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Alexandre Dumas. Divers Contes., 08c. La Reine des Neiges. Chapitre 2.

08c. La Reine des Neiges. Chapitre 2.

Chapitre 2.

Quelle était la dame du grand traîneau blanc. À peine Peters eut-il attaché son petit traîneau au grand traîneau blanc, que celui-ci, après avoir fait deux fois le tour de la place, s'éloigna au grand trot, dans la direction de la porte du Nord.

En quittant la place, la dame du traîneau se retourna et fit un signe amical au petit Peters.

On eût dit qu'elle le connaissait. Puis comme, à un quart de lieue de la ville, le petit Peters, commençant à craindre de ne plus trouver de voiture pour le ramener, voulait détacher son traîneau, la dame se retourna encore, lui fit un second signe, et le petit Peters laissa son traîneau attaché à celui de la dame.

Alors le grand traîneau continua de s'avancer toujours plus rapidement du côté du Nord, et la neige commença de tomber si épaisse que le petit garçon pouvait à peine, de son petit traîneau, voir le grand traîneau blanc.

Peters fit un effort et détacha la corde qui le liait au grand traîneau, mais il fut bien étonné quand son traîneau, tout libre qu'il fût, continua de suivre le grand traîneau avec la rapidité du vent.

Il se mit à crier tout haut, mais personne ne l'entendit.

À peine pouvait-il respirer, tant les traîneaux allaient vite. La neige tombait, les traîneaux semblaient avoir des ailes.

Peters, de temps en temps, sentait de grands cahots.

On eût dit qu'il passait par-dessus des fossés et des haies. Il était fort effrayé ; il voulait dire son « Notre père »,mais depuis ce jour où il avait ressenti une douleur à l'œil et au cœur, il avait oublié toutes ses prières, et ne put jamais se rappeler que cet axiome arithmétique : « 2 et 2 font 4. Les abeilles blanches – on se rappelle que c'était ainsi que les enfants appelaient les flocons de neige – devenaient de plus en plus grosses ; bientôt elles furent de telle taille que jamais Peters n'en avait vu de pareilles.

On eût dit de grosses poules blanches. Tout à coup, la dame qui conduisait le traîneau s'arrêta et se leva ; sa pelisse et son bonnet étaient d'une blancheur éblouissante. Alors seulement le petit Peters la reconnut. C'était la Reine des Neiges !

Le petit Peters resta tout effrayé, car il n'avait point là, comme dans sa maison, un poêle où il pût la faire fondre.

– Il est inutile de garder deux traîneaux, dit-elle au petit Peters, avec un seul nous irons plus vite Viens donc avec moi, je te mettrai dans ma pelisse de peau d'ours et je te réchaufferai.

Et, comme s'il lui était impossible de résister à cet ordre, le petit Peters quitta son traîneau et entra dans celui de la Reine des Neiges.

Elle le fit asseoir à côté d'elle, et l'enveloppa de sa pelisse.

Il lui semblait qu'il entrait dans un lit de glace.

– Eh bien, lui demanda-t-elle en l'embrassant sur le front, as-tu toujours froid ?

Et sous l'impression de ce baiser, il lui sembla que son sang se figeait dans ses veines.

Un instant, il crut qu'il allait mourir, mais ce malaise ne dura qu'un instant, et presque aussitôt il se sentit très bien, l'impression de froid ayant complètement disparu. – Mon traîneau, madame !

n'oubliez pas mon traîneau ! cria le petit Peters. La Reine prit une poignée de neige et souffla dessus, elle devint aussitôt un petit poulet blanc, auquel on attacha le petit traîneau, et qui suivit le grand traîneau en volant.

Puis la Reine des Neiges embrassa une fois encore le petit Peters, et la grand-mère et Gerda, et tout ce qui restait à la maison fut oublié.

– Et maintenant, dit la Reine des Neiges au petit Peters, je ne t'embrasserai plus, sans quoi je te ferais mourir.

Peters la regarda, jamais visage plus gracieux et plus intelligent ne lui était apparu, elle ne lui semblait plus de glace, comme lorsque, l'année précédente, elle était apparue à sa fenêtre et qu'elle lui avait fait ce premier signe qui l'avait tant effrayé.

