Journal en français facile 18 décembre 2017
Pierre Pillet : Il est 20 heures en temps universel, 21 heures à Paris. Bonsoir à tous, voici votre journal en français facile et pour nous accompagner : Zéphyrin Kouadio.
Zéphyrien Kouadio : Bonsoir Pierre, bonsoir à tous. A la Une : le vice-président sud-africain prend la direction du parti au pouvoir. Cyril Ramaphosa arrive au sommet de l'ANC. Scrutin serré, il l'emporte de justesse et succède à l'actuel chef de l'Etat Jacob Zuma.
PP : Drame ferroviaire aux Etats-Unis, le déraillement d'un train dans le nord-ouest, ce matin. Accident sur un pont, des voyageurs projetés sur une autoroute. Plusieurs morts et les secours déployés sur place.
ZK : Villages incendiés, attaques planifiées, ONG et ONU unanimes : en Birmanie, le pouvoir continue sa répression contre la minorité musulmane des Rohingyas.
PP : Enfin en Autriche, entrée en fonctions de la coalition gouvernementale. Six ministères pour l'extrême droite et des milliers de personnes dans les rues de la capitale pour contester.
ZK : Fin du suspense en Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa va diriger le Congrès national africain, le parti au pouvoir.
PP : C'est l'actuel vice-président et il va donc remplacer le chef de l'Etat, Jacob Zuma. Victoire, justement, face à l'ancienne épouse de Jacob Zuma. A Johannesbourg, Noé Hoché Bodin :
Dans ce congrès où le vote a été de nombreuses fois retardé, c'est finalement, Cyril Ramaphosa qui devient président de l'ANC avec 2 440 délégués qui se sont prononcés en sa faveur, contre 2 261 pour Nkosazana Dlamini-Zuma. Comme on l'attendait, c'est un résultat très serré qui a départagé les deux candidats. Cyril Ramaphosa sera donc très certainement le candidat de l'ANC à la présidentielle de 2019. Avec ce résultat, c'est la tendance des précédents congrès qui se perpétue, avec un vice-président qui devient président. Mais attention, le camp de Dlamini-Zuma est aussi représenté dans le top six de la nouvelle ANC. Le nouveau vice-président, autrement dit le nouveau numéro deux est David Mabuza, qui faisait justement partie de la liste de Nkosazana Dlamini-Zuma. A voir maintenant comment va fonctionner cette sorte de cohabitation à la tête du parti. Chez les délégués, l'unité était le mot d'ordre jusqu'à présent. Mais à l'annonce des résultats, les deux camps étaient clairement visibles, se levant, chantant, dansant dès que leur candidat était mentionné. Mais les quelques délégués avec qui j'ai pu échanger juste après les résultats ont tenu à bien insister sur cette fameuse unité de l'ANC qui serait selon eux la grande gagnante aujourd'hui.
ZK : Le congrès national africain est au pouvoir depuis 1994.
PP : Direction les Etats-Unis à présent, Zéphyrin, l'horreur en plein voyage.
ZK : Plusieurs morts dans le déraillement d'un train, ce matin, au nord d'Olympia, la capitale de l'Etat de Washington, frontalier du Canada. Les précisions de Carlotta Morteo :
Vers 7h40 du matin, le train 501 qui fait la liaison entre Seattle et Portland a déraillé au-dessus d'un pont autoroutier. La locomotive a filé tout droit mais c'est l'un des wagons derrière qui a déraillé, qui s'est écrasé sur l'autoroute I 5 en contrebas, entrainant dans sa chute tous les wagons suivants, certains se sont disloqués sur un bas-côté, un autre est resté suspendu entre la passerelle ferroviaire et l'autoroute. Ce qui est particulièrement troublant dans cet accident, c'est que ce train qui roule à 110km/h en moyenne, est le premier train passager à passer sur ce tronçon entre Tacoma et Olympia. Un tronçon qui fait partie d'une nouvelle route haute vitesse qu'inaugurait aujourd'hui Amtrak, le service ferroviaire américain. Le train allait-il trop vite sur cette route sinueuse? Y-a-t-il eu un problème technique, une erreur humaine? Les entretiens avec les cinq membres d'équipage du train ainsi que l'analyse de la boîte noire par les enquêteurs permettront d'en savoir plus.
PP : Et réaction de Donald Trump sur Twitter : selon le président américain, il est plus que temps d'approuver rapidement un plan sur les infrastructures. Hier, une panne d'électricité a plongé l'aéroport d'Atlanta dans l'obscurité pendant onze heures.
ZK : C'était attendu, les Etats-Unis mettent leur veto à une résolution des Nations unies. Un texte qui condamne la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par Washington.
PP : Les Etats-Unis un peu seuls dans cette histoire car les quatorze autres pays du conseil de sécurité de l'ONU ont voté pour cette résolution. C'est le cas par exemple de la France et du Royaume Uni, plus proches alliés européens de Washington. L'ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley dénonce leur position.
ZK : La colère du Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme contre la Birmanie. Selon lui le pays a clairement planifié, organisé les attaques violentes contre les Rohingyas, cette minorité musulmane dans le sud-ouest du pays. Des milliers de morts, une fuite vers le Bangladesh, pays frontalier.
