Première & Dernière fois 03
Nous avons tous et toutes des premières et des dernières fois.
Et pour beaucoup, le cheminement entre les deux est une véritable aventure.
J'ai décidé de rencontrer des inconnus, de partager avec eux ces confidences intimes
et de mesurer avec eux l'évolution de leurs désirs entre la première et la dernière
fois.
J'ai rencontré Ludivine à une soirée dans un bar à Paris.
Ce soir-là, elle brille de l'aura des femmes épanouies, libres et libérées aussi.
Je ne lui donne pas d'âge, je n'arrive pas à imaginer son quotidien.
J'écoute juste avec attention ce qu'elle me raconte de Ludivine de la Plume, le personnage
qu'elle a inventé et via lequel elle écrit sur ses désirs et ses expériences sexuelles.
En réalité, Ludivine a 50 ans, elle a un métier qu'elle aime, trois enfants, elle
a vécu une vie bien rangée d'épouse avant de se redécouvrir dans l'amour et le sexe.
Bonjour Ludivine.
Bonjour.
Ça te va comme présentation ?
Oui, ça me va bien.
Le mot liberté, effectivement, est un peu mon fer de lance.
Tu as découvert cette liberté après un long mariage, une longue relation.
Est-ce que cette longue relation était ta première fois ?
Non, cette longue relation n'était pas ma première fois, mais par contre, c'était
ma première relation longue.
Alors du coup, on va revenir à la première première fois.
C'était quand cette première fois ?
C'était il y a très longtemps, puisque j'avais 18 ans.
C'était donc relativement tard.
Enfin, je ne sais pas comment ça se...
Pour moi, je l'ai vécu comme étant relativement tardive, dans la mesure où j'ai une particularité
physique qui fait que j'ai été formée très, très tard.
Et donc, j'ai eu mes premières règles à 17 ans et demi.
Donc forcément, de toute façon, même si j'étais extrêmement curieuse du sexe, de
toute façon, je n'étais quand même pas en capacité d'explorer quoi que ce soit
avec un partenaire, en tout cas.
Et du coup, ma première fois était assez tardive sexuellement, alors que mentalement
et affectivement, j'avais l'impression d'être au taquet sur le sujet.
Mais effectivement, en plus, je faisais beaucoup, beaucoup plus jeune que mon âge.
Donc, les gens de mon âge avaient l'impression qu'ils feraient du détournement de mineurs.
Et du coup, j'ai galéré en fait en étant adolescente parce que je n'avais pas d'amoureux.
J'avais pas de petits copains parce que j'avais l'air d'avoir cinq ans de moins que mon âge.
Donc, c'était compliqué.
Donc, la première fois a été une espèce d'aboutissement assez mûrement réfléchi
dans le choix de la personne qui était quelqu'un dont j'étais amoureuse, dont je savais que
la réciproque n'était pas vraiment vraie.
Mais j'avais décidé que de toute façon, ce serait lui.
Voilà.
Et en fait, ce qui est plutôt marquant dans cette première fois, c'est surtout le lendemain
et le surlendemain, c'est surtout la deuxième fois.
En fait, parce que la première fois, alors j'ai plus de souvenirs très précis, mais
je me souviens quand même assez bien de la rupture de l'hymen.
Je me souviens de cette sensation de quelque chose qui cède.
J'ai pas un souvenir de plaisir très intense, mais j'ai un souvenir de potentiel ressenti.
Je me suis dit, il y a un truc là dedans qui m'a l'air pas mal.
Et je me souviens aussi que j'étais très, j'étais très fière, très orgueilleuse par
rapport à ce garçon.
Donc, je savais qu'il savait que nos sentiments étaient complètement décalés, mais je voulais
avoir l'air hyper détendu, hyper à l'aise et pas du tout stressé par ma première fois.
Il était au courant que c'était ta première fois ?
Oui.
Et c'était sa première fois, lui ?
Je ne suis pas sûre à 100%, mais en tout cas, il n'était pas très expérimenté, il me semble.
Et du coup, parce qu'on en a reparlé, on a eu l'occasion de reparler des années après.
Et il avait été un peu dérouté par mon côté très cash, très franc parlé, pas du tout
romantique, très pragmatique et ça l'avait un petit peu dérouté.
Voilà le souvenir de cette nuit en particulier.
Et puis, en fait, il m'a largué deux jours après, durant le week-end.
Donc, je n'étais pas hyper surprise, mais je ne pensais quand même pas que ça arriverait
aussi vite que ça, carrément le lendemain.
Et donc, j'ai pleuré tout le dimanche après-midi.
Et puis le lundi à la fac, j'ai levé le premier mec à peu près potable que je croisais et
je l'ai ramené chez moi. Voilà, c'était ma façon de surmonter cette espèce de truc
désagréable. Et du coup, je voulais voir avec quelqu'un d'autre, si j'étais cap, ce que ça
faisait, etc. Et avec cet autre qui était quasi inconnu, un type intéressant avec qui
j'avais bien discuté, etc. qui a passé la nuit chez moi.
J'ai constaté que je n'avais pas du tout de gêne, de problème, etc.
J'ai trouvé ça... Il m'a offert mon premier cunnilingus, que l'autre n'avait pas fait.
J'ai trouvé ça plutôt très, très chouette.
Et il m'a dit un truc le lendemain matin, dont je me souviendrai toute ma vie.
Il m'a dit, toi, tu feras ce que tu veux des mecs avec le cul.
Et moi, je me disais, mais en fait, c'est n'importe quoi, le mec qui me dit ça, alors que
c'est ma première, enfin, pratiquement ma première fois.
Soit il le dit à tout le monde, soit je sais pas, mais c'est n'importe quoi.
Mais en même temps, je me disais, j'aimerais bien que ce soit vrai.
Voilà. Et donc, c'est un truc qui m'a marqué.
C'est à dire que pour moi, le fait d'être un bon coup, trop bien.
C'était important.
Oui, c'était important et ça me paraissait un moyen intéressant aussi d'être.
Je sais pas, ça me paraissait une qualité importante, pas forcément, pas dans un
esprit de compétition, mais.
Je me disais, oui, j'aimerais laisser un bon souvenir aux hommes avec qui je ferais
l'amour et je savais déjà qu'il y en aurait un certain nombre parce que je savais
déjà que j'avais déjà commencé à explorer, être curieuse et à ne pas avoir
de tabou et de morale, enfin de morale du genre.
Il faut être amoureux, machin, etc.
Ça, c'était pas du tout, du tout, du tout mon truc.
Avant cette première fois, tu t'étais préparée, tu t'étais déjà masturbée.
Tu avais déjà imaginé ta première fois.
Ça a duré longtemps, ce temps où tu savais qu'elle allait arriver.
Oui, ça a duré tout le temps où j'ai attendu justement que mon corps suive.
Je me rappelle pas de ma première expérience de masturbation, mais je me
rappelle de mes premiers émois, de mes premières imaginations, de mes
premiers fantasmes.
