Journal en français facile 12 septembre 2018
Romain Auzouy : Vous écoutez RFI il est 22h à Paris, 20h en temps universel. C'est l'heure de retrouver votre Journal en français facile. Présenté en compagnie de Sylvie Berruet, bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Romain, bonsoir à tous.
RA : À la une de l'actualité : l'ouragan Florence qui s'apprête à frapper la côte Est des États-Unis. Il a baissé d'intensité, mais reste très puissant. Plus d'un million et demi de personnes ont dû quitter leur maison.
SB : La commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie annonce un nombre record de déplacés. Un million de Syriens qui ont fui les combats. C'est du jamais vu depuis le début de la guerre.
RA : Et puis Vladimir Poutine qui annonce avoir trouvé les suspects dans l'affaire Skripal. Du nom de cet ancien agent russe empoisonné à Londres. Les autorités britanniques dénoncent des mensonges.
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SB : Des vents de 220 km/h. L'ouragan Florence devrait toucher la côte est des États-Unis demain jeudi.
RA : Et voilà comment le gouverneur de Caroline du Nord qualifie Florence : « le désastre est à notre porte et il s'apprête à entrer », a-t-il déclaré. La Caroline du Nord qui est l'un des quatre États américains placés en alerte, avec la Caroline du Sud, la Virginie et la Géorgie. Ce soir l'ouragan a été rétrogradé c'est-à-dire qu'il a perdu de sa puissance, il est désormais classé en catégorie trois sur cinq. Il s'annonce malgré tout extrêmement puissant, et un million 700mille personnes sont en cours d'évacuation. C'est le cas de cet homme Randal Wallace qui vit en Caroline du Nord. Il a mis du temps avant d'accepter de partir. On l'écoute.
« Je suis encore dans ma maison, je pensais que l'ouragan aller toucher la Caroline du Nord un peu plus haut, donc j'avais prévu de rester et j'étais bien préparé : j'ai fait le plein d'eau, des lampes torches, des batteries, beaucoup de nourriture, donc si ça avait été une tempête comme on en a l'habitude, j'aurais survécu même avec une panne d'électricité de plusieurs jours. Mais bon, ce n'est pas une situation normale. Maintenant, je dois me décider sur la destination. Le problème c'est que j'ai toute ma famille à Hartsville, en Floride. C'est à deux heures d'ici dans les terres, mais maintenant il semble que l'ouragan ait changé de direction et qu'il va passer par là-bas aussi, donc tous les endroits où je pourrais aller sont sur le passage de l'ouragan Florence. J'ai longtemps hésité à partir, parce que ça fait 37 ans que je vis dans cette maison, j'ai travaillé pour l'acheter, j'ai fini de la payer, c'est toute ma vie. Je pense que je vais prendre quelques photos, et puis surtout des vêtements, et l'essentiel pour survivre, parce que bon, j'ai en tête les images de Homestead en Floride, après que l'ouragan Andrew a frappé et il ne reste plus rien. Cette fois, c'est ici que ça risque de faire mal. » RA : Le témoignage de Randal Wallace, habitant de Caroline du Nord et qui doit quitter sa maison pour fuir l'arrivée de l'ouragan Florence. Propos recueillis par Carlotta Morteo.
SB : L'alerte en Syrie. Crimes de guerre, utilisation de bombes au chlore. Voilà ce qui ressort du dernier rapport de la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie.
RA : Et malheureusement ce rapport n'est pas une surprise. On y apprend également que sur les six premiers mois de l'année, un million de Syriens ont dû quitter leur foyer à cause des offensives du régime et de ses alliés. C'est du jamais vu depuis le début de la guerre. Correspondance à Genève de Jérémie Lanche. 6 millions et demi de déplacés internes en Syrie. C'est presque le tiers de la population du pays avant le début du conflit. Un grand nombre d'entre eux ont été déplacés à plusieurs reprises. Parfois, à la faveur d'accord entre le régime et les groupes rebelles. Notamment vers la province d'Idlib. Pour le président de la commission d'enquête, Paulo Pinheiro, la lutte contre les groupes terroristes ne peut justifier un bain de sang : « Ce qui saute aux yeux, c'est le nombre de ces terroristes à Idlib. Combien sont-ils ? Vous n'en avez pas plus de 10 000. Donc vous allez combattre 10 000 personnes et ce sont les 3 millions de civils [qui vont payer] ? Tous les désastres [que nous avons vu en Syrie] seront bien maigres au regard de ce qui risque d'arriver à Idlib ». Autre risque. Celui de voir le régime syrien utiliser à nouveau des bombes au chlore. Mais qu'on ne s'y trompe pas, a dit un membre de la commission. Les vraies lignes rouges, ce ne sont pas les attaques aux armes chimiques. Mais toutes les attaques contre les civils. Jérémie Lanche, Genève, RFI.
