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innerFrench Podcast - Episodes #97 Onward, #0 - La guerre vue par les Ukrainiens (1)

#0 - La guerre vue par les Ukrainiens (1)

Salut à toutes et à tous, aujourd'hui on se retrouve pour un épisode spécial, vous avez entendu qu'il n'a pas de numéro. C'était Ingrid qui était censée faire cet épisode mais à cause des événements récents en Ukraine, on a décidé de changer notre planning éditorial. D'ailleurs, excusez-moi si le podcast est un peu moins fluide que d'habitude. Je n'ai pas eu le temps d'écrire de script. Je vais improviser parce que je voulais sortir cet épisode le plus vite possible. Je pense que le temps presse, comme on dit. Le temps presse, ça veut dire que quelque chose est urgent.

[00:00:50] Alors, normalement, chez InnerFrench, on essaye d'éviter les sujets d'actualité, parce qu'on n'est pas un média d'information. Nous, on traite plutôt des sujets de fond, des sujets structurels, en particulier ceux qui concernent la France, parce que je pense que je suis un peu plus légitime pour parler de ça et comme vous apprenez le français, je me dis que ce sont des sujets qui vous intéressent.

[00:01:19] Mais aujourd'hui, je suis obligé de faire une exception pour vous parler de ce qui se passe en Ukraine. Alors, certains vont me demander pourquoi je le fais alors que je n'ai pas parlé de l'Afghanistan, de la Syrie, du Yémen, de la Palestine ou encore de la Birmanie. Bien sûr, ces évènements sont importants et ils méritent aussi votre attention. Il se passe des choses graves dans ces pays. Mais je pense que ça n'est pas le rôle de ce podcast. D'ailleurs, j'ai encore du mal à me dire que ce podcast a un rôle. Au départ, je l'ai créé seulement pour vous aider à apprendre le français, c'était son but, sa vocation. Mais au fur et à mesure que l'audience grandissait, que vous étiez de plus en plus nombreux à l'écouter, j'ai commencé à me dire inconsciemment qu'il fallait que je traite des sujets plus importants. Des sujets plus importants par exemple que “faut-il se lever tôt ?”, un des premiers sujets que j'ai traités. Peut-être que j'ai tort, peut-être que vous préférez ces sujets plus légers. Mais voilà, je me suis dit que maintenant j'avais une sorte de responsabilité d'utiliser cette audience pour vous parler de sujets qui me tenaient à coeur et qui me semblaient mériter votre attention. Alors, à chaque fois j'essaye de le faire de la manière la plus honnête possible, mais comme vous le savez, je ne suis pas journaliste et en général je ne suis pas non plus un expert dans ces domaines, par rapport aux sujets dont je vous parle. InnerFrench, ce n'est pas, comme je le disais, un média généraliste comme RFI, que vous écoutez peut-être avec leur journal en français facile. Non, InnerFrench c'est un podcast fait par des profs de français passionnés qui vous parlent de sujets qui leur tiennent à coeur. C'est pour ça qu'aujourd'hui, je vais vous parler de l'Ukraine.

[00:03:22] Vous avez été nombreux à nous écrire pour savoir si tout allait bien parce que vous savez qu'une partie de l'équipe vit en Pologne (Ania et moi), et qu'une guerre fait rage dans un pays voisin : l'Ukraine.

[00:03:38] Alors oui, en Pologne, tout va bien. Quand on marche dans les rues de Varsovie ou de Cracovie, c'est difficile d'imaginer qu'à quelques centaines de kilomètres, il y a d'autres villes, des villes ukrainiennes, qui sont en train d'être détruites par des bombardements. Bien sûr, quand on regarde d'un peu plus près, là on remarque que quelque chose est en train de se passer. Il y a des bus et des voitures remplies de personnes qui portent leurs valises et qui n'ont clairement pas l'air d'être des touristes : des femmes avec leurs enfants qui ont des visages tristes et fatigués. Et là évidemment, je fais référence aux réfugés… aux réfugiés, pardon, ukrainiens. Ils sont déjà plus d'un million à avoir fui la guerre, et environ 700 000 d'entre eux sont arrivés en Pologne.

