×

Мы используем cookie-файлы, чтобы сделать работу LingQ лучше. Находясь на нашем сайте, вы соглашаетесь на наши правила обработки файлов «cookie».


image

Bernadette, Sœur Marie-Bernard (Henri Lasserre), Livre 2 – Le Témoignage (4)

Livre 2 – Le Témoignage (4)

C'est une loi universelle : rien de ce que Dieu veut, rien de ce qu'il bénit ne s'accomplit ici-bas sans contradictions et sans traverses, traverses et contradictions suscitées par l'ennemi de tout Bien. Ce signe de céleste faveur ne manqua point à notre travail; et là même où l'on devait le moins s'y attendre, l'oeuvre de Vérité finit par rencontrer des obstacles et eut à surmonter des empêchements. Mais qu'importe le souvenir de ces inutiles détails? Disons seulement que Dieu soutint notre courage, nous donnant pour secours en notre faiblesse les prières de Bernadette; nous donnant pour guide, parmi toutes difficultés, la haute sagesse de son Serviteur, le curé Peyramale.

Dès que notre livre fut achevé, nous nous empressâmes naturellement, en fils soumis de l'Église, d'en adresser le premier exemplaire au Père commun des Fidèles.

Le Pape Pie IX lut ce récit et, malgré l'extrême réserve de la Cour romaine en ces matières, malgré le caractère laïque de l'historien, Sa Sainteté n'hésita point à adresser personnellement à ce dernier le Bref solennel qui reconnaissait implicitement, et pour la première fois, la vérité des Apparitions de la Vierge à la Grotte de Lourdes et la réalité des Miracles:

« Recevez Nos félicitations, bien cher Fils, nous écrivit le Chef de l'Église. Gratifié jadis d'un insigne bienfait, vous venez, scrupuleusement et avec amour, d'accomplir le voeu que vous aviez fait : vous venez d'employer vos soins à prouver et à établir la récente Apparition de la très clémente Mère de Dieu; et cela d'une telle manière que la lutte même de l'humaine malice contre la Miséricorde divine sert précisément à faire ressortir, avec plus de force et d'éclat, LA LUMINEUSE ÉVIDENCE DU FAIT.

« Dans l'exposition que vous faites des événements, dans leur trame et leur enchaînement, tous les hommes pourront voir clairement et avec certitude comment notre très sainte Religion tourne et aboutit au véritable avantage des peuples; comment elle comble de biens, non seulement célestes et spirituels, mais encore temporels et terrestres, tous ceux qui accourent à elle. Ils pourront voir comment, même en l'absence de toute force matérielle, cette Religion est toute puissante à maintenir l'ordre; comment, parmi les multitudes émues, elle sait contenir « dans de sages limites l'emportement et l'indignation, même justes, des esprits agités. Ils pourront voir enfin comment le Clergé coopère par ses loyaux efforts et par son zèle à de tels résultats, et comment, bien loin de favoriser la superstition, il se montre prudent quand il s'agit de porter un jugement sur des faits qui semblent surpasser les forces de la nature.

« Avec une non moins vive lumière, votre récit rendra manifeste cette vérité, que l'impiété déclare tout à fait en vain la guerre à la Religion, et que les méchants tentent très inutilement d'entraver par des machinations humaines les divins conseils de la Providence, la perversité des hommes et leur coupable audace servant au contraire de moyen à la Providence pour donner à ses oeuvres plus de puissance et plus de splendeur. »

Et après avoir ainsi indiqué lui-même, point par point, et mis en évidence la portée de cette histoire des événements accomplis à Lourdes, le Pontife Souverain, introduisant ce livre dans l'économie même du plan divin, ne craignit point de terminer le Bref par une affirmation prophétique:

« telles sont les raisons qui nous ont fait accueillir avec la plus vive joie l'ouvrage intitulé:« notre-dame de lourdes : Car Nous Avons Foi que celle qui, de toules parts, attire vers Elle, par les miracles de sa puissance et de sa bonté, des multitudes de pèlerins, veut également se servir de ce livre pour propager plus au loin et exciter envers Elle la piété et la confiance des hommes, afin que tous puissent participer à la plénitude de ses grâces.

