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innerFrench Podcast - Episodes #97 Onward, #109 - Bienvenue dans l'ère de l'inattention (2)

#109 - Bienvenue dans l'ère de l'inattention (2)

Hugo: [00:12:42] Mais moi, je m'en suis rendu compte quand on a commencé à travailler ensemble et je te donnais un sujet sur lequel travailler. Et assez rapidement, tu me demandais si on pouvait en choisir un deuxième, un troisième, un quatrième et je voyais la liste de sujets qui s'allongeait. Et tu me disais que, voilà, tu travaillais sur tous ces sujets en même temps. Alors que moi, au contraire, je suis plutôt, comment dire, monolithique. Bon, ce n'est pas exactement le mot, mais en général, j'ai du mal à me concentrer sur plusieurs choses en même temps et je préfère faire une seule chose à la fois. Donc quand ensuite tu m'as dit que tu avais eu ce diagnostic, etc., ça ça ne m'a pas trop surpris non plus. Mais est-ce que tu penses que ça t'a posé des problèmes pendant ta scolarité, par exemple ?

Ingrid: [00:13:33] Euh, oui. En fait, c'est sûr, parce que j'ai toujours eu, mais depuis la primaire, ce retour des professeurs qui était que j'étais… Ils pensaient que j'étais flemmarde. Donc « flemmarde », « flemme ». La flemme, c'est plutôt, c'est informel comme mot, ça veut dire, c'est la paresse, donc flemmard, c'est être paresseux. Donc j'ai eu des remarques de professeurs, assez jeune, et assez… après coup, en tant qu'adulte, je me suis rendu compte que c'était des remarques assez traumatisantes. Et qui me donnaient cette impression que, en fait, je n'avais pas de volonté puisque j'ai toujours eu des très bonnes notes, en fait, grâce à mes facilités de compréhension. J'ai de la chance, j'ai de la chance d'être intelligente en fait, mais le travail derrière, j'arrivais pas. Et en fait, j'étais persuadée que c'était un manque de volonté. Parce que quand on te dit « t'as tout le potentiel et dommage que tu ne travailles pas ». Et maintenant je sais que c'était parce que la forme de l'école n'était pas adaptée en fait à ma manière de fonctionner et que je ne pouvais pas tenir la distance comme ça d'apprendre des choses. Donc je le faisais, mais effectivement les profs ils voyaient que j'aurais pu faire plus. Et voilà, c'est quand même assez récent que j'ai appris en fait que ce n'était pas ma faute et qu'en fait ça pouvait devenir une force, à condition justement de le savoir et de pas essayer de rentrer dans des cases qui n'étaient pas faites pour moi.

Hugo: [00:15:15] Et en classe, t'étais souvent distraite ? Ou est-ce que…? Parce que ça devait être pénible pour toi de rester assise sur une chaise toute la journée, avec des cours de 2-3 heures parfois. Ça devait être un supplice.

Ingrid: [00:15:27] Ouais. Non. J'étais très très distraite. Donc un des traits des personnes, des enfants, qui ont un trouble de l'attention Et ça, c'est assez récent parce qu'avant, on ne le savait pas. C'est, et surtout chez les petites filles encore plus, c'est le fait d'être « dans la lune ». Donc « être dans la lune« , c'est une expression, je pense qu'elle est assez claire et j'imagine qu'elle doit exister en plus dans d'autres langues, mais c'est d'être un peu dans son monde, de penser à des choses, voilà, on voit un enfant qui est dans son coin, qui regarde le ciel ou qui regarde par la fenêtre. Voilà, j'étais comme ça. Mais pas parce que j'étais timide ou quoi, parce que ça m'arrivait aussi, j'allais voir les adultes, je leur racontais ma vie. Voilà, c'était pas une forme d'introversion. C'était juste que je pensais à des choses. Et donc oui, effectivement, j'avais oublié ça mais ma mère m'a rappelé que quand j'étais en primaire, au début, on a dû me punir beaucoup pour que je reste assise sur ma chaise, parce que sinon je me levais et il y avait toujours la bibliothèque au fond de la classe, donc moi je me levais, et je me disais « ah tiens, c'est l'heure d'aller lire un livre ». Et il y a des moments où je m'enfermais complètement dans les livres. J'en trouvait un qui m'intéressait et je restais complètement bloquée dessus. Puis il y a d'autres moments où ça ne m'intéressait pas et du coup, bah je me levais pour aussi aller aider les autres en classe, par exemple. Et un truc assez… qui aurait pu, encore une fois alerter, et maintenant les instituteurs, les professeurs le savent, mais c'est que j'ai souvent été obligée de rester pendant la cour de récréation, donc pendant le temps de pause, pour faire les devoirs que je n'avais pas faits pendant la classe. Et donc souvent je me rappelle que je restais avec ce petit garçon qui, lui, avait des grosses difficultés d'apprentissage. Donc moi j'étais dans les premiers de la classe, souvent première ou deuxième de la classe, et lui dernier qui a dû redoubler etc., et donc c'était assez quand même…. C'était assez spécial, non, normalement voilà, lui il avait des difficultés et moi c'était juste : « ah bah j'ai oublié de le faire. J'étais en train de faire autre chose. J'ai écrit un texte pendant ce temps, pas du tout ce que vous aviez demandé, mais… » Donc voilà. C'était assez évident. Mais à l'époque, ça ne se savait pas. Et voilà donc…

