A quoi ressemblera l'avion du futur ? - Histoire de l'aviation (1)
Mes chers camarades, bien le bonjour ! Vous ne le savez peut-être pas,
et en même temps je ne sais pas comment vous pourriez le savoir, mais une bonne partie de ma
famille travaille ou à travaillé dans l'aviation. Si bien que quand j'étais gamin, je trainais
souvent soit dans les locaux administratifs d'une grande compagnie aérienne française,
soit dans ses ateliers de réparations. Et c'était cool. J'adorai ça les avions ! Et j'aime toujours
ça d'ailleurs ! Mais quand on évoque l'aviation ces dernières années, au-delà du rêve de voler,
on est obligé de se poser la question du coût énergétique de l'avion face aux problèmes
climatiques actuels. Alors qu'est ce qu'il faut faire ? Supprimer l'avion tout simplement ? Ou
tenter de trouver des solutions qui permettent de maintenir une flotte en l'air ? La réponse n'est
pas simple clairement mais ça me donne l'occasion de se pencher sur l'histoire de l'aviation,
une industrie qui a évolué avec la société, autant que la société a évolué grâce à elle.
Il est difficile de donner un point de départ clair et net à l'Histoire de l'aviation,
car depuis des milliers d'années, l'être humain essaie de voler. On retrouve d'ailleurs dans
la mythologie grecque ce vieux fantasme avec le mythe d'Icare, qui finit par se brûler les ailes.
En Chine, 500 ans avant notre ère, les cerfs volants humains, faits de papier et de bambou,
servaient à transporter des soldats ou des éclaireurs dans les airs afin de passer des
obstacles ou repérer plus facilement des troupes ennemies. On raconte même que le tyran Gao Yang
plaçait des prisonniers sur des cerfs volants en papier et les faisait sauter du haut d'une tour.
Selon les historiens chinois, tous les prisonniers auraient péri à l'exception de Yuan Huangtou,
fils de l'empereur déchu Yuan Lang. En sautant de la tour de plus de 30 mètres de haut,
il aurait plané jusqu'à se poser sur une route à 2.5 km de là.
Malheureusement, même s'il a survécu à ce vol,
l'Histoire raconte qu'il est mort de faim en prison...voilà...pas de chance !
Même si ces premiers balbutiements de ce qui deviendra l'aviation se basent tous
sur l'utilisation de la puissance du vent, l'idée d'un engin volant mécanique fleurit
dans l'esprit de nombreux visionnaires, comme Mariano di Jacopo ou Leonard de Vinci, qui vont,
à la renaissance, imaginer toutes sortes de machines volantes. En étudiant les oiseaux,
quelques ingénieurs et férus de science conçoivent des ailes fixées sur les bras humains,
et dessinent même des machines battant des ailes, les ornithoptères. Mais les résultats des essais
sont peu concluants. Il faut attendre l'ère napoléonienne et la révolution industrielle
pour voir arriver de vrais progrès dans le domaine du vol “plus lourd que l'air”.
Oui car même si le vol “plus léger que l'air”,
grâce aux ballons des frères Montgolfier et les ballons à hydrogène qui suivront,
permettent dès le 18ème siècle de s'élever dans le ciel de France, on se creuse encore la tête
pour pouvoir faire des vols contrôlés et plus proches de ceux des oiseaux. Et c'est un français,
puis un allemand, qui vont devenir les premiers vrais pilotes d'essai.
En 1787, le Général Guillaume Resnier de Goué, grand militaire et rêveur,
pense que des soldats ailés pourraient représenter une supériorité sur le champ
de bataille. Très motivé à faire de son projet une réalité, il conçoit d'énormes
ailes en taffetas, fils de fer et plumes. Le premier essai, en 1787, est un échec.
Il faut dire que le gars a simplement essayé de battre des ailes, et rien ne s'est passé.
La seconde fois, il saute du parapet de Beaulieu, et tombe à pic. La troisième, il se jette d'un
pont et tombe dans la charente. Mais la quatrième fois, il saute à nouveau depuis les remparts de
Beaulieu, et réussit à planer sur 30 mètres avant de se poser en contrebas. Cette fois,
il ne s'est cassé qu'une jambe. A 72 ans, il devient le premier pilote d'essais français.
