La voix de Sylvester Stallone et Pat Hibulaire, c'est lui ! - Alain Dorval - YouTube
J'ai dit “Bah tu vois, la voix de...
de Tiger, le gros chat, c'est papa.”
Elle m'a dit “Non papa.”
“C'est pas vrai.”
Ça c'est le plus beau compliment qu'on m'ait jamais fait.
Que ma propre fille... ne me reconnaisse pas.
J'avais dû faire le job.
D'abord, j'ai commencé par me post-synchroniser.
J'avais tourné un feuilleton à la télé.
Vous n'étiez pas nés, donc c'est pas grave.
Évidemment tu ne t'es jamais demandé si je n'y étais pas malheureux.
- Tu étais très bien, c'était la meilleure pension.
- J'étais complètement isolé
au milieu de fils de bourgeois que je ne comprenais pas !
La personne qui avait en charge la post-synchronisation,
qui s'appelait Élie Fabrikant,
m'a dit “Est-ce que vous pourriez faire du doublage ?”
Je savais pas ce que c'était, j'ai dit pourquoi pas.
Je crois que le premier film que j'ai doublé,
c'était dans Zabriskie Point, d'Antonioni me semble-t-il.
J'ai jamais vu le film depuis.
C'est trop long George.
Mettons employé.
Et puis après, on a fait une série qui était très chouette,
qui s'appelait Les Bannis.
Je vous interdit de me parler d'honneur.
Vous voulez me dire ce qu'un gars comme vous sait de l'honneur ?
Je me souviens que c'était mon copain Med Hondo,
qui était un magnifique comédien,
et un très chouette copain quoi,
qui n'est plus là non plus.
On va pas faire l'inventaire de ceux qui ne sont plus là parce que
je fais partie des survivants de l'époque.
Y en a une que je fais depuis, je sais pas, 35 ans.
Je fais la voix de Pat Hibulaire depuis plus de 30 ans.
Et ça, c'est un bonheur.
C'est un bonheur parce que
j'imagine que ça fait rire les enfants.
Et là, je trouve que notre profession a sa raison d'être.
Bon, puisque nous sommes logés à la même enseigne tous les quatre,
laisse-moi raccorder le câble de la caravane.
C'est un tout petit fils électrique de rien du tout. Tu verras.
Bah y en a un que j'ai adoré.
C'est encore un dessin animé, c'est Fievel.
Je suis ton gardien.
Tiger !
N'essaie pas de jouer au plus malin,
parce que je suis rusé et vif comme l'éclair.
J'ai l'instinct d'un chat. Est-ce que je miaule ?
J'avais une cassette de Fievel, et ma petite fille a vu ça,
et j'ai eu le plus gros compliment qu'on m'ait jamais fait.
Puis elle avait pleuré toutes les larmes de son corps parce que Fievel
ne trouvait plus ses parents, etc.
Puis à la fin, tout s'arrange.
Et j'ai dit “Bah tu vois, la voix de...
de Tiger, le gros chat, c'est papa.”
Elle m'a dit “Non papa.”
“C'est pas vrai.”
Ça c'est le plus beau compliment qu'on m'ait jamais fait.
Que ma propre fille... ne me reconnaisse pas.
J'avais dû faire le job.
Et peut-être que je l'ai fait pour d'autres enfants.
C'est beaucoup plus intéressant que tout le reste.
Moi, ce qui me passionne et ce qui m'a toujours passionné
dans cette profession,
c'est de vivre d'autres vies que la mienne.
La mienne, je commence à la connaître.
J'en ai fait le tour.
Ce qui me permet de la dépasser, c'est d'être autre chose que moi.
On est donc dans des métiers qui sont, paraît-il créatifs,
qui manquent désespérément d'imagination dans la plupart des cas.
Alors y a quand même des doublages que j'ai fait qui sont...
sans doute inattendus.
Je sais pas, ça m'est arrivé de doubler une fois Michael York.
C'était Zeffirelli qui avait fait une vie du Christ,
où il incarnait saint Jean-Baptiste.
J'ai eu un plaisir énorme à faire ça.
J'ai vu des adultères et des abominations.
Malheur à ces ignominies !
Jeff Bridges dans...
dans le premier... comment ça s'appelle...
Tron, ouais Tron, qui était un film magnifique, vraiment.
Puis, des mecs qui rentrent dans l'ordinateur, fallait oser.
C'était merveilleusement fait, quand même.
Si seulement !
Non mais vous savez comment ça se passe,
on suit son petit train-train,
on fait sa semaine puis on enchaîne, même si à la longue, c'est débile.
Voilà, bon, ça m'est arrivé de doubler des gens comme ça...
différents de Stallone et d'autres.
Mais sinon, on a tendance à vous enfermer dans un truc quoi.
Ah non, je suis d'une prétention monstrueuse, non.
Non, parce que sinon, je le ferais plus depuis longtemps.
Si on continue à me le demander,
ou alors c'est qu'ils ont trouvé personne d'autre.
C'est possible, hein.
Si je passe demain sous un autobus,
y aura quelqu'un d'autre pour doubler Stallone. C'est clair.
Vous savez, Stallone, c'est pas rien. C'est un bon comédien.
Et puis, c'est surtout un homme de cinéma exceptionnel.
C'est pas d'être un bon cogneur qui compte.
L'important, c'est de se faire cogner et d'aller quand même de l'avant.
C'est de pouvoir encaisser sans jamais, jamais flancher.
C'est comme ça qu'on gagne.
