Arts de l'Islam : les expositions dévoilées par la commissaire
Arts de l'Islam, un passé pour un présent
est une opération ambitieuse
qui a pour objectif de mieux faire comprendre
la civilisation islamique.
Il s'agit concrètement d'organiser dans 18 villes,
partout sur le territoire français, y compris dans les DOM-TOM,
18 expositions.
Ces expositions sont ce que j'appelle souvent
des dispositifs éducatifs et culturels.
Ils sont constitués de 3 modules,
10 œuvres, une scénographie de mise en contexte,
un voyage dans les pays d'origine de ces œuvres,
et un espace de discussion.
Faire une exposition selon le dispositif
qui va être déployé dans 18 villes
a consisté, donc, à choisir 10 œuvres par ville.
Ces 10 œuvres sont 10 ambassadeurs.
Chaque ambassadeur portant, je dirais, un message culturel
autour de la civilisation islamique.
D'abord montrer que l'Islam, ça n'est pas,
contrairement souvent aux préjugés,
que la culture arabe,
c'est aussi l'Iran, c'est aussi la Turquie,
c'est aussi les fameuses oasis qui font rêver,
comme Samarcande et Boukhara, en Asie centrale,
et c'est bien sûr aussi l'Afrique.
Ce qu'on veut montrer aussi,
c'est que l'art islamique, comme l'art français,
comme l'art européen, peut être
de l'art religieux, mais peut aussi être
de l'art profane
quand il vient des décors de palais.
Finalement, on n'est pas, comme on le dit
depuis quelques années si facilement, dans un choc
de civilisations.
Ce qu'on veut montrer, c'est aussi le dialogue,
et de montrer le lien
qu'il y a eu, mais depuis le début, depuis le Moyen Âge,
entre l'Europe
et ce monde islamique.
Pour nous, il est aussi important de parler, d'une certaine manière,
avec cet héritage français,
d'un Islam de France.
Dans chaque ville, vous aurez en partie des collections
de la ville où s'organise l'exposition.
On est allé
chercher aussi
les collections régionales proches.
À Dijon,
nous aurons la chance
de montrer un Coran monumental de la bibliothèque
de Dole, composé en Égypte au XIVe siècle.
Et puis, bien sûr,
les collections nationales, je pense à la collection
du Louvre, mais aussi aux collections extraordinaires
du musée de l'Armée,
mais aussi du Quai Branly,
de la Bibliothèque nationale de France.
Je dirais qu'il y a notamment deux histoires
qui résument cet héritage français des œuvres d'art islamique.
Le premier, c'est le lien
entre l'Église chrétienne dès le Moyen Âge
et les pays orientaux.
Toute la chrétienté d'Occident était fascinée
par les objets de luxe
que pouvaient produire
les ateliers royaux,
les ateliers des sultans,
des empereurs.
Ils achetaient les plus beaux objets
du monde.
Et cet engouement de l'Orient que les Européens découvrent
à travers les voyages,
mais qu'ils découvrent aussi à travers
ce qu'on appelle ces fameuses Expositions
universelles
dès la fin du XVIIIe siècle, qui vont permettre
à ces pays d'envoyer des objets de luxe
qu'ils vont montrer en vitrine.
Tout le monde voudra chez lui, à la maison,
un salon décoré à la manière orientale,
avec des tapis,
avec des objets.
Tous ces objets se retrouvent aujourd'hui
très souvent dans nos musées.
Les artistes contemporains que nous avons choisis,
on les a voulus divers.
Pour moi, il y a clairement deux générations.
Il y a la génération d'artistes absolument reconnus.
Je pense à l'artiste émirien décédé, Hassan Sharif.
Mais nous avons aussi voulu donner la place
à une génération plus jeune d'artistes,
à celle qui est en plein épanouissement aujourd'hui.
Je pense, bien sûr, à Katia Kameli
et cette jeune artiste, Lena Merhej,
qui vient, donc, du Liban.
Arts de l'Islam, un passé pour un présent
véhicule un autre espoir, de montrer,
notamment dans la création artistique présente dans ces 18 expositions,
que le présent peut, quand on sait le regarder
et quand on veut le voir,
peut être aussi glorieux
et autant source de fierté que le passé de cette civilisation.
Sous-titrage ST' 501