Journal en français facile 15 novembre 2019
Aurélien Devernoix : Bonsoir à toutes et à tous, il est 21h à Paris, 20h en temps universel, l'heure de votre Journal en français facile. Et à mes côtés ce soir pour présenter cette édition, Sylvie Berruet, bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Aurélien.
AD : C'est l'une des auditions les plus attendues dans l'enquête en destitution qui vise Donald Trump. L'ancienne ambassadrice des États-Unis en Ukraine témoigne devant le Congrès ce soir. Nous en parlerons avec notre correspondante à Washington Anne Corpet.
SB : L'inquiétude des Irakiens manifestant pour réformer leur pays. Beaucoup ont reçu des messages menaçants, notamment des jeunes femmes. Des enlèvements auraient également eu lieu.
AD : Venise face un nouvel épisode d'aqua alta, l'eau haute en italien. La mer a encore envahi la ville italienne, trois jours après les inondations catastrophiques qui ont dévasté plusieurs monuments historiques.
SB : Et puis ambiance de guerre froide à la frontière lituano-russe aujourd'hui : deux Lituaniens et 1 Norvégien condamnés pour espionnage par Moscou ont été échangés contre 2 Russes jusque-là détenus par Vilnius.
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SB : Il avait annoncé ne pas être intéressé par les auditions dans l'enquête du Congrès, le Parlement américain, pouvant entraîner sa destitution... Donald Trump a manifestement changé d'avis.
AD : Le président américain s'en est vivement pris sur Twitter à l'ancienne ambassadrice américaine en Ukraine alors que celle-ci venait de débuter son témoignage devant les élus. Mais ces messages de Donald Trump risquent de se retourner contre lui. La correspondance d'Anne Corpet à Washington.
« Partout où Marie Yovanovitch est allée, les choses ont mal tourné », écrit Donald Trump sur Twitter avant de citer en exemple… la Somalie. Une attaque personnelle lancée contre l'ancienne ambassadrice en Ukraine, et ce alors qu'elle est justement en train de témoigner… la manœuvre est étonnante. Le message présidentiel est lu pendant l'audition « C'est très intimidant » réagit Marie Yovanovitch. « Sachez, madame, qu'ici nous prenons l'intimidation des témoins très au sérieux », répond Adam Schiff, le démocrate qui préside les débats. Cette intervention de Donald Trump, outre qu'elle risque de s'ajouter à la liste des motifs de destitution dans l'acte d'accusation, ne fait qu'attirer l'attention sur la remarquable prestation de l'ambassadrice. Marie Yovanovitch une diplomate reconnue pour son intégrité et son parcours sans faute, attribue son limogeage aux manœuvres de l'avocat personnel du président Rudolf Giuliani, allié pour l'occasion à des Ukrainiens corrompus qu'elle tentait de combattre. « Si les rumeurs infondées véhiculées par des puissances étrangères parviennent à faire tomber des ambassadeurs, qu'est-ce que cela signifie pour notre avenir ? » interroge-t-elle. Et elle ajoute « Si les puissances étrangères ont ce pouvoir, elles l'utiliseront ». Anne Corpet Washington RFI.
SB : Et Donald Trump aura l'occasion d'évoquer, de parler directement de ce dossier embarrassant avec son homologue ukrainien Volodymir Zelenski le 9 décembre.
AD : Le président américain est en effet attendu à Paris pour le sommet sur l'Ukraine auxquels assisteront également Vladimir Poutine, Emmanuel Macron et Angela Merkel. La Maison-Blanche a par ailleurs confirmé que Donald Trump se rendrait bien au sommet de l'OTAN les 3 et 4 décembre à Londres. Le président américain sera également reçu par la Reine d'Angleterre à cette occasion.
SB : En Irak, où la contestation contre le pouvoir continue, l'inquiétude grandit après de nombreuses disparitions d'activistes, de manifestants
AD : La Commission des droits humains a confirmé l'enlèvement de plusieurs personnes en marge des manifestations et dénonce « des opérations d'enlèvement organisées ». D'autres protestataires disent avoir reçu des lettres de menaces ou des coups de fil inquiétants. Parmi eux : beaucoup de jeunes femmes, engagées en première ligne des manifestations. Notre correspondante Lucile Wassermann est allée à la rencontre d'une d'entre elles.
Reham Feras est une jeune irakienne de 21 ans. Elle est capitaine de l'équipe nationale de basketball féminine en Irak, et suit des études de médecine à Bagdad. Des compétences qui l'ont poussée à s'engager en première ligne des manifestations, explique-t-elle installer dans un restaurant. « Mon rôle principal dans la contestation était de soutenir les manifestants. J'aidais les blessés et je leur apportais des médicaments. » Mais cet engagement n'est pas apprécié de tous en Irak. Après dix jours passés sur place, elle est rentrée chez elle. Une lettre de menace était accrochée à sa porte. « Sur la lettre il y avait écrit “arrête de manifester”, avec du sang dessus. Puis quelques jours plus tard, des hommes ont appelé mes collègues pour savoir si j'étais à l'hôpital. Ma famille est très inquiète et ne m'autorise plus à y aller. » Impossible de savoir qui est à l'origine de ces menaces selon elle. « Je ne sais pas. Il y a des gens qui travaillent pour le gouvernement dans les manifestations, alors sûrement eux. Ils prennent des photos et identifient les gens sur place. » Comme Reham, de nombreux autres manifestants disent avoir été victimes d'intimidations. Si cette jeune Irakienne dit-elle ne pas avoir peur, beaucoup ont quitté les rangs des protestataires place Tahrir, par crainte de représailles.