PP : Pour appuyer ses propos, notamment, des images satellite de l'ONG Human Rights Watch. Elles montrent qu'entre octobre et novembre, une quarantaine de villages rohingyas ont été incendiés dans l'Etat de l'Arakan. Phil Robinson, membre de cette ONG dénonce le décalage entre les paroles du pouvoir birman et la réalité sur le terrain :
Alors que le gouvernement et l'armée birmane assurent qu'il n'y a plus d'offensive en cours dans l'Arakan et qu'ils préparent le retour des réfugiés, d'autres acteurs sur le terrain continuent d'incendier des villages rohingyas. Tout le monde semble se concentrer uniquement sur le rapatriement des réfugiés, sans comprendre que ce processus est prématuré sachant que les Rohingyas ne bénéficient d'aucune garantie de sécurité une fois de retour en Birmanie. Ce que nous devrions faire, c'est plutôt nous poser les questions suivantes : « Comment faire payer les militaires birmans pour les atrocités qu'ils ont commises ? Comment prouver la responsabilité des différents commandants impliqués dans ces crimes ? Comment porter tout cela à l'attention du conseil de sécurité des Nations unies et enfin comment imposer un embargo mondial pour empêcher l'armée birmane d'acheter des armes ? » ZK : Propos recueillis par Michael Woods de la rédaction anglophone de RFI. Selon Human Rights Watch, 354 villages ont été partiellement ou totalement détruits depuis fin août.
PP : Autre inquiétude internationale, elle concerne, Zéphyrin, les migrants en Libye.
ZK : 36 000 enfants, dont 14 000 non accompagnés, ont besoin d'assistance. C'est ce qu'affirme l'organisation internationale pour les migrations. Ce pays est un point de passage pour des centaines de milliers de personnes qui tentent de rejoindre l'Europe par la mer.
PP : Et en cette journée mondiale des migrants, les premiers que la France est allée chercher en Libye sont arrivés. Deux autres groupes sont attendus d'ici mercredi.
ZK : En Autriche, un gouvernement de droite et d'extrême droite investi dans le palais présidentiel ; à l'extérieur, 5 000 personnes qui manifestent contre cette arrivée au pouvoir. Une page de l'histoire politique se tourne.
PP : Le leader conservateur Sebastian Kurz devient chancelier. Dans sa coalition gouvernementale : le FPÖ, ce parti d'extrême droite obtient six des treize ministères dont l'intérieur, la défense et les affaires étrangères. Et c'est justement ce qui inquiète certains Autrichiens. A Vienne, le reportage d'Isaure Hiace :
A quelques mètres du palais présidentiel, pendant que le gouvernement prête serment, les milliers de manifestants protestent à coup de sifflets. Andri est étudiant : « J'ai peur que ce gouvernement prenne de mauvaises décisions concernant l'éducation et l'enseignement supérieur mais aussi en matière de sécurité sociale. C'est pour cela que je suis venu, pour montrer que je ne suis pas d'accord. » L'extrême-droite a déjà participé à un gouvernement en 2000 mais la situation est très différente aujourd'hui selon Juno car le parti dirige désormais les principaux ministères régaliens : « Certains vont dire que ce n'est pas nouveau que l'extrême droite soit au pouvoir mais avant, le parti n'avait pas ces responsabilités-là et selon moi c'est très dangereux. » Pourtant, ils sont moins nombreux à manifester qu'il y a 17 ans où ils étaient 200 000. Alexander Pollak, de l'ONG SOS Mitmensch, l'explique par la dédiabolisation réussie du FPÖ : « Il y a une banalisation de ce parti. C'est pour ça qu'il est important que la société civile, ceux qui défendent les droits de l'homme, se fassent entendre et disent non à extrémisme et au racisme. » Son association a d'ores et déjà prévu plusieurs manifestations début janvier, où il espère plus de monde dans les rues.
ZK : Le président autrichien, l'écologiste Alexander Van der Bellen, appelle, lui, le nouveau gouvernement à « respecter les droits des minorités et de ceux qui pensent différemment. » PP : Dans l'actualité également, la messagerie instantanée WhatsApp a l'air décidément bien bavarde selon la Cnil, en France. ZK : Oui la Cnil, le gendarme du numérique en quelque sorte, estime que l'application de messagerie instantanée transfère illégalement les données personnelles des utilisateurs à Facebook, sa maison-mère. Trois mois, c'est le délai donné au groupe américain pour se conformer à la loi.
PP : Toujours en France, une « véritable force de frappe judiciaire. » Voilà ce que représente le parquet national antiterroriste, tout juste créé en France. Ce sont les morts de Nicole Belloubet, ministre de la Justice. Objectif : faire face à « une menace sans commune mesure. » Depuis début 2015 les attentats ont fait 241 morts et des centaines de blessés.
Et il faudra attendre pour le procès de Salah Abdeslam en Belgique, seul survivant des attaques du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. Audience reportée au 5 février, elle devait commencer aujourd'hui. Mais son avocat veut du temps pour consulter le dossier et préparer la défense. Le terroriste est poursuivi pour une fusillade en mars 2016 sur le sol belge alors qu'il était en cavale. En ce moment, il est détenu en France.
