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Science Étonnante, (#47) Réformons l'élection présidentielle ! - YouTube

(#47) Réformons l'élection présidentielle ! - YouTube

En France, on a la chance de vivre en démocratie

et on est évidemment une très grande majorité à penser

qu'il s'agit du meilleur des systèmes politiques.

Une des choses qu'implique la démocratie c'est que le peuple

a le pouvoir de choisir ceux qui le gouvernent.

Très bien.

Mais la manière qu'on a de les choisir,

c'est-à-dire notre système de vote,

est-ce qu'on est sûr qu'il est le meilleur ?

Eh bien... non, pas vraiment, il est même assez mauvais

et en fait, on pourrait faire beaucoup mieux.

[Générique]

En France, sous la Vème république, l'élection reine, c'est évidemment l'élection présidentielle

et elle se déroule dans ce qu'on appelle un scrutin uninominal à deux tours.

Uninominal, ça veut dire qu'on ne vote que pour une seule personne.

Au premier tour, on a plein de candidats et on garde les deux meilleurs pour les départager au deuxième tour.

Ça paraît simple comme système, au point qu'on ne voit pas très bien comment on pourrait faire beaucoup mieux que ça.

Et pourtant, on sait que ce système de vote produit des dysfonctionnements.

L'exemple typique, c'est évidemment l'élection présidentielle de 2002.

Alors, petit rappel pour ceux qui ne s'en souviennent pas ou qui n'étaient pas nés,

le 21 avril 2002, au premier tour, Jacques Chirac, qui était le président sortant,

arrive en tête avec 19.9% des voix.

Et à la surprise générale, c'est Jean-Marie Le Pen qui termine deuxième avec 16.9%,

juste devant Lionel Jospin à 16,2%.

Et on a donc un second tour Chirac - Le Pen, et Chirac l'emporte largement.

Ce qu'il y a de bizarre dans le déroulement de cette élection, c'est que Lionel Jospin se trouve éliminé de peu,

alors que les sondages de l'époque montraient que s'il avait été au deuxième tour,

il aurait peut-être gagné, aussi bien face à Le Pen que face à Chirac.

Alors à l'époque, on avait attribué l'élimination de Lionel Jospin

à la présence d'autres "petites" candidatures à gauche.

Il y avait notamment Jean-Pierre Chevènement, qui avait fait 5.3%

et Christiane Taubira qui avait fait 2,3%.

On avait déjà vu plus ou moins la même chose dans l'élection précédente, celle de 1995.

Edouard Balladur, qui était archi-favori quelques semaines avant le scrutin,

s'est fait sortir de peu du premier tour.

Et on pense que si Philippe De Villiers, qui avait fait 4.7%, ne s'était pas présenté,

c'est peut-être Balladur qui aurait été au deuxième tour à la place de Chirac.

Le problème dans ces élections, ce n'est évidemment pas ce qu'on pense de Jospin, Le Pen ou Balladur, non.

C'est le fait qu'à chaque fois, on a un candidat qui a une chance réelle de l'emporter,

et qui se trouve mis hors course à cause de la présence d'un petit candidat, proche de son camp,

qui lui, n'a aucune chance d'aller au bout.

C'est quand même vraiment bizarre, comme situation!

Tenez, supposez qu'on ait ça en sport.

Imaginez qu'à la finale du 100 mètres aux Jeux Olympiques, ça se joue entre 2 - 3 grands favoris

et que les petits candidats, ceux qui n'ont aucune chance de remporter la médaille,

aient le droit de retenir les favoris par le short!

Et que finalement celui qui gagne la course ne soit pas forcément celui qui court le plus vite

mais celui qui aura réussi à se faire le moins retenir par le short...

On trouverait ça complètement stupide ! Anti-sportif ! Absurde ! Injuste !

Et pourtant c'est exactement ce qu'il se passe à l'élection présidentielle !

L'issue du scrutin est influencée de manière décisive par la présence ou l'absence de certains petits candidats.

Et on trouve ça juste.

Alors qu'on parle d'un truc qui est quand même autrement plus important que la finale du 100 mètres, hein !

C'est quand même "juste" l'avenir du pays...

Mais bon ! On s'est habitués à vivre avec cette bizarrerie démocratique

au point qu'on la trouverait presque normale.

Et pour la compenser, on a inventé un truc qui s'appelle le "vote utile".

Le principe du vote utile, c'est de se forcer à ne PAS voter pour le candidat qu'on préfère,

celui qu'on souhaiterait sincèrement voir élu,

mais à voter pour un candidat qu'on aime moins mais qui est mieux placé.

En plus, à côté du vote utile, il y a l'inverse, c'est le vote protestataire,

qui consiste justement à voter pour quelqu'un que, dans le fond, on ne souhaiterait pas franchement voir élu.

Bon, donc au final on est en démocratie, c'est super, on peut choisir nos dirigeants, très bien.

Mais la méthode par laquelle on les choisit est complètement buguée !

C'est quand même un peu dommage, non ?

Est-ce qu'on ne pourrait pas trouver une manière différente d'élire le président ou la présidente

qui évite tous ces problèmes ?

Un mode de scrutin qui soit plus efficace, plus robuste, plus représentatif.

Eh bien figurez-vous que cette question, elle a été étudiée par des politologues et des mathématiciens

et qu'on peut l'aborder sous l'angle de la science.

[Générique]

Ce qui ne va pas dans le système actuel, on l'a vu,

c'est que le score de candidats mineurs qui n'ont aucune chance de l'emporter

peut décider de qui passe au second tour et donc du vainqueur potentiel.

Alors petite parenthèse, cette situation n'est pas spécifique à la France.

Aux Etats-Unis c'est même encore pire puisqu'il n'y a qu'un tour de scrutin.

Alors leur tradition politique est faite pour que, normalement, il n'y ait que deux candidats

mais dès que ce n'est pas le cas, c'est le bordel.

En 1992 George Bush, le père,

se représentait contre Bill Clinton

et normalement Bush aurait dû l'emporter.

Sauf qu'il y a eu un troisième candidat, Ross Perot, un indépendant plutôt à droite,

qui avait fait presque 20% et donc avait pris une partie des voix de Bush

et c'est Bill Clinton qui avait gagné.

Pour éviter ce genre de situation, que ce soit en France ou aux Etats-Unis,

une solution serait peut-être de faire plus de tours de scrutin.

Dans sa forme extrême on pourrait même imaginer qu'on élimine un seul candidat à chaque tour

et on fait autant de tours que nécessaire pour désigner un vainqueur.

Si on faisait comme ça, chacun serait libre de voter pour un petit candidat

dans les premiers tours si c'est vraiment sa conviction,

sans que ce soit ça qui ait une influence déterminante sur le scrutin.

Alors là, vous allez me dire que ce système est un peu compliqué.

A la dernière élection présidentielle il y avait dix candidats

donc on aurait dû faire neuf tours de scrutin

et on aurait mis plusieurs mois à élire le président.

Et bien non en fait on n'a pas besoin de faire autant de tours de scrutin,

il existe une solution pour régler le problème en un seul tour.