Hugo: [00:17:58] C'est vrai que pour les professeurs, les élèves comme toi, ça doit être les plus difficiles à « gérer » entre guillemets, parce qu'il faut constamment les stimuler. Ils comprennent les choses beaucoup plus rapidement, mais il faut continuer d'expliquer au reste de la classe. Et c'est vrai que c'est plus facile de se dire « bon bah c'est un élève qui n'est pas discipliné ou qui est flemmard », comme tu as dit, plutôt que d'essayer d'aller un peu plus loin et de se dire « bah peut-être qu'il y a quelque chose comme voilà, des troubles de l'attention ou quelque chose de plus sérieux », en fait.

Ingrid: [00:18:33] Ouais, c'est pour ça que moi, quand j'ai été diagnostiquée au début, je me suis dit que c'était un peu… je ne voulais pas trop en parler parce que, je ne sais pas, je ne voulais pas donner l'impression, voilà de parler, de… Je ne sais pas, j'avais un petit peu, ce n'est pas honte, mais je me disais « je ne veux pas en faire des tonnes ». Mais après, je me suis rendu compte que…

Hugo: [00:18:53] Ça c'est une bonne expression, pardon. « En faire des tonnes » ?

Ingrid: [00:18:55] « En faire des tonnes« , c'est quoi ? C'est exagérer, ou c'est un peu attirer l'attention sur soi. Et je sais qu'en fait, je pense que comme on se moque souvent, il y a souvent des moqueries envers les personnes qui, par exemple les parents qui diagnostiquent à tout-va leur leurs enfants, en disant « ah mon enfant est surdoué ou quoi », je n'avais pas envie, voilà, que des personnes puissent me juger. Mais finalement, j'ai envie d'en parler parce que j'ai envie que les gens puissent savoir que ça existe et que peut-être, il y ait des enfants qui aujourd'hui… voilà, si parmi nos auditeurs, il y a des parents ou des grands-parents qui reconnaissent peut-être leurs petits-enfants, leurs enfants, en sachant que c'est génétique. Et en sachant aussi que c'est quelque chose qui est très courant en fait : il y a 5 à 10% la population, donc c'est « anormal » entre guillemets, parce que c'est hors norme, mais c'est pas si anormal, c'est juste… On en reparlera après, mais c'est quelque chose qui est assez normal dans le développement humain. Donc voilà.

Hugo: [00:20:03] J'ai l'impression que c'est peut-être plus problématique pour les Français parce qu'on a tendance à… Dans l'éducation, on a tendance à considérer que les enfants sont des petits adultes et qu'ils doivent se comporter… assez rapidement, on leur demande d'être capables de se comporter comme des adultes, de rester… Bon, c'est moins le cas maintenant, c'était un peu plus l'éducation à l'ancienne mais à l'époque de mes parents, je sais que quand ils étaient enfants, leurs parents les emmenaient au restaurant. Ils devaient rester assis à table avec les adultes pendant des heures, ne pas bouger, ne pas faire de bruit et, voilà, ne pas déranger les adultes. Et un enfant qui a justement du mal à rester en place, etc, c'est tout de suite un enfant problématique en fait, qu'on considère comme problématique. Alors que j'ai l'impression que dans d'autres pays c'est quelque chose qui est plus accepté. On laisse plus de liberté aux enfants et c'est peut-être plus facile justement de les diagnostiquer qu'en France où, voilà, on considère juste que c'est un enfant problématique en fait.

Ingrid: [00:21:13] Oui. Ouais, ouais, c'est vrai. Et toi quand tu étais enfant, du coup, tu… pas du tout de problème ? C'est quelque chose vraiment qui est arrivé récemment ? Ça t'est tombé dessus ?