[00:04:30] C'est cette proximité qui m'a poussé à faire cet épisode. Je sais que ce n'est peut-être pas juste vis-à-vis de tous les autres pays qui sont victimes de conflits tout aussi graves et dont je n'ai jamais parlé ici. Mais c'est comme ça, l'empathie n'a pas besoin d'être rationnelle.

[00:04:50] Alors, je ne vais pas vous faire une analyse de cet évènement. Il existe déjà des centaines d'articles et de vidéos qui le font très bien. Si vous n'êtes vraiment pas familier avec ce sujet, il y a une vidéo du YouTuber Hugo Décrypte qui explique bien le contexte géopolitique et les enjeux, donc je vous invite à la regarder avant d'écouter la suite de cet épisode. Je vais mettre le lien d'ailleurs sur la page de l'épisode, sur InnerFrench.com.

[00:05:21] Nous, l'avantage qu'on a chez innerFrench, c'est qu'on a des auditeurs dans le monde entier. Et évidemment, dans cette communauté, il y a des Ukrainiens et des Ukrainiennes. Donc je me suis dit que le plus intéressant de les écouter eux, de les laisser raconter la guerre comme ils la vivent.

[00:05:41] J'ai pu interviewer ou échanger des emails avec une quinzaine d'entre eux. Et j'ai appris beaucoup plus de choses en les écoutant qu'avec tous les articles que j'avais lus avant. Donc je les remercie de m'avoir accordé du temps, et j'espère que leurs témoignages vous permettront de mieux comprendre l'urgence et la gravité de la situation.

[00:06:19] Hugo : Dans la nuit du 23 au 24 février, l'armée russe a lancé une offensive contre l'Ukraine en bombardant des aéroports et des infrastructures militaires, et en envoyant des troupes au sol.

On va écouter Lana nous raconter comment elle a vécu le début de cette invasion. Lana a 25 ans, elle habite à Odessa et avec son copain, elle a une agence qui crée des identités sonores pour des marques et des jeux vidéo.

[00:06:48] Lana : Et puis à 5 heures du mat', je me suis réveillée à cause des sons d'explosion. Et tu sais, c'est le genre de son, quand tu les entends, et tu comprends ce qu'il se passe. Tu comprends que… Pardon. Je vais pas pleurer pour toutes les journées… Pardon…

[00:07:20] Hugo : Pas de problème.

[00:07:23] Lana : Et donc, tu les entends, et tu comprends que c'est déjà, ça y est, c'est la guerre.

[00:07:27] Hugo : Je pense qu'en entendant Lana, on se rend compte du choc qu'on doit ressentir quand on est réveillé par le bruit des bombes. Moi, je n'ai jamais entendu de bombe exploser. Je ne suis pas sûr que je comprendrais immédiatement de quoi il s'agit. Mais pour Lana et ses compatriotes, ce matin du 24 février, il n'y avait pas de doute possible. Ça faisait déjà plusieurs semaines que Vladimir Poutine les menaçait, qu'il menaçait d'attaquer l'Ukraine. C'est ce que nous rappelle Olga, une musicienne et prof de français de 33 ans.

[00:08:00] Olga : On attendait tous que quelque chose allait nous arriver. Mais on ne pouvait jamais croire que ce serait comme ça, que ce serait comme ça : en même temps, dans tous les coins de l'Ukraine, en même temps partout, dans la nuit, à 5 heures du matin. Donc on pensait que quelque chose allait nous arriver, mais nous avons tous dit que de toute façon ça va peut-être de nouveau commencer à l'est et puis peut-être… puis là on verra, etc. Mais en fait non, c'était 5 heures du matin, ça a commencé partout en même temps. Les bombes ont commencé juste à tomber à Kyiv et partout.

