Journal en français facile 25/08/2022 20h00 GMT
Clémentine Pawlotsky : Merci d'écouter RFI, il est 22h00 à Paris, 23h00 à Moscou. Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile présenté ce soir avec Benoit Almeras. Bonsoir Benoit !
Benoit Almeras : Bonsoir Clémentine, bonsoir à tous.
CP : En Russie, plusieurs figures critiques du Kremlin ont été arrêtées. Une situation qui témoigne du climat de violence contre la société civile.
BA : La crise politique se poursuit en Irak. Elle devrait même s'empirer, nous dira un politologue, un spécialiste des sciences politiques à Bagdad.
CP : Au Pakistan, le bilan des inondations est extrêmement lourd : plus de 900 personnes sont mortes. 500 000 têtes de bétail ont également péri, c'est-à-dire ont perdu la vie.
BA : Et puis de la politique en France. La bataille pour la succession de Julien Bayou à la tête du parti Écologiste ELV a déjà commencé !
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BA : Un opposant a été interdit d'internet et de manifestations publiques en Russie.
CP : Cet opposant, c'est Evguéni Roïzman. La justice l'accuse de discréditer, c'est-à-dire de remettre en cause la crédibilité, des forces armées russes. Il a été remis en liberté dans la journée. Il a été arrêté hier comme d'autres opposants au Kremlin et à la guerre en Ukraine. Certains ont même été agressés. À Moscou, Anissa el Jabri.
Igor Kaliapine n'est pas qu'un célèbre militant russe contre la torture, fondateur d'une ONG qui s'est dissoute en juin, c'est aussi une figure assez connue et reconnue pour avoir un siège au conseil consultatif pour les droits de l'homme auprès du Kremlin. Sa soirée de mercredi s'est terminée à l'hôpital. Son agresseur avait essayé de lui couper le visage et de l'étrangler. Igor Kaliapine ne l'a pas croisé dans la rue, mais dans une soirée d'anniversaire. Cet ami d'ami qui l'a sévèrement battu affirmait être policier. Terminus hôpital hier aussi pour Sergei Burtsev, bleus, écorchures, fracture de la colonne vertébrale. Le candidat aux élections locales pour le parti communiste dit avoir été attaqué sur un trottoir par un inconnu, je cite « faisant semblant d'être ivre, mais en réalité, sobre et bien préparé ». Arrêté hier et poursuivi pour « discrédit des forces armées », Evguéni Roïzman a fait face aux enquêteurs ce jeudi. Le juge l'a remis en liberté, mais interdiction de paraître à des événements publics et interdiction de communiquer avec qui que ce soit, sauf ses proches, son avocat et les enquêteurs. Anissa el Jabri, Moscou, RFI.
BA : Le président français Emmanuel Macron reçoit lundi le Premier ministre polonais pour parler de l'Ukraine.
CP : Mateusz Morawiecki est attendu à l'Élysée. Les deux hommes parleront aussi de la question de la souveraineté de l'Europe en matière de défense et de sécurité. Cette visite du Premier ministre polonais intervient après une période de tensions entre Paris et Varsovie.
BA : Emmanuel Macron qui annonce aussi ce soir la création d'une commission d'historiens français et algériens sur la colonisation et la guerre.
CP : Oui, le président français est arrivé à Alger dans l'après-midi. Il a été reçu par son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier s'est félicité de « résultats encourageants ». Des résultats qui permettent selon lui de « tracer des perspectives prometteuses », c'est-à-dire qui ont de l'avenir. Emmanuel Macron est accompagné en Algérie d'une délégation de plus de 90 personnes. Sa visite doit durer 3 jours.
BA : En Irak, la crise politique se poursuit.
CP : Ça fait près d'un mois qu'elle dure. Les partisans du leader chiite Moqtada Sadr campent toujours aux abords du Parlement. Résultat, l'institution ne peut pas fonctionner. Moqtada Sadr a bien l'intention de faire entendre ses revendications concernant la formation du gouvernement, par exemple, il s'oppose aux autres formations chiites. Il appelle à une révolution contre le système. Cette semaine, il a aussi organisé des manifestations aux abords du Conseil suprême de la magistrature. La crise devrait donc s'amplifier, s'intensifier. C'est en tout cas l'analyse d'Ihsan al-Shammari, politologue au centre de recherche de pensées politiques à Bagdad.
La situation a atteint le stade d'un blocage majeur. Al Sadr est toujours déterminé à obtenir des changements et des réformes du système politique, mais les alliés de l'Iran ne veulent pas faire les concessions qu'il demande. Ajoutez à cela que l'Iran ne veut pas non plus offrir de l'espace à Moqtada al-Sadr et le laisser dominer l'espace politique chiite, et cela va conduire de plus en plus à une escalade. C'est pourquoi il peut y avoir plusieurs scénarios qui peuvent se produire. Et les plateformes proches du chef du mouvement sadriste ont déjà assuré qu'il y aurait des surprises. Il pourrait tout d'abord y avoir un appel à la désobéissance civile. Ou une autre possibilité est l'encerclement de la zone verte, où se trouvent les institutions. Le troisième scenario que j'imagine possible est qu'il rende public des dossiers de corruption et de connivence entre les partis politiques. Mais il peut aussi y avoir d'autres scenarios.
