HYPER PRÉSIDENT 2009-10-19
La presse de ces derniers jours a largement commenté une image un peu pâlissante du président de la République française dans l'opinion française, et même dans sa propre famille politique. Et on a pu lire, on a pu entendre, que l'hyper présidence s'essoufflait.
Hyper présidence, hyper président… C'est, en effet, une expression qu'on a bien souvent accolée à Nicolas Sarkozy et à sa façon d'exercer le pouvoir depuis son élection en mai 2008. Et la formule est arrivée très vite, dès les premières semaines de son arrivée aux affaires, comme l'une des manières de qualifier son style. Elle a été d'ailleurs assez partagée par des commentateurs de tout bord, prononcée aussi bien avec admiration qu'avec agacement.
Pourquoi un hyper président ? D'abord, pour souligner la « suractivation » du régime présidentiel. Dès son arrivée, les services présidentiels sont musclés, et le rôle des ministres est plus ou moins mis à distance, notamment celui du premier d'entre eux. Le président veut avoir l'œil sur tout et décider de beaucoup de choses. On se rend donc bien compte que ce préfixe « hyper » sert davantage à qualifier une manière d'illustrer sa fonction qu'à décrire l'homme lui-même.
L'hyper président, c'est d'abord celui qui a dopé la fonction présidentielle, qui a développé son importance. Mais, c'est aussi un homme qui se montre sur tous les fronts, qui veut être partout. C'est une façon d'exprimer l'ubiquité présidentielle, c'est-à-dire donner l'impression qu'on est partout à la fois. Et aussi, une façon de rappeler en filigrane l'un des adjectifs les plus courants formés avec hyper : hyperactif. Ce dernier mot donne d'ailleurs un bon exemple de l'usage du préfixe hyper actuellement. Il sert à fabriquer du superlatif ; hyperactif, c'est-à-dire encore plus que très actif.
Mais la formule « hyper président » marque ! Elle se retient, dans la mesure où le préfix hyper s'utilise pratiquement toujours pour modifier le sens d'un adjectif, et pas d'un nom. Par exemple, hypersensible. Et on a là un seul mot, et non la succession d'un adverbe et d'un adjectif. Ou bien alors de façon plus familière, dans une langue très parlée, on peut dire de quelqu'un « il est hyper gentil, hyper affectueux, hyper prévenant ». C'est un intensif à la mode ! Mais hyper suivi d'un nom, ça, c'est une nouveauté. Et c'est ça qui a valu le succès de cette formule : un hyper président.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/