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Nota Bene, 1914-1918 : Pourquoi cette guerre est totale ?

1914-1918 : Pourquoi cette guerre est totale ?

Mes chers camarades, bonjour !

Aujourd'hui, je me trouve dans la Somme, à l'Historial de la Grande Guerre, pour vous

parler, vous l'aurez compris de la Première Guerre mondiale. Mais non pas des batailles

et des combats, non, aujourd'hui, je vais vous parler de la société durant la Grande Guerre.

Si vous vous souvenez de vos cours d'école, vous avez en tête le fait que la Grande Guerre

1914-1918 est totale. C'est-à-dire qu'aucun aspect ne lui échappe. Politique, économie, culture,

éducation, sciences… tout est tourné vers le conflit. Autant

de sujets qui sont justement abordés par l'Historial de la Grande Guerre dans ses

deux musées de Péronne et Thiepval, et qui me donnent l'opportunité de les évoquer avec vous.

En effet, cette guerre totale est une sacrée rupture avec la Belle Époque

qui lui a précédé ! Car avant 1914, l'Europe traverse plutôt une ère de progrès sociaux,

économiques, politiques, et si guerre il doit y avoir, tout le monde s'attend à ce qu'elle

soit courte. Quelques semaines, voire quelques mois tout au plus.

Vous connaissez la légende des soldats partis la fleur au fusil… bon, on peut le dire :

ça ne s'est pas exactement passé comme prévu ! Et c'est justement pour cela que tout va basculer.

Car avec la fin de la guerre de mouvement et l'apparition de la guerre des tranchées,

un immense front se forme dans le Nord-Est de la France, ce à quoi personne ne s'attendait.

En quelques semaines, des villages tranquilles sont devenus les théâtres d'immenses combats,

et de chaque côté de la ligne, les civils se retrouvent à cohabiter avec

des régiments entiers de soldats étrangers. Et autant vous dire que ce n'est pas toujours facile !

D'un côté, les troupes de l'allié britannique ont besoin de se nourrir,

se loger, se détendre, surtout loin de chez elles, et vous imaginez bien que ça

ne se passe pas sans quelques frictions ! Dans la Somme, véritable scène internationale

du conflit, Allemands, Français, Britanniques, mais aussi troupes du Commonwealth et Américains

vont se croiser dans ce qui sera une gigantesque bataille internationale.

D'ailleurs, puisque nous parlons des Britanniques, beaucoup de gens n'en ont jamais vus, et encore

moins entendus lorsque la guerre éclate. Au point qu'en septembre 1914, un commando allemand,

mené par le capitaine Walther Tilling, parvient à traverser les lignes jusqu'en Normandie… car

en chemin, les civils français pensent que ces hommes aux uniformes inconnus et à la

langue qu'ils ne comprennent pas sont… anglais ! La boulette...Mais le plus dur se déroule de

l'autre côté de la ligne de front, dans les territoires occupés où du jour au lendemain,

l'arrivée des soldats allemands chamboule tout. Nouvelles lois, taxes, réquisitions,

et puis, il faut bien loger tous ces militaires !

Des familles de soldats français se retrouvent à devoir héberger ceux que leurs pères,

maris et fils combattent, sans compter les hommes et les femmes que l'Allemagne

envoie travailler pour son compte, dans des conditions déplorables,

puisque l'Allemagne est sous blocus et manque de tout. C'est ainsi qu'entre 1914 et 1918,

après de nombreuses émeutes et à force de pénuries causées par le blocus des alliés, entre 450 et

700 000 civils allemands vont mourir de faim ! J'en profite pour le souligner : cette approche

des deux côtés de la ligne est l'une des forces de l'Historial de la Grande Guerre, qui évoque

les points de vue des soldats des deux camps. Car si les soldats s'opposent dans la guerre, ils se

retrouvent dans le quotidien, les souffrances… et la transformation de leurs sociétés respectives.

Mais revenons aux souffrances des populations. Qui subissent

la guerre de manière parfois très directe, et ce, même loin du front !

Avions et zeppelins bombardent ainsi l'arrière, tantôt les usines et cibles militaires,

tantôt… les villes, pour briser le moral. Comme en 1918, lorsque les Allemands bombardent

Paris avec des canons géants, spécialement conçus pour cette tâche, et le 29 mars 1918,

touchent l'église Saint-Gervais, dont l'effondrement partiel tuera 91 personnes.

Vous l'aurez compris : personne n'échappe

véritablement à la guerre. Qui prend bien des aspects.

A l'école par exemple, même les enfants voient leurs vies tourner autour de la guerre. Pour

obtenir le soutien de la population, et préparer de futures générations de soldats,

l'école elle-même devient un lieu où instruction et propagande se mêlent.

Dès les premiers jours de la guerre, dans les cours d'école,

les jouets et jeux tournent autour du conflit : on joue à la guerre, en pensant à papa parti

combattre. Les dictées portent sur les valeurs de patriotisme et le courage des poilus, et cela

plus encore au fur et à mesure des batailles, quand des écoliers se retrouvent orphelins.

Et oui, il faut bien justifier que le sacrifice des parents n'a pas été inutile...

Toute une littérature de guerre va naître du conflit et perdurer jusqu'à après l'armistice,

comme ce livre d'Henri D'Orcines sorti en 1919 dont le titre est assez

explicite : “J'ai descendu mon premier boche”. Désormais, enfants comme adultes se voient

constamment répéter que l'autre est un ennemi qu'il faut haïr,

détruire. Et que chacun doit donner de son temps, de son argent ou de son sang pour y parvenir.

Même le talent artistique est mis à profit, avec des créations de chansons

patriotiques, de peintures, et bien sûr, d'affiches servant le discours national.

Vous connaissez d'ailleurs bien certaines de ces affiches de propagande, dont certaines

sont devenues célèbres. Et qui visent à pousser les populations à se consacrer

toujours plus à l'effort de guerre. Les artistes participent parfois plus directement à la guerre,

avec l'utilisation de leurs talents pour la création de nouveaux camouflages,

de faux décors où cacher des observateurs, et même de peintures trompe-l'oeil pour

briser la silhouette des bateaux et tromper les sous-marins !

Les intellectuels participent aussi à l'affrontement au travers de publications

et de textes, mais bien évidemment, le plus marquant est le combat entre scientifiques

des deux camps pour développer l'arme qui fera basculer le cours de la guerre.