Il n'en avait plus peur du tout, et à son avis c'était tout ce que jusqu'alors il avait vu de plus parfait. Il lui raconta qu'il savait lire et calculer,et qu'il savait compter de tête et même par fractions, qu'il savait combien de milles carrés contenait le pays et quel nombre d'habitants il avait.

Elle lui demanda s'il savait ses prières.

Il lui répondit qu'il les avait oubliées.

– Tu te souviens au moins du signe de la croix ?

lui répondit-elle. Le petit Peters essaya, et ne put venir à bout de le faire.

Alors, éclatant de rire :

– Allons, allons, lui dit-elle, décidément tu es bien à moi, mon petit garçon.

Puis, comme ils étaient arrivés au bord d'une si grande étendue d'eau que l'on eût dit une mer.

– Comment allons-nous continuer notre chemin ?

demanda le petit Peters avec inquiétude. – Oh !

ne crains rien, répondit la Reine des Neiges, rien ne nous arrêtera jusqu'à mon palais. – Et où est votre palais ?

demanda Peters. – Dans les glaces du pôle, répondit celle-ci.

Et elle souffla sur la mer, qui se glaça aussitôt.

Alors le traîneau partit emporté par le galop des deux chevaux blancs, dont les queues et les crinières gigantesques flottaient au vent.

Plus ils avançaient, plus leurs formes devenaient indistinctes.

Il était impossible de distinguer si c'étaient des quadrupèdes ou des oiseaux, bientôt ils semblèrent des nuages blancs fouettés par l'aile de la tempête. Ils passèrent par la région des loups, et les loups, qui étaient couchés, se levèrent en hurlant et suivirent le traîneau.

Puis, ils arrivèrent à la région des ours blancs, et les ours, qui étaient couchés, se levèrent en grondant et suivirent le traîneau.

Enfin, ils arrivèrent à la dernière région c'est-à-dire à celle des phoques, des morses, des veaux marins, qui n'ayant plus assez de vie pour courir se contentaient de se traîner, et qui faisaient entendre de longs cris, de sombres beuglements, lesquels semblaient appartenir au monde des fantômes, vers lequel on semblait s'approcher.

Enfin on entra dans le crépuscule éternel, et comme le petit Peters était fatigué, il s'endormit aux pieds de la Reine des Neiges.

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08c. La Reine des Neiges. Chapitre 2. 08c. The Snow Queen. Chapter 2. 08c. De sneeuwkoningin. Hoofdstuk 2. 08c. A Rainha da Neve, Capítulo 2.

Chapitre 2.

Quelle était la dame du grand traîneau blanc. À peine Peters eut-il attaché son petit traîneau au grand traîneau blanc, que celui-ci, après avoir fait deux fois le tour de la place, s’éloigna au grand trot, dans la direction de la porte du Nord. No sooner had Peters attached his little sled to the big white sled than the latter, after having circled the square twice, started off at a brisk trot, in the direction of the North Gate.

En quittant la place, la dame du traîneau se retourna et fit un signe amical au petit Peters.

On eût dit qu’elle le connaissait. It was as if she knew him. Puis comme, à un quart de lieue de la ville, le petit Peters, commençant à craindre de ne plus trouver de voiture pour le ramener, voulait détacher son traîneau, la dame se retourna encore, lui fit un second signe, et le petit Peters laissa son traîneau attaché à celui de la dame. |||||||||||||empezando a temer||||||||||||||||||||||||||||||||||||||

Alors le grand traîneau continua de s’avancer toujours plus rapidement du côté du Nord, et la neige commença de tomber si épaisse que le petit garçon pouvait à peine, de son petit traîneau, voir le grand traîneau blanc.

Peters fit un effort et détacha la corde qui le liait au grand traîneau, mais il fut bien étonné quand son traîneau, tout libre qu’il fût, continua de suivre le grand traîneau avec la rapidité du vent.

Il se mit à crier tout haut, mais personne ne l’entendit.

