Journal en français facile 16/02/2022 20h00 GMT
Anne Corpet : Bienvenue dans le Journal en français facile.
La Pologne et la Hongrie risquent de ne plus recevoir de fonds de la part de l'Union européenne. La Cour européenne de justice a confirmé la légalité d'un dispositif qu'ils contestaient. Il permet de suspendre le versement d'argent aux pays qui ne respectent pas les valeurs de l'UE.
Les Russes affirment avoir retiré des soldats de la frontière avec l'Ukraine. Mais les Ukrainiens eux disent que rien n'a changé sur le terrain. Les Américains affichent aussi leurs doutes sur la réalité de ce retrait.
Emmanuel Macron veut une Europe souveraine dans l'espace. C'est ce que le président français a dit aux ministres européens. Ils étaient réunis à Toulouse ce mercredi.
Les Ehpad, ces établissements qui accueillent des personnes âgées, mis en cause par la Cour des comptes. Dans son rapport annuel, la cour dénonce notamment le manque de médecins et de personnel.
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AC : La Pologne et la Hongrie ont perdu devant la justice européenne.
Le recours déposé par les deux pays a été rejeté. Varsovie et Budapest voulaient empêcher la mise en place d'un nouveau dispositif. Il permet de bloquer le versement de fonds européens aux pays qui ne respectent pas l'État de droit. La Pologne risque d'être visé par le dispositif notamment parce qu'elle a porté atteinte à l'indépendance de la justice. À Varsovie la décision de la justice a immédiatement provoqué des réactions très négatives. Les précisions de Sarah Bakaloglou.
La plus virulente des réactions est sans doute venue du ministre de la Justice Ziobro, connu pour ses positions anti-européennes. Parlant d'un moment historique, il a dénoncé un mécanisme visant à faire chanter financièrement les États et à limiter leur souveraineté. « Ce mécanisme va être utilisé sans pitié » a-t-il mis en garde. Il s'en est également pris à la Cour de justice de l'UE, qualifiée d'organe non indépendant. Signe des divisions au sein de la coalition au pouvoir, le ministre de la Justice en a profité également pour s'en prendre au Premier ministre Mateusz Morawiecki, qui selon lui a fait une erreur historique en donnant son accord à ce mécanisme de conditionnalité fin 2020. De son côté, le porte-parole du gouvernement Piotr Muller a également dénoncé le verdict de la justice européenne, soulignant qu'il n'y avait aucune base juridique pour bloquer le versement des fonds de l'UE vers la Pologne. Varsovie n'ayant pas été épinglé pour une gestion douteuse des subventions européennes, la décision de ce matin a cependant été saluée par plusieurs membres de l'opposition. Et la Pologne se retrouve un peu plus sous pression sachant que les fonds du plan de relance à hauteur de 36 milliards d'euros destinés à Varsovie sont toujours bloqués par la Commission européenne.
AC : L'Ukraine a fêté ce mercredi une « Journée de l'unité nationale ». La date avait été choisie par le président Zelensky parce que les services de renseignement américains avaient prévu une possible invasion du pays par la Russie, ce 16 février. Finalement les soldats russes sont restés sur leur territoire. Moscou affirme avoir commencé à retirer des unités combattantes de la frontière. Mais les autorités ukrainiennes disent que les troupes n'ont pas bougé. Et les Américains n'ont pas non plus constaté de changement. Correspondance à Washington Guillaume Naudin.
De la prudence, voire du scepticisme. C'est l'état d'esprit à Washington après les annonces russes. Dès hier, Joe Biden expliquait que les analystes américains ne constatent pas de réel retrait russe. Ce mercredi, son secrétaire d'état Anthony Blinken est venu dire la même chose à la télévision. « Malheureusement, il y a une différence entre ce que la Russie dit et ce qu'elle fait. Et ce que nous voyons, c'est qu'il n'y a pas de retrait significatif. Au contraire, nous voyons des forces et en particulier des forces qui seraient à l'avant-garde d'une nouvelle agression contre l'Ukraine, continuer à être à la frontière et à se masser à la frontière. Nous n'avons pas vu de retrait. Nous aimerions en voir un si nous en voyions un, nous l'accueillerions favorablement. Nous sommes prêts pour la diplomatie, nous sommes prêts pour une agression. Nous sommes prêts pour les deux options ». Pendant ce temps, son collègue de la défense Lloyd Austin est à Bruxelles au siège de l'OTAN où, sans surprise, le discours est le même. L'alliance atlantique ne voit aucune désescalade à ce stade et affirme qu'au contraire, la Russie continue de renforcer sa présence militaire sur place.