L'idée c'est de demander aux électeurs, non plus de mettre un seul bulletin dans l'urne

mais de classer tous les candidats par ordre de préférence.

Avec ça on peut déterminer le résultat de tous les tours de scrutin les uns après les autres

alors voici comment on fait.

Pour simuler le premier tour, on regarde seulement le premier choix de chaque électeur,

on calcule le pourcentage des votes que chaque candidat a obtenu

et on regarde qui est arrivé dernier.

Ce dernier on l'élimine, c'est-à-dire qu'on le retire du classement de chacun des électeurs.

Pour simuler le deuxième tour, on prend à nouveau le premier choix de chaque électeur,

sauf pour ceux qui avaient classé premier le candidat qui vient d'être éliminé.

Pour ceux-là on se reporte sur leur deuxième choix.

On calcule à nouveau les pourcentages obtenus par chaque candidat

on trouve le dernier et on l'élimine.

On recommence comme ça jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que deux candidats et qu'on puisse désigner un vainqueur.

Cette méthode de scrutin existe vraiment, on l'appelle le vote alternatif

et elle est utilisée notamment pour élire la chambre des représentants en Australie,

pour élire le président irlandais et dans certaines municipalités américaines.

Alors la supériorité de cette méthode par rapport à notre scrutin à deux tours,

c'est qu'elle nous permet de bien mieux exprimer nos opinions.

Le problème du scrutin uninominal, c'est que quand on vote pour quelqu'un,

on ne dit absolument rien de ce qu'on pense de tous les autres.

C'est-à-dire qu'on réduit toute la complexité de nos opinions sur les candidats

au choix d'un seul nom,

alors qu'avec le vote alternatif on peut exprimer de manière beaucoup plus riche nos préférences

puisqu'on classe tous les candidats.

Alors est-ce que c'est la méthode de scrutin parfaite, ce vote alternatif ?

Et bien non, pas vraiment en fait.

Déjà pour l'électeur elle n'est pas super simple,

en général, on sait les candidats qu'on aime ou qu'on déteste

mais arriver à classer tous les candidats quand il y en a 10 ou 12, ce n'est pas toujours évident.

Et cette méthode de scrutin, elle permet de traiter les cas ou il y a plein de petits candidats comme en France,

mais dès qu'on se retrouve arrivé à l'avant-dernier tour, il n'y a plus que trois candidats

et on se retrouve dans la situation habituelle, celle d'un scrutin à deux tours.

Et on va voir qu'avec trois candidats et deux tours, il peut déjà se passer des choses absurdes.

[Générique]

Alors, imaginons qu'on n'ait plus que deux tours, que ça soit du vote alternatif

ou bien un scrutin classique à 2 tours comme on le fait aujourd'hui.

Supposons qu'on ait trois candidats, François, Nicolas et Marine.

Oui, je fais exprès de prendre des personnes réelles pour que vous puissiez mieux visualiser les choses.

Mais ce que je vais illustrer est tout à fait général, c'est lié aux mathématiques du vote

et donc ce n'est pas dépendant de ces personnes-là ou des camps qu'elles représentent.

Supposons que 34 % de l'électorat choisisse de classer François devant Nicolas et Nicolas devant Marine,

que 32% des gens préfèrent Nicolas à François et François à Marine

et que 34% des gens préfèrent Marine à Nicolas et Nicolas à François.

C'est une situation simplifiée mais relativement crédible, non ?

Simulons le premier tour, chacun vote pour son candidat préféré,

François fait 34 %, Marine aussi et Nicolas seulement 32% donc il est éliminé.

Simulons maintenant le deuxième tour.

Ceux qui avaient voté pour Nicolas au premier tour se reportent sur François

donc François fait 66% et marine 34% et donc François est largement élu.

Ok, maintenant imaginons que les choses ne se soient pas passées comme ça.

Imaginons que François ait fait une campagne plus efficace

et qu'il ait réussi à prendre 3 % de l'électorat à Marine.

On aura donc les pourcentages suivants pour les différents classements,

François, Nicolas, Marine 37%,

Nicolas, François, Marine, toujours 32% et Marine, Nicolas, François 31%.

On simule le premier tour, François fait 37 %, Nicolas 32% et Marine 31%

donc c'est Marine qui est éliminée au premier tour et si on simule le deuxième tour,

cette fois on a Nicolas 63% et François 37%.

Vous voyez le paradoxe ! ? Dans la première situation François est élu mais s'il récupère plus d'électeurs, il peut se retrouver perdant.

C'est ce qu'on appelle parfois le paradoxe d'Arrow.

Que ce soit dans un scrutin classique à deux tours ou dans le vote alternatif,

en progressant dans l'opinion, on peut se retrouver à descendre dans le classement.

C'est quand même absurde.

Outre le fait que c'est totalement incohérent comme situation,

ça ouvre la porte à ce qu'on appelle du vote stratégique.

Ici les partisans d'un candidat, François, auraient intérêt à ne pas voter pour lui au 1er tour

et à voter pour Marine pour lui faciliter le deuxième tour.

Le vote stratégique c'est quand on ne vote pas selon ses convictions

mais qu'on exploite les failles du système pour aider son candidat.

Allez! Autre paradoxe du système classique.

Imaginons trois candidats, Ségolène, Nicolas et François.

Je continue de prendre des cas réels, alors notez quand même que ce n'est pas le même François.

Imaginons que l'opinion les classe de la manière suivante:

40% des électeurs préfèrent Nicolas à François et François à Ségolène;

pour faire simple vous pouvez les appeler les électeurs de droite.

40% préfèrent Ségolène à François et François à Nicolas;

les électeurs de gauche.

10 % préfèrent François à Nicolas et Nicolas à Ségolène;

on peut les appeler centre-droit.

Et 10 % préfèrent François à Ségolène et Ségolène à Nicolas; les centre-gauche.

Allons-y simulons le premier tour. On prend le premier choix de chaque électeur,

Nicolas et Ségolène font 40%, François ne fait que 20 % et se retrouve éliminé

et le deuxième tour va se jouer entre Nicolas et Ségolène.

Pourtant, si on faisait un duel François / Nicolas et bien François gagnerait 60 - 40.

Et si on faisait un duel François / Ségolène et bien il gagnerait aussi.

Donc François serait capable de battre chacun des finalistes mais il n'arrive pas à aller en finale.

Encore une fois, si on fait la comparaison avec le sport, c'est un peu bizarre.

Alors, cet exemple n'est pas totalement fictif. A l'élection présidentielle de 2007,

il y avait douze candidats et les sondages de l'époque prédisaient que François Bayrou

aurait battu en duel n'importe lequel des onze autres candidats,

sauf qu'il n'a pas réussi à aller au deuxième tour.

Cette situation ne date pas d'hier, elle avait déjà été remarquée en 1785 par le marquis de Condorcet,

un philosophe et mathématicien qui a été le premier

à s'intéresser au système de vote de manière scientifique

et sur la base de cette constatation Condorcet avait proposé une méthode de vote qui porte son nom,

la méthode de Condorcet.

On organise des duels entre tous les candidats, des duels électoraux s'entend

et on garde celui qui réussit à battre tous les autres.