Les vols planés du Général de Goué ne sont pourtant pas aussi médiatisés que
ceux d'Otto Lilienthal, qui près d'un siècle plus tard, aideront
beaucoup plus à comprendre les notions de portance, de traînée et d'aérodynamique.
On peut également citer Louis Mouillard, qui au milieu du 19ème siècle,
grimpe au sommet de l'église de Fourvière, à Lyon, dans le but de s'envoler grâce à
des ailes faites à base de parapluies et de draps. Il est arrêté de justesse par
le sacristain avant de s'élancer. Mais cette expérience ne va pas l'arrêter,
puisqu'il va dédier le reste de sa longue vie à concevoir des planeurs et les tester en Algérie,
en Egypte, et publie un ouvrage déterminant, L'Empire de l'Air, basé sur ses recherches.
Un livre fascinant que vous pouvez retrouver gratuitement
en description. Parce que j'aime faire des cadeaux !
Plus tard, l'Allemand Otto Lilienthal publie en 1889 le livre “Le vol de l'oiseau comme
base de l'aviation” dans lequel, comme tous ses prédécesseurs, il étudie le vol de l'oiseau,
en l'occurrence des cigognes, pour essayer d'en comprendre les mécaniques,
mais cherche aussi à les reproduire. Il passe à la pratique durant les années suivantes,
en s'élançant d‘une colline artificielle près de Berlin.
Pour contrôler le vol plané, il utilise ses
jambes qu'il balance d'un côté ou de l'autre. Et étonnamment, ça marche !
Lilienthal effectue plusieurs milliers de vols
planés et améliore sans cesse ses ailes. Il tient un journal rigoureux de chaque essai,
avec les points à améliorer. La photographie permet également de documenter ses vols.
Mais le pilote d'essai et ingénieur est victime d'un accident fatal le 9 aout 1896,
quand une rafale de vent lui faire perdre le contrôle de son planeur.
Il manquait peu de choses à Lilienthal pour vraiment maîtriser les lois strictes du vol.
A la fin du 19ème siècle, grâce aux travaux de tous ces pionniers, et beaucoup d'autres,
on s'approche vraiment du vol contrôlé, stable, et même motorisé. Une vraie course est lancée,
et de nouveaux pays y participent. En plus du vieux continent, des visionnaires américains et
sud américains essaient eux aussi d'inscrire leur nom dans l'Histoire. Clément Ader le français,
Wilbur et Orville Wright les américains et Santos Dumont le brésilien, travaillent tous sur leurs
prototypes respectifs, et s'observent. Dès 1890, Ader démarre ses essais de l'Avion I, ou Eole,
près de Paris. L'avion fait de petits bonds mais ne parvient pas à s'élever. Il en est de
même pour le prototype III de l'Avion d'Ader, qui est aujourd'hui considéré comme le premier
à avoir réussi un décollage motorisé mais l'appareil n'a fait que sautiller.
Aux Etats-Unis, les frères Wright ont une approche assez différente du vol.
Il construisent une petite soufflerie pour tester les profils d'aile, et expérimentent
le contrôle de leurs créations grâce au vent et à des câbles au sol. Au fil du temps, cela
les mène à créer des planeurs plutôt efficaces, avec l'aide d'un français et pionnier lui aussi,
Octave Chanute. Le planeur Wright 1902 est ce qui se rapproche le plus de l'avion moderne,
avec trois commandes d'axes. Le roulis, pour incliner l'avion à gauche ou à droite, le tangage,
pour le faire piquer ou cabrer, et le lacet, pour le faire osciller horizontalement. Trois axes qui
vont rester un standard de l'aviation jusqu'à aujourd'hui. Ils vont ensuite se pencher sur un
moyen de voler de façon plus longue, et conçoivent eux-même le moteur et les hélices qu'ils vont
ajouter à leur planeur. Le Wright Flyer est né. Propulsé par une catapulte, il réalise
son premier mais court vol le 14 décembre 1903 à Kitty Hawk, en Caroline du nord. Les deux frères
enchainent les essais, ou plutôt les crashs, mais allongent à chaque fois la distance et le temps
de vol. L'année suivante, ils réussissent, avec le Flyer II, un vol en circuit fermé.