Gaz envoyé par tuyaux, puis par obus, lance-flammes, chars d'assaut, avions toujours

plus perfectionnés, casques… tout y passe. Et c'est d'ailleurs là l'un des aspects les

plus traumatisants de la Première Guerre mondiale : la science et l'industrie

qui transforment les champs de bataille en véritables machines à broyer les combattants.

Pourtant, je vous l'ai dit, tout le monde s'attendait à une guerre courte,

et ne pensait pas avoir à déployer une telle débauche de moyens. À tel point qu'à l'hiver 1914,

déjà, les munitions commencent à manquer pour l'artillerie. Mais la mobilisation de l'industrie,

et de toutes les mains disponibles, à commencer par celles des femmes dans les usines d'armement,

les fameuses “munitionnettes”, va permettre par exemple à la France, en quatre ans,

de multiplier sa production d'obus… par 20 ! La guerre devient, plus qu'un affrontement

entre hommes, une guerre d'industries, où c'est à celui qui pourra lancer

le plus de moyens dans la bataille.

Pour vous donner une petite idée, sachez qu'à l'époque, il y a moins de 2 milliards

d'habitants sur la Terre. Bon, eh bien durant la guerre, plus d'un milliard d'obus seront tirés,

soit plus d'un obus tiré pour deux habitants ! Et ce, uniquement sur le front,

une zone minuscule à l'échelle de la Terre. Entre les communes entièrement rasées par

ce déluge et jamais reconstruites, les collines laminées et les 15% d'obus n'ayant pas explosés

qui aujourd'hui encore, attendent sous terre, même la géographie a été changée par la guerre !

Et cela, c'est sans même parler d'une autre arme qui fait des ravages : la mitrailleuse.

Bien nommée machine gun en anglais, c'est effectivement une machine,

pur produit de l'ère industrielle. Elle est simple à manier, et fonctionne,

en effet, comme une machine : un homme la manie, l'autre la charge continuellement,

et elle cause des ravages face à des vagues de soldats souvent armés de simples fusils. Entre

les canons et les mitrailleuses, les soldats se font littéralement massacrer. Et les armées

engagées connaissent des pertes qui, là encore, s'élèvent à un niveau jamais connu jusqu'alors.

C'est ainsi qu'en août 1914, près de Charleroi, l'armée française connaît lors d'une de ses

premières batailles, un total de 26 000 morts en une seule journée. C'est l'équivalent à l'époque

de la disparition soudaine de toute la population d'une ville comme Valence. En juillet 1916,

sur la Somme, les Britanniques perdent eux 60 000 hommes en une seule journée,

dont 20 000 morts. Là aussi, le jour le plus meurtrier de leur histoire. Il faut dire que

la bataille de la Somme sera la plus meurtrière du front occidental, puisque cet affrontement

international va voir 1,2 millions d'hommes être mis hors de combat, tués, blessés ou disparus.

Je n'insiste pas, vous le savez : la guerre, c'est l'enfer. Mais un enfer

vécu collectivement. Par les soldats des deux camps, certes, mais aussi par leurs familles.

Car si le départ des soldats a déjà été un traumatisme en 1914, cette guerre qui s'enterre

et s'embourbe, et renvoie vers l'arrière son lot de morts, de blessés et de mutilés,

touche durablement les civils de l'époque. Et chaque famille craint pour quelqu'un,

que ce soit un père, un fils, un frère ou même un ami. Le nombre de monuments

en France est là pour rappeler qu'aucune commune n'a échappé à cet enfer collectif.

Aussi, les lettres circulent. Énormément. Durant la guerre, tous les jours et rien que

côté Français, ce ne sont pas moins de 4 millions de lettres qui circulent. La censure veille bien

sûr à ce qu'aucune information compromettante ou mauvaise pour le moral ne circule,

mais les soldats rivalisent d'ingéniosité pour communiquer au travers de codes,

d'encres sympathiques, et autres ruses visant à passer au nez et à la barbe du censeur,

ce “planqué” qui veut vous empêcher de dire ce que vous avez sur le coeur à votre famille !

Oui, de manière générale, les censeurs ne sont pas spécialement appréciés, ça a pas vraiment changé.

Pour certains soldats, le rituel du courrier est pourtant un moment douloureux. Par exemple,

pour ceux ayant leur famille située en zone occupée par l'ennemi. Car

les lettres n'y circulent pas, et durant quatre ans, ils ne peuvent

recevoir des nouvelles que via des moyens détournés ou à l'aide de la Croix Rouge.

Les colis, particulièrement, sont les bienvenus. Même les soldats sans familles peuvent recevoir

des cadeaux de la part de marraines de guerre, ou même d'associations qui se cotisent en argent

et en effort pour soutenir les soldats au front. Des deux côtés de la ligne,

l'expérience est la même : l'arrivée du courrier est un moment sacré, sa perte, une catastrophe.

C'est le seul moyen pour certains soldats non seulement d'avoir des nouvelles de leurs familles,

mais aussi de s'occuper des affaires familiales lorsque des choix sont à faire.

Et bien sûr, dans les lettres, il y a aussi la question de l'amour ! Et ce n'est pas facile

parce qu'on ne rencontre pas facilement l'amour dans une tranchée battue par les

obus.Et pour les hommes en couple, il y a le manque du partenaire qui rentre en

jeu avec des séparations qui sont nombreuses et la peur d'être fait cocu par un planqué à l'arrière.

Oui, parler d'amour c'est bien, parler de sexe, c'est mieux. Je sais que ça vous intéresse !

Les prostituées s'installent à proximité du front, conscientes qu'une telle concentration

d'hommes avec bien peu d'endroits ou dépenser leur solde est une affaire en or. Rapidement,

les armées des deux camps vont comprendre que si la travailleuse du sexe joue un rôle

important dans le moral du soldat, cela crée quelques épidémies de

maladies sexuellement transmissibles. Et quand votre armée se retrouve à subir

plus de ravages à cause de la syphilis que de l'ennemi… ça fait mauvais genre !

Français et Allemands vont donc mettre en place des “bordels de campagne”. Tout simplement parce que

de cette manière, les conditions d'hygiène peuvent être contrôlées, et les problèmes liés à

la prostitution, réglés plus facilement. Oui, même le sexe est modifié et controlé par la guerre.

Pas sûr que ce soit cet aspect de la guerre totale dont on vous ait le plus parlé à l'école !