Ça a commencé par les S.A.S. dont je choisissais les passages.
Après, il y a eu les BD de Losier aussi que j'ai découvert, tout ça dans la
bibliothèque parentale.
Tout ça m'a éveillée à tous ses potentiels.
Il y a eu les magazines, je ne sais plus ce que c'était à l'époque, mais ça
devait être du Playboy ou du Louis sous les lits de mes cousins aussi, que j'ai
feuilletés avec intérêt et attention.
Donc, tout ça me faisait de l'effet incontestablement.
Il y a aussi eu la Dérobade que j'ai lue à 15 ans, qui n'est pas une vision
très riante de la sexualité puisque c'est l'histoire d'une prostituée.
Mais voilà, c'est des choses qui m'intéressaient.
Et alors, je ne me souviens pas tellement de la première fois où je me suis
masturbée, mais je me souviens que je me touchais volontiers.
J'explorais. En fait, c'était plutôt de la curiosité.
Du coup, je n'ai aucun souvenir de mon premier orgasme masturbatoire.
Mais par contre, je sais que j'explorais, j'essayais de savoir comment ça
marchait, comment ça fonctionnait.
Et donc, ce n'était pas une découverte.
Je savais à peu près comment mon corps était fait.
Tu n'es pas arrivée à cette première fois comme une oie blanche qui est sur
l'autel de la Virginité ?
Quand même, c'était il y a longtemps, mais il n'y a pas si longtemps que ça
quand même.
Il y a des femmes, en l'occurrence, qui ont quand même peur.
Il y a un côté sauter le pas.
On ne sait pas trop comment ça va se passer.
Puis, on ne connaît pas forcément très bien son partenaire non plus.
Tu n'étais pas en couple avec lui avant ?
Non, on s'était embrassé auparavant.
J'avais eu quelques...
Parce que j'ai eu mon premier petit copain, donc celui avec qui on s'embrasse
furieusement sans faire grand chose d'autre, moins d'un an avant.
De toute façon, j'ai tout fait en accéléré.
Et quand ce premier petit copain a voulu aller plus loin, je n'avais pas
envie. Et je me considérais, c'était six mois plus tôt, mais je lui avais
dit non, je pense que je trouve que je suis trop jeune.
En fait, ce que je voulais dire, c'est que je n'avais pas très envie que ce
soit lui parce que j'avais pris le premier qui s'intéressait à moi.
Mais ça ne m'intéressait pas. J'avais pas envie que ma première fois soit
avec lui. Après, j'ai eu d'autres petits copains avec qui je pouvais avoir
envie que ce soit. Puis, ça ne s'est pas fait pour des raisons X ou Y.
Plutôt, j'allais dire d'agenda, mais de timing.
Tout ça, c'est sur une période très courte.
C'est sur six mois, puisque avant, je ne me voyais pas faire l'amour alors
que je n'étais même pas réglé.
Ça me paraissait complètement dingue.
J'aurais eu l'impression d'être prépubère.
Ça ne me paraissait pas logique.
Et puis, je me disais aussi que le risque était plus grand parce que je
ne connaissais pas mon cycle.
Donc, c'était une espèce de truc assez curieux.
C'est vrai que l'année de terminale, j'ai un peu vécu l'année de terminale
dans l'attente de quand est-ce que ça va venir?
Bon Dieu, parce que je ne me sentais quand même pas complètement femme
avant ça.
Et donc, quand elles sont arrivées, enfin, après mon bac, quand même,
je ne sais pas si c'était psychologique ou quoi.
Mais là, du coup, je me suis dit bon, ça y est, c'est bon, je peux y aller.
Je suis une femme physiquement.
Donc maintenant, je peux expérimenter les relations sexuelles.
Mais sinon, je pense que j'étais quand même relativement renseignée sur...
Enfin, renseignée.
Voilà, à travers mes lectures, je savais comment ça se passait.
Je savais que peut-être la première fois n'était pas forcément positive.
Je pensais fortement qu'il y avait quand même quelque chose de très,
très chouette à explorer là-dedans.
Et je savais déjà, alors que j'étais d'un milieu assez traditionnel,
catholique, bonne famille, rallye, haute bourgeoisie, etc.
Ou quand même, par rapport à la morale, on est assez strict.
Moi, je savais déjà que le plan jamais avant le mariage n'était pas pour moi.
J'étais beaucoup trop curieuse pour pouvoir être dans cette logique-là.
Et j'étais aussi dans une logique pas forcément romantique,
où ça me paraissait incroyable de ne faire l'amour qu'avec celui
qui serait notre mari et avec qui on resterait toute la vie.
Ça me paraissait indispensable.
Une seule personne, du coup.
Une seule personne, ça me paraissait complètement dingue.
En revanche, une fois qu'on a choisi quelqu'un pour faire sa vie avec,
rester fidèle le plus longtemps possible, dans la mesure du possible,
ça me paraissait un effort à faire.
Mais je savais déjà, je le considérais déjà comme un effort.
Ça ne me paraissait pas forcément naturel.
L'exclusivité sexuelle, ça ne me paraissait pas naturel.
Ça me paraissait être quelque chose qu'on donne à quelqu'un qu'on a choisi,
qu'on accepte de faire, parce qu'on a fait ce choix.
Mais par contre, effectivement, du coup, avant de trouver quelqu'un
avec qui je voudrais m'établir, j'avais bien l'intention
d'explorer le champ des possibles.
Ce que tu as fait, du coup ?
Ce que j'ai fait, mais de façon relativement classique, cela dit.
Je n'ai pas eu d'expérience homosexuelle.
Je n'ai pas eu d'expérience à plusieurs.
À l'époque, c'était quand même vachement plus rare quand même.
Mais c'était du coup à la fac ?
C'était à la fac, oui, c'est ça.
C'était à la fac.
C'était dans une petite ville de province où on avait...
Donc au début, c'était drôle parce que je naviguais dans le milieu rallye,
donc BCBG, prout prout, à la messe le dimanche,
et où vraiment, c'était ultra coincé et où vraiment tout le monde
cherchait l'homme ou la femme de sa vie.
Et on avait quand même, je voyais bien qu'il y avait un manque d'aisance
par rapport au sexe assez dingue.
Et d'ailleurs, on commençait à me faire des remarques.
Mes copains de fac me faisaient des remarques parce qu'ils trouvaient
que justement, j'avais la cuisse un peu légère.
Je trouvais ça incroyable.
Et finalement, j'ai fini par rencontrer d'autres gens dans cette ville
qui étaient beaucoup plus détendus de ce côté-là.
Et du coup, il y avait une espèce d'ambiance assez...
Enfin vraiment, le sexe n'était pas du tout prise de tête.
On couchait les uns avec les autres, avec des gens qu'on aimait bien,
avec qui on s'entendait bien.
Et puis après, on restait amis.
