PRISON 2009-09-16
On parle beaucoup de prison en ce moment dans les médias, puisque se prépare une loi sur les conditions de détention – la façon dont les prisonniers sont traités. Mais on remarquera que ce mot de « prisonniers », on ne l'entend pas, on ne le lit pas dans les textes officiels, et même dans la plus part des textes journalistiques : on parle de détenus.
C'est plus administratif, plus officiel, mais justement, même si le terme est très courant, il garde un peu de cet aspect administratif. Dans un cadre différent que celui de l'administration pénitentiaire actuelle, on parlerait bien plus volontiers de prisonnier.
On se souvient par exemple d'un vieux film comique français, dans lequel jouait Fernandel, la vache et le prisonnier ! Et bien il est impensable d'imaginer que ce film puisse s'appeler la vache et le détenu . D'autre part, détenu renvoie à un sens littéral du mot : il ne servira à construire aucune image. En revanche, le prisonnier est bien plus ouvert. On parle d'un prisonnier de l'amour, d'un prisonnier de son travail. Et le mot s'entend aussi dans des expressions toute faites, comme « prisonnier sur parole » ou encore « prisonnier du devoir ».
Pour le mot « prison » c'est un peu la même chose : il est populaire, il est compris de tous, mais il n'est pas officiel. Aucune prison en France ne s'appelle prison. On parle d'établissement pénitentiaire, de centre de détention, de maison d'arrêt. Ces expressions ne sont pas absolument équivalentes et ces institutions n'enferment pas les mêmes gens, mais toutes ces appellations excluent ce mot de prison, trop concret, trop ancien. Tous les dérivés de prison n'ont pas déserté les rives du langage officiel, parce qu'on parle encore de peine d'emprisonnement, et non de peine d'incarcération.
L'origine du mot est bien à l'image de ce côté populaire. Et elle est si évidente qu'elle finit par échapper au regard. La prison, c'est l'endroit où l'on va enfermer ceux qui ont été pris, tout simplement.
Et comme on sait que la prison est l'endroit par excellence où peut se développer un argot, il est bien naturel que se développe aussi un argot pour la désigner. On dit « la tôle » ou « la taule », « à l'ombre », « chez la femme de l'adjudant » quand il s'agit d'une prison militaire, « au placard », « au ballon », ou bien encore « au violon », à cause des cordes probablement, qui rappellent les barreaux.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/