Hugo: [00:21:22] Ouais, ouais. Non, moi, quand j'étais enfant, tu pouvais me laisser dans un coin pendant des heures et oublier que j'existais. Vraiment, j'étais… J'étais assez calme. Et je n'avais pas de problèmes non plus de concentration. Donc à l'école, ça a toujours été assez facile pour moi. Mais peut-être pour des raisons inverses, dans le sens où, voilà, j'avais… Je faisais toujours mes devoirs, j'étais toujours bien concentré. Je n'oubliais jamais quand il y avait quelque chose à faire pour le lendemain, etc. Donc j'étais très scolaire en fait.

[00:21:55] Et les problèmes ont commencé, je ne sais pas si c'est vraiment avec la pandémie ou un peu avant, mais globalement quand… avec InnerFrench, en fait. Quand l'entreprise s'est développée, où j'ai commencé à avoir de plus en plus de choses à gérer. Et plus de pression aussi. Quand je voyais que l'audience grandissait, que les gens comptaient sur moi, qu'il fallait publier un nouvel épisode, une nouvelle vidéo, aider les élèves dans les cours, gérer l'entreprise, la comptabilité. Moi, j'en ai déjà parlé pas mal dans le podcast, je me suis déjà plaint assez souvent. Mais là, c'est devenu un peu difficile de me concentrer. Et justement, dans le livre, j'ai appris que l'anxiété, c'est un facteur qui augmente le risque d'être distrait, en fait. Donc quand on est anxieux, on est plus susceptible d‘être distrait, et c'est assez visible, s'il y a des étudiants qui nous écoutent, vous avez un devoir à terminer pour le lendemain, et si c'est quelque chose qui vous rend anxieux, vous allez avoir tendance à passer du temps sur votre téléphone, dès qu‘il y a une notification ou quelque chose, à arrêter ce que vous êtes en train de faire et à regarder ce qui se passe sur votre téléphone au lieu de faire votre devoir. On appelle souvent ça de la procrastination, mais en fait, c'est une forme de distraction et c'est une façon pour certaines personnes de gérer leur anxiété, en fait, en étant distrait, tout simplement. Donc… Et ça, ça a été amplifié après avec la pandémie, pour d'autres raisons qu'on évoquera peut-être ensuite, mais le fait de ne pas pouvoir sortir, de ne pas pouvoir faire de sport, tout ça, c'est aussi des facteurs qui détériorent notre capacité de concentration. Et voilà, ça a fait un cocktail un peu explosif qui fait que maintenant, j'ai l'impression que, vraiment, ma capacité de concentration a beaucoup baissé comparé à il y a 3-4 ans.

Ingrid: [00:24:05] Et c'est-à-dire ? Ça se manifeste comment, exactement ?

Hugo: [00:24:09] Bah typiquement, pour préparer un épisode du podcast, pour prendre cet exemple, au début je pouvais faire un épisode, l'écrire du début à la fin et l'enregistrer en une journée. Et maintenant, c'est impossible, ça me prend minimum une semaine parce qu'il y a plein d'autres choses à faire en même temps, que c'est impossible pour moi de rester 1 heure sur un document, j'ai.. Voilà, je vais aller regarder les mails, s'il n'y a pas quelque chose d'urgent à faire, etc. Donc ouais, c'est vraiment devenu plus compliqué.

Ingrid: [00:24:40] Hmm. Et du coup tu penses que c'est problématique maintenant ? C'est quelque chose qu'il faut que…? Ou tu réussis à te dire que tu fais plein de choses en même temps et…?


#109 - Bienvenue dans l'ère de l'inattention (2) #109 - Welcome to the age of inattention (2) #109 - Bienvenidos a la era de la falta de atención (2) #109 - Bem-vindo à era da desatenção (2)

Hugo: [00:12:42] Mais moi, je m'en suis rendu compte quand on a commencé à travailler ensemble et je te donnais un sujet sur lequel travailler. Hugo: [00:12:42] But I realized that when we started working together and I gave you something to work on. Et assez rapidement, tu me demandais si on pouvait en choisir un deuxième, un troisième, un quatrième et je voyais la liste de sujets qui **s'allongeait**. Et tu me disais que, voilà, tu travaillais sur tous ces sujets en même temps. And you were telling me that, well, you were working on all these subjects at the same time. Alors que moi, au contraire, je suis plutôt, comment dire, monolithique. Bon, ce n'est pas exactement le mot, mais en général, j'ai du mal à me concentrer sur plusieurs choses en même temps et je préfère faire une seule chose à la fois. Donc quand ensuite tu m'as dit que tu avais eu ce diagnostic, etc., ça ça ne m'a pas trop surpris non plus. So when afterwards you told me that you had this diagnosis, etc., that didn't surprise me too much either. Mais est-ce que tu penses que ça t'a posé des problèmes pendant ta scolarité, par exemple ?

