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Les Enfants du capitaine Grant (Jules Verne), PREMIÈRE PARTIE: Chapitre XXVI L’Atlantique

PREMIÈRE PARTIE: Chapitre XXVI L'Atlantique

Chapitre XXVI _L'Atlantique_ Pendant deux heures, l'_ombu_ navigua sur l'immense lac sans atteindre la terre ferme. Les flammes qui le rongeaient s'étaient peu à peu éteintes. Le principal danger de cette épouvantable traversée avait disparu. Le major se borna à dire qu'il n'y aurait pas lieu de s'étonner si l'on se sauvait. Le courant, conservant sa direction première, allait toujours du sud-ouest au nord-est.

L'obscurité, à peine illuminée çà et là de quelque tardif éclair, était redevenue profonde, et Paganel cherchait en vain des points de repère à l'horizon. L'orage touchait à sa fin. Les larges gouttes de pluie faisaient place à de légers embruns qui s'éparpillaient au souffle du vent, et les gros nuages dégonflés se coupaient par bandes dans les hauteurs du ciel. La marche de l'_ombu_ était rapide sur l'impétueux torrent; il glissait avec une surprenante vitesse, et comme si quelque puissant engin de locomotion eut été renfermé sous son écorce. Rien ne prouvait qu'il ne dût pas dériver ainsi pendant des jours entiers. Vers trois heures du matin, cependant, le major fit observer que ses racines frôlaient le sol.

Tom Austin, au moyen d'une longue branche détachée, sonda avec soin et constata que le terrain allait en pente remontante. En effet, vingt minutes plus tard, un choc eut lieu, et l'_ombu_ s'arrêta net. «Terre! Terre!» s'écria Paganel d'une voix retentissante. L'extrémité des branches calcinées avait donné contre une extumescence du sol. Jamais navigateurs ne furent plus satisfaits de toucher. L'écueil, ici, c'était le port. Déjà Robert et Wilson, lancés sur un plateau solide, poussaient un hurrah de joie, quand un sifflement bien connu se fit entendre. Le galop d'un cheval retentit sur la plaine, et la haute taille de l'indien se dressa dans l'ombre. «Thalcave! s'écria Robert. --Thalcave! répondirent ses compagnons.

--_Amigos!_» dit le patagon, qui avait attendu les voyageurs là où le courant devait les amener, puisqu'il l'y avait conduit lui-même. En ce moment, il enleva Robert Grant dans ses bras sans se douter que Paganel pendait après lui, et il le serra sur sa poitrine. Bientôt, Glenarvan, le major et les marins heureux de revoir leur fidèle guide, lui pressaient les mains avec une vigoureuse cordialité. Puis, le patagon les conduisit dans le hangar d'une estancia abandonnée. Là flambait un bon feu qui les réchauffa, là rôtissaient de succulentes tranches de venaison dont ils ne laissèrent pas miette. Et quand leur esprit reposé se prit à réfléchir, aucun d'eux ne put croire qu'il eût échappé à cette aventure faite de tant de dangers divers, l'eau, le feu et les redoutables caïmans des rivières argentines. Thalcave, en quelques mots, raconta son histoire à Paganel, et reporta au compte de son intrépide cheval tout l'honneur de l'avoir sauvé. Paganel essaya alors de lui expliquer la nouvelle interprétation du document, et quelles espérances elle permettait de concevoir. L'indien comprit-il bien les ingénieuses hypothèses du savant? On peut en douter, mais il vit ses amis heureux et confiants, et il ne lui en fallait pas davantage.

On croira sans peine que ces intrépides voyageurs après leur journée de repos passée sur l'_ombu_, ne se firent pas prier pour se remettre en route. À huit heures du matin, ils étaient prêts à partir.

On se trouvait trop au sud des estancias et des saladeros pour se procurer des moyens de transport.

Donc, nécessité absolue d'aller à pied. Il ne s'agissait, en somme, que d'une quarantaine de milles, et Thaouka ne se refuserait pas à porter de temps en temps un piéton fatigué, et même deux au besoin. En trente-six heures on pouvait atteindre les rivages de l'Atlantique. Le moment venu, le guide et ses compagnons laissèrent derrière eux l'immense bas-fond encore noyé sous les eaux, et se dirigèrent à travers des plaines plus élevées. Le territoire argentin reprenait sa monotone physionomie; quelques bouquets de bois, plantés par des mains européennes, se hasardaient çà et là au-dessus des pâturages, aussi rares, d'ailleurs, qu'aux environs des sierras Tandil et Tapalquem; les arbres indigènes ne se permettent de pousser qu'à la lisière de ces longues prairies et aux approches du cap Corrientes. Ainsi se passa cette journée. Le lendemain, quinze milles avant d'être atteints, le voisinage de l'océan se fit sentir. La _virazon_, un vent singulier qui souffle régulièrement pendant les deuxièmes moitiés du jour et de la nuit, courbait les grandes herbes. Du sol amaigri s'élevaient des bois clairsemés, de petites mimosées arborescentes, des buissons d'acacias et des bouquets de _curra-mabol_. Quelques lagunes salines miroitaient comme des morceaux de verre cassé, et rendirent la marche pénible, car il fallut les tourner. On pressait le pas, afin d'arriver le jour même au lac Salado sur les rivages de l'océan, et, pour tout dire, les voyageurs étaient passablement fatigués, quand, à huit heures du soir, ils aperçurent les dunes de sable, hautes de vingt toises, qui en délimitent la lisière écumeuse. Bientôt, le long murmure de la mer montante frappa leurs oreilles.

