Journal en français facile 25/04/2022 20h00 GMT
Clémentine Pawlotsky : Merci d'écouter RFI, il est 22 h à Paris, 23 h à Marioupol. Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile présenté ce soir avec Loic Bussières, bonsoir.
Loic Bussières : Bonsoir clémentine, bonsoir à tous.
CP : À la une, la réélection d'Emmanuel Macron en France. Le président sortant a remporté la présidentielle d'hier face à Marine Le Pen. Il se prépare déjà pour la suite, nous dira Anthony Lattier.
LB : Toujours pas de couloir humanitaire à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine. La Russie accuse les autorités ukrainiennes d'avoir empêché l'évacuation des civils. Aucun accord n'a pu être conclu entre les deux camps.
CP : Nous entendrons aussi le témoignage d'une psychothérapeute ukrainienne. Une femme qui écoute les traumatismes des victimes de la guerre. Nos envoyées spéciales l'ont rencontré à Dnipro.
LB : Enfin, l'Union européenne pourrait manquer de métaux pour sa transition énergétique. L'alerte est lancée par des chercheurs belges.
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LB : Le président français Emmanuel Macron repart donc pour un deuxième quinquennat.
CP : Oui, un « quinquennat », c'est un mandat de 5 ans. Emmanuel Macron a été réélu président face à son adversaire Marine Le Pen. Depuis hier soir, il se trouve à La Lanterne, la résidence présidentielle à Versailles. Le chef de l'État prépare la suite. Anthony Lattier, du service politique de RFI, nous explique ce qu'il va se passer dans les prochains jours.
Première étape, mercredi : proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionel. Ce jour-là, Emmanuel Macron présidera un conseil des ministres. Alors, ce sera-t-il le dernier avec Jean Castex comme Premier ministre ? Lui, Jean Castex, a dit qu'il démissionnerait dans les jours suivant la réélection du chef de l'État, mais son maintien à Matignon encore quelque temps n'est pas non plus exclu. Car Emmanuel Macron en fait le temps de lui trouver un remplaçant ou une remplaçante, et de peaufiner sa nouvelle équipe. Son mandat se termine officiellement dans près de 3 semaines, le 13 mai. C'est la date avant laquelle doit avoir lieu la cérémonie d'investiture de réélection. Une fois ré-investit, le Président devrait effectuer plusieurs déplacements, notamment dans un hôpital militaire pour échanger avec des soldats blessés, ou encore dans le cimetière où est enterré sa grand-mère dans les Hautes Pyrénées. Et puis pour son premier déplacement à l'étranger, Emmanuel Macron s'est engagé à aller à Berlin en Allemagne, rendre visite au chancelier Olaf Scholz et marquer ainsi l'importance que revêt à ses yeux le couple franco-allemand.
CP : Et dans les rangs de l'opposition, on se prépare déjà au prochain scrutin : les élections législatives. Elles auront lieu les 12 et 19 juin prochain. Une première rencontre aura lieu mercredi entre La France Insoumise et le Parti Socialiste. Les deux partis discuteront d'un possible accord, d'une possible alliance politique.
LB : L'actualité de ce lundi dans le monde c'est aussi la Russie accuse ce soir l'Ukraine de bombarder un village russe.
CP : Cette accusation est lancée par le gouverneur de la région russe de Belgorod, près de la frontière ukrainienne. Le responsable politique affirme que ce bombardement a blessé deux civils et endommagé plusieurs maisons. Ce n'est pas la première fois, depuis le début de la guerre en Ukraine que la Russie accuse les forces ukrainiennes de mener des frappes sur son sol.
LB : Et puis dans le sud-est de l'Ukraine, les civils de Marioupol n'ont finalement pas été évacués.
CP : Ces civils sont toujours bloqués dans la ville, assiégée par les forces russes. Aucun accord n'a été conclu aujourd'hui pour mettre en place un couloir humanitaire. La Russie avait pourtant annoncé ce matin qu'elle mettrait fin aux hostilités, qu'elle mettrait fin au combat, pour évacuer les 1 000 civils pris au piège dans l'usine d'Azovstal, mais la vice première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a refusé la proposition russe. Martin Chabal.
La Russie promettait d'arrêter les combats autour de l'usine d'Azovstal, et de laisser partir, les femmes, les enfants et le personnel de l'usine « dans la direction de leur choix ». Une destination qui avait été au coeur des négociations début mars, quand le Kremlin voulait ouvrir des couloirs humanitaires vers la Russie et la Biélorussie. Mais malgré tout, les négociations bloquent toujours. Pour l'Ukraine, l'offre russe ne garantissait pas la sécurité des civils. La population doute de l'armée russe sur leur respect des règles autour de ces couloirs humanitaires. Selon certaines ONG sur place, il serait déjà arrivé que des corridors soient bombardés alors même que des civils étaient en train de fuir les combats. Et cette stratégie russe a déjà été observée en Tchétchénie ou en Syrie. C'est aussi difficile de contraindre toute la population de quitter la ville. Kiev redoute sûrement que l'ouverture de ces couloirs soit une autorisation pour les russes de bombarder la ville et prendrait le risque de toucher les civils restés sur place malgré tout. Pour l'Ukraine, l'ouverture de ces couloirs pourrait signer la capitulation de Marioupol et la fin de la résistance dans l'usine d'Azovstal.