Ce que l'on sait peu, aussi, c'est que les différents pays s'étant préparés à

une guerre courte, la question des permissions n'avait pas vraiment été préparée. On pensait

être rentré tôt ! Ce n'est donc qu'en 1915, soit après presque un an de guerre,

qu'on commence à autoriser des hommes à prendre quelques jours pour se rendre

chez eux et voir leurs familles, afin de leur remonter le moral !

Dans les lettres, la question de la fin de la guerre et du retour au foyer est

constante. La mort est évoquée en marge : les lettres sont un moment heureux,

et il est hors de question de transformer ce rituel sacré en moment difficile.

Et justement. Comment on gère la mort dans une guerre qui fait autant de victimes ?

Généralement, la mort est d'abord annoncée par une absence de lettres qui inquiète les familles.

C'est l'un des premiers signes. Et puis, il y a l'annonce. Quand une famille aperçoit l'élu

du village qui vient frapper à la porte, ou des bénévoles volontaires pour ce dur service,

la sentence tombe. Dans certains cas, c'est un camarade du soldat tombé qui porte la nouvelle,

parfois en pouvant donner quelques détails sur les circonstances exactes du décès du mari.

Trois millions de femmes vont ainsi devenir veuves. Parfois, sans même une tombe où se rendre.

D'autres voient leurs maris revenir, changés. La guerre en a rendu certains alcooliques,

violents, ou tout simplement, indifférents. Les traumatismes invisibles sont nombreux, mais ceux

bien visibles sont tout aussi difficiles. Des femmes retrouvent leurs maris ou fiancés mutilés,

défigurés, et l'heureux retour au foyer tant espéré se transforme parfois en divorce.

Les portes vont ainsi se refermer sur des foyers lourdement transformés, et une société

changée par quatre années de guerre où tout le monde n'a vécu que pour et par le conflit.

L'art et la littérature vont aussi retranscrire ces traumatismes. Car si pendant la guerre, l'art

a surtout servi à soutenir l'effort national, dans les tranchées, l'art était aussi à d'autres

échelles un passe-temps et un défouloir. Aussi bien avec l'artisanat de tranchée, où des poilus

transformaient en oeuvres des objets destinés à tuer, comme des restes d'obus changés en bagues,

vases ou objets décoratifs, qu'avec les journaux de tranchées, où le poilu pouvait s'épancher

et dénoncer le “bourrage de crâne” des journaux officiels en dépeignant la réalité qu'il vivait.

Après la guerre, l'art et la littérature vont utiliser leur liberté retrouvée pour

exprimer tout cela. On pense à “A l'Ouest, rien de nouveau”, d'Erich Maria Remarque, paru en 1929

et décrivant l'horreur de la guerre, ou à Henri Barbusse avec “Le Fe” qui dès 1916, rompt avec

la version officielle de la censure en faisant paraître sous forme de feuilleton le quotidien

d'une escouade. Ce qui ne manquera pas de créer des polémiques, vous l'imaginez bien ! Mais on

retrouve aussi des peintures, gravures et autres œuvres qui témoignent de l'horreur du front, comme

le travail d'Otto Dix avec sa série de 50 eaux fortes réalisées en 1924, Der Krieg, La Guerre.

Finalement la guerre est terminée, mais pour autant, elle toujours aussi présente. Pas

seulement dans les esprits, mais aussi dans le quotidien. Les populations doivent redresser

des pays dont les économies ont sérieusement souffert de la guerre, rebâtir des zones ruinées,

et pour certains, reconstruire leurs vies. Veuves, mutilés, orphelins, anciens soldats traumatisés…

il faut trouver sa place dans des sociétés encore meurtries, où comme si tout cela ne suffisait pas,

la grippe espagnole fait des ravages. Une pandémie qui je vous le rappelle,

selon les dernières estimations, aurait pu faire entre 50 et 100 millions de morts dans

le monde ! Soit… plus que la guerre elle-même, et ses près de 10 millions de soldats morts.

Dans cet après-conflit où les années folles essaient de surmonter ces malheurs, certains

continuent à haïr l'ennemi là où d'autres haïssent la guerre. Revanchards et pacifistes s'affrontent,

et de nouvelles idéologies apparaissent, donnant naissance à une montée des totalitarismes qui 20

ans après ce que l'on voulait être “la Der des Der”, provoquera une Seconde Guerre mondiale.

Qui là encore, sera totale, et verra une fois de plus la science, l'art, l'économie et la société

dans son ensemble se tourner vers le conflit. Voilà, mes chers camarades ! J'espère que cet

épisode vous aura donné envie d'explorer ces aspects de la Grande Guerre, comme vous pouvez

le faire à l'Historial de la Grande Guerre sur les sites de Péronne et Thiepval, que

je remercie pour avoir permis cet épisode, ainsi que Somme Tourisme pour son soutien et

sa participation à faire connaître les lieux de mémoire de la Grande Guerre.

J'en profite pour vous rappeler que si vous voulez en savoir plus sur la

Bataille de la Somme, je vous propose déjà sur la chaîne des vidéos sur le sujet ! Il

suffit de fouiner un peu sur la playlist dédiée à la Première Guerre Mondiale.

A la prochaine pour de nouvelles vidéos. Salut !

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1914-1918 : Pourquoi cette guerre est totale ? 1914-1918: Warum war es ein totaler Krieg? 1914-1918: Why is this war total? 1914-1918: ¿Por qué esta guerra es total? 1914-1918: چرا این جنگ کامل است؟ 1914-1918年:なぜこの戦争は総力戦なのか? 1914-1918: Waarom is deze oorlog totaal? 1914-1918: Dlaczego ta wojna jest totalna? 1914-1918: Porque é que esta guerra é total? 1914-1918: Varför är detta krig totalt? 1914-1918: Bu savaş neden topyekûn? 1914-1918:为什么这场战争是全面的?

Mes chers camarades, bonjour !

Aujourd'hui, je me trouve dans la Somme, à  l'Historial de la Grande Guerre, pour vous ||||||||the Historial|||||| Today, I find myself in the Somme, at the Historial of the Great War, to you.

parler, vous l'aurez compris de la Première  Guerre mondiale. Mais non pas des batailles speak, you will have understood it from the First World War. But not battles

et des combats, non, aujourd'hui, je vais vous  parler de la société durant la Grande Guerre. Today, I'm going to talk about society during the Great War.

