SARTRE - Le regard des autres 📏 (3)
il
mais prend parce qu'il ne peut que se
méprendre
autrui c'est la conscience sur laquelle
je n'ai pas de contrôle
c'est la conscience à laquelle il m'est
impossible d'avoir accès
et vous connaissez cette célèbre
question qu'on vous a tous déjà posé en
moins une fois le fameux à quoi tu
penses
à quoi je pense
savoir à quoi je pense mais cette
question
même à quoi tu penses est révélatrice
elle est révélatrice de notre tendance
inconsciente à vouloir nous approprier
la conscience d'autrui
trouve sa tendance dans d'autres phrases
de la vie quotidienne comme par exemple
lorsqu'on dit qu'on n'arrive pas à
cerner quelqu'un
lui je n'arrive pas à le cerner
tu ne pourras jamais cerner l'autre
pas toujours le jugement c'est la
tendance nature
de l'être humain à figer l'autre dans
une essence pour le rendre identifiables
si le jugement est toujours une
réification c'est parce que le regard de
l'autre me pétrifie
sens littéral
il me transforme en pierre il me
mobilise
et ainsi il me déshumanise
le regard de l'autre me pétrifie il me
transforme en statue en une
représentation fixe de ma personne
c'est bien ça qu'indique le mot statut
l'idée d'une fixation la statue c'est ce
qui est statique
de la même façon qu'une photo est un
instantané
un instantané qui cherche à me
stabiliser
voyez tous ces mots avec cette suite de
consonnes st qu'indique la fixation
qu'indique la territorialisation
on veut fixer l'autre on veut l'ancré
dans une essence
c'est ça la réification la conscience de
l'autre c'est le désir d'identifier
l'autre en le fixant dans une
représentation
pour ainsi pouvoir en faire un élément
notre décor et l'inclure dans notre
cartographie
mais il est fondamentalement vain de
vouloir figer l'autre dans une essence
parce que la conscience de l'autre n'est
jamais figé
elle est toujours en mouvement
elle est toujours en train d'advenir
elle est toujours fluide
c'est exactement ce qui se produit en
physique quantique à savoir que
l'observation fige le corps observée
dans une position
l'idée étant qu'on ne peut pas mesurer
le corps semble avoir figé mais que dès
lors qu'on le fige on le dénature
mesurée du mouvement avec du statique
c'est exactement ce que bergson reproche
à l'esprit humain
ce besoin de catégoriser ce besoin de
compartimenter
besoin de stopper le mouvement pour
prétendre restituer le mouvement
sauf que robertson on ne restitue pas du
mouvement en le filon
on ne saisit pas un mouvement en niant
son caractère mouvant
et donc à chaque fois que je cherche à
définir l'autre à chaque fois que je
cherche à l'identifier à me représenter
je fais de l'autre un objet et ce
faisant je le dénature
l'homme n'a pas de nature
c'est l'autre qui nous donne une nature
lorsque l'autre nous jugent ils nous
essentialise
il nous donne une essence
l'autre me fait être parce que l'autre a
besoin que je sois pour pouvoir me juger
et d'ailleurs observer la déception qui
est la nôtre quand l'autre ne se
conforment plus à l'image qu'on s'en
était forgé
quand l'autre ne se comporte plus de la
manière dont on attendait qu'il se
comporte
quand l'autre exprime quelque chose qui
sort du cadre de ce que nous avions
projeté sur lui
qu'est ce qu'on dira à ce moment là
trompée sur lui
oui tu t'es trompé bien sûr
tu t'es trompé à l'assaut
tu l'a jugée tu t'es trompé car l'erreur
ce n'est pas de l'avoir mal jugé
l'erreur c'est de l'avoir jugé tout
court
l'autre c'est celui qui ne me connaît
pas c'est celui qui est dans
l'impossibilité fondamentale de savoir
ce que je suis
et en même temps c'est celui qui me
jugent ou c'est celui qui m'a vente
et quand on veut savoir ce que pense
l'autre on veut savoir en particulier ce
qu'ils pensent de nous on veut savoir
quelle image de nous il a créé
quel objet nous sommes pour sa
conscience
on va se poser tout un tas de questions
que ce deal autres quand ils me voient
que pense-t-il de moi
que fait-il de moi
peuvent-ils deux mois dans sa conscience
ainsi on veut maîtriser le jugement
d'autrui sur nous mêmes parce qu'on veut
maîtriser la part de nous-mêmes que
l'autre extrade dans sa conscience
et se demander comment l'autre me vois
c'est vouloir maîtriser le jugement
d'autrui sur nous mêmes
ses désirs et maîtriser ce que l'autre
fait de nous dans sa conscience
comme une sorte de droit de propriété
sur notre être sur lequel on va avoir un
droit de regard
littéralement
ce qui fait qu'on déteste que les autres
se trompent sur nous
on déteste que les autres nous assigne à
une identité dans laquelle nous ne nous
reconnaissons pas
mais remarquez bien de choses
c'est que si on refuse que les autres
nous assigne à une identité qui n'est
pas la nôtre c'est parce qu'on s'assigne
soi-même constamment à une autre
identité
comment dit on refuse que l'autre nous
fige mais nous mêmes nous nous figeons
en permanence
soit
fini on se
caractérise
sa tribu les qualités et défauts on dira
par exemple je suis quelqu'un de
sensible où je suis quelqu'un de franc
où je suis quelqu'un de compréhensifs
on dira je suis pour ceux ci et contre
cela
bref on va faire l'inventaire de nos
caractéristiques
va répertorier nos qualités et nos
