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Les mots de l'actualité (2009), GRÈVE    2009-06-23

GRÈVE 2009-06-23

Plusieurs grèves en France, coup sur coup, mettent l'accent sur ce mot. On sait bien ce que ça veut dire à l'heure actuelle : faire la grève, c'est refuser délibérément, et en le faisant savoir haut et fort, de faire son travail. Pourquoi ? Pour mettre son employeur en difficulté, et tenter de l'obliger à accepter certaines revendications que l'on propose : augmenter les salaires, améliorer les conditions de travail en général… La grève est donc une arme de la lutte sociale, et notamment de la lutte ouvrière, même si aujourd'hui c'est une forme d'action qui déborde largement l'industrie. Et la grève est aujourd'hui, en général, une pratique officielle. Certains agents de l'Etat n'y ont pas droit (la police, l'armée…), ce qui implique qu'inversement, les autres travailleurs ont le droit d'y recourir. La grève moderne se module : grève dure, grève sauvage, grève perlée (c'est-à-dire disséminée dans le temps et tout au long de la chaîne de production : elle n'interrompt pas l'ensemble du travail, mais gêne considérablement la productivité), grève sur le tas (les travailleurs interrompent leur travail en restant « les bras croisés » à leur poste de travail), grève générale, grève insurrectionnelle… Un mot de la grève du zèle, expression souvent mal comprise et au sens très particulier. Il ne s'agit pas de « ne pas faire de zèle, » et faire son travail le plus mal possible… au contraire : il s'agit d'appliquer les consignes à la lettre, en les poussant à l'extrême. Là encore, on ralentit tout le processus en cours. Les douaniers, par exemple, vont systématiquement ouvrir tous les paquets, toutes les valises, et fouiller tous les passagers…

Le mot de « grève » s'utilise avec la préposition « en » : être en grève, une usine en grève. Et le mot a profité de son succès pour acquérir d'autres emplois, liés à l'idée de cessation d'activité : grève de la faim, grève de l'amour. L'étymologie est bien connue mais pittoresque : on sait que la grève, dans une autre acception, désigne la plage, la bande de terre battue par l'eau, au bord de la mer ou le long d'un fleuve. C'est qu'au départ, grève (de la même famille que gravier) vient d'un mot latin qui signifie petit caillou. De là le nom de la place de Grève à Paris, aujourd'hui connue sous le nom de Place du Châtelet, situé au bord de la Seine. C'est là que se réunissaient, au Moyen Âge les ouvriers en attente d'embauche. Par extension, être en grève signifiait être sans travail, au chômage. Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle qu'on voit apparaître l'expression « mettre un patron en grève », c'est-à-dire refuser de travailler pour lui. Et c'est à partir de là que le sens de l'expression bascule vers l'idée d'un refus de travail volontaire et revendicatif. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/

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GRÈVE    2009-06-23

Plusieurs grèves en France, coup sur coup, mettent l'accent sur ce mot. Several strikes in France, in quick succession, put the spotlight on this word. On sait bien ce que ça veut dire à l'heure actuelle : faire la grève, c'est refuser délibérément, et en le faisant savoir haut et fort, de faire son travail. We all know what that means these days: going on strike means deliberately refusing to do your job, and making it loud and clear. Pourquoi ? Pour mettre son employeur en difficulté, et tenter de l'obliger à accepter certaines revendications que l'on propose : augmenter les salaires, améliorer les conditions de travail en général… La grève est donc une arme de la lutte sociale, et notamment de la lutte ouvrière, même si aujourd'hui c'est une forme d'action qui déborde largement l'industrie. Strikes are therefore a weapon of social struggle, and of workers' struggle in particular, even if today they are a form of action that extends far beyond industry. Et la grève est aujourd'hui, en général, une pratique officielle. And strike action is now generally an official practice. Certains agents de l'Etat n'y ont pas droit (la police, l'armée…), ce qui implique qu'inversement, les autres travailleurs ont le droit d'y recourir. Some government employees (police, army, etc.) are not entitled to them, which implies that, conversely, other workers are entitled to them. La grève moderne se module : grève dure, grève sauvage, grève perlée (c'est-à-dire disséminée dans le temps et tout au long de la chaîne de production : elle n'interrompt pas l'ensemble du travail, mais gêne considérablement la productivité), grève sur le tas (les travailleurs interrompent leur travail en restant « les bras croisés » à leur poste de travail), grève générale, grève insurrectionnelle… The modern strike can be modulated: hard strike, wildcat strike, scattered strike (i.e. spread out over time and along the production chain: it does not interrupt all work, but considerably hinders productivity), sit-down strike (workers interrupt their work by remaining "arms folded" at their workstations), general strike, insurrectionary strike... Un mot de la grève du zèle, expression souvent mal comprise et au sens très particulier. A word about the zeal strike, an often misunderstood expression with a very specific meaning. Il ne s'agit pas de « ne pas faire de zèle, » et faire son travail le plus mal possible… au contraire : il s'agit d'appliquer les consignes à la lettre, en les poussant à l'extrême. It's not a question of "not being overzealous" and doing your job as badly as possible... on the contrary: it's a question of applying instructions to the letter, taking them to the extreme. Là encore, on ralentit tout le processus en cours. Here again, the whole process is slowed down. Les douaniers, par exemple, vont systématiquement ouvrir tous les paquets, toutes les valises, et fouiller tous les passagers… Customs officers, for example, will systematically open all packages and suitcases, and search all passengers...

Le mot de « grève » s'utilise avec la préposition « en » : être en grève, une usine en grève. The word "grève" is used with the preposition "en": to be on strike, a factory on strike. Et le mot a profité de son succès pour acquérir d'autres emplois, liés à l'idée de cessation d'activité : grève de la faim, grève de l'amour. And the word took advantage of its success to acquire other uses, linked to the idea of cessation of activity: hunger strike, love strike. L'étymologie est bien connue mais pittoresque : on sait que la grève, dans une autre acception, désigne la plage, la bande de terre battue par l'eau, au bord de la mer ou le long d'un fleuve. The etymology is well known, but picturesque: we know that "grève", in another sense, designates the beach, the strip of land beaten by the water, by the sea or along a river. C'est qu'au départ, grève (de la même famille que gravier) vient d'un mot latin qui signifie petit caillou. In fact, strike (from the same family as gravel) comes from a Latin word meaning small pebble. De là le nom de la place de Grève à Paris, aujourd'hui connue sous le nom de Place du Châtelet, situé au bord de la Seine. Hence the name of the Place de Grève in Paris, today known as Place du Châtelet, on the banks of the Seine. C'est là que se réunissaient, au Moyen Âge les ouvriers en attente d'embauche. In the Middle Ages, this was where workers waiting to be hired gathered. Par extension, être en grève signifiait être sans travail, au chômage. By extension, being on strike meant being unemployed. Ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle qu'on voit apparaître l'expression « mettre un patron en grève », c'est-à-dire refuser de travailler pour lui. It wasn't until the mid-19th century that the expression "to put a boss on strike" appeared, i.e. to refuse to work for him. Et c'est à partir de là que le sens de l'expression bascule vers l'idée d'un refus de travail volontaire et revendicatif. And it's from here that the meaning of the expression shifts towards the idea of a voluntary and assertive refusal to work. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/