Se libérer du regard des autres en 5 minutes | David Laroche | TEDxGEM (2)
Et le dernier, je l'ai trouvé efficace : « Insupportable. »
Ça m'a soulagé !
Ça m'a soulagé car je me suis dit si Gladiator, les gens peuvent dire ça,
franchement, tout est possible pour moi maintenant.
Ça m'a soulagé et donné ma deuxième découverte :
c'est qu'en fait, quoi que tu fasses, tu peux être le meilleur sportif au monde,
tu peux être Michael Jordan ou Kobe Bryant, n'importe qui,
exceller, passer toute ta vie à exceller dans un domaine,
l'art, la science, l'entrepreneuriat,
tu auras toujours des gens pour dire que ce que tu fais, c'est pourri.
Et le pire, c'est qu'ils sont sincères.
(Rires)
Ça a été une deuxième découverte importante pour moi
qui est appuyée par des travaux scientifiques.
Geraint Rees, professeur à l'université de Londres,
s'est rendu compte que chaque être humain a un cerveau qui est différent.
Par conséquent,
notre perception du monde est différente pour chaque personne.
C'est la raison pour laquelle, ce qui est important pour toi,
pour d'autres, c'est pourri.
C'est une bonne nouvelle en fait.
On peut se libérer de l'idée que d'autres personnes puissent nous critiquer
et juste intégrer cette deuxième découverte : la critique est inévitable.
Je le savais déjà, j'ai rencontré des scientifiques pour me le partager
et vivre cette expérience m'a libéré.
Donc, vu que c'est inévitable,
autant aller faire ce qui me fait vibrer.
Si c'est l'art qui me fait vibrer, autant aller faire de l'art.
Si c'est voyager, voyagez,
si c'est apprendre une langue, apprenez-la.
Faire un tour du monde, partir dans l'espace,
créer votre entreprise.
Combien de personnes
n'osent pas faire des choses qui sont importantes pour elles
juste parce quelqu'un de leur entourage,
un ami, un enfant, un parent, un collègue de travail,
qui leur ont dit : « C'est mort. »
Suite à ça,
je suis allé plus loin dans un autre défi d'interviewer des personnes qui excellent.
J'ai pu interviewer un des plus grands acteurs français, comédien,
qui fait aussi du théâtre.
Et en privé, il m'a raconté une anecdote de sa vie.
Il est sur scène, devant une salle comme ça -
sincèrement, c'est impressionnant d'entrer dans une salle comme ça -
il est 19 heures 30, le spectacle démarre à 20 heures.
Il est paniqué, il ne se sent pas bien,
il est habitué au stress mais là, c'est particulier.
19 heures 45.
Toujours dans les loges, il est stressé, sans arriver à se rappeler de son texte.
20 heures, l'heure du début du spectacle, il est toujours dans les loges.
À votre avis, qu'est-ce qu'il se passe ?
20 heures 15.
Toujours dans les loges, paniqué, les mains moites, il n'est pas bien.
Plus le temps passe, plus il se dit :
« Avec la renommée que j'ai,
c'est vraiment la honte de monter sur scène si je bafouille,
si je ne connais pas mon texte. »
20 heures 30.
Toujours dans les loges.
Ça fait trente minutes que la salle attend.
Son metteur en scène est perdu autant que lui et lui dit :
« Fais quelque chose, monte sur scène, prends ton texte, vas-y ! »
« Je ne vais pas monter avec mon texte, c'est ridicule. »
20 heures 45.
Il décide de prendre son texte et de monter sur scène.
À votre avis, que se passe-t-il suite à ça ?
Il va passer tout le reste de la pièce de théâtre avec le texte à la main.
Incapable de retrouver son texte.
C'est long,
une pièce de théâtre entière quand tu es stressé, paniqué
et que tu as ton texte à la main.
Et à la fin, il va avoir la « standing ovation »
la plus longue, la plus grande qu'il ait jamais eue de toute sa carrière.
Trois ans plus tard,
il est dans une autre ville et quelqu'un vient lui dire : « J'étais là ! »
« T'étais où ? »
(Rires)
« J'étais là ! »
« T'étais où ? »
« J'étais là ce soir-là.
Le soir où vous aviez votre texte.
Ce n'est peut-être pas pour vous le meilleur spectacle de votre vie,
mais pour moi, ça a été le plus impactant dans ma vie.
Ce soir-là a transformé ma vie.
Vous n'imaginez pas le nombre de choses que je n'osais pas faire
par peur d'être critiqué, en pensant que ce n'était pas encore parfait,
car j'attendais d'être parfait pour démarrer mon entreprise,
pour parler en public.
Ce soir-là, vous m'avez libéré,
je me suis donné l'autorisation d'aller réaliser mes rêves.