«L'océan! s'écria Paganel. --Oui, l'océan!» répondit Thalcave. Et ces marcheurs, auxquels la force semblait près de manquer, escaladaient bientôt les dunes avec une remarquable agilité.

Mais l'obscurité était grande déjà. Les regards se promenèrent en vain sur l'immensité sombre. Ils cherchèrent le _Duncan_, sans l'apercevoir. «Il est pourtant là, s'écria Glenarvan, nous attendant et courant bord sur bord! --Nous le verrons demain», répondit Mac Nabbs.

Tom Austin héla au juger le yacht invisible, mais sans obtenir de réponse. Le vent était d'ailleurs très fort, et la mer assez mauvaise. Les nuages chassaient de l'ouest, et la crête écumante des vagues s'envolait en fine poussière jusqu'au-dessus des dunes. Si donc le _Duncan_ était au rendez-vous assigné, l'homme du bossoir ne pouvait ni être entendu ni entendre. La côte n'offrait aucun abri. Nulle baie, nulle anse, nul port. Pas même une crique. Elle se composait de longs bancs de sable qui allaient se perdre en mer, et dont l'approche est plus dangereuse que celle des rochers à fleur d'eau. Les bancs, en effet, irritent la lame; la mer y est particulièrement mauvaise, et les navires sont à coup sûr perdus, qui par les gros temps viennent s'échouer sur ces tapis de sable. Il était donc fort naturel que le _Duncan_, jugeant cette côte détestable et sans port de refuge, se tînt éloigné. John Mangles, avec sa prudence habituelle, devait s'en élever le plus possible. Ce fut l'opinion de Tom Austin, et il affirma que le _Duncan_ ne pouvait tenir la mer à moins de cinq bons milles. Le major engagea donc son impatient ami à se résigner. Il n'existait aucun moyen de dissiper ces épaisses ténèbres. À quoi bon, dès lors, fatiguer ses regards à les promener sur le sombre horizon?

Ceci dit, il organisa une sorte de campement à l'abri des dunes; les dernières provisions servirent au dernier repas du voyage; puis chacun, suivant l'exemple du major, se creusa un lit improvisé dans un trou assez confortable, et, ramenant jusqu'à son menton l'immense couverture de sable, s'endormit d'un lourd sommeil. Seul Glenarvan veilla. Le vent se maintenait en grande brise, et l'océan se ressentait encore de l'orage passé. Ses vagues, toujours tumultueuses, se brisaient au pied des bancs avec un bruit de tonnerre. Glenarvan ne pouvait se faire à l'idée de savoir le _Duncan_ si près de lui. Quant à supposer qu'il ne fût pas arrivé au rendez-vous convenu, c'était inadmissible. Glenarvan avait quitté la baie de Talcahuano le 14 octobre, et il arrivait le 12 novembre aux rivages de l'Atlantique. Or, pendant cet espace de trente jours employés à traverser le Chili, la cordillère, les pampas, la plaine argentine, le _Duncan_ avait eu le temps de doubler le cap Horn et d'arriver à la côte opposée. Pour un tel marcheur, les retards n'existaient pas; la tempête avait été certainement violente et ses fureurs terribles sur le vaste champ de l'Atlantique, mais le yacht était un bon navire et son capitaine un bon marin. Donc, puisqu'il devait être là, il y était. Ces réflexions, quoi qu'il en soit, ne parvinrent pas à calmer Glenarvan. Quand le cœur et la raison se débattent, celle-ci n'est pas la plus forte. Le «laird» de Malcolm-Castle sentait dans cette obscurité tous ceux qu'il aimait, sa chère Helena, Mary Grant, l'équipage de son _Duncan_. Il errait sur le rivage désert que les flots couvraient de leurs paillettes phosphorescentes. Il regardait, il écoutait. Il crut même, à de certains moments, surprendre en mer une lueur indécise.

«Je ne me trompe pas, se dit-il, j'ai vu un feu de navire, le feu du _Duncan_. Ah! Pourquoi mes regards ne peuvent-ils percer ces ténèbres!»

Une idée lui vint alors. Paganel se disait nyctalope, Paganel y voyait la nuit. Il alla réveiller Paganel. Le savant dormait dans son trou du sommeil des taupes, quand un bras vigoureux l'arracha de sa couche de sable. «Qui va là? s'écria-t-il. --C'est moi, Paganel. --Qui, vous?

--Glenarvan. Venez, j'ai besoin de vos yeux. --Mes yeux? répondit Paganel, qui les frottait vigoureusement.

--Oui, vos yeux, pour distinguer notre _Duncan_ dans cette obscurité. Allons, venez.