Ça paraît super!

Sauf que Condorcet avait remarqué qu'il y a des situations où ça ne marche pas.

Il existe des cas où aucun candidat ne peut être en capacité de battre tous les autres

et ça crée des choses vraiment bizarres.

Allez, imaginez qu'on ait trois candidats, alors on va changer un peu, on va les appeler A, B et C.

Supposez qu'un tiers de l'opinion préfère A à B, B à C,

un tiers préfère B à C et C à A

et le dernier tiers C à A et A à B.

Si on fait un duel A contre B, donc on enlève C et bien A gagne.

Si on fait un duel B contre C, c'est B qui gagne.

Mais dans un duel A contre C et bien c'est C qui gagne.

C'est-à-dire qu'aucun des trois candidats ne peut gagner ses deux duels.

C'est quand même bizarre.

On appelle ça le paradoxe de Condorcet.

Ce qui est étonnant c'est que, imaginez que A ait été élu par n'importe quelle méthode de scrutin.

Dès le soir de son élection, si on faisait un référendum,

il y aurait les deux tiers de la population qui serait d'accord

pour le remplacer immédiatement par C puisque C bat A dans l'opinion.

Mais si on fait ça, les deux tiers de la population serait tout de suite d'accord

pour destituer C au profit de B puisque B bat C dans l'opinion.

Sauf que si c'est B le président, les deux tiers de la population seraient d'accord pour revenir à A.

Donc il faut trouver autre chose.

Un contemporain de Condorcet avec qui il avait pas mal discuté, le marquis de Borda,

avait proposé une variante.

Comme dans le vote alternatif, chacun classe tous les candidats

et ensuite pour les départager, on leur file des points comme à l'Eurovision,

par exemple, 1 point au dernier, 2 points à l'avant-dernier,

3 points à l'avant-avant-dernier etc... et N points au 1er s'il y a N candidats

et celui qui a le plus de points gagne.

Si on applique ce mode de scrutin à notre situation avec François, Nicolas et Ségolène,

on se retrouverait avec 190 points pour Nicolas et Ségolène

et 220 points pour François qui serait donc élu.

Ce mode de scrutin est par exemple utilisé dans certains prix sportifs

et aussi pour certaines élections à l'académie des sciences.

Alors il paraît parfait non ?

Et bien, non pas vraiment, déjà, il dépend de la manière dont on choisit de distribuer les points

et puis comme dans le scrutin majoritaire classique,

les petits candidats peuvent avoir une influence décisive sur le résultat final.

Donc non, il n'est pas vraiment idéal.

[Générique]

Bon, tout ça est un peu décourageant. On a regardé plusieurs systèmes électoraux

et aucun ne semble parfaitement satisfaisant.

Mais bon, au moins on sait déjà préciser un peu ce qu'on cherche.

On voudrait un système de vote qui satisfasse au moins deux conditions.

La première c'est que, quand on progresse dans l'opinion, on ne peut que progresser à la fin

et on a vu qu'avec le scrutin majoritaire classique, ce n'est pas le cas.

La deuxième c'est qu'on voudrait que le résultat final ne soit pas dépendant

de l'ajout ou du retrait d'un candidat mineur qui n'a aucune chance d'aller au bout,

comme aux 100 mètres.

Cette question a été étudiée scientifiquement par un économiste américain qui s'appelle Kenneth Arrow

et Arrow a démontré un résultat qui porte le nom de théorème d'impossibilité.

En gros ce théorème dit qu'il n'existe aucun système électoral

qui puisse satisfaire ces deux conditions.

Et bien voilà! GAME OVER ! Le système électoral parfait n'existe pas.

C'est quand même un peu déprimant, non ?

Le théorème d'impossibilité nous dit que quoi qu'on fasse,

on ne pourra jamais élire correctement les gens qui nous dirigent.

Sauf que le théorème d'Arrow ne porte que sur les systèmes de vote

où on exprime nos préférences en classant les candidats.

Mais en fait on peut y échapper

en utilisant un système de vote où on ne classe pas les candidats mais où on les juge individuellement

et un système électoral très simple qui permet de faire ça, c'est le vote par approbation.

Dans ce système, on peut voter pour autant de candidats qu'on veut,

on ne peut évidemment pas voter plusieurs fois pour le même

mais on peut choisir de donner sa voix à tous les candidats qu'on approuve.

A l'issue de ce scrutin on a le pourcentage d'approbation de chaque candidat,

c'est-à-dire la fraction de l'électorat qui a choisi de l'approuver

et ce mode de scrutin est totalement insensible aux jeu des petites candidatures.

S'il y a plusieurs candidats qui vous plaisent,

vous votez pour tous ceux-là, il n'y a pas besoin de faire du vote utile.

Un des gros avantages de ce système c'est qu'il serait extrêmement simple à mettre en place

et à dépouiller avec le fonctionnement actuel.

Il suffit juste de dire qu'on a le droit de mettre plusieurs bulletins dans l'enveloppe,

un seul tour de scrutin et basta.

Le problème de ce système c'est qu'il n'y a pas de gradation dans l'approbation,

c'est-à-dire que vous ne pouvez pas nuancer entre un candidat que vous appréciez vraiment

et un candidat que vous toléreriez faute de mieux.

Pour aller plus loin, il faudrait être capable de juger les candidats sur une échelle.

Ça n'a rien de révolutionnaire comme proposition,

c'est ce qu'on fait quand on a besoin de classer des élèves, des films, ou bien des gymnastes

alors pourquoi pas des hommes politiques ?

On pourrait tout simplement imaginer leur mettre à tous une note entre 0 et 20.

Bon, un problème c'est qu'il faudrait trouver une échelle commune !

Parce que 15/20 ça ne veut pas forcément dire la même chose pour vous et pour moi.

L'autre problème c'est qu'on pourrait aussi peser sur le vote en exagérant ses notes.

Par exemple, votre candidat préféré vous lui mettez 20 et vous mettez 0 à tous les autres,

même si dans le fond ce n'est pas ce que vous pensez.

Bon, au final, élire le président ou la présidente en mettant des notes entre 0 et 20 à tous les candidats,

ce n'est peut-être pas une super idée.

Pour éviter ces travers, deux chercheurs français, Rida Laraki et Michel Balinski,

ont proposé une méthode de vote qui permet d'éviter tous les problèmes dont on a parlé aujourd'hui.

On l'appelle la méthode du jugement majoritaire.

[Générique]

Cette méthode est extrêmement simple à mettre en oeuvre,

au lieu de mettre des notes aux candidats, on leurs attribue une mention, un peu comme au bac,

sur une échelle qui en compte 7.

Excellent, très bien, bien, assez bien, passable, insuffisant et, à rejeter.

Le bulletin de vote ressemble à ça.

Pour présider la France, ayant pris tous les éléments en considération,

je juge en conscience que ces candidats seraient...

et pour chaque candidat vous cochez une mention.

Alors comment est-ce qu'on dépouille ça, ensuite ?

Et bien, pour chaque candidat vous obtenez un pourcentage pour chacune des mentions.

On va prendre un exemple fictif.