CP : Et de son côté, la Russie accuse les autorités ukrainiennes d'avoir empêché l'évacuation des civils et combattants ukrainiens bloqués sur ce site de l'usine d'Azovstal.
LB : Et conséquence de ce conflit en Ukraine : les exactions, les bombardements ont déchiré de nombreuses familles.
CP : Un bon nombre de ces familles se sont retrouvées sur les routes, pour fuir les combats. À Dnipro, par exemple, on accueille depuis des semaines des familles venues du Donbass, dans l'est de l'Ukraine. Nos envoyées spéciales Abla Jounaidi et Oriane Verdier ont rencontré une psychologue volontaire. Elle s'appelle Anna Gorodnichenko et elle écoute les traumatismes des victimes. Reportage.
C'est dans un lieu tout juste inauguré et vide à cause de la fête de Pâque que nous accueille Anna Gorodnichenko. Des jouets jonchent le sol, au mur des dessins d'enfants, mais aussi d'adultes. Car si les parents amènent leur progéniture en priorité dans ce centre, les adultes craquent aussi, nous confie la psychothérapeute, quand on leur pose une question : d'où venez-vous ? « Même s'ils arrivent ici, où il n'y a pas de combats, où la vie est pour ainsi dire normale, ils sont toujours chez eux dans leur tête. En session de groupe, ils peuvent s'interrompre pour regarder leur téléphone car ils ont reçu une alerte concernant leur région. Regardez ma maison a été prises par les Tchétchènes. Il faut essayer de faire en sorte qu'ils se concentrent sur leur présent, leur environnement actuel, là où ils peuvent agir, construire une vie normale ici, pour leurs enfants. Et se concentrer sur ce qu'ils peuvent faire, maintenant. » Stress post-traumatiques, crises de panique, les troubles bien connus des victimes de la guerre touchent de plein fouet ces nouveaux arrivés. Mais les habitants de Dnipro qui entendent la guerre se rapprocher ne sont pas épargnés non plus explique Anna Gorodnichenko. « Les gens de Dnipro sont là, dans une relative paix. Mais ils regardent tout ce qui se passe à leurs portes et ils ont peur de ce qu'il leur arrivera demain, peur que tout ça leur arrive à eux aussi. Ils n'envisagent pas plus le futur que les déplacés. Et leur stress est permanent à cause de ce qui pourrait arriver. La guerre est tout près. » Aabla Jounaïdi, Oriane Verdier, Dnipro, RFI.
LB : L'actualité en bref, plus de 150 migrants secourus depuis deux jours en Méditerranée.
CP : L'Ocean Viking, le navire de secours en mer de l'association SOS Méditerranée, a effectué aujourd'hui un deuxième sauvetage, en 2 jours. Il a récupéré à son bord 94 migrants en détresse. Hier, le navire humanitaire avait déjà porté secours à 70 migrants dans la même zone.
LB : L'économie et Elon Musk qui rachète Twitter.
CP : Oui, pari réussi pour le patron de Tesla et Space X. Il a passé un accord définitif avec le conseil d'administration de Twitter. Il rachète l'entreprise pour 44 milliards de dollars. Il va en faire une entreprise privée, non cotée en bourse.
LB : Et puis cette question à présent : aura-t-on les métaux nécessaires pour la transition énergétique ?
CP : Un nouveau rapport publié aujourd'hui par des chercheurs belges annonce que d'ici à 2030, l'Union européenne pourrait manquer de certains métaux comme par exemple le lithium, le cobalt ou encore le nickel. Le rapport recommande à l'Union européenne de se réapprovisionner si elle veut mener à bien sa transition énergétique. Explications de Louis Augry.
L'Union européenne veut se tourner vers les énergies vertes. Et ça, ça demande beaucoup de métaux différents. Les chercheurs de l'université KéYou Léven ont calculé que pour atteindre la neutralité carbone en 2050, et bien l'UE aura besoin par exemple de 35 fois plus de lithium qu'aujourd'hui. Il faudra aussi 26 fois plus de terres rares, 2 fois plus de nickel, et plus d'aluminium : des métaux indispensables pour construire nos équipements de demain : des voitures électriques, aux rotors d'éoliennes en passant par les panneaux solaires. Le risque, c'est de remplacer notre dépendance aux hydrocarbures, par une autre dépendance à ces métaux. Pour l'aluminium, ou le nickel, l'Europe compte beaucoup sur la Russie qui est un gros exportateur mondial. Et la Chine ou l'Indonésie devraient dominer le raffinage de métaux pour batteries dans les 10 prochaines années. Alors le rapport est formel : il faut construire très vite ses propres chaines d'approvisionnement, pour être moins dépendant d'ici 2030. Mais il y a une bonne nouvelle, quand même : contrairement aux combustions fossiles, les métaux, eux, sont réutilisables. Et le manque européen pourrait aussi être couvert par ce recyclage. D'ici 2050, les métaux recyclés pourraient équiper les trois quarts des batteries des véhicules faits en Europe.
CP : C'était Louis Augry sur RFI, excellente soirée à tous sur la radio du monde.