--Au diable la nyctalopie!» se dit Paganel, enchanté d'ailleurs, d'être utile à Glenarvan. Et se relevant, secouant ses membres engourdis, «broumbroumant» comme les gens qui s'éveillent, il suivit son ami sur le rivage. Glenarvan le pria d'examiner le sombre horizon de la mer. Pendant quelques minutes, Paganel se livra consciencieusement à cette contemplation.

«Eh bien! N'apercevez-vous rien? demanda Glenarvan.

--Rien! Un chat lui-même n'y verrait pas à deux pas de lui. --Cherchez un feu rouge ou un feu vert, c'est-à-dire un feu de bâbord ou de tribord. --Je ne vois ni feu vert ni feu rouge! Tout est noir!» répondit Paganel, dont les yeux se fermaient involontairement.

Pendant une demi-heure, il suivit son impatient ami, machinalement, laissant tomber sa tête sur sa poitrine, puis la relevant brusquement. Il ne répondait pas, il ne parlait plus. Ses pas mal assurés le laissaient rouler comme un homme ivre.

Glenarvan regarda Paganel. Paganel dormait en marchant.

Glenarvan le prit alors par le bras, et, sans le réveiller, le reconduisit à son trou, où il l'enterra confortablement. À l'aube naissante, tout le monde fut mis sur pied à ce cri: «Le _Duncan!_ le _Duncan!_

--Hurrah! Hurrah!» répondirent à Glenarvan ses compagnons, se précipitant sur le rivage.

En effet, à cinq milles au large, le yacht, ses basses voiles soigneusement serrées, se maintenait sous petite vapeur. Sa fumée se perdait confusément dans les brumes du matin. La mer était forte, et un navire de ce tonnage ne pouvait sans danger approcher le pied des bancs.

Glenarvan, armé de la longue-vue de Paganel, observait les allures du _Duncan_. John Mangles ne devait pas avoir aperçu ses passagers, car il n'évoluait pas, et continuait de courir, bâbord amures, sous son hunier au bas ris. Mais en ce moment, Thalcave, après avoir fortement bourré sa carabine, la déchargea dans la direction du yacht.

On écouta. On regarda surtout. Trois fois, la carabine de l'indien retentit, réveillant les échos des dunes. Enfin, une fumée blanche apparut aux flancs du yacht.

«Ils nous ont vus! s'écria Glenarvan. C'est le canon du _Duncan!_» Et, quelques secondes après, une sourde détonation venait mourir à la limite du rivage. Aussitôt, le _Duncan_, changeant son hunier et forçant le feu de ses fourneaux, évolua de manière à ranger de plus près la côte.

Bientôt, la lunette aidant, on vit une embarcation se détacher du bord.

«Lady Helena ne pourra venir, dit Tom Austin, la mer est trop dure!

--John Mangles non plus, répondit Mac Nabbs, il ne peut quitter son navire.

--Ma sœur! Ma sœur! disait Robert, tendant ses bras vers le yacht qui roulait violemment.

--Ah! Qu'il me tarde d'être à bord! s'écria Glenarvan. --Patience, Edward. Vous y serez dans deux heures», répondit le major.

Deux heures! En effet, l'embarcation, armée de six avirons, ne pouvait en moins de temps accomplir son trajet d'aller et de retour. Alors Glenarvan rejoignit Thalcave, qui les bras croisés, Thaouka près de lui, regardait tranquillement la mouvante surface des flots.

Glenarvan prit sa main, et lui montrant le yacht:

«Viens», dit-il.

L'indien secoua doucement la tête. «Viens, ami, reprit Glenarvan.

--Non, répondit doucement Thalcave. Ici est Thaouka, et là, les pampas!» ajouta-t-il, en embrassant d'un geste passionné l'immense étendue des plaines. Glenarvan comprit bien que l'indien ne voudrait jamais abandonner la prairie où blanchissaient les os de ses pères. Il connaissait le religieux attachement de ces enfants du désert pour le pays natal. Il serra donc la main de Thalcave, et n'insista pas. Il n'insista pas, non plus, quand l'indien, souriant à sa manière, refusa le prix de ses services en disant: «Par amitié.»

Glenarvan ne put lui répondre. Il aurait voulu laisser au moins un souvenir au brave indien qui lui rappelât ses amis de l'Europe. Mais que lui restait-il? Ses armes, ses chevaux, il avait tout perdu dans les désastres de l'inondation. Ses amis n'étaient pas plus riches que lui. Il ne savait donc comment reconnaître le désintéressement du brave guide, quand une idée lui vint à l'esprit. Il tira de son portefeuille un médaillon précieux qui entourait un admirable portrait, un chef-d'œuvre de Lawrence, et il l'offrit à l'indien. «Ma femme», dit-il.

Thalcave considéra le portrait d'un œil attendri, et prononça ces simples mots: «Bonne et belle!»