Ingrid: [00:13:33] Euh, oui. En fait, c'est sûr, parce que j'ai toujours eu, mais depuis la primaire, ce retour des professeurs qui était que j'étais… Ils pensaient que j'étais flemmarde. In der Tat sicher, denn ich hatte immer, aber seit der Grundschule, dieses Feedback von den Lehrern, wer ich war, wer ich war … Sie dachten, ich sei faul. In fact, that's for sure, because I've always had, but since primary school, this feedback from teachers that I was... They thought I was lazy. Donc « flemmarde », « flemme ». **La flemme**, c'est plutôt, c'est informel comme mot, ça veut dire, c'est la paresse, donc **flemmard**, c'est être paresseux. Donc j'ai eu des remarques de professeurs, assez jeune, et assez… après coup, en tant qu'adulte, je me suis rendu compte que c'était des remarques assez traumatisantes. So I had some remarks from teachers, quite young, and quite... afterwards, as an adult, I realized that they were quite traumatic remarks. Et qui me donnaient cette impression que, en fait, je n'avais pas de volonté puisque j'ai toujours eu des très bonnes notes, en fait, grâce à mes facilités de compréhension. Und was mir den Eindruck vermittelte, dass ich eigentlich keinen Willen hatte, da ich dank meiner Auffassungsgabe eigentlich immer sehr gute Noten hatte. J'ai de la chance, j'ai de la chance d'être intelligente en fait, mais le travail derrière, j'arrivais pas. Ich habe Glück, ich habe Glück, eigentlich schlau zu sein, aber die Arbeit dahinter, ich konnte es nicht. Et en fait, j'étais persuadée que c'était un manque de volonté. Und tatsächlich war ich überzeugt, dass es am Willen mangelte. And in fact, I was convinced it was a lack of willpower. Parce que quand on te dit « t'as tout le potentiel et **dommage** que tu ne travailles pas ». Denn wenn die Leute dir sagen „Du hast das ganze Potenzial und es ist eine Schande, dass du nicht arbeitest“. Et maintenant je sais que c'était parce que la forme de l'école n'était pas adaptée en fait à ma manière de fonctionner et que je ne pouvais pas tenir la distance comme ça d'apprendre des choses. Und jetzt weiß ich, dass es daran lag, dass die Form der Schule eigentlich nicht an meine Arbeitsweise angepasst war und dass ich nicht so weit gehen konnte, um Dinge zu lernen. And now I know that it was because the form of the school was not adapted in fact to my way of functioning and that I could not go the distance like that to learn things. Donc je le faisais, mais effectivement les profs ils voyaient que **j'aurais pu faire plus**. Das tat ich, aber die Lehrer sahen tatsächlich, dass ich mehr hätte tun können. Et voilà, c'est quand même assez récent que j'ai appris en fait que ce n'était pas ma faute et qu'en fait ça pouvait devenir une force, à condition justement de le savoir et de pas essayer de **rentrer dans des cases** qui n'étaient pas faites pour moi. Und da ist es, egal, dass ich erst kürzlich gelernt habe, dass es nicht meine Schuld war und dass es tatsächlich eine Stärke werden könnte, wenn man es genau weiß und nicht versucht, in nicht gemachte Kisten zu geraten Für mich. And there it is, it's all the same quite recently that I learned in fact that it wasn't my fault and that in fact it could become a strength, on condition precisely of knowing it and not trying to get into boxes that were not made for me.

Hugo: [00:15:15] Et en classe, t'étais souvent distraite ? Ou est-ce que…? Oder ist …? Or is…? Parce que ça devait être **pénible** pour toi de rester assise sur une chaise toute la journée, avec des cours de 2-3 heures parfois. Ça devait être **un supplice**. It must have been torture.

