La véritable histoire du Roi Arthur - Nota Bene (3)
et ses compagnons sont issus des quartiers pauvres de Londinium. Parmi ce groupe qui
grimpe un à un, à l'instar des self-made-men célébrés aux Etats-Unis, les échelons
sociaux, on trouve des personnages joués par des acteurs d'origines africaines comme
Djimon Hounsou. Pour Forbush, la vraie Avalon se situe « sur
les rivages du Nouveau Monde ». Très vite, ces propos inspirent aux Américains l'idée
qu'ils incarnent une chevalerie porteuse non plus des valeurs de l'aristocratie,
mais de l'idéal démocratique. Les soldats du général Pershing partie pour la France
durant la Grande Guerre sont ainsi comparés à des croisés. Vingt ans plus tard, lorsqu'il
s'agit d'imaginer une allégorie du soldat luttant contre les nazis, les deux auteurs
de comics Joe Simon et Jack Kirby s'inspirent directement d'un chevalier arthurien pour
créer Captain America en le dotant d'ailleurs d'un bouclier rappelant fortement un écu
médiéval. Par la suite, lors de la guerre froide, tandis que la bande dessinée Prince
Valiant connaît un immense succès, on produit un grand nombre de films ou de séries télévisées
arthuriennes pour mettre en valeur le combat contre le bloc soviétique. Dans nombre de
ses œuvres, les chevaliers de la Table ronde doivent lutter contre des traîtres infiltrés
dans la cour même de Camelot, en écho à la chasse aux communistes qui fait alors rage
aux États-Unis . Mais à la fin des années 1950, cette vague
« chevaleresque » va s'épuiser parce qu'elle met surtout en avant une version
guerrière du mythe. Déjà, durant l'entre-deux-guerre, les
auteurs anglais, sonnés par l'horreur des tranchées, avaient déjà arrêté de rêver
aux exploits des chevaliers pour mettre en scène des versions plus apaisées de la légende
de Camelot. L'écrivain britannique T. H. White imagine ainsi à partir de 1938 une
variante du mythe dans laquelle il ridiculise les militaires et met en avant la personne
du roi Arthur, qui, éduqué par un Merlin venu du futur, veut faire de Camelot une société
progressiste. Les quatre romans qu'il écrit, intitulé en anglais Le roi qui fut et qui
sera, exerce encore aujourd'hui une énorme influence dans le monde anglo-saxon au point
d'inspirer J. K. Rowlings, la créatrice d'Harry Potter. Le premier tome a été
mis en scène en dessin animé par la firme Disney sous le titre de Merlin l'enchanteur
en 1963. Sans doute le disney que j'ai le plus limé
quand j'étais gamin je vous le cache pas…
Mais c'est surtout l'adaptation de l'œuvre de White à Broadway en 1960, sous le titre
de Camelot, qui va faire parler d'elle et qui va entamer ce troisième temps de la diffusion
du cycle de Camelot dans la société américaine. On y voit le jeune Arthur (joué par Richard
Burton) tenter de créer avec l'aide de Guenièvre (incarnée par Julie Andrews) un
royaume idéal. Comme dans la légende, c'est un échec qui, trois ans après la première
représentation, renvoie tragiquement à l'actualité. En effet, une semaine après l'assassinat
du président John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963, sa veuve, Jackie, donne
une interview au très populaire magazine Life où elle dit ceci.
« Quand Jack citait quelque chose, c'était souvent une référence classique […], mais,
j'ai honte de moi, tout ce dont je peux me rappeler ce sont ces vers d'une comédie
musicale. La nuit, alors que nous nous apprêtions à nous coucher, Jack aimait écouter quelques
disques, et la chanson qu'il aimait le plus venait de ce disque […] : « Fais qu'on
n'oublie pas / Qu'il y a eu un moment / Un bref instant lumineux qui se nommait
Camelot » […] Il y aura de nouveau des grands présidents […], mais il n'y aura
pas d'autre Camelot. »
ça n'a l'air de rien comme ça, mais ce propos, devenu célèbre (on le retrouve
par exemple dans le film Jackie sorti en 2016), lie définitivement le mythe du roi Arthur
et celui de Kennedy. Désormais, aux États-Unis, le terme Camelot est associé au début des
années 1960, à une époque qui, dans le roman national américain, est vu comme un
temps d'espoir et de progrès social, notamment concernant le droit des minorités avec la
marche de Washington en août 1963 où Martin Luther King prononça son fameux discours
« J'ai fait un rêve ». Résultat, aux USA le mythe arthurien s'ancre à gauche
au point que l'on compare la campagne de certains jeunes candidats démocrates à la
présidence à un retour à « l'ère de Camelot ».
Par exemple, on l'a dit pour Bill Clinton en 1992 et pour Barrack Obama en 2008...
On le voit, de Twain à Kennedy, en passant par Forbush et Kirby, les États-Unis sont
devenus, de très loin, le pays le plus arthurien au monde. Leur culture populaire, présente
sur l'ensemble du globe, notamment à partir des années 1950, a permis de diffuser largement
la légende de Camelot. Sous son influence, le Japon produit ainsi depuis les années
1970 ses propres versions de la Table ronde avec des mangas comme Fate/Stay Night, des
jeux vidéo comme Sonic et le chevalier noir (2009) ou des films comme Avalon (2001). En
France, s'est notamment en regardant des longs-métrages comme Sacré Graal ! des
Monty Python ou Excalibur de John Boorman que le grand public s'est intéressé à
la légende. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la série télévisée Kaamelott
est parsemée de références à la culture pop américaine, notamment aux jeux de rôle
qui ont tiré profit du mythe depuis les années 1970.
Désormais, ce mythe se décline dans le monde entier, sur de nombreux supports différents,
accessible à toutes et à tous. Oui, vraiment, l'âge d'or de Camelot, c'est définitivement
maintenant.
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