SB : Le Parlement européen lance une procédure contre la Hongrie.
RA : c'est une initiative inédite : cet après-midi les députés européens ont voté une résolution qui prévoit de sanctionner la Hongrie. Le pays dirigé par le Premier ministre Viktor Orban qui mène une politique discriminatoire à l'égard des migrants. Les autorités hongroises dénoncent une « petite vengeance des politiciens pro-immigration ». Tandis que la France salue un signal très fort du Parlement européen à travers ce vote.
SB : RFI 23h à Moscou. La Russie affirme avoir trouvé les suspects de l'affaire Skripal.
RA : Affaire du nom de cet ancien espion russe empoisonné à Londres, ce qui avait provoqué une grave crise diplomatique entre la Russie et la Grande-Bretagne. Pour les autorités britanniques, les responsables sont des officiers du service de renseignement militaire russe. Ce n'est pas l'avis de Vladimir Poutine, le Président russe s'est exprimé aujourd'hui, affirmant que les suspects ont été identifiés, et qu'il s'agit de civils. À Moscou pour RFI, Daniel Vallot.
« Nous savons de qui il s'agit, nous les avons trouvés », a d'abord déclaré Vladimir Poutine. Ajoutant aussitôt : « nous espérons qu'ils apparaitront eux même au grand jour pour dire qui ils sont ». Le président russe n'a donné aucun autre détail sur les deux suspects, dont les noms ou les pseudonymes ont été révélés la semaine dernière par les enquêteurs britanniques. « Ce sont des civils bien évidemment », a simplement déclaré le président russe qui a ajouté « je vous assure qu'il n'y a là rien de criminel ». En clair Vladimir Poutine affirme que les deux hommes existent, qu'ils ont été identifiés et retrouvé, mais il ne reconnaît absolument pas leur culpabilité, et dément tout lien avec les services de renseignements militaires. Des deux hommes on ne sait donc quasiment rien. Hormis les informations livrées par les autorités britanniques, et celles très parcellaires débusquées par la presse russe, notamment le site d'information Fontanka, qui affirme avoir trouvé l'appartement moscovite enregistré au nom de l'un des deux hommes. Si Vladimir Poutine affirme aujourd'hui que les deux suspects ont été retrouvés, cela ne veut pas dire pour autant, bien au contraire, que la Russie s'apprêter à les arrêter et encore moins à les extrader. Daniel Vallot Moscou RFI.
RA : Et Londres a réagi aux déclarations de Vladimir Poutine. Dénonçant « des mensonges ». Et continuant d'affirmer que les responsables de l'empoisonnement sont des officiers du service de renseignement militaire russe.
SB : Et puis une caricature qui fait polémique en Australie.
RA : une caricature c'est un dessin qui exagère volontairement certains détails. Là il s'agit d'une caricature de la joueuse de tennis Serena Williams. L'Américaine qui a été battue dimanche dernier en finale de l'US Open après avoir critiqué l'arbitrage. Le dessin qui fait polémique est signé Mark Knight, célèbre caricaturiste du Herald Sun. Un dessin qui est jugé raciste. Les explications à Melbourne de Caroline Lafargue.
Sous le trait de l'Australien Mark Knight, Serena Williams, surdimensionnée, est dotée d'une bouche énorme, elle trépigne de rage sur sa raquette. Une façon de critiquer, je cite le caricaturiste du Herald Sun, « le mauvais comportement » de la joueuse de tennis, qui contestait les décisions de l'arbitre. Mais pour de nombreux observateurs, comme l'écrivain britannique JK Rowling ou la fille de Martin Luther King, la bouche très épaisse de Serena Williams est un stéréotype raciste. Autre cliché : celui de la femme noire en colère, sauvage et bestiale. L'ouragan de la polémique est parti de Grande-Bretagne et des États-Unis. En Australie aussi, le dessin révolte beaucoup de journalistes et d'intellectuels. Mais beaucoup d'Australiens manquent de références pour comprendre cette indignation... la preuve : les articles explicatifs pullulent pour faire un peu d'histoire, évoquer par exemple les caricatures des Noirs américains à grosses lèvres au XIXe siècle. De leur côté tous les médias australiens conservateurs montent au créneau pour soutenir le caricaturiste, au nom de la liberté d'expression. Encouragé, le Herald Sun, republie la caricature de Serena Williams en une, entourée d'autres dessins, dont un de Trump. Objectif : montrer que tous les personnages sont traités avec la même vigueur que la joueuse de tennis. Melbourne, Caroline Lafargue, RFI.
SB : Et puis la mort de Rachid Taha d'une crise cardiaque. Le chanteur français d'origine algérienne avait 59 ans.
RA : L'une des dernières figures du rock français dans les années 80. Rachid Taha est ensuite devenu une voix du raï. Voici l'un de ses morceaux les plus connus, la reprise de la chanson « Douce France » de Charles Trénet.