Si vous vous souvenez de vos cours d'école,  vous avez en tête le fait que la Grande Guerre If you remember your school lessons, you have in mind the fact that the Great War

1914-1918 est totale. C'est-à-dire qu'aucun aspect  ne lui échappe. Politique, économie, culture, 1914-1918 is total. That is to say that no aspect escapes him. Politics, economy, culture,

éducation, sciences… tout est  tourné vers le conflit. Autant

de sujets qui sont justement abordés par  l'Historial de la Grande Guerre dans ses

deux musées de Péronne et Thiepval, et qui me  donnent l'opportunité de les évoquer avec vous. |||||Thiepval|||||||||| two museums in Péronne and Thiepval, which give me the opportunity to discuss them with you.

En effet, cette guerre totale est une  sacrée rupture avec la Belle Époque

qui lui a précédé ! Car avant 1914, l'Europe  traverse plutôt une ère de progrès sociaux,

économiques, politiques, et si guerre il doit  y avoir, tout le monde s'attend à ce qu'elle ||||||||||||expects|||

soit courte. Quelques semaines,  voire quelques mois tout au plus.

Vous connaissez la légende des soldats partis  la fleur au fusil… bon, on peut le dire : You know the legend of the soldiers who left with a flower in their arms… well, we can say it:

ça ne s'est pas exactement passé comme prévu ! Et  c'est justement pour cela que tout va basculer. ||||||||||||||||tip

Car avec la fin de la guerre de mouvement  et l'apparition de la guerre des tranchées, |||||||||||||||trenches

un immense front se forme dans le Nord-Est de  la France, ce à quoi personne ne s'attendait.

En quelques semaines, des villages tranquilles  sont devenus les théâtres d'immenses combats,

et de chaque côté de la ligne, les  civils se retrouvent à cohabiter avec

des régiments entiers de soldats étrangers. Et autant vous dire que ce n'est pas toujours  facile !

D'un côté, les troupes de l'allié  britannique ont besoin de se nourrir,

se loger, se détendre, surtout loin de  chez elles, et vous imaginez bien que ça

ne se passe pas sans quelques frictions ! Dans la Somme, véritable scène internationale ||||||frictions||||||

du conflit, Allemands, Français, Britanniques,  mais aussi troupes du Commonwealth et Américains

vont se croiser dans ce qui sera une  gigantesque bataille internationale.

D'ailleurs, puisque nous parlons des Britanniques,  beaucoup de gens n'en ont jamais vus, et encore

moins entendus lorsque la guerre éclate. Au  point qu'en septembre 1914, un commando allemand,

mené par le capitaine Walther Tilling, parvient  à traverser les lignes jusqu'en Normandie… car ||||Walther|Tilling|||||||| led by Captain Walther Tilling, managed to cross the lines to Normandy... because

en chemin, les civils français pensent que  ces hommes aux uniformes inconnus et à la French civilians thought that these men in unfamiliar uniforms and

langue qu'ils ne comprennent pas sont… anglais ! La boulette...Mais le plus dur se déroule de language they don't understand are... English! But the hardest part is to get them to understand the language.

l'autre côté de la ligne de front, dans les  territoires occupés où du jour au lendemain, on the other side of the front line, in the occupied territories, where from one day to the next,

l'arrivée des soldats allemands chamboule  tout. Nouvelles lois, taxes, réquisitions, ||||upends||||| the arrival of German soldiers turns everything upside down. New laws, taxes, requisitions,

et puis, il faut bien loger tous ces militaires ! and then there's the need to house all those soldiers!

Des familles de soldats français se retrouvent  à devoir héberger ceux que leurs pères, |||||||||host|||| Families of French soldiers found themselves having to take in those their fathers had left behind,

maris et fils combattent, sans compter  les hommes et les femmes que l'Allemagne husbands and sons, not to mention the men and women that Germany

envoie travailler pour son compte,  dans des conditions déplorables, ||||||||deplorable sent to work on his own account, in deplorable conditions,

puisque l'Allemagne est sous blocus et manque  de tout. C'est ainsi qu'entre 1914 et 1918, since Germany was under blockade and lacked everything. Between 1914 and 1918,

après de nombreuses émeutes et à force de pénuries  causées par le blocus des alliés, entre 450 et |||riots|||||shortages|caused||||||| after numerous riots and shortages caused by the allied blockade, between 450 and

700 000 civils allemands vont mourir de faim ! J'en profite pour le souligner : cette approche ||||||||||highlight|| 700,000 German civilians will starve to death! I'd like to take this opportunity to emphasize that this approach

des deux côtés de la ligne est l'une des forces  de l'Historial de la Grande Guerre, qui évoque on both sides of the line is one of the strengths of the Historial de la Grande Guerre, which evokes

les points de vue des soldats des deux camps. Car  si les soldats s'opposent dans la guerre, ils se the viewpoints of soldiers on both sides. For if soldiers are at odds in war, they are also at odds with each other.

retrouvent dans le quotidien, les souffrances… et  la transformation de leurs sociétés respectives. ||||||and||||||respect

Mais revenons aux souffrances  des populations. Qui subissent |||||||suffer But let's get back to the suffering of the people. Who suffer

la guerre de manière parfois très  directe, et ce, même loin du front ! war, even far from the front!

Avions et zeppelins bombardent ainsi l'arrière,  tantôt les usines et cibles militaires, ||zeppelins||||||||| Planes and zeppelins bomb the rear, factories and military targets,

tantôt… les villes, pour briser le moral.  Comme en 1918, lorsque les Allemands bombardent sometimes|||||||||||| a volte|||||||||||| sometimes... cities, to break morale. As in 1918, when the Germans bombarded

Paris avec des canons géants, spécialement  conçus pour cette tâche, et le 29 mars 1918, Paris with giant cannons, specially designed for the task, and on March 29, 1918,

touchent l'église Saint-Gervais, dont  l'effondrement partiel tuera 91 personnes. |||||the collapse||| affected the Saint-Gervais church, whose partial collapse killed 91 people.

Vous l'aurez compris : personne n'échappe As you can see, there's no escaping

véritablement à la guerre.  Qui prend bien des aspects. to war. Which takes many forms.

A l'école par exemple, même les enfants voient  leurs vies tourner autour de la guerre. Pour At school, for example, even the children see their lives revolve around war. For

obtenir le soutien de la population, et  préparer de futures générations de soldats, gain public support, and prepare future generations of soldiers,

l'école elle-même devient un lieu où  instruction et propagande se mêlent. |||||||||||mix the school itself becomes a place where instruction and propaganda merge.