CP : Des propos recueillis par nos envoyés spéciaux à Bagdad, Bertrand Haeckler et Guilhem Delteil.
BA : Les inondations se poursuivent au Pakistan. Des inondations liées à la mousson et le bilan est déjà très lourd.
CP : 2,3 millions de personnes sont affectées, sont concernées, plus de 900 autres sont mortes, plus de 95 000 habitations ont été détruites, sans parler du bétail, 500 000 têtes tuées et des centaines d'hectares de récoltes ravagées. En 3 semaines, il est tombé l'équivalent de 60% de la moyenne annuelle des pluies de mousson au Pakistan. Les zones les plus touchées sont les zones rurales pauvres, les habitants vivent un enfer et la pluie continue de tomber. Reportage dans le sud du Pundjab de Sonia Ghezali.
Chaque jour, Mohammad Ishaq navigue sur les eaux qui recouvrent une trentaine de villages dans le sud du Pundjab. « Ici, il y avait un cimetière, ici, c'était un village, ici, ici aussi, partout, ici, il y avait des villages ». À bord d'une barque motorisée, ce sauveteur et son équipe, vont à la rescousse des habitants pris au piège. Certains toutefois refusent de quitter leur maison malgré le danger, comme Rubab, qui vit depuis 2 semaines avec ses enfants, au milieu des eaux. « S'il pleut à nouveau, et que votre maison s'écroule, qu'allez-vous faire ? Dieu nous protégera. Nous n'avons nulle part où aller. Mais nous vous donnerons une tente pour vous abriter. Mais nous n'avons pas d'argent. Comment je ferai pour subvenir aux besoins de mes enfants ? » Rubab qui n'est jamais quitté son village est terrorisée à l'idée de se retrouver seule en ville. « Nous sommes très pauvres. Je suis très inquiète pour mes enfants. Mais nous n'avons pas d'autre endroit où aller, nous n'avons aucun proche ici. Mon mari travaille loin dans une autre ville. Si nous quittons la maison, et que se passera-t-il si nous sommes pillés ? Si nous sommes violés ? Qu'adviendra-t-il de nous ? » Comme cette mère de famille, de nombreuses personnes préfèrent rester dans leur maison inondée, encerclée par les eaux, alors que chaque jour la pluie continue de tomber. Sonia Ghezali, Islamabad, RFI.
BA : Parlons de politique en France à présent. Le parti Europe Écologie les Verts aura bientôt un nouveau chef.
CP : Oui, c'est un sujet qui occupe en ce moment l'université d'été des écologistes à Grenoble. Le député Julien Bayou doit laisser sa place de secrétaire général. Pour lui succéder, la bataille a déjà commencé en coulisse, en vue du congrès prévu mi-décembre. Différents mouvements se forment avec une volonté affichée de « refondation » du parti. En réalité, plusieurs membres du parti avancent leurs pions à coup de tribunes et de pré-motions. Grégory Genévrier.
Chez les écologistes, les appétits s'aiguisent. Marine Tondelier est la première à être sortie du bois. Son collectif « La Suite » veut ouvrir le parti à d'autres associations et formations politiques. Soutenue par une large partie de la direction sortante, elle apparaît comme la favorite. Face à l'évidence, l'élue du nord ne dit pas non, mais préfère botter en touche. « Je vous dis que pour l'instant, on est à l'heure de la réflexion sur ce qu'on veut faire. C'est ça qui doit primer, c'est le collectif qu'on forme, c'est le plan qu'on est en train de dessiner ensemble. Puis si on trouve qu'il est convaincant et qu'on décide que “La Suite” doit aller jusqu'au congrès, alors on verra comment on s'organise, mais c'est une question secondaire. » Son projet aura la concurrence du mouvement « Le Lien » qui défend une écologie populaire et inclusive. L'eurodéputée Karima Delli porte ce projet. « Nous voulons devenir le premier grand parti de l'écologie populaire. La deuxième chose, c'est qu'il faut sortir de cette espèce d'emprise de la contestation qui nous colle à la peau, à un état d'esprit du pouvoir. Nous voulons gouverner ! » Face à cette situation, dans un parti où les guerres d'égos sont inscrites dans son ADN, Julien Bayou se veut rassurant. Selon lui, la lutte ne sera pas aussi féroce qu'elle l'avait été lors de la Primaire. « Ça discute tranquillement. Ce ne sont pas les grandes grandes manoeuvres qu'on a pu voir dans des journées d'été pré congrès, j'en ai vu quelques-unes. » Si pour l'instant tout va bien, il reste encore plusieurs mois de campagne où tout peut déraper. Grégory Genévrier, Grenoble, RFI.
CP : RFI, il est 22h 10 à Paris, l'info continue sur la radio du monde. Très belle soirée à tous