Imaginons un candidat auquel 9% des gens aurait attribué la mention excellent,

très bien 14%, bien 16%, assez bien 15%, passable 18%, insuffisant 15%, à rejeter 13%.

On représente ça graphiquement, comme ça.

Alors comment on interprète ça ?

Vous voyez que 9% de l'électorat accorderait la mention excellent à ce candidat,

mais 23%, c'est-à-dire 9+14,

lui accorderait au minimum très bien, c'est-à-dire, soit très bien, soit excellent

et 39% accorderait au minimum bien

et de même 54% de l'électorat lui accorderait au minimum assez bien.

La mention assez bien est ce qu'on appelle la mention majoritaire de ce candidat.

C'est la mention que plus de la moitié de l'opinion, ici 54%, serait prêt à lui attribuer.

Pour trouver rapidement la mention majoritaire d'un candidat, c'est très simple,

vous représentez les pourcentages de toutes ses mentions de cette manière

et vous tirez un trait à 50%,

la mention sur laquelle vous tombez est sa mention majoritaire.

Du coup pour départager tous les candidats, on regarde pour chacun quelle est sa mention majoritaire,

celle qui est approuvée par au moins 50% de l'opinion

et celui avec la meilleure mention majoritaire gagne.

Et en cas d'égalité, on peut départager avec les pourcentages.

Voilà ce qu'on appelle la méthode du jugement majoritaire

et on pourrait très bien utiliser cette méthode de scrutin

pour élire le président ou la présidente de la république.

Alors, qu'est-ce qui fait que cette méthode est si bonne ?

Bon, déjà, chaque candidat est jugé individuellement sur son mérite personnel,

indépendamment des autres

et donc on n'a pas le problème des petites candidatures qui vont influencer l'issue du scrutin.

Ici, s'il y a plus de petites candidatures, ça ne va pas changer la mention majoritaire qu'un candidat va recevoir.

Du coup, avec la méthode du jugement majoritaire, il n'y a pas de notion de vote utile,

vous avez juste à exprimer sincèrement votre opinion sur chacun des candidats.

L'autre avantage de ce système, c'est qu'il échappe au paradoxe d'Arrow,

c'est-à-dire qu'un candidat qui progresse dans l'opinion

ne peut pas régresser dans le classement final.

En plus, avec ce système du jugement majoritaire on n'a aucun intérêt à voter stratégique,

c'est-à-dire à exagérer son vote pour essayer d'aider son candidat.

Si votre candidat a obtenu une mention majoritaire assez bien

que vous ayez voté bien, très bien, ou excellent, ça ne change rien,

vous n'avez pas à exagérer votre vote,

vous avez juste à voter sincèrement selon vos convictions personnelles.

Autre avantage de ce système, si tous les candidats obtiennent comme mention majoritaire,

soit insuffisant, soit à rejeter,

on peut décider d'organiser de nouvelles élections en exigeant de nouveaux candidats

et en interdisant à ceux-là de se représenter.

Vous voyez qu'une nouvelle méthode de vote comme celle du jugement majoritaire

permettrait de choisir ceux qui nous dirigent de manière moins aléatoire et plus représentative

et peut-être de réconcilier le peuple avec ses élites politiques.

Si vous aussi vous pensez qu'on peut choisir un meilleur système de scrutin pour élire le président,

n'hésitez pas à partager cette vidéo,

notamment pour faire connaître la méthode du jugement majoritaire.

Si vous voulez en savoir plus, j'ai créé un petit billet de blog pour apporter quelques compléments

et vous pouvez aussi aller voir cette vidéo de la chaîne "La statistique expliquée à mon chat"

qui montre de manière assez remarquable comment, avec les mêmes chiffres,

suivant le système de vote qu'on utilise, on peut obtenir un résultat différent.

Bien sûr, comme toujours, si vous aimez la science, vous pouvez vous abonner à la chaîne pour ne rien rater.

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Merci à tous, à bientôt.

Traduit par "serial cut".

(#47) Réformons l'élection présidentielle ! - YouTube (#47) Reformieren wir die Präsidentschaftswahlen! - YouTube (#47) Let's reform the presidential election! - YouTube (#47) ¡Reformemos las elecciones presidenciales! - YouTube (#47) Zreformujmy wybory prezydenckie - YouTube (#47) Vamos reformar a eleição presidencial - YouTube (#47) Реформуймо президентські вибори! - YouTube (#47) 让我们改革总统选举吧! - YouTube

En France, on a la chance de vivre en démocratie

et on est évidemment une très grande majorité à penser

qu'il s'agit du meilleur des systèmes politiques.

Une des choses qu'implique la démocratie c'est que le peuple One thing that comes along with being a democracy is the power of the people to choose the politicians that govern them.

a le pouvoir de choisir ceux qui le gouvernent.

Très bien.

Mais la manière qu'on a de les choisir, That's good but the way we choose them, are we sure it's the best?

c'est-à-dire notre système de vote,

est-ce qu'on est sûr qu'il est le meilleur ?

Eh bien... non, pas vraiment, il est même assez mauvais

et en fait, on pourrait faire beaucoup mieux.

[Générique] Let's reform the presidential election!!

En France, sous la Vème république, l'élection reine, c'est évidemment l'élection présidentielle In France, under the 5th Republic, the big election is the Presidential Election

et elle se déroule dans ce qu'on appelle un scrutin uninominal à deux tours. The French President is elected in a two-round uninominal election.

Uninominal, ça veut dire qu'on ne vote que pour une seule personne.

Au premier tour, on a plein de candidats et on garde les deux meilleurs pour les départager au deuxième tour. During the 1st round we have plenty of candidates.....

Ça paraît simple comme système, au point qu'on ne voit pas très bien comment on pourrait faire beaucoup mieux que ça. Seems like a very simple system, to the point that we can't see how it could be better.

Et pourtant, on sait que ce système de vote produit des dysfonctionnements.

L'exemple typique, c'est évidemment l'élection présidentielle de 2002.

Alors, petit rappel pour ceux qui ne s'en souviennent pas ou qui n'étaient pas nés,

le 21 avril 2002, au premier tour, Jacques Chirac, qui était le président sortant,

arrive en tête avec 19.9% des voix.

Et à la surprise générale, c'est Jean-Marie Le Pen qui termine deuxième avec 16.9%, And to everybody's surprise, Jean-Marie Le Pen (extreme right) comes in second with 16,9% of the votes.

juste devant Lionel Jospin à 16,2%.

Et on a donc un second tour Chirac - Le Pen, et Chirac l'emporte largement. ||||||||||||wins| For the 2nd round, Chirac is easily reelected with 82% of the votes.

Ce qu'il y a de bizarre dans le déroulement de cette élection, c'est que Lionel Jospin se trouve éliminé de peu, What is weird in that election is that Lionel Jospin is eliminated after the 1st round by a small margin.....

alors que les sondages de l'époque montraient que s'il avait été au deuxième tour,

il aurait peut-être gagné, aussi bien face à Le Pen que face à Chirac.

Alors à l'époque, on avait attribué l'élimination de Lionel Jospin Back in 2002 we had attributed his lost to the presence of other "little" candidates on the left.

