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French in Action Part 2, Leçon 52 - Tout est bien qui finit bien . . . ou mal

Leçon 52 - Tout est bien qui finit bien . . . ou mal

(Le lendemain matin, Jean-Michel et Robert se retrouvent place Vavin.)

Jean-Michel: Il y a longtemps que tu es là?

Robert: Non, je viens d'arriver.

Jean-Michel (montrant le sac de Robert): C'est tout ce que tu emportes?

Robert: Oui, j'aime voyager léger. Tu es bien chargé, toi! Qu'est-ce que c'est que ça?

Jean-Michel: Une tente. Hubert en apporte une aussi, comme ça on pourra camper si on trouve un endroit sympa. Tiens, les voilà!

(En effet, la Méhari arrive avec Hubert, Colette, et Mireille.)

Tous: Salut! Ça va?

Mireille: Ça fait longtemps que vous êtes là?

Jean-Michel: Non, on vient d'arriver. Où est-ce que je mets tout ça?

Hubert: Par là. On va prendre un petit café avant de partir?

(Mireille jette un coup d'oeil au petit café sur la place et aperçoit l'homme en noir, caché derrière son journal.)

Mireille: Oh non, non, on n'a pas le temps. Tout à l'heure, sur la route, plus tard. Allez, hop, en voiture! On part!

Jean-Michel: Comment est-ce qu'on se met?

Colette: Eh bien, les garçons devant et Mireille et moi derrière.

Hubert: Ah, non! Non, non, non, il n'y a pas assez de place devant; ça va me gêner pour conduire. Mireille, qui est petite, devant, et les autres derrière.

Colette: Non, on va être serrés comme des sardines! Non, Jean-Michel devant, et Robert avec nous derrière.

Mireille (secrètement inquiète, cherchant à accélérer le départ): Allez, tout le monde en voiture, dépêchez-vous!

Hubert: Bon, alors, ça y est, tout le monde y est? On n'a rien oublié?

Mireille: Non, non!

Colette: Allons-y!

(Et ils y vont; la Méhari Azur démarre bruyamment.)

(Jean-Michel a pris le volant. Au premier croisement, il oblique vers la gauche.)

Hubert: À droite, voyons!

Jean-Michel: Mais non, c'est à gauche!

Hubert: Je vous dis que c'était à droite qu'il fallait aller!

Jean-Michel: Mais non, mais non, mais non, à gauche!

Mireille: Bon, passe-moi la carte. Eh bien, à droite ou à gauche, ça revient au même!

(À l'arrière de la voiture, Mireille étudie dans le guide la description des musées et des églises de Rouen. Colette est plongée dans le Gault et Millau pour découvrir les meilleurs restaurants de la région. Devant, Hubert et Jean-Michel discutent politique avec de grands gestes.)

Hubert: Marx! Marx! Mais Marx vivait au siècle dernier, mon cher ami!

Colette: Ah, là, j'ai un restaurant qui a l'air très intéressant, spécialité de sole normande . . .

Jean-Michel (poursuivant sa discussion avec Hubert): On croit rêver! [Colette: Canard rouennais . . .]

Hubert: Mais c'est faux, faux, archifaux!

Colette: Poulet Vallée d'Auge. [Jean-Michel: Tu raisonnes comme une casserole.]

Hubert: Mais c'est vous qui raisonnez comme une casserole, mon cher ami! Ah, voilà Rouen!

(Ils entrent dans la ville par des rues étroites et pittoresques, passent sous le Gros Horloge, et arrivent sur la place du Vieux Marché. Hubert, debout à l'avant de la voiture, fait le guide.)

Hubert: C'est sur cette place qu'on a brûlé Jeanne d'Arc sur un bûcher.

Robert: J'aurais aimé vivre à cette époque.

Jean-Michel: Tu te sens une vocation pour le bûcher?

Robert: Non, au contraire. J'ai une vocation de pompier. J'ai toujours rêvé d'être pompier. Je me vois très bien arrivant sur mon cheval (les pompiers étaient à cheval à l'époque, je suppose) avec un magnifique casque d'argent, plongeant dans la fumée et sauvant Jeanne d'Arc des flammes.

Hubert: Vous auriez saboté la formation de la nation française!

Jean-Michel: Quelle bêtise! La formation d'une nation est due à des raisons purement économiques!

Hubert: Matérialisme débile! Où va-t-on pouvoir se garer?

(Une fois la Méhari garée près de l'église Saint-Maclou, pas très loin de la cathédrale, Hubert commence à s'intéresser sérieusement à la question du déjeuner.)

Hubert: Bon! Alors, Colette, où est-il, ce fameux restaurant?

Colette: Il ne doit pas être loin d'ici; attends, je vais voir. (Elle regarde le guide) Euh, quel jour on est, au fait? Mardi? Ah, zut! Ça, alors!

Tous: Quoi?

Colette: Ben, il est fermé le mardi! Qu'est-ce qu'on va faire?

Hubert: Oh, ben, ce n'est pas grave! On n'a qu'à aller ailleurs.

Colette: Dommage, quand même!

Mireille: Oh, écoutez, j'ai une idée: on va acheter des provisions, et on va aller pique-niquer sur les bords de la Seine!

Jean-Michel: Bonne idée!

Mireille: Bon, alors, allez visiter la cathédrale; il est midi et demie. Je m'occupe des provisions. Il faut que je me dépêche avant que tous les magasins soient fermés! Rendez-vous à une heure devant la cathédrale.

Hubert: Parfait. Nous, allons visiter.

Robert (à Mireille): Je viens avec toi.

(Robert et Mireille, seuls dans une rue de Rouen.)

Robert: Tu t'amuses, toi?

Mireille: Ben, oui!

Robert: Pas moi. J'en ai assez d'entendre Hubert et Jean-Michel discuter, et Colette lire des menus. Écoute, laissons-les et partons tous les deux, seuls!

