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Trois contes (1877) - Flaubert, La légende de saint Julien l’Hospitalier - Chapitre 1 (1)

La légende de saint Julien l'Hospitalier - Chapitre 1 (1)

I.Le père et la mère de Julien habitaient un château, au milieu des bois, sur la pente d'une colline.

Les quatre tours aux angles avaient des toits pointus recouverts d'écailles de plomb, et la base des murs s'appuyait sur les quartiers de rocs, qui dévalaient abruptement jusqu'au fond des douves.

Les pavés de la cour étaient nets comme le dallage d'une église. De longues gouttières, figurant des dragons la gueule en bas, crachaient l'eau des pluies vers la citerne ; et sur le bord des fenêtres, à tous les étages, dans un pot d'argile peinte, un basilic ou un héliotrope s'épanouissait.

Une seconde enceinte, faite de pieux, comprenait d'abord un verger d'arbres à fruits, ensuite un parterre où des combinaisons de fleurs dessinaient des chiffres, puis une treille avec des berceaux pour prendre le frais, et un jeu de mail qui servait au divertissement des pages. De l'autre côté se trouvaient le chenil, les écuries, la boulangerie, le pressoir et les granges. Un pâturage de gazon vert se développait tout autour, enclos lui-même d'une forte haie d'épines.

On vivait en paix depuis si longtemps que la herse ne s'abaissait plus ; les fossés étaient pleins d'eau ; des hirondelles faisaient leur nid dans la fente des créneaux, et l'archer qui tout le long du jour se promenait sur la courtine, dès que le soleil brillait trop fort rentrait dans l'échauguette, et s'endormait comme un moine.

À l'intérieur, les ferrures partout reluisaient ; des tapisseries dans les chambres protégeaient du froid ; et les armoires regorgeaient de linge, les tonnes de vin s'empilaient dans les celliers, les coffres de chêne craquaient sous le poids des sacs d'argent.

On voyait dans la salle d'armes, entre des étendards et des mufles de bêtes fauves, des armes de tous les temps et de toutes les nations, depuis les frondes des Amalécites et les javelots des Garamantes jusqu'aux braquemarts des Sarrasins et aux cottes de mailles des Normands.

La maîtresse broche de la cuisine pouvait faire tourner un bœuf ; la chapelle était somptueuse comme l'oratoire d'un roi. Il y avait même, dans un endroit écarté, une étuve à la romaine ; mais le bon seigneur s'en privait, estimant que c'est un usage des idolâtres.

Toujours enveloppé d'une pelisse de renard, il se promenait dans sa maison, rendait la justice à ses vassaux, apaisait les querelles de ses voisins. Pendant l'hiver, il regardait les flocons de neige tomber, ou se faisait lire des histoires. Dès les premiers beaux jours, il s'en allait sur sa mule le long des petits chemins, au bord des blés qui verdoyaient, et causait avec les manants, auxquels il donnait des conseils. Après beaucoup d'aventures, il avait pris pour femme une demoiselle de haut lignage.

Elle était très blanche, un peu fière et sérieuse. Les cornes de son hennin frôlaient le linteau des portes ; la queue de sa robe de drap traînait de trois pas derrière elle. Son domestique était réglé comme l'intérieur d'un monastère ; chaque matin elle distribuait la besogne à ses servantes, surveillait les confitures et les onguents, filait à la quenouille ou brodait des nappes d'autel. À force de prier Dieu, il lui vint un fils.

Alors il y eut de grandes réjouissances, et un repas qui dura trois jours et quatre nuits, dans l'illumination des flambeaux, au son des harpes, sur des jonchées de feuillages. On y mangea les plus rares épices, avec des poules grosses comme des moutons ; par divertissement, un nain sortit d'un pâté et, les écuelles ne suffisant plus, car la foule augmentait toujours, on fut obligé de boire dans les oliphants et dans les casques.

La nouvelle accouchée n'assista pas à ces fêtes. Elle se tenait dans son lit, tranquillement. Un soir, elle se réveilla, et elle aperçut, sous un rayon de la lune qui entrait par la fenêtre, comme une ombre mouvante. C'était un vieillard en froc de bure, avec un chapelet au côté, une besace sur l'épaule, toute l'apparence d'un ermite. Il s'approcha de son chevet et lui dit, sans desserrer les lèvres :

– Réjouis-toi, ô mère ! ton fils sera un saint !

Elle allait crier ; mais, glissant sur le rai de la lune, il s'éleva dans l'air doucement, puis disparut. Les chants du banquet éclatèrent plus fort. Elle entendit les voix des anges ; et sa tête retomba sur l'oreiller, que dominait un os de martyr dans un cadre d'escarboucles.

Le lendemain, tous les serviteurs interrogés déclarèrent qu'ils n'avaient pas vu d'ermite. Songe ou réalité, cela devait être une communication du ciel ; mais elle eut soin de n'en rien dire, ayant peur qu'on ne l'accusât d'orgueil.

