STRATÉGIE 2009-05-07
Les Iraniens s'implanteraient-ils sur une position stratégique à Assab, sur le bord de la mer Rouge, en Erythrée ? C'est ainsi qu'on commente une information récemment parvenue à la rédaction de RFI, et qui indique que des forces iraniennes se sont installées à un endroit habilement choisi, qui permet de contrôler plusieurs territoires et leurs accès, plusieurs itinéraires. Quand on parle de « position stratégique », on fait donc allusion à une position qui, à partir d'un minimum de moyens déployés, permet de maîtriser un maximum de choses, comme si on se plaçait au cœur d'un réseau. De façon un peu semblable, on parle parfois aussi de « position-clé ». L'image est claire, on peut ouvrir ou fermer avec une clé. Et de toute façon, le mot « clé » donne très souvent cette impression que celui qui la possède a le pouvoir, avec bien souvent l'idée qu'on maîtrise le passage d'un lieu à un autre, la relation d'un univers avec un autre. Le personnage-clé d'une affaire est celui qui permet d'en percer le mystère, celui qui a accès à des gens qui s'ignorent les uns les autres. Et la position stratégique – pour reprendre notre premier mot – reprend quelques-unes de ces significations.
Le mot « stratégique » vient du grec. Le strategos , qui a donné notre « stratège », était à Athènes l'équivalent du ministre de la Guerre, le magistrat chargé de toutes les question militaires. Puis, le mot a été à peu près l'équivalent de notre « général ». Et d'ailleurs, le mot « stratège », en français, a désigné au début du XXe siècle un commandant en chef des armées. Le sens strict du mot « stratégie » l'associe donc à une pensée de l'anticipation. Le stratège est un joueur d'échecs, qui planifie, qui envisage à l'avance ce qu'il va faire, qui prévoit les réactions de l'adversaire. Il imagine donc l'avenir pour essayer de le modeler, de le créer, de le rendre conforme à son dessein, à son intention. Souvent, on entend parler de « stratégie à long terme ». L'expression n'est pas vraiment un pléonasme, mais pourtant cette idée de long terme semble plus ou moins associée au mot même de « stratégie ». En d'autres termes, être stratège, c'est prévoir. Et c'est souvent en cela qu'on oppose la stratégie à la tactique. Lorsqu'on parle de tactique, on a à l'esprit une série de mouvements qui sont bien plus rapides, et décidés en réaction à ce qui se passe. Au lieu de prévoir, on réagit, de la façon la plus opportune possible, mais on réagit au coup par coup, sans avoir toujours l'idée du déroulé général des choses. Cette idée de rapidité est largement accréditée par la physionomie sonore du mot, comme s'il s'agissait de la réponse du berger à la bergère : s'il fait tac, je réponds tic. Et ça nous donne la… tactique !
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/