Journal en français facile 19/03/2020 20h00 GMT
Julien Coquelle-Roëhm : Vous écoutez RFI, il est 21h à Paris, 20h en temps universel. L'heure de retrouver comme tous les soirs votre Journal en français facile que j'ai le plaisir de présenter ce soir avec Frédéric Suteau. Bonsoir Frédéric ! Frédéric Suteau : Bonsoir Julien, bonsoir à toutes et à tous. JCR : Un seul grand titre à la une de ce journal, le coronavirus. Plus de 230 000 cas dans 158 pays et territoires alors qu'il se répand à grande vitesse en Europe. La Chine voit le bout du tunnel, pas de nouveau cas local dans le pays aujourd'hui. Les explications dans un instant. FS : Le Covid-19 qui fait plonger, nous le verrons, les marchés et menace l'économie. La Banque Centrale Européenne va débloquer 750 milliards d'euros pour faire face. JCR : Et puis, alors que les États-Unis recommandent à l'instant aux américains de ne pas voyager ou de rentrer si possible, des français restent bloqués à l'étranger comme au Venezuela où nous irons dans ce journal. ------ FS : Plus de 100 000 cas de coronavirus en Europe, plus de morts en Italie qu'en Chine désormais. La Chine où le virus est apparu fin 2019 qui est l'un des seuls pays avec des bonnes nouvelles aujourd'hui. JCR : Oui, Pékin n'a déclaré aucun nouveau cas apparu sur son sol dans les dernières 24 heures. Tous les nouveaux cas détectés ont été importés de l'étranger. Sur place, les détails avec notre correspondant Simon Leplâtre. C'est un succès certain après deux mois de sacrifice. Pour la première fois depuis le début de l'épidémie, en décembre, la Chine n'a déclaré aucun nouveau cas de Covid-19 aujourd'hui. Aucun cas apparu en Chine du moins, car le pays continue de détecter le virus sur des voyageurs arrivant de l'étranger. Faut-il croire les chiffres officiels chinois ? Le retournement radical mi-février, juste quand le président insistait que la priorité était désormais à la reprise du travail, est suspect. Mais la Chine ne pourrait sans doute pas cacher des milliers de cas si l'épidémie faisait toujours rage. Si on peut soupçonner les autorités locales de minimiser, il est clair que l'épidémie est sous contrôle en Chine. Un succès dû à des mesures très fortes : après avoir caché la dangerosité du virus pendant plus d'un mois, les autorités ont fermé toute la province du Hubei, et le pays s'est barricadé. Aujourd'hui encore, tout le monde porte des masques, et pour entrer dans les commerces, il faut se soumettre à un contrôle de température et se laver les mains à l'alcool. Ceux qui rentrent de l'étranger sont soumis à 14 jours de quarantaine systématiquement. FS : Le virus menace donc bien plus maintenant le reste du monde que son berceau la Chine. Il menace notamment, Julien, les pays les plus pauvres. JCR : C'est ce qu'a dit aujourd'hui le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres : « nous pourrions avoir des milliers de morts » si les pays du G20 ne se préoccupent pas de ces pays et notamment du continent africain où pour l'instant 722 cas ont été recensés selon l'Organisation Mondiale de la Santé. L'OMS qui appelait hier les dirigeants africains à se réveiller car le nombre de cas pourrait exploser dans leurs pays. La République Démocratique du Congo a décidé aujourd'hui de fermer ses écoles, ses lieux de culte, ses bars et restaurants et de suspendre les vols venant de pays à risque. Le Nigéria avait pris cette décision hier et annonce aujourd'hui, la fermeture des écoles dès lundi. La Mauritanie a détecté un deuxième cas et annonce un couvre-feu. FS : Les mesures économiques se multiplient elles aussi pour faire face à la crise déclenchée par la pandémie. JCR : Oui, le gouvernement américain négocie, par exemple, un plan de relance économique de 1 300 milliards de dollars. Le Congrès américain a voté hier un plan d'aides sociales de 100 milliards. De son côté, la Banque Centrale Européenne a débloqué hier soir une enveloppe de 750 milliards d'euros pour racheter de la dette publique et privée. Une réponse saluée par l'ensemble des acteurs politiques et économiques à travers le continent. Elle va les aider à tenir jusqu'à la fin de la pandémie. À Bruxelles, correspondance de Pierre Bénazet. Les marchés financiers donnent la meilleure indication de l'accueil positif réservé aux mesures annoncées par la banque centrale européenne puisque les principales places du continent ont repris du poil de la bête ce jeudi matin. Plusieurs grandes banques privées ont marqué leur approbation et les dirigeants politiques ont eux aussi salué l'initiative de la BCE. C'est le cas de David Sassoli, président du parlement européen, pour qui cela va sécuriser l'économie de l'UE et protéger familles, travailleurs et entreprises ; c'est le cas du président du conseil italien Giuseppe Conte, pour qui l'Europe