Les convives s'en allèrent au petit jour ; et le père de Julien se trouvait en dehors de la poterne, où il venait de reconduire le dernier, quand tout à coup un mendiant se dressa devant lui, dans le brouillard. C'était un bohême à barbe tressée, avec des anneaux d'argent aux deux bras et les prunelles flamboyantes. Il bégaya d'un air inspiré ces mots sans suite :

– Ah ! ah ! ton fils !... Beaucoup de sang !... beaucoup de gloire !... toujours heureux ! la famille d'un empereur.

Et, se baissant pour ramasser son aumône, il se perdit dans l'herbe, s'évanouit.

Le bon châtelain regarda de droite et de gauche, appela tant qu'il put. Personne ! Le vent sifflait, les brumes du matin s'envolaient.

Il attribua cette vision à la fatigue de sa tête pour avoir trop peu dormi.

« Si j'en parle, on se moquera de moi », se dit- il.

Cependant les splendeurs destinées à son fils l'éblouissaient, bien que la promesse n'en fût pas claire et qu'il doutât même de l'avoir entendue.

Les époux se cachèrent leur secret. Mais tous deux chérissaient l'enfant d'un pareil amour ; et, le respectant comme marqué de Dieu, ils eurent pour sa personne des égards infinis. Sa couchette était rembourrée du plus fin duvet ; une lampe en forme de colombe brûlait dessus, continuellement ; trois nourrices le berçaient ; et, bien serré dans ses langes, la mine rose et les yeux bleus, avec son manteau de brocart et son béguin chargé de perles, il ressemblait à un petit Jésus. Les dents lui poussèrent sans qu'il pleurât une seule fois.

Quand il eut sept ans, sa mère lui apprit à chanter. Pour le rendre courageux, son père le hissa sur un gros cheval. L'enfant souriait d'aise, et ne tarda pas à savoir tout ce qui concerne les destriers.

Un vieux moine très savant lui enseigna l'Écriture Sainte, la numération des Arabes, les lettres latines, et à faire sur le vélin des peintures mignonnes. Ils travaillaient ensemble, tout en haut d'une tourelle, à l'écart du bruit.

La leçon terminée, ils descendaient dans le jardin, où, se promenant pas à pas, ils étudiaient les fleurs.

Quelquefois on apercevait, cheminant au fond de la vallée, une file de bêtes de somme, conduites par un piéton, accoutré à l'orientale. Le châtelain, qui l'avait reconnu pour un marchand, expédiait vers lui un valet. L'étranger, prenant confiance, se détournait de sa route ; et, introduit dans le parloir, il retirait de ses coffres des pièces de velours et de soie, des orfèvreries, des aromates, des choses singulières d'un usage inconnu ; à la fin le bonhomme s'en allait, avec un gros profit, sans avoir enduré aucune violence. D'autres fois, une troupe de pèlerins frappait à la porte. Leurs habits mouillés fumaient devant l'âtre ; et, quand ils étaient repus, ils racontaient leurs voyages : les erreurs des nefs sur la mer écumeuse, les marches à pied dans les sables brûlants, la férocité des païens, les cavernes de la Syrie, la Crèche et le Sépulcre. Puis ils donnaient au jeune seigneur des coquilles de leur manteau.

Souvent le châtelain festoyait ses vieux compagnons d'armes. Tout en buvant ils se rappelaient leurs guerres, les assauts des forteresses avec le battement des machines et les prodigieuses blessures. Julien, qui les écoutait, en poussait des cris ; alors son père ne doutait pas qu'il ne fût plus tard un conquérant. Mais le soir, au sortir de l'angélus, quand il passait entre les pauvres inclinés, il puisait dans son escarcelle avec tant de modestie et d'un air si noble, que sa mère comptait bien le voir par la suite archevêque.

Sa place dans la chapelle était aux côtés de ses parents ; et, si longs que fussent les offices, il restait à genoux sur son prie-Dieu, la toque par terre et les mains jointes.

Un jour, pendant la messe, il aperçut, en relevant la tête, une petite souris blanche qui sortait d'un trou, dans la muraille. Elle trottina sur la première marche de l'autel, et, après deux ou trois tours de droite à gauche, s'enfuit du même côté. Le dimanche suivant, l'idée qu'il pourrait la revoir le troubla. Elle revint; et chaque dimanche il l'attendait, en était importuné, fut pris de haine contre elle, et résolut de s'en défaire.

Ayant donc fermé la porte, et semé sur les marches les miettes d'un gâteau, il se posta devant le trou, une baguette à la main.

Au bout de très longtemps, un museau rose parut, puis la souris tout entière. Il frappa un coup léger, et demeura stupéfait devant ce petit corps qui ne bougeait plus. Une goutte de sang tachait la dalle. Il l'essuya bien vite avec sa manche, jeta la souris dehors, et n'en dit rien à personne.