Dès les premiers jours de la  guerre, dans les cours d'école, From the very first days of the war, in school playgrounds,

les jouets et jeux tournent autour du conflit  : on joue à la guerre, en pensant à papa parti toys and games revolve around the conflict: we play at war, thinking of Daddy gone.

combattre. Les dictées portent sur les valeurs  de patriotisme et le courage des poilus, et cela |||||||||||||soldiers|| combat. The dictations focus on the values of patriotism and the courage of the poilus, and this

plus encore au fur et à mesure des batailles,  quand des écoliers se retrouvent orphelins. |||||||||||schoolchildren||| even more so during the battles, when schoolchildren are orphaned.

Et oui, il faut bien justifier que le  sacrifice des parents n'a pas été inutile... And yes, we have to justify that the parents' sacrifice was not in vain...

Toute une littérature de guerre va naître du  conflit et perdurer jusqu'à après l'armistice, ||||||||||persist||| A whole body of war literature was born out of the conflict, and lasted until after the armistice,

comme ce livre d'Henri D'Orcines  sorti en 1919 dont le titre est assez ||||of Orcines||||||| such as this book by Henri D'Orcines, published in 1919, whose title is rather

explicite : “J'ai descendu mon premier boche”. Désormais, enfants comme adultes se voient ||descended|||German|||||| I shot my first Boche". From then on, children and adults alike saw

constamment répéter que l'autre  est un ennemi qu'il faut haïr, |||||||||hate

détruire. Et que chacun doit donner de son  temps, de son argent ou de son sang pour y parvenir. ||||||||||||||||||succeed

Même le talent artistique est mis  à profit, avec des créations de chansons

patriotiques, de peintures, et bien sûr,  d'affiches servant le discours national. patriotic||||||of posters|||| paintings and, of course, posters for the national discourse.

Vous connaissez d'ailleurs bien certaines de  ces affiches de propagande, dont certaines |||||||posters|||| You'll be familiar with some of these propaganda posters, including some

sont devenues célèbres. Et qui visent à  pousser les populations à se consacrer

toujours plus à l'effort de guerre. Les artistes  participent parfois plus directement à la guerre,

avec l'utilisation de leurs talents pour  la création de nouveaux camouflages, ||||||||||camouflages

de faux décors où cacher des observateurs,  et même de peintures trompe-l'oeil pour

briser la silhouette des bateaux  et tromper les sous-marins ! ||||||deceive|||

Les intellectuels participent aussi à  l'affrontement au travers de publications |||||the confrontation|||| Intellectuals also took part in the confrontation through publications.

et de textes, mais bien évidemment, le plus  marquant est le combat entre scientifiques and texts, but of course the most striking is the battle between scientists

des deux camps pour développer l'arme  qui fera basculer le cours de la guerre. ||||||||shift||||| from both sides to develop the weapon that would change the course of the war.

Gaz envoyé par tuyaux, puis par obus,  lance-flammes, chars d'assaut, avions toujours |||pipes||||||tanks||| Gas sent through pipes, then shells, flamethrowers, tanks, planes, always

plus perfectionnés, casques… tout y passe. Et c'est d'ailleurs là l'un des aspects les |more advanced|||||||||||| more advanced, helmets... everything is included. And this is indeed one of the most

plus traumatisants de la Première Guerre  mondiale : la science et l'industrie traumatizing aspects of the First World War: science and industry

qui transforment les champs de bataille en  véritables machines à broyer les combattants. ||||||||||grind|| that transform the battlefields into true killing machines for the fighters.

Pourtant, je vous l'ai dit, tout le  monde s'attendait à une guerre courte, And yet, as I said, everyone was expecting a short war,

et ne pensait pas avoir à déployer une telle  débauche de moyens. À tel point qu'à l'hiver 1914, ||||||deploy|||debauch||||||| and didn't expect to have to deploy such a profusion of resources. So much so, that in the winter of 1914,

déjà, les munitions commencent à manquer pour  l'artillerie. Mais la mobilisation de l'industrie, Ammunition for the artillery was already running low. But the mobilization of industry,

et de toutes les mains disponibles, à commencer  par celles des femmes dans les usines d'armement, and all available hands, starting with those of women in arms factories,

les fameuses “munitionnettes”, va permettre  par exemple à la France, en quatre ans, |famous|munitions||||||||||

de multiplier sa production d'obus… par 20 ! La guerre devient, plus qu'un affrontement ||||of shells||||||| to multiply its shell production... by 20! War becomes more than a confrontation

entre hommes, une guerre d'industries,  où c'est à celui qui pourra lancer between men, a war of industries, where it's up to the one who can launch

le plus de moyens dans la bataille. the most resources in the battle.

Pour vous donner une petite idée, sachez  qu'à l'époque, il y a moins de 2 milliards To give you an idea, at the time, there were less than 2 billion

d'habitants sur la Terre. Bon, eh bien durant la  guerre, plus d'un milliard d'obus seront tirés, inhabitants on Earth. Well, during the war, over a billion shells were fired,

soit plus d'un obus tiré pour deux  habitants ! Et ce, uniquement sur le front, more than one shell fired for every two inhabitants! And that's just on the front line,

une zone minuscule à l'échelle de la Terre.  Entre les communes entièrement rasées par ||||the scale||||||||razed| a tiny area on the scale of the Earth. Between the communes completely razed by

ce déluge et jamais reconstruites, les collines  laminées et les 15% d'obus n'ayant pas explosés |flood|||reconstructed|||||||not having|| this flood and never rebuilt, the flattened hills and the 15% of unexploded shells

qui aujourd'hui encore, attendent sous terre,  même la géographie a été changée par la guerre ! which even today, are waiting underground, even the geography has been changed by war!

Et cela, c'est sans même parler d'une autre  arme qui fait des ravages : la mitrailleuse. ||||||||||||||machine gun And this is without even mentioning another weapon that wreaks havoc: the machine gun.

