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Les mots de l'actualité, REPRÉSAILLES   2010-07-27

REPRÉSAILLES 2010-07-27

L'une des questions lugubre et macabre que pose l'assassinat de Michel Germaneau est de savoir s'il était déjà mort lors de l'attaque de la base d'Al Qaïda par les forces mauritaniennes assistées par la France, ou s'il a été tué à titre de représailles . C'est l'expression qu'on rencontre le plus souvent, et qui développe une idée qui s'exprime parfois de façon plus directe : en représailles . Le mot est de nos jours utilisé uniquement au pluriel, bien que son sens soit singulier. Et il exprime l'idée d'une réponse à une action qu'on juge contraire à la loi, ou au règlement, ou simplement à l'usage. Et pour ne pas être en reste, on opère une action violente, souvent tout aussi illégale que celle que l'on prétend condamner, qui se présente comme symétrique de la précédente. D'une certaine façon c'était comme si elle était légitimée par ce qui s'est passé juste avant : celui qui exerce des représailles s'affranchit des lois en raison de cette chronologie ; si c'est une « réponse », on peut tout se permettre. Alors s'agit-il de légitime défense ? Pas exactement : les représailles ne sont pas censées parer un coup ; on ne se défend pas à proprement parler. Mais on réattaque après coup. Soit avec une intention de dissuasion, soit simplement pour manifester que ce qu'on considère comme une attaque ne peut rester impuni. Et en effet, il y a dans les représailles une intention de punir : elles se présentent comme une sanction.

Peut-on dire alors que c'est une vengeance ? Là encore les deux mots ne se situent pas sur le même plan : représailles est d'abord un mot qui appartient à la diplomatie, même si la limite diplomatique est dépassée. Et le terme s'applique quand il est question de relation d'état à état. Alors que la vengeance a un côté bien plus personnel : une personne doit se venger, à la rigueur, un clan, une famille… Les représailles présentent également un aspect plus tactique, plus stratégique : il s'agit de ne pas laisser passer quelque chose sans réagir. Dans la vengeance, on est bien davantage dans l'affectif : il n'est pas question de tactique ni de dissuasion. Il faut symboliquement effacer un acte par un autre, laver dans le sang comme on dit, réparer en tout cas.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.

REPRÉSAILLES   2010-07-27 VERGELTUNG 2010-07-27 RETALIATION 2010-07-27 تلافی جویانه 2010-07-27

L'une des questions lugubre et macabre que pose l'assassinat de Michel Germaneau est de savoir s'il était déjà mort lors de l'attaque de la base d'Al Qaïda par les forces mauritaniennes assistées par la France, ou s'il a été tué à titre de représailles . C'est l'expression qu'on rencontre le plus souvent, et qui développe une idée qui s'exprime parfois de façon plus directe : en représailles . Le mot est de nos jours utilisé uniquement au pluriel, bien que son sens soit singulier. Et il exprime l'idée d'une réponse à une action qu'on juge contraire à la loi, ou au règlement, ou simplement à l'usage. Et pour ne pas être en reste, on opère une action violente, souvent tout aussi illégale que celle que l'on prétend condamner, qui se présente comme symétrique de la précédente. D'une certaine façon c'était comme si elle était légitimée par ce qui s'est passé juste avant : celui qui exerce des représailles s'affranchit des lois en raison de cette chronologie ; si c'est une « réponse », on peut tout se permettre. Alors s'agit-il de légitime défense ? Pas exactement : les représailles ne sont pas censées parer un coup ; on ne se défend pas à proprement parler. Mais on réattaque après coup. Soit avec une intention de dissuasion, soit simplement pour manifester que ce qu'on considère comme une attaque ne peut rester impuni. Et en effet, il y a dans les représailles une intention de punir : elles se présentent comme une sanction.

Peut-on dire alors que c'est une vengeance ? Là encore les deux mots ne se situent pas sur le même plan : représailles est d'abord un mot qui appartient à la diplomatie, même si la limite diplomatique est dépassée. Et le terme s'applique quand il est question de relation d'état à état. Alors que la vengeance a un côté bien plus personnel : une personne doit se venger, à la rigueur, un clan, une famille… Les représailles présentent également un aspect plus tactique, plus stratégique : il s'agit de ne pas laisser passer quelque chose sans réagir. Dans la vengeance, on est bien davantage dans l'affectif : il n'est pas question de tactique ni de dissuasion. Il faut symboliquement effacer un acte par un autre, laver dans le sang comme on dit, réparer en tout cas.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.