Toutes sortes d'oisillons picoraient les graines du jardin. Il imagina de mettre des pois dans un roseau creux. Quand il entendait gazouiller dans un arbre, il en approchait avec douceur, puis levait son tube, enflait ses joues ; et les bestioles lui pleuvaient sur les épaules si abondamment qu'il ne pouvait s'empêcher de rire, heureux de sa malice.

Un matin, comme il s'en retournait par la courtine, il vit sur la crête du rempart un gros pigeon qui se rengorgeait au soleil. Julien s'arrêta pour le regarder ; le mur en cet endroit ayant une brèche, un éclat de pierre se rencontra sous ses doigts. Il tourna son bras, et la pierre abattit l'oiseau qui tomba d'un bloc dans le fossé.

Il se précipita vers le fond, se déchirant aux broussailles, furetant partout, plus leste qu'un jeune chien.

Le pigeon, les ailes cassées, palpitait, suspendu dans les branches d'un troène.

La persistance de sa vie irrita l'enfant. Il se mit à l'étrangler ; et les convulsions de l'oiseau faisaient battre son cœur, l'emplissaient d'une volupté sauvage et tumultueuse. Au dernier raidissement, il se sentit défaillir.

Le soir, pendant le souper, son père déclara que l'on devait à son âge apprendre la vénerie ; et il alla chercher un vieux cahier d'écriture contenant, par demandes et réponses, tout le déduit des chasses. Un maître y démontrait à son élève l'art de dresser les chiens et d'affaiter les faucons, de tendre les pièges, comment reconnaître le cerf à ses fumées, le renard à ses empreintes, le loup à ses déchaussures, le bon moyen de discerner leurs voies, de quelle manière on les lance, où se trouvent ordinairement leurs refuges, quels sont les vents les plus propices, avec l'énumération des cris et les règles de la curée.

Quand Julien put réciter par cœur toutes ces choses, son père lui composa une meute.

D'abord on y distinguait vingt-quatre lévriers barbaresques, plus véloces que des gazelles, mais sujets à s'emporter ; puis dix-sept couples de chiens bretons, tiquetés de blanc sur fond rouge, inébranlables dans leur créance, forts de poitrine et grands hurleurs. Pour l'attaque du sanglier et les refuites périlleuses, il y avait quarante griffons poilus comme des ours. Des mâtins de Tartarie, presque aussi hauts que des ânes, couleurs de feu, l'échine large et le jarret droit, étaient destinés à poursuivre les aurochs. La robe noire des épagneuls luisait comme du satin ; le jappement des talbots valait celui des bigles chanteurs. Dans une cour à part, grondaient, en secouant leur chaîne et roulant leurs prunelles, huit dogues alains, bêtes formidables qui sautent au ventre des cavaliers et n'ont pas peur des lions.

Tous mangeaient du pain de froment, buvaient dans des auges de pierre, et portaient un nom sonore.

La légende de saint Julien l’Hospitalier - Chapitre 1 (1) Die Legende von Sankt Julian dem Hospitalier - Kapitel 1 (1) The legend of Saint Julien l'Hospitalier - Chapter 1 (1) La leyenda de San Julián el Hospitalario - Capítulo 1 (1) La légende de saint Julien l'Hospitalier - Chapitre 1 (1) La leggenda di San Giuliano l'Ospitaliere - Capitolo 1 (1)

I.Le père et la mère de Julien habitaient un château, au milieu des bois, sur la pente d'une colline. I. Julien's father and mother lived in a castle, in the middle of the woods, on the slope of a hill.

Les quatre tours aux angles avaient des toits pointus recouverts d'écailles de plomb, et la base des murs s'appuyait sur les quartiers de rocs, qui dévalaient abruptement jusqu'au fond des douves. ||||||||||Schuppen aus Blei|||||||||||Felsblöcke||||hinabstürzten|||||Gräben The four towers at the corners had pointed roofs covered with lead scales, and the base of the walls rested on the rock quarters, which sloped steeply down to the bottom of the moat.

Les pavés de la cour étaient nets comme le dallage d'une église. |Pflastersteine|||||sauber|||Pflasterung|| The courtyard cobblestones were as clean as the flooring of a church. De longues gouttières, figurant des dragons la gueule en bas, crachaient l'eau des pluies vers la citerne ; et sur le bord des fenêtres, à tous les étages, dans un pot d'argile peinte, un basilic ou un héliotrope s'épanouissait. ||Dachrinnen||||||||spiengen aus||||||Zisterne|||||||||||||Topf|aus Ton||||||Heliotrop|entfaltete sich Long gutters, depicting dragons with their mouths down, spat rainwater into the cistern; and on the windowsills, on every floor, in a painted clay pot, a basil or a heliotrope bloomed. De longues gouttières, figurant des dragons la gueule en bas, crachaient l'eau des pluies vers la citerne ; et sur le bord des fenêtres, à tous les étages, dans un pot d'argile peinte, un basilic ou un héliotrope s'épanouissait.