frappe un coup, fort, sonore et adapté. Même son de cloche en France où le ministre de l'économie tempère toutefois son enthousiasme en jugeant, je cite, « tardive », cette réaction de la BCE. Il faut dire que sa présidente Christine Lagarde avait été durement critiquée pour avoir souligné il y a une semaine que la Banque centrale européenne n'avait pas à s'occuper des spreads, les écarts entre les taux des obligations émises par les pays de la zone Euro. Finalement, Charles Michel, le président du Conseil européen promet ce jeudi qu'aucun effort ne sera épargné et c'est le meilleur résumé de l'attitude que les institutions européennes ont enfin compris qu'il fallait adopter devant la volatilité des marchés. Pierre Bénazet, Bruxelles, RFI. FS : En Europe, le Royaume-Uni est passé pour le mauvais élève ces derniers jours. Le gouvernement britannique, en effet, a mis du temps à mettre en place des mesures, mais Boris Johnson s'est montré optimiste aujourd'hui. JCR : Après avoir annoncé hier soir la fermeture des écoles, le premier ministre est confiant face au Covid-19. Il affirme que son pays peut inverser la tendance en 12 semaines si ses recommandations sont suivies. Le Royaume-Uni ne prend toujours pas de mesures contraignantes, mais conseille maintenant d'éviter les rassemblements et de faire du télétravail. FS : Boris Johnson qui attend aussi des progrès scientifiques. Les britanniques espèrent commencer les essais pour développer un vaccin dans le mois qui vient. JCR : Et l'industrie pharmaceutique s'engage de son côté à fournir un vaccin contre le Covid-19 d'ici 12 à 18 mois. En France, Emmanuel Macron annonçait tout à l'heure une augmentation de 5 milliards d'euros sur dix ans du budget de la recherche. Aux États-Unis, Donald Trump a annoncé ce matin qu'un traitement contre le paludisme allait être mis sur le marché. Il évoque des résultats très encourageants contre le coronavirus mais les autorités sanitaires sont moins optimistes et attendent un essai plus large. De larges essais cliniques plutôt que des essais locaux, c'est aussi ce qu'a demandé aujourd'hui l'Agence Européenne du médicament. FS : RFI 16h et bientôt sept minutes à Caracas au Venezuela. Le pays qui compte 36 cas de Covid-19. Le Venezuela totalement fermé depuis mardi. Le gouvernement a suspendu tous les vols et les frontières terrestres sont fermées. JCR : Résultat : certains étrangers se trouvent totalement bloqués. C'est le cas de Timothée Chala-zonitis, un artiste français de 30 ans de passage dans le pays et qui n'arrive plus à partir. Le récit de notre correspondant Benjamin Delille. Timothée Chalazonitis est arrivé le 5 mars au Venezuela. Il devait rester un peu plus de deux semaines pour une résidence d'artiste à l'initiative de l'alliance française de Maracay, une ville proche de Caracas. Avec l'arrivée du coronavirus au Venezuela vendredi dernier, il a décidé de rentrer plus tôt, mais les mesures drastiques de confinement l'en ont empêché. « Je me retrouve bloqué parce que Maduro a bloqué les États, donc les routes. Donc y a des check-points et des militaires qui bloquent l'accès à l'aéroport pour éviter la contamination. Mais je n'ai pas pu accéder à mes vols, je me retrouve bloqué actuellement à Maracay et heureusement je suis aidé par l'alliance française ici. » Pris dans le confinement général vénézuélien, Timothée se retrouve à vivre les mêmes restrictions que les Vénézuéliens malgré l'aide précieuse de l'alliance française. « Avant l'arrivée du coronavirus on avait de l'eau trois fois par jour. Maintenant, ça arrive dans certains quartiers qu'on ait de l'eau que pendant une heure. On n'a pas d'eau courante donc on peut pas bien se laver les mains. Et aussi il y a de moins en moins de choses dans les commerces, de moins en moins de vivres. Je ne sais pas comment les gens vont pouvoir faire ici. Je dis ça en espérant prendre un vol prochainement… » Le consulat a finalement réussi à lui obtenir un laisser-passer pour retourner à Caracas. Il lui faut maintenant attendre que le rapatriement promis par le gouvernement français soit mis en place. FS : Et pendant ce temps, la France est-elle complètement confinée. On ne peut plus sortir que pour faire ses courses, se soigner ou travailler. Et le gouvernement se penche sur la situation des sans-abris. JCR : L'État a commencé à réquisitionner des chambres d'hôtel afin de leur permettre de se confiner, c'est ce qu'a annoncé le Ministre du Logement, Julien Denormandie, à l'Assemblée Nationale cet après-midi. [Transcription manquante] JCR : Propos recueillis par Julien Chavanne. C'est ainsi que se termine ce Journal en français facile, merci de l'avoir suivi et merci à vous Frédéric ! FS : Bonne soirée, merci Julien ! JCR : On se retrouve sur le site de RFI Savoirs quand vous voulez !