Journal en français facile 03/05/2022 20h00 GMT
Sébastien Duhamel : La Radio du Monde, toujours à vos côtés pour vous informer. Il est 22 h ici à Paris, 23 h à Marioupol. Bonsoir et bienvenue pour votre Journal en français facile.
À la Une aujourd'hui : en Ukraine, l'attaque des forces russes contre l'usine Azovstal, dernier point de résistance de Marioupol. Une attaque importante, les Ukrainiens présents sur place n'ont que peu de chance, mais le symbole est grand, nous dira un expert militaire.
Aux États-Unis, les réactions sont nombreuses après la publication par la presse d'un document de travail de la Cour Suprême. On y apprend que la plus haute juridiction américaine envisage de remettre en cause le droit à l'avortement.
En ce mardi 3 mai, journée mondiale de la liberté de la presse, une cérémonie était organisée aujourd'hui à Paris, pour rendre hommage à nos collègues et amis, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, tués au Mali en 2013. Hommage également à Camille Lepage, tuée en 2014 en Centrafrique.
C'est un problème qui inquiète de plus en plus les autorités de santé : l'obésité, le surpoids grave augmente en Europe. Plus d'un adulte sur deux est touché, près d'un enfant sur trois. L'Organisation mondiale de la Santé lance l'alerte.
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SB : Un appel téléphonique ce soir, de Paris à Moscou. Emmanuel Macron a appelé le président russe Vladimir Poutine pour lui demander de « permettre la poursuite des évacuations » de civils, toujours bloqués dans l'usine Azovstal, à Marioupol. L'enjeu est important, car dans la journée, l'armée russe a finalement lancé l'assaut, une attaque contre cette usine. Écoutez l'appel au secours lancé par le commandant adjoint du régiment Azov, Sviatoslav Palamar. Sur place, il est encerclé avec ses hommes, pris au piège par les forces russes.
« Nous subissons des tirs d'artillerie depuis le début de la nuit dernière et des bombardements massifs de l'aviation russe... Ces agissements criminels ont coûté la vie à des civils, deux femmes ont été tuées et dix autres personnes ont été blessées. Au moment où j'enregistre cette vidéo, un assaut de grande envergure est en cours sur le territoire de l'usine Azovstal, impliquant des tanks, des véhicules blindés et un grand nombre de troupes au sol... Nous ferons tout notre possible pour repousser cet assaut... Mais nous demandons d'urgence l'évacuation des civils qui restent pris au piège ici et leur transfert vers Zaporijia, en territoire ukrainien. Marioupol restera ukrainienne. »
SB : Voilà l'appel lancé par le commandant adjoint du régiment Azov, Sviatoslav Palamar. Et sur le terrain, l'armée russe emploie beaucoup de moyens : des tanks, son aviation, son artillerie, c'est-à-dire des canons entre autres. C'est donc une opération de grande envergure, de grande ampleur qui est en cours. Les derniers soldats ukrainiens n'ont que peu de chance de résister, mais le symbole est très fort, comme nous l'explique Martin Motte, professeur à l'École de guerre et membre de l'institut de stratégie comparée.
C'est le symbole de la résistance du peuple ukrainien face à un régime russe qui dit qu'il n'y existe pas de peuple ukrainien. En tout cas, c'était le discours initial de Moscou. Et bien montrer que non seulement il y en a un, mais qui résiste jusqu'au dernier homme dans cette ville, de manière à ce que cette défaite tactique ou même stratégique soit une victoire symbolique, une victoire pour la conscience nationale ukrainienne. Ça, je crois que c'est très clair. Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il y a cette contradiction. Poutine qui a quelque 10 jours, dit que « non, non, non, ce n'est pas la peine de prendre l'usine Azov », puis qui finalement peut être spéculant sur le fait que, au bout d'une semaine de plus, les défenseurs sont encore plus affaiblis puisqu'ils n'ont pas à manger, pas à boire suffisamment relance l'assaut parce que manifestement, c'est un enjeu de prestige pour lui.
SB : Vous venez d'entendre l'analyse de l'expert militaire Martin Motte, contacté par Vincent Souriau.
C'était cette nuit à Washington. Des centaines de personnes pro-choix, c'est-à-dire qui défendent le droit à l'avortement, se sont rassemblées devant le siège la Cour suprême. Cette manifestation a été provoquée par la publication d'un article par le média américain Politico. En effet, il a obtenu un document de travail des juges de la plus haute juridiction américaine. Et la majorité d'entre eux serait en faveur d'une remise en cause du droit à l'avortement, du droit à ne pas garder un enfant lorsqu'on est enceinte. Cette nouvelle fait la Une de la presse américaine Marie Normand.