Mireille: Mais, Robert, on ne va pas faire ça, voyons!

Robert: Pourquoi?

Mireille: Parce que!

(Ils font quelques pas en silence. Ils passent devant un café, et, à la terrasse de ce café, Mireille aperçoit—qui? L'homme en noir, caché derrière un journal.)

Mireille: Tu vois le café, à gauche? Ne te retourne pas.

Robert: Eh bien, qu'est-ce qu'il a de spécial, ce café?

Mireille: Rien, mais je viens de voir un type que j'ai déjà vu ailleurs.

Robert: Quelqu'un que tu connais?

Mireille: Non. Tu te souviens, le jour où on est allés au cinéma? Je t'ai attendu dans un café. Eh bien, ce type était assis à côté de moi. C'est le même.

Robert: Sans blague! Tu es sûre?

Mireille: Oui, mais le plus inquiétant, c'est que je l'ai vu ce matin, place Vavin, avant qu'on parte, au café où Hubert voulait aller.

Robert: Tu as rêvé!

Mireille: Mais non, je suis sûre que c'est lui! Et je suis sûre de l'avoir vu ailleurs aussi. Tu te souviens, le jour où on est allés à la Samaritaine. On a voulu prendre un taxi, et il y avait quelqu'un dedans. Eh bien, c'était lui, j'en suis sûre!

Robert: Tu crois? Tu l'as reconnu?

Mireille: Oui!

Robert: Comment est-il?

Mireille: Il est habillé tout en noir; il a un tic dans les yeux: il cligne constamment des yeux.

Robert: Ça, alors!

Mireille: Quoi?

Robert: Un type tout en noir, et qui cligne des yeux. Tu sais, le jour où on est allés faire des courses à la Samaritaine? En revenant, j'ai pris un taxi avec un chauffeur tellement dingue que j'ai été obligé de sauter en marche. Eh bien, maintenant que j'y pense, ce chauffeur était habillé tout en noir, et clignait des yeux comme un fou!

Mireille: Tu es sûr?

Robert: Oui, Et le jour où on est allés à la Closerie des Lilas, quand je suis allé téléphoner, il y a un type tout en noir qui m'a suivi; je suis sûr que c'est le même. Et plus tard, je l'ai revu quand j'étais au Luxembourg avec Marie-Laure.

Mireille: Et Marie-Laure qui parle toujours d'un homme en noir quand elle raconte ses histoires à dormir debout! C'est peut-être vrai. Elle n'inventait pas! Mais qui c'est? Qu'est-ce qu'il veut? Pourquoi il nous suit? Mais qui est-ce qu'il suit, d'abord? Toi ou moi? Il est de la police? C'est un terroriste? Pourquoi tu es venu en France? Tu as tué quelqu'un? Tu es un terroriste? Tu fais du trafic de drogue?

Robert: Mais non. C'est peut-être toi qu'il suit.

Mireille: Robert, je crois que j'ai peur. J'ai peur parce que je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'on va faire?

Robert: Il faut partir tout de suite.

Mireille: Oui, c'est ça, allons rejoindre les autres!

Robert: Non, il faut partir sans les autres!

Mireille: Mais pourquoi?

Robert: Réfléchis! Si le type nous a suivis jusqu'ici, c'est qu'il nous a vus partir ce matin dans la Méhari. Il faut laisser partir les autres avec la Méhari, et partir de notre côté. Allez, viens vite!

(Robert et Mireille courent jusqu'à la Méhari. Ils prennent leurs sacs et laissent un mot sur le pare-brise: “Des circonstances imprévues et impératives nous obligent à vous quitter. Continuez sans nous. Bises. Mireille et Robert”)

Robert: Tu as ton sac?

Mireille: Oui. Tu as le fric?

Robert: Quoi?

Mireille: Le fric, l'argent—l'argent de la loterie.

Robert: Oui. Prends-en la moitié.

Mireille: Oh, non, j'aurais peur de le perdre.

Robert: On ne sait jamais ce qui peut arriver! Prends-en la moitié, tiens. Filons!

Mireille: Mais où on va?

Robert: Je ne sais pas. L'important, c'est de partir d'ici le plus vite possible. Allez, viens!

(Et ils partent en courant à travers les vieilles rues de Rouen.)

Mireille (essoufflée): Faisons du stop!

(Le premier camion qui passe s'arrête.)

Le chauffeur: Bonjour, vous allez où?

Mireille: Et vous?

Le chauffeur: En Turquie.

Mireille: Ah, ben, nous aussi!

Le chauffeur: Eh bien, ça, c'est une coïncidence! Eh bien, montez! Allez-y!

Mireille: Merci!

(Dix minutes après, le camion passe devant un aéroport. Robert aperçoit un petit avion qui semble prêt à partir. Il demande aussitôt au chauffeur d'arrêter.)

Robert: Vous pouvez nous arrêter?

Le chauffeur: On n'est pas arrivés!

Robert: Je sais, mais j'ai oublié ma brosse à dents!

Le chauffeur: Ah, dans ce cas . . .

(Le camion s'arrête. Robert et Mireille descendent et courent vers l'aéroport. Robert s'approche du petit avion, discute avec le pilote, essaie d'être persuasif. Il sort un paquet de billets qu'il met dans les mains du pilote ahuri—car Robert est un garçon honnête, même quand il est pressé.)

Robert: Ça, c'est pour l'essence, et ça, c'est pour l'assurance. Merci. Salut!

(Et les voilà tous les deux dans l'avion, avant que le pilote ait bien compris ce qui se passait. Robert essaie tous les boutons, pousse, tire. Par miracle, le moteur commence à tourner, l'avion démarre et, après quelques hésitations bien compréhensibles, accepte de décoller.)

Mireille: Tu sais piloter?

Robert: Un peu. Il nous suit?

(Mireille regarde derrière eux et ne voit pas trace de l'homme en noir.)