« Comme gage de ce succès que Nous prédisons à votre oeuvre, recevez Notre Bénédiction apostolique, que Nous vous adressons bien affectueusement, en témoignage de Notre gratitude et de Notre paternelle bienveillance.

« Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 4 septembre 1869, de Notre Pontificat l'an XXIV.

« PIE IX, Pape. »

Et conformément à ces prophétiques paroles de l'infaillible Oracle du Vatican, conformément à la pensée émise dans les lettres laudatives de plus de quarante Évêques, il était advenu en effet que Marie avait fait choix de ce faible instrument pour propager sa gloire et donner à son oeuvre un développement universel.

Notre-Dame de Lourdes ayant daigné bénir ce livre à son berceau, les éditions s'en multiplièrent tout à coup dans une proportion et avec une rapidité hors de toute comparaison avec les succès humains. Se répandant partout, chez les riches, chez les pauvres, dans toutes les classes, parmi les fidèles, parmi les incroyants; — pénétrant jusque dans l'Eglise; — lu publiquement en chaire, sous forme de Mois de Marie, dans d'innombrables paroisses; — spontanément traduit dans toutes les langues, en anglais, en allemand, en espagnol, en portugais, en italien, en flamand, en hollandais, en breton, en polonais, en hongrois, en slavon, dans les dialectes même de l'Orient; — imprimé et réimprimé à Londres, à Madrid, à Lisbonne, à Amsterdam, à Gand, à Luxembourg, à Fribourg en Brisgau, à Trente, à Modène, à Buda-Pest, à Varsovie, à New-York, à Bogota, à Rio-Janeiro; — aussi populaire en Amérique que dans l'Ancien Continent, ce livre, par la permission de Dieu, était allé dans toute contrée faire son office d'apôtre, et répéter, au nom de Marie Immaculée, l'écho des paroles de Notre-Seigneur: « Venez à moi, vous tous qui êtes chargés et je vous soulagerai... »

Les peuples s'étaient émus à ce simple récit des Apparitions et des Miracles de Notre-Dame de Lourdes. Nombre d'incroyants avaient été ramenés à la foi; nombre de malades avaient guéri. Les pèlerinages lointains étaient accourus des quatre vents du ciel à la voix de Marie; l'or du monde entier avait dressé à la Vierge apparue à Bernadette un temple magnifique...

Un enfant trouve une graine et la met en terre sans savoir ce qu'elle deviendra. La bénédiction du Seigneur en fait un arbre immense à l'ombre duquel viennent s'asseoir les générations et dont le feuillage sert d'abri aux oiseaux du ciel. L'enfant en sa faiblesse ploierait sous le poids de sa moindre branche s'il la voulait soulever... Et telle est l'image de la toute-puissance de Dieu, quand il lui plaît d'employer à son oeuvre le débile travail de sa chétive créature. Non nobis, Domine, non nobis; sed Nomini tuo da gloriam.

Ah! s'il devait ressortir de tout cela quelque gloire autre que celle de Dieu et de Marie, cette gloire humaine appartiendrait tout entière à l'humble Bernadette et à l'humble curé Peyramale. Nous n'étions que la parole, c'est-à-dire l'airain sonnant et la cymbale retentissante; ils étaient la charité, l'action et la vie. Ce que nous racontions, ceux-là l'avaient fait. Nous n'étions que l'historien des événements : ils en étaient les héros.