Enfin, c'était hyper fluide, hyper tranquille.
J'ai vraiment un très bon souvenir de cette époque-là,
une espèce de liberté, de fluidité.
Le sexe, c'était naturel, en fait.
Voilà, il faisait partie de nos vies.
C'était naturel.
On en parlait, on rigolait et c'était pas du tout tabou.
Et en même temps, on n'avait pas du tout l'impression d'être dévoyés
ou ça donnait pas du tout une idée glauque.
Enfin, je sais pas, c'était cool.
Du coup, tu as rencontré ton mari dans la foulée ou pas du tout ?
Assez vite.
Après, je devais avoir une vingtaine d'années, quelque chose comme ça.
Après, ça a mis du temps à se mettre vraiment en place.
La relation a vraiment, comment dire, devenu réellement sérieuse.
On a eu plusieurs passages à vie, des ruptures pendant lesquels
j'allais toujours voir ailleurs, des retours, etc.
Et puis finalement, ça s'est confirmé de plus en plus que c'était lui
que je voulais pour être l'homme de ma vie et faire des enfants avec lui.
Et puis, on s'est installés ensemble.
Ça a mis du temps parce qu'il vivait dans une autre ville,
donc c'était un peu compliqué.
Et puis après, on a commencé par vivre ensemble parce qu'il souhaitait
me prendre à l'essai, comme je lui disais.
Je dis bon, moi, ça me paraît pas nécessaire, mais si tu veux, OK.
Donc au bout de six mois, je lui ai dit bon, ça y est,
la période d'essai est finie, on fait quoi ?
Et puis, on s'est mariés à l'église et ça, c'était important pour moi
parce que même si je n'étais pas trop d'accord avec la morale,
avec ce que la religion faisait de la morale,
j'étais quand même croyante, on va dire.
Et donc, c'est important de me marier à l'église.
Et du coup, le pacte de fidélité que représente le mariage à l'église,
je me souviens très bien, vraiment, en échangeant les alliances,
je te donne cette alliance gage de notre amour et de notre fidélité.
Là, je me disais, ma cocotte, c'est fini les conneries.
Et donc, c'était vraiment un engagement que je prenais,
dont je savais très bien qu'il serait dur à tenir,
que ça ne me serait pas naturel, que j'y arriverais peut-être pas
jusqu'au bout, mais mon idée, c'était de me dire le plus longtemps possible.
Mais c'était aussi de me dire, et puis si ça marche pas,
et bien, c'est pas la fin du monde non plus.
Et puis, le divorce, c'est pas fait pour les chiens.
Il me fallait une porte de sortie parce que sinon,
le mariage m'aurait paru vraiment trop enfermant.
Donc, le fait de me dire...
Toute cette réflexion, je l'ai eue avant de me marier,
avant de prendre la décision, avant de dire oui, avant de me lancer.
Et en fait, avant, j'ai beaucoup hésité avant de m'engager dans le mariage
parce que je voulais être sûre de ce que je faisais.
Et en fait, je ne me serais pas engagée si le mariage
n'était pas dissoluble, si on ne pouvait pas divorcer.
Parce que cette possibilité me permettait de m'engager.
Et ça a duré combien de temps ? La période de fidélité, déjà ?
Toute la durée du mariage.
C'est vrai ?
Oui, jusqu'à ce que je parte, effectivement.
Mais sinon, j'ai tenu bon pendant 17 ans, à partir du moment où on a été mariés.
Avec difficulté ou... ?
Alors, j'exagère un peu quand je dis avec difficulté parce que c'est pas non plus...
Finalement, on mène une vie quand on a un, puis deux, puis trois enfants,
qu'on travaille, qui ne multiplient pas les occasions.
Et puis, peut-être aussi que je ne mettais pas forcément un message de disponibilité.
Alors, effectivement, j'adorais me faire brancher dans les soirées,
ça pouvait arriver, etc.
Et je m'en faisais tout un monde et j'adorais ça.
Et pendant tout le week-end, j'y repensais, etc.
Puis au bout de trois jours, ça retombait.
Mais je n'ai pas eu non plus énormément de tentations.
J'en ai eu, auxquelles j'ai résisté.
Pour moi, c'était une espèce d'épreuve de volonté de résister,
de ne pas donner suite, de fantasmer, par contre, à fond,
mais par contre, de rien faire.
Et donc, ça a été vraiment une, comment dire, c'était une volonté, en fait.
C'était vraiment une volonté de me tenir à ce serment de fidélité.
Il était au courant de ça ?
Le problème, c'est qu'en fait, pour lui, c'était une telle évidence.
Pour lui, le sacrement de fidélité, la fidélité, l'exclusivité,
il me l'avait dit bien avant qu'on se marie,
c'était une évidence pour lui et je savais qu'il le respectait pleinement.
Et autour de moi, on me disait, parce que les amis me disaient
« Mais ton mari, il ne bouge pas une oreille ! »
Ce qui voulait dire que, visiblement, autour de nous, ça bougeait un petit peu plus.
Donc, tout le monde me disait que c'était extraordinaire, etc.
Et moi, je me disais « Puisque moi, je le fais, il peut le faire. »
Mais pour lui, c'était tellement évident que je lui en ai jamais parlé.
Je lui ai jamais dit que c'était compliqué pour moi,
que c'était un engagement, etc.
Pour lui, c'était beaucoup plus naturel que ça ne l'était pour moi.
Vous parliez de vos fantasmes, ce n'était pas quelque chose de partagé ?
Si, enfin, on parlait de nos fantasmes, mais oui, on parlait de nos fantasmes.
On avait une vie sexuelle plutôt épanouie, d'ailleurs.
On s'entendait plutôt très bien.
On avait des rapports sexuels assez réguliers, au sens où on avait des enfants
et que ce n'était quand même pas tellement plus d'une fois par semaine,
mais de préférence le samedi soir.
Ça, c'est quand même un grand classique chez tous les couples.
Mais on avait justement, il me semblait, quand on entendait un peu les autres parents
autour de nous, que finalement, ça ne tenait pas si mal.
Et puis, de temps en temps, on se faisait des petites escapades aussi.
On s'est fait des petits voyages, on se faisait des petites journées à l'hôtel aussi,
donc qui maintenait ça plutôt en forme.
J'avais l'impression d'avoir une vie sexuelle épanouie.
Les fantasmes que j'avais, on en parlait un petit peu.
On se les racontait, ça nous faisait chauffer.
On se parlait aussi, on se parlait pas mal quand on faisait l'amour.
Donc, on avait vraiment...
Je n'étais pas frustrée sexuellement dans ma vie.
Ce n'était vraiment pas ça le problème, en fait.
On va faire une petite pause parce qu'on va faire le premier petit jeu.
Je vais te dire une phrase, plusieurs phrases.
Et tu vas me dire si tu l'as déjà fait, si tu ne l'as pas fait, si tu en rêves,
sinon pas du tout, jamais.