[00:08:41] Hugo : Donc Olga nous dit que même si les Ukrainiens s'attendaient à une attaque, ils ont été surpris par son ampleur. Ils ne s'attendaient pas à ce que l'armée russe attaque leur territoire dans toutes les directions. Mais ce n'est pas juste l'ampleur de l'attaque qui les a surpris. Tous les Ukrainiens à qui j'ai parlé m'ont dit à quel point cette situation leur semblait irréelle.

[00:09:04] Daria : quand je dis que je me suis réveillée à cause des bombardements, je ne le croyais même pas parce que j'avais beaucoup de rêves comme ça. Oui, quand je dormais, que « ça commence ! Ça commence ! ». Puisque j'habite à côté de l'aéroport, il y a beaucoup d'avions qui volent à côté, il y a le son spécifique et chaque fois je me disais : « ça commence ! Ça commence ! ». Mais c'était pas vrai, c'était juste les avions. Mais cette situation stressante et tendue, elle était je pense depuis deux ou trois mois. Mais bien sûr que chaque Ukrainien se disait : « mais bon ça va aller, nous sommes dans le monde civilisé, ce n'est pas possible qu'un pays voisin peut attaquer l'autre violemment, ce n'est pas possible. Mais du coup c'était vrai. Et donc, on s'y attendait, on peut dire, mais bien sûr que personne ne pouvait y croire vraiment parce qu'au 21e siècle, à l'époque d'Internet et d'Elon Musk qui lance, je sais pas, qui invente des nouvelles technologies, que quelqu'un peut agir de manière si barbare. Ouais, c'était difficile d'y croire.

[00:10:21] Hugo : Là, on vient d'entendre Daria, elle a 25 ans. Avant la guerre, elle habitait à Kyiv mais elle a dû se réfugier dans l'ouest du pays au début du conflit. Comme elle, beaucoup d'Ukrainiens ont encore du mal à comprendre comment un tel évènement a pu se produire au XXIème siècle, dans un pays indépendant qui est aux portes de l'Union européenne.

[00:10:44] Je ne peux pas me mettre à la place des Ukrainiens, mais je vous avoue que pour moi aussi, cette invasion semble irréelle. J'ai passé des vacances en Ukraine il y a six ans, je suis allé à Kyiv et Odessa. C'était après les évènements de Maïdan, mais les gens vivaient comme dans d'autres grandes villes européennes. Donc quand je vois ces scènes de guerre dans les rues dans lesquelles je me suis promené avec des amis il y a seulement quelques années, ça me semble à la fois proche et irréel.

Une fois le choc de l'invasion passé, les Ukrainiens ont dû rapidement réagir. Comme Daria, beaucoup de ceux qui vivaient dans la capitale ont décidé de partir pour échapper aux bombardements. C'est aussi ce qu'a fait Olga.

[00:11:28] Olga : Et maintenant, je suis, bah je peux dire que je suis réfugiée, dans mon pays, parce que là où j'habitais il y a huit jours, c'est une banlieue de Kyiv qui s'appelle Irpin, et là hier matin j'ai vu dans les nouvelles que ma maison était détruite, en fait, par les avions.

[00:11:49] Hugo : Juste avant de parler à Olga, j'avais vu les images des immeubles bombardés à Irpin. Pour moi, c'était des images de bâtiments détruits comme on en voit assez souvent aux informations, mais pour elle, c'était sa maison. Mettez-vous à la place d'Olga une seconde. Vous allumez la télévision le matin pour regarder les informations, et vous voyez des images de votre appartement qui a été détruit par des bombes. Évidemment, on est content d'y avoir échappé, mais je n'imagine pas ce qu'on doit ressentir à ce moment-là.

Bien sûr, tous les Ukrainiens ne sont pas partis de Kyiv. Il y en a qui n'ont pas de voitures, et il est très difficile de trouver un billet de train ou de car pour quitter les grandes villes. Alors, comment vivent les gens qui sont encore là-bas ? C'est ce que va nous raconter Nicolas, un jeune lycéen de 17 ans.