La Providence sembla vouloir rendre manifeste, par toutes les preuves et contre-preuves, ce que le Saint-Père avait appelé dans son Bref, la Lumineuse évidence du fait. Et après avoir, comme on vient de le voir, fait entendre sur ce point le témoignage des autorités de l'Église, après avoir elle-même sanctionné ce livre en le prenant pour instrument et pour moyen, il lui plut en outre de s'en servir encore pour réduire au silence et humilier les ennemis de toute croyance, pour exaucer en un mot cette prière des Litanies des Saints: Ut inimicos sanctae Ecclesiae humiliare digneris, le rogamus, audi nos.

La Préface de Notre-Dame de Lourdes contenait ces mots:

« La vérité une fois connue, je l'ai écrite avec autant de liberté que si, comme le duc de Saint- Simon, j'eusse fermé ma porte et raconté une histoire destinée à ne paraître que dans un siècle. J'ai voulu tout dire tant que les témoins sont encore vivants; j'ai voulu donner leurs noms et leur demeure, pour qu'il fût possible de les interroger et de refaire, afin de contrôler mon propre travail, l'enquête que j'ai faite moi-même. J'ai voulu que chaque lecteur pût examiner par lui-même mes assertions, et rendre hommage à la vérité si j'ai été sincère; j'ai voulu qu'il pût me confondre et me déshonorer si j'ai menti. »

Or la question ayant été ainsi posée avec cette précision et cette netteté, personne dans le camp ennemi, absolument personne, n'osa engager une lutte contre l'exactitude matérielle des faits que nous avions relatés. En présence de cette Histoire, en présence de son retentissement, les chefs et les critiques de la libre pensée, les Schérer, les Pouchet, les Guéroult se mirent à nier bruyamment la possibilité métaphysique du miracle, mais aucun ne se rencontra pour se hasarder à prendre corps à corps un seul de ces épisodes extraordinaires, une de ces guérisons soudaines et surnaturelles, et en contester la réalité. Tous sentaient que la certitude en était désormais acquise et que, sur le terrain de la vérité historique, ils seraient irrémissiblement vaincus.

Bien plus, un chrétien logique et ferme, M. Artus (qui nous était alors personnellement inconnu), entreprit de pousser sur ce point la Libre Pensée jusque dans ses derniers retranchements, de lui fermer toute échappatoire et de changer la fuite clandestine des critiques et des chefs en la déroute générale de l'armée. Ayant déposé son enjeu chez un notaire de Paris, il offrit de parier 10000 francs minimum (et tout autre somme plus considérable au gré de l'adversaire), que tous les faits surnaturels et guérisons miraculeuses relatées dans ce livre étaient absolument et rigoureusement vrais, mettant au défi tout incrédule d'en établir la fausseté matérielle par une enquête contradictoire, et acceptant pour juges du débat tels ou tels magistrats de la Cour, tels ou tels membres de l'Institut ou de l'Académie de médecine, tirés au sort... Devant celle mise en demeure catégorique, quelques libres penseurs, attirés d'abord par l'appât du gain et ignorant la question, se présentèrent. Mais après réflexion, probablement après quelques informations auprès des amis de la secte dans les localités où les faits racontés s'étaient accomplis, tous sans exception, reculèrent honteusement. La déroute fut aussi universelle que complète.

(Voir à ce sujet la très intéressante Histoire du Défi public à la Libre Pensée sur les Miracles de Notre-Dame de Lourdes, par E. Artus. Paris, Palmé.

Quant aux faits étrangers à l'ordre surnaturel, quant aux agissements de l'Administration, bien que nous eussions, avec une indépendance entière et une rare franchise, parlé des hommes et des choses, pas une protestation, pas une réclamation ne se fit entendre de la part de ceux dont nous avions cru devoir faire le portrait et blâmer les actes avec la juste sévérité de l'histoire. Eux aussi savaient que nos preuves, nos pièces officielles étaient irréfutables, que tout débat aboutirait à leur confusion, et qu'il n'y avait qu'à courber la tête et se taire. Leur silence absolu, leur absence totale de réclamation est un acquiescement formel à l'exactitude de tout ce qui, dans notre récit, concerne le rôle qu'ils ont rempli.)


