FACILITATEUR 2009-10-03
Blaise Compaoré, chef d'État du Burkina-Faso, vient d'être désigné comme « facilitateur » dans la crise guinéenne. Le mot est étonnant, mais pas tout à fait nouveau. D'ailleurs, Blaise Compaoré a déjà de l'expérience ; il est facilitateur dans la crise togolaise, et aussi en Côte d'Ivoire, pour rendre plus aisé un dialogue inter-ivoirien.
Le sens du mot n'est pas dur à deviner. Le facilitateur est là pour faciliter. Mais justement on sent bien que ce mot est très vague, et que c'est exprès. Le facilitateur est extérieur à la crise. Compaoré n'est ni ivoirien, ni togolais, ni guinéen. Ça compte, il n'est pas vraiment partie prenante dans l'histoire, il n'a pas d'intérêt direct. En même temps, il n'est pas trop étranger à l'affaire : il est Africain.
D'autre part, il est chef d'État, et il a cette expérience de responsable politique. Alors, il peut peut-être faciliter une réconciliation. On utilise le mot en français, car il existe déjà en anglais facilitator , c'est un calque. Il s'agit donc un peu d'un médiateur, mais officieux.
Il n'est pas obligé de mettre en présence ceux qui ne s'entendent pas. Il rencontre les uns, les autres. Et après, hors de sa présence, les gens pourront peut-être se parler plus facilement, car il aura préparé le terrain. Mais dans le choix du mot, on sent bien qu'on a voulu éviter certaines idées.
Le facilitateur n'est pas là pour faire intrusion dans la politique d'un autre pays, pour intervenir de façon directe. Simplement, c'est un peu comme s'il mettait de l'huile aux endroits ou ça coince, et où ça grince.
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