À peine pouvait-il respirer, tant les traîneaux allaient vite. He could barely breathe, the sleds were going so fast. La neige tombait, les traîneaux semblaient avoir des ailes.

Peters, de temps en temps, sentait de grands cahots. ||||||||jolts

On eût dit qu’il passait par-dessus des fossés et des haies. ||||||||ditches||| It looked as if he was going over ditches and hedges. Il était fort effrayé ; il voulait dire son « Notre père »,mais depuis ce jour où il avait ressenti une douleur à l’œil et au cœur, il avait oublié toutes ses prières, et ne put jamais se rappeler que cet axiome arithmétique : « 2 et 2 font 4. |||||||||||||||||||||the eye|||heart||||||prayers|||||||||axiom||| |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||axioma aritmético||| He was very frightened; he wanted to say his "Our Father", but since that day when he had felt pain in his eye and in his heart, he had forgotten all his prayers, and could never remember that this arithmetical axiom: "2 and 2 make 4. Les abeilles blanches – on se rappelle que c’était ainsi que les enfants appelaient les flocons de neige – devenaient de plus en plus grosses ; bientôt elles furent de telle taille que jamais Peters n’en avait vu de pareilles.

On eût dit de grosses poules blanches. |||||hens| They looked like big white hens. Tout à coup, la dame qui conduisait le traîneau s’arrêta et se leva ; sa pelisse et son bonnet étaient d’une blancheur éblouissante. ||||||was driving||||||||pelisse|||||||dazzling Alors seulement le petit Peters la reconnut. C’était la Reine des Neiges !

Le petit Peters resta tout effrayé, car il n’avait point là, comme dans sa maison, un poêle où il pût la faire fondre. ||||||||||||||||stove||||||melt Little Peters was terrified, for he had no stove there, as in his house, where he could melt it.

– Il est inutile de garder deux traîneaux, dit-elle au petit Peters, avec un seul nous irons plus vite Viens donc avec moi, je te mettrai dans ma pelisse de peau d’ours et je te réchaufferai. ||||||||||||||only|||||||||||||||||of bear||||will warm |||||||||||||||||||||||||||||||||||te calentaré

Et, comme s’il lui était impossible de résister à cet ordre, le petit Peters quitta son traîneau et entra dans celui de la Reine des Neiges.

Elle le fit asseoir à côté d’elle, et l’enveloppa de sa pelisse. |||seat||||||||

Il lui semblait qu’il entrait dans un lit de glace.

– Eh bien, lui demanda-t-elle en l’embrassant sur le front, as-tu toujours froid ? |||||||besándolo en||||||| - Well," she asked, kissing him on the forehead, "are you still cold?

Et sous l’impression de ce baiser, il lui sembla que son sang se figeait dans ses veines. |||||kiss||||||||froze||| |||||||||||||se congelaba|||

Un instant, il crut qu’il allait mourir, mais ce malaise ne dura qu’un instant, et presque aussitôt il se sentit très bien, l’impression de froid ayant complètement disparu. ||||||||||||||||as soon||||||||||| – Mon traîneau, madame !

n’oubliez pas mon traîneau ! cria le petit Peters. La Reine prit une poignée de neige et souffla dessus, elle devint aussitôt un petit poulet blanc, auquel on attacha le petit traîneau, et qui suivit le grand traîneau en volant. |||||||||||||||chicken||||||||||||||| The Queen took a handful of snow and blew on it, it immediately became a small white chicken, to which the small sled was attached, and which followed the large sled while flying.

Puis la Reine des Neiges embrassa une fois encore le petit Peters, et la grand-mère et Gerda, et tout ce qui restait à la maison fut oublié. Then|||||||||||||||||||||||||||

– Et maintenant, dit la Reine des Neiges au petit Peters, je ne t’embrasserai plus, sans quoi je te ferais mourir. ||||||||||||will kiss you||||||would| ||||||||||||besaré||||||| “And now,” said the Snow Queen to little Peters, “I won't kiss you again, or I'll kill you.