Une seconde enceinte, faite de pieux, comprenait d'abord un verger d'arbres à fruits, ensuite un parterre où des combinaisons de fleurs dessinaient des chiffres, puis une treille avec des berceaux pour prendre le frais, et un jeu de mail qui servait au divertissement des pages. ||Zweite Umfriedung|||Pfähle||||||||||Blumenbeet|||||||||||Laube|||Lauben||||kühle Luft|||||Pall Mall Spiel|||||| A second enclosure, made of piles, included first an orchard of fruit trees, then a parterre where combinations of flowers drew figures, then a trellis with cradles to take the cool, and a game of mail used for the pages' entertainment. De l'autre côté se trouvaient le chenil, les écuries, la boulangerie, le pressoir et les granges. ||||||Hundezwinger||||||Kelterei|||Scheunen On the other side were the kennels, stables, bakery, wine press and barns. Un pâturage de gazon vert se développait tout autour, enclos lui-même d'une forte haie d'épines. |Weidefläche||Gras||||||||||||Dornenhecke A pasture of green grass grew around it, itself enclosed by a strong thorn hedge. Un pâturage de gazon vert se développait tout autour, enclos lui-même d'une forte haie d'épines.

On vivait en paix depuis si longtemps que la herse ne s'abaissait plus ; les fossés étaient pleins d'eau ; des hirondelles faisaient leur nid dans la fente des créneaux, et l'archer qui tout le long du jour se promenait sur la courtine, dès que le soleil brillait trop fort rentrait dans l'échauguette, et s'endormait comme un moine. |||||||||Fallgatter||||||||||||||||Spalte||Zinnen der Burg||der Bogenschütze|||||||||||Mauerkrone||||||||||der Wachturm||||| We'd been living in peace for so long that the portcullis was no longer lowered; the moats were full of water; swallows were nesting in the crevices of the battlements, and the archer who'd wandered up and down the curtain wall all day long, as soon as the sun shone too brightly, returned to the watchtower and fell asleep like a monk.

À l'intérieur, les ferrures partout reluisaient ; des tapisseries dans les chambres protégeaient du froid ; et les armoires regorgeaient de linge, les tonnes de vin s'empilaient dans les celliers, les coffres de chêne craquaient sous le poids des sacs d'argent. |||Beschläge||glänzten||||||||||||||||Fässer|||sich stapelten|||Kellern||||||||||| Inside, ironwork gleamed everywhere; tapestries in the bedrooms protected against the cold; and wardrobes overflowed with linen, tons of wine piled up in the cellars, oak chests creaked under the weight of bags of money.

On voyait dans la salle d'armes, entre des étendards et des mufles de bêtes fauves, des armes de tous les temps et de toutes les nations, depuis les frondes des Amalécites et les javelots des Garamantes jusqu'aux braquemarts des Sarrasins et aux cottes de mailles des Normands. ||||||||Standarten|||Tierköpfe|||||||||||||||||Schleudern|||||Speere||||Krummsäbel der Sarazenen|||||Kettenhemden||Kettenhemden|| In the armoury, between standards and wild beasts, were weapons from all times and all nations, from the slings of the Amalekites and the javelins of the Garamantes to the braquemarts of the Saracens and the coats of mail of the Normans.

La maîtresse broche de la cuisine pouvait faire tourner un bœuf ; la chapelle était somptueuse comme l'oratoire d'un roi. |Hauptspieß|Bratspieß||||||||||||prächtig|||| The kitchen's master spit could turn an ox; the chapel was as sumptuous as a king's oratory. Il y avait même, dans un endroit écarté, une étuve à la romaine ; mais le bon seigneur s'en privait, estimant que c'est un usage des idolâtres. |||||||abgelegenen||Römisches Bad|||||||||verzichtete darauf|schätzend||||||Götzendiener There was even a Roman-style steam room in a remote area, but the good lord refrained from using it, believing it to be the custom of idolaters.

Toujours enveloppé d'une pelisse de renard, il se promenait dans sa maison, rendait la justice à ses vassaux, apaisait les querelles de ses voisins. |||Pelzmantel|||||||||||||||||||| Always wrapped in a fox fur, he walked around his house, dispensing justice to his vassals and calming the quarrels of his neighbors. Pendant l'hiver, il regardait les flocons de neige tomber, ou se faisait lire des histoires. |||||Schneeflocken||||||||| Dès les premiers beaux jours, il s'en allait sur sa mule le long des petits chemins, au bord des blés qui verdoyaient, et causait avec les manants, auxquels il donnait des conseils. ||||||||||Maultier|||||||||Weizenfelder||grünten|||||Bauern||||| As soon as the sun began to shine, he would ride out on his mule along the narrow lanes, beside the green cornfields, chatting with the peasants and giving them advice. Après beaucoup d'aventures, il avait pris pour femme une demoiselle de haut lignage. ||||||||||||hohen Standes After many adventures, he had taken as his wife a lady of high lineage.