Puis Robert, Paganel, le major, Tom Austin, les deux matelots, vinrent avec de touchantes paroles faire leurs adieux au patagon. Ces braves gens étaient sincèrement émus de quitter cet ami intrépide et dévoué. Thalcave les pressa tous sur sa large poitrine. Paganel lui fit accepter une carte de l'Amérique méridionale et des deux océans que l'indien avait souvent regardée avec intérêt. C'était ce que le savant possédait de plus précieux. Quant à Robert, il n'avait que ses caresses à donner; il les offrit à son sauveur, et Thaouka ne fut pas oublié dans sa distribution. En ce moment, l'embarcation du _Duncan_ approchait; elle se glissa dans un étroit chenal creusé entre les bancs, et vint bientôt échouer au rivage. «Ma femme? demanda Glenarvan.

--Ma sœur? s'écria Robert. --Lady Helena et miss Grant vous attendent à bord, répondit le patron du canot. Mais partons, votre honneur, nous n'avons pas une minute à perdre, car le jusant commence à se faire sentir.» Les derniers embrassements furent prodigués à l'indien. Thalcave accompagna les amis jusqu'à l'embarcation, qui fut remise à flot. Au moment où Robert montait à bord, l'indien le prit dans ses bras et le regarda avec tendresse. «Et maintenant va, dit-il, tu es un homme!

--Adieu, ami! Adieu! dit encore une fois Glenarvan.

--Ne nous reverrons-nous jamais? s'écria Paganel. --_Quien sabe?»_ répondit Thalcave, en levant son bras vers le ciel.

Ce furent les dernières paroles de l'indien, qui se perdirent dans le souffle du vent. On poussa au large. Le canot s'éloigna, emporté par la mer descendante. Longtemps, la silhouette immobile de Thalcave apparut à travers l'écume des vagues. Puis sa grande taille s'amoindrit, et il disparut aux yeux de ses amis d'un jour. Une heure après, Robert s'élançait le premier à bord du _Duncan_ et se jetait au cou de Mary Grant, pendant que l'équipage du yacht remplissait l'air de ses joyeux hurrahs. Ainsi s'était accomplie cette traversée de l'Amérique du sud suivant une ligne rigoureusement droite. Ni montagnes, ni fleuves ne firent dévier les voyageurs de leur imperturbable route, et, s'ils n'eurent pas à combattre le mauvais vouloir des hommes, les éléments, souvent déchaînés contre eux, soumirent à de rudes épreuves leur généreuse intrépidité.

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PREMIÈRE PARTIE: Chapitre XXVI L'Atlantique PRIMERA PARTE: Capítulo XXVI El Atlántico

Chapitre XXVI _L'Atlantique_ |XXVI| Pendant deux heures, l'_ombu_ navigua sur l'immense lac sans atteindre la terre ferme. |||||navigated|||||||| Les flammes qui le rongeaient s'étaient peu à peu éteintes. ||||were eating|||||extinguished Le principal danger de cette épouvantable traversée avait disparu. Le major se borna à dire qu'il n'y aurait pas lieu de s'étonner si l'on se sauvait. |||limited|||||||||||||saved Le courant, conservant sa direction première, allait toujours du sud-ouest au nord-est. ||maintaining|||||||||||

L'obscurité, à peine illuminée çà et là de quelque tardif éclair, était redevenue profonde, et Paganel cherchait en vain des points de repère à l'horizon. |||illuminated||||||||||||||||||||| La oscuridad, apenas iluminada aquí y allá por algún relámpago ocasional, había vuelto a sus profundidades, y Paganel buscaba en vano puntos de referencia en el horizonte. L'orage touchait à sa fin. Les larges gouttes de pluie faisaient place à de légers embruns qui s'éparpillaient au souffle du vent, et les gros nuages dégonflés se coupaient par bandes dans les hauteurs du ciel. ||drops||||||||spray||scattered|||||||||deflated||were cutting||||||| La marche de l'_ombu_ était rapide sur l'impétueux torrent; il glissait avec une surprenante vitesse, et comme si quelque puissant engin de locomotion eut été renfermé sous son écorce. |||||||||||||||||||||||||||||bark Rien ne prouvait qu'il ne dût pas dériver ainsi pendant des jours entiers. |||||||derive||||| Vers trois heures du matin, cependant, le major fit observer que ses racines frôlaient le sol. |||||||||||||brushed||

Tom Austin, au moyen d'une longue branche détachée, sonda avec soin et constata que le terrain allait en pente remontante. |||||||detached|sounded||||determined|||||||upward En effet, vingt minutes plus tard, un choc eut lieu, et l'_ombu_ s'arrêta net. ||||||||||||||suddenly «Terre! Terre!» s'écria Paganel d'une voix retentissante. |||||resounding L'extrémité des branches calcinées avait donné contre une extumescence du sol. |||calcined|||||swelling|| Jamais navigateurs ne furent plus satisfaits de toucher. L'écueil, ici, c'était le port. Das Hindernis|||| The obstacle|||| Déjà Robert et Wilson, lancés sur un plateau solide, poussaient un hurrah de joie, quand un sifflement bien connu se fit entendre. Le galop d'un cheval retentit sur la plaine, et la haute taille de l'indien se dressa dans l'ombre. |||||||||||||||rose|| «Thalcave! s'écria Robert. --Thalcave! répondirent ses compagnons.