(Robert fonce, droit devant lui.)

Mireille: Tu sais où tu es?

Robert: Non, je suis complètement perdu! Regarde! Qu'est-ce que tu vois?

Mireille: Je crois que je vois le Mont-Saint-Michel. Oui, oui, c'est le Mont-Saint-Michel!

Robert: Qu'est-ce que je fais?

Mireille: Je ne sais pas. Va vers la droite!

Robert: Bon, regarde. Qu'est-ce que tu vois maintenant?

Mireille: Un château. On doit être au-dessus des châteaux de la Loire. Oui, c'est ça.

Ça, ça doit être Chinon . . . Azay-le-Rideau. Ça, c'est Cheverny. Oh, Chambord! Ça, je crois que c'est Valençay.

Robert: Là où on fait le fromage de chèvre?

Mireille: Oui, c'est ça.

Robert: Qu'est-ce que tu vois maintenant?

Mireille: Attends. Je vois des volcans.

Robert: Éteints?

Mireille: Oui, bien sûr. On doit être au-dessus du Massif Central.

Robert: Et maintenant?

Mireille: Je vois une ville fortifiée. C'est Carcassonne! On est dans le Midi! Mais oui, on est dans le Midi, je vois des arènes gallo-romaines. Eh, ça, ça doit être Nîmes . . . ou Arles.

Robert: Bon, qu'est-ce que je fais?

Mireille: Ben, tourne vers la droite! On est au-dessus de la Côte d'Azur! Mais oui, oui, c'est la Méditerranée. Maintenant je vois des montagnes. Ce sont les Alpes. Oui, sûrement. Ça doit être le Mont-Blanc. Ça, ça doit être les gorges du Verdon.

Mais qu'est-ce que tu fais? On redescend vers le sud! Voilà la mer de nouveau. Les calanques de Cassis. Oh, des chevaux. C'est la Camargue!

Mais où vas-tu? On est sur les Pyrénées, maintenant!

Robert: Qu'est-ce qu'on fait? On passe en Espagne?

Mireille: Mais non, non, remonte vers le nord! On est sur l'Atlantique, maintenant. Je vois La Rochelle. On est au-dessus de la Bretagne. Une cathédrale. Mais c'est Notre-Dame! On est au-dessus de Paris. Une autre cathédrale. Je crois que c'est Amiens. Reims. Tiens, Strasbourg! On est en Alsace! Attention, on va passer en Allemagne! Tourne, tourne, reviens en arrière. Des vignes! On est en Bourgogne!

Robert: Eh bien, dis donc, on peut dire qu'on a parcouru l'Hexagone dans tous les sens!

Mireille: Avec tous les zigzags qu'on a faits, l'homme en noir ne risque pas de nous retrouver.

Robert: Ah, ça, non!

(Le petit avion descend dangereusement.)

Mireille: Eh, remonte, remonte! Attention! Attention, remonte, remonte!

(Robert réussit à remonter, mais juste à ce moment-là, un avion à réaction traverse le ciel. Robert, qui a l'esprit vif, a tout de suite compris que c'est l'homme en noir.)

Robert: Zut, c'est lui, il nous a rattrapés!

Mireille: Qu'est-ce qu'on fait?

Robert: On descend. De toute façon, il n'y a plus d'essence.

Mireille: Attention, il paraît que c'est l'atterrissage qui est le plus dangereux!

Robert: Ne t'inquiète pas! On va se poser comme un papillon!

(Robert arrive à poser l'avion au milieu d'un champ. Robert et Mireille sautent de l'avion et se dirigent vers une route qu'ils aperçoivent pas très loin.)

Robert: Enfin seuls! Ça repose.

(Ils arrivent à la route et voient un panneau indicateur. Robert lit “Lyon,” et ajoute—car il commence à avoir une grande culture: “Lyon: la capitale gastronomique de la France.”)

Robert: On y va?

Mireille: Allons-y!

(Il n'y a qu'à faire de l'auto-stop!)

(Une dame, qui conduit une toute petite voiture, s'arrête.)

La dame: Vous allez où?

Mireille: À Lyon.

La dame: Et où, à Lyon?

Mireille: À la gare.

La dame: C'est justement mon chemin.

Mireille: Oh, merci.

(Et la dame emmène Robert et Mireille dans sa toute petite voiture, et les laisse devant la gare de Lyon.)

Robert: Cette fois, je crois que ça y est, on l'a semé! Qu'est-ce qu'on fait?

Mireille: On prend le premier TGV pour Marseille; on va quelque part sur la Côte; tranquilles, au soleil. On va se reposer de nos émotions!

Robert: Chouette! J'ai toujours voulu prendre le TGV!

(Dans le TGV, ils se laissent aller à une douce béatitude.)

Mireille (posant sa main sur celle de Robert): J'ai vraiment eu peur. Je suis bien contente que tu aies été là.

(Le haut-parleur annonce: “Mesdames et Messieurs, nous venons d'atteindre notre vitesse de pointe de 270km/h.”)

Robert: À la vitesse où on va, ça m'étonnerait qu'il puisse nous rattraper!

(Mais Robert et Mireille ne voient pas que l'homme en noir, caché par son journal, est là, juste derrière eux.)

(Le Carlton, à Cannes, l'après-midi. Robert et Mireille ont pu avoir deux belles chambres avec balcon donnant sur la mer: vue imprenable sur la plage, les palmiers, et la Méditerranée. Mireille s'installe dans sa chambre et commence à peigner ses cheveux, qui sont longs et fins, devant la fenêtre ouverte. Robert s'avance vers son balcon, perdu dans la contemplation du ciel, qui est bleu comme les yeux bleus de Mireille.)

Robert (se parlant à lui-même): Quel beau temps!

Mireille (continuant à peigner ses cheveux blonds): Robert!