J'ai déjà sodomisé un de mes partenaires.
Non, ça m'a été beaucoup proposé, enfin pas beaucoup proposé,
mais il y a un de mes amants qui me le demande beaucoup.
Et il m'a dit que je ne l'avais pas fait.
Mais par curiosité, je me dis qu'on pourrait le tenter un jour.
Voilà, ça reste une possibilité.
J'ai déjà éjaculé.
Ah oui, ah oui, évidemment.
Oui, oui, oui, j'en ai pas parlé.
Mais effectivement, je me suis découverte tardivement.
Apparemment, comme beaucoup après 40 ans, assez fontaine.
Et oui, donc oui.
J'ai déjà eu des soucis avec du matériel.
Je ne suis pas très accessible à l'intérieur de ma maison.
Je ne suis pas très accessible à l'intérieur de ma maison.
Je ne suis pas très accessible à l'intérieur de ma maison.
Je ne suis pas très accessoire.
Donc, j'ai jamais eu de souci avec du matériel.
De toute façon, je ne suis pas très branchée accessoire.
Si, quand même un petit souvenir de boule de geisha qui ne tenait pas tellement en place.
Trop trop petite, peut être.
Je ne sais pas.
Mais du coup, un peu désagréable, pas dans le bon sens du terme.
J'ai déjà pensé à ma liste de courses pendant le sexe.
Pas depuis longtemps.
Non, en général, j'arrive à rester concentrée.
J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre pendant le sexe.
Oui, ça m'est beaucoup arrivé avec mon mari.
Mais par contre, ce n'était pas quelqu'un en particulier.
C'était plutôt fantasmatique.
Et puis, ça m'arrive encore.
Ça peut m'arriver encore.
Je me suis d'ailleurs.
Je n'ai jamais considéré ça avec culpabilité parce que ça fait partie du truc.
C'est à dire que pour m'emmener au début, ça fait partie de la machine.
Et donc, je pourrais même en parler si
j'avais pas peur que ça heurte mon partenaire.
Mais dans l'absolu, je ne vois pas où est le problème.
Je me suis déjà masturbée dans des endroits pas prévus pour.
Non, rien de...
Ça m'est quand même déjà arrivé alors que j'étais très, très, très énervée
avec mes trois enfants dans la maison de m'enfermer dans les chiottes
ou dans la salle de bain.
Mais bon, ce n'est pas non plus des lieux extraordinaires.
Non, je pensais plutôt au lieu public, au travail.
Non, non, ça non.
Ça non. Non, ça ne m'est jamais arrivé.
Je ne me suis jamais retrouvée dans des situations d'excitation telles
qu'il fallait absolument que je me touche là maintenant, tout de suite.
Sauf dans ces circonstances là.
Au travail, non, je ne me vois pas du tout dans ce...
Par contre, ça m'est déjà arrivé d'échanger des textos de Toride
avec un partenaire pendant que je surveillais mes élèves en train de composer.
Ça, c'est assez rigolo.
Le décalage entre les élèves appliqués sur leur copie
et moi en train de sextoter, ça, c'était assez drôle.
Ça va traumatiser des élèves qui vont nous écouter.
T'imagines ce que leurs profs font sur leur téléphone portable.
J'ai commencé à écrire quand j'ai commencé à ruer dans les brancards,
à éprouver ce que j'appelle le syndrome de la poussette.
C'est vraiment un syndrome que j'ai vécu physiquement.
C'est-à-dire que j'ai eu le sentiment, après avoir remisé la McLaren pliante
à la cave, que mes épaules se redressaient, que je gagnais 10 centimètres,
que je redevenais droite.
Je pouvais marcher à la verticale et pas arbouter sur cette saloperie de poussette
pleine de courses.
Et j'ai vraiment eu l'impression de revenir à la verticale,
de redevenir une femme et non plus une mère.
Et du coup, de revenir dans la course.
Et tout à coup, à ce moment-là, justement, je me suis mise à chercher
les regards, attirer les regards, voir que je les attirais, aimer ça.
Et j'ai commencé vraiment à avoir là, des tentations, mais sans arrêt.
Je croisais un mec correctement fichu.
Je fantasmais, je l'imaginais à poil, j'imaginais ce qu'on pourrait faire.
Vraiment, c'était complètement dingue.
Rien que sur le trajet de l'école.
Vraiment, mon cerveau s'est mis en ébullition totale.
Et du coup, j'ai résolu cette problématique en écrivant.
J'ai écrit un roman, enfin, un manuscrit.
En développant comme ça, en partant un peu de ma vie,
mais en romançant pas mal.
Et j'ai décrit des aventures.
Des aventures dans différents contextes.
J'étais prof, donc le classique fantasme de l'étudiant.
Alors, ce n'était pas du tout réel.
Ça, pour le coup, c'est un truc que j'aurais jamais fait parce que
j'ai des fantasmes, mais je suis quand même quelqu'un d'assez rationnel
et raisonnable.
Mais du coup, je l'ai écrit.
Et comme ça, un certain nombre de fantasmes.
Rien de très révolutionnaire non plus.
Mais voilà, j'ai écrit une espèce d'histoire.
En fait, j'ai sublimé mon envie d'ailleurs par l'écriture.
Et donc, voilà, c'est comme ça que j'ai géré cette phase.
Et le mari l'a lu ?
Non, le mari n'a pas lu.
Lui, il a dit que j'écrivais.
Je lui ai vaguement parlé du sujet sans rentrer dans les détails.
Il n'a pas vraiment éprouvé l'envie de le lire.
Je crois que ça lui faisait un petit peu peur.
Il était un peu dérouté.
C'est une période où j'écrivais jusqu'à 2-3 heures du matin.
Donc, il avait l'impression que je m'éloignais.
C'était vrai, parce qu'il y a aussi d'autres facteurs dans le couple
qui faisaient qu'on s'éloignait effectivement de plus en plus
et qu'on ne partageait plus rien,
notamment culturellement et intellectuellement.
Donc, ça, c'était vraiment quelque chose qui commençait à peser.
Et donc, voilà, cette écriture, c'était mon espèce d'échappatoire,
en fait, par rapport à un ennui que je commençais à ressentir.
Donc, ça m'a occupé quelques mois.
Tu avais quel âge à ce moment-là ?
Au moment de la poussette, au moment de cette espèce de révélation,
de renaissance de femme ?
45, entre 42 et 45.
Voilà, ça a duré à peu près trois ans,
cette espèce de période un peu de flottement
où les fantasmes allaient bon train.
Mais par contre, je bronchais toujours pas.
Pas nécessairement parce que je me tenais encore à mon serment.
Je commençais à me dire, je pense que ça va être maintenant.
Et en fait, dans la vraie vie, c'est pas si simple.
C'est-à-dire que quand on est marié, on fait hyper peur aux mecs.