[00:12:39] Nicolas : Parce que maintenant dans les grandes villes de l'Ukraine, les civils sont forcés de vivre dans les sous-sols, sans électricité ni eau.

[00:12:51] Hugo : Vous avez sûrement vu ces images des stations de métro de Kyiv qui ont été transformées en abri anti-bombes. Un abri, c'est un endroit pour se protéger. D'ailleurs, il existe le verbe «s'abriter», se protéger de quelque chose. Quand il pleut, on s'abrite pour éviter la pluie. Depuis le 24 février, les Ukrainiens s'abritent pour se protéger des bombes. Ils vivent dans le métro, dans les caves ou les sous-sol de leurs immeubles. Et comme le dit Daria, il y a même des femmes enceintes qui doivent accoucher dans ces conditions.

[00:13:25] Daria : Il y a des gens qui passent un jour, deux jours, trois jours par la suite dans la cave. Il y a des femmes qui accouchent dans les sous-sols, dans les abris.

#0 - La guerre vue par les Ukrainiens (1) #0 - The war seen by the Ukrainians (1) #0 - A guerra vista pelos ucranianos (1)

Salut à toutes et à tous, aujourd'hui on se retrouve pour un épisode spécial, vous avez entendu qu'il n'a pas de numéro. Hi everyone, today we meet for a special episode, you heard that it has no number. C'était Ingrid qui **était censée faire** cet épisode mais à cause des événements récents en Ukraine, on a décidé de changer notre planning éditorial. It was Ingrid who was supposed to do this episode but due to recent events in Ukraine, we decided to change our editorial schedule. D'ailleurs, excusez-moi si le podcast est un peu moins **fluide** que d'habitude. Je n'ai pas eu le temps d'écrire de script. Je vais improviser parce que je voulais sortir cet épisode le plus vite possible. Je pense que **le temps presse**, comme on dit. Le temps presse, ça veut dire que quelque chose est urgent.

[00:00:50] Alors, normalement, chez InnerFrench, on essaye d'**éviter** les sujets d'actualité, parce qu'on n'est pas un média d'information. [00:00:50] So, normally, at InnerFrench, we try to avoid topical subjects, because we are not a news media. Nous, on traite plutôt des sujets de fond, des sujets structurels, en particulier ceux qui concernent la France, parce que je pense que je suis un peu plus légitime pour parler de ça et comme vous apprenez le français, je me dis que ce sont des sujets qui vous intéressent. We rather deal with substantive subjects, structural subjects, in particular those concerning France, because I think that I am a little more legitimate to talk about that and as you are learning French, I tell myself that these are topics that interest you.