(Mais Robert ne l'entend pas. Toujours perdu dans la contemplation du bleu de la mer et du ciel, il continue à avancer.)

Robert: Quelle mer! Quel ciel! Pas un nuage!

(Mireille, un peu étonnée de ne pas avoir de réponse, arrête de se peigner un instant.)

Mireille: Robert?

(Toujours pas de réponse. Sérieusement inquiète, cette fois, elle se lève, se précipite sur le balcon, se penche et voit Robert étendu par terre. Vous l'aviez deviné: il est encore tombé du balcon! On ne peut pas le laisser seul deux minutes! Un infirmier et une infirmière le mettent dans une ambulance qui démarre dans un grand bruit de sirène. “Ce n'était pas l'hélicoptère de la gendarmerie, mais ils l'emmènent sûrement à l'hôpital,” pense Mireille, car elle a toujours l'esprit aussi vif. “Pourvu qu'il n'ait que des contusions légères,” pense-t-elle encore, car elle manie aisément le subjonctif.)

(À l'hôpital, Robert est dans son lit, bandé des pieds à la tête. Mireille a mis une blouse blanche. Elle joue les infirmières avec beaucoup de talent. Elle fait boire un peu de thé à Robert.)

Mireille: Allez, ce n'est rien. Ce n'est pas aussi grave que ça aurait pu l'être. Ça va aller mieux! Quelle heure il est? Huit heures, déjà! Il faut que je rentre à l'hotel. Tu n'as besoin de rien? Surtout sois sage, hein! Et sois prudent, et ne fais pas de bêtises, hein!

(Et elle s'en va, sa blouse d'infirmière sous le bras.)

(Au moment où elle arrive au Carlton, elle voit l'homme en noir qui en sort et qui se dirige vers elle. Elle s'arrête, terrifiée. L'homme en noir aussi s'est arrêté. Il la regarde. Lentement, il met sa main droite dans la poche intérieure de sa veste. Mireille a fermé les yeux. Quand elle les rouvre, elle voit que l'homme en noir lui tend . . . une carte de visite.)

L'homme en noir: Mademoiselle. Permettez-moi. Ça fait un mois. . . . Excusez-moi, je ne me suis pas présenté. . . . Oui, ça fait un mois . . . que dis-je? Permettez-moi de . . . Fred Barzyk, cinéaste. Je dois tourner un film pour enseigner le français. Voilà, je vous observe depuis . . . Ça fait un mois que je cherche à vous aborder . . . parce que je cherche . . . voyez-vous . . . Une jeune fille . . . bien française, jolie . . . fine, distinguée . . . pour le rôle principal, n'est-ce pas . . . et vous êtes exactement ce qu'il faut! J'espère que vous voudrez bien accepter le rôle!

Mireille: Mais c'est le plus beau jour de ma vie! J'ai enfin réalisé le rêve de mon enfance: être infirmière et actrice! Quel bonheur!

(Dans sa chambre d'hôpital, le pauvre Robert s'ennuie. Il écoute la radio pour passer le temps. Il dort à moitié, mais tout à coup, il se réveille: “Nous apprenons à l'instant qu'une bombe vient d'éclater à l'hôtel Carlton. L'immeuble est en flammes. On ignore s'il...” Robert se lève comme un ressort. Il bondit vers la porte, s'arrête, arrache ses bandages, met son pantalon, et se précipite dans la rue. Juste à ce moment, un camion de pompiers, qui roule à toute vitesse, passe devant l'hôpital. Robert court et, se prenant pour Tarzan, saute sur le camion qui va évidemment au Carlton. Robert cherche des yeux la grande échelle et une fenêtre qui crache des flammes et de la fumée pour y plonger, mais il ne voit que de la fumée. Il s'élance alors, sans regarder ni à droite ni à gauche, pour se précipiter dans la fumée, mais un pompier l'arrête: “Arrêtez, le port du casque est obligatoire!” Qu'à cela ne tienne! Robert prend le casque du pompier et plonge héroïquement dans la fumée. Quelques minutes plus tard, il réapparaît, traîné par Mireille, à moitié évanoui.)

(Ça doit être une erreur: ils ont dû se tromper de scénario! Est-ce que ce ne serait pas plutôt Robert qui devrait sortir de la fumée en portant Mireille évanouie dans ses bras? Mais oui, mais oui, c'est ça! Allez, on recommence! Ils disparaissent de nouveau dans la fumée, et réapparaissent quelques minutes plus tard, Robert portant triomphalement Mireille, évanouie ou souriante, dans ses bras. C'est le soir. La fumée a disparu. Le soleil se couche sur la mer. Des lumières s'allument tout le long de la côte. C'est vraiment une très belle soirée de printemps. Un couple qui se tient par la main s'éloigne sur la plage. C'est sûrement Mireille et Robert, qui s'en vont vers de nouvelles aventures.)

Leçon 52 - Tout est bien qui finit bien . . . ou mal Lektion 52 - Ende gut, alles gut . . oder schlecht Lesson 52 - All's well that ends well . . or bad Lección 52 - Bien está lo que bien acaba . . o mal Lição 52 - Tudo está bem quando acaba bem . . ou mal

(Le lendemain matin, Jean-Michel et Robert se retrouvent place Vavin.) (The next morning, Jean-Michel and Robert met again at the Place Vavin).

Jean-Michel: Il y a longtemps que tu es là? Jean-Michel: How long have you been here?

Robert: Non, je viens d'arriver.

Jean-Michel (montrant le sac de Robert): C'est tout ce que tu emportes?

Robert: Oui, j'aime voyager léger. Tu es bien chargé, toi! Qu'est-ce que c'est que ça? You're loaded, you! What's that?

Jean-Michel: Une tente. Hubert en apporte une aussi, comme ça on pourra camper si on trouve un endroit sympa. Tiens, les voilà!

(En effet, la Méhari arrive avec Hubert, Colette, et Mireille.)

Tous: Salut! Ça va?