Merci.
Merci. »
Son histoire m'impacte énormément,
car je m'aperçois que je suis extrêmement attaché au regard des autres.
En fait, on est extrêmement addict à être valorisé par les autres.
Je me rends compte
qu'à partir du moment où tu te libères du besoin d'être valorisé par les autres,
tu te libères aussi au passage,
d'être critiqué par les autres.
Plus important encore que ça,
j'ai fait une troisième découverte, hyper importante pour moi.
En réalité, le seul risque que tu as en prenant le risque d'être critiqué,
c'est d'inspirer quelqu'un.
Si quelqu'un te voit, t'entend, te regarde
et se dit s'il ou elle peut le faire, je peux le faire aussi.
Combien ça vaut d'inspirer sa mère, son père, ses enfants, un inconnu ?
Cela ne vaut-il pas une petite critique ?
Quelqu'un qui va juste te dire que ce que tu fais, c'est nul.
Je vous ai parlé de beaucoup de choses de plus en plus grandes pour moi.
Mais il y avait un truc que je n'osais pas faire,
qui est pour beaucoup de gens extrêmement simple,
que j'ai laissé chaque année passer en me disant que je le ferais plus tard.
Ça me terrorisait bien plus que d'aller passer sur scène en anglais.
C'était dire : « Je t'aime » à mon père.
Mon père a été abandonné par son père, puis par sa mère, puis par sa grand-mère.
Il a eu du mal à comprendre ce que c'était de se sentir aimé.
Du coup, j'ai eu une adolescence où je lui en ai beaucoup voulu
et je prétextais mon manque d'estime sur lui.
Dire je t'aime à mon père était hyper stressant pour moi,
bien plus que tout ce que j'ai fait aujourd'hui dans ma vie.
Encore une fois, c'est cette peur du regard des autres.
La peur que mon père ne réponde pas.
La peur qu'il me rejette car je me suis senti rejeté par lui pendant mon enfance.
Et un jour, je prends mon téléphone et j'écris à mon père :
« Papa, je t'aime. »
Faire ça,
cet acte de courage pour moi était plus important
que plein de choses que j'ai pu accomplir.
Le lendemain, pas de réponse de mon père.
Le surlendemain, pas de réponse de mon père.
Le troisième jour, j'oublie le SMS.
Le fait d'oublier le SMS fut une des plus belles victoires de ma vie.
Car pour la première fois de ma vie, ce n'était plus si important
que mon père ou quelqu'un me reconnaisse.
Ce n'était plus si important qu'il me réponde.
Car j'avais fait ce qui était important pour moi.
Deux semaines s'écoulent.
Mon père a dû pendant ce temps se demander ce qu'on répondait
à un tel SMS.
Car personne ne lui a dit ça.
Après deux semaines, il a trouvé une formule
que j'ai trouvée intéressante :
« La réciproque est vraie. »
(Rires) (Applaudissements)
J'aurais reçu ce SMS à 15 ans, je lui en aurais voulu pour ça.
Mais quand j'ai reçu ce SMS, j'ai les larmes aux yeux.
car en fait mon père, je réalise, par toutes ces expériences,
le prendre dans mes bras alors qu'il se raidit,
que mon père en fait m'a toujours aimé sauf que j'étais incapable de le voir
car on a deux cerveaux et enfances différents.
Mon père m'a donné tout ce que lui n'a pas eu :
un toit, à manger, des études.
Quand je pensais qu'il ne m'aimait pas, il me disait en fait : « Fais attention,
continue tes études car moi je sais ce que c'est de ne pas manger. »
J'ai compris que mon père m'avait toujours aimé.
Ça a changé notre relation
et j'ai beaucoup de gratitude pour lui aujourd'hui.
Car il participe à la réussite de mon entreprise.
Car j'ai osé traverser ce regard de l'autre
et être prêt à être rejeté par lui.
J'aimerais terminer par une invitation.
L'invitation que vous alliez faire au moins une petite chose
inconfortable pour vous.
Elle peut être petite aux yeux des autres ou grande pour vous.
Ça peut être un truc énorme aux yeux des autres
ou simplement lever la main en cours.
J'imagine un monde et j'ose imaginer avec vous un monde,
où si nous, ensemble, on ose faire des choses qui nous inspirent,
on pourra peut-être voir ensemble
un monde où des jeunes, des enfants et des adultes osent vivre la vie
qui les fait vibrer,
peu importe ce que les autres pensent.
J'ai envie de terminer avec cette phrase de Steve Jobs que j'adore,
qui a marqué ma vie :
« Votre temps est limité,
ne le gâchez pas en menant une existence qui n'est pas la vôtre. »
Merci à vous.
(Applaudissements