truffes qu’ils digèrent. |||||||||||||Band|||||||||||sich bogen||Wiegen||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||wiederkäuend||||||||||||||| ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||chew|||||||truffles|| Und dann, auf dem großen Weg, der sein langes Staubband ohne Ende entfaltete, durch die vertieften Wege, wo die Bäume in Wiegen sich neigten, in den Pfaden, deren Ähren ihm bis zu den Knien wuchsen, mit der Sonne auf seinen Schultern und der Morgenluft in seinen Nasenlöchern, das Herz voller Glückseligkeiten der Nacht, der Geist ruhig, das Fleisch zufrieden, ging er nachdenklich über sein Glück nach, wie die, die nach dem Abendessen noch den Geschmack von Trüffeln kauen, die sie verdauen. Jusqu’à présent, qu’avait-il eu de bon dans l’existence ?

Était-ce son temps de collège, où il restait enfermé entre ces hauts murs, seul au milieu de ses camarades plus riches ou plus forts que lui dans leurs classes, qu’il faisait rire par son accent, qui se moquaient de ses habits, et dont les mères venaient au parloir avec des pâtisseries dans leur manchon ? ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||manchon ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||visiting room|||pastries|||muff Était-ce plus tard, lorsqu’il étudiait la médecine et n’avait jamais la bourse [ 47 ] assez ronde pour payer la contredanse à quelque petite ouvrière qui fût devenue sa maîtresse ? ||||||||||||||||||contradance||||||||| Was it later, when he was studying medicine and never had a purse [ 47 ] large enough to pay the contredanse to some little working girl who had become his mistress? Ensuite il avait vécu pendant quatorze mois avec la veuve, dont les pieds, dans le lit, étaient froids comme des glaçons. Mais, à présent, il possédait pour la vie cette jolie femme qu’il adorait. L’univers, pour lui, n’excédait pas le tour soyeux de son jupon ; et il se reprochait de ne pas l’aimer, il avait envie de la revoir ; il s’en revenait vite, montait l’escalier ; le cœur battant. |||did not exceed||||silky|||petticoat||||||||||||||||||||||| Das Universum für ihn überschritt nicht die seidene Rundung seines Unterrocks; und er war sich selbst vorzuwerfen, dass er sie nicht liebte, er wollte sie wiedersehen; er kehrte eilig zurück, ging die Treppe hinauf; das Herz klopfend. The universe, for him, did not exceed the silky turn of his petticoat; and he reproached himself for not loving her, he wanted to see her again; he came back quickly, went up the stairs; the beating heart. Emma, dans sa chambre, était à faire sa toilette ; il arrivait à pas muets, il la baisait dans le dos, elle poussait un cri. |||||||||||||||||||||||scream Emma war in ihrem Zimmer dabei, sich zu toilettieren; er kam mit lautlosen Schritten, küsste sie in den Nacken, sie stieß einen Schrei aus. Il ne pouvait se retenir de toucher continuellement à son peigne, à ses bagues, à son fichu ; quelquefois, il lui donnait sur les joues de gros baisers à pleine bouche, ou c’étaient de petits baisers à la file tout le long de son bras nu, depuis le bout des doigts jusqu’à l’épaule ; et elle le repoussait, à demi souriante et ennuyée, comme on fait à un enfant qui se pend après vous. ||||||||||comb|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||hangs|| Er konnte sich nicht zurückhalten, ständig ihre Kämme, Ringe und ihren Schal zu berühren; manchmal gab er ihr kräftige Küsse auf die Wangen, oder es waren kleine Küsse, die der Reihe nach ihren nackten Arm hinuntergingen, vom Ende der Finger bis zur Schulter; und sie wies ihn mit einem halb lächelnden, halb gelangweilten Gesicht ab, wie man es bei einem Kind macht, das sich an einen hängt. Avant qu’elle se mariât, elle avait cru avoir de l’amour ; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n’étant pas venu, il fallait qu’elle se fût trompée, songeait-elle. ||||||||||but|||||||||||||||||||| Bevor sie heiratete, hatte sie geglaubt, Liebe zu empfinden; aber das Glück, das aus dieser Liebe resultieren sollte, war nicht gekommen, also musste sie sich geirrt haben, dachte sie. Et Emma cherchait à savoir ce que l’on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d' ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres. |||||||||||||||||||||||Rausch||||||||| Und Emma versuchte herauszufinden, was man im Leben genau unter den Worten Glückseligkeit, Leidenschaft und Ekstase verstand, die ihr in den Büchern so schön erschienen waren. And Emma wanted to know what exactly was meant in life by the words bliss, passion and intoxication, which had seemed so beautiful to her in books.