Mais la question de qui est le vrai père de l'aviation est encore discuté aujourd'hui. Car
oui, les frères Wright ont réalisé les premiers vols contrôlés et motorisés, mais l'avion était
catapulté depuis une rampe. Clement Ader avait auparavant réalisé le premier vol motorisé et
auto propulsé, mais non contrôlé. Et en 1906, Santos Dumont et son 14 bis réalisent un vol
autopropulsé, motorisé et relativement contrôlé qui est officiellement homologué par l'Aéro-Club
de France. Le débat est donc très chaud, alimenté par les fiertés nationales. D'ailleurs,
c'est pas pour rien si l'Aéroport International de Rio de Janeiro s'appelle Santos Dumont.
Quoi qu'il en soit, s'il y a un lieu dans le monde où l'aviation s'est le plus développé au
début du 20ème siècle, c'est bien la France. Après le succès de leurs premiers modèles,
les Frères Wright s'installent en France, où ils trouvent un environnement plus favorable
à leurs expérimentations et créent la première école d'aviation au monde à Pau. Dès 1909, on
voit fleurir les premiers brevets de pilotes, et les premiers modèles d'avions produits en série,
dont l'iconique Blériot XI. Les premières traversées, les premiers records de distance,
de vitesse et de durée sont sans cesse repoussés par des casse-cou dont les noms resteront gravés
dans l'Histoire, comme Louis Blériot, Roland Garros, Adolphe Pégoud, Henri Farman, ou Glenn
Curtiss. Les femmes aussi accèdent très tôt au pilotage, puisqu'Elise Deroche obtient en 1910
le premier brevet de pilote féminin de l'Histoire. Des disciplines étranges apparaissent, avec les
hydravions en 1910, et la voltige aérienne en 1913. Puis la Première Guerre Mondiale et donne
un coup de boost au développement de l'aviation, d'abord en utilisant les aéronefs comme outil de
reconnaissance, mais aussi de chasse et même de bombardement. C'est lors de ce
conflit que le combat aérien, et ses techniques impressionnantes, naît dans le ciel européen.
Mais tous les avions et leurs pilotes chevronnés et médaillés se retrouvent sans mission quand
la Grande Guerre se termine. Et il faut bien faire quelque chose de ces ressources humaines
et matérielles et on va reconvertir tout ça dans le transport de personnes, et le divertissement.
Les bombardiers deviennent des transporteurs de courrier,
les as du pilotage réalisent des traversées toujours plus folles entre les continents,
et les spectacles aériens fleurissent partout dans le monde. Adrienne Bolland,
aviatrice et résistante française célèbre, est la première femme à effectuer la traversée par
avion de la cordillère des Andes en 1921. Un projet fou grandit aussi dans l'esprit
d'un certain Pierre-Georges Latécoère : Une ligne postale reliant la France au Sénégal,
avec des escales en Espagne et au Maroc. C'est la naissance de la Ligne Latécoère,
et elle va s'étendre jusqu'au Brésil, l'Argentine, les Andes et même la Tierra del Fuego, aux portes
de l'Antarctique. La Ligne est rachetée et renommée Aéropostale, nom aussi iconique
que ceux de ses pilotes, Jean Mermoz, Henri Guillaumet, ou encore Antoine de Saint-Exupéry.
La philosophie de la Ligne est particulière. Quoi qu'il arrive lors des traversées des déserts,
des gigantesques montagnes des andes ou de l'Atlantique Sud : le courrier
vaut plus que la vie du pilote. Le courrier est la priorité.
Les pilotes vont subir des crashs, des prises d'otages par des bédouins,
des tirs sur leur carlingue, mais rien ne les arrête. Le courrier doit arriver. Ce qui amènera
à bâtir un véritable mythe autour de la Ligne, et transformera certains pilotes en légendes.
Imaginez un peu le truc pour les habitants des désert par exemple : vous n'avez jamais vu la
moindre automobile de votre vie et là vous voyez un objet faisant un bruit énorme dans le ciel,
qui se pose dans le désert devant vous, et le gars descend, vétu de cuir et de lunettes étranges,
couvert d'huile, vous offre des biscuits et autres objets, en vous demandant si vous auriez
un peu d'eau ou des outils pour réparer son moteur. On devait les prendre pour des aliens.
D'ailleurs, ces pilotes marqueront les sénégalais, ivoiriens, argentins et brésiliens au point que
de nombreux lycées, monuments, rues et même montagnes portent leurs noms tout le long de la
route qui mène de Toulouse au sud de l'Argentine. L'Aéropostale a clairement contribué à tisser des