Mireille: Ça fait longtemps que vous êtes là?

Jean-Michel: Non, on vient d'arriver. Où est-ce que je mets tout ça? Jean-Michel: No, we just arrived. Where do I put it all?

Hubert: Par là. On va prendre un petit café avant de partir?

(Mireille jette un coup d'oeil au petit café sur la place et aperçoit l'homme en noir, caché derrière son journal.)

Mireille: Oh non, non, on n'a pas le temps. Tout à l'heure, sur la route, plus tard. Allez, hop, en voiture! On part!

Jean-Michel: Comment est-ce qu'on se met? Jean-Michel: How do we get on?

Colette: Eh bien, les garçons devant et Mireille et moi derrière.

Hubert: Ah, non! Non, non, non, il n'y a pas assez de place devant; ça va me gêner pour conduire. Mireille, qui est petite, devant, et les autres derrière.

Colette: Non, on va être serrés comme des sardines! Non, Jean-Michel devant, et Robert avec nous derrière.

Mireille (secrètement inquiète, cherchant à accélérer le départ): Allez, tout le monde en voiture, dépêchez-vous!

Hubert: Bon, alors, ça y est, tout le monde y est? Hubert: So, that's it, everyone's in? On n'a rien oublié?

Mireille: Non, non!

Colette: Allons-y!

(Et ils y vont; la Méhari Azur démarre bruyamment.)

(Jean-Michel a pris le volant. Au premier croisement, il oblique vers la gauche.) At the first intersection, it slants to the left).

Hubert: À droite, voyons!

Jean-Michel: Mais non, c'est à gauche!

Hubert: Je vous dis que c'était à droite qu'il fallait aller!

Jean-Michel: Mais non, mais non, mais non, à gauche!

Mireille: Bon, passe-moi la carte. Eh bien, à droite ou à gauche, ça revient au même!

(À l'arrière de la voiture, Mireille étudie dans le guide la description des musées et des églises de Rouen. Colette est plongée dans le Gault et Millau pour découvrir les meilleurs restaurants de la région. Devant, Hubert et Jean-Michel discutent politique avec de grands gestes.)

Hubert: Marx! Marx! Mais Marx vivait au siècle dernier, mon cher ami!

Colette: Ah, là, j'ai un restaurant qui a l'air très intéressant, spécialité de sole normande . . .

Jean-Michel (poursuivant sa discussion avec Hubert): On croit rêver! [Colette: Canard rouennais . . .]

Hubert: Mais c'est faux, faux, archifaux!

Colette: Poulet Vallée d'Auge. [Jean-Michel: Tu raisonnes comme une casserole.]

Hubert: Mais c'est vous qui raisonnez comme une casserole, mon cher ami! Ah, voilà Rouen!

(Ils entrent dans la ville par des rues étroites et pittoresques, passent sous le Gros Horloge, et arrivent sur la place du Vieux Marché. Hubert, debout à l'avant de la voiture, fait le guide.)

Hubert: C'est sur cette place qu'on a brûlé Jeanne d'Arc sur un bûcher.

Robert: J'aurais aimé vivre à cette époque.

Jean-Michel: Tu te sens une vocation pour le bûcher?

Robert: Non, au contraire. J'ai une vocation de pompier. J'ai toujours rêvé d'être pompier. Je me vois très bien arrivant sur mon cheval (les pompiers étaient à cheval à l'époque, je suppose) avec un magnifique casque d'argent, plongeant dans la fumée et sauvant Jeanne d'Arc des flammes. Vejo-me a chegar ao meu cavalo (os bombeiros andavam a cavalo naquela época, suponho) com um belo capacete de prata, mergulhando no fumo e salvando Joana D'Arc das chamas.

Hubert: Vous auriez saboté la formation de la nation française!

Jean-Michel: Quelle bêtise! La formation d'une nation est due à des raisons purement économiques!

Hubert: Matérialisme débile! Où va-t-on pouvoir se garer? Onde poderemos estacionar?

(Une fois la Méhari garée près de l'église Saint-Maclou, pas très loin de la cathédrale, Hubert commence à s'intéresser sérieusement à la question du déjeuner.)

Hubert: Bon! Alors, Colette, où est-il, ce fameux restaurant?

Colette: Il ne doit pas être loin d'ici; attends, je vais voir. (Elle regarde le guide) Euh, quel jour on est, au fait? (Ela olha para o guia) Er, que dia é hoje, afinal? Mardi? Ah, zut! Ça, alors! Terça-feira? Ah, bolas! É disso que estou a falar!

Tous: Quoi?

Colette: Ben, il est fermé le mardi! Qu'est-ce qu'on va faire?

Hubert: Oh, ben, ce n'est pas grave! On n'a qu'à aller ailleurs.

Colette: Dommage, quand même! Colette: É pena, no entanto!

Mireille: Oh, écoutez, j'ai une idée: on va acheter des provisions, et on va aller pique-niquer sur les bords de la Seine!

Jean-Michel: Bonne idée!

Mireille: Bon, alors, allez visiter la cathédrale; il est midi et demie. Je m'occupe des provisions. Il faut que je me dépêche avant que tous les magasins soient fermés! Rendez-vous à une heure devant la cathédrale.

Hubert: Parfait. Nous, allons visiter.

Robert (à Mireille): Je viens avec toi.

(Robert et Mireille, seuls dans une rue de Rouen.)

Robert: Tu t'amuses, toi?

Mireille: Ben, oui!

Robert: Pas moi. J'en ai assez d'entendre Hubert et Jean-Michel discuter, et Colette lire des menus. Écoute, laissons-les et partons tous les deux, seuls!

Mireille: Mais, Robert, on ne va pas faire ça, voyons!

Robert: Pourquoi?

Mireille: Parce que!

(Ils font quelques pas en silence. Ils passent devant un café, et, à la terrasse de ce café, Mireille aperçoit—qui? L'homme en noir, caché derrière un journal.)