Livre 2 – Le Témoignage (4) Buch 2 - Das Zeugnis (4)

C'est une loi universelle : rien de ce que Dieu veut, rien de ce qu'il bénit ne s'accomplit ici-bas sans contradictions et sans traverses, traverses et contradictions suscitées par l'ennemi de tout Bien. Ce signe de céleste faveur ne manqua point à notre travail; et là même où l'on devait le moins s'y attendre, l'oeuvre de Vérité finit par rencontrer des obstacles et eut à surmonter des empêchements. Mais qu'importe le souvenir de ces inutiles détails? Disons seulement que Dieu soutint notre courage, nous donnant pour secours en notre faiblesse les prières de Bernadette; nous donnant pour guide, parmi toutes difficultés, la haute sagesse de son Serviteur, le curé Peyramale.

Dès que notre livre fut achevé, nous nous empressâmes naturellement, en fils soumis de l'Église, d'en adresser le premier exemplaire au Père commun des Fidèles.

Le Pape Pie IX lut ce récit et, malgré l'extrême réserve de la Cour romaine en ces matières, malgré le caractère laïque de l'historien, Sa Sainteté n'hésita point à adresser personnellement à ce dernier le Bref solennel qui reconnaissait implicitement, et pour la première fois, la vérité des Apparitions de la Vierge à la Grotte de Lourdes et la réalité des Miracles:

« Recevez Nos félicitations, bien cher Fils, nous écrivit le Chef de l'Église. Gratifié jadis d'un insigne bienfait, vous venez, scrupuleusement et avec amour, d'accomplir le voeu que vous aviez fait : vous venez d'employer vos soins __à prouver et à établir la récente Apparition de la très clémente Mère de Dieu;__ et cela __d'une telle manière__ que la lutte même de l'humaine malice contre la Miséricorde divine __sert précisément à faire ressortir__, avec plus de force et d'éclat, LA LUMINEUSE ÉVIDENCE DU FAIT.

« Dans l'exposition que vous faites des événements, dans leur trame et leur enchaînement, tous les hommes pourront voir clairement et avec certitude comment notre très sainte Religion tourne et aboutit au véritable avantage des peuples; comment elle comble de biens, non seulement célestes et spirituels, mais encore temporels et terrestres, tous ceux qui accourent à elle. Ils pourront voir comment, même en l'absence de toute force matérielle, cette Religion est toute puissante à maintenir l'ordre; comment, parmi les multitudes émues, elle sait contenir « dans de sages limites l'emportement et l'indignation, même justes, des esprits agités. Ils pourront voir enfin comment le Clergé coopère par ses loyaux efforts et par son zèle à de tels résultats, et comment, bien loin de favoriser la superstition, il se montre prudent quand il s'agit de porter un jugement sur des faits qui semblent surpasser les forces de la nature.

« Avec une non moins vive lumière, votre récit rendra manifeste cette vérité, que l'impiété déclare tout à fait en vain la guerre à la Religion, et que les méchants tentent très inutilement d'entraver par des machinations humaines les divins conseils de la Providence, la perversité des hommes et leur coupable audace servant au contraire de moyen à la Providence pour donner à ses oeuvres plus de puissance et plus de splendeur. »

Et après avoir ainsi indiqué lui-même, point par point, et mis en évidence la portée de cette histoire des événements accomplis à Lourdes, le Pontife Souverain, introduisant ce livre dans l'économie même du plan divin, ne craignit point de terminer le Bref par une affirmation prophétique:

« __telles sont les raisons qui nous ont fait accueillir avec la plus vive joie l'ouvrage intitulé:__« notre-dame de lourdes : __Car__ Nous Avons Foi __que celle qui, de toules parts, attire vers__ Elle, __par les miracles de sa puissance et de sa bonté, des multitudes de pèlerins__, veut également se servir de ce livre pour propager plus au loin et exciter envers Elle la piété et la confiance des hommes, __afin que tous puissent participer à la plénitude de ses grâces__.