Ingrid: [00:15:27] Ouais. Non. J'étais très très distraite. Ich war sehr sehr abgelenkt. Donc un des traits des personnes, des enfants, qui ont un trouble de l'attention Et ça, c'est assez récent parce qu'avant, on ne le savait pas. So one of the traits of people, of children, who have an attention disorder And that's quite recent because before, we didn't know it. C'est, et surtout chez les petites filles encore plus, c'est le fait d'être « dans la lune ». Es ist, und besonders bei kleinen Mädchen noch mehr, die Tatsache, „im Mond“ zu sein. It is, and especially with little girls even more, it is the fact of being "in the moon". Donc « **être dans la lune**« , c'est une expression, je pense qu'elle est assez claire et j'imagine qu'elle doit exister en plus dans d'autres langues, mais c'est d'être un peu dans son monde, de penser à des choses, voilà, on voit un enfant qui est dans son coin, qui regarde le ciel ou qui regarde par la fenêtre. So "to be in the moon" is an expression, I think it is quite clear and I imagine that it must also exist in other languages, but it is to be a little in its world, to think about things, here we see a child who is in his corner, looking at the sky or looking out the window. Voilà, j'étais comme ça. Well, I was like that. Mais pas parce que j'étais **timide** ou quoi, parce que ça m'arrivait aussi, j'allais voir les adultes, je leur racontais ma vie. Aber nicht, weil ich schüchtern war oder so, weil es mir auch passiert ist, bin ich zu den Erwachsenen gegangen, ich habe ihnen von meinem Leben erzählt. Voilà, c'était pas une forme d'introversion. That was not a form of introversion. C'était juste que je pensais à des choses. It was just that I was thinking about things. Et donc oui, effectivement, j'avais oublié ça mais ma mère m'a rappelé que quand j'étais en primaire, au début, on a dû **me punir** beaucoup pour que je reste assise sur ma chaise, parce que sinon je me levais et il y avait toujours la bibliothèque au fond de la classe, donc moi je me levais, et je me disais « ah tiens, c'est l'heure d'aller lire un livre ». And so yes, indeed, I had forgotten that but my mother reminded me that when I was in primary school, at the beginning, they had to punish me a lot to keep me sitting on my chair, because otherwise I would get up and there was always the library at the back of the class, so I got up, and I said to myself “oh hey, it's time to go read a book”. Et il y a des moments où je m'enfermais complètement dans les livres. Und es gibt Zeiten, in denen ich mich komplett in die Bücher einschließe. And there are times when I completely lock myself in the books. J'en trouvait un qui m'intéressait et je restais complètement bloquée dessus. Ich fand einen, der mich interessierte, und ich war völlig daran hängen. I found one that interested me and I was completely stuck on it. Puis il y a d'autres moments où ça ne m'intéressait pas et du coup, bah je me levais pour aussi aller aider les autres en classe, par exemple. Dann gab es andere Zeiten, wo es mich nicht interessierte und plötzlich, naja, ich stand auf, um zum Beispiel auch anderen im Unterricht zu helfen. Then there were other times when I wasn't interested, so I'd get up and help others in class, for example. Et un truc assez… qui aurait pu, encore une fois alerter, et maintenant les instituteurs, les professeurs le savent, mais c'est que j'ai souvent été obligée de rester pendant **la cour de récréation**, donc pendant le temps de pause, pour faire les devoirs que je n'avais pas faits pendant la classe. Und eins genug... das hätte mal wieder alarmieren können, und jetzt wissen es die Lehrer, die Lehrer, aber es ist, dass ich oft gezwungen war, während des Spielplatzes, also in der Pause, zu bleiben, um die Hausaufgaben zu machen Ich hatte es im Unterricht nicht getan. And one thing enough... which could have, once again, alerted, and now the teachers, the teachers know it, but it is that I was often obliged to stay during the playground, so during the break time, to do the homework I hadn't done in class. Et donc souvent je me rappelle que je restais avec ce petit garçon qui, lui, avait des grosses difficultés d'apprentissage. Und so erinnere ich mich oft, dass ich bei diesem kleinen Jungen blieb, der große Lernschwierigkeiten hatte. And so I often remember that I stayed with this little boy who had major learning difficulties. Donc moi j'étais dans les premiers de la classe, souvent première ou deuxième de la classe, et lui dernier qui a dû **redoubler** etc., et donc c'était assez quand même…. Ich war also Klassenbester, oft Erster oder Zweiter in der Klasse, und er war der Letzte, der wiederholen musste usw., und so reichte es trotzdem…. C'était assez spécial, non, normalement voilà, lui il avait des difficultés et moi c'était juste : « ah bah j'ai oublié de le faire. Es war schon etwas Besonderes, nein, normalerweise hatte er hier Schwierigkeiten und mir war es nur: „Ach, ich habe vergessen, es zu tun. It was quite special, no, normally here, he had difficulties and me it was just: “ah well I forgot to do it. J'étais en train de faire autre chose. J'ai écrit un texte pendant ce temps, pas du tout ce que vous aviez demandé, mais… » Donc voilà. Ich habe in dieser Zeit einen Text geschrieben, ganz und gar nicht das, wonach du gefragt hast, aber …“ Hier ist er also. I wrote a text during this time, not at all what you asked for, but…” So here it is. C'était assez évident. It was quite obvious. Mais à l'époque, ça ne se savait pas. Aber damals war es nicht bekannt. But at the time, it was not known. Et voilà donc… Und hier ist es also…