Je sais que de temps en temps y a quelqu'un qui me dit un truc...
Quand je comprend pas, je sais que c'est un truc que j'ai dit
dont je me souviens pas.
Ce qui crée une connivence extraordinaire !
Une complicité inoubliable !
Ce qui me gonfle, c'est quand on me parle d'Adrienne,
parce que ça a toujours été Adrian.
ADRIAAAAAAAAAAAN !
J'ai enfin compris pourquoi.
C'est parce que c'est le diminutif d'Adriana.
Bon, vous en faites ce que vous voulez...
Mais je sais pas faire une voix.
On me l'a déjà demandé.
On me l'a encore demandé l'autre jour chez Hanouna.
On me l'avait demandé chez Ruquier y a...
X années.
Il m'a dit “Faites moi Stallone”, j'ai répondu “Je sais pas.”
Quand je vois Ruquier, je vois pas Stallone.
C'est comme ça que j'ai connu Laurent Gerra et qu'on a beaucoup sympathisé.
On s'est revu y a pas longtemps.
Bah ouais, j'ai la chance d'avoir des copains...
qui ont du talent.
Lui et Yves Lecoq.
Il faut penser au bonheur, au rêve,
à la féerie merveilleuse des personnages enchanteurs
du monde magique de Disney.
Quand j‘entendais Yves faire Monsieur Sylvestre...
Moi, ça m'a toujours fait hurler de rire.
Et quand les gens me demandent de le faire, je ne sais pas.
Quand j'essaie de le faire,
ça fait une espèce d'imitation de la caricature de Johnny.
Je suis grotesque, ça fonctionne pas, quoi.
Quant à Laurent, alors lui c'est pire que tout parce que,
c'est pas une caricature, il m'imite cet enfoiré.
Tu peux pas comprendre. T'as jamais fait la guerre toi.
Je l'ai déjà entendu un matin sur RTL.
Oh p*tain !
Je lui ai laissé un message d'insulte.
Puis c'est quand même un privilège d'être...
d'être imité par ces gens-là.
Il y en a qui pleureraient pour l'être.
Et puis, c'est pas moi qu'on imite, c'est moi dans cet exercice
consistant à doubler Stallone.
D'ailleurs, je sais que j'ai pas la même voix en ce moment, que la voix de...
Quand les gens me disent “Mais si on te reconnaît !”
Mon c*l, oui...
Bah, j'ai surtout les chats.
Avec Pat Hibulaire, et puis Tiger.
Parce que Tiger on l'a fait plusieurs fois, il y a eu le premier Fievel,
et puis après y a eu Fievel au Far West, y a eu bon...
Mais c'était dans le premier qu'on chantait. Ça, c'était chouette.
♪ Bien qu'on ne puisse pas vraiment dire qu'on se ressemble.♪
♪ Toi et moi, on a des tas de choses en commun !♪
Y a toujours, dans ce genre de dessins animés, y a...
Y a un directeur ou une directrice artistique.
Mais quand il y a des chansons, y a des gens qui sont spécialisés
dans le domaine de la chanson.
C'est-à-dire des musiciens, tout bêtement, entre autres.
À l'époque, c'est un monsieur.
Je me souviens plus de son nom parce que Fievel, ça remonte à...
Encore plus de 30 ans.
C'était le gars qui s'occupait de Disney, je crois, à l'époque.
J'avais demandé, j'avais eu une cassette, je crois, de la chanson,
qui était copieuse, hein, dans Fievel.
Et puis on s'est vu un matin, genre 9 heures du mat.
J'y vais il me dit “Oui bon ben, c'est pas grave.”
”On vous doublera pour la chanson.”
Je lui ai dit “Écoutez...”
“Vous avez pas compris le sketch, là.”
Ils ont fait des essais dans tous les sens pour le chat.
Ça sera moi qui fera tout, ou rien du tout.
Alors on va faire la chanson.
Et si c'est pas bon, vous me le dites, c'est votre droit le plus strict.
Dans ce cas-là, je doublerai pas le film.
Je suis pas sûr qu'on ait fait deux prises.
Oh bah, y en a plusieurs, alors des générations précédentes.
J'ai encore vu, enfin entendu un Columbo l'autre jour.
Est-ce que vous avez remarqué que la voix de Burt Young, c'était la même ?
C'est la voix de Columbo.
C'était Serge Sauvion.
C'est l'exemple que je donne aussi
quand on me dit ”Oh bah, on te reconnaît.”
Serge sur Columbo, c'est caractéristique.
Et puis c'est l'affreux Paulie aussi.
Je vais te dire Adrian, elle a rien dans la caboche.
Adrian, c'est une cloche.
Quoi ? Qu'est-ce qu'ils mangent ?
Bah, qu'est-ce qu'ils mangent d'habitude ?
Sur je ne sais quelle chaîne, il y avait Robert Conrad.
C'était Jacques Thébault.
Et Thébault c'était très impressionnant.
J'ai enregistré de nombreuses fois avec lui.
Quand on enregistrait, on avait l'impression qu'il se passait rien.
Mais qu'il faisait rien, il se passait rien. On dit “C'est pas possible, quoi...”
Et puis, dès qu'on réécoutait, c'était...
Oui, c'est exact, c'est un accident.
J'ai fait couler l'eau trop chaude ce matin
dans la salle de bain, en me rasant.
Que ce soit sur Conrad, sur Steve McQueen...
On a l'impression qu'il faisait rien.
Peut-être qu'il faisait rien, je sais pas.
C'était vraiment exceptionnel.