La publication d'un tel document est « sans précédent dans l'histoire moderne de la Cour », note le New York Times. Une fuite unanimement condamnée par le camp républicain, explique The Hill. Pour de nombreux élus, c'est une tentative de pression sur les juges. Car leur décision n'est pas définitive "tant qu'elle n'a pas été publiée", rappelle Politico. Pour ce média américain, le document de travail est en tout cas une « répudiation totale et sans faille » de l'arrêt Roe v. Wade. Un arrêt « manifestement erroné dès le départ », peut-on lire. « Il est temps, poursuit le rédacteur, le juge conservateur Samuel Alito, de rendre la question de l'avortement aux représentants élus du peuple ». C'est-à-dire aux Congrès des États. Et beaucoup se sont déjà prononcé en faveur de restrictions au droit à l'avortement. Il « deviendrait probablement illégal dans la moitié des États-Unis », calcule le New York Times. Au Wisconsin par exemple, si la Cour fait tomber l'arrêt de 1973, c'est « une loi du 19e siècle qui entrera à nouveau en vigueur », note le Milwaukee Journal Sentinel. Selon Politico, les démocrates espèrent maintenant que le malaise provoqué par cette information dynamisera la base de l'électorat démocrate et changer le cours des élections de mi-mandat en novembre.
SB : Les précisions de Marie Normand.
Nous sommes le 3 mai aujourd'hui et, comme chaque année, cette date marque la Journée mondiale de la liberté de la presse. Une date doublement importante pour nous, les journalistes de RFI, car une cérémonie d'hommage était organisée, en mémoire de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon. Nos confrères et amis ont été enlevés puis assassinés au Mali il y a 8 ans et demi. Cette cérémonie saluait aussi la mémoire de Camille Lepage, une photo-reporter tuée dans une embuscade en République Centrafricaine il y a 8 ans. Éric Chaurin était sur place à Paris, il nous livre son reportage.
Sur la place du centre de Paris, qui portent leurs 3 noms réunis depuis le 3 mai 2019, ils sont venus dire qu'on ne les oubliait pas. La maman de Camille Lepage : « Depuis 3 ans, on se réunit avec les familles, les amis de Claude et de Gislaine autour de cette place. On est soudés à jamais avec Camille. Faut pas lâcher, on est toujours là et on se battra pour avoir la vérité. Même s'il est dur à venir et à entendre. » Car la recherche de la vérité sur les raisons et les circonstances de leur mort est lente et difficile, surtout en zone de conflit armé. La dégradation des rapports entre Paris et Bamako Oubangui n'arrange rien et la liberté de la presse à laquelle ce 3 mai est dédié, toujours menacé aujourd'hui depuis le début de la guerre en Ukraine, une vingtaine de journalistes ont trouvé la mort. Voilà pourquoi les proches de Camille, Claude, et Gislaine, ont invité la journaliste ukrainienne Alla Lazareva. « Si je suis là, c'est pour exprimer la solidarité avec mes collègues en Ukraine et demander la solidarité de la presse française. Je sais qu'il y a beaucoup de journalistes français qui viennent en Ukraine, qui font leur travail, qui reviennent régulièrement. Mais ce que je souhaite, c'est que ça s'arrête pas que la presse française continue à prêter l'attention à venir, à se rendre compte, à faire des reportages surtout. C'est le plus important, c'est se rendre sur place et voir comment ça se passe par ses propres yeux. » Reporters sans frontières, enfin, était La Voix du journaliste camerounais, Amadou va mulkey, emprisonné sans jugement depuis plus de 2 000 jours.
SB : Éric Chaurin.
Nous parlons maintenant de l'obésité, le surpoids élevé. La part des Européens touchés par ce problème augmente dangereusement : cela concerne près de 60 % des adultes, et presque 1 enfant sur 3. Depuis l'Organisation mondiale de la santé à Genève, Jérémie Lanche.
Chaque année, plus d'1 million 200 mille personnes meurent en Europe d'une maladie liée au surpoids ou à l'obésité. C'est à peu près autant que le bilan du Covid sur le continent l'an passé. Le Covid, qui a eu un effet démultiplicateur sur le surpoids, explique Kremlin Wickramasinghe du bureau Europe de l'OMS : « La pandémie n'a fait qu'empirer les choses. Les mesures que nous avons prises pour lutter contre le virus ont limité les opportunités pour les enfants de se dépenser à l'école ou de jouer dehors. À l'inverse, on a augmenté le temps passé derrière les écrans ou assis à travailler depuis la maison. Et nous savons que ça augmente le risque d'être obèse ». Les pratiques commerciales agressives des industriels de l'agro-alimentaire jouent également pour beaucoup. Avec l'immersion de la publicité sur les réseaux sociaux et même dans les jeux vidéo. Mais des solutions existent, dit l'OMS. Le nutriscore français en est une. La taxation des produits sucrés en est une autre : « Si vous regardez les pays qui ont appliqué cette taxe, on voit que les industriels ont revu la composition de leurs produits pour les rendre moins sucrés, les prix de ces produits ont augmenté et donc leur consommation a baissé ». Autre piste pour enrayer le phénomène dès le plus jeune âge, privilégier l'allaitement au sein qui diminue le risque de devenir obèse. Jérémy Lanche, Genève, RFI.
SB : Genève où il est 22 heures passées de 10 minutes, comme ici à Paris. Merci d'avoir écouté ce Journal en français facile. Les autres éditions : sur le site internet rfi.fr