--_Amigos!_» dit le patagon, qui avait attendu les voyageurs là où le courant devait les amener, puisqu'il l'y avait conduit lui-même. Friends|||||||||||||||bring|||||| --Er hatte dort auf die Reisenden gewartet, wo die Strömung sie hinbringen sollte, denn er hatte ihn selbst dorthin geführt. En ce moment, il enleva Robert Grant dans ses bras sans se douter que Paganel pendait après lui, et il le serra sur sa poitrine. ||||lifted|||||||||||||||||||| In diesem Moment entführte er Robert Grant in seine Arme, ohne zu ahnen, dass Paganel nach ihm hing, und drückte ihn an seine Brust. Bientôt, Glenarvan, le major et les marins heureux de revoir leur fidèle guide, lui pressaient les mains avec une vigoureuse cordialité. |||||||||||||||||||vigorous|cordiality Puis, le patagon les conduisit dans le hangar d'une estancia abandonnée. ||||led|||hangar||estate| Là flambait un bon feu qui les réchauffa, là rôtissaient de succulentes tranches de venaison dont ils ne laissèrent pas miette. ||||||||||||||Wildbret|||||| |was blazing||||||heated||were roasting||succulent|||||||||morsel Et quand leur esprit reposé se prit à réfléchir, aucun d'eux ne put croire qu'il eût échappé à cette aventure faite de tant de dangers divers, l'eau, le feu et les redoutables caïmans des rivières argentines. ||||||||||||||||||||||||||||||||Kaimane||| Thalcave, en quelques mots, raconta son histoire à Paganel, et reporta au compte de son intrépide cheval tout l'honneur de l'avoir sauvé. |||||||||||||||tapfer|||||| ||||||||||reported|||||intrepid|||||| Paganel essaya alors de lui expliquer la nouvelle interprétation du document, et quelles espérances elle permettait de concevoir. |||||||||||||||||conceive L'indien comprit-il bien les ingénieuses hypothèses du savant? |||||ingenious||| On peut en douter, mais il vit ses amis heureux et confiants, et il ne lui en fallait pas davantage.

On croira sans peine que ces intrépides voyageurs après leur journée de repos passée sur l'_ombu_, ne se firent pas prier pour se remettre en route. |||||||||||||||||||||be asked||||| À huit heures du matin, ils étaient prêts à partir.

On se trouvait trop au sud des estancias et des saladeros pour se procurer des moyens de transport.

Donc, nécessité absolue d'aller à pied. Il ne s'agissait, en somme, que d'une quarantaine de milles, et Thaouka ne se refuserait pas à porter de temps en temps un piéton fatigué, et même deux au besoin. ||||||||||||||would not||||||||||||||| En trente-six heures on pouvait atteindre les rivages de l'Atlantique. Le moment venu, le guide et ses compagnons laissèrent derrière eux l'immense bas-fond encore noyé sous les eaux, et se dirigèrent à travers des plaines plus élevées. |||||||||||||||drowned|||||||||||| Le territoire argentin reprenait sa monotone physionomie; quelques bouquets de bois, plantés par des mains européennes, se hasardaient çà et là au-dessus des pâturages, aussi rares, d'ailleurs, qu'aux environs des sierras Tandil et Tapalquem; les arbres indigènes ne se permettent de pousser qu'à la lisière de ces longues prairies et aux approches du cap Corrientes. |||||||||||||||||hazarded||||||||||||||||||||||||||||border|||||||||| Ainsi se passa cette journée. Le lendemain, quinze milles avant d'être atteints, le voisinage de l'océan se fit sentir. ||||||reached||||||| La _virazon_, un vent singulier qui souffle régulièrement pendant les deuxièmes moitiés du jour et de la nuit, courbait les grandes herbes. |breeze|||||||||second|halves|||||||curved||| Du sol amaigri s'élevaient des bois clairsemés, de petites mimosées arborescentes, des buissons d'acacias et des bouquets de _curra-mabol_. ||||||lichtbestanden||||||||||||| ||thinned||||sparse|||||||of acacias||||||mabol Quelques lagunes salines miroitaient comme des morceaux de verre cassé, et rendirent la marche pénible, car il fallut les tourner. ||salty||||||||||||||||| On pressait le pas, afin d'arriver le jour même au lac Salado sur les rivages de l'océan, et, pour tout dire, les voyageurs étaient passablement fatigués, quand, à huit heures du soir, ils aperçurent les dunes de sable, hautes de vingt toises, qui en délimitent la lisière écumeuse. |||||||||||Salado|||shores|||||||||||||||||||saw|||||||||||delimit||border|foamy Bientôt, le long murmure de la mer montante frappa leurs oreilles. |||||||rising|struck||

«L'océan! s'écria Paganel. --Oui, l'océan!» répondit Thalcave. Et ces marcheurs, auxquels la force semblait près de manquer, escaladaient bientôt les dunes avec une remarquable agilité. ||walkers||||||||were climbing|||||||agility Y estos caminantes, que parecían quedarse sin fuerzas, no tardaron en subir las dunas con notable agilidad.