Bien nommée machine gun en anglais,  c'est effectivement une machine, |||gun|||||| Aptly named machine gun, it's a machine indeed,

pur produit de l'ère industrielle. Elle  est simple à manier, et fonctionne, |||the era||||||handle|| a pure product of the industrial age. It's easy to use, and it works,

en effet, comme une machine : un homme la  manie, l'autre la charge continuellement, ||||||||handles|||| indeed, like a machine: one man handles it, the other continually loads it,

et elle cause des ravages face à des vagues de  soldats souvent armés de simples fusils. Entre ||||ravages||||waves|||||||| and it wreaks havoc against waves of soldiers often armed only with rifles. Visit

les canons et les mitrailleuses, les soldats  se font littéralement massacrer. Et les armées the cannons and machine guns, the soldiers are literally slaughtered. And the armies

engagées connaissent des pertes qui, là encore,  s'élèvent à un niveau jamais connu jusqu'alors. |||loss|||||||||| The losses incurred are once again unprecedented.

C'est ainsi qu'en août 1914, près de Charleroi,  l'armée française connaît lors d'une de ses ||||||Charleroi||||||| Thus, in August 1914, near Charleroi, the French army experienced one of its first

premières batailles, un total de 26 000 morts en  une seule journée. C'est l'équivalent à l'époque 26,000 dead in a single day. That's the equivalent at the time of

de la disparition soudaine de toute la population  d'une ville comme Valence. En juillet 1916, |||||||||||Valence|| of the sudden disappearance of the entire population of a city like Valence. July 1916,

sur la Somme, les Britanniques perdent  eux 60 000 hommes en une seule journée, on the Somme, the British lost 60,000 men in a single day,

dont 20 000 morts. Là aussi, le jour le plus  meurtrier de leur histoire. Il faut dire que including 20,000 dead. Again, the deadliest day in their history. It must be said that

la bataille de la Somme sera la plus meurtrière  du front occidental, puisque cet affrontement |||||||||||western||| the Battle of the Somme was to be the deadliest on the Western Front, as this confrontation

international va voir 1,2 millions d'hommes être  mis hors de combat, tués, blessés ou disparus. international will see 1.2 million men put out of action, killed, wounded or missing.

Je n'insiste pas, vous le savez : la  guerre, c'est l'enfer. Mais un enfer |||||||||hell||| I won't insist, as you know: war is hell. But hell

vécu collectivement. Par les soldats des deux  camps, certes, mais aussi par leurs familles. experienced collectively. By soldiers on both sides, of course, but also by their families.

Car si le départ des soldats a déjà été un  traumatisme en 1914, cette guerre qui s'enterre |||||||||||||||buries For if the departure of the soldiers was already a trauma in 1914, this war that is entrenching itself

et s'embourbe, et renvoie vers l'arrière  son lot de morts, de blessés et de mutilés, |gets bogged down|||||||||||||mutilated and bogging down, and sending back its share of dead, injured, and mutilated,

touche durablement les civils de l'époque.  Et chaque famille craint pour quelqu'un, |||||||||fears|| permanently impacts the civilians of the time. And every family fears for someone,

que ce soit un père, un fils, un frère  ou même un ami. Le nombre de monuments whether a father, a son, a brother or even a friend. The number of monuments

en France est là pour rappeler qu'aucune  commune n'a échappé à cet enfer collectif. in France is a reminder that no commune has escaped this collective hell.

Aussi, les lettres circulent. Énormément.  Durant la guerre, tous les jours et rien que So, letters are circulating. Enormously. During the war, every day and nothing but

côté Français, ce ne sont pas moins de 4 millions  de lettres qui circulent. La censure veille bien |||||||||||||||watches| On the French side, no fewer than 4 million letters were circulated. Censorship keeps watch

sûr à ce qu'aucune information compromettante  ou mauvaise pour le moral ne circule, |||||compromising||||||| to ensure that no compromising or morale-damaging information is circulated,

mais les soldats rivalisent d'ingéniosité  pour communiquer au travers de codes, |||rival||||||| but soldiers compete in ingenuity to communicate through codes,

d'encres sympathiques, et autres ruses visant  à passer au nez et à la barbe du censeur, of inks|||||aiming||||||||||censor and other tricks to get past the censor's nose,

ce “planqué” qui veut vous empêcher de dire ce  que vous avez sur le coeur à votre famille ! |hidden|||||||||||||||| this "stash" who wants to prevent you from saying what's on your heart to your family!

Oui, de manière générale, les censeurs ne sont pas  spécialement appréciés, ça a pas vraiment changé. |||||censors|||||||||| Yes, generally speaking, censors aren't particularly appreciated, that hasn't really changed.

Pour certains soldats, le rituel du courrier  est pourtant un moment douloureux. Par exemple, For some soldiers, the mail ritual is a painful moment. Here are some examples,

pour ceux ayant leur famille située  en zone occupée par l'ennemi. Car for those with family members in enemy-occupied zones. For

les lettres n'y circulent pas, et  durant quatre ans, ils ne peuvent letters don't circulate there, and for four years, they can't

recevoir des nouvelles que via des moyens  détournés ou à l'aide de la Croix Rouge. receive news only by indirect means, or with the help of the Red Cross.

Les colis, particulièrement, sont les bienvenus.  Même les soldats sans familles peuvent recevoir |packages||||||||||| Parcels, in particular, are very welcome. Even soldiers without families can receive

des cadeaux de la part de marraines de guerre,  ou même d'associations qui se cotisent en argent |gifts|||||godmothers||||||||contribute|| gifts from wartime godmothers, or even associations that contribute money

et en effort pour soutenir les soldats  au front. Des deux côtés de la ligne, and effort to support soldiers at the front. On both sides of the line,

l'expérience est la même : l'arrivée du courrier  est un moment sacré, sa perte, une catastrophe. the experience is the same: the arrival of mail is a sacred moment, its loss a catastrophe.

C'est le seul moyen pour certains soldats non  seulement d'avoir des nouvelles de leurs familles, It's the only way for some soldiers to get news of their families,

mais aussi de s'occuper des affaires  familiales lorsque des choix sont à faire. but also to take care of family affairs when choices have to be made.

Et bien sûr, dans les lettres, il y a aussi la  question de l'amour ! Et ce n'est pas facile And of course, in the letters, there's also the question of love! And it's not easy

parce qu'on ne rencontre pas facilement  l'amour dans une tranchée battue par les |||||||||trench||| because it's not easy to find love in a battered trench.

obus.Et pour les hommes en couple, il y  a le manque du partenaire qui rentre en And for men in a relationship, the lack of a partner comes into play.

jeu avec des séparations qui sont nombreuses et la  peur d'être fait cocu par un planqué à l'arrière. |||separations|||||||||cuckold||||| game with numerous separations and the fear of being cuckolded by someone hiding in the back.