Mireille: Tu vois le café, à gauche? Ne te retourne pas.

Robert: Eh bien, qu'est-ce qu'il a de spécial, ce café?

Mireille: Rien, mais je viens de voir un type que j'ai déjà vu ailleurs.

Robert: Quelqu'un que tu connais?

Mireille: Non. Tu te souviens, le jour où on est allés au cinéma? Je t'ai attendu dans un café. Eh bien, ce type était assis à côté de moi. C'est le même.

Robert: Sans blague! Tu es sûre?

Mireille: Oui, mais le plus inquiétant, c'est que je l'ai vu ce matin, place Vavin, avant qu'on parte, au café où Hubert voulait aller.

Robert: Tu as rêvé!

Mireille: Mais non, je suis sûre que c'est lui! Et je suis sûre de l'avoir vu ailleurs aussi. Tu te souviens, le jour où on est allés à la Samaritaine. On a voulu prendre un taxi, et il y avait quelqu'un dedans. Eh bien, c'était lui, j'en suis sûre!

Robert: Tu crois? Tu l'as reconnu?

Mireille: Oui!

Robert: Comment est-il?

Mireille: Il est habillé tout en noir; il a un tic dans les yeux: il cligne constamment des yeux.

Robert: Ça, alors!

Mireille: Quoi?

Robert: Un type tout en noir, et qui cligne des yeux. Tu sais, le jour où on est allés faire des courses à la Samaritaine? En revenant, j'ai pris un taxi avec un chauffeur tellement dingue que j'ai été obligé de sauter en marche. On the way back, I took a cab with a driver so crazy I had to jump out. Eh bien, maintenant que j'y pense, ce chauffeur était habillé tout en noir, et clignait des yeux comme un fou!

Mireille: Tu es sûr?

Robert: Oui, Et le jour où on est allés à la Closerie des Lilas, quand je suis allé téléphoner, il y a un type tout en noir qui m'a suivi; je suis sûr que c'est le même. Et plus tard, je l'ai revu quand j'étais au Luxembourg avec Marie-Laure.

Mireille: Et Marie-Laure qui parle toujours d'un homme en noir quand elle raconte ses histoires à dormir debout! Mireille: And Marie-Laure, who always talks about a man in black when she tells her bedtime stories! C'est peut-être vrai. Elle n'inventait pas! Maybe it's true. She wasn't making it up! Mais qui c'est? Qu'est-ce qu'il veut? Pourquoi il nous suit? Mais qui est-ce qu'il suit, d'abord? Toi ou moi? Il est de la police? C'est un terroriste? Pourquoi tu es venu en France? Tu as tué quelqu'un? Tu es un terroriste? Tu fais du trafic de drogue?

Robert: Mais non. C'est peut-être toi qu'il suit.

Mireille: Robert, je crois que j'ai peur. J'ai peur parce que je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'on va faire?

Robert: Il faut partir tout de suite.

Mireille: Oui, c'est ça, allons rejoindre les autres!

Robert: Non, il faut partir sans les autres!

Mireille: Mais pourquoi?

Robert: Réfléchis! Si le type nous a suivis jusqu'ici, c'est qu'il nous a vus partir ce matin dans la Méhari. Il faut laisser partir les autres avec la Méhari, et partir de notre côté. Allez, viens vite!

(Robert et Mireille courent jusqu'à la Méhari. Ils prennent leurs sacs et laissent un mot sur le pare-brise: “Des circonstances imprévues et impératives nous obligent à vous quitter. Continuez sans nous. Bises. Mireille et Robert”)

Robert: Tu as ton sac?

Mireille: Oui. Tu as le fric?

Robert: Quoi?

Mireille: Le fric, l'argent—l'argent de la loterie.

Robert: Oui. Prends-en la moitié.

Mireille: Oh, non, j'aurais peur de le perdre.

Robert: On ne sait jamais ce qui peut arriver! Prends-en la moitié, tiens. Filons! Here, take half. Let's go!

Mireille: Mais où on va?

Robert: Je ne sais pas. L'important, c'est de partir d'ici le plus vite possible. Allez, viens!

(Et ils partent en courant à travers les vieilles rues de Rouen.)

Mireille (essoufflée): Faisons du stop! Mireille (out of breath): Let's hitch a ride!

(Le premier camion qui passe s'arrête.)

Le chauffeur: Bonjour, vous allez où?

Mireille: Et vous?

Le chauffeur: En Turquie.

Mireille: Ah, ben, nous aussi!

Le chauffeur: Eh bien, ça, c'est une coïncidence! Eh bien, montez! Allez-y!

Mireille: Merci!

(Dix minutes après, le camion passe devant un aéroport. Robert aperçoit un petit avion qui semble prêt à partir. Il demande aussitôt au chauffeur d'arrêter.)

Robert: Vous pouvez nous arrêter?

Le chauffeur: On n'est pas arrivés!

Robert: Je sais, mais j'ai oublié ma brosse à dents!

Le chauffeur: Ah, dans ce cas . . .

(Le camion s'arrête. Robert et Mireille descendent et courent vers l'aéroport. Robert s'approche du petit avion, discute avec le pilote, essaie d'être persuasif. Il sort un paquet de billets qu'il met dans les mains du pilote ahuri—car Robert est un garçon honnête, même quand il est pressé.)

Robert: Ça, c'est pour l'essence, et ça, c'est pour l'assurance. Merci. Salut!

(Et les voilà tous les deux dans l'avion, avant que le pilote ait bien compris ce qui se passait. (And there they were, both on the plane, before the pilot had fully understood what was happening. Robert essaie tous les boutons, pousse, tire. Par miracle, le moteur commence à tourner, l'avion démarre et, après quelques hésitations bien compréhensibles, accepte de décoller.)

Mireille: Tu sais piloter?

Robert: Un peu. Il nous suit?