SB : Les rues grondent aussi au Liban et en Algérie Aurélien.
AD : À Beyrouth colère et consternation des manifestants après des fuites sur l'identité du possible futur 1er ministre. Il s'agirait du riche homme d'affaires Mohamed Safadi. Une personnalité proche des milieux politico-économiques dont les protestataires demandent le départ du pouvoir. Des milliers de personnes ont de leur côté défilé à Alger à deux jours du début de la campagne électorale pour la présidentielle. Les manifestants ont affiché leur hostilité, leur opposition à l'organisation du scrutin le 12 décembre prochain et demandé le départ du chef d'État-Major de l'armée et homme fort du pays, le général Ahmed Gaid Salah. Et puis c'était devenu l'une des principales revendications du mouvement de contestation au Chili, la constitution du pays héritée de la dictature du Colonel Pinochet va être soumise à referendum. Le Parlement a voté en faveur de la consultation de la population ce matin. Le scrutin aura lieu en avril prochain.
SB : La célèbre place Saint Marc interdite d'accès à Venise : c'est la conséquence d'une nouvelle montée des eaux dans la ville italienne.
AD : 3 jours après les pires inondations depuis 50 ans qui ont ravagé plusieurs monuments vénitiens, les autorités redoutent une autre catastrophe. Mais les habitants sauront réagir explique Ana Ave, une architecte espagnole vivant à Venise.
Les gens qui vivent ici savent quoi faire dans une situation comme celle-là, parce que l'eau c'est Venise et Venise c'est l'eau ! Mais là c'est vraiment exceptionnel, on n'était pas préparés à une inondation pareille. Il y a des gens ici qui ont perdu leur lieu de travail et je ne sais combien d'outils et d'installations professionnelles parce que personne n'a pensé que ça monterait aussi haut. On ne nous l'a pas dit, on ne pouvait pas le prévoir. Là en ce moment les gens sont chez eux, à nettoyer les maisons, à écoper l'eau, à essayer de sauver le maximum de choses. On a un certain entraînement, je peux dire que les gens s'entraident comme ils peuvent. Il y a des jeunes qui allaient par les rues pour aider les personnes âgées ou ceux qui ne savaient pas quoi faire. Il y a beaucoup de solidarité dans la ville, nous sommes de guerriers de l'eau, on vit avec l'eau, c'est notre élément !
AD : Propos recueillis par Angelica Perez.
SB : C'est un épisode digne des grandes heures de la guerre froide qui s'est déroulé à la frontière entre la Lituanie et la Russie aujourd'hui.
AD : Moscou et Vilnius ont échangé des prisonniers : 2 citoyens russes contre deux Lituaniens et un Norvégien condamnés pour espionnage en Russie. L'échange a eu lieu près de l'enclave russe de Kaliningrad, Anastasia Becchio.
Les détails de l'opération étaient tenus secrets. Elle était en préparation depuis plusieurs semaines. Lors de sa visite en Norvège le mois dernier, le ministre russe des Affaires étrangères s'était vu poser la question par un journaliste local : quand Frode (ou) Berg pourrait-il rentrer chez lui ? « À tout moment », avait laconiquement répondu Serguei Lavrov. Ce retraité norvégien, qui avait un temps été garde-frontière, avait été condamné en avril, en Russie, à 14 années de prison pour avoir collecté des informations sur les sous-marins nucléaires russes. Il avait été arrêté en décembre 2017 en Russie. Le mois dernier, les médias norvégiens avaient évoqué un possible échange. Mais problème : si la Russie détenait un espion norvégien, la Norvège, n'avait aucun ressortissant russe à échanger. C'est là qu'est intervenu un pays tiers, la Lituanie. Deux de ses ressortissants Yevgeny Mataitis et Aristidas Tamosaitis avaient été condamnés à 13 ans et 12 ans de prison pour espionnage par la justice russe en 2016. De son côté, Vilnius détenait deux Russes, Nikolaï Filiptchenko et Sergueï Moïsseïenko, condamnés pour des faits similaires à 10 ans de réclusion. Pour pouvoir procéder à l'échange, il a fallu que le parlement lituanien modifie le Code pénal pour accorder au président la possibilité de gracier les deux espions russes. De son côté, le Norvégien Frode Berg avait fait une demande de grâce à Vladimir Poutine. Se félicitant de sa libération, la Première ministre norvégienne Erna Solberg a remercié les autorités lituaniennes pour leur coopération et leurs efforts.
AD : Du football avec les qualifications pour l'Euro 2020. La Finlande s'est qualifiée pour la première fois de son histoire ce soir. Le Danemark, l'Espagne ou encore la Suède peuvent aussi assurer leur billet pour la compétition. C'est ainsi que s'achève ce Journal en français facile. Merci à vous Sylvie Berruet de m'avoir accompagné. Et excellente soirée à vous chers auditeurs.