à la présence d'autres "petites" candidatures à gauche.

Il y avait notamment Jean-Pierre Chevènement, qui avait fait 5.3% Jean-Pierre Chevènement got 5,3%

et Christiane Taubira qui avait fait 2,3%.

On avait déjà vu plus ou moins la même chose dans l'élection précédente, celle de 1995. We had already seen something similar in the preceding election in 1995.

Edouard Balladur, qui était archi-favori quelques semaines avant le scrutin, Edouard Balladur, the extreme favorite just a couple weeks before the election....

s'est fait sortir de peu du premier tour. .....lost by very little during the 1st round

Et on pense que si Philippe De Villiers, qui avait fait 4.7%, ne s'était pas présenté, And we think that if Philippe De Villiers who collected 4,8% of the votes had not run.....

c'est peut-être Balladur qui aurait été au deuxième tour à la place de Chirac.

Le problème dans ces élections, ce n'est évidemment pas ce qu'on pense de Jospin, Le Pen ou Balladur, non. The problem with these elections is not what we actually thought of the candidates.....

C'est le fait qu'à chaque fois, on a un candidat qui a une chance réelle de l'emporter, ...but the fact that every time we have a candidate with a real chance of winning the election....

et qui se trouve mis hors course à cause de la présence d'un petit candidat, proche de son camp, ....but that candidate doesn't make it to the final round because of some "little" candidates with similar stances....

qui lui, n'a aucune chance d'aller au bout.

C'est quand même vraiment bizarre, comme situation!

Tenez, supposez qu'on ait ça en sport. That is a weird situation

Imaginez qu'à la finale du 100 mètres aux Jeux Olympiques, ça se joue entre 2 - 3 grands favoris

et que les petits candidats, ceux qui n'ont aucune chance de remporter la médaille,

aient le droit de retenir les favoris par le short! So that the one who wins the race wasn't actually the fastest but the runner who managed to be held back the least.

Et que finalement celui qui gagne la course ne soit pas forcément celui qui court le plus vite

mais celui qui aura réussi à se faire le moins retenir par le short...

On trouverait ça complètement stupide ! We would find that completely stupid, illogical and against all fair play and sportsmanship. Anti-sportif ! Absurde ! Injuste ! And yet we find that fair... but we're talking about something far more important than the outcome of a 100m dash!

Et pourtant c'est exactement ce qu'il se passe à l'élection présidentielle !

L'issue du scrutin est influencée de manière décisive par la présence ou l'absence de certains petits candidats. It's just the future of the country!!!

Et on trouve ça juste. But who cares! We've all gotten used to living with this bizarre rule to such a point that we find it almost normal.

Alors qu'on parle d'un truc qui est quand même autrement plus important que la finale du 100 mètres, hein !

C'est quand même "juste" l'avenir du pays... To compensate, we invented the "useful vote"

Mais bon ! The principle behind this vote is to force ourselves not to vote for the person we most prefer, the one we would most liked to be elected.... On s'est habitués à vivre avec cette bizarrerie démocratique

au point qu'on la trouverait presque normale. .....but instead vote for one that we like less but who has a greater chance of winning.

Et pour la compenser, on a inventé un truc qui s'appelle le "vote utile".

Le principe du vote utile, c'est de se forcer à ne PAS voter pour le candidat qu'on préfère,

celui qu'on souhaiterait sincèrement voir élu, Ok so fine, we have a democracy, and we get to choose our leaders, but the system is completely messed up.

mais à voter pour un candidat qu'on aime moins mais qui est mieux placé.

En plus, à côté du vote utile, il y a l'inverse, c'est le vote protestataire,

qui consiste justement à voter pour quelqu'un que, dans le fond, on ne souhaiterait pas franchement voir élu. Can't we find a different method to elect the president that would avoid all these problems?

Bon, donc au final on est en démocratie, c'est super, on peut choisir nos dirigeants, très bien.

Mais la méthode par laquelle on les choisit est complètement buguée ! ||||||||||bugged

C'est quand même un peu dommage, non ? Well guess what? That question has been studied by political scientists and mathematicians....

Est-ce qu'on ne pourrait pas trouver une manière différente d'élire le président ou la présidente ....and now we can look at it through the eye of science.

qui évite tous ces problèmes ?

Un mode de scrutin qui soit plus efficace, plus robuste, plus représentatif.

Eh bien figurez-vous que cette question, elle a été étudiée par des politologues et des mathématiciens

et qu'on peut l'aborder sous l'angle de la science. ....can affect who has the chance to participate in the 2nd round of elections, and thus the potential winners.

[Générique] Small side note : this situation is not unique to France. In the USA it's even worse as there is only 1 round of national voting.

Ce qui ne va pas dans le système actuel, on l'a vu,

c'est que le score de candidats mineurs qui n'ont aucune chance de l'emporter

peut décider de qui passe au second tour et donc du vainqueur potentiel. ...but as soon as a 3rd party presents itself it becomes a big mess.

Alors petite parenthèse, cette situation n'est pas spécifique à la France.

Aux Etats-Unis c'est même encore pire puisqu'il n'y a qu'un tour de scrutin.

Alors leur tradition politique est faite pour que, normalement, il n'y ait que deux candidats .... and normally Bush would have won.

mais dès que ce n'est pas le cas, c'est le bordel.

En 1992 George Bush, le père,

se représentait contre Bill Clinton

et normalement Bush aurait dû l'emporter. To avoid this kind of situation, in France or the USA....

Sauf qu'il y a eu un troisième candidat, Ross Perot, un indépendant plutôt à droite, ....one solution is to have more rounds of voting.

qui avait fait presque 20% et donc avait pris une partie des voix de Bush In the most extreme of this scenario....

et c'est Bill Clinton qui avait gagné.

Pour éviter ce genre de situation, que ce soit en France ou aux Etats-Unis, If we really did it like that...

une solution serait peut-être de faire plus de tours de scrutin.

Dans sa forme extrême on pourrait même imaginer qu'on élimine un seul candidat à chaque tour ....without that affecting the next rounds.

et on fait autant de tours que nécessaire pour désigner un vainqueur.

Si on faisait comme ça, chacun serait libre de voter pour un petit candidat

dans les premiers tours si c'est vraiment sa conviction, ...so should we have done 9 rounds of voting?

sans que ce soit ça qui ait une influence déterminante sur le scrutin. It would have taken us several months to elect the President.

Alors là, vous allez me dire que ce système est un peu compliqué. Actually we don't! There exists a solution to fix the problem in only 1 round of voting.

A la dernière élection présidentielle il y avait dix candidats

donc on aurait dû faire neuf tours de scrutin

et on aurait mis plusieurs mois à élire le président.

Et bien non en fait on n'a pas besoin de faire autant de tours de scrutin, With this technique, we can figure out the outcome of each round at once.

il existe une solution pour régler le problème en un seul tour.

L'idée c'est de demander aux électeurs, non plus de mettre un seul bulletin dans l'urne To simulate the 1st round of voting, we only look at who was ranked 1 on each ballot.....

mais de classer tous les candidats par ordre de préférence. ...we calculate the % of each candidate and we see who got last....

