Macron en 10 expressions
Ça y est,
les Français et les Françaises ont élu leur nouveau président,
ou plutôt ils l'ont réélu
parce que c'est encore une fois Emmanuel Macron
qui a gagné l'élection présidentielle.
Donc dans cette vidéo, on va voir dix expressions pour mieux le connaître.
On va commencer par un animal : le castor.
Le castor, c'est ce mammifère à queue plate qui vit dans les lacs ou les rivières
et qui est connu pour construire des barrages.
Un barrage, vous avez compris,
c'est une construction pour bloquer ou retenir quelque chose.
Alors là, vous vous demandez sûrement
quel est le rapport entre le castor et Emmanuel Macron.
C'est pas son animal totem mais c'est en partie grâce à lui qu'il a gagné l'élection.
Oui parce que, comme les castors
beaucoup de Français ont voté pour faire barrage,
pour bloquer l'extrême droite.
Ils ont pas élu Macron parce qu'ils étaient d'accord avec son programme
mais uniquement pour faire barrage à Marine Le Pen.
À chaque fois qu'un candidat d'extrême droite arrive au 2nd tour de l'élection présidentielle,
des Français se transforment en castors pour lui faire barrage.
Deuxième mot, le mot «énarque».
Emmanuel Macron est un énarque,
tout comme la moitié des présidents de la Vème République.
Nous avons eu 8 présidents pendant la Vème République
et sur les 8, 4 étaient des énarques.
Un énarque, c'est quelqu'un qui est diplômé de l'ENA,
une école qui forme les hauts fonctionnaires.
Elle était très critiquée à cause de son élitisme
et de son manque de mixité sociale.
Elle avait tendance à reproduire les élites génération après génération.
Donc l'année dernière,
Emmanuel Macron a décidé de la supprimer, de la fermer.
Comme tout le monde, le président français a des tics de langage,
autrement dit des expressions qu'il utilise très souvent, un peu malgré lui.
Son tic de langage le plus connu, c'est «en même temps».
«En même temps», ça permet de concilier deux choses qui semblent opposées.
Par exemple, moi, je pourrais dire :
vous n'avez pas besoin d'apprendre la grammaire pour parler français
mais, en même temps, c'est bien de la connaître.
Quand Emmanuel Macron s'est présenté à l'élection présidentielle en 2017,
il voulait être le candidat de la gauche et, en même temps, de la droite.
Il voulait donner l'impression d'être au-dessus des divisions politiques,
donner l'impression qu'il serait un président pragmatique,
pas un président influencé par une idéologie.
Il faut savoir qu'à l'origine, Emmanuel Macron était membre du Parti Socialiste.
Mais il s'est progressivement déplacé vers la droite pendant son 1er mandat,
et aujourd'hui, il est plutôt considéré comme un président de droite.
Maintenant, on passe à un adjectif qui est souvent utilisé
pour décrire Emmanuel Macron,
l'adjectif «méprisant» qui vient du verbe «mépriser».
Mépriser, c'est le contraire d'estimer ou d'admirer.
Quand on méprise quelqu'un, ça veut dire qu'on n'a aucune estime pour lui.
Une partie des Français trouve qu'Emmanuel Macron est méprisant,
arrogant, condescendant, présomptueux.
Tout ça, ce sont des synonymes.
Par exemple, pendant le débat face à Marine Le Pen
entre les deux tours de l'élection présidentielle,
on pouvait clairement lire sur son visage le mépris qu'il avait pour son adversaire.
Le problème, c'est qu'Emmanuel Macron
ne méprise pas seulement ses adversaires politiques.
Il semble aussi mépriser une partie des Français :
les Français défavorisés, ceux qui appartiennent aux classes populaires.
C'est une forme de mépris qu'on appelle «le mépris de classe»
quand on méprise des gens qui appartiennent
à une classe sociale moins privilégiée que la nôtre.
Ce mépris de classe qu'a Emmanuel Macron,
on l'a vu dans certaines déclarations qu'il a faites pendant son premier mandat.
Je vais vous en citer une qui date de 2017, juste après son élection.
Il faisait un discours pour inaugurer la Station F
un campus de startups au coeur de Paris
dans une ancienne gare.
Et il avait déclaré :
Autrement dit, pour Emmanuel Macron,
si vous n'avez pas de succès professionnel
vous n'êtes rien, vous n'existez pas.
Je vais pas vous lire toutes ses déclarations polémiques
mais je mettrai des liens vers des articles dans la description de la vidéo.
Ce qu'il faut comprendre,
c'est qu'Emmanuel Macron n'a pas beaucoup d'empathie
pour les Français les plus défavorisés.
Il considère que s'ils sont dans cette situation, c'est de leur faute,
c'est parce qu'ils sont paresseux, qu'ils ne veulent pas travailler etc.
Bref, les arguments classiques de la pensée néolibérale.
Au contraire, Emmanuel Macron est plus conciliant
plus accommodant avec les Français aisés, les Français qui ont de l'argent.
Pendant son 1er mandat, il a beaucoup allégé leurs impôts, leurs taxes.
Il a par exemple supprimé l'ISF, l'Impôt de Solidarité sur la Fortune.
Autrement dit, grâce à lui,
les Français les plus riches payent moins d'impôts qu'avant.
À cause de ça, ses opposants lui ont donné le surnom de
«président des riches».
Si Emmanuel Macron a tendance à favoriser les Français les plus riches,
c'est parce qu'il croit à la théorie du ruissellement.