Elle était très blanche, un peu fière et sérieuse. She was very white, a little proud and serious. Les cornes de son hennin frôlaient le linteau des portes ; la queue de sa robe de drap traînait de trois pas derrière elle. ||||Hennin|||||||||||||||||| The horns of her hennin brushed the door lintels; the tail of her draped dress trailed three paces behind her. Son domestique était réglé comme l'intérieur d'un monastère ; chaque matin elle distribuait la besogne à ses servantes, surveillait les confitures et les onguents, filait à la quenouille ou brodait des nappes d'autel. ||||||||||||||||||||||Salben überwachte|spinnte am Spinnrocken|||Spinnrocken||||| Her household was regulated like the interior of a monastery; every morning she distributed the work to her maids, supervised the jams and ointments, spun with a distaff or embroidered altar cloths. À force de prier Dieu, il lui vint un fils. By praying to God, a son was born.

Alors il y eut de grandes réjouissances, et un repas qui dura trois jours et quatre nuits, dans l'illumination des flambeaux, au son des harpes, sur des jonchées de feuillages. ||||||||||||||||||||Fackeln|||||||Blattstreu||Blätterwerk Then there were great rejoicings, and a feast that lasted three days and four nights, with the lighting of torches, the sound of harps, on beds of foliage. On y mangea les plus rares épices, avec des poules grosses comme des moutons ; par divertissement, un nain sortit d'un pâté et, les écuelles ne suffisant plus, car la foule augmentait toujours, on fut obligé de boire dans les oliphants et dans les casques. |||||||||||||||||||||||Schüsseln||||||||||||||||Olifantenhorn|||| We ate the rarest spices, with chickens as big as sheep; for fun, a dwarf emerged from a pâté, and as the bowls were no longer enough, as the crowd grew ever larger, we were obliged to drink from the oliphants and helmets.

La nouvelle accouchée n'assista pas à ces fêtes. The new mother did not attend these celebrations. Elle se tenait dans son lit, tranquillement. She was lying quietly in bed. Un soir, elle se réveilla, et elle aperçut, sous un rayon de la lune qui entrait par la fenêtre, comme une ombre mouvante. One evening, she awoke to see a moving shadow in the moonlight streaming in through the window. C'était un vieillard en froc de bure, avec un chapelet au côté, une besace sur l'épaule, toute l'apparence d'un ermite. ||||Kuttengewand||Büßerhemd|||Rosenkranz||||Bettelsack|||||| It was an old man in a frock coat, with a rosary at his side, a satchel over his shoulder, all the appearance of a hermit. Il s'approcha de son chevet et lui dit, sans desserrer les lèvres : ||||Kopfende des Bettes|||||ohne die Lippen zu öffnen|| He approached her bedside and said, without loosening his lips:

– Réjouis-toi, ô mère ! - Rejoice, O mother! ton fils sera un saint ! your son will be a saint!

Elle allait crier ; mais, glissant sur le rai de la lune, il s'éleva dans l'air doucement, puis disparut. She was about to scream; but, gliding on the moonbeam, he rose gently into the air, then disappeared. Les chants du banquet éclatèrent plus fort. The banquet songs burst out louder. Elle entendit les voix des anges ; et sa tête retomba sur l'oreiller, que dominait un os de martyr dans un cadre d'escarboucles. |||||||||||||||||||||Karbunkelsteinen She heard the voices of angels; and her head fell back on the pillow, dominated by a martyr's bone in a frame of carbuncles.

Le lendemain, tous les serviteurs interrogés déclarèrent qu'ils n'avaient pas vu d'ermite. The next day, all the servants questioned said they hadn't seen a hermit. Songe ou réalité, cela devait être une communication du ciel ; mais elle eut soin de n'en rien dire, ayant peur qu'on ne l'accusât d'orgueil. Dream or reality, it must have been a communication from heaven; but she was careful not to say anything about it, lest she be accused of pride.

Les convives s'en allèrent au petit jour ; et le père de Julien se trouvait en dehors de la poterne, où il venait de reconduire le dernier, quand tout à coup un mendiant se dressa devant lui, dans le brouillard. |Gäste|||||||||||||||||Poterne: kleine Pforte|||||||||||||Bettler||||||| The guests departed at dawn, and Julien's father was standing outside the postern, where he'd just driven away the last one, when suddenly a beggar stood before him in the fog. C'était un bohême à barbe tressée, avec des anneaux d'argent aux deux bras et les prunelles flamboyantes. ||Bohème|||geflochtenen||||||||||flammende Augen|flammende Augen He was a bohemian with a braided beard, silver rings on both arms and flaming eyelashes. Il bégaya d'un air inspiré ces mots sans suite : |stammelte||||||| With an air of inspiration, he stammered out these words:

– Ah ! - Ah! ah ! ton fils !... your son!... Beaucoup de sang !... Lots of blood!... beaucoup de gloire !... toujours heureux ! always happy! la famille d'un empereur. the family of an emperor.

Et, se baissant pour ramasser son aumône, il se perdit dans l'herbe, s'évanouit. ||||||Almosen|||verlor sich|||verschwand spurlos And, stooping to pick up his alms, he lost himself in the grass and fainted.