Avec ça on peut déterminer le résultat de tous les tours de scrutin les uns après les autres

alors voici comment on fait. ....then we eliminate that name from each ballot.

Pour simuler le premier tour, on regarde seulement le premier choix de chaque électeur, To simulate the 2nd round, we again take the 1st choice on each ballot.....

on calcule le pourcentage des votes que chaque candidat a obtenu

et on regarde qui est arrivé dernier. For them, we take the 2nd choice of their list.

Ce dernier on l'élimine, c'est-à-dire qu'on le retire du classement de chacun des électeurs. We once again calculate the % of each candidate and get rid of the last one.

Pour simuler le deuxième tour, on prend à nouveau le premier choix de chaque électeur,

sauf pour ceux qui avaient classé premier le candidat qui vient d'être éliminé. We repeat that process until we have a winner.

Pour ceux-là on se reporte sur leur deuxième choix. This voting process truely exist....

On calcule à nouveau les pourcentages obtenus par chaque candidat It is used for example to elect the House of Representatives in Australia...

on trouve le dernier et on l'élimine. ...to elect the Irish President and in some American municipalities.

On recommence comme ça jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que deux candidats et qu'on puisse désigner un vainqueur. The superiority of this method lies in the fact that we can better express our true opinions

Cette méthode de scrutin existe vraiment, on l'appelle le vote alternatif

et elle est utilisée notamment pour élire la chambre des représentants en Australie, The problem with the uninominal voting system is that we say absolutely nothing about what we think of the other candidates....

pour élire le président irlandais et dans certaines municipalités américaines.

Alors la supériorité de cette méthode par rapport à notre scrutin à deux tours, That means that we reduce all of the complex opinions that we have about the candidates for the choice of only one name.....

c'est qu'elle nous permet de bien mieux exprimer nos opinions.

Le problème du scrutin uninominal, c'est que quand on vote pour quelqu'un, ....whereas with the "Alternative Vote" we can truly express our opinion in a deeper way because we rank all of the candidates.

on ne dit absolument rien de ce qu'on pense de tous les autres.

C'est-à-dire qu'on réduit toute la complexité de nos opinions sur les candidats so is the "Alternative vote" the perfect way of voting??

au choix d'un seul nom, ehhh. Actually it turns out not really.

alors qu'avec le vote alternatif on peut exprimer de manière beaucoup plus riche nos préférences First off, for the voters it is not very simple....

puisqu'on classe tous les candidats. ...usually we know which candidates we like and which one we hate....

Alors est-ce que c'est la méthode de scrutin parfaite, ce vote alternatif ? ....but being able to rank all the candidates when there are 10 or 12 isn't easy.

Et bien non, pas vraiment en fait. This method allows us to rank lot's of little candidates like we find in France....

Déjà pour l'électeur elle n'est pas super simple, ...but as soon as we get to the second-to-last round, where there are only 3 candidates left....

en général, on sait les candidats qu'on aime ou qu'on déteste ......we find ourselves back in the regular (French) situation of a 2 round election.

mais arriver à classer tous les candidats quand il y en a 10 ou 12, ce n'est pas toujours évident.

Et cette méthode de scrutin, elle permet de traiter les cas ou il y a plein de petits candidats comme en France, And this voting method makes it possible to deal with cases where there are lots of small candidates, as in France,

mais dès qu'on se retrouve arrivé à l'avant-dernier tour, il n'y a plus que trois candidats So let's imagine there are only 2 rounds left....

et on se retrouve dans la situation habituelle, celle d'un scrutin à deux tours. ....whether we got there the traditional way or the "Alternative" way, it doesn't matter....

Et on va voir qu'avec trois candidats et deux tours, il peut déjà se passer des choses absurdes. Let's say we have 3 candidates...

[Générique] I'm purposely choosing real life politicians (French) so it's easier for you to imagine....

Alors, imaginons qu'on n'ait plus que deux tours, que ça soit du vote alternatif ....but what I'm about to demonstrate applies in a very general way....

ou bien un scrutin classique à 2 tours comme on le fait aujourd'hui.

Supposons qu'on ait trois candidats, François, Nicolas et Marine. So let's say 34% ranked François before Nicolas, and Nicolas before Marine.

Oui, je fais exprès de prendre des personnes réelles pour que vous puissiez mieux visualiser les choses. Then 32% ranked Nicolas before François, and François before Marine.

Mais ce que je vais illustrer est tout à fait général, c'est lié aux mathématiques du vote And 34% ranked Marine before Nicolas, and Nicolas before François.

et donc ce n'est pas dépendant de ces personnes-là ou des camps qu'elles représentent. It's a very simplified situation but also relatively plausible right?

Supposons que 34 % de l'électorat choisisse de classer François devant Nicolas et Nicolas devant Marine, Let's simulate the 1st round. Everyone votes for their preferred candidates.

que 32% des gens préfèrent Nicolas à François et François à Marine François has 34%, Marine 34% as well but Nicolas only 32%..... so Nicolas' out.

et que 34% des gens préfèrent Marine à Nicolas et Nicolas à François. Now the 2nd round...

C'est une situation simplifiée mais relativement crédible, non ?

Simulons le premier tour, chacun vote pour son candidat préféré, ....so François gets 66% and Marine 34%.

François fait 34 %, Marine aussi et Nicolas seulement 32% donc il est éliminé. So now imagine that things didn't exactly happen like that.....

Simulons maintenant le deuxième tour. ....imagine that François had a more effective campain...

Ceux qui avaient voté pour Nicolas au premier tour se reportent sur François ....and that he was able to take 3% of Marine's votes.

donc François fait 66% et marine 34% et donc François est largement élu. Then we would have the following percentages for the rankings.

Ok, maintenant imaginons que les choses ne se soient pas passées comme ça. François > Nicolas > Marine : 37%

Imaginons que François ait fait une campagne plus efficace Nicolas > François > Marine : still 32 %

et qu'il ait réussi à prendre 3 % de l'électorat à Marine. Now we simulate the 1st round again...

On aura donc les pourcentages suivants pour les différents classements, So Marine is eliminated at the 1st round.

François, Nicolas, Marine 37%,

Nicolas, François, Marine, toujours 32% et Marine, Nicolas, François 31%. See the paradox?

On simule le premier tour, François fait 37 %, Nicolas 32% et Marine 31% In the 1st situation, François is elected....

donc c'est Marine qui est éliminée au premier tour et si on simule le deuxième tour,

cette fois on a Nicolas 63% et François 37%. This is called "Arrow's Paradox"

Vous voyez le paradoxe ! Whether or not it's a classic or alternative system.... ? Dans la première situation François est élu .... as you progress in the rankings... mais s'il récupère plus d'électeurs, il peut se retrouver perdant. ....which is absurd!!

C'est ce qu'on appelle parfois le paradoxe d'Arrow. Besides the fact that's it's completely incoherent....

Que ce soit dans un scrutin classique à deux tours ou dans le vote alternatif, .....it breeds the " strategic vote".

en progressant dans l'opinion, on peut se retrouver à descendre dans le classement. This is when, one candidate's supporters, François....