Hugo: [00:17:58] C'est vrai que pour les professeurs, les élèves comme toi, ça doit être les plus difficiles à « gérer » entre guillemets, parce qu'il faut constamment les stimuler. Hugo: [00:17:58] It's true that for teachers, students like you, it must be the most difficult to "manage" in quotes, because you have to constantly stimulate them. Ils comprennent les choses beaucoup plus rapidement, mais il faut continuer d'expliquer au reste de la classe. They understand things much more quickly, but you have to keep explaining to the rest of the class. Et c'est vrai que c'est plus facile de se dire « bon bah c'est un élève qui n'est pas discipliné ou qui est flemmard », comme tu as dit, plutôt que d'essayer d'aller un peu plus loin et de se dire « bah peut-être qu'il y a quelque chose comme voilà, des troubles de l'attention ou quelque chose de plus sérieux », en fait. Und es ist wahr, dass es einfacher ist, sich zu sagen "naja, er ist ein Student, der nicht diszipliniert ist oder der faul ist", wie Sie gesagt haben, anstatt zu versuchen, ein bisschen mehr wegzugehen und zu denken "naja, vielleicht gibt es so etwas, Aufmerksamkeitsstörungen oder etwas Ernsteres", in der Tat. And it's true that it's easier to say to yourself "well, he's a student who is not disciplined or who is lazy", as you said, rather than trying to go a little more away and to think "well maybe there is something like that, attention deficit or something more serious", in fact.

Ingrid: [00:18:33] Ouais, c'est pour ça que moi, quand j'ai été diagnostiquée au début, je me suis dit que c'était un peu… je ne voulais pas trop en parler parce que, je ne sais pas, je ne voulais pas donner l'impression, voilà de parler, de… Je ne sais pas, j'avais un petit peu, **ce n'est pas honte**, mais je me disais « je ne veux pas en faire des tonnes ». Ingrid: [00:18:33] Ja, deshalb dachte ich, als ich am Anfang diagnostiziert wurde, dass es ein bisschen … Ich wollte nicht zu viel darüber reden, weil ich, ich weiß nicht, Ich wollte nicht den Eindruck erwecken, hier rede ich von ... ich weiß nicht, ich hatte ein bisschen, es ist mir nicht peinlich, aber ich sagte mir: "Ich will keine Tonnen machen." . Ingrid: [00:18:33] Yeah, that's why me, when I was diagnosed at first, I thought it was a little… I didn't want to talk about it too much because, I I don't know, I didn't want to give the impression, here I was talking, of... I don't know, I had a little bit, it's not ashamed, but I said to myself "I don't want to make tons ". Mais après, je me suis rendu compte que… But then I realized that...

Hugo: [00:18:53] Ça c'est une bonne expression, pardon. Hugo: [00:18:53] That's a good expression, sorry. « En faire des tonnes » ? “Make tons of it”?

Ingrid: [00:18:55] « **En faire des tonnes**« , c'est quoi ? Ingrid: [00:18:55] “Make tons of it“, what is it? C'est exagérer, ou c'est un peu attirer l'attention sur soi. It's exaggerating, or it's a little drawing attention to yourself. Et je sais qu'en fait, je pense que comme on se moque souvent, il y a souvent **des moqueries** envers les personnes qui, par exemple les parents qui diagnostiquent **à tout-va** leur leurs enfants, en disant « ah mon enfant est **surdoué** ou quoi », je n'avais pas envie, voilà, que des personnes puissent me juger. Und ich weiß das in der Tat, ich denke, dass, wie wir uns oft lustig machen, es oft Spott gibt gegenüber Menschen, die zum Beispiel Eltern, die ihre Kinder um jeden Preis diagnostizieren, sagen, indem sie sagen: "Ach, mein Kind ist hochbegabt oder was", ich habe es getan Ich will nicht, dass die Leute mich verurteilen. And I know that in fact, I think that as we often make fun of, there is often mockery towards people who, for example parents who diagnose their children at all costs, saying "ah my child is gifted or what", I didn't want people to judge me. Mais finalement, j'ai envie d'en parler parce que j'ai envie que les gens puissent savoir que ça existe et que peut-être, il y ait des enfants qui aujourd'hui… voilà, si parmi nos auditeurs, il y a des parents ou des grands-parents qui reconnaissent peut-être leurs petits-enfants, leurs enfants, en sachant que c'est génétique. Et en sachant aussi que c'est quelque chose qui est très **courant** en fait : il y a 5 à 10% la population, donc c'est « anormal » entre guillemets, parce que c'est hors norme, mais c'est pas si anormal, c'est juste… On en reparlera après, mais c'est quelque chose qui est assez normal dans le développement humain. And knowing also that it's something that's actually very common: there's 5 to 10% of the population, so it's "abnormal" in quotes, because it's out of the ordinary, but it's not if abnormal, it's just… We'll talk about that later, but it's something that's fairly normal in human development. Donc voilà. So here is.