Et même si quelquefois, moi, j'étais plutôt open
et j'ai fait comprendre que je l'étais,
finalement, l'homme qui me poursuivait de ces assiduités
genre depuis des années,
à partir du moment où, en me connaissant, etc.,
à partir du moment où je lui ai dit, bon, c'est parti, on y va.
Là, il n'y avait plus personne.
Ah mais non, on ne peut pas faire ça, tu comprends,
c'est pas possible, etc.
Donc, ça, j'ai trouvé ça assez surprenant.
Et ça s'est reproduit à plusieurs reprises.
Je me suis dit, mais il se passe quoi, là ?
C'était très curieux.
C'est-à-dire qu'en fait, je me suis rendu compte
que beaucoup d'hommes draguent les femmes mariées
pour se faire plaisir,
mais qu'en fait, il n'y a pas forcément de la vraie drague.
C'est pour voir si, je ne sais pas, pour voir si ça va encore faire.
Enfin, j'en sais rien, mais c'est assez surprenant
parce que ça s'est reproduit à plusieurs reprises, en fait.
Donc, il n'y a jamais eu de...
Alors, sur cette période-là, qui est devenue une période créatrice
où tu as transformé, finalement, ta frustration
ou ton excitation sexuelle en mots,
ça a duré quelques années.
Et là, de nouveau, une coupure, une cassure, une rencontre.
Et là, en fait, ce qui s'est passé, c'est qu'effectivement,
déjà, pendant toute cette période-là,
j'étais donc dans une zone relativement dangereuse,
on peut dire, de ce point de vue-là.
Il fallait juste que je rencontre la personne
qui, justement, correspondrait.
Et que j'ai rencontré.
Et là, ça a été mais quasi immédiat.
C'est-à-dire que c'est parti comme une histoire de cul.
Ah, enfin, je vais enfin me faire mon histoire de cul.
Et puis, c'est assez rapidement tourné en autre chose.
Je me rappelle très bien de la révélation qu'on a eue,
tous les deux, en faisant l'amour, justement.
On s'est regardé, on s'est dit,
ouh là, mais là, c'est pas que de la fuck.
Et ça nous a fait aussi peur l'un que l'autre.
Et en même temps, ça avait un petit côté,
ça m'avait un petit peu agacé,
ce petit côté tellement conventionnel.
Ah bah oui, je crois que c'est que du cul.
Puis en fait, c'est de l'amour.
J'ai trouvé ça un peu surprenant.
Et puis, bon, en fait, j'ai rien pu faire contre.
J'étais complètement embarquée dans cette histoire.
Et je vous laisse surtout, surtout, surtout pas renoncer à cette histoire.
Donc, j'ai tout envoyé balader et j'ai quitté mon mari.
Et c'est cette histoire qui a marqué un tournant dans ta vie, du coup,
puisque le divorce a été prononcé.
Donc, la notion de fidélité a explosé.
Et tu as révolutionné ta propre vie pour créer tes propres règles.
Du coup, cet homme, aujourd'hui, n'est plus d'actualité.
Non. Et je voulais dire un truc.
J'ai pas eu besoin de divorcer pour reprendre ma liberté.
C'est à dire qu'aujourd'hui, 5 ans après ma rupture,
je ne suis toujours pas divorcée.
Je n'en éprouve pas le besoin.
On le fera parce que quand même, c'est nécessaire.
Mais c'est vrai que pour l'instant,
je n'ai pas envie de mettre les 2000 balles qu'il faut là-dedans.
Et je n'ai absolument pas besoin de ça pour me sentir libre.
En fait, à partir du moment où l'histoire, elle est terminée, elle est terminée.
Pourquoi il faut aller signer des paperas et payer des avocats ?
Je ne sais pas.
Mais pour l'instant, je n'en éprouve pas le besoin.
Et c'est pour dire que c'est vraiment dans la tête.
En fait, à partir du moment où je suis partie, j'ai récupéré ma liberté.
Elle est là.
Et donc, la grande histoire d'amour a tourné court assez rapidement,
mais n'a rien remis en cause.
C'est à dire que quelque part, il m'a servi à reprendre cette fameuse liberté.
Et après, il était hors de question que je fasse demi-tour.
C'était vraiment...
J'étais vraiment malheureuse de cette rupture,
mais par contre, heureuse d'être partie auparavant.
Oui, pas de retour vers le mari.
Ah non, ça, c'était...
Ça n'a pas été envisagé une seconde.
Vraiment, ça ne m'a pas traversé l'esprit une seconde.
C'était vraiment inenvisageable.
Elle s'est matérialisée comment, cette liberté, du coup ?
En fait, elle s'est matérialisée surtout dans ma tête.
Vraiment, c'était un sentiment de liberté
que j'ai éprouvé déjà auparavant à travers cette histoire d'amour.
Et puis, le fait que je quitte mon mari, que je parle à toute ma famille.
Ça, ça a été un bordel sans nom, parce que je me suis vraiment, vraiment fait mal,
mal accueillir.
Ma décision a quand même été très, très mal vécue par mon entourage.
Je me suis même fait pourrir par mes copines.
C'était quand même hallucinant comme réaction.
Donc, déjà libre par rapport à ça,
libre par rapport à ce que pouvaient penser les autres,
libre par rapport au jugement des gens, etc.
Ça ne m'a pas affecté.
C'était douloureux parce que c'est désagréable,
mais ça ne m'ébranlait pas dans mes convictions et dans mes décisions.
Et puis après, ma liberté, elle s'est manifestée.
Pas tant que ça, c'est-à-dire que si, effectivement, j'ai fait beaucoup de rencontres.
À ce moment-là, j'ai même commencé les rencontres.
J'ai appliqué la même méthode qu'après ma première fois,
c'est-à-dire que quand mon grand amour a commencé à donner des signes de faiblesse,
qu'il a commencé à me dire, ouais, je sais pas, il faut que je réfléchisse,
à me faire le plan du truc foireux qui va finir par foirer.
Mais on espère que ça ne foirera pas.
Alors qu'en fait, il n'y a aucune chance que ça ne foire pas quand ça commence comme ça.
À partir du moment où il m'a confié ses doutes,
le lendemain, j'étais sur Adopt un mec.
C'est-à-dire que j'avais commencé tout de suite à me dire,
OK, puisque c'est comme ça, je vais me faire larguer,
je vais en baver des ronds de chapeaux.
Il me faut un plan B, tout de suite.
Et donc, j'ai fait la même chose que quand j'avais 18 ans, finalement.
C'est-à-dire qu'il me fallait un plan B, quelqu'un d'autre,
pour pouvoir absorber cette rupture.
Et donc, à cette occasion-là, j'ai fait plusieurs rencontres successives,
plutôt intéressantes.
Alors moi, je n'étais pas du tout en état de me fixer.
J'étais plutôt en mode consommation.
Mais pour autant, c'était toujours des gens avec qui on avait,
j'avais abordé tout un discours, etc.
Une relation en ligne assez longue et assez sympathique.