[00:01:19] Mais aujourd'hui, je suis obligé de faire une exception pour vous parler de ce qui se passe en Ukraine. Alors, certains vont me demander pourquoi je le fais alors que je n'ai pas parlé de l'Afghanistan, de la Syrie, du Yémen, de la Palestine ou encore de la Birmanie. So, some people will ask me why I'm doing it when I haven't talked about Afghanistan, Syria, Yemen, Palestine or even Burma. Bien sûr, ces évènements sont importants et **ils méritent** aussi votre attention. Il se passe des choses **graves** dans ces pays. Serious things are happening in these countries. Mais je pense que ça n'est pas le rôle de ce podcast. D'ailleurs, j'ai encore du mal à me dire que ce podcast a un rôle. Besides, I still have trouble telling myself that this podcast has a role. Au départ, je l'ai créé seulement pour vous aider à apprendre le français, c'était son **but**, sa vocation. At first, I created it only to help you learn French, that was its goal, its vocation. Mais **au fur et à mesure que** l'audience grandissait, que vous étiez de plus en plus nombreux à l'écouter, j'ai commencé à me dire inconsciemment qu'il fallait que je traite des sujets plus importants. But as the audience grew, as more and more of you listened to it, I started to tell myself unconsciously that I had to deal with more important subjects. Des sujets plus importants par exemple que “faut-il se lever tôt ?”, un des premiers sujets que j'ai traités. More important topics, for example “do you have to get up early?”, one of the first topics I dealt with. Peut-être que **j'ai tort**, peut-être que vous préférez ces sujets plus légers. Maybe I'm wrong, maybe you prefer these lighter topics. Mais voilà, je me suis dit que maintenant j'avais une sorte de responsabilité d'utiliser cette audience pour vous parler de sujets qui **me tenaient à coeur** et qui me semblaient mériter votre attention. But then, I said to myself that now I had a kind of responsibility to use this audience to speak to you about subjects which were close to my heart and which seemed to me to deserve your attention. Alors, à chaque fois j'essaye de le faire de la manière la plus honnête possible, mais comme vous le savez, je ne suis pas journaliste et en général je ne suis pas non plus un expert dans ces domaines, par rapport aux sujets dont je vous parle. So each time I try to do it in the most honest way possible, but as you know, I'm not a journalist and in general I'm not an expert in these fields either, in relation to the subjects I am talking to you. InnerFrench, ce n'est pas, comme je le disais, un média généraliste comme RFI, que vous écoutez peut-être avec leur journal en français facile. Non, InnerFrench c'est un podcast fait par des profs de français passionnés qui vous parlent de sujets qui leur tiennent à coeur. No, InnerFrench is a podcast made by passionate French teachers who talk to you about subjects that are close to their hearts. C'est pour ça qu'aujourd'hui, je vais vous parler de l'Ukraine. That's why today I'm going to talk to you about Ukraine.

[00:03:22] Vous avez été nombreux à nous écrire pour savoir si tout allait bien parce que vous savez qu'une partie de l'équipe vit en Pologne (Ania et moi), et qu'une guerre fait rage dans **un pays voisin** : l'Ukraine. [00:03:22] Many of you wrote to us to find out if everything was fine because you know that part of the team lives in Poland (Ania and me), and that a war is raging in a neighboring country: Ukraine.

[00:03:38] Alors oui, en Pologne, tout va bien. Quand on marche dans les rues de Varsovie ou de Cracovie, c'est difficile d'imaginer qu'à quelques centaines de kilomètres, il y a d'autres villes, des villes ukrainiennes, qui sont en train d'être détruites par des bombardements. Bien sûr, quand on regarde d'un peu plus près, là on remarque que quelque chose est en train de se passer. Of course, when we look a little closer, there we notice that something is happening. Il y a des bus et des voitures **remplies** **de** personnes qui portent leurs valises et qui n'ont clairement pas l'air d'être des touristes : des femmes avec leurs enfants qui ont des visages tristes et fatigués. There are buses and cars full of people carrying their suitcases who clearly don't look like tourists: women with their children who have sad, tired faces. Et là évidemment, je fais référence aux réfugés… aux réfugiés, pardon, ukrainiens. And here, of course, I am referring to refugees… to refugees, sorry, Ukrainians. Ils sont déjà plus d'un million à avoir fui la guerre, et environ 700 000 d'entre eux sont arrivés en Pologne. Already more than a million have fled the war, and about 700,000 of them have arrived in Poland.

[00:04:30] C'est cette proximité qui **m'a poussé à faire** cet épisode. [00:04:30] It's this closeness that pushed me to do this episode. Je sais que ce n'est peut-être pas juste vis-à-vis de tous les autres pays qui sont victimes de conflits tout aussi graves et dont je n'ai jamais parlé ici. Mais c'est comme ça, l'empathie n'a pas besoin d'être rationnelle. But that's how it is, empathy doesn't have to be rational.

[00:04:50] Alors, je ne vais pas vous faire une analyse de cet évènement. [00:04:50] So I'm not going to give you an analysis of this event. Il existe déjà des centaines d'articles et de vidéos qui le font très bien. There are already hundreds of articles and videos that do this very well. Si vous n'êtes vraiment pas familier avec ce sujet, il y a une vidéo du YouTuber Hugo Décrypte qui explique bien le contexte géopolitique et **les enjeux**, donc je vous invite à la regarder avant d'écouter la suite de cet épisode. If you are really unfamiliar with this subject, there is a video by YouTuber Hugo Décrypte which explains the geopolitical context and the issues well, so I invite you to watch it before listening to the rest of this episode. Je vais mettre le lien d'ailleurs sur la page de l'épisode, sur InnerFrench.com.