Hugo: [00:20:03] J'ai l'impression que c'est peut-être plus problématique pour les Français parce qu'on a tendance à… Dans l'éducation, on a tendance à considérer que les enfants sont des petits adultes et qu'ils doivent se comporter… assez rapidement, on leur demande d'être capables de se comporter comme des adultes, de rester… Bon, c'est moins le cas maintenant, c'était un peu plus l'éducation à l'ancienne mais à l'époque de mes parents, je sais que quand ils étaient enfants, leurs parents les emmenaient au restaurant. Hugo: [00:20:03] I have the impression that it is perhaps more problematic for the French because we tend to... In education, we tend to consider that children are small adults and that they have to behave... fairly quickly, they are asked to be able to behave like adults, to stay... Well, that's less the case now, it was a little more education to the old way, but in my parents' time, I know that when they were children, their parents took them to restaurants. Ils devaient rester assis à table avec les adultes pendant des heures, ne pas bouger, ne pas faire de bruit et, voilà, ne pas déranger les adultes. Et un enfant qui a justement du mal à rester en place, etc, c'est tout de suite un enfant problématique en fait, qu'on considère comme problématique. And a child who has trouble staying in place, etc., is immediately a problematic child in fact, who is considered problematic. Alors que j'ai l'impression que dans d'autres pays c'est quelque chose qui est plus accepté. While I have the impression that in other countries it is something that is more accepted. On laisse plus de liberté aux enfants et c'est peut-être plus facile justement de les diagnostiquer qu'en France où, voilà, on considère juste que c'est un enfant problématique en fait. Wir lassen den Kindern mehr Freiheit und es ist vielleicht einfacher, sie zu diagnostizieren als in Frankreich, wo wir, nun ja, wir denken einfach, dass es sich tatsächlich um ein problematisches Kind handelt. We leave more freedom to the children and it is perhaps easier to diagnose them than in France where, well, we just consider that it is a problematic child in fact.

Ingrid: [00:21:13] Oui. Ouais, ouais, c'est vrai. Et toi quand tu étais enfant, du coup, tu… pas du tout de problème ? Und du, als du ein Kind warst, plötzlich, du… überhaupt kein Problem? And you when you were a child, suddenly, you… no problem at all? C'est quelque chose vraiment qui est arrivé récemment ? Ça t'est tombé dessus ? Did it fall on you?

Hugo: [00:21:22] Ouais, ouais. Non, moi, quand j'étais enfant, tu pouvais me laisser dans un coin pendant des heures et oublier que j'existais. No, me, when I was a child, you could leave me in a corner for hours and forget that I existed. Vraiment, j'étais… J'étais assez calme. Et je n'avais pas de problèmes non plus de concentration. And I had no problems concentrating either. Donc à l'école, ça a toujours été assez facile pour moi. So at school, it was always quite easy for me. Mais peut-être pour des raisons inverses, dans le sens où, voilà, j'avais… Je faisais toujours mes devoirs, j'étais toujours bien concentré. Aber vielleicht aus den gegenteiligen Gründen, in dem Sinne, dass ich … ich hatte immer meine Hausaufgaben gemacht, ich war immer gut konzentriert. But maybe for the opposite reasons, in the sense that, well, I had… I was always doing my homework, I was always well concentrated. Je n'oubliais jamais quand il y avait quelque chose à faire pour le lendemain, etc. I never forgot when there was something to do for the next day, etc. Donc j'étais très scolaire en fait. So I was very academic actually.