Et il y en a qui sont restés des amis, en fait, de cette période
et qui m'ont beaucoup aidé à traverser la rupture, justement.
C'était utile pour moi de me dire, d'avoir quelqu'un,
je leur ai un petit peu pourri la vie, j'étais un peu pénible,
j'étais pas un cadeau, mais ça m'a fait du bien, effectivement, d'avoir...
En fait, le sexe était vraiment
une super soupape par rapport au chagrin.
Tu as fait des choses que tu n'avais jamais fait avant, à ce moment-là, sexuellement ?
Non.
Des choses que tu avais réfléchies et que tu n'avais jamais mis en...
Non, pas spécialement.
Je suis restée à ce moment-là très, très classique.
Alors, avec mon grand amour, on avait fait une expérience,
on avait fait deux expériences dans des clubs.
Ça, c'était parce que...
Ça, c'est aussi une des particularités de cette histoire d'amour avec cet homme-là,
c'est qu'on était très, très libres sexuellement par rapport à nos fantasmes,
par rapport à ce dont on avait envie.
On a beaucoup tourné autour des logiques de dominants soumis.
Il a expérimenté un truc dont je rêvais depuis longtemps,
le fait de m'attacher, etc.
Et donc, ça, il ne connaissait pas.
Il y avait...
Il avait tourné autour, mais il ne l'avait pas expérimenté.
Du coup, on l'a expérimenté ensemble et on a adoré ça.
Donc, on a tourné un peu autour du thème.
Et si, une fois, justement, dans une de mes rencontres,
j'ai rencontré quelqu'un qui jouait un peu un personnage de dominant.
Donc, on est un peu allé dans ce rapport déesse.
Ça n'a pas très bien fonctionné parce qu'en fait, il jouait un personnage,
mais en fait, ce n'était pas sa nature.
Ce n'était pas un vrai dominant.
Il avait compris que c'était ça qui me faisait craquer.
Et comme il n'avait pas grand chose pour lui par ailleurs,
il avait compris que c'était cette carte-là qu'il fallait jouer.
Je pense qu'il a bien lu l'Emmanuel.
Il a fait genre, je suis un dominant, mais ça ne tenait pas la route, en fait.
Mais bon, c'était une expérience qui m'a montré que ça,
c'était un truc qui m'intéressait, le rapport déesse.
Sinon, rien de révolutionnaire.
C'était juste des rencontres assez cash.
C'est-à-dire que dès que je rencontrais les mecs,
on parlait sexe assez rapidement.
Ça, c'était quelque chose qu'ils adoraient.
Une fille qui parlait sexe de façon aussi libre, ça les épatait complètement.
Et contrairement à ce qu'on pourrait penser et à ce qu'on peut voir quelquefois,
j'avais pas du tout l'impression,
j'avais au contraire l'impression qu'ils ne m'en respectaient que davantage.
Qu'ils respectaient cette liberté, cette indépendance, cette franchise, etc.
Donc, du coup, c'était très, très libre.
Alors, s'il y a quelque chose...
Si, si, si, j'ai pratiqué la sodomie.
Enfin, je l'ai pratiqué de façon beaucoup plus régulière qu'avec mon mari,
où on l'avait essayé une ou deux fois, on avait trouvé ça pas mal, mais pas plus.
Et là, je l'ai vraiment pratiqué de façon beaucoup plus régulière,
même avec des gens que je rencontrais pour la troisième fois.
Rarement la première fois quand même,
parce que ça demande une certaine complicité, mais sinon assez vite.
En fait, et j'y ai vraiment...
Enfin, c'est devenu un modus operandi assez classique dans mes pratiques.
Mais enfin, voilà, rien de très révolutionnaire non plus.
Donc, par rapport aux pratiques, non, rien de révolutionnaire.
Juste cette espèce de liberté dans l'abord, en fait.
Dans oui, bah oui, j'aime le cul et donc, il est où le problème ?
Voilà, j'espère que toi aussi, sinon, on va pas s'entendre.
Quelle belle façon d'aborder les gens.
Je vais faire une micro-parenthèse avec un dernier jeu qui s'intitule
ou que j'ai intitulé Les oeuvres qui m'accompagnent,
qui accompagnent donc ma vie sexuelle et sentimentale.
Je sais que ça va être difficile pour toi.
Donc, du coup, le livre qui m'excite ?
Il y en a plusieurs, mais quand même celui qui marche à tous les coups
et de façon assez particulière, parce que je n'aime pas tout,
mais quand même, ça me fait un effet boeuf, c'est quand même Histoire d'eau.
Un grand classique.
Un grand classique.
Le film qui me fait vibrer ?
Curieusement, je trouve qu'il n'y a pas beaucoup de scènes d'amour
qui sont bien filmées au cinéma, qui donnent vraiment envie de faire l'amour.
Le film Love est très, très bien de ce point de vue là.
Paradoxalement, j'ai aussi beaucoup aimé les scènes d'amour dans l'inconnu du lac,
qui sont des scènes d'amour entre hommes et je les ai trouvées très belles.
Vraiment très, très belles.
Après, pour moi, une des scènes les plus érotiques du monde,
c'est la scène de l'amant où les mains de la jeune femme
et de celui qui va devenir son amant se touchent dans la voiture.
C'est une scène d'un érotisme absolument incroyable.
Je regarde cette image, je suis dans tous mes états.
L'image qui me donne des frissons de plaisir,
donc tu as déjà un peu répondu avec la scène dans l'amant,
la scène des mains qui se touchent.
Est-ce que tu as un tableau, une photo, quelque chose qui te...
Les sculptures de Rodin, les marbres de Rodin, les dos en particulier.
Je pense que Rodin aimait beaucoup prendre ses amants par derrière
parce qu'il a sculpté des dos absolument extraordinaires.
Et donc ça, un marbre de Rodin,
c'est d'ailleurs ce que j'ai choisi comme photo de profil sur mon compte.
Je trouve ça incroyablement sexuel.
La musique qui te met le mieux dans l'ambiance ?
Je ne suis pas trop, trop musique.
Après chaque morceau de musique est associé peut-être à un amant, à une relation.
Je me souviens de la bande originale du film La Délicatesse d'Émilie Simon,
qui est très, très, très jolie et qui...
Frankie Knight, ça s'appelle, qui est vraiment une très jolie musique
et qui m'évoque beaucoup de souvenirs sensuels.
Il y a une chanson de Dao que j'adore,
qui s'appelle Les Voyages immobiles et que je trouve extrêmement sensuelle aussi.
Frankie goes to Hollywood.
Welcome to the Pleasure Dome.
Voilà quelques références.
Le parfum qui réveille mes sens ?
Il y a un parfum que je porte peu parce que justement,
je le trouve extrêmement sensuel et du coup très capiteux.
Et je ne peux carrément pas aller bosser avec ça.
Pour moi, c'est un parfum du soir et c'est un parfum de la séduction.
C'est Aromatics et l'exilière de Clinique.