(Mireille regarde derrière eux et ne voit pas trace de l'homme en noir.)

(Robert fonce, droit devant lui.) (Robert goes straight ahead).

Mireille: Tu sais où tu es?

Robert: Non, je suis complètement perdu! Regarde! Qu'est-ce que tu vois?

Mireille: Je crois que je vois le Mont-Saint-Michel. Oui, oui, c'est le Mont-Saint-Michel!

Robert: Qu'est-ce que je fais?

Mireille: Je ne sais pas. Va vers la droite!

Robert: Bon, regarde. Qu'est-ce que tu vois maintenant?

Mireille: Un château. On doit être au-dessus des châteaux de la Loire. Oui, c'est ça.

Ça, ça doit être Chinon . . . Azay-le-Rideau. Ça, c'est Cheverny. Oh, Chambord! Ça, je crois que c'est Valençay.

Robert: Là où on fait le fromage de chèvre?

Mireille: Oui, c'est ça.

Robert: Qu'est-ce que tu vois maintenant?

Mireille: Attends. Je vois des volcans.

Robert: Éteints?

Mireille: Oui, bien sûr. On doit être au-dessus du Massif Central.

Robert: Et maintenant?

Mireille: Je vois une ville fortifiée. C'est Carcassonne! On est dans le Midi! Mais oui, on est dans le Midi, je vois des arènes gallo-romaines. Eh, ça, ça doit être Nîmes . . . ou Arles.

Robert: Bon, qu'est-ce que je fais?

Mireille: Ben, tourne vers la droite! On est au-dessus de la Côte d'Azur! Mais oui, oui, c'est la Méditerranée. Maintenant je vois des montagnes. Ce sont les Alpes. Oui, sûrement. Ça doit être le Mont-Blanc. Ça, ça doit être les gorges du Verdon. This must be the Verdon gorges.

Mais qu'est-ce que tu fais? On redescend vers le sud! Voilà la mer de nouveau. Les calanques de Cassis. Oh, des chevaux. C'est la Camargue!

Mais où vas-tu? On est sur les Pyrénées, maintenant!

Robert: Qu'est-ce qu'on fait? On passe en Espagne?

Mireille: Mais non, non, remonte vers le nord! On est sur l'Atlantique, maintenant. Je vois La Rochelle. On est au-dessus de la Bretagne. Une cathédrale. Mais c'est Notre-Dame! On est au-dessus de Paris. Une autre cathédrale. Je crois que c'est Amiens. Reims. Tiens, Strasbourg! On est en Alsace! Attention, on va passer en Allemagne! Tourne, tourne, reviens en arrière. Des vignes! On est en Bourgogne!

Robert: Eh bien, dis donc, on peut dire qu'on a parcouru l'Hexagone dans tous les sens!

Mireille: Avec tous les zigzags qu'on a faits, l'homme en noir ne risque pas de nous retrouver.

Robert: Ah, ça, non!

(Le petit avion descend dangereusement.)

Mireille: Eh, remonte, remonte! Attention! Attention, remonte, remonte!

(Robert réussit à remonter, mais juste à ce moment-là, un avion à réaction traverse le ciel. Robert, qui a l'esprit vif, a tout de suite compris que c'est l'homme en noir.)

Robert: Zut, c'est lui, il nous a rattrapés!

Mireille: Qu'est-ce qu'on fait?

Robert: On descend. De toute façon, il n'y a plus d'essence.

Mireille: Attention, il paraît que c'est l'atterrissage qui est le plus dangereux!

Robert: Ne t'inquiète pas! On va se poser comme un papillon!

(Robert arrive à poser l'avion au milieu d'un champ. Robert et Mireille sautent de l'avion et se dirigent vers une route qu'ils aperçoivent pas très loin.)

Robert: Enfin seuls! Ça repose.

(Ils arrivent à la route et voient un panneau indicateur. Robert lit “Lyon,” et ajoute—car il commence à avoir une grande culture: “Lyon: la capitale gastronomique de la France.”)

Robert: On y va?

Mireille: Allons-y!

(Il n'y a qu'à faire de l'auto-stop!)

(Une dame, qui conduit une toute petite voiture, s'arrête.)

La dame: Vous allez où?

Mireille: À Lyon.

La dame: Et où, à Lyon?

Mireille: À la gare.

La dame: C'est justement mon chemin.

Mireille: Oh, merci.

(Et la dame emmène Robert et Mireille dans sa toute petite voiture, et les laisse devant la gare de Lyon.)

Robert: Cette fois, je crois que ça y est, on l'a semé! Robert: Acho que desta vez perdemos a cabeça! Qu'est-ce qu'on fait? O que é que fazemos?

Mireille: On prend le premier TGV pour Marseille; on va quelque part sur la Côte; tranquilles, au soleil. On va se reposer de nos émotions!

Robert: Chouette! J'ai toujours voulu prendre le TGV!

(Dans le TGV, ils se laissent aller à une douce béatitude.)

Mireille (posant sa main sur celle de Robert): J'ai vraiment eu peur. Je suis bien contente que tu aies été là.

(Le haut-parleur annonce: “Mesdames et Messieurs, nous venons d'atteindre notre vitesse de pointe de 270km/h.”)

Robert: À la vitesse où on va, ça m'étonnerait qu'il puisse nous rattraper!

(Mais Robert et Mireille ne voient pas que l'homme en noir, caché par son journal, est là, juste derrière eux.)

(Le Carlton, à Cannes, l'après-midi. Robert et Mireille ont pu avoir deux belles chambres avec balcon donnant sur la mer: vue imprenable sur la plage, les palmiers, et la Méditerranée. Mireille s'installe dans sa chambre et commence à peigner ses cheveux, qui sont longs et fins, devant la fenêtre ouverte. Robert s'avance vers son balcon, perdu dans la contemplation du ciel, qui est bleu comme les yeux bleus de Mireille.)