« Comme gage de ce succès que Nous prédisons à votre oeuvre, recevez Notre Bénédiction apostolique, que Nous vous adressons bien affectueusement, en témoignage de Notre gratitude et de Notre paternelle bienveillance.

« Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 4 septembre 1869, de Notre Pontificat l'an XXIV.

« PIE IX, Pape. »

Et conformément à ces prophétiques paroles de l'infaillible Oracle du Vatican, conformément à la pensée émise dans les lettres laudatives de plus de quarante Évêques, il était advenu en effet que Marie avait fait choix de ce faible instrument pour propager sa gloire et donner à son oeuvre un développement universel.

Notre-Dame de Lourdes ayant daigné bénir ce livre à son berceau, les éditions s'en multiplièrent tout à coup dans une proportion et avec une rapidité hors de toute comparaison avec les succès humains. Se répandant partout, chez les riches, chez les pauvres, dans toutes les classes, parmi les fidèles, parmi les incroyants; — pénétrant jusque dans l'Eglise; — lu publiquement en chaire, sous forme de Mois de Marie, dans d'innombrables paroisses; — spontanément traduit dans toutes les langues, en anglais, en allemand, en espagnol, en portugais, en italien, en flamand, en hollandais, en breton, en polonais, en hongrois, en slavon, dans les dialectes même de l'Orient; — imprimé et réimprimé à Londres, à Madrid, à Lisbonne, à Amsterdam, à Gand, à Luxembourg, à Fribourg en Brisgau, à Trente, à Modène, à Buda-Pest, à Varsovie, à New-York, à Bogota, à Rio-Janeiro; — aussi populaire en Amérique que dans l'Ancien Continent, ce livre, par la permission de Dieu, était allé dans toute contrée faire son office d'apôtre, et répéter, au nom de Marie Immaculée, l'écho des paroles de Notre-Seigneur: « Venez à moi, vous tous qui êtes chargés et je vous soulagerai... »

Les peuples s'étaient émus à ce simple récit des Apparitions et des Miracles de Notre-Dame de Lourdes. Nombre d'incroyants avaient été ramenés à la foi; nombre de malades avaient guéri. Les pèlerinages lointains étaient accourus des quatre vents du ciel à la voix de Marie; l'or du monde entier avait dressé à la Vierge apparue à Bernadette un temple magnifique...

Un enfant trouve une graine et la met en terre sans savoir ce qu'elle deviendra. La bénédiction du Seigneur en fait un arbre immense à l'ombre duquel viennent s'asseoir les générations et dont le feuillage sert d'abri aux oiseaux du ciel. L'enfant en sa faiblesse ploierait sous le poids de sa moindre branche s'il la voulait soulever... Et telle est l'image de la toute-puissance de Dieu, quand il lui plaît d'employer à son oeuvre le débile travail de sa chétive créature. __Non nobis, Domine, non nobis; sed Nomini tuo da gloriam.__

Ah! s'il devait ressortir de tout cela quelque gloire autre que celle de Dieu et de Marie, cette gloire humaine appartiendrait tout entière à l'humble Bernadette et à l'humble curé Peyramale. Nous n'étions que la parole, c'est-à-dire l'airain sonnant et la cymbale retentissante; ils étaient la charité, l'action et la vie. Ce que nous racontions, ceux-là l'avaient fait. Nous n'étions que l'historien des événements : ils en étaient les héros.

La Providence sembla vouloir rendre manifeste, par toutes les preuves et contre-preuves, ce que le Saint-Père avait appelé dans son Bref, __la Lumineuse évidence du fait__. Et après avoir, comme on vient de le voir, fait entendre sur ce point le témoignage des autorités de l'Église, après avoir elle-même sanctionné ce livre en le prenant pour instrument et pour moyen, il lui plut en outre de s'en servir encore pour réduire au silence et humilier les ennemis de toute croyance, pour exaucer en un mot cette prière des Litanies des Saints: __Ut inimicos sanctae Ecclesiae humiliare digneris, le rogamus, audi nos__.

