VACANCES 2009-08-07
« Vive les vacances ! Fini les pénitences ! Les cahiers au feu, la maîtresse au milieu ! » On la connaît cette comptine, apparemment violente, mais que les enfants chantent avec le sourire – on sait bien que c'est pour de faux, comme on dit dans les cours de récréation. Cette comptine, donc, marque la fin des classes et le début des vacances, enfin des vacances scolaires. Celles qu'on appelle communément « les grandes vacances », qui ne se limitent pas au mois d'août, mais couvrent largement deux mois : juillet et août. On voit bien le sens particulier qu'a l'expression pour désigner ce moment qui sépare deux années scolaires. Parfois d'ailleurs, on appelle « petites vacances » les périodes de la Toussaint, ou de mardi-gras. Mais la formule est un peu ancienne. Elle date de l'époque où les vacances dites de Noël et de Pâques étaient sensiblement plus longues que les quelques jours que les écoliers avaient début novembre ou mi-février. Quant au mot « vacances » lui-même, il a pris un sens particulier en fonction de son emploi et même de son nombre. Peut-on dire que le mot ne s'emploie qu'au pluriel ? Oui, d'une certaine façon. Le mot « vacance », au singulier, existe bien, mais avec un sens tout différent. On peut donc dire qu'il existe deux mots différents, bien qu'ils soient homonymes : ils se prononcent de la même façon, mais ont des identités différentes. La vacance, c'est au départ le fait d'être vacant, c'est-à-dire vide. Les deux mots appartiennent à la même famille. Mais en français, ce terme de « vacance » n'a jamais de sens concret. Une bouteille n'est pas vacante quand il n'y a rien dedans. En revanche, un poste est vacant quand personne ne remplit sa charge. Et le mot prend alors une fonction assez administrative. Il y a vacance de poste après une démission, une mutation, un départ à la retraite ou un décès. Le poste existe toujours, indépendamment de la personne qui y travaille. La chaise est là, si vous voulez, mais il n'y a personne dessus. Donc on peut postuler pour être nommé à ce poste. On voit bien à quel point ce vocabulaire renvoie à une tradition administrative, où la règle est importante.
Et c'est justement dans une telle administration, la juridique, qu'on a commencé à mettre un « s » au mot « vacance ». Pas seulement dans un but pluriel, car bien sûr, on peut parler de plusieurs vacances de poste. Mais en utilisant de manière autonome le mot au pluriel.
A la fin du XVIe siècle, les vacances commencent à désigner les périodes où les tribunaux ne siègent pas. De fil en aiguille, le mot va s'appliquer aux jours de congé, pendant lesquels on ne travaille pas. Et tout doucement, on va glisser vers le monde de l'école. Les vacances modernes sont nées, et ricocheront vers les adultes. Eux aussi ont parfois besoin de vacances, et les méritent.
Mais ce terme se spécialise pour désigner une période, pas seulement un jour : le dimanche, traditionnellement chômé, n'est pas un jour de vacances, mais un jour de repos qui rythme les périodes de travail. Et même aujourd'hui, où les jours de repos sont la plupart du temps au nombre de deux par semaine (le week-end occidental), on n'appelle pas ça des vacances. Au contraire, si on a son week-end, c'est qu'on est au sein d'une période de travail. En revanche, quand on est dans une période de vacances, où on ne travaille pas durant les jours ordinairement travaillés (les jours ouvrés, comme on disait), eh bien là, on ne parle pas vraiment de week-end, puisque ce week-end ressemble au reste de la semaine.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/