Le bon châtelain regarda de droite et de gauche, appela tant qu'il put. ||Der Burgherr|||||||||| The good squire looked left and right, calling out as loud as he could. Personne ! No one! Le vent sifflait, les brumes du matin s'envolaient. |||||||sich auflösten The wind whistled, the morning mist blew away.

Il attribua cette vision à la fatigue de sa tête pour avoir trop peu dormi. He attributed this vision to the fatigue of his head from too little sleep.

« Si j'en parle, on se moquera de moi », se dit- il. "If I talk about it, people will laugh at me," he says to himself.

Cependant les splendeurs destinées à son fils l'éblouissaient, bien que la promesse n'en fût pas claire et qu'il doutât même de l'avoir entendue. ||Glanzlichter|||||verblendeten ihn||||||||||||||| Yet the splendors destined for his son dazzled him, even though the promise was unclear and he doubted he'd even heard it.

Les époux se cachèrent leur secret. The couple hid their secret from each other. Mais tous deux chérissaient l'enfant d'un pareil amour ; et, le respectant comme marqué de Dieu, ils eurent pour sa personne des égards infinis. |||hegen||||||||||||||||||Rücksichtnahme| But both cherished the child with the same love; and, respecting him as marked by God, they had infinite regard for his person. Sa couchette était rembourrée du plus fin duvet ; une lampe en forme de colombe brûlait dessus, continuellement ; trois nourrices le berçaient ; et, bien serré dans ses langes, la mine rose et les yeux bleus, avec son manteau de brocart et son béguin chargé de perles, il ressemblait à un petit Jésus. |Liegeplatz||gepolstert||||Daunenfeder|||||||||||||wiegen||||||Windeln|||||||||||||||Häubchen|mit Perlen besetzt|||||||| His bunk was padded with the finest down; a dove-shaped lamp burned on it, continuously; three nannies rocked him; and, snug in his swaddling clothes, pink-faced and blue-eyed, with his brocade coat and pearl-laden beguin, he looked like a little Jesus. Les dents lui poussèrent sans qu'il pleurât une seule fois. He grew teeth without crying once.

Quand il eut sept ans, sa mère lui apprit à chanter. When he was seven, his mother taught him to sing. Pour le rendre courageux, son père le hissa sur un gros cheval. |||||||hob ihn hoch|||| To make him brave, his father hoisted him onto a large horse. L'enfant souriait d'aise, et ne tarda pas à savoir tout ce qui concerne les destriers. ||vor Freude||||||||||||Streitrosse The child smiled at ease, and soon learned all about steeds.

Un vieux moine très savant lui enseigna l'Écriture Sainte, la numération des Arabes, les lettres latines, et à faire sur le vélin des peintures mignonnes. |||||||||||||||||||||Pergamentpapier||| A very learned old monk taught him Sacred Scripture, Arab numeration, Latin letters, and how to make cute paintings on vellum. Ils travaillaient ensemble, tout en haut d'une tourelle, à l'écart du bruit. |||||||Turmspitze|||| They worked together, high up in a turret, away from the noise.

La leçon terminée, ils descendaient dans le jardin, où, se promenant pas à pas, ils étudiaient les fleurs. When the lesson was over, they went down to the garden, where, walking step by step, they studied the flowers.

Quelquefois on apercevait, cheminant au fond de la vallée, une file de bêtes de somme, conduites par un piéton, accoutré à l'orientale. ||||||||||||Lasttiere||Lasttiere|||||oriental gekleidet|| Occasionally, a line of pack animals, led by a pedestrian in an Oriental costume, could be seen trudging along the valley floor. Le châtelain, qui l'avait reconnu pour un marchand, expédiait vers lui un valet. ||||||||schickte||||Diener The squire, who recognized him as a merchant, dispatched a valet to him. L'étranger, prenant confiance, se détournait de sa route ; et, introduit dans le parloir, il retirait de ses coffres des pièces de velours et de soie, des orfèvreries, des aromates, des choses singulières d'un usage inconnu ; à la fin le bonhomme s'en allait, avec un gros profit, sans avoir enduré aucune violence. ||||abwich von||||||||Sprechzimmer||||||||||||||Goldschmiedearbeiten|||||||||||||||||||||||| The stranger, gaining confidence, turned from his route; and, introduced into the parlor, he withdrew from his chests pieces of velvet and silk, silverware, aromatics, singular things of unknown use; in the end the good man left, with a large profit, without having endured any violence. D'autres fois, une troupe de pèlerins frappait à la porte. |||||Pilgergruppe|||| Other times, a group of pilgrims would knock on the door. Leurs habits mouillés fumaient devant l'âtre ; et, quand ils étaient repus, ils racontaient leurs voyages : les erreurs des nefs sur la mer écumeuse, les marches à pied dans les sables brûlants, la férocité des païens, les cavernes de la Syrie, la Crèche et le Sépulcre. |||||der Kamin|||||satt||||||||Schiffe||||schäumende See||||||||||||Heiden|||||||Krippe||| Their wet clothes smoked in front of the hearth; and, when they were full, they told of their travels: the errors of the ships on the foaming sea, the marches on foot through the burning sands, the ferocity of the pagans, the caves of Syria, the Manger and the Sepulchre. Puis ils donnaient au jeune seigneur des coquilles de leur manteau. Then they gave the young lord shells from their coats.