C'est ton parfum sensuel, c'est ton parfum du soir ?
Je ne suis pas très parfum parce que justement,
j'aime les parfums qui évoquent vraiment quelque chose.
Et du coup, le porter dans la journée, je trouve ça dérangeant.
Les parfums qui sont trop capiteux.
Donc, c'est vraiment un parfum du soir.
C'est un parfum que je ne mets qu'à la racine, sous la nuque,
sous mes cheveux, au niveau de la nuque.
Et c'est un parfum que je mets en règle générale quand je vais voir un amant.
En plus, un geste très sensuel associé à ça.
Aujourd'hui, où est-ce que tu en es ?
Alors, il y a eu une période très intensive, très, très orientée sexe.
Justement, quand j'ai commencé, après la rupture avec le Grand Amour,
depuis les dernières années, on va dire,
avec cette écriture, j'ai créé un compte sur lequel j'ai commencé
à publier des nouvelles, des nouvelles érotiques, à écrire de plus en plus,
à écrire des sujets aussi, des articles aussi sur le sujet.
Et du coup, en fait, à travers ce compte sur Facebook,
le divin de la plume, j'ai rencontré des gens dans la vie numérique
qui naviguaient dans certains milieux libertins, BDSM,
dominants, soumis, etc.
J'ai beaucoup échangé avec eux, lu ce qu'ils écrivaient.
J'ai lu certains bouquins et donc je me suis ultra documentée sur
toutes les possibilités sexuelles qui sortent un petit peu du classique,
on va dire, de la sphère qu'on pourrait appeler des sapios sexuels,
c'est-à-dire que c'est des gens qui aiment le sexe, mais qui aiment aussi
y réfléchir, en parler.
Enfin, il y a beaucoup de choses symboliques, il y a beaucoup de réflexions
par rapport à ça.
Donc ça, c'est quelque chose qui a été assez marquant sur, on va dire,
la dernière année, l'année qui vient de s'écouler.
Et parallèlement, quelques pratiques sexuelles avec des expériences
homosexuelles, des expériences à plusieurs, à trois en l'occurrence,
des lieux aussi, un lieu BDSM en particulier, une expérience justement
BDSM.
Donc cette espèce d'exploration.
Et puis là, depuis mes 50 ans, à l'inverse, ça se calme un peu.
Donc, OK, j'ai découvert, exploré, me suis interrogée, etc.
Mais est-ce que finalement, j'ai besoin de me balader à ce point-là ?
Ce n'est pas certain.
C'est-à-dire que ça suffit que je sache que ça existe, que je sache que
le jour où je veux faire un plan à trois avec deux mecs ou avec deux
filles ou avec un trans ou dans un club, j'aurais qu'à lever le petit
doigt pour le faire parce qu'effectivement, dans ce milieu-là,
j'ai pas mal de possibilités.
Eh bien du coup, je n'ai pas besoin de le faire.
C'est un peu ce qui se passe en ce moment.
C'est-à-dire que la possibilité existe, la possibilité est ouverte.
De temps en temps, ça me titille sacrément.
Mais pour l'instant, finalement, c'est resté que du fantasme.
À quelques exceptions près.
Par exemple, j'avais très envie de faire une soirée multi.
Pour l'instant, je ne l'ai pas fait.
Mais je le ferai, peut-être ou pas.
Mais je ne sais pas comment dire.
En fait, pour l'instant, je me dis OK, je sais que ça existe.
J'ai plutôt envie de le tenter.
Je sais que je le ferai volontiers.
Je sais que j'apprécierai probablement ça, mais ça peut attendre.
Voilà.
Est-ce que tu peux me préciser ce qu'est une soirée multi du coup ?
Oui, alors oui, c'est vrai qu'il y a un truc qui est assez marrant quand
on gravite dans le monde des sapiosexuels, des libertins et compagnie.
C'est qu'il y a un vocabulaire incroyable.
Il y a vraiment des mots qui ont un sens très, très, très précis.
Donc un libertin, ce n'est pas la même chose qu'un naturiste,
qui n'est pas la même chose qu'un nudiste,
qui n'est pas la même chose qu'un BDSM, qui n'est pas la même chose qu'un DS.
Enfin bon, il y a des définitions.
Une soirée multi, c'est simplement, comme son nom l'indique, une soirée à plusieurs.
Mais ce n'est pas dans un lieu dédié.
Ce n'est pas dans un club libertin.
C'est plutôt des soirées privées organisées avec des gens triés sur le volet par un organisateur.
Voilà, c'est ça une soirée multi.
C'est une partouze privée.
Voilà, c'est une partouze privée.
Voilà, c'est ça.
Exactement, non, mais en fait, c'est le nom à la mode.
C'est le nom chic pour partouze.
Mais c'est ça, c'est une partouze.
Voilà, chez Louisiane, on appelle ça une partouze.
En ce moment, tu as plusieurs amants.
Alors en ce moment, j'ai plusieurs amants potentiels.
C'est à dire que j'ai, enfin cela dit, comme beaucoup de gens,
j'appellerais pas ça un plan cul parce que c'est plus complexe que ça.
Mais j'ai des ex amants qui pourraient le redevenir si je mettais un petit peu la
machine en route, si je me donnais un petit peu le mal de les réactiver.
Et j'ai un amoureux régulier,
ce qui ne m'empêche pas justement d'avoir aussi des amants,
parce que c'est encore une fois très important pour moi de rester libre et non exclusive.
Un phénomène auquel je me suis beaucoup intéressée aussi ces temps ci,
c'est le polyamour.
Donc là, encore un nouveau mot pour décrire un phénomène qui n'est pas forcément nouveau.
Mais c'est à dire le fait simplement que dans un couple,
on considère que l'exclusivité sexuelle n'est pas obligatoire.
Alors après, ce qui est assez particulier dans le milieu polyamoureux,
c'est que comme dans tout milieu, comme dans tout groupe,
il y a des règles et elles sont hyper strictes.
C'est à dire que les polyamoureux, ils doivent se dire tout.
C'est à dire qu'ils doivent se dire qu'ils ont un autre amant,
une autre maîtresse, etc.
Et donc, en fait, moi, je suis une polyamoureuse, mais qui ne dit pas.
Alors, je fais une parenthèse, mais je n'ai jamais caché
que j'étais moi-même polyamoureuse.
Du coup, je rajouterais juste une petite explication dans ce que tu as dit.
C'est qu'il n'y a pas que l'exclusivité sexuelle qui rentre en lit de compte.
Il y a aussi l'exclusivité émotionnelle et sentimentale qui est remise en cause.
Et donc, les polyamoureux peuvent avoir plusieurs amours,
comme le nom l'indique.
Et du coup, tu n'as pas envisagé d'être en couple
avec quelqu'un avec qui tu expérimenterais.
Ça m'a traversé l'esprit quand j'ai rencontré justement,
par exemple, j'ai rencontré un libertin.