Mais l'obscurité était grande déjà. Les regards se promenèrent en vain sur l'immensité sombre. Ils cherchèrent le _Duncan_, sans l'apercevoir. |||||see «Il est pourtant là, s'écria Glenarvan, nous attendant et courant bord sur bord! --Nous le verrons demain», répondit Mac Nabbs.

Tom Austin héla au juger le yacht invisible, mais sans obtenir de réponse. Tom Austin rief nach der unsichtbaren Jacht, erhielt aber keine Antwort. Le vent était d'ailleurs très fort, et la mer assez mauvaise. Les nuages chassaient de l'ouest, et la crête écumante des vagues s'envolait en fine poussière jusqu'au-dessus des dunes. ||||||||schäumende|||||||||| |||||||||||was flying||||||| Las nubes soplaban desde el oeste, y la cresta espumosa de las olas volaba en fino polvo sobre las dunas. Si donc le _Duncan_ était au rendez-vous assigné, l'homme du bossoir ne pouvait ni être entendu ni entendre. |||||||||||Bossen||||||| |||||||||||derrick||||||| Así que si el _Duncan_ estaba en el punto de encuentro acordado, el hombre del pescante no podía ni oírse ni oírse. La côte n'offrait aucun abri. Nulle baie, nulle anse, nul port. |||Bucht|| |||cove|| Pas même une crique. |||Bucht |||cove Elle se composait de longs bancs de sable qui allaient se perdre en mer, et dont l'approche est plus dangereuse que celle des rochers à fleur d'eau. Estaba formado por largos bancos de arena que se perdían en el mar, y cuya aproximación es más peligrosa que la de las rocas a la orilla del agua. Les bancs, en effet, irritent la lame; la mer y est particulièrement mauvaise, et les navires sont à coup sûr perdus, qui par les gros temps viennent s'échouer sur ces tapis de sable. ||||irritate|||||||||||||||||||||||run aground||||| Die Bänke reizen die Klinge, das Meer ist hier besonders schlecht und Schiffe, die bei starkem Seegang auf diesen Sandteppichen stranden, gehen mit Sicherheit verloren. Il était donc fort naturel que le _Duncan_, jugeant cette côte détestable et sans port de refuge, se tînt éloigné. ||||||||judging||||||||||remained| John Mangles, avec sa prudence habituelle, devait s'en élever le plus possible. Ce fut l'opinion de Tom Austin, et il affirma que le _Duncan_ ne pouvait tenir la mer à moins de cinq bons milles. Le major engagea donc son impatient ami à se résigner. Il n'existait aucun moyen de dissiper ces épaisses ténèbres. |||||disperse||thick| À quoi bon, dès lors, fatiguer ses regards à les promener sur le sombre horizon?

Ceci dit, il organisa une sorte de campement à l'abri des dunes; les dernières provisions servirent au dernier repas du voyage; puis chacun, suivant l'exemple du major, se creusa un lit improvisé dans un trou assez confortable, et, ramenant jusqu'à son menton l'immense couverture de sable, s'endormit d'un lourd sommeil. |||organized|||||||||||||||||||||||||dug|||||||||||||chin|||||||| Seul Glenarvan veilla. ||watched Le vent se maintenait en grande brise, et l'océan se ressentait encore de l'orage passé. ||||||||||was felt|||| Ses vagues, toujours tumultueuses, se brisaient au pied des bancs avec un bruit de tonnerre. ||always|||broke||||||||| Glenarvan ne pouvait se faire à l'idée de savoir le _Duncan_ si près de lui. Quant à supposer qu'il ne fût pas arrivé au rendez-vous convenu, c'était inadmissible. |||||||||||||unzulässig Glenarvan avait quitté la baie de Talcahuano le 14 octobre, et il arrivait le 12 novembre aux rivages de l'Atlantique. Or, pendant cet espace de trente jours employés à traverser le Chili, la cordillère, les pampas, la plaine argentine, le _Duncan_ avait eu le temps de doubler le cap Horn et d'arriver à la côte opposée. Or||||||||||||||||||||||||||||||||||| Pour un tel marcheur, les retards n'existaient pas; la tempête avait été certainement violente et ses fureurs terribles sur le vaste champ de l'Atlantique, mais le yacht était un bon navire et son capitaine un bon marin. Donc, puisqu'il devait être là, il y était. Ces réflexions, quoi qu'il en soit, ne parvinrent pas à calmer Glenarvan. Quand le cœur et la raison se débattent, celle-ci n'est pas la plus forte. |||||||debate||||||| Le «laird» de Malcolm-Castle sentait dans cette obscurité tous ceux qu'il aimait, sa chère Helena, Mary Grant, l'équipage de son _Duncan_. |the laird|||||||||||||||||||| Il errait sur le rivage désert que les flots couvraient de leurs paillettes phosphorescentes. |wandered||||||||||||phosphorescent Il regardait, il écoutait. Il crut même, à de certains moments, surprendre en mer une lueur indécise.