[00:05:21] Nous, l'avantage qu'on a chez innerFrench, c'est qu'on a des auditeurs dans le monde entier. [00:05:21] For us, the advantage we have at innerFrench is that we have listeners all over the world. Et évidemment, dans cette communauté, il y a des Ukrainiens et des Ukrainiennes. Donc je me suis dit que le plus intéressant de les écouter eux, de les laisser raconter la guerre comme ils la vivent. So I said to myself that the most interesting thing is to listen to them, to let them tell about the war as they experience it.

[00:05:41] J'ai pu interviewer ou échanger des emails avec **une quinzaine** d'entre eux. [00:05:41] I was able to interview or exchange emails with about fifteen of them. Et j'ai appris beaucoup plus de choses en les écoutant qu'avec tous les articles que j'avais lus avant. And I learned a lot more from listening to them than from all the articles I had read before. Donc je les remercie de m'avoir accordé du temps, et j'espère que leurs témoignages vous permettront de mieux comprendre l'urgence et la gravité de la situation.

[00:06:19] Hugo : Dans la nuit du 23 au 24 février, l'armée russe **a** **lancé** une offensive contre l'Ukraine en bombardant des aéroports et des infrastructures militaires, et en envoyant des troupes au sol. [00:06:19] Hugo: On the night of February 23 to 24, the Russian army launched an offensive against Ukraine by bombing airports and military infrastructure, and by sending ground troops.

On va écouter Lana nous raconter comment elle a vécu le début de cette invasion. We will listen to Lana tell us how she experienced the beginning of this invasion. Lana a 25 ans, elle habite à Odessa et avec son copain, elle a une agence qui crée des identités sonores pour des marques et des jeux vidéo. Lana is 25 years old, she lives in Odessa and with her boyfriend, she has an agency that creates sound identities for brands and video games.

[00:06:48] Lana : Et puis à 5 heures du mat', je me suis réveillée à cause des sons d'explosion. Et tu sais, c'est le genre de son, quand tu les entends, et tu comprends ce qu'il se passe. And you know, that's the kind of sound, when you hear them, and you know what's going on. Tu comprends que… Pardon. Je vais pas pleurer pour toutes les journées… Pardon… I'm not going to cry for all the days... Sorry...

[00:07:20] Hugo : Pas de problème.

[00:07:23] Lana : Et donc, tu les entends, et tu comprends que c'est déjà, **ça y est**, c'est la guerre. [00:07:23] Lana: And so, you hear them, and you understand that it's already, that's it, it's war.

[00:07:27] Hugo : Je pense qu'en entendant Lana, **on se rend compte du** choc qu'on doit ressentir quand on est réveillé par le bruit des bombes. [00:07:27] Hugo: I think hearing Lana, you realize the shock you must feel when you're woken up by the sound of bombs. Moi, je n'ai jamais entendu de bombe exploser. I never heard a bomb explode. Je ne suis pas sûr que je comprendrais immédiatement de quoi il s'agit. I'm not sure I would immediately understand what this is about. Mais pour Lana et ses compatriotes, ce matin du 24 février, il n'y avait pas de doute possible. Ça faisait déjà plusieurs semaines que Vladimir Poutine les menaçait, qu'il menaçait d'attaquer l'Ukraine. Vladimir Putin had been threatening them for several weeks, threatening to attack Ukraine. C'est ce que nous rappelle Olga, une musicienne et prof de français de 33 ans.