C'est quand même absurde. ....but to vote for Marine to make it easier for him in the 2nd round.

Outre le fait que c'est totalement incohérent comme situation, The " strategic vote" is when we don't vote for the person we want to see win....

ça ouvre la porte à ce qu'on appelle du vote stratégique. .... but rather to exploit the defect of the system to help our candidate.

Ici les partisans d'un candidat, François, auraient intérêt à ne pas voter pour lui au 1er tour Here is another paradox of the classic system....

et à voter pour Marine pour lui faciliter le deuxième tour. Imagine 3 candidates : Ségolène, Nicolas and François.

Le vote stratégique c'est quand on ne vote pas selon ses convictions I continue with real life politicians (French) but please note that it's a different François.

mais qu'on exploite les failles du système pour aider son candidat. Imagine people rank them in the following ways

Allez! 40% of the voters prefer Nicolas to François, and François to Ségolène. Autre paradoxe du système classique. To make it simple you can call those voters the right wing...

Imaginons trois candidats, Ségolène, Nicolas et François.

Je continue de prendre des cas réels, alors notez quand même que ce n'est pas le même François.

Imaginons que l'opinion les classe de la manière suivante:

40% des électeurs préfèrent Nicolas à François et François à Ségolène;

pour faire simple vous pouvez les appeler les électeurs de droite.

40% préfèrent Ségolène à François et François à Nicolas;

les électeurs de gauche.

10 % préfèrent François à Nicolas et Nicolas à Ségolène;

on peut les appeler centre-droit.

Et 10 % préfèrent François à Ségolène et Ségolène à Nicolas; les centre-gauche.

Allons-y simulons le premier tour. On prend le premier choix de chaque électeur,

Nicolas et Ségolène font 40%, François ne fait que 20 % et se retrouve éliminé

et le deuxième tour va se jouer entre Nicolas et Ségolène.

Pourtant, si on faisait un duel François / Nicolas et bien François gagnerait 60 - 40.

Et si on faisait un duel François / Ségolène et bien il gagnerait aussi.

Donc François serait capable de battre chacun des finalistes mais il n'arrive pas à aller en finale.

Encore une fois, si on fait la comparaison avec le sport, c'est un peu bizarre.

Alors, cet exemple n'est pas totalement fictif. A l'élection présidentielle de 2007,

il y avait douze candidats et les sondages de l'époque prédisaient que François Bayrou

aurait battu en duel n'importe lequel des onze autres candidats,

sauf qu'il n'a pas réussi à aller au deuxième tour.

Cette situation ne date pas d'hier, elle avait déjà été remarquée en 1785 par le marquis de Condorcet,

un philosophe et mathématicien qui a été le premier

à s'intéresser au système de vote de manière scientifique

et sur la base de cette constatation Condorcet avait proposé une méthode de vote qui porte son nom,

la méthode de Condorcet.

On organise des duels entre tous les candidats, des duels électoraux s'entend

et on garde celui qui réussit à battre tous les autres.

Ça paraît super!

Sauf que Condorcet avait remarqué qu'il y a des situations où ça ne marche pas.

Il existe des cas où aucun candidat ne peut être en capacité de battre tous les autres

et ça crée des choses vraiment bizarres.

Allez, imaginez qu'on ait trois candidats, alors on va changer un peu, on va les appeler A, B et C.

Supposez qu'un tiers de l'opinion préfère A à B, B à C,

un tiers préfère B à C et C à A

et le dernier tiers C à A et A à B.

Si on fait un duel A contre B, donc on enlève C et bien A gagne.

Si on fait un duel B contre C, c'est B qui gagne.

Mais dans un duel A contre C et bien c'est C qui gagne.

C'est-à-dire qu'aucun des trois candidats ne peut gagner ses deux duels.

C'est quand même bizarre.

On appelle ça le paradoxe de Condorcet.

Ce qui est étonnant c'est que, imaginez que A ait été élu par n'importe quelle méthode de scrutin. The amazing thing is, imagine that A had been elected by any method of voting.

Dès le soir de son élection, si on faisait un référendum,

il y aurait les deux tiers de la population qui serait d'accord

pour le remplacer immédiatement par C puisque C bat A dans l'opinion.

Mais si on fait ça, les deux tiers de la population serait tout de suite d'accord

pour destituer C au profit de B puisque B bat C dans l'opinion.

Sauf que si c'est B le président, les deux tiers de la population seraient d'accord pour revenir à A.

Donc il faut trouver autre chose.

Un contemporain de Condorcet avec qui il avait pas mal discuté, le marquis de Borda,

avait proposé une variante.

Comme dans le vote alternatif, chacun classe tous les candidats

et ensuite pour les départager, on leur file des points comme à l'Eurovision,

par exemple, 1 point au dernier, 2 points à l'avant-dernier,

3 points à l'avant-avant-dernier etc... et N points au 1er s'il y a N candidats

et celui qui a le plus de points gagne.

Si on applique ce mode de scrutin à notre situation avec François, Nicolas et Ségolène,

on se retrouverait avec 190 points pour Nicolas et Ségolène

et 220 points pour François qui serait donc élu.

Ce mode de scrutin est par exemple utilisé dans certains prix sportifs

et aussi pour certaines élections à l'académie des sciences.

Alors il paraît parfait non ?

Et bien, non pas vraiment, déjà, il dépend de la manière dont on choisit de distribuer les points

et puis comme dans le scrutin majoritaire classique,

les petits candidats peuvent avoir une influence décisive sur le résultat final.

Donc non, il n'est pas vraiment idéal.

[Générique]

Bon, tout ça est un peu décourageant. On a regardé plusieurs systèmes électoraux

et aucun ne semble parfaitement satisfaisant.

Mais bon, au moins on sait déjà préciser un peu ce qu'on cherche.

On voudrait un système de vote qui satisfasse au moins deux conditions.

La première c'est que, quand on progresse dans l'opinion, on ne peut que progresser à la fin

et on a vu qu'avec le scrutin majoritaire classique, ce n'est pas le cas.

La deuxième c'est qu'on voudrait que le résultat final ne soit pas dépendant

de l'ajout ou du retrait d'un candidat mineur qui n'a aucune chance d'aller au bout,

comme aux 100 mètres.

Cette question a été étudiée scientifiquement par un économiste américain qui s'appelle Kenneth Arrow

et Arrow a démontré un résultat qui porte le nom de théorème d'impossibilité.

En gros ce théorème dit qu'il n'existe aucun système électoral

qui puisse satisfaire ces deux conditions.

Et bien voilà! GAME OVER ! Le système électoral parfait n'existe pas.

C'est quand même un peu déprimant, non ?

Le théorème d'impossibilité nous dit que quoi qu'on fasse,

on ne pourra jamais élire correctement les gens qui nous dirigent.

Sauf que le théorème d'Arrow ne porte que sur les systèmes de vote

où on exprime nos préférences en classant les candidats.

Mais en fait on peut y échapper

en utilisant un système de vote où on ne classe pas les candidats mais où on les juge individuellement

et un système électoral très simple qui permet de faire ça, c'est le vote par approbation. and a very simple electoral system that makes this possible is the approval vote.