«Je ne me trompe pas, se dit-il, j'ai vu un feu de navire, le feu du _Duncan_. I||||||||||||||||| Ah! Pourquoi mes regards ne peuvent-ils percer ces ténèbres!»

Une idée lui vint alors. Paganel se disait nyctalope, Paganel y voyait la nuit. Il alla réveiller Paganel. Le savant dormait dans son trou du sommeil des taupes, quand un bras vigoureux l'arracha de sa couche de sable. |||||||||Maulwürfe|||||||||| The|||||||||moles|||||||||| «Qui va là? s'écria-t-il. --C'est moi, Paganel. --Qui, vous?

--Glenarvan. Venez, j'ai besoin de vos yeux. --Mes yeux? répondit Paganel, qui les frottait vigoureusement. ||||rubbed|

--Oui, vos yeux, pour distinguer notre _Duncan_ dans cette obscurité. Allons, venez.

--Au diable la nyctalopie!» se dit Paganel, enchanté d'ailleurs, d'être utile à Glenarvan. |||nyctalopia||||||||| Et se relevant, secouant ses membres engourdis, «broumbroumant» comme les gens qui s'éveillent, il suivit son ami sur le rivage. ||||||numb|rustling|||||wake||||||| Y poniéndose en pie, sacudiendo sus miembros entumecidos, "tropezando" como la gente que acaba de despertarse, siguió a su amigo hasta la orilla. Glenarvan le pria d'examiner le sombre horizon de la mer. |||to examine|||||| Pendant quelques minutes, Paganel se livra consciencieusement à cette contemplation.

«Eh bien! N'apercevez-vous rien? do you see|| demanda Glenarvan.

--Rien! Un chat lui-même n'y verrait pas à deux pas de lui. --Cherchez un feu rouge ou un feu vert, c'est-à-dire un feu de bâbord ou de tribord. --Je ne vois ni feu vert ni feu rouge! Tout est noir!» répondit Paganel, dont les yeux se fermaient involontairement.

Pendant une demi-heure, il suivit son impatient ami, machinalement, laissant tomber sa tête sur sa poitrine, puis la relevant brusquement. Il ne répondait pas, il ne parlait plus. Ses pas mal assurés le laissaient rouler comme un homme ivre. Seine unsicheren Schritte ließen ihn wie einen Betrunkenen herumfahren.

Glenarvan regarda Paganel. Paganel dormait en marchant.

Glenarvan le prit alors par le bras, et, sans le réveiller, le reconduisit à son trou, où il l'enterra confortablement. ||||||||||||reconduced||||||buried| À l'aube naissante, tout le monde fut mis sur pied à ce cri: «Le _Duncan!_ le _Duncan!_

--Hurrah! Hurrah!» répondirent à Glenarvan ses compagnons, se précipitant sur le rivage. Hurrah||||||||||

En effet, à cinq milles au large, le yacht, ses basses voiles soigneusement serrées, se maintenait sous petite vapeur. Sa fumée se perdait confusément dans les brumes du matin. La mer était forte, et un navire de ce tonnage ne pouvait sans danger approcher le pied des bancs.

Glenarvan, armé de la longue-vue de Paganel, observait les allures du _Duncan_. ||||||||||movements|| John Mangles ne devait pas avoir aperçu ses passagers, car il n'évoluait pas, et continuait de courir, bâbord amures, sous son hunier au bas ris. |||||||||||evolvierte|||||||am Steuerbord|||Hunier||| |||||||||||wasn't evolving|||||||hull|||||| John Mangles no debió de ver a sus pasajeros, porque no se movió y siguió navegando amurado a babor bajo su gavia con rizo bajo. Mais en ce moment, Thalcave, après avoir fortement bourré sa carabine, la déchargea dans la direction du yacht. ||||||||packed|||||||||

On écouta. |listened On regarda surtout. Trois fois, la carabine de l'indien retentit, réveillant les échos des dunes. Enfin, une fumée blanche apparut aux flancs du yacht.

«Ils nous ont vus! s'écria Glenarvan. C'est le canon du _Duncan!_» Et, quelques secondes après, une sourde détonation venait mourir à la limite du rivage. |||||dull||||||||shore Aussitôt, le _Duncan_, changeant son hunier et forçant le feu de ses fourneaux, évolua de manière à ranger de plus près la côte. |||||||forcing|||||||||||||||

Bientôt, la lunette aidant, on vit une embarcation se détacher du bord. |||||||boat||||

«Lady Helena ne pourra venir, dit Tom Austin, la mer est trop dure!

--John Mangles non plus, répondit Mac Nabbs, il ne peut quitter son navire.

--Ma sœur! Ma sœur! disait Robert, tendant ses bras vers le yacht qui roulait violemment. |||||||||was rolling|

--Ah! Qu'il me tarde d'être à bord! ||can't||| Ich kann es kaum erwarten, an Bord zu sein. s'écria Glenarvan. --Patience, Edward. Vous y serez dans deux heures», répondit le major.