Souvent le châtelain festoyait ses vieux compagnons d'armes. |||bewirtete|||| The squire often feasted his old comrades-in-arms. Tout en buvant ils se rappelaient leurs guerres, les assauts des forteresses avec le battement des machines et les prodigieuses blessures. |||||||||Angriffe||Festungen||||||||| As they drank, they recalled their wars, the assaults on fortresses with the pounding of machines and prodigious wounds. Julien, qui les écoutait, en poussait des cris ; alors son père ne doutait pas qu'il ne fût plus tard un conquérant. Julien, who listened to them, cried out; then his father had no doubt that he would later become a conqueror. Mais le soir, au sortir de l'angélus, quand il passait entre les pauvres inclinés, il puisait dans son escarcelle avec tant de modestie et d'un air si noble, que sa mère comptait bien le voir par la suite archevêque. |||||||||||||||schöpfte aus|||Geldbeutel|||||||||||||||||||| But in the evenings, after the Angelus, when he passed between the reclining poor, he dipped into his pocketbook so modestly and with such a noble air, that his mother hoped he would later become an archbishop.

Sa place dans la chapelle était aux côtés de ses parents ; et, si longs que fussent les offices, il restait à genoux sur son prie-Dieu, la toque par terre et les mains jointes. |||||||||||||||||||||||||||Mütze|||||| His place in the chapel was at his parents' side, and however long the services were, he remained kneeling on his prie-Dieu, his hat on the floor and his hands clasped.

Un jour, pendant la messe, il aperçut, en relevant la tête, une petite souris blanche qui sortait d'un trou, dans la muraille. One day, during mass, he looked up to see a small white mouse emerging from a hole in the wall. Elle trottina sur la première marche de l'autel, et, après deux ou trois tours de droite à gauche, s'enfuit du même côté. She trotted onto the first step of the altar, and after two or three turns from right to left, fled to the same side. Le dimanche suivant, l'idée qu'il pourrait la revoir le troubla. The following Sunday, the idea that he might see her again troubled him. Elle revint; et chaque dimanche il l'attendait, en était importuné, fut pris de haine contre elle, et résolut de s'en défaire. |||||||||belästigt||||||||beschloss|||sich entledigen She came back; and every Sunday he waited for her, was bothered by her, was seized with hatred for her, and resolved to get rid of her.

Ayant donc fermé la porte, et semé sur les marches les miettes d'un gâteau, il se posta devant le trou, une baguette à la main. So, having closed the door, and scattered the crumbs of a cake on the steps, he stood in front of the hole, chopstick in hand.

Au bout de très longtemps, un museau rose parut, puis la souris tout entière. After a very long time, a pink snout appeared, then the whole mouse. Il frappa un coup léger, et demeura stupéfait devant ce petit corps qui ne bougeait plus. He struck a light blow, and was stunned by the small, motionless body. Une goutte de sang tachait la dalle. A drop of blood stained the slab. Il l'essuya bien vite avec sa manche, jeta la souris dehors, et n'en dit rien à personne. He quickly wiped it off with his sleeve, threw the mouse outside and said nothing to anyone.

Toutes sortes d'oisillons picoraient les graines du jardin. ||Vögelchen|pickten|||| All sorts of fledglings pecked at the seeds in the garden. Il imagina de mettre des pois dans un roseau creux. ||||||||hohles Schilfrohr| He imagined putting peas in a hollow reed. Quand il entendait gazouiller dans un arbre, il en approchait avec douceur, puis levait son tube, enflait ses joues ; et les bestioles lui pleuvaient sur les épaules si abondamment qu'il ne pouvait s'empêcher de rire, heureux de sa malice. |||||||||||||||||||||||herabregneten|||||reichlich|||konnte||||||| When he heard chirping in a tree, he'd gently approach it, then raise his tube, puff out his cheeks; and the bugs would rain down on his shoulders so abundantly that he couldn't help laughing, pleased with his mischief.

Un matin, comme il s'en retournait par la courtine, il vit sur la crête du rempart un gros pigeon qui se rengorgeait au soleil. ||||||||Kurtine|||||Kamm||||||||sich aufplusterte|| One morning, as he was returning through the curtain wall, he saw a large pigeon on the crest of the rampart, feathering itself in the sun. Julien s'arrêta pour le regarder ; le mur en cet endroit ayant une brèche, un éclat de pierre se rencontra sous ses doigts. Julien stopped to look at it; the wall at this point having been breached, a shard of stone met his fingers. Il tourna son bras, et la pierre abattit l'oiseau qui tomba d'un bloc dans le fossé. He turned his arm, and the stone knocked down the bird, which fell in one piece into the ditch.