La Préface de __Notre-Dame de Lourdes__ contenait ces mots:

« La vérité une fois connue, je l'ai écrite avec autant de liberté que si, comme le duc de Saint- Simon, j'eusse fermé ma porte et raconté une histoire destinée à ne paraître que dans un siècle. J'ai voulu tout dire tant que les témoins sont encore vivants; j'ai voulu donner leurs noms et leur demeure, pour qu'il fût possible de les interroger et de refaire, afin de contrôler mon propre travail, l'enquête que j'ai faite moi-même. J'ai voulu que chaque lecteur pût examiner par lui-même mes assertions, et rendre hommage à la vérité si j'ai été sincère; j'ai voulu qu'il pût me confondre et me déshonorer si j'ai menti. »

Or la question ayant été ainsi posée avec cette précision et cette netteté, personne dans le camp ennemi, absolument personne, n'osa engager une lutte contre l'exactitude matérielle des faits que nous avions relatés. En présence de cette Histoire, en présence de son retentissement, les chefs et les critiques de la libre pensée, les Schérer, les Pouchet, les Guéroult se mirent à nier bruyamment la possibilité métaphysique du miracle, mais aucun ne se rencontra pour se hasarder à prendre corps à corps un seul de ces épisodes extraordinaires, une de ces guérisons soudaines et surnaturelles, et en contester la réalité. Tous sentaient que la certitude en était désormais acquise et que, sur le terrain de la vérité historique, ils seraient irrémissiblement vaincus.

Bien plus, un chrétien logique et ferme, M. Artus (qui nous était alors personnellement inconnu), entreprit de pousser sur ce point la Libre Pensée jusque dans ses derniers retranchements, de lui fermer toute échappatoire et de changer la fuite clandestine des critiques et des chefs en la déroute générale de l'armée. Ayant déposé son enjeu chez un notaire de Paris, il offrit de parier 10000 francs minimum (et tout autre somme plus considérable au gré de l'adversaire), que tous les faits surnaturels et guérisons miraculeuses relatées dans ce livre étaient absolument et rigoureusement vrais, mettant au défi tout incrédule d'en établir la fausseté matérielle par une enquête contradictoire, et acceptant pour juges du débat tels ou tels magistrats de la Cour, tels ou tels membres de l'Institut ou de l'Académie de médecine, tirés au sort... Devant celle mise en demeure catégorique, quelques libres penseurs, attirés d'abord par l'appât du gain et ignorant la question, se présentèrent. Mais après réflexion, probablement après quelques informations auprès des amis de la secte dans les localités où les faits racontés s'étaient accomplis, tous sans exception, reculèrent honteusement. La déroute fut aussi universelle que complète.

(Voir à ce sujet la très intéressante __Histoire du Défi public à la Libre Pensée sur les Miracles de Notre-Dame de Lourdes__, par E. Artus. Paris, Palmé.

Quant aux faits étrangers à l'ordre surnaturel, quant aux agissements de l'Administration, bien que nous eussions, avec une indépendance entière et une rare franchise, parlé des hommes et des choses, pas une protestation, pas une réclamation ne se fit entendre de la part de ceux dont nous avions cru devoir faire le portrait et blâmer les actes avec la juste sévérité de l'histoire. Eux aussi savaient que nos preuves, nos pièces officielles étaient irréfutables, que tout débat aboutirait à leur confusion, et qu'il n'y avait qu'à courber la tête et se taire. Leur silence absolu, leur absence totale de réclamation est un acquiescement formel à l'exactitude de tout ce qui, dans notre récit, concerne le rôle qu'ils ont rempli.)