Deux heures! En effet, l'embarcation, armée de six avirons, ne pouvait en moins de temps accomplir son trajet d'aller et de retour. ||||||Ruder||||||||||||| ||the boat||||oars||||||||||||| Alors Glenarvan rejoignit Thalcave, qui les bras croisés, Thaouka près de lui, regardait tranquillement la mouvante surface des flots.

Glenarvan prit sa main, et lui montrant le yacht:

«Viens», dit-il.

L'indien secoua doucement la tête. «Viens, ami, reprit Glenarvan.

--Non, répondit doucement Thalcave. Ici est Thaouka, et là, les pampas!» ajouta-t-il, en embrassant d'un geste passionné l'immense étendue des plaines. |||||||||||embracing||||||| Glenarvan comprit bien que l'indien ne voudrait jamais abandonner la prairie où blanchissaient les os de ses pères. ||||||||||||were whitening||||| Il connaissait le religieux attachement de ces enfants du désert pour le pays natal. Il serra donc la main de Thalcave, et n'insista pas. ||||||Thalcave||didn't insist| Il n'insista pas, non plus, quand l'indien, souriant à sa manière, refusa le prix de ses services en disant: |||||||||||||||his|services|| «Par amitié.»

Glenarvan ne put lui répondre. Il aurait voulu laisser au moins un souvenir au brave indien qui lui rappelât ses amis de l'Europe. |||||||||||||reminded|||| Mais que lui restait-il? Aber was blieb ihm übrig? Ses armes, ses chevaux, il avait tout perdu dans les désastres de l'inondation. ||||||||||disasters|| Ses amis n'étaient pas plus riches que lui. Il ne savait donc comment reconnaître le désintéressement du brave guide, quand une idée lui vint à l'esprit. |||||||selflessness|||||||||| Il tira de son portefeuille un médaillon précieux qui entourait un admirable portrait, un chef-d'œuvre de Lawrence, et il l'offrit à l'indien. ||||||medallion|||||||||||Lawrence|||offered|| «Ma femme», dit-il.

Thalcave considéra le portrait d'un œil attendri, et prononça ces simples mots: ||||||erweicht||||| ||||||softened||||| «Bonne et belle!»

Puis Robert, Paganel, le major, Tom Austin, les deux matelots, vinrent avec de touchantes paroles faire leurs adieux au patagon. |||||||||||||touching|||||| Ces braves gens étaient sincèrement émus de quitter cet ami intrépide et dévoué. ||||||||||unerschütterlich|| Thalcave les pressa tous sur sa large poitrine. Paganel lui fit accepter une carte de l'Amérique méridionale et des deux océans que l'indien avait souvent regardée avec intérêt. C'était ce que le savant possédait de plus précieux. Quant à Robert, il n'avait que ses caresses à donner; il les offrit à son sauveur, et Thaouka ne fut pas oublié dans sa distribution. As for|||||||||||||||||||||||| En ce moment, l'embarcation du _Duncan_ approchait; elle se glissa dans un étroit chenal creusé entre les bancs, et vint bientôt échouer au rivage. |||||||||slipped|||||||||||||| «Ma femme? demanda Glenarvan.

--Ma sœur? s'écria Robert. --Lady Helena et miss Grant vous attendent à bord, répondit le patron du canot. Mais partons, votre honneur, nous n'avons pas une minute à perdre, car le jusant commence à se faire sentir.» |||||||||||||Ebbe||||| Les derniers embrassements furent prodigués à l'indien. ||||gespendet|| ||embraces||bestowed|| Thalcave accompagna les amis jusqu'à l'embarcation, qui fut remise à flot. Au moment où Robert montait à bord, l'indien le prit dans ses bras et le regarda avec tendresse. «Et maintenant va, dit-il, tu es un homme!

--Adieu, ami! Adieu! dit encore une fois Glenarvan.

--Ne nous reverrons-nous jamais? |||us| s'écria Paganel. --_Quien sabe?»_ répondit Thalcave, en levant son bras vers le ciel. Who|knows|||||||||

Ce furent les dernières paroles de l'indien, qui se perdirent dans le souffle du vent. On poussa au large. Le canot s'éloigna, emporté par la mer descendante. ||drifted|carried|||| Longtemps, la silhouette immobile de Thalcave apparut à travers l'écume des vagues. Puis sa grande taille s'amoindrit, et il disparut aux yeux de ses amis d'un jour. ||||diminished|||||||||| Dann wurde seine große Gestalt immer kleiner und er verschwand vor den Augen seiner Freunde für einen Tag. Une heure après, Robert s'élançait le premier à bord du _Duncan_ et se jetait au cou de Mary Grant, pendant que l'équipage du yacht remplissait l'air de ses joyeux hurrahs. ||||||||||||||||||||||||filled||||| Ainsi s'était accomplie cette traversée de l'Amérique du sud suivant une ligne rigoureusement droite. Ni montagnes, ni fleuves ne firent dévier les voyageurs de leur imperturbable route, et, s'ils n'eurent pas à combattre le mauvais vouloir des hommes, les éléments, souvent déchaînés contre eux, soumirent à de rudes épreuves leur généreuse intrépidité. ||||||deviate|||||imperturbable||||||||||||||||||||||||||intrepidity