[00:21:55] Et les problèmes ont commencé, je ne sais pas si c'est vraiment avec la pandémie ou un peu avant, mais globalement quand… avec InnerFrench, en fait. [00:21:55] And the problems started, I don't know if it's really with the pandemic or a little before, but generally when… with InnerFrench, in fact. Quand l'entreprise s'est développée, où j'ai commencé à avoir de plus en plus de choses à gérer. As the company grew, I began to have more and more things to manage. Et plus de pression aussi. Quand je voyais que l'audience grandissait, que les gens comptaient sur moi, qu'il fallait publier un nouvel épisode, une nouvelle vidéo, aider les élèves dans les cours, gérer l'entreprise, **la comptabilité**. When I saw that the audience was growing, that people were counting on me, that it was necessary to publish a new episode, a new video, to help the students in class, to manage the business, the accounts. Moi, j'en ai déjà parlé pas mal dans le podcast, **je me suis déjà plaint** assez souvent. Ich habe im Podcast schon ziemlich viel darüber gesprochen, ich habe mich schon ziemlich oft beschwert. I've already talked about it a lot in the podcast, I've already complained quite often. Mais là, c'est devenu un peu difficile de me concentrer. But there, it became a little difficult to concentrate. Et justement, dans le livre, j'ai appris que l'anxiété, c'est un facteur qui augmente le risque d'être distrait, en fait. Und genau, in dem Buch habe ich gelernt, dass Angst ein Faktor ist, der das Risiko erhöht, abgelenkt zu werden. And in the book, I learned that anxiety is a factor that increases the risk of being distracted, in fact. Donc quand on est anxieux, **on est plus susceptible d**‘être distrait, et c'est assez visible, s'il y a des étudiants qui nous écoutent, vous avez un devoir à terminer pour le lendemain, et si c'est quelque chose qui vous rend anxieux, vous allez avoir tendance à passer du temps sur votre téléphone, **dès qu**‘il y a une notification ou quelque chose, à arrêter ce que vous êtes en train de faire et à regarder ce qui se passe sur votre téléphone au lieu de faire votre devoir. So when you're anxious you're more likely to be distracted, and it's quite noticeable, if there are students listening to you, you have an assignment to finish for the next day, and if that's something that makes you anxious, you're going to tend to spend time on your phone, as soon as there's a notification or something, stop whatever you're doing and watch what's happening on your phone at the instead of doing your homework. On appelle souvent ça de la procrastination, mais en fait, c'est une forme de distraction et c'est une façon pour certaines personnes de gérer leur anxiété, en fait, en étant distrait, tout simplement. Donc… Et ça, ça a été amplifié après avec la pandémie, pour d'autres raisons qu'on évoquera peut-être ensuite, mais le fait de ne pas pouvoir sortir, de ne pas pouvoir faire de sport, tout ça, c'est aussi des facteurs qui détériorent notre capacité de concentration. Also ... Und das wurde später mit der Pandemie verstärkt, aus anderen Gründen, die wir später diskutieren werden, aber die Tatsache, nicht ausgehen zu können, nicht in der Lage zu sein, Sport zu treiben, all das sind auch Faktoren, die unsere Fähigkeit verschlechtern zu konzentrieren. Et voilà, ça a fait un cocktail un peu explosif qui fait que maintenant, j'ai l'impression que, vraiment, ma capacité de concentration a beaucoup baissé comparé à il y a 3-4 ans.

Ingrid: [00:24:05] Et c'est-à-dire ? Ça se manifeste comment, exactement ? How does it manifest, exactly?

Hugo: [00:24:09] Bah typiquement, pour préparer un épisode du podcast, pour prendre cet exemple, au début je pouvais faire un épisode, l'écrire du début à la fin et l'enregistrer en une journée. Et maintenant, c'est impossible, ça me prend minimum une semaine parce qu'il y a plein d'autres choses à faire en même temps, que c'est impossible pour moi de rester 1 heure sur un document, j'ai.. Voilà, je vais aller regarder les mails, s'il n'y a pas quelque chose d'urgent à faire, etc. Donc ouais, c'est vraiment devenu plus compliqué.

Ingrid: [00:24:40] Hmm. Et du coup tu penses que c'est problématique maintenant ? Du denkst also, es ist jetzt ein Problem? So you think it's a problem now? C'est quelque chose qu'il faut que…? It's something that you have to...? Ou tu réussis à te dire que tu fais plein de choses en même temps et…? Oder schaffst du es dir einzureden, dass du viele Dinge gleichzeitig machst und…? Or do you manage to tell yourself that you are doing a lot of things at the same time and…?