Robert (se parlant à lui-même): Quel beau temps!

Mireille (continuant à peigner ses cheveux blonds): Robert!

(Mais Robert ne l'entend pas. Toujours perdu dans la contemplation du bleu de la mer et du ciel, il continue à avancer.)

Robert: Quelle mer! Quel ciel! Pas un nuage!

(Mireille, un peu étonnée de ne pas avoir de réponse, arrête de se peigner un instant.)

Mireille: Robert?

(Toujours pas de réponse. Sérieusement inquiète, cette fois, elle se lève, se précipite sur le balcon, se penche et voit Robert étendu par terre. Vous l'aviez deviné: il est encore tombé du balcon! On ne peut pas le laisser seul deux minutes! Un infirmier et une infirmière le mettent dans une ambulance qui démarre dans un grand bruit de sirène. “Ce n'était pas l'hélicoptère de la gendarmerie, mais ils l'emmènent sûrement à l'hôpital,” pense Mireille, car elle a toujours l'esprit aussi vif. "Não era o helicóptero da gendarmaria, mas devem estar a levá-lo para o hospital", pensa Mireille, sempre tão perspicaz. “Pourvu qu'il n'ait que des contusions légères,” pense-t-elle encore, car elle manie aisément le subjonctif.) "Provided he only has light bruises," she thinks again, for she handles the subjunctive with ease). "Espero que ele tenha apenas uma ligeira nódoa negra", pensa ela de novo, pois domina facilmente o subjuntivo).

(À l'hôpital, Robert est dans son lit, bandé des pieds à la tête. (At the hospital, Robert is in bed, bandaged from head to toe. Mireille a mis une blouse blanche. Elle joue les infirmières avec beaucoup de talent. Elle fait boire un peu de thé à Robert.) She makes Robert drink some tea).

Mireille: Allez, ce n'est rien. Ce n'est pas aussi grave que ça aurait pu l'être. Ça va aller mieux! Quelle heure il est? Huit heures, déjà! Il faut que je rentre à l'hotel. Tu n'as besoin de rien? Surtout sois sage, hein! Porta-te bem, eh! Et sois prudent, et ne fais pas de bêtises, hein!

(Et elle s'en va, sa blouse d'infirmière sous le bras.)

(Au moment où elle arrive au Carlton, elle voit l'homme en noir qui en sort et qui se dirige vers elle. Elle s'arrête, terrifiée. L'homme en noir aussi s'est arrêté. Il la regarde. Lentement, il met sa main droite dans la poche intérieure de sa veste. Mireille a fermé les yeux. Quand elle les rouvre, elle voit que l'homme en noir lui tend . . . une carte de visite.)

L'homme en noir: Mademoiselle. Permettez-moi. Ça fait un mois. . . . Excusez-moi, je ne me suis pas présenté. . . . Oui, ça fait un mois . . . que dis-je? Permettez-moi de . . . Fred Barzyk, cinéaste. Je dois tourner un film pour enseigner le français. Voilà, je vous observe depuis . . . Ça fait un mois que je cherche à vous aborder . . . parce que je cherche . . . voyez-vous . . . Une jeune fille . . . bien française, jolie . . . fine, distinguée . . . pour le rôle principal, n'est-ce pas . . . et vous êtes exactement ce qu'il faut! J'espère que vous voudrez bien accepter le rôle!

Mireille: Mais c'est le plus beau jour de ma vie! J'ai enfin réalisé le rêve de mon enfance: être infirmière et actrice! Quel bonheur!

(Dans sa chambre d'hôpital, le pauvre Robert s'ennuie. Il écoute la radio pour passer le temps. Il dort à moitié, mais tout à coup, il se réveille: “Nous apprenons à l'instant qu'une bombe vient d'éclater à l'hôtel Carlton. L'immeuble est en flammes. On ignore s'il...” The building is in flames. We don't know if he..." Robert se lève comme un ressort. Robert ergue-se como uma mola. Il bondit vers la porte, s'arrête, arrache ses bandages, met son pantalon, et se précipite dans la rue. Juste à ce moment, un camion de pompiers, qui roule à toute vitesse, passe devant l'hôpital. Robert court et, se prenant pour Tarzan, saute sur le camion qui va évidemment au Carlton. Robert cherche des yeux la grande échelle et une fenêtre qui crache des flammes et de la fumée pour y plonger, mais il ne voit que de la fumée. Robert procura a escada grande e uma janela que cospe chamas e fumo para mergulhar, mas só vê fumo. Il s'élance alors, sans regarder ni à droite ni à gauche, pour se précipiter dans la fumée, mais un pompier l'arrête: “Arrêtez, le port du casque est obligatoire!” Qu'à cela ne tienne! Without looking left or right, he dashed into the smoke, but a fireman stopped him: "Stop, helmets are compulsory! Robert prend le casque du pompier et plonge héroïquement dans la fumée. Quelques minutes plus tard, il réapparaît, traîné par Mireille, à moitié évanoui.)

(Ça doit être une erreur: ils ont dû se tromper de scénario! (It must be a mistake: they must have written the wrong script! Est-ce que ce ne serait pas plutôt Robert qui devrait sortir de la fumée en portant Mireille évanouie dans ses bras? Wouldn't it be better if Robert came out of the smoke carrying Mireille in his arms? Mais oui, mais oui, c'est ça! Allez, on recommence! Ils disparaissent de nouveau dans la fumée, et réapparaissent quelques minutes plus tard, Robert portant triomphalement Mireille, évanouie ou souriante, dans ses bras. C'est le soir. La fumée a disparu. Le soleil se couche sur la mer. Des lumières s'allument tout le long de la côte. C'est vraiment une très belle soirée de printemps. Un couple qui se tient par la main s'éloigne sur la plage. C'est sûrement Mireille et Robert, qui s'en vont vers de nouvelles aventures.)