Il se précipita vers le fond, se déchirant aux broussailles, furetant partout, plus leste qu'un jeune chien. |||||||||Gestrüpp|herumschnüffelnd|||flinker als||| He rushed to the bottom, tearing at the undergrowth, sniffing around, more nimble than a young dog.

Le pigeon, les ailes cassées, palpitait, suspendu dans les branches d'un troène. |||||||||||Ligusterstrauch The pigeon, its wings broken, fluttered, suspended in the branches of a privet tree.

La persistance de sa vie irrita l'enfant. |Das Fortbestehen||||| Il se mit à l'étrangler ; et les convulsions de l'oiseau faisaient battre son cœur, l'emplissaient d'une volupté sauvage et tumultueuse. ||||erwürgen||||||||||füllten ihn mit||wilde Lust|||stürmische He began to strangle it, and the bird's convulsions made his heart pound and filled him with a wild, tumultuous pleasure. Au dernier raidissement, il se sentit défaillir. ||Beim letzten Krampf||||schwach werden At the last stiffening, he felt himself faint.

Le soir, pendant le souper, son père déclara que l'on devait à son âge apprendre la vénerie ; et il alla chercher un vieux cahier d'écriture contenant, par demandes et réponses, tout le déduit des chasses. ||||||||||||||||Jagdkunst||||||||||||||||das Vergnügen||Jagdmethoden That evening, at supper, his father declared that, at his age, one should learn the art of hunting; and he fetched an old notebook containing, in questions and answers, all the deductions of the hunts. Un maître y démontrait à son élève l'art de dresser les chiens et d'affaiter les faucons, de tendre les pièges, comment reconnaître le cerf à ses fumées, le renard à ses empreintes, le loup à ses déchaussures, le bon moyen de discerner leurs voies, de quelle manière on les lance, où se trouvent ordinairement leurs refuges, quels sont les vents les plus propices, avec l'énumération des cris et les règles de la curée. |||||||||||||||||stellen||Fallenstellen|||||||Fährtenzeichen||||||||||Abdrücke der Pfoten|||||unterscheiden|||||Weise||||||||||||||||||die Aufzählung||||||||Beutezerlegung In it, a master showed his pupil the art of training hounds and hawks, how to set traps, how to recognize deer by their smoke, foxes by their footprints, wolves by their shoes, the right way to discern their tracks, how to throw them, where they usually take refuge, which winds are the most propitious, with an enumeration of the cries and the rules of the kill.

Quand Julien put réciter par cœur toutes ces choses, son père lui composa une meute. ||||||||||||||Meute When Julien could recite all these things by heart, his father put together a pack for him.

D'abord on y distinguait vingt-quatre lévriers barbaresques, plus véloces que des gazelles, mais sujets à s'emporter ; puis dix-sept couples de chiens bretons, tiquetés de blanc sur fond rouge, inébranlables dans leur créance, forts de poitrine et grands hurleurs. ||||||Windhunde|barbarische|||||||||||||||||gefleckt||||||unerschütterlich in ihrem Glauben|||Glauben||||||große Heuler First there were twenty-four Barbary greyhounds, swifter than gazelles, but prone to getting carried away; then seventeen pairs of Breton dogs, ticked white on a red background, unshakeable in their credentials, strong-chested and great howlers. Pour l'attaque du sanglier et les refuites périlleuses, il y avait quarante griffons poilus comme des ours. ||||||gefährlichen Fluchten|gefährlichen Fluchten|||||Griffons|behaarte Griffons||| For the boar attack and the perilous escapes, there were forty griffins as hairy as bears. Des mâtins de Tartarie, presque aussi hauts que des ânes, couleurs de feu, l'échine large et le jarret droit, étaient destinés à poursuivre les aurochs. |Tartarenhunde||||||||||||der Rücken||||Kniekehle|||||||Auerochsen Tartarian mastiffs, almost as tall as donkeys, fiery-colored, with broad spines and straight hocks, were destined to pursue the aurochs. La robe noire des épagneuls luisait comme du satin ; le jappement des talbots valait celui des bigles chanteurs. ||||Spaniels|glänzte|||||Gekläff||Talbothunde||||Beagles|Sänger The spaniels' black coats gleamed like satin; the talbots' yapping was as good as that of the singing curlers. Dans une cour à part, grondaient, en secouant leur chaîne et roulant leurs prunelles, huit dogues alains, bêtes formidables qui sautent au ventre des cavaliers et n'ont pas peur des lions. |||||grummelten||schüttelnd||||||Augen||Doggen|Alanen||||||||Reiter|||||| In a separate courtyard, shaking their chains and rolling their eyelashes, eight alain mastiffs growled, formidable beasts that leap at riders' bellies and have no fear of lions.

Tous mangeaient du pain de froment, buvaient dans des auges de pierre, et portaient un nom sonore. |||||Weizen||||Wannen||||||| All ate wheaten bread, drank from stone troughs, and bore a sonorous name.