[00:08:00] Olga : On attendait tous que quelque chose allait nous arriver. [00:08:00] Olga: We were all waiting for something to happen to us. Mais on ne pouvait jamais croire que ce serait comme ça, que ce serait comme ça : en même temps, dans tous les coins de l'Ukraine, en même temps partout, dans la nuit, à 5 heures du matin. But you could never believe it would be like this, it would be like this: at the same time, in all corners of Ukraine, at the same time everywhere, in the night, at 5 o'clock in the morning. Donc on pensait que quelque chose allait nous arriver, mais nous avons tous dit que de toute façon ça va peut-être de nouveau commencer à l'est et puis peut-être… puis là on verra, etc. So we thought something was going to happen to us, but we all said anyway maybe it's going to start in the east again and then maybe… then we'll see, and so on. Mais en fait non, c'était 5 heures du matin, ça a commencé partout en même temps. But actually no, it was 5 am, it started everywhere at the same time. Les bombes ont commencé juste à tomber à Kyiv et partout.

[00:08:41] Hugo : Donc Olga nous dit que même si les Ukrainiens s'attendaient à une attaque, ils ont été surpris par son **ampleur**. **Ils ne s'attendaient pas à** ce que l'armée russe attaque leur territoire dans toutes les directions. Mais ce n'est pas juste l'ampleur de l'attaque qui les a surpris. But it wasn't just the scale of the attack that surprised them. Tous les Ukrainiens à qui j'ai parlé m'ont dit à quel point cette situation leur semblait irréelle. Every Ukrainian I spoke to told me how unreal this situation seemed to them.

[00:09:04] Daria : quand je dis que je me suis réveillée à cause des bombardements, je ne le croyais même pas parce que j'avais beaucoup de rêves comme ça. [00:09:04] Daria: When I said I woke up from the bombings, I didn't even believe it because I had a lot of dreams like that. Oui, quand je dormais, que « ça commence ! Ça commence ! ». Puisque j'habite à côté de l'aéroport, il y a beaucoup d'avions qui volent à côté, il y a le son spécifique et chaque fois je me disais : « ça commence ! Since I live next to the airport, there are a lot of planes flying nearby, there is the specific sound and each time I said to myself: “It's starting! Ça commence ! ». Mais c'était pas vrai, c'était juste les avions. Mais cette situation stressante et **tendue**, elle était je pense depuis deux ou trois mois. Mais bien sûr que chaque Ukrainien se disait : « mais bon ça va aller, nous sommes dans le monde civilisé, ce n'est pas possible qu'un pays voisin peut attaquer l'autre **violemment**, ce n'est pas possible. Mais du coup c'était vrai. Et donc, on s'y attendait, on peut dire, mais bien sûr que personne ne pouvait y croire vraiment parce qu'au 21e siècle, à l'époque d'Internet et d'Elon Musk qui lance, je sais pas, qui invente des nouvelles technologies, que quelqu'un peut agir de manière si barbare. And so, we expected it, we can say, but of course no one could really believe it because in the 21st century, in the age of the Internet and Elon Musk who launches, I don't know, who invents new technologies, that someone can act so barbaric. Ouais, c'était difficile d'y croire. Yeah, that was hard to believe.

[00:10:21] Hugo : Là, on vient d'entendre Daria, elle a 25 ans. [00:10:21] Hugo: There, we just heard Daria, she is 25 years old. Avant la guerre, elle habitait à Kyiv mais elle a dû se réfugier dans l'ouest du pays au début du conflit. Before the war, she lived in Kyiv but she had to take refuge in the west of the country at the start of the conflict. Comme elle, beaucoup d'Ukrainiens ont encore du mal à comprendre comment **un** **tel** évènement a pu se produire au XXIème siècle, dans un pays indépendant qui est aux portes de l'Union européenne. Like her, many Ukrainians still have trouble understanding how such an event could have happened in the 21st century, in an independent country which is on the doorstep of the European Union.