défauts pour rectifier le faux jugement
d'autrui sur soi et pour le remplacer
par notre jugement sur soi
mais en faisant ça est-ce qu on rétablit
la vérité sur nous mêmes
pour sartre la réponse est claire
non
la vérité sur nous-mêmes en remplaçant
le jugement d'autrui par notre propre
jugement
parce qu'alors on reste dans la logique
du jugement on reste donc dans la
logique de la réunification
il pas la vérité sur nous-mêmes en
remplaçant une fixation par une autre
fixation ont rétabli la vérité sur nous
mêmes en faisant sauter toutes les
fixations
c'est ça la vérité fondamentale de
l'être humain
ça ça nous gêne
ça nous gêne parce que sans fixation
sans assignation
sommes perdus on a besoin d'eux
pères on a besoin
voir définir notre identité parce que si
rien ne nous définit plus ça signifie
que nous ne sommes plus rien
c'est pour ça qu'on aime dire ce qu'on
est qu'on aime dire ce qu'on pense qu'on
aime dire ce qu'on veut pour être
reconnaissable et identifiable
aux yeux des autres
et ce faisant on participe activement à
notre propre griffe ication
fait le complice
propre asservissement
à travers le
non
m'oblige à être alors que ma nature
ce n'est pas d'être c'est d'exister
voir qui je suis parce que moi même
j'ignore qui je suis
j'ignore qui je suive parce que je ne
suis pas
euh je ne suis rien pour sartre nous
me rien
parce que nous existons
exister ce n'est pas être
existé s'est renversée lettres en
permanence
c'est renverser toutes les définitions
toutes les étiquettes toutes les
assignations
être c'est se définir
c'est s'auto incarcéré
exister c'est vivre l'aventuré de la
liberté humaine
la tendance
qu'elle nous nous assignons nous mêmes
des caractéristiques qui nous
définissent qui définissent notre être
qui définissent notre identité sartre
l'appelle la mauvaise foi
la mauvaise foi c'est la participation à
la négation de notre liberté
fondamentale en tant que conscience
créatrice
en tant que conscience plongez dans
l'existence
c'est ce qui fait qu'au quotidien nous
n'existons pas
nous jouons à exister
et d'ailleurs petite remarque
grammaticales intéressante
être c'est un verbe qui admet un
attribut on est quelque chose
alors qu'existaient c'est ce qu'on
appelle un verbe intransitif c'est un
verbe derrière lequel on ne peut mettre
aucun complément
on n'existe pas quelque chose on
n'existe point
c'est un absolu être ses devoirs être
sait faire primer la logique du surmoi
gic de l'hymne authenticité
de ce que sartre rappelle la facticité
face à l'autre nous n'existons pas nous
jouons
lorsqu'on dit je suis comme ça c'est ma
nature
et si c'est la nature je ne peux pas la
changer
comme ça c'est de la mauvaise foi
se définir se donner un rôle c'est
s'obliger à correspondre à soi c'est un
fardeau pour illustrer son concept de
mauvaise foi sartre prend l'exemple du
garçon de café aux garçons de café c'est
celui qui joue à être garçons de café
au point de se convaincre qu'il est un
garçon de café
fille quand il rentre chez lui après le
service
le garçon de café jouera à être mari
et jouera à être père
à à tout ce qu'il voudra du moment qu'il
endossera un rôle
on peut sortir d'un rôle mais on ne sort
jamais du rôle
c'est la rolls à un autre
et passe
jouant un rôle parce que nous jouons des
rôles nous sommes en perpétuelle
représentation
représentations à soi représentation aux
autres
tel est le parrain
hawx de la condition humaine que nous ne
croyons jamais autant existait que
lorsque nous jouons à être
il est heroes
qu'un des philosophes ayant le plus
afficher son athéisme soit
principalement connu pour une phrase
dans laquelle il évoque l' enfer
l'enfer c'est le prix de la culpabilité
et on a eu l'occasion de parler dans un
autre épisode de la faute d'adam et eve
une faute qui les a conduits à
expérimenter directement les lois de la
matière
les lois de la souffrance et du temps
les lois de la culpabilité
mythologie égyptienne la pesée des
coeurs on pourrait assimiler à la pesée
des âmes
c'est l'examen de conscience du défunt
au cours duquel on évalue le poids de sa
culpabilité
si le coeur du défunt et plus léger que
la plume de maths en accorde au défunt
le statut de bienheureux
on lui donne l'accès à la vie éternelle
et si son coeur pèse plus lourd que
cette plume
le défunt est engloutie par le monstre à
mouthe
la grande dévoreuse
maintenant supposer que l'enfer c'est la
mauvaise conscience
c'est la conscience lourde
hazim c'est la bonne conscience
c'est l'âme légère
emprise du jugement d'autrui mme
à chaque fois que nous soumettons au
procès que l'autre nous livre en
permanence
comme en enfer
à chaque fois que je mets mon sip du
regard d'autrui
à chaque fois que je choisis mme
laliberté de l'existence au lieu de la
pétrification de lettres du rôle de
l'image
j'accède au paradis
être sommes nous en enfer à l'heure où
je parle
l'enfer n'est-il que l'autre nom du
poids de notre conscience aliénés
notre enfermement dans le monde la
représentation
notre peur
nous les créateurs de notre enfer sur
terre
ce monde de ténèbres de souffrance
qu on ne détruit pas en le combattant
mais en l'inondant de notre lumière je
vous remercie
[Musique]
[Applaudissements]
[Musique]