Là aussi, c'est une théorie néolibérale selon laquelle
si les plus riches gagnent encore plus d'argent,
ça bénéficie à l'ensemble de la société
parce que cet argent est investi ou dépensé donc il crée des emplois.
Mais le président français a sa propre version de la théorie du ruissellement :
le «premier de cordée».
C'est une expression qui vient du sport de montagne.
Quand un groupe de personnes escalade une montagne,
elles sont reliées par une corde.
C'est pour ça qu'on appelle ce groupe «la cordée».
Et le premier de cordée, c'est celui qui est devant,
qui ouvre la voie pour les autres et donc qui prend le plus de risques.
Dans la première interview qu'Emmanuel Macron avait donnée en tant que président
il avait déclaré :
autrement dit, c'est tout le groupe qui tombe.
C'était une manière d'expliquer que si on taxe trop les plus riches
tous les Français sont perdants parce qu'on a besoin des plus riches
pour tirer le reste de la société.
Il avait été très critiqué pour cette déclaration
et il avait essayé de l'expliquer différemment ensuite
mais elle a renforcé cette image de «président des riches».
On peut dire que sa petite phrase s'est retournée contre lui.
Oui parce qu'Emmanuel Macron est un adepte des petites phrases.
Il adore utiliser des formules marquantes, des formules qui restent en tête.
Un autre exemple célèbre de ces petites phrases,
c'est quand il a déclaré en 2018 que
les aides sociales coûtaient un «pognon de dingue».
Cette expression, «pognon de dingue»
elle a choqué l'opinion publique pour deux raisons.
La 1ère, c'est qu'elle appartient au registre familier
donc ça fait bizarre de l'entendre dans la bouche d'un président.
«Pognon», c'est un mot d'argot qui signifie «argent»
et «dingue», ça veut dire «fou».
Donc «un pognon de dingue»
c'est une façon familière de dire
«une somme folle d'argent», «beaucoup d'argent».
Et la 2ème chose qui a choqué, c'était évidemment le sens de cette expression.
En disant ça, Emmanuel Macron a stigmatisé les millions de Français
qui ont besoin de ces aides sociales pour survivre.
Mais la polémique ne lui a pas servi de leçon.
En janvier cette année, il a refait la même chose
avec les Français qui ne voulaient pas se faire vacciner contre le covid.
Il a déclaré dans une interview qu'il voulait les «emmerder».
«Emmerder», c'est un verbe très familier qui signifie «embêter» (to bother).
Autrement dit,
Emmanuel Macron voulait rendre la vie des non-vaccinés plus difficile
jusqu'à ce qu'ils acceptent de se faire vacciner.
Là encore, cette déclaration avait choqué tout le monde
à la fois sur la forme et sur le fond,
parce qu'un président n'est pas censé insulter ses citoyens
qu'ils soient vaccinés ou non.
On passe à l'avant-dernière expression qui est aussi apparue
dans la bouche d'Emmanuel Macron pendant la crise du covid :
quoi qu'il en coûte.
C'était un slogan pour dire que
l'État français ferait tout pour sauver les entreprises
peu importe le prix à payer.
Pendant le covid, l'État français s'est endetté massivement
pour aider les entreprises qui étaient en difficulté.
Ça, c'est une expression que vous pouvez utiliser avec d'autres verbes
On va finir avec la petite phrase qui est sûrement la plus célèbre de Macron :
de la poudre de perlimpinpin.
Alors, c'est pas lui qui l'a inventée.
C'est une expression qui existe depuis le XVIIe siècle (au moins)
pour désigner un médicament censé être miraculeux
mais qui en réalité n'a aucun effet.
«Perlimpinpin», ça ne veut rien dire,
c'est juste une sorte de formule magique comme «abracadabra».
Donc «de la poudre de perlimpinpin», ça fait penser à une poudre magique.
Et par extension, on peut l'utiliser pour d'autres choses
pas seulement des médicaments.
C'est une expression un peu vintage
mais qui est redevenue à la mode en 2017
quand Emmanuel Macron l'a utilisée
lors de son premier débat face à Marine Le Pen.
des promesses irréalistes et inefficaces.
Et ça avait marqué les esprits.
Les gens s'étaient même mis à vendre des tshirts et d'autres produits dérivés
avec la petite phrase d'Emmanuel Macron.
D'ailleurs, il a repris la même stratégie
dans son 2ème débat face à Marine Le Pen.
Cette fois, il lui a dit :
Non, on ne les compte pas dans les chiffres du chômage !
Ne faites pas un...
Ils seront contents de l'apprendre !
C'est pas Gérard Majax, ce soir, Madame Le Pen !
Arrêtez, arrêtez ça !
Les chiffres, on parle de vie derrière !
«Ce n'est pas Gérard Majax, ce soir».
Encore une référence à la magie
puisque Gérard Majax est un des magiciens français les plus connus.
Avec ces petites phrases,
Emmanuel Macron veut donner l'impression aux Français
que Marine Le Pen est une charlatane.
Et si on en croit les résultats des deux élections,
sa stratégie a plutôt bien fonctionné.
Voilà, évidemment, on ne peut pas résumer quelqu'un en dix expressions
mais j'espère que vous en savez un peu plus sur le président français.
Et on verra dans cinq ans
quelles seront les nouvelles petites phrases à ajouter à la liste.
Merci et à bientôt !