[00:10:44] Je ne peux pas me mettre à la place des Ukrainiens, mais je vous avoue que pour moi aussi, cette invasion semble irréelle. [00:10:44] I can't put myself in the shoes of the Ukrainians, but I admit that for me too, this invasion seems unreal. J'ai passé des vacances en Ukraine il y a six ans, je suis allé à Kyiv et Odessa. C'était après les évènements de Maïdan, mais les gens vivaient comme dans d'autres grandes villes européennes. Donc quand je vois ces scènes de guerre dans les rues dans lesquelles je me suis promené avec des amis il y a seulement quelques années, ça me semble à la fois proche et irréel.

Une fois le choc de l'invasion passé, les Ukrainiens ont dû rapidement réagir. Once the shock of the invasion had passed, the Ukrainians had to react quickly. Comme Daria, beaucoup de ceux qui vivaient dans la capitale ont décidé de partir pour **échapper** **aux** bombardements. C'est aussi ce qu'a fait Olga. This is also what Olga did.

[00:11:28] Olga : Et maintenant, je suis, bah je peux dire que je suis réfugiée, dans mon pays, parce que là où j'habitais il y a huit jours, c'est **une** **banlieue** de Kyiv qui s'appelle Irpin, et là hier matin j'ai vu dans les nouvelles que ma maison était détruite, en fait, par les avions.

[00:11:49] Hugo : Juste avant de parler à Olga, j'avais vu les images des immeubles bombardés à Irpin. Pour moi, c'était des images de bâtiments détruits comme on en voit assez souvent aux informations, mais pour elle, c'était sa maison. For me it was images of destroyed buildings as you see quite often on the news, but for her it was her home. Mettez-vous à la place d'Olga une seconde. **Vous** **allumez** la télévision le matin pour regarder les informations, et vous voyez des images de votre appartement qui a été détruit par des bombes. You turn on the television in the morning to watch the news, and you see images of your apartment being destroyed by bombs. Évidemment, on est content d'y avoir échappé, mais je n'imagine pas ce qu'on doit **ressentir** à ce moment-là.

Bien sûr, tous les Ukrainiens ne sont pas partis de Kyiv. Il y en a qui n'ont pas de voitures, et il est très difficile de trouver un billet de train ou de car pour quitter les grandes villes. There are some who do not have cars, and it is very difficult to find a train or coach ticket to leave the big cities. Alors, comment vivent les gens qui sont encore là-bas ? So how do the people who are still there live? C'est ce que va nous raconter Nicolas, un jeune lycéen de 17 ans. This is what Nicolas, a 17-year-old high school student, will tell us.

[00:12:39] Nicolas : Parce que maintenant dans les grandes villes de l'Ukraine, les civils sont forcés de vivre dans **les sous-sols**, sans électricité ni eau. [00:12:39] Nicolas: Because now in the big cities of Ukraine, civilians are forced to live in basements, without electricity or water.

[00:12:51] Hugo : Vous avez sûrement vu ces images des stations de métro de Kyiv qui ont été transformées en abri anti-bombes. [00:12:51] Hugo: Surely you've seen those images of Kyiv metro stations that have been turned into bomb shelters. **Un abri**, c'est un endroit pour se protéger. A shelter is a place to protect oneself. D'ailleurs, il existe le verbe «s'abriter», se protéger de quelque chose. Moreover, there is the verb “to shelter”, to protect oneself from something. Quand il pleut, on s'abrite pour éviter la pluie. When it rains, we take shelter to avoid the rain. Depuis le 24 février, les Ukrainiens s'abritent pour se protéger des bombes. Ils vivent dans le métro, dans les caves ou les sous-sol de leurs immeubles. They live in the metro, in the cellars or basements of their buildings. Et comme le dit Daria, il y a même des femmes **enceintes** qui doivent **accoucher** dans ces conditions. And as Daria says, there are even pregnant women who have to give birth in these conditions.

[00:13:25] Daria : Il y a des gens qui passent un jour, deux jours, trois jours par la suite dans la cave. [00:13:25] Daria: There are people who spend a day, two days, three days afterwards in the cellar. Il y a des femmes qui accouchent dans les sous-sols, dans les abris.