Oui, parler d'amour c'est bien, parler de sexe,  c'est mieux. Je sais que ça vous intéresse ! Yes, talking about love is good, talking about sex is better. I know you're interested!

Les prostituées s'installent à proximité du  front, conscientes qu'une telle concentration |||||||aware||| Prostitutes set up near the front, aware that such a concentration

d'hommes avec bien peu d'endroits ou dépenser  leur solde est une affaire en or. Rapidement, of men with very few places to spend their wages is a golden opportunity. Quickly,

les armées des deux camps vont comprendre  que si la travailleuse du sexe joue un rôle ||||||||||worker||||| the armies of both camps will understand that if the sex worker plays a role

important dans le moral du soldat,  cela crée quelques épidémies de important in the soldier's morale, it creates a few epidemics of

maladies sexuellement transmissibles. Et quand votre armée se retrouve à subir ||transmissible||||||||suffer sexually transmitted diseases. And when your army finds itself

plus de ravages à cause de la syphilis  que de l'ennemi… ça fait mauvais genre ! ||ravages|||||syphilis||||it||| more devastation caused by syphilis than by the enemy... it's a bad look!

Français et Allemands vont donc mettre en place  des “bordels de campagne”. Tout simplement parce  que So the French and Germans are going to set up "country brothels". Simply because

de cette manière, les conditions d'hygiène  peuvent être contrôlées, et les problèmes liés à In this way, hygiene conditions can be controlled, and the problems associated with

la prostitution, réglés plus facilement. Oui, même  le sexe est modifié et controlé par la guerre. ||||||||||||controlled||| prostitution, settled more easily. Yes, even sex is modified and controlled by war.

Pas sûr que ce soit cet aspect de la guerre  totale dont on vous ait le plus parlé à l'école ! I'm not sure this is the aspect of total war you heard most about at school!

Ce que l'on sait peu, aussi, c'est que  les différents pays s'étant préparés à What we don't know, either, is that the various countries having prepared for

une guerre courte, la question des permissions  n'avait pas vraiment été préparée. On pensait ||||||permissions||||||| In a short war, the question of furloughs had not really been prepared for. We thought

être rentré tôt ! Ce n'est donc qu'en  1915, soit après presque un an de guerre, coming home early! So it wasn't until 1915, after almost a year of war,

qu'on commence à autoriser des hommes  à prendre quelques jours pour se rendre that we're starting to allow men to take a few days off to travel

chez eux et voir leurs familles,  afin de leur remonter le moral ! |||||||||lift|| and see their families, to cheer them up!

Dans les lettres, la question de la fin  de la guerre et du retour au foyer est In the letters, the question of the end of the war and the return home is raised.

constante. La mort est évoquée en marge  : les lettres sont un moment heureux, ||||||margin|||||| constant. Death is evoked in the margins: the letters are a happy moment,

et il est hors de question de transformer  ce rituel sacré en moment difficile. and it's out of the question to turn this sacred ritual into a difficult moment.

Et justement. Comment on gère la mort dans  une guerre qui fait autant de victimes ? And that's just it. How do you deal with death in a war that claims so many victims?

Généralement, la mort est d'abord annoncée par  une absence de lettres qui inquiète les familles. Generally, death is first announced by an absence of letters, which worries families.

C'est l'un des premiers signes. Et puis, il y  a l'annonce. Quand une famille aperçoit l'élu |||||||||||||||the chosen That's one of the first signs. Then there's the announcement. When a family sees the chosen one

du village qui vient frapper à la porte, ou  des bénévoles volontaires pour ce dur service, from the village who come knocking on the door, or volunteers for this tough service,

la sentence tombe. Dans certains cas, c'est un  camarade du soldat tombé qui porte la nouvelle, the sentence is passed. In some cases, a comrade of the fallen soldier delivers the news,

parfois en pouvant donner quelques détails sur  les circonstances exactes du décès du mari. sometimes giving a few details about the exact circumstances of the husband's death.

Trois millions de femmes vont ainsi devenir  veuves. Parfois, sans même une tombe où se rendre. |||||||||||||||go Three million women became widows. Sometimes without even a grave to turn to.

D'autres voient leurs maris revenir, changés.  La guerre en a rendu certains alcooliques, Others see their husbands return, changed. The war has made some of them alcoholics,

violents, ou tout simplement, indifférents. Les  traumatismes invisibles sont nombreux, mais ceux violent, or simply indifferent. Invisible traumas are numerous, but those

bien visibles sont tout aussi difficiles. Des  femmes retrouvent leurs maris ou fiancés mutilés, are just as difficult. Women find their husbands or fiancés mutilated, claramente visíveis são igualmente difíceis. As mulheres encontram seus maridos ou noivos mutilados,

défigurés, et l'heureux retour au foyer tant  espéré se transforme parfois en divorce. disfigured|||||||||||| disfigured, and the long-awaited happy homecoming sometimes turns into divorce. desfigurado, e o esperado retorno feliz às vezes se transforma em divórcio.

Les portes vont ainsi se refermer sur des  foyers lourdement transformés, et une société |||||||||heavily|||| The doors will thus close on heavily transformed homes, and a society As portas se fecharão assim em casas fortemente transformadas, e uma sociedade

changée par quatre années de guerre où tout  le monde n'a vécu que pour et par le conflit. changed by four years of war in which everyone lived only for and through the conflict.

L'art et la littérature vont aussi retranscrire  ces traumatismes. Car si pendant la guerre, l'art ||||||retranscribe|||||||| Art and literature also transcribed these traumas. For if during the war, art

a surtout servi à soutenir l'effort national,  dans les tranchées, l'art était aussi à d'autres |||||||||trenches||||| was mainly used to support the national effort, in the trenches art was also used for other purposes. serviu sobretudo para apoiar o esforço nacional, nas trincheiras, a arte foi também para outros

échelles un passe-temps et un défouloir. Aussi  bien avec l'artisanat de tranchée, où des poilus scales|||||| outlet|||||||||soldiers ladders a hobby and a release. As well as trench crafting, where poilus

transformaient en oeuvres des objets destinés à  tuer, comme des restes d'obus changés en bagues, transformed objects intended for killing into works of art, such as shell remnants turned into rings, transformadas em obras de objetos destinados a matar, como restos de conchas transformadas em anéis,

vases ou objets décoratifs, qu'avec les journaux  de tranchées, où le poilu pouvait s'épancher |||||||||||||unburden vases or decorative objects, than with trench newspapers, where the poilu could pour out his heart and soul. vasos ou objetos decorativos, do que com as toras de trincheiras, onde os peludos poderiam derramar

et dénoncer le “bourrage de crâne” des journaux  officiels en dépeignant la réalité qu'il vivait. |||brainwashing|||||||depicting|||| and denounce the “cramming” of the official newspapers by depicting the reality he lived.