Dans ce système, on peut voter pour autant de candidats qu'on veut,

on ne peut évidemment pas voter plusieurs fois pour le même

mais on peut choisir de donner sa voix à tous les candidats qu'on approuve.

A l'issue de ce scrutin on a le pourcentage d'approbation de chaque candidat,

c'est-à-dire la fraction de l'électorat qui a choisi de l'approuver

et ce mode de scrutin est totalement insensible aux jeu des petites candidatures.

S'il y a plusieurs candidats qui vous plaisent,

vous votez pour tous ceux-là, il n'y a pas besoin de faire du vote utile.

Un des gros avantages de ce système c'est qu'il serait extrêmement simple à mettre en place

et à dépouiller avec le fonctionnement actuel.

Il suffit juste de dire qu'on a le droit de mettre plusieurs bulletins dans l'enveloppe,

un seul tour de scrutin et basta.

Le problème de ce système c'est qu'il n'y a pas de gradation dans l'approbation,

c'est-à-dire que vous ne pouvez pas nuancer entre un candidat que vous appréciez vraiment

et un candidat que vous toléreriez faute de mieux.

Pour aller plus loin, il faudrait être capable de juger les candidats sur une échelle.

Ça n'a rien de révolutionnaire comme proposition,

c'est ce qu'on fait quand on a besoin de classer des élèves, des films, ou bien des gymnastes

alors pourquoi pas des hommes politiques ?

On pourrait tout simplement imaginer leur mettre à tous une note entre 0 et 20.

Bon, un problème c'est qu'il faudrait trouver une échelle commune !

Parce que 15/20 ça ne veut pas forcément dire la même chose pour vous et pour moi.

L'autre problème c'est qu'on pourrait aussi peser sur le vote en exagérant ses notes.

Par exemple, votre candidat préféré vous lui mettez 20 et vous mettez 0 à tous les autres,

même si dans le fond ce n'est pas ce que vous pensez.

Bon, au final, élire le président ou la présidente en mettant des notes entre 0 et 20 à tous les candidats,

ce n'est peut-être pas une super idée.

Pour éviter ces travers, deux chercheurs français, Rida Laraki et Michel Balinski,

ont proposé une méthode de vote qui permet d'éviter tous les problèmes dont on a parlé aujourd'hui.

On l'appelle la méthode du jugement majoritaire.

[Générique]

Cette méthode est extrêmement simple à mettre en oeuvre,

au lieu de mettre des notes aux candidats, on leurs attribue une mention, un peu comme au bac, instead of grading candidates, we give them a mention, a bit like the baccalaureate,

sur une échelle qui en compte 7. on a scale of 7.

Excellent, très bien, bien, assez bien, passable, insuffisant et, à rejeter.

Le bulletin de vote ressemble à ça.

Pour présider la France, ayant pris tous les éléments en considération,

je juge en conscience que ces candidats seraient...

et pour chaque candidat vous cochez une mention.

Alors comment est-ce qu'on dépouille ça, ensuite ?

Et bien, pour chaque candidat vous obtenez un pourcentage pour chacune des mentions.

On va prendre un exemple fictif.

Imaginons un candidat auquel 9% des gens aurait attribué la mention excellent,

très bien 14%, bien 16%, assez bien 15%, passable 18%, insuffisant 15%, à rejeter 13%.

On représente ça graphiquement, comme ça.

Alors comment on interprète ça ?

Vous voyez que 9% de l'électorat accorderait la mention excellent à ce candidat,

mais 23%, c'est-à-dire 9+14,

lui accorderait au minimum très bien, c'est-à-dire, soit très bien, soit excellent

et 39% accorderait au minimum bien

et de même 54% de l'électorat lui accorderait au minimum assez bien.

La mention assez bien est ce qu'on appelle la mention majoritaire de ce candidat.

C'est la mention que plus de la moitié de l'opinion, ici 54%, serait prêt à lui attribuer.

Pour trouver rapidement la mention majoritaire d'un candidat, c'est très simple,

vous représentez les pourcentages de toutes ses mentions de cette manière

et vous tirez un trait à 50%, and you draw a line at 50%,

la mention sur laquelle vous tombez est sa mention majoritaire.

Du coup pour départager tous les candidats, on regarde pour chacun quelle est sa mention majoritaire,

celle qui est approuvée par au moins 50% de l'opinion

et celui avec la meilleure mention majoritaire gagne.

Et en cas d'égalité, on peut départager avec les pourcentages.

Voilà ce qu'on appelle la méthode du jugement majoritaire

et on pourrait très bien utiliser cette méthode de scrutin

pour élire le président ou la présidente de la république.

Alors, qu'est-ce qui fait que cette méthode est si bonne ?

Bon, déjà, chaque candidat est jugé individuellement sur son mérite personnel,

indépendamment des autres

et donc on n'a pas le problème des petites candidatures qui vont influencer l'issue du scrutin.

Ici, s'il y a plus de petites candidatures, ça ne va pas changer la mention majoritaire qu'un candidat va recevoir.

Du coup, avec la méthode du jugement majoritaire, il n'y a pas de notion de vote utile,

vous avez juste à exprimer sincèrement votre opinion sur chacun des candidats.

L'autre avantage de ce système, c'est qu'il échappe au paradoxe d'Arrow,

c'est-à-dire qu'un candidat qui progresse dans l'opinion

ne peut pas régresser dans le classement final.

En plus, avec ce système du jugement majoritaire on n'a aucun intérêt à voter stratégique,

c'est-à-dire à exagérer son vote pour essayer d'aider son candidat.

Si votre candidat a obtenu une mention majoritaire assez bien

que vous ayez voté bien, très bien, ou excellent, ça ne change rien,

vous n'avez pas à exagérer votre vote,

vous avez juste à voter sincèrement selon vos convictions personnelles.

Autre avantage de ce système, si tous les candidats obtiennent comme mention majoritaire,

soit insuffisant, soit à rejeter,

on peut décider d'organiser de nouvelles élections en exigeant de nouveaux candidats

et en interdisant à ceux-là de se représenter.

Vous voyez qu'une nouvelle méthode de vote comme celle du jugement majoritaire

permettrait de choisir ceux qui nous dirigent de manière moins aléatoire et plus représentative

et peut-être de réconcilier le peuple avec ses élites politiques.

Si vous aussi vous pensez qu'on peut choisir un meilleur système de scrutin pour élire le président,

n'hésitez pas à partager cette vidéo,

notamment pour faire connaître la méthode du jugement majoritaire.

Si vous voulez en savoir plus, j'ai créé un petit billet de blog pour apporter quelques compléments

et vous pouvez aussi aller voir cette vidéo de la chaîne "La statistique expliquée à mon chat"

qui montre de manière assez remarquable comment, avec les mêmes chiffres,

suivant le système de vote qu'on utilise, on peut obtenir un résultat différent.

Bien sûr, comme toujours, si vous aimez la science, vous pouvez vous abonner à la chaîne pour ne rien rater.

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Merci à tous, à bientôt.

Traduit par "serial cut".