AC : Quelles ambitions pour l'Europe dans l'espace ?
Les ministres européens concernés par le sujet étaient réunis à Toulouse ce mercredi pour répondre à cette question. Un sommet organisé dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne. Exploration, lanceur, satellites : sur tous les sujets, Emmanuel Macron veut une Europe plus ambitieuse et surtout plus souveraine. À Toulouse, Anthony Lattier.
À moins de la 2 mois de la fin d'un mandat, tout discours qui se conjugue au futur est aussi un discours de campagne. Nouvelle illustration ce mercredi sur le thème l'espace. Là-aussi, Emmanuel Macron veut rebâtir une souveraineté européenne face à l'appétit grandissant des États-Unis, de la Chine et des acteurs privés. Cette souveraineté européenne, elle passe d'abord par le déploiement de constellation européenne de satellites acté ce jour à Toulouse pour diffuser largement de l'internet à très haut débit. Elle passe aussi par l'exploration spatiale, mais Emmanuel Macron reste prudent, il se contente de poser des questions auxquelles il faut répondre rapidement. « Face à ceux dont l'ADN politique est le passé ». Emmanuel Macron parle du futur, « parce que c'est son ADN politique », glisse le ministre Bruno Le Maire après le discours. Comme quoi la présidentielle n'est jamais loin, la conquête à venir n'est pas que spatiale. Anthony Lattier, Toulouse, RFI.
AC : Le président français réunit ce mercredi soir un mini-sommet sur le Sahel. Plusieurs dirigeants africains et européens y participent. La France devrait ensuite annoncer le retour des soldats envoyés au Mali. Cela fait neuf ans que les militaires français sont déployés sur place.
Le fonctionnement des Ehpad, les établissements qui accueillent les personnes âgées, une nouvelle fois pointé du doigt. Il avait été déjà dénoncé dans un livre publié en janvier. Il révélait des maltraitances au sein d'un groupe privé Orpea. Cette fois, c'est la Cour des comptes qui signale les problèmes de ces établissements. Dans son rapport annuel la cour parle des « faiblesses structurelles des Ehpad » Pauline Gleize.
Les Sages de la Cour des comptes ne prennent pas de gants. À leurs yeux, le lourd bilan de l'épidémie de Covid-19 dans les maisons de retraites ne s'explique « pas seulement par la fragilité des résidents ». Les « difficultés structurelles des Ehpad » sont également mises en cause. Le rapport relève des « faiblesses notables » dans la prise en charge sanitaire de personnes dont les besoins médicaux s'accroissent. Beaucoup d'établissements n'ont pas de médecin coordonnateur, alors même qu'ils souffrent d'une pénurie de médecin de ville. La plupart peinent aussi à recruter assez d'aides-soignants et d'infirmiers. Le rapport préconise donc de mieux articuler Ehpad et filières de soin. Les Sages préconisent aussi d'agir sur les conditions de travail, sur la formation, l'évolution de carrières et la prévention des accidents du travail. Face à l'épidémie, l'État et l'Assurance maladie ont certes apporté un soutien financier massif au secteur y compris via des dispositifs pérennes avec des augmentations de salaires dans le cadre du Ségur de la Santé. Mais, la Cour des comptes estime que cet effort financier « aurait pu être l'occasion pour l'État d'engager des réformes structurelles trop longtemps différées » et de déplorer « tel n'a pas été le cas ».
AC : En France, les lanceurs d'alertes, ces hommes ou femmes qui préviennent les autorités de crimes ou de délits, sont maintenant mieux protégés par la loi. Le Parlement français a définitivement voté un texte qui renforce leur rôle de contre-pouvoir. La loi définit leur statut, et facilite leur soutien financier et psychologique. Ces personnes perdent souvent leur emploi après avoir dénoncé des abus.
Les discothèques, ces lieux où l'on va danser le soir, peuvent rouvrir en France. Elles avaient été fermées à cause de la pandémie de Covid. Le gouvernement français espère lever d'ici quelque semaines les autres restrictions sanitaires. Le port obligatoire du masque à l'intérieur sera peut-être levé à la fin du mois de mars a dit le ministre de la Santé.