Après la guerre, l'art et la littérature  vont utiliser leur liberté retrouvée pour After the war, art and literature would use their new-found freedom to

exprimer tout cela. On pense à “A l'Ouest, rien  de nouveau”, d'Erich Maria Remarque, paru en 1929 |||||||||||of Erich|||| express it all. We think of “In the West, nothing new”, by Erich Maria Remarque, published in 1929

et décrivant l'horreur de la guerre, ou à Henri  Barbusse avec “Le Fe” qui dès 1916, rompt avec |||||||||Barbusse|||Fire|||break| and describing the horror of war, or to Henri Barbusse with "Le Fe" who, in 1916, broke with

la version officielle de la censure en faisant  paraître sous forme de feuilleton le quotidien the official version of the censorship by publishing the daily newspaper in serial form a versão oficial da censura ao publicar o jornal diário em forma de folhetim

d'une escouade. Ce qui ne manquera pas de créer  des polémiques, vous l'imaginez bien ! Mais on |squad||||will|||||||||| of a squad. Which, as you can imagine, is bound to cause controversy! But we're de um esquadrão. O que não deixará de gerar polêmica, você pode imaginar! Lar

retrouve aussi des peintures, gravures et autres  œuvres qui témoignent de l'horreur du front, comme also find paintings, engravings and other works that bear witness to the horror of the front, such as

le travail d'Otto Dix avec sa série de 50 eaux  fortes réalisées en 1924, Der Krieg, La Guerre. ||of Otto|||||||||||war|| the work of Otto Dix with his series of 50 etchings produced in 1924, Der Krieg, La Guerre.

Finalement la guerre est terminée, mais pour  autant, elle toujours aussi présente. Pas Finally the war is over, but for all that, it is still just as present. Not

seulement dans les esprits, mais aussi dans le  quotidien. Les populations doivent redresser not only in people's minds, but also in their daily lives. People need to straighten up apenas nas mentes, mas também na vida cotidiana. As pessoas devem reparar

des pays dont les économies ont sérieusement  souffert de la guerre, rebâtir des zones ruinées, |||||||||||rebuild|||ruined countries whose economies have been severely damaged by war, rebuilding ruined areas, países cujas economias sofreram gravemente com a guerra, reconstruindo áreas arruinadas,

et pour certains, reconstruire leurs vies. Veuves,  mutilés, orphelins, anciens soldats traumatisés… and for some, rebuild their lives. Widows, cripples, orphans, traumatized ex-soldiers...

il faut trouver sa place dans des sociétés encore  meurtries, où comme si tout cela ne suffisait pas, |||||||||hurt|||||||| you have to find your place in societies that are still battered, or as if all that wasn't enough,

la grippe espagnole fait des ravages.  Une pandémie qui je vous le rappelle, |||||ravages||||||| Spanish flu wreaks havoc. A pandemic which, I remind you,

selon les dernières estimations, aurait pu  faire entre 50 et 100 millions de morts dans according to the latest estimates, could have claimed between 50 and 100 million lives worldwide.

le monde ! Soit… plus que la guerre elle-même,  et ses près de 10 millions de soldats morts. the world! That's... more than the war itself, with its 10 million dead soldiers. o mundo ! Ou… mais do que a própria guerra, e seus quase 10 milhões de soldados mortos.

Dans cet après-conflit où les années folles  essaient de surmonter ces malheurs, certains In the aftermath of the war, when the Roaring Twenties were trying to overcome these misfortunes, some Neste pós-conflito onde os Roaring Twenties tentam ultrapassar estas desgraças, alguns

continuent à haïr l'ennemi là où d'autres haïssent  la guerre. Revanchards et pacifistes s'affrontent, ||hate|||||hate|||Revengeful||pacifists| continue to hate the enemy where others hate war. Revanchists and pacifists clash, continue a odiar o inimigo onde outros odeiam a guerra. Revanchistas e pacifistas se enfrentam,

et de nouvelles idéologies apparaissent, donnant  naissance à une montée des totalitarismes qui 20 |||||||||||totalitarianisms| and new ideologies appeared, giving rise to a rise in totalitarianism that 20

ans après ce que l'on voulait être “la Der des  Der”, provoquera une Seconde Guerre mondiale. |||||||the|The|||will provoke|||| years after what was supposed to be "la Der des Der", will provoke a Second World War. anos depois do que queríamos ser “o Der de Der”, causará uma Segunda Guerra Mundial.

Qui là encore, sera totale, et verra une fois de  plus la science, l'art, l'économie et la société Which, once again, will be all-encompassing, and will once again see science, art, the economy and society all come together.

dans son ensemble se tourner vers le conflit. Voilà, mes chers camarades ! J'espère que cet as a whole turn to conflict. There you are, my dear comrades! I hope this como um todo se voltam para o conflito. Aqui está, meus caros camaradas! eu espero isso

épisode vous aura donné envie d'explorer ces  aspects de la Grande Guerre, comme vous pouvez

le faire à l'Historial de la Grande Guerre  sur les sites de Péronne et Thiepval, que do so at the Historial de la Grande Guerre sites in Péronne and Thiepval.

je remercie pour avoir permis cet épisode,  ainsi que Somme Tourisme pour son soutien et I would like to thank Somme Tourisme for its support and for making this episode possible.

sa participation à faire connaître les  lieux de mémoire de la Grande Guerre.

J'en profite pour vous rappeler que  si vous voulez en savoir plus sur la I'd like to take this opportunity to remind you that if you'd like to find out more about

Bataille de la Somme, je vous propose déjà  sur la chaîne des vidéos sur le sujet ! Il Battle of the Somme, I've already posted some videos on the subject! Il

suffit de fouiner un peu sur la playlist  dédiée à la Première Guerre Mondiale. just take a look at the playlist dedicated to the First World War. é só bisbilhotar a playlist dedicada à Primeira Guerra Mundial.

A la prochaine pour de nouvelles vidéos. Salut !