Peters la regarda, jamais visage plus gracieux et plus intelligent ne lui était apparu, elle ne lui semblait plus de glace, comme lorsque, l’année précédente, elle était apparue à sa fenêtre et qu’elle lui avait fait ce premier signe qui l’avait tant effrayé. |||||||||||||appeared|||||||ice||when||||||||||||||||||||

Il n’en avait plus peur du tout, et à son avis c’était tout ce que jusqu’alors il avait vu de plus parfait. ||||fear||||||||||||||||| He was no longer afraid of it at all, and in his opinion it was the most perfect he had seen so far. Il lui raconta qu’il savait lire et calculer,et qu’il savait compter de tête et même par fractions, qu’il savait combien de milles carrés contenait le pays et quel nombre d’habitants il avait. |||||||||||||||||fractions|||||||||||||||

Elle lui demanda s’il savait ses prières.

Il lui répondit qu’il les avait oubliées.

– Tu te souviens au moins du signe de la croix ?

lui répondit-elle. Le petit Peters essaya, et ne put venir à bout de le faire. Little Peters tried, and couldn't manage to do so.

Alors, éclatant de rire : |Entonces, riendo a carcajadas:||

– Allons, allons, lui dit-elle, décidément tu es bien à moi, mon petit garçon. - Come on, come on," she said, "you're definitely mine, my little boy.

Puis, comme ils étaient arrivés au bord d’une si grande étendue d’eau que l’on eût dit une mer. ||||||||||expanse||||||| Then, as they came to the edge of a body of water so large it looked like a sea.

– Comment allons-nous continuer notre chemin ?

demanda le petit Peters avec inquiétude. – Oh !

ne crains rien, répondit la Reine des Neiges, rien ne nous arrêtera jusqu’à mon palais. |||||||||||will stop||| – Et où est votre palais ?

demanda Peters. – Dans les glaces du pôle, répondit celle-ci. ||ice||||| "In the ice of the pole," replied the latter.

Et elle souffla sur la mer, qui se glaça aussitôt. ||sopló||||||se congeló|

Alors le traîneau partit emporté par le galop des deux chevaux blancs, dont les queues et les crinières gigantesques flottaient au vent. |||||||||||||||||manes|||| |||||||||||||||||crines||||

Plus ils avançaient, plus leurs formes devenaient indistinctes. The further they advanced, the more indistinct their shapes became.

Il était impossible de distinguer si c’étaient des quadrupèdes ou des oiseaux, bientôt ils semblèrent des nuages blancs fouettés par l’aile de la tempête. ||||||||||||||||||whipped||the wing|of|| ||||||||||||||||||azotados por||||| It was impossible to distinguish if they were quadrupeds or birds, soon they looked like white clouds whipped by the wing of the storm. Ils passèrent par la région des loups, et les loups, qui étaient couchés, se levèrent en hurlant et suivirent le traîneau. ||||||wolves|||||||||||||| They passed through the wolf country, and the wolves, who had been lying down, got up with a howl and followed the sled.

Puis, ils arrivèrent à la région des ours blancs, et les ours, qui étaient couchés, se levèrent en grondant et suivirent le traîneau. ||||||||||||||||||grumbling||||

Enfin, ils arrivèrent à la dernière région c’est-à-dire à celle des phoques, des morses, des veaux marins, qui n’ayant plus assez de vie pour courir se contentaient de se traîner, et qui faisaient entendre de longs cris, de sombres beuglements, lesquels semblaient appartenir au monde des fantômes, vers lequel on semblait s’approcher. |||||||||||||seals||walruses|||marine animals|||||||||||||||||||||||howls|||||||||||| |||||||||||||focas||morsas|||||||||||||se conformaban|||||||||||||bramidos oscuros|||||||||||| Finally, they arrived at the last region, that is to say, that of the seals, the walruses, the sea calves, which no longer having enough life to run, contented themselves with dragging themselves, and which made hear long cries. , dark bellows, which seemed to belong to the world of ghosts, towards which we seemed to be approaching.

Enfin on entra dans le crépuscule éternel, et comme le petit Peters était fatigué, il s’endormit aux pieds de la Reine des Neiges.