Donc, encore une étiquette, c'est à dire que lui,
je trouvais ça absolument génial.
Il était marié avec sa femme.
Ils étaient libertins.
Ils allaient dans des soirées multi ensemble ou pas ensemble.
Ils avaient un compte sur Wild.
Ça, c'est le compte pour rencontrer des gens ensemble ou pas ensemble.
Je me disais, mais c'est ça qu'il me faut.
Je fais une micro parenthèse.
Wild, c'est anciennement NetEchangiste, mais c'est le site de la rencontre
pour les personnes libertines, échangistes.
Et donc, par rapport au fait que tu aies envisagé d'être en couple
avec un libertin.
Je me suis dit, mais en fait, c'est ça le concept qu'il me faut.
Et pourquoi pas ?
En fait, il s'est avéré en le pratiquant un petit peu plus que c'est drôle,
parce que c'est garçon.
Donc, je me dis, en fait, c'est le bonheur absolu.
Donc, en fait, tout va très bien.
Et en fait, tout n'allait pas très bien,
parce que d'ailleurs, son couple a explosé.
Et donc, ils se sont séparés.
Et après, il n'arrêtait pas de me dire,
mais tu ne peux pas savoir comme je me sens libre.
Je me dis, je ne comprends pas, tu ne te sentais pas libre
dans un couple libertin ?
C'est quoi ce bordel ? Ça sert à quoi dans ce cas là ?
Donc, finalement, je ne suis pas sûre que le couple libertin soit la solution.
Finalement, et donc, je ne sais pas quelle est la solution.
Je ne sais pas s'il y en a une, mais en tout cas, l'exclusivité,
en tout cas sexuelle, ce n'est pas du tout mon truc.
Ça me paraît une non-contrainte inutile.
Et peut-être que ce serait mieux si j'étais avec un homme qui la pratique
également, la non-exclusivité, parce que ce serait plus transparent.
Mais en même temps, je ne vois pas pourquoi on s'oblige
à autant de transparence et qu'on n'est pas absolument obligé
de dire à l'autre tout ce qu'on fait et tout ce qu'on ne fait pas.
Et donc, moi, finalement, cette situation convient pas si mal.
Tant qu'on reste dans le cadre du respect, de la sécurité de l'autre.
Bien sûr.
Eh bien, du coup, nous allons clôturer avec ta dernière fois.
Est-ce que tu t'en rappelles déjà ?
Oui.
Il y a des gens, ils pourront me dire, c'était il y a six mois.
Je ne me rappelle pas très bien.
C'était quoi ?
Ça ne pourrait pas être il y a six mois, parce que vraiment,
au-delà de deux semaines, je commence vraiment à claquer des mâchoires.
Donc, ce ne serait pas possible.
Si, c'est cool.
C'est d'ailleurs pour ça que je ne peux pas être célibataire,
parce que si je suis célibataire, il y a un moment où il va falloir
que je trouve quelqu'un à me mettre sous la dent
et ça peut me conduire à faire n'importe quoi.
Donc, c'est beaucoup mieux que je sois en couple.
C'est beaucoup plus sûr.
Donc, c'était le week-end dernier ou peut-être celui d'avant.
C'était avec mon amoureux.
Alors, il y a eu deux fois ce week-end là.
La deuxième était moins bien que la première.
Du coup, je vais parler de la première.
C'était...
Alors, ça marche toujours très bien.
C'est assez attendu.
C'est assez peu imprévu.
Il a toujours besoin d'un cadre assez...
Il faut que ce soit dans un lit.
Il faut que ce soit à la maison.
Il faut que ce soit le soir de préférence.
Donc, ça, c'est quelque chose qui me dérange un peu,
parce que moi, j'adore les portes cochères,
les lieux improbables, l'envie du tout de suite maintenant, etc.
Mais par contre, c'est réalisé avec brio.
Ça fonctionne hyper bien.
Donc, au niveau orgasmique, ça peut aller très, très, très, très loin.
Donc, voilà, c'est une première fois classique,
entre guillemets, mais très efficace.
Écoute, je trouve que c'est une belle conclusion.
Tu as cheminé toute ta vie pour arriver à cette espèce de connaissance
de ton corps, de toi-même, de tes envies.
Et aujourd'hui, tu le vis à 100%, plus ou moins.
Tu continues de cheminer.
Oui, parce qu'effectivement, justement, il y a ce côté...
J'ai de la chance, parce qu'effectivement, de toute façon,
j'ai toujours eu un rapport à l'orgasme assez facile.
Je veux dire que ce n'est pas du tout une problématique.
Après, il y a des degrés.
Il y a des degrés de fantasme qui font lever l'orgasme beaucoup plus loin,
qui font des expériences beaucoup plus extraordinaires.
Et en fait, le risque, c'est justement...
Enfin, la difficulté, c'est justement jusqu'où ça va.
Quelquefois, je me dis, mais finalement,
un bon vieux petit orgasme super efficace du quotidien,
c'est bien aussi plutôt que d'aller chercher midi à 14h
et se faire des soirées multi, etc.
Merci beaucoup, Ludivine.
Merci beaucoup pour cette première et dernière fois
et toutes les fois du milieu, finalement.
On a parlé un petit peu de tout.
Je vais clôturer juste sur un petit truc.
Est-ce que tu penses déjà à ta prochaine fois ?
Là, tout de suite, maintenant ?
Alors là, tout de suite, maintenant, je ne pense pas.
Mais est-ce que tu as déjà pensé à ta prochaine fois ?
Est-ce que tu sais déjà avec qui, comment ?
Est-ce que tu en es...
Je suis toujours dans cette espèce d'entre-deux depuis quelques mois
où j'ai pas mal d'envie et d'idées qui me traversent l'esprit
avec des amants potentiels qui tournent autour,
qui gravitent autour de moi.
Donc, du coup, je ne peux pas savoir avec qui.
Donc, j'envisage avec l'un, puis avec l'autre, puis avec deux autres,
parce que ça, c'est quand même un truc qui me trotte dans la tête
depuis un petit moment et que je pense que je vais finir par aboutir.
C'est-à-dire deux hommes, rien que pour moi.
C'est deux hommes en plus qui sont en couple ensemble.
Donc ça, c'est un concept que je trouve assez extraordinaire.
C'est qu'ils sont totalement bisexuels.
Et donc ça, ça me paraît hyper intéressant.
Donc, c'est des gens que j'ai rencontrés pas encore dans la vraie vie,
mais toujours via cette espèce de groupe de gens
qui s'intéressent à ce sujet sur les réseaux sociaux.
Donc, ça pourrait être ça ou ça pourrait être encore une fois,
finalement, une prochaine fois conjugale.
Je ne sais pas.
Une bonne et efficace fois conjugale.
Voilà, une bonne et efficace fois conjugale.
Vous venez d'écouter Première dernière fois,
un